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[RP] Du rhum, des femmes et d’la bière, nom de heu ??

Satineduval
(Quelque part, une taverne qui bouge comme un bateau ivre..)

Et la mirabelle alors ? Cette divine eau-de-vie qui faisait monter aux lèvres de la Noiraude toute sa poésie ou sa grossièreté, selon l’humeur, la rendant la plupart du temps gaie et joviale, était, cachée au fond de sa besace, dans une belle fiole de verre ornée de deux dragons dorés.

En fin d’après-midi, rêvassant en taverne, comme souvent, Satine avait une tendance à partir dans les nuages, laissant vagabonder son imagination fertile vers des terres lointaines, Alexandrie, bien souvent, là où elle se voyait un jour débarquer sur le sable chaud, pour découvrir toute la beauté de cette terre du bout du monde.

Pourtant, ses pas ne la conduisaient pas pour le moment dans un lieu si exotique, juste en direction des falaises du nord du royaume de France, que toute la tribu de Dom avait envie de pouvoir admirer.

Prise dans ses songes, la donzelle ne vit tout d’abord pas arriver l’homme qui s’était installé silencieusement à quelques chaises d’elle, la laissant refaire surface au monde réel en toute tranquillité.

Petite présentation d’usage, Vasco d’un côté, Satine de l’autre, la jeune femme aux longs cheveux de jais, constata rapidement que l’homme était d’origine italienne, tout dans son attitude le démarquait. Il aimait causer, semblait peu timide, juste à l’aise, sans prétention, et cordial, puisqu’il lui proposa un verre de vin qu’il lui apporta aimablement. Un bon gars, quoi !

Tout en trempant ses lèvres dans le breuvage, Satine vit qu’il l’observait avec attention, ce qui la perturba un peu, n’aimant pas être l’objet de trop d’attention...et elle se mit à douter des bonnes intentions de cet homme très charmant et séduisant, trop pour être tout à fait honnête !

Puis, petite étincelle de compréhension, ses yeux se mirent à briller sous l’idée qui avait jailli dans son esprit. L’italien en voulait sans doute à sa besace, sa bourse pourtant peu garnie, l’aurait très certainement déçu, mais il y avait aussi sa fiole chérie, puis quelques bricoles qu’elle aimait bien avoir sur elle en cas de nécessité, onguents, crochet métallique, petit scalpel, tissus propres, une petite base de secours en cas de blessure, après tout, elle était médecin novice, il fallait un minimum à disposition pour pouvoir soigner quiconque en aurait besoin.

Juste que là, son vis-à-vis, la laissait boire, un léger sourire aux lèvres qui annonçait un petit coup malicieux ou vicieux, après tout, pur inconnu, Satine ne le connaissait ni d’Eve, ni d’Adam.

Le vin avait relativement bon goût, mais la voyageuse lorraine n’en prit qu’une petite gorgée, puis reposa le verre, discrètement, persuadée que l’homme y avait versé un poison, un somnifère ou dieu sait quoi encore, comme mélange exotique et inconnu.

Ne venait-il pas de dire qu’il était marin ? Peut-être avait-il en sa possession une potion mystérieuse venue de pays orientaux, qui rendait les gens apathiques et dociles, facile à dérober.

Mouarf, merdouille, la donzelle avait bu et les recommandations de son meilleur ami, Heal, de ne pas parler, et cela va sans dire, de ne pas boire !! avec des inconnus, lui revint à l’esprit, mais un peu tardivement.

Ensuite, tout se perdit et se mélangea dans la tête de la buveuse, la discussion filant plus vite que le vent qui s’engouffrait dans les grandes voiles d’un bateau, la suite ne fut que quiproquos, malentendus, petites confessions, rires, mêlant étonnement et surprise. Un beau bordel, quoi..

C’était comme si le temps leur avait joué un tour, les transportant momentanément sur un bateau ivre, puis dans un confessionnal, pour revenir à la taverne, aussi ronds que des écus d’or, sauf qu’ils n’étaient pas brillants à voir, eux. Des divagations, quoi…

Ainsi, tournée après tournée, l’ivresse brouilla les esprits puis la petite lorraine pompette s’en alla en hipsant, laissant l’homme au sol, endormi, tenant une chaise entre ses bras. Lui lançant un dernier regard amusé à Vasco, la jeune femme ne se fit pas trop de soucis à son sujet, un marin savait tenir l’alcool, tout comme une lorraine, sans doute allait-il dormir un moment, puis se réveiller avec les nains piochant sa tête de l’intérieur. Rien de bien grave, somme toute..


(Même taverne, la nuit tombante)

Bien que l’état d’ébriété s’était un peu tassé, Satinette se sentait toujours comme dans un espace nébuleux concernant tous les détails de ce qui s’était passé, sa mémoire encore perdue dans les limbes, non pas de l’enfer, mais bien imbibées de euh..ce qui avait été bu.

Il n’y avait guère de passage dans cette taverne, le village semblait bien calme..Dom passerait sans doute un peu plus tard dans la soirée.
La Noiraude, quant à elle, entendait comme une petite rengaine dans sa tête, trottinant incessamment..


*Du rhum des femmes et d'la bière nom de Dieu
Un accordéon pour valser tant qu'on veut
Du rhum des femmes c'est ça qui rend heureux
Que l'diable nous emporte, on n'a rien trouvé d'mieux
Oh oh oh oh oh on n'a rien trouvé d'mieux !!*


Ouaich, ça tanguait encore un peu sous ses pieds et elle renonçait de ce fait, à se balancer sur sa chaise, voulant éviter encore des mouvements de va-et-vient, ça bougeait déjà tout seul.

Par contre, lever le coude, ça elle savait encore faire et avec bonne humeur. Et hop..au suivant ! Encore un petit canon et ça serait tout pour la soirée.


HIIPS !!

Oh..misère et confusion !

* Soldat Louis - Du rhum, des femmes et d'la bière, nom de Dieu
Vasco.
[Vasco, tu parles trop!]

... Et il faut croire aussi tu bois trop! Pourtant, ça n'est guère dans tes habitudes. C'est ce satané royaume françoys qui exerce sur toi une mauvais influence. Les françoys ne sont certes que des barbares, mais tu commences sérieusement à leur ressembler.

Flashback... Été 1459, quelque part dans un coin de la Méditerranée. Le Santiano avait jeté l'ancre non loin de falaises de calcaire, de grès et de poudingue présentant au regard du profane un harmonieux mélange de blanc et d'ocre. Le ciel était d'un bleu marin impeccable, sans aucun nuage pour voiler les reflets de la lune qui scintillaient sur les flots. La nuit avait recouvert la mer de son manteau noir scintillant. Sur le pont, ça dansait. Ça buvait. Ça jouait du couteau et surtout ça riait. Accoudé sur la barricade du gaillard d'arrière, le capitaine sicilien regardait son équipage se détendre après les journées tendues qu'ils avaient vécus. Son second s'approcha, un godet rempli à la main. Il n'avait pas l'habitude de boire. L'alcool lui embrumait l'esprit et l'empêchait de prendre des décisions éclairées. Mais il y a des gestes qui ne se refusent pas quand on cherche à assurer une certaine cohésion et une loyauté sans faille au sein d'un groupe. Il n'en consommerait qu'une rasade. Pour le principe. Pour montrer qu'il était leur capitaine et qu'il n'était pas trop différent d'eux. Demain, sans doute que plusieurs d'entre eux cuveraient. Que se passeraient-ils s'ils avaient besoin de toute leur lucidité? Etre capitaine, c'est prendre ses responsabilités, estimer ses risques, et jouer avec le seuil de tolérance du risque que l'on était prêt à assumer. Ses hommes travaillaient durs d'habitude. Ils avaient parfois besoin de se laisser aller, de profiter des plaisirs de la vie. Le port et les quartiers des putains étaient trop loin pour ça. L'alcool ferait un excellent succédané ce soir...


Hiver 1462...Que s'était-il donc passé? Il n'en n'avait aucun souvenir. Dans sa bouche, les relents d'un vin de piètre qualité le firent grimacer et quelqu'un dans sa tête en profita pour sonner vêpres. Visiblement, le sonneur était en grande forme. Le capitaine sicilien rendit sa liberté à sa compagne de beuverie : la chaise qu'il étreignait encore à son réveil vint heurter le manteau de la cheminée, ses pieds se faisant lécher presque sensuellement par les flammes vives qui n'attendaient qu'une occasion pour gagner en ardeur. L'alcool...Le vin cette fois. Encore lui! Depuis qu'il trainait dans le royaume de France, il descendait une bien mauvaise pente. Cela faisait trois fois déjà que la boisson lui jouait de mauvais tours. Était-ce cela que l'on appelait l'effet d'assimilation? Tu fréquentes des barbares, tu en deviens un. Et comme à chaque fois, il n'en gardait aucun souvenir. L'image qu'il donnait aux clients qui fréquentaient la taverne ne l'émouvait pas. Ici, personne ne le connaissait. Il repartirait sans doute dans un jour ou deux et tout le monde aurait oublié. Il n'était pas le premier à remplir l'abreuvoir et sans doute ne serait-il pas le dernier!

