Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   1, 2   >   >>

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Qui veut la peau de Poligny?*

Vasco.
Joueurs de Poligny, vous êtes tous cordialement invités à venir décrire ici avec nous les frustrations, les gestes héroiques, les pleurs ou les combats de votre personnage après la prise de votre ville. Et bon jeu à tous!


[Janvier 1462, dans la campagne franc-comtoise...]

- Moooooiiiiii? Mais pourquoi moi?

Un cri du coeur avait émergé du flot de silence du sicilien lorsque son nom était sorti dans la conversation. Jusqu'ici, il s'était contenté d'observer, d'écouter. Emmitouflé dans sa cape de voyage, réchauffant au coin du feu son corps de méditerranéen meurtri par le froid, il mémorisait le plan d'attaque de la ville. Une infiltration, puis une invasion. Un cheval de Troie en somme. Une fois dans la pièce, le groupe R ferait le tour des remparts pour neutraliser les gardes de faction et éviter qu'ils ne tombent sur l'arrière des autres groupes. T serait un tapis déroulé du point d'invasion jusqu'aux centres névralgiques de la ville, là où toutes les décisions se prennent : la mairie et maréchaussée. T avait une mission, une seule : couvrir M. Lui permettre d'avoir toujours le champ libre afin d'agir au plus vite. Une fois ces deux bâtiments entre les mains de M, les capacités décisionnelles des autorités de la ville seraient suffisamment perturbées pour permettre aux brigands d'exécuter ce pour quoi ils étaient venus.

Velasco était un marin, un commerçant jouant souvent avec les lois pour faire fructifier ses affaires. La terre ferme n'était pas son terrain de prédilection... encore que ces derniers temps, la mer n'était plus qu'un souvenir tenace ancré au fond de ses pensées et la source de fantasmes infinis et inavouables. Il n'avait émis aucun jugement sur ce plan. Il n'était pas capable d'exercer un oeil critique et averti alors mieux valait se taire. Son expérience maritime lui avait cependant prouvé qu'un plan devait toujours être considéré comme une simple divination, une projection de ce qui pourrait arriver. Le meilleur des plans devait être suivi à la lettre quand tout fonctionnait comme prévu et bouleversé au besoin pour faire face à la réalité du terrain. Les adeptes de la doctrine pure et dure pourrissaient souvent au fond de l'eau et ceux qui savaient prendre l'initiative au bon moment faisaient l'amour dans des draps de camocas.


- Demandez-moi de forcer un blocus naval, d'aller ravitaillement une forteresse assiégée, de me faufiler au travers des défenses d'une ville portuaire, ça oui je sais faire...Mais entrer dans une ville par la route!

Il désigna le plan tracé sur le sol.

- Ça n'est pas pour moi... A moins que vous ne désiriez vraiment pas prendre la ville!

La discussion avait été inutile. La décision était prise, ce serait lui et personne d'autre. Aucune raison ne lui avait été donné. Le groupe s'était dispersé. Méditant dans son coin, se demandant comment il pourrait bien procéder, un quidam de la troupe vint prendre place à ses côtés.

- Cherche pas loin les raisons qui les poussent à t'envoyer en tête. T'es nouveau ici toi mon gars! Ils te jaugent encore. C'est la première fois que tu attaques une ville en leur compagnie hein? Elles veulent voir ce que tu vaux! Et surtout si t'es un sale traître ou quelqu'un de confiance!

- Elles? Qui elles?

- Enjoy! La Matriarche! La Mama Corleone... et tout sa bande de furies. J'sais pas si tu l'as remarqué, mais le clan Corleone est un clan de femmes! C'est elles qui décident de tout, avec leurs humeurs changeantes de femmes nubiles. Et tu sais quoi? Y'a rien de pire sur terre qu'une femme en furie! C'est froid, c'est sournois, c'est violent. Ça perd jamais le contrôle comme nous les gars. Ça se soutient l'un l'autre! La seule chose qui les déchirent, ce sont les hommes! C'est pour ça qu'ici, ils sont réduits au rôle de simple exécutant. D'ailleurs, si tu veux mon avis, ça n'm'étonnerait même pas qu'elles couchent toutes ensemble pour renforcer la cohésion du clan! Mais pour en revenir à Poligny, t'inquiète pas pour l'plan, j'en suis pas à ma première ville attaquée. J'ai une idée qui devrait fonctionner.

- Au fait, tu sais pourquoi Poligny?

- Ça, on ne sait jamais vraiment comment les cibles sont choisies. Pour Poligny, Certains disent que c'est un groupe de villageois mécontents de l'autorité actuelle qui ont contacté Enjoy. D'autres prétendent que la ville est riche à foison, qu'il y aurait un trésor caché quelque part et la mairie de Poligny serait un passage obligé pour le trouver. J'ai même entendu dire qu'on est en fait commandité par le comté...ou qu'une des donzelle Corleone avait juste envie de passer un peu de temps avec son amant qui habite le village! T'sais, ce genre de questions, mieux vaut pas trop chercher à avoir des réponses!



[Le lendemain, remparts de Poligny, Porte Nord]

Il ne pouvait presque pas bouger, coincé entre des sacs de farine, des cageots de poissons et des carcasses de viandes entrain de sécher. Il avait du se contorsionner pour arriver à se caser au travers de toutes les marchandises. De l'extérieur, il ne percevait rien excepté la cahotement de la charriote sur le pavé humide. Laudes venait à peine de sonner quand celle-ci se présenta à la porte nord des remparts de Poligny. Le bruit cessa. Le sicilien sut que le moment crucial était arrivé. Mieux valait ne plus respirer, éviter d'éternuer...ou de renverser un cageot de poissons. Dehors, ça discutait. Soudain, une lame apparut devant lui, à environ un pouce de son nez. Ouf! Ça n'était pas passé loin. Ça n'était pas que le sicilien tenait particulièrement à son nez mais il parait que pour séduire, c'est toujours mieux d'en avoir un!