La soirée s'annonçait difficile. Il fallait laisser à son corps le temps de digérer et d'évacuer toute cette quantité d'alcool. Les relations avec Arsène, son chef de groupe étaient déjà pour le moi tendues. Nul doute que si elle avait eu vent de son état, Arsène aurait été courroucée contre lui. Décidément, toute cette journée était étrange. Et cela ne faisait que commencer. Comme la Corleone s'inquiétait pour tout de de toute façon, il aurait sans doute à se justifier s'il la croisait. Pour Velasco, la donzelle était une fille assoiffée de sang et empreinte d'une anxiété permanente. "Vasco, tu parles trop!"... Cette phrase, il risquait de l'entendre dans un avenir rapproché. Elle devait avoir une drôle de philosophie de vie: penser que l'avenir serait sombre pour finalement s'estimer heureuse que rien de grave ne se soit passé. Velasco pensait qu'elle vivait dans une sorte de frustration perpétuelle, peuplée de chimères sombres et sanglantes. Pour elle, la vie n'était qu'un combat qu'elle s'imaginait perdu d'avance où seuls les plus forts subsistaient pour vivre dans un monde ravagé et délabré. Avec un tel état d'esprit, remarquez que les surprises ne pouvaient être que bonnes. Elle et Vasco avaient des approches radicalement différentes pour assurer la cohésion d'un groupe. Elle pensait qu'un chef ne se faisait respecter que parce qu'il était fort et vindicatif, comme dans une meute de loups. Le sicilien pensait que le respect d'autrui se gagnait en comprenant la personne qu'il avait en face, en reconnaissant ses qualités, et mettant en exergue ses défauts afin qu'il les corrige. Un chef gagne le respect par la compréhension de son équipe et par la reconnaissance de ses compétences. C'est cela que l'on appelle le charisme. Au final, tout se résumait à déterminer si on dirigeait des hommes comme on commandait à des loups ou pas. En attendant, si quelqu'un savait comment on faisait pour chasser une migraine? Parce que si jamais, il rencontrait la rousse, il aurait besoin de toutes ses facultés mentales pour se défendre. Hum... Vasco, tu sais quoi? Tu penses trop!

Dans un coin de la taverne, une donzelle attablée semblait être en profonde réflexion méditative. Le genre de compagnie qui convenait parfaitement à un italien dans un état proche du coma éthylique.


- Permettez que je prenne cette place? Visconti... Je m'appelle Velasco Visconti, marin ayant visiblement sombré dans un mer de vin aigre!

...dit-il d'une bouche pâteuse qui n'avait rien de la "Sicilian touch" du séducteur transalpin. Si seulement ses hommes le voyait en ce moment, sans doute riraient-ils de lui et se diraient que cette fois au moins, il était vraiment des leurs! Promis : il ne boirait plus une seule goutte d'alcool dans ce foutu royaumes de dépravés.

- Vous n'auriez pas vu passer une rousse avec des bras gros comme ceux d'un bucheron par hasard et qui jure comme un charre...

D'un geste, il repoussa loin de lui le pichet de vin qui dégageait des vapeurs alcooliques un peu trop fortes. La nausée monta en lui et il s'éclipsa aussi rapidement que ses jambes le lui permettaient, direction l'abreuvoir situé devant la taverne. D'affreux bruits gutturaux se firent entendre, preuve que l'estomac et le vin ne font pas bon ménage. La vengeance est un plat qui se mange froid. C'est sans doute pour ça qu'elle n'est pas digeste. Mais avant de se venger, encore fallait-il connaître le responsable de tout ceci! Et surtout...Pourquoi?
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Satineduval
Tentant de se tenir bien droite sur sa chaise malgré le tangage dans sa tête, la Noiraude attendait patiemment que son beau brun veuille bien pointer son museau à la porte, observant celle-ci avec attention, lorsqu’elle entendit un bruit derrière elle.

Curiosité oblige, son regard myosotis se détourna forcément en direction du coin pour en découvrir la provenance et c’est un petit sourire rassuré qui se posa sur ses lèvres, voyant le marin refaire surface, il semblait ne pas avoir trop coulé dans le coma éthylique, bien que son visage révélait un teint pas très frais d’un lendemain de fêtes, mine de papier mâché et le teint tout pâlot, l’impression de ne pas être au mieux de sa forme..
Forcément, finir par embrasser une chaise plutôt qu’une jolie femme, pouvait laisser des traces !

Soulagement donc de le voir vivant, Satine lui lança un regard mi-amusé, mi-rassuré, puis le vit s’approcher d’elle sans pour autant sembler la reconnaitre.
Sacrée biture qu’elle partageait d’ailleurs tout autant que lui, sauf que seuls les quelques hoquets qui franchissaient ses lippes framboisées ne laissait deviner son état.

Il lui demandait s’il pouvait se joindre à elle, ce qu’elle aurait volontiers accepté, ayant encore quelques questions à lui poser mais surtout, lui aurait donné quelques idées pour pouvoir mieux supporter l’alcool et en gérer les effets négatifs.

Satinette, dans ses approches de la médecine, avait déjà soigné gueule de bois puissante, se remémorant l’état proche de la mort de Willsbelgium à Mimizan, qui avait bu quasiment deux fûts d’alcool, venant se plaindre chaque jour de mourir à petit feu, tant il régurgitait tout ce qu’il tentait d’avaler, si bien que la Noiraude lui conseilla de boire de l’eau tiède salée, pour en finir une bonne fois pour toute, vomissant tripes et boyaux, ou de choisir l’option de raviver l’alcool qu’il avait dans le sang, combattant le mal par le mal, en buvant à nouveau ce qui l’avait mis en si mauvais état. Finalement, Wills était revenu la remercier chaleureusement, prétendant qu’elle avait réussi à le sauver, après quatre jours d’incroyable ivresse, grâce à l’eau salée.

Mais à nouveau, le marin aux traits fins mais chiffonné parlait, parlait, ne lui laissant pas le temps de répondre, et ce fut avec les yeux plissés de rire qu’elle le vit prendre le large rapidement en direction de la sortie, pauvre de lui !

Satine n’eut alors que le temps de lui lancer une petite phrase de sa voix enivrée et taquine :


Vasco, marin hhiips ..d’eau douce ! Va vite..hiiips…euh…rendre ton âme, puis reviens, Sœur Satine doit encore te parler..hiiips..arf…confession en cours !!!

Puis la Noiraude ne vit plus que la porte se refermer sur l’homme tout pressé de sortir embrasser l’abreuvoir à présent..décidément, il avait des goûts bien étranges, ce marin.

S’étirant doucement, la Noiraude fixa le verre devant elle, hésitant à reprendre un peu de vin, l’ivresse la tenait bien, cependant elle constatait avec amusement que le marin n’était pas prêt à rivaliser avec une lorraine en vadrouille, avoir la mirabelle dans le sang n’est pas donné à tout le monde.

Cependant, touchée par quelques mots révélateurs, il avait éveillé en elle la Sainte Satine, celle qui avait envie de sauver les âmes en déroute, brebis ou loup, ange ou démon, peut importait ceux qui tombaient sur son chemin, la Noiraude aux yeux myosotis n’était là que pour aider son prochain.

M’enfin..hiiips..comme elle pouvait, hein..c’était pas non plus une sainte toujours très avisée, donnant au mieux de ses connaissances, parfois imparfaites, elle n’était que Satine, tout simplement et partie dans l’ivresse, ce qui laissait à désirer ! Santouille..
Vasco.
Malade! Et sur terre qui plus est! C'est sans doute a que l'on appelle le mal de terre! Quoi de plus normal pour un marin me direz-vous! Sans doute était-ce du à l'absence de tangage et roulis. Lorsque Vasco revint dans la taverne, il était livide. Il avait les traits tirés, des cernes sous les yeux. Il titubait encore un peu mais ça allait mieux. Bien mieux! Il véhiculait derrière lui une odeur fétide. Et dire qu'il s'esclaffait à chaque fois qu'un passager ne supportait pas la moindre houle! L'italien rassembla ses souvenirs. Il lui semblait qu'une personne lui avait adressé la parole avant qu'il n'aille compter fleurette à sire de l'abreuvoir. Il posa enfin ses mirettes sur la noiraude qui lui disait vaguement quelque chose. Sans même lui demander l'autorisation, il vint poser son séant en face d'elle, soufflant lourdement son haleine alcoolique et gastrique autour de lui. Il frotta ses yeux de la paume de ses mains pour essayer de retrouver un peu de lucidité.

- Désolé, j'avais un besoin... pressant!

D'un geste de la main devant sa bouche, il dispersa les effluves désagréables. Après tout, autant essayer de donner une bonne image de lui à cette inconnue. C'était la moindre des politesses! Et le fait d'être fin saoul ne permet à personne de se comporte comme un goujat.

- Je ne sais pas ce qui s'est passé. Je n'ai pourtant pas l'habitude de boire...

Sa phrase fut ponctuée d'une hips sonore et odorant qu'il essaya de retenir en vain.

- Vous m'avez dit que vous êtes... Hiips... Soeur?!?!?! Vous savez que...

L'italien balaya son interlocutrice des pieds à la tête sans aucune retenue. Après tout, on pardonnait beaucoup à un homme qui n'était plus en pleine possession de ses moyens, n'est-ce pas?

- ... vous n'avez pas la tête de l'emploi? Je veux dire par là que je ne sais pas si je vous donnerais le bon Dieu sans confession! Je n'aurais pas trop confiance en ce que vous pourriez en faire.

Il s'était certes débarrassé d'un trop plein d'alcool qui encombrait son estomac. Ça ne voulait pas dire pour autant qu'il avait récupéré la pleine possession de ses moyens. Il avait la tête qui lui tournait encore un peu. Il butait sur ses syllabes. Son discours manquait de logique et de cohérence. Avez-vous déjà vu quelqu'un qui n'a pas l'habitude de boire se saouler? L'effet en est décuplé par le manque d'habitude. Ses idées prenaient plus de temps à se former dans sa tête, à frapper aux bonnes portes pour former une pensée cohérente, pour effectuer des déductions. Aussi, ne vous étonnez pas d'entendre sa réflexion suivante.

- Oups... S'cusez! Je viens de me rendre compte que... Enfin... Dites-moi un truc. Soyez tout à fait franche avec moi : le pied que je frotte depuis tout à l'heure avec mon ... euh... pied... C'est pas celui de la table hein?

Il grimaça un instant, se rendant compte du ridicule de la situation. Il aurait été une femme en pleine possession de ses moyens que le rouge lui aurait rapidement monté aux joues.

- Vous permettez? Je pense que...hiiips... je vais me rincer le gosier. J'ai un gout acide qui reste accroché dans la gorge et c'est franchement désagréable.

Vasco tituba jusqu'au comptoir, essaya de formuler clairement sa demande devant un tavernier sans doute blasé d'avoir à transiger avec des poirots tout au long de la journée. Quoi qu'il en soit, il faut croire qu'il réussit à se faire comprendre puisqu'il revint à table avec une bouteille de mirabelle et de deux godets. Il se servit un verre qu'il mit rapidement en bouche. Il fit quelques gargarismes et se débarrassa du tour dans le crachoir situé à proximité. Puis il poussa le deuxième godet en direction de Satine.

- Eh ben! Je me sens mieux! Tenez! Vous ...hiips... voulez le gou... hiip.. ter? Elle n'est pas mauvaise cette liqueur! Alors Dites-moi soeur Satine, de quoi vouliez-vous me parler? On se connait? Je vais peut-être avoir l'air... hiiips... stupide... mais j'ai aucun souvenir de vous!

Repoussant sa chaise dans un crissement désagréable de bois contre bois, il vint se poster devant la donzelle.

- Je... Hum... Hiiips... Enfin... Vous voulez pas danser? Quitte à avoir la tête qui tourne, j'me dis que si on tourne dans l'autre sens, ça pourrait peut-être m'aider à ... hips... faire passer les effets de l'alcool.

Joignant le geste à la parole, il tendit la main dans sa direction. Pauvre marin! Décidément, l'alcool ne lui allait vraiment pas!
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Satineduval
A nouveau perdue dans ses envies et ses pensées lointaines, aux senteurs de sable chaud et d’épices orientales, de hammams et de bazars, de riches églises et de palais de Sultan, la jeune lorraine aux yeux myosotis, laissait son imagination divaguer dans ces lieux qui n’étaient pas à la portée de sa réalité présente, mais un rêve qu’elle faisait quelque fois. Qu’il était bon de se laisser aller à ce doux pouvoir de l’esprit, se laisser transporter ailleurs que dans le présent.

Et voilà que celui-ci revint à la surface, alors que la porte s’ouvrait sur l’homme, le marin qui, tantôt, était sorti précipitamment pour aller se donner une accolade à l’abreuvoir.

Sans façon, il vint s’assoir à sa table à nouveau, semblant avoir un vague souvenir d’elle, c’était qu’il était plutôt bien ivre encore, à l’entendre parler en hoquetant à qui mieux, mieux ! Mine froissée, le vla t’y pas qu’il causait et causait encore, petite excuse pour avoir filé si rapidement, puis lui redemandant si elle était bien Sœur, ce qui attira un sourire très amusé aux lèvres framboisées de la Noiraude.

Ah ça, il s’en souvenait ! Gros quiproquo, entre eux de la rencontre précédente, alors qu’elle, dans son état d’ébriété avait cru comprendre qu’il avait enlevé sa sœur, Lara, pour la vendre à un Sultan, lui avait cru que Satine faisait partie de l’Eglise. On n’était pas sorti de l’auberge, là, avec ces deux drôles en plein dialogue de sourd ! Chacun était parti dans des déductions totalement erronées, complètement à l’ouest, comme on dit.
Puis, Satine vit le regard de l’homme se faire plus précis sur sa silhouette, tentant de la jauger, de découvrir si ce statut de bonne sœur, lui collait à la peau ou pas.

Très certainement que sa robe noire de dentelle et de satin, ne collait pas vraiment à l’emploi, l’échancrure du vêtement, dévoilant sa gorge, était peut-être un peu trop suggestif pour une nonne ou une sœur, m’enfin, elle avait tant l’habitude de l’avoir sur elle n’y prêtait plus vraiment attention, ne la portant pas pour séduire les hommes, mais juste parce qu’elle en aimait le style et la douceur du tissu, le satin ayant toujours sa préférence, bien entendu. Juste que, là, sous le regard des yeux bleu mer du marin, elle en vint à se sentir un peu gênée et porta sa fine main à son cou, couvrant ainsi une partie de sa peau, jouant distraitement de ses doigts fins sur son derme. Ouaaiimais y a pas quelque chose à boire là ??

Déjà, elle se penchait pour glisser son autre mains sur sa botte, à la recherche de sa dague cachée à l’intérieure, puis ce faisant elle vit que l’homme jouait de son pied contre celui, en bois, de la table et elle en oublia sa prime réaction pour se redresser et éclater de rire, son petit rire quasi enfantin qui lui venait quand une situation était vraiment trop amusante.

Repousser des hommes trop entreprenants, elle savait le faire, le plus souvent juste avec des mots, n’avait-elle pas eu dague sous la gorge, alors qu’Ambroise avait voulu lui caresser la poitrine, dans une taverne qu’il avait pris soin de barricader, fermant volets et bloquant la porte pour qu’elle ne puisse pas s’échapper ?

Satine s’en était tirée, déjouant la dague du bout du doigt, et expliquant l’excité en face d’elle qu’il y avait d’autres manières de la séduire, plus émouvante qu’une dague sous le cou, la poésie la remuait bien plus que toute autre menace, la Bella ne se laissait pas facilement impressionner. Lors de leur première rencontre, Satine se souvenait vaguement avoir sorti déjà une fois sa dague pour la pointer sous le menton de Vasco, juste qu’elle ne se souvenait pas pourquoi elle avait réagit ainsi. La raison et la situation lui échappait. Elle l’avait fait, fallait croire que la Noiraude avait voulu éviter un danger, mais lequel..Beuh….évanoui, le souvenir.

Prise de rire, la Noiraude pompette, poussa un petit soupir de soulagement, le marin ne semblait pas bien agressif, là, à caresser la table de ses chausses, il était vraiment encore bien pris par l’alcool pour confondre, m’enfin, une botte ou un pied de table, c’était de la matière dure quand même y avait matière à se tromper. Pardonnable.


Mouarrfff…Vasco !! T’es à l’ouest…hiips…toi quand même !!

Si, si, Marin..tu touches du…hiips..bois, là…c’est pas moi..t’es vraiment dans..hiips…le touché coulé, mon Capitaine..


Le voyant se lever, partir au comptoir et revenir avec deux verres et, hooo presque miraculeux, dans cette taverne si éloignée de la Lorraine, une bouteille de mirabelle !!!
Satine s’étira doucement, déjà contente de pouvoir s’envoyer une tite goutte divine quand elle le vit faire un geste tenant du sacrilège pour elle, les yeux de la lorraine s’agrandirent sous l’effet de la surprise..Il…Il se gargarisait avec l’eau-de-vie la plus précieuse au monde !!! Non, mais hoo !!

Devant elle, il recracha la boisson dans un pot disposé non loin..et elle...retint son souffle, son corps, son esprit, son envie de lui sauter dessus pour l’étrangler. Là, sans le savoir, il jouait avec ses nerfs, mais il n’était pas lorrain, ivre qui plus est et mal en point. De quoi pardonner, m’enfin..presque..

Fermant les yeux pour oublier l’outrage qu’elle venait de voir, Satine prit machinalement le verre qu’il avait déposé devant elle avec gentillesse, le but tout en récitant une litanie dans sa petite tête de fouine pyromane, essayant de faire passer l’image qui y trainait. L’étrangler ? le brûler ou le noyer ? ..Pardonne-lui, il ne sait pas ce qu’il fait, pardonne-lui..il ne sait pas ce qu’il..