Un silence...puis la charriote se remit en branle. Le subterfuge avait fonctionné. Dans quelques temps, il serait à l'intérieur des murs d'enceinte de la ville sans que la maréchaussée n'ait pu le repérer. Mais soudain, il y eut du sable dans l'engrenage. La charriote s'arrêta de nouveau après qu'un garde, sans doute, eut hélé le conducteur. Avaient-ils remarqué quelque chose? Reçu un ordre? Il y eut un nouvel échange de paroles. Un bref instant, Vasco avait jonglé avec l'idée de se dégager et de s'enfuir en courant au nez et à la barbe de tous. L'hésitation lui fut salutaire puisque, cette fois, la charriote repartit pour de bons peu de temps après. Se sentant attiré vers l'arrière, il comprit que celle-ci gravissait un chemin en pente, en suivant les dédales des routes de la ville. A part le bruit qu'ils faisaient, il ne distinguait pas encore beaucoup d'agitation. Il était encore tôt le matin. Les boulangers devaient être devant leurs fourneaux. Les charpentiers préparaient leurs outils, les meuniers devaient à peine se réveiller et les forgerons n'avaient pas encore eu le temps de martyriser leur enclume. La charriote fit enfin halte. Le conducteur en descendit et entama une discussion avec un quidam. C'était le moment de passer à l'action. Le sicilien repoussa quelques caisses pour se faire une première estimation visuelle de la situation. Il se trouvait apparemment sur ce qui devait être la place du marché. Celle-ci était encore peu achalandée. Il reconnut le marchand ambulant qui l'avait, à son insu, fait entrer dans la ville. Celui-ci était en grande discussion avec un homme aux moustaches fournies, au front dégarni et à la bedaine proéminente. Le tâches sur son tablier laissaient à penser qu'il était sans doute boucher. Les deux hommes s'esquivèrent au bout de quelques instants. Inutile de se demander pourquoi, Il valait mieux en profiter. Quelques instants plus tard, il flânait entre les étals de la ville. Son chef de groupe lui avait dit : "tu ne te montres pas : ni au marché, ni en mairie, ni en taverne, ni nul part. Tu restes caché en attendant de passer à l'action! C'est compris?". Pomme au bec, le sicilien saluait d'un hochement de la tête les jolies damoiselles de la ville, ajoutant un clin d'oeil à celles qui semblaient les moins farouches. Il passa devant la mairie, en notant dans sa tête les différentes issues de sortie qu'il repérait. Il hésita un instant à entrer dans les locaux de la maréchaussée pour se signaler en tant que victime d'un brigandage. Sourire aux lèvres, il avait même imaginé décrire Arsène comme étant son brigand puis il se ravisa. Non. Pas cette fois. Un autre jour peut-être. Surement même! Se gausser des forces de l'ordre en les noyant sous les fausses déclarations de brigandage, voilà qui lui plaisait tout particulièrement. Il finit par atterrir dans un taverne où il commanda... une infusion de camomille. Et oui! Depuis le jour où il s'était fait saoulé par une voyageuse, il n'avait plus touché à la moindre goutte d'alcool!


[Quelques heures plus tard, porte ouest de Poligny]

Le garde gisait sans connaissance, adossé au mur de pierres grises. Son casque trainait non loin de lui. De toute façon, avec la bosse qu'il avait maintenant sur le dessus de la tête, il lui aurait fait moins bien, c'était évident. Velasco l'avait bâillonné, ligoté les mains et les jambes comme un saucisson, puis s'était emparé des clés de la porte.Il alluma le fanal et l'agita dehors. C'était le signe pour le reste de la bande : la porte était sous le contrôle des Corleone. La première partie de l'opération était réalisée. Les groupes R, T et M pouvaient maintenant passer à l'action. Enfin...S'il avait bien compris toutes les subtilités du plan dressé par les filles Corleone. Les premiers brigands s'engouffraient dans la ville et l'italien ne put s'empêcher une petite pointe d'humour...

- Laissez-passer s'il vous plait! Ah! Et n'oubliez surtout pas de porter sur le registre que vous trouverez à votre gauche vos nom, ville et province de résidence. Je vous rappelle également que le port des armes est interdit en ville, que si vous en portez, vous devez les laisser dans la remise de droite et l'indiquer sur le registre également. Enfin... N'oubliez pas le guide!



* Titre inspiré de Qui veut la peau de Roger Rabbit ?
_________________
Praseodyme

Suivez ! Suivez ! Prenez garde à ne poinct vous égarer ! Restez en groupe, vous serez forts ! Hors du Clan, vous n’êtes rien ! Suivez le meneur !


Une fois de plus, Corleone est en marche. Corleone s’est armé de pied en cap, Corleone a revêtu ses habits de guerre, Corleone a regroupé les parents, les alliés, les amys, les affidés, les commensaux. Corleone s’est paré du nom tant craint et redouté de Spiritu Sanguis. La Spiritu Sanguis va, une fois de plus, faire couler le sang. C’est une histoire de Famille, une histoire de Vengeance. Il s’agit là de ne poinct laisser un affront impuni, une blessure ouverte. Les Comtois ont cru naïvement qu’ils pouvaient s’en prendre