Mais il faisait quoi, là, encore…Alors que le calme revenait dans son être, une autre surprise l’attendait, une main tendue vers elle, et une demande de…danse, oui, une danse. Uhm..

Ouais..il ne savait vraiment pas dans quel pétrin il se mettait, le beau marin, elle n’était pas vraiment douée, donc..diversion..


Ouich..hiips…d’accord..mais tu me devras un gage !! Voui..un gage..du genre, le truc que tu ..hiiips…euh..dois faire quoi, par..uuhmpf..hiips..par la suite !!

Alors, la maligne se leva, dans toute sa splendeur mirabellisée, se resservit de deux verres d’eau-de-vie, qu’elle engloutit cul sec et coup-sur-coup, prouvant ainsi qu’elle tenait bien la barre en tant que lorraine face à un marin d’eau douce ou salée, bordeuul, non mais, elle tenait la route de toute façon, enfin..c’était ce qu’elle avait toujours bien voulu croire.

Claquant le verre sur la table, d’un geste décidé, elle alla cueillir sa plume et son encrier, dans sa besace, posant le liquide noir sur la table et s’approcha du marin, et comme elle n’ignorait jamais une main tendue vers elle, la Noiraude la lui serra doucement, caressant du pouce sa paume qu’elle sentit tout chaude..L’alcool réchauffait le sang, c’était bien connu, donc aucun étonnement à se faire à ce sujet-là.


Bon..tu bouges..hiips..tu bouges pas d’un pouce !! je vais te faire hiiips..une proposition, là..

Souriante, avec sa mine de petite chatte qui a bu du lait, elle leva la plume blanche, puis s’approcha lentement de lui, leva sa main fine pour déposer le coté plumé, sur le front de l’homme en face d’elle, elle commença à frôler sa peau légèrement hâlée, puis parla doucement, de sa voix enjouée :

Je voudrais..hiiips..connaître toutes tes pensées, tes idées, tes envies..hiips…ton esprit, quoi..Vasco !

Poursuivant son parcours, la Noiraude alla jouer sur les yeux bleus de l’homme, lui faisant momentanément fermer les paupières :

Je voudrais savoir tout ce que ces yeux…hips !!, ont découvert…hiiips..à travers le monde…

Puis, glissant la plume un peu plus bas, elle alla taquiner le nez fin de celui qu’elle chatouillait, ce qui la fit rire doucement, sachant très bien que c’était le plus désagréable des effets, une plume sous les narines, elle continua :

Je voudrais..uhm..que tu me racontes toutes les odeurs rencontrées..hiiips..dans ta vie aventureuse!

Puis, quittant, la zone de l'odorat, Satine caressa les lèvres masculines très légèrement, agaçant de la douceur de son objet de torture, les lippes, fermées et silencieuses pour une fois.

Et j’aimerai..hiips..entendre tout ce que ces lèvres veulent bien..hiips..uhmm..me raconter..

Parcourant sans cesse la peau de l’homme planté devant elle, la petite plume blanche chemina encore en direction du cou, celui qu’elle aurait voulu serrer tout à l’heure, puis sillonna jusqu’au niveau du cœur, profitant que la chemise de son compère de boisson soit entrouverte pour s’y frayer :

Enfin !! ça me..hiips..tenterait de savoir ce qu’il y a..hiiips. dans ton cœur, là !!!

Et toc, de retourner la plume et de lui planter le bec pointu dans la peau, au niveau du palpitant, y laissant une petit rougeur, à peine visible, y apparaître.

Aie..arfff..mince..ouais bon..euhh..hipps je suis un peu maladroite, là...m’enfin..t’en dis quoi ?
Ça roulotte ?


Le regard myosotis se fit taquin avec une petite pointe d'assurance, bien entendu, elle en demandait tant qu’il allait refuser, ce qui l’arrangeait un peu, n’étant pas vraiment stable sur ses pieds pour une danse, l’ivresse ne quittant pas son sang pour le moment.

Heureusement, La Noiraude n’en était pas au point de se tromper d’instrument, elle ne s’était pas munie de sa dague pour son petit jeu, le but n’étant pas de le marquer ou de lui laisser un souvenir à vie, juste de le chatouiller un peu. Puis, un ange, ça a des plumes blanches, non ?
Vasco.
Des gages? Il avait décidément l'esprit bien embrumé l'italien. Si gages il devait y avoir, c'est bien elle qui devrait les payer: ses talents de danseur étaient réputés dans tout le quartier du port à Syracuse en Sicile. En Orient, on l'avait payé pour avoir donné des leçons de danse à des courtisanes réputées. Oui! On l'avait payé mais il n'avait pas été dans un état si lamentable que cela qu'il vivait actuellement. Le marin posa des yeux glauques sur les mirettes de la noiraude, essayant de saisir le fond de sa pensée, clignant des yeux pour éviter de sombrer dans un sommeil alcoolique qui cherchait à l'aborder. La voilà quui s'éloigne, revenant rapidement avec une plume. Bonne idée ça! L'éventer devrait lui faire du bien. Dissiper ces nuées alcooliques devrait lui permettre de mieux comprendre son charabia. Mais au lieu de cela, c'est une bien étrange sensation que cette plume distille en lui. Une sorte de mélange hallucinant fait d'exacerbation du désir saupoudré de vapeur d'alcool en cristallisation se répand dans ses veines à la vitesse que son esprit est capable de les assimiler. Si un peu d'alcool permet de se libérer de certains interdits, trop d'alcool diminue de manière drastique la libido. Quelques centaines d'années plus tard, les savants diront au sujet de l'alcool, je cite :

Citation:
Un peu d'alcool désinhibe. Trop diminue la libido. L’alcool à de faibles doses peut certes avoir un effet de désinhibition et il est souvent utilisé pour favoriser les contacts sexuels. A plus forte dose par contre, il inhibe tout désir. Cet effet est dû à une action directe sur le système nerveux central et sur le foie en favorisant la conversion de la testostérone en œstrogènes, ce qui induit une baisse de la libido.


Du charabia pour les hommes et les femmes de 1462 que nous sommes n'est-ce pas? Oui, je vous le concède! Peut-être qu'un alchimiste aurait pu nous aider à déchiffrer ce mystère, mais il est fort à penser qu'aucun savant ne fréquente cette pauvre taverne de village perdue au fond de la campagne bourguignonne.

Les sens de Velasco allaient au ralenti, l'italien avait de plus en plus de mal à comprendre la situation. Une soeur qui chercherait à le séduire? Voyons le marin, ressaisis-toi! Passe outre ces vagues d'alcool qui viennent s'étendre sur les plages de ton esprit! C'est une soeur! Une soeur, tu comprends ce que c'est qu'une soeur? Une femme qui n'a qu'un seul amant : le Très-Haut lui même! Elle ne cherche pas à te séduire, mais à te confesser. Enfin...Comprenez tout de même Vasco : il faut bien reconnaître que peu de soeurs doivent se balader dans les tavernes avec un décolleté qui met ainsi en valeur les attributs dont Dieu l'a pourvu!

Telle une truite qui serait disséquée avec précaution par son mangeur pour éviter de mourir asphyxié par une arête, les demandes de Soeur Satine arrive au fur et à mesure dans l'esprit du marin, venant buter sur une porte close, puis devant prendre patience en faisant la file le temps que celles qui la précèdent soient enfin traitées par la puissante machine à déductions de Syracuse.

Savoir ce que tous ses yeux ont découvert à travers à travers le monde est un prix acceptable. Plongés dans sa torpeur alcoolique, Vasco n'était plus là. Il flottait au dessus d'une mer d'huile dont les couleurs oscillaient entre le bleu azuréen et le vert émeraude. Il frôlait la côté déchirée de la Grèce, s'engageait dans le détroit du Bosphore, posant ses pieds de part et d'autre, dominant à la fois l'Orient et l'Occident. Il survolait les souks d'Alexandrie, transpirait dans les hammams de Constantinople, savourait des oranges du côté de Tanger et jetait un regard anxieux sur la citadelle de Chypre alors que son navire passait à quelques encablures de l'île.

La porte de son esprit claqua. Une autre idée s'imposa à lui. Les odeurs? Vasco ressentit soudain un haut-le-coeur à l'évocation des odeurs de poissons qui venaient alors valser près de ses narines. Les odeurs, il en a humé pourtant des tas et des tas. Le bassin méditerranéen est un mezze d'odeurs différentes qui s'arrangent harmonieusement les unes avec les autres, mais les odeurs, ce soir, il n'en n'était pas capable!

Entendre toutes ce que ses lèvres...? Il fallait croire que cette pensée était plus imposante que les autres. Elle avait du mal à passer par la porte grande ouverte de son esprit. Vasco tira sur elle, se concentra pour la rendre concrète et comprendre ce que son confesseur désirait. Ses lèvres avaient gouté milles délices: des petits fruits séchées gorgés de sucre sur la côte africaine, des feuilles de vigne farcies macérant dans l'huile d'olive en Grèce, des vins liquoreux chez les sultans d'Orient, Des olives à Syracuse, du vin à Messine, le gout de la peau perlée et hâlée des catins qu'il fréquentait dans les différents ports qu'il a visité. Hum... Vasco? Je crois que tu n'as pas bien compris la question de la soeur. Sa question n'était pas sur ce que tes lèvres ont gouté, mais sur ce qu'elles sont capables de lui raconter! Tu comprends maintenant? Le coup de plume pointé droit sur sa poitrine le sortit immédiatement de sa rêverie.


- Hum? ... Hiiips! Vous disiez? Faites attention avec votre dague...

... dit-il en écartant la plume d'un revers de la main, aussi charismatique qu'un boeuf mâchant et remâchant de l'herbe alors qu'un bouffon fait des cabrioles devant lui.

- ...Vous allez finir par blesser quelqu'un!

... ajouta t-il en se massant la poitrine. Il essaya tant bien que mal de fixer son regard dans les mirettes de Satine, le sol tanguant toujours autant quand il ne prenait appui sur rien.

- Et? C'est tout? Vous avez énoncé toutes vos conditions? Vous savez que pour une soeur, vous êtes assez chère! Et drôlement habillée qui plus hiiips! C'est quoi votre ordre déjà? HumHiiips!

L'italien fut pris d'un fou rire qu'il eut du mal à contenir. Il se plia en deux, se tapant les genoux, impossible de réfréner cette étrange bien-être qui s'emparait de lui. Il posa amicalement sa main sur l'épaule de Soeur Satine et partagea avec sa compagne de beuverie le petit souvenir qui le faisait tant rire.

- Vos demandes me rappellent un de mes quartiers-maîtres. Il passait son temps à venir me réclamer telle ou telle chose. Un peu comme vous quoi! Mais Je vous ...hiips... le promets, je n'ai jamais danser avec lui! Jaaaaaamais! Il était bien trop grand et trop lourd pour être élégant de toute façon. Un jour, il m'a raconté une drôle de blague....ou une blague drôle...Enfin....je ne sais plus. Vous jugerez par vous même. Dites...Vous savez pourquoi les femmes et surtout les soeurs sont interdites sur un navire? Hum... Hiips... Non? Parce que les cons fessent... et que les marins, eux, c'est au fouet qu'ils fonctionnent!

Oui, je sais, vous allez me dire qu'elle est complètement nulle celle-là et je ne pourrais qu'acquiescer. Mais comprenez que Velasco n'avait pas l'habitude de boire et que Satine, sans doute pour se protéger du brigand dont elle pensait qu'il pourrait vouloir la voler, l'avait fait boire bien au delà de la limite qu'un corps humain non habitué pouvait supporter. Le marin se ressaisit, cogita un instant, puis attrapa la main de la religieuse pour se diriger vers le fond de la pièce, un regard posé sur le tavernier qu'il surveillait tout en progressant.

- Ven.. hips!...nez! Je vais répondre à toutes vos questions en une seule fois. Mais chhhhuuuuuut! .... Hips.... S'il nous voit, on est fait comme des rats!

L'italien poussa la donzelle religieuse par les fesses, direction la cave de la taverne. Il grimaça lorsque la porte s'ouvrit, espérant qu'elle ne grince pas. Dans l'escalier, tenant la main de Satine d'un côté, il s'empara d'une torche. qui était accrochée au mur. Nos deux soulauds arrivèrent bientôt dans la cave principale, celle qui servait d'entreposage aux futs de bière et de vin, là où les jambons et les saucissons étaient mis à sécher et où le tavernier entassait tout un tas d'outils pour entretenir la taverne.

- Chuuuut! Faites point trop de bruit pour que les pirates...

D'un doigt, il désignait l'étage du dessus...

- ... hiiips! ... ne nous repèrent pas!

Vasco se dirigea vers le premier fut de bières. Il l'ouvrit, avala une gorgée pour la gouter, et renversa le tout sur le sol. Il l'approcha d'une grand poutre sur laquelle était fixée une poulie. Il enroula le tonneau vide autour de la corde, le hissa sur le demi-étage avec la poulie, grimpa les quelques marches et vint le fixer au poteau. Il regarda Satine de haut et lui expliqua.

- Ça, c'est le gaillard d'arrière! L'endroit où le commandant dirige la...hiiips... manoeuvre! Ça!

Il tapotait sur le tonneau.

- Le lieu préféré de la vigie! Et la vigie!.... C'est vous! Vu que moi...ben oui, je suis le capitaine! Ça, c'est le grand mât! Tous les tonnhiips là-bas, c'est notre cargaihiiips! Le liquide au sol...Ben c'est la mer! Alors, vous venez prendre votre place... Et moi, je dirige la manoeuvre! Ça vous va moussaillon?

Attrapant la poulie, il descendit aussi élégamment que possible au niveau de Satine, manquant de peu de se vautrer lamentablement dans la mer d'huile. Enfin...de bière!

- J'espère que vous savez vous battre. Alexandrie est certes une ville aux milles merveilles mais ses côtes sont fréquentées par des pirates en tout genre!

Apercevant un vieux morceau de parchemin dans un coin, Vasco le roula et le porta à son oeil.

- D'ailleurs! Regardez par vous-même! Qu'est-ce que je vous avais dit! Ils nous ont déjà flairé! Ça doit être votre odeur ça!

Odeur? Elle n'avait pas parlé d'odeur tout à l'heure? Tendant la longue-vue à Satine, il se dirigea vers le fond de la salle où il trouva une vieille roue de charriote à moitié fracassée. Il grimpa au demi-étage, sur ce qu'il appelait le gaillard d'arrière.

- Allons, allons, on ne traîne pas! Tous à vos postes de combat! Paré à l'abordage!

La situation avait redonné des ailes au capitaine, ailes que l'alcool lui avait coupé précédemment. Dans ses mains, la roue de charriote tournait dans tous les sens.

- A babord toute! Nous allons essayer de nous faufiler au travers de ce défilé!

Pauvre Vasco! Si ça n'est pas pitoyable de voir un homme aussi respectable que lui se donner en spectacle aussi lamentablement que ça! Ah! L'alcool! Sieurs, c'est une leçon à méditer : réfléchissez-y à deux fois quand une femme, eut-elle même emprunté les traits angéliques d'une moniale, vous propose de boire un verre. Et dites? Vous pariez combien que Vasco a déjà oublié qu'il fait tout ça pour obtenir une toute petite danse de rien du tout?
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Satineduval
HHHIIIIII !! Mais il lui fichait le tournis, lui..Déjà, il dégageait d’un revers de main, sa plume blanche, en y voyant une dague alors qu’elle ne lui avait fait qu’un tout petit point rouge au niveau du cœur. Voui, ça piquait aussi, mais rien de bien dramatique non plus. Satine aurait pu être plus exigeante, mais elle ne lui avait même pas demandé de signer un parchemin, ni promesse, ni serment, la Noiraude ne croyant plus, depuis belle lurette, à ce genre d’ineptie..

Combien de fois lui avait-on fait promesse, si vite trahie ? Elle ne les comptait plus. Mais pour une raison insoupçonnée et surtout incompréhensible, elle accorait confiance à cet italien, marin et brigand, de surcroît. Heal l’aurait probablement tuée sur place, elle le sentait dans son cœur, son meilleur ami, de là-haut lui lançait des avertissements, comme si du pop corn lui tombait sur ses longs cheveux noirs, il devait se régler, là-haut, à voir ce qui se passait dans cette taverne, la Noiraude tentant d’éviter une danse.. . Saleté !!

Mais celui qui était en face d’elle voyait donc..une dague ? Uhm..c’était bon signe, il ne tiendrait plus longtemps le large, enfin, surtout la boisson. Voui, il était vraiment pas bien lui et déjà un petit sourire se dessinait sur ses lèvres, alors qu’une lueur d’amusement naissait au fond de son regard myosotis. Puis le fou-rire la gagna alors qu’il la sermonnait d’éventuellement blesser quelqu’un avec son arme, si fatale.

Didiou, comment serait-ce possible que la petite lorraine puisse un jour faire du mal avec sa plume..l’affirmation l’amusait au plus haut point, ses lettres n’étaient que souvent bien intentionnées, parfois ironiques ou d’une extrême nonchalance, mais jamais aucune de ses missives n’avait blessé autrui. La Noiraude n’avait jamais écrit une seule lettre de rupture, une chose qu’elle ne savait pas faire, laissant l’autre à ses propres sentiments, toujours si difficile à gérer quand on se quittait. Son regard se détournait, puis tout était fini, sans heurt et sans reproche, les regrets et les remords n’étant pas dans sa nature.

Alors qu’elle reprenait un peu son souffle, les yeux pétillants et la mine réjouie, l’homme lui posait déjà la question suivante, à savoir de quel ordre elle provenait, ce qui la laissa un peu bec dans l’eau. Voilà bien une chose dont elle ne savait fichtre rien !

Fermant les yeux, elle tentait de s’imaginer dans un ordre quelconque, sans pour autant parvenir à se situer quelque part. Comment, alors qu’on possédait la devise, *ni dieu, ni maître*, appartenir à qui ou à quoi que se soit..Là..c’était vraiment une sacrée colle que le marin lui posait sans le savoir..Puis, les saints changeaient chaque jour, donc ...c’était probablement Sainte-Boulasse, y avait qu’à voir l’état dans lequel ils se trouvaient tout deux ! Heureusement, celui-ci poursuivit avec une petite histoire qu’il disait être drôle.

Gné ??? A nouveau, Satinette, dans toute sa douce ivresse, loupa le coche, posa un regard un peu perdu sur Vasco, ne comprenant rien à rien, puis après tout, elle n’avait jamais mis les pieds sur un bateau, donc les histoires de marins d’eau douce ou salée, elle devait encore s’y habituer, hein..

Ensuite, des fouets..euhmpf..de fouet, la jeune femme n’en avait jamais eu besoin, mais en avait fait parfois mention pour éloigner quelques hommes trop entreprenants à Dijon, les menaçant pour qu’ils ne s’approchent pas de trop près. Une bonne parole, bien placée, suffisait souvent à faire filer ceux qui pensaient voir en elle une femme trop facile.

Depuis, elle avait découvert d’autres techniques, toujours relativement douce, pour se dégager de n’importe quelle situation inconfortable. Souvent, l’instinct la guidait pour savoir ce qui pouvait la sortir du pétrin. Manger de l’ail, croquer un oignon, sortir sa dague pour la pointer sous les bijoux de famille, changer de table ou juste dire non, l’imagination ne manquait jamais à la donzelle pour se tirer d’un mauvais pas. Mais là, y avait pas de quoi fouetter un chat.

Lissant ses cheveux noirs d’une main un peu hésitante, alors que ses pensées tournoyaient dans tous les sens, le marin lui saisit la main pour la conduire puis la pousser par les fesses dans l’escalier conduisant au sous-sol !!! Gné ?? pas potible..retenant un juron, elle leva les yeux au ciel, manquant de choir dans l’escalier, le pas peu assuré, alors que des protestations montaient dans sa tête. Il la tirait par la main, la poussait pour descendre, mais, nom d’un chien crevé, qu’il avait donc des manières de rustre, l’autre brigand ! Vouiii..quoi attendre d’autre d’un marin ivre, sans doute que sa vraie nature refaisait surface, trainer dans les ports à l’abordage de bateaux ou de catins, ne lui était sans doute pas inconnu, mouarf !!

Tentée un instant de prendre sa dague et que le surnom de *mortecouilles* lui fût attribué, la colère ne gronda qu’un instant, puis fit place à sa gentillesse légendaire. *Si un homme te pince les fesses, fais comme si c’était pas trop grave, il sera heureux*..va aussi pour si un homme te pousse les fesses..uhm ? Après tout, elle n’avait pas senti grand-chose, Vasco n’était pas dangereux, juste trop plein pour savoir ce qu’il faisait.

Mordillant sa lippe inférieure, Satine arrivait tant bien que mal dans la cave, où elle resta plantée comme une servante de messe, alors que le marin, entreprit de sautiller dans tous les coins, comme un diablotin, pour créer devant ses yeux ce qui devait être un pont de bateau, poulie, mat, vigie…


Gaillard derrière !!

Hann ! Sursautant, sortant enfin de sa semi léthargie, Satine, Sainte Boulasse les pieds dans la mer de bière, plus précisément, laissa sortir un hoquet de surprise, saisit la lunette d’approche en parchemin dans sa main sans trop savoir qu’en faire puis se retourna dans tous les sens, essayant de découvrir qui était arrivé derrière elle..

Purée..personne..rien que du vent ou un fantôme, au mieux..Alors..là, reportant son regard myosotis sur Vasco, elle posa juste son index sur sa tempe, là où se situait sa petite cicartrice en forme de lune..Cinglé, un fou en liberté..voilà ce qu’elle avait devant ses yeux..Et alors que la jeune femme aux cheveux noirs laissait entrer cette évidence dans sa tête, elle ferma les yeux, décidément, il était trop actif, ce bougillon de marin, un bon coup de bouteille de rhum derrière le crane lui irait pas si mal, du calme m’enfin !! Alors que sa vue parvenait à nouveau à se focaliser sur tout le décor qu’il avait planté dans ce cellier, la Noiraude fût prise d’un fou-rire, presque douloureux pour ses côtes.

Parlant tant bien que mal, prise entre le rire et un fichu hoquet, ce qui pouvait bien donner tout et n’importe quoi à dans une phrase :


Taiiiiiips-toi, Vasco..hiips..tu..moouaahaah..parle trop !!
chui pas..hiipseuuh..un gaillard..mouaiis..tu faiiiihips..peur là..piiiis..t’as..uhm..t’as oublié le priiin..hips..cipal..MOUAIIISS !! Morteuuhhipsscouilles.. et LES VOILES !!!

Je…les hips..vois pas..hiiips, c’est..c’est un hiips..bateau fantôme ton truc-là !!!


Voilà qui fût finalement dit sans trop de mal ni de raté, du moins dans l’esprit bien vaseux de la petite lorraine, alors que ses yeux pétillaient de plaisir, ayant trouvé un défaut dans la mise en scène de ce marin d’eau douce de Vasco..mouais..pis quoi encore..fallait pas qu’il puisse croire qu’on allait la lui faire, crénom, ivre mais pas encore aveugle, ses yeux myosotis toujours si curieux, détaillaient tout, pis..c’était gros comme une montagne, qu’il manquait les voiles !!

Ouaiiis !!! A l’aboordagehiips..mais..ahhh..l’étage !!! On..mooontehipps..
Vasco..hiiips..viens…on..hiiips va dé..dé..pouiller !!


Puis..tant qu’à bien finir la bouille dans l’abreuvoir, Satine alla s’emparer d’une bouteille qui trainait sur une étagère..vit que c’était du rhum, alors que ses yeux plissés se concentraient sur l’étiquette, un sourire malicieux naquit au coin de sa bouche…

Avanti !!



*film..il était une fois dans l'ouest..bien sûr! )
Vasco.
Des voiles?!?!? Des voiles pour masquer le visage de soeur Satine? Les yeux écarquillés, parfois d'ailleurs un peu trop fixes, les pupilles dilatées, la tête qui oscille comme si elle était montée sur un ressort, Velasco Visconti regardait la jeune femme, médusé. Que pouvait-elle bien vouloir dire?

- Hiiips....Les voiles?

La voix était hésitante, l'homme butait sur les syllabes. Son esprit ne réfléchissait pas bien vite, mais sa langue formulait les sons avec encore plus de lenteur. Les voiles pour masquer son visage comme une mariée ou...

- Dites... J'savais pas que dans leur séminaire, les ...hiiips.... sooooooeeeeeurs... apprenaient la danse des sept voiles! D'habitude, c'est euh.... comment dire... plus réservé à des filles volages ... hiiiips... quoi! Enfin... Euh...Vous voyez c'est un peu...comme qui dirait... hiiips.... lascif comme danse hein? C'est censé r'muer...les humeurs masculiiiips!

Vasco regarda la noiraude béatement, tangua littéralement sur ses pieds. Il prit appui sur le "mât" pour éviter de se vautrer dans le flot de bière dans lequel ses bottes pataugeaient. Flic floc....Flic floc. Son regard se porta alors sur le poteau de bois, puis du poteau à Satine. Dans sa tête, des connexions se faisaient : Satine - Poteau - voiles.

- Aaaaaaaaaaaaaah !

S'il n'avait pas encore glissé sur la bière, son débit de voix, lui, s'accrochait aux parois rugueuses et alcoolisées. Les syllabes trainaient de plus en plus dans la bouche. Quand on n'a plus toute sa tête, laisser trainer les syllabes vous permet de réfléchir plus longtemps aux questions qui vous sont posées. C'est une sorte de mécanisme de préservation qui se met en place. Le marin leva un index en l'air. Son regard dévia sur le doigt qu'il voyait bouger en permanence. Il approcha ses mirettes pour essayer de disperser le flou qui l'entourait, ce qui lui fit mettre les deux yeux dans le même trou.

- Par tous les seins de Christos! V'là que j'vois double maintenant! Il passa sa main devant ses yeux, battit plusieurs fois des paupières pour régler le problème... Un geste qui semblait devenir un routine pour lui aujourd'hui!

- Un soeur, ça va! Deux, bonjour les dégâts! V'nez! J'ai enfin compris c'que vous vouliez m'dire!

Et voici nos deux marins de bières douces repartis vers l'étage supérieure de la taverne. Dans l'escalier, des effluves de houblon se faisaient sentir jusqu'aux dernières marches. Vasco dut grimper les escaliers à quatre pattes, et malgré cela il trébucha deux fois. Il y avait un Dieu pour les ivrognes...ou plutôt une Sainte. Sainte-Boulasse prirent soin d'eux, Par deux fois il se rattrapa de justesse à son compagnon de beuverie. Par deux fois il manqua de la dévêtir, au moins partiellement, en s'accrochant au col ou à la manche de sa robe, se contentant pour tout réflexion, d'un simple : "s'cusez". Il arrivèrent sur le palier de l'étage. Le marin fit signe à Satine d'attendre son signal pendant qu'il entr'ouvrait la porte.

- Le quartier-maître...Il est ... hiiiips... terrib'! Si jamais, il nous aperçoit r'monter d'la cale du navire...On va s'prendre une de ces roustes!

Ah ça oui! Ne cherchez pas la logique des ivrognes, il faut être fin saoul pour la comprendre! Par l'entrebâillement de la porte, Vasco put apercevoir le tavernier qui allait servir à boire à une table où une rousse attendait manifestement quelqu'un. Une rousse? Malgré les brumes qui nimbaient ses facultés cognitives, il y avait des automatismes qui répondaient toujours présent. On a déjà évoqué la protection divine des ivrognes. Il faut aussi que vous sachiez que l'instinct animal est toujours présent à la surface de l'esprit, et que même au ralenti, il est toujours opérationnel et efficace. Les rousses! Oui, chez Vasco, c'était véritablement l'instinct du commerçant qui s'était éveillé à la vue de cette crinière de feu. Les rousses lui évoquaient l'orient, les voiles, les sultans...et surtout de l'or qui coule à profusion! De l'or sous toutes ces formes : écus, assiette, damasquinage, or en fusion... "Ooooh! Vasco! C'est pas le moment de penser aux rousses! Tu feras tes emplettes plus tard! Le tavernier vient de quitter la pièce pour aller voir ce qui se trame dans les cuisines!"

- V'nez! Le quartier-maître est parti fouetté d'autres chats. Ça se trouve il y a trop de souris dans la cale!

S'emparant de la main de Soeur Satine, il tituba jusqu'à l'escalier qui donnait à l'étage, là où il pensait pouvoir trouver des voiles. La ferveur de diriger à nouveau un navire était retombée et Vasco commençait à ressentir de nouveau les effets de l'alcool. Mais l'alcool attire l'alcool et le sicilien se demandait si sa soeur avait eu la bonne idée d'emporter avec elle une bouteille de la cale. Ils grimpèrent rapidement les nouvelles marches pour se retrouver à l'étage. En bas, le tavernier n'était toujours pas revenu de sa quête du côté des cuisines. Vasco s'approcha à tâtons de la première porte de chambre en marchant sur la pointe des pieds, et fit signe à Satine de se taire. Son oreille glissa le long de la porte et son corps finit par trouver une position d'équilibre quand son centre de gravité se trouva à peine à un ou deux pieds au dessus du sol. De la pièce, des bruits étranges, secs et assez discrets se faisaient entendre.

- Chiava il santo!* On dirait que c'te point ...hiips... libre! Faut croire que la salle d'armes est protégée!

Vasco fit tourner la poignée. La porte s'ouvrit...comme par miracle. Christos était avec eux. La pièce était plongée dans la pénombre. Devant la fenêtre, un homme dénudé jusqu'à la taille leur tournait le dos. Gras comme un cochon, les plis de chairs s'étageaient au niveau de sa taille. Son crâne était totalement chauve. Accroché à sa cuisse, un cilice lui mortifiait les chairs. Vasco comprit alors d'où venaient les bruits étranges lorsqu'il vit les lanières de cuir venir cingler le dos de l'individu, laissant de petites trainées sanglantes derrière leur passage. Prudent, l'italien referma la porte.

- Ce s'ra pas ici qu'on trouv'ra des voiles ma soeur! Et puis, c'te spectacle, il est pas vraiment pour vous, vous pourriez en faire des cauchemars! Ou alors, ça viendrait ben trop r'muer vos humeurs féminines et vous ....hiiips... auriez du mal à préserver vot' voeu d'chasteté! C'est que....hoouuuu...c'est du lourd c'lui là! Du très lourd! M'est avis qu'vous aimeriez pas trop entendre ses gémissements! Allez, v'nez! On va trouver nos voiles ailleurs!

Ailleurs, ce fut trois pièces plus loin. D'un coup d'épaule, Vasco avait défoncé la porte. Pourquoi me direz-vous? Tout simplement parce qu'il lui avait semblé entendre des cris de souffrance venant de l'intérieur. Son sang ébouillanté par l'alcool n'avait fait qu'un tour. Il dut malgré tout s'y reprendre à deux fois avant que la porte ne vole en éclats. Mais le spectacle auquel ils eurent droit fut d'un tout autre genre que ce à quoi il s'attendait. Que voulez-vous, c'est assez facile quand on est saoul de confondre douleur et...plaisir! Devant eux, sur le lit, se tenait un couple dans leur plus simple tenue. Madame, les jambes de par et d'autre de monsieur avait le corps arc-bouté vers l'arrière. Lui était allongé de tout son long sur le lit, tout simplement. Le mouvement de roulis qui animait le couple donna le mal de mer au capitaine.

- Vous savez m'dame, c'te pas parce que vous allez lui donner des coups d'talons sur les flancs qu'il va avancer plus vite vot'cheval hein! Vous l'avez crevé à la tâche à force d'l'avoir ch'vau...hiiips...cher. Voyez! Il a la langue pendante, la sueur lui coule du front et il pousse des cris d'douleurs!

Coitus Interruptus! Le regard toujours aussi plein d'alcool, les yeux manquants de vie, titubant jusqu'au lit en se massant l'épaule contusionnée, il interpella le couple ébahi par cette intrusion inhospitalière. Ils ne réalisaient manifestement pas encore ce qui venait de se passer. Vasco sourit béatement à la donzelle blonde, puis à son partenaire brun avant de se pencher en direction de leur bassin. Il manqua de perdre l'équilibre et se rattrapa en s'appuyant de tout son poids sur la cuisse de la donzelle.

- Ah ben voilà! Il est là l'problème! Ma soeur, v'nez vouère ! Euh...Ça, c'te Soeur Satine. Elle est r'ligieuse mais j'savions pas de quel ordre elle vient. R'gardez ma Soeur! Il est là l'problème! Oui, m'dame! C'te ça! Vous montez à cru! Pas étonnant qu'votre...hiiips.. monture soit fatiguée! Et puis, elle doit souffrir atrocement! J'parie qu'elle est irritée sous vos fesses! Faut prendre d'soin sa monture vous savez! Vous connaissez l'proverbe? Qui veut aller loin mélange ses montures! Euh...Enfin...un truc comme ça quoi! ... Ooooh! Ma soeur? R'gardez!

Il se pencha vers l'avant, son nez presque collé au drap du lit sur lequel le couple s'ébattait. L'italien renifla un instant, puis sourit, satisfait de sa découverte. Il agrippa le drap et tira de toute ses forces.

- Un grand foc! Alors, ça, c'te d'la chance! V'nez m'aider ma Soeur! Il est coincé! Faut qu'on l'débloque d'là! V'nez tirer avec moi! Ensuite, on ira trouver une grande voile ailleurs!





* Juron en italien. Mieux vaut ne pas traduire.
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Satineduval
Gné ?? La danse du ventre ? Ah oui..vient à elle l’image tant rêvée de cette fameuse robe que l’on ne trouvait qu’à Alexandrie et qui lui avait un jour donné envie de s’y rendre tout autant que l’intrigante quête des parchemins perdus d’Aristote.

Toute la philosophie de Satine tenue en quelques objets, la sensualité de l’Orient mêlé à son goût pour la spiritualité..tout un poème, faut pas croire..c’était un peu comme si, elle voyait Aristote danser sensuellement, la beauté, la bonté et l’intelligence fine, réunie pour le plaisir des yeux et de l’esprit..mouraf..fallait qu’elle se mette une petit gifle et cesser ses rêves idiots et saugrenus !!

Les voiles..Hann..mettre les voiles..voilà ce qui lui passait par la tête, surtout !!
Uhm..mais..Les voiles, elle aimait tant ces draps fins, parfois transparents, pour parer une femme et la rendre des plus désirables, ou..plus rigide pour en faire le volage si élégant des bateaux. Et les vélins, ah..La noiraude les respirait et les sentait, comme des amants dont elle chérirait la peau chaude, se laissant caresser par les mots pour s’imprégner de l’autre, s’en enrichir, comprendre et découvrir ce qui se dévoilait du correspondant, toute sa beauté et, parfois, aussi les coins plus obscures, ceux, que l’on ne révélait guère qu’à une amie sincère et attentionnée, une compagne ou une amante..

Des mots, par-ci, par-là arrivait à entrer dans son cerveau embrumé, et la Noiraude se mit à rire doucement, de son rire fin et léger, qui sentait bon les champs de fleurs à peine écloses et encore si fraîches..


Mais..Vasco..hhipps..je..euh..suis pas voilage, moi !!
euuhh..Volage..enfin..pis..hiiips..pas ma faute si..euuhiiips, je remue les hhips..zumeurs masculines..j’fouette personne pour..uumpf..hiips..qu’on me saute dessus !! Maiis..je..euh..tiens la..hiiiiips…distance..moi !!


Et de partir ensemble pour tenter de remonter les escaliers, oh tâche des plus périlleuses, alors que les deux bougres bourrés comme des charrues trop pleines, tentaient d’avancer et de partir à l’assaut des affreuses marches qui se dérobaient sous leurs pas..AAh..les traîtresses, elles jouaient à chache-cache, et ce fût un moment d’intense concentration que de faire chemin vers le haut.

Sentant les mains du marin s’agripper à sa robe noire, la petite lorraine qui elle se tenait d’une main contre le mur, ayant dans l’autre la bouteille de rhum qu’elle tentait de sauver du naufrage, Satine ne put que maugréer quelques mots à l’encontre de son compagnon de beuverie.


HHHAA !! patouche !! hhan..hiips..tes pattes..nom d’un marin ivre..hhhipps..et de Sainte-Boulasse..mouraff..garde-les dans tes..hiiips..poches VAAASCO !!
Chacun sa cuiiiiteeuh..et …Deos pour tous !!! Il..euuh..hiips..reconnaitra mes fesses heiinn…pas…euh..besoin d’aiiide !


Et de plisser ses yeux de rire, alors que tout tanguait autour d’eux, heureusement, l’italien n’avait pas fait attention à ses gestes maladroits et elle ne fut pas autrement surprise de ce qui se passait, quand on sentait tout bouger autour de soi...on prenait appui sur ce qui semblait un peu stable.

Satine, en temps normal, était la stabilité même, mais en l’occurrence, poser un pied sûr n’était pas si évident, en cette soirée et ce fût un duo un peu débraillé qui fit irruption dans la salle de la taverne, sous le nez un peu surpris du propriétaire, qui se mit à secouer la tête, marmonnant de sa voix rocailleuses *y en a des farfelus, tout de même*, alors que la Noiraude et le marin passaient devant la clientèle pour aller le plus vite possible à l’étage, Vasco tirant la Noiraude par la main qu’elle laissa dans la sienne en toute confiance, alors qu’elle aurait dû fuir un homme tel que lui, marin, italien, séduisant et hélas, brigand..

Mais, quand on était ivre et qu’on a attendait du monde qui ne se pointait pas à l’horizon, ben..on faisait un peu des bêtises, juste parce que, pour elle, s’était dans sa nature de vouloir s’amuser et passer du bon temps avec ceux qu’elle croisait en route..Là, c’était pas vraiment une bonne idée de s’accoquiner avec un brigand, mais il était ici, semblait lui aussi lui faire confiance, bien que tout semblait devoir les séparer, étant chacun de l’autre côté de la barrière. Pourtant, juste pour cette soirée, l’un et l’autre semblaient un peu l’oublier et ce fût une Satine toute curieuse qui s’appuya contre le dos de Vasco, alors que celui-ci ouvrait une porte pour trouver les fameux voiles pour leur bateau de fortune créé dans la cave par l’inventif marin.

Alors que la petite Lorraine se poussait sur la pointe des pieds pour tenter de voir ce qui se passait dans la chambre un peu sombre, ses yeux myosotis s’élargirent et elle prit appui sur les épaules rassurantes de l’homme devant elle, un peu épouvantée par ce qu’elle découvrit du regard..on aurait dit un curé en train de faire pénitence, fouettant son dos pour se laver de ses péchés.

Oh..le sot..m’enfin, c’était pas des façons de se faire pardonner les erreurs commises, se flageller pour expier ses péchés était purement inutiles, juste une impression de sortir le mal de son corps alors que c’était l’esprit qui fallait modifier, opération bien plus délicate !

Mouraf, clignant des yeux quelques secondes la jeune femme, un peu chamboulée par cette vision fût heureusement tirée en arrière par Vasco, ce qui la sauvait de son envie d’aller arracher le fouet pour le jeter par le fenêtre et obliger l’homme chauve à aller plonger la tête dans l’abreuvoir au-dehors, elle aurait eu l’air de quoi, à tenter de pousser un homme à moitié nu, ensanglanté à travers la taverne pour lui faire prendre un bain de crâne chauve pour se remettre les idées en place..

Passant dans une seconde pièce, la surprise fut totale de voir l’Italien enfoncer la porte d’un coup d’épaule, l’homme ne manquait pas de réaction et d’initiative, alors que des sons étranges venus de l’intérieur de la chambre arrivaient aux oreilles du duo chaviré par l’alcool.

Eclatant de rire, Satine secoua la tête d’un air quasiment désespéré, purée..ce Vasco n’en faisait pas une de bonne, il avait cru entendre des cris de douleur et était intervenu immédiatement, sans trop se poser de questions..Ah..pour ça, ils se ressemblaient donc, l’Italien était aussi du genre spontané, tout comme elle quand elle ressentait quelque chose qui la dérangeait ou la tourmentait, la petite lorraine ne réfléchissait pas trop et laissait son instinct prendre le dessus, ce qui avait occasionner parfois des situations explosives, cocasses ou dérangeantes, mais se contenir parfois était au-dessus de ses forces, fallait libérer la tension pour ne pas exploser.

Alors que notre Vasco le gaffeur entrait pour découvrir ce qui se mijotait derrière cette porte défoncée par ses soins, le marin, pris par son élan, il alla immédiatement tenter de corriger un peu la situation, donnant quelques conseils quant à la position du couple en train de se mettre en forme.

Figée de rire, Satine ne put que lever ses yeux myosotis au plafond, puis ferma les paupières pour ne pas voir la tête dépitée du couple pris en flagrant délit de plaisirs intenses. Seigneur, Marie, Joseph et tous les saints réunis, Vasco faisait preuve d’un sans gêne absolu, qui la laissa presque sans voix puis, s’approchant pour tenter de sauver le coup et le couple des pattes de l’Italien, Satine planta la bouteille de rhum dans la main de la femme toute défaite, puis mordilla sa lippe framboisée pour contenir son envie de rire, encore et encore..


Pas de chance, c’est..euh..Vasco..tenez ! hiips !! buvez un tit couphiips..c’est du bon, hips..pour le coup..cou..coupé !!
Ca va..hiiips..uuuhm..repartir !! euuh..peut-être..m’enfin..action, hein..


Puis elle se pencha pour prendre fermement la main de son comparse de farces, pour le tirer en arrière et laisser enfin les deux amants finir leurs ébats, en toute frustration, sans doute, elle lui chuchota :

Dis..non, maiiis..hiiips..t’es un affreux toi..mauuu..vaise graine..va savoir siiii..hips !! Ta ta pas interrompu..hiiic..le coup du siècle ????? trooop cruel !!

Repartant d’un fou-rire difficilement contrôlable, Satine chatouilla les côtes de Vasco, lui défaisant un peu plus la chemise, le laissant passablement débraillé pour ensuite l’entrainer à sa suite dans une autre chambre, qu’elle ouvrit, quelques pas plus loin dans le couloir, sans faire la sauvage, la porte n’opposant aucune résistance. Et là..la Noiraude resta toute ébahie.

Mortecouilles, la pièce rouge, l’antre de la Satin..ah oui..ça devait être ça ! En tous cas, ce fût ce qui lui vint à l’esprit immédiatement. La femme dont lui avait parlé Gorgias Jenkins, lors de leur petit voyage en commun. Le bougre, avait l'avait confondue, facile, Satin-Satine, comme ne pas se fourvoyer..m'enfin..parfois son prénom lui jouait des tours, mais elle commençait à avoir l'habitude de détromper son monde.

Balayant tout du regard, la Noiraude imprégna ses mirettes du décor offert devant elle.
Un grand lit à baldaquin, recouvert de draps carmins, une bergère toute en longueur près d’un feu rougeoyant, la lumière tamisée donnant une impression de chaleur et de volupté, tout en étant allégé par de fins voiles transparents du même rouge passion.

Frappée dans son esprit par cet endroit à l’accent presque charnel, Satine entra presque prudemment, ne voulant pas à nouveau déranger des gens, puis, voyant le champ libre, elle se précipita pour aller prendre les draps couleur de sang, voyant naitre son futur bateau dans son imagination..OUII !! Un bateau aux voiles rouges, voilà qui était bien plus original que toutes ces voiles blanches, certes élégantes, mais…une voilure couleur passion, voilà qui était tout à fait à son goût !!


Vouiii..ça y est !!! on peut hips filer !! cette fois..hiiips..euuh.. j’ai trouuuvé mon bonheur..
mouraf..pis..hiiic..on ne fait que passer..ouups et on n’empruunte seulement..hein..c’est pas comme siiihips..on volait..zou..zou..on..hiips dégage !!


Petit clin d’œil sympathique à Vasco qui était encore sur le pas de porte, Satine attendit qu’il bouge un peu pour pouvoir ensuite retourner à la cave..y avait encore bien à fignoler pour rendre le bateau navigable, Alexandrie était encore bien loin..et vogue la galère!
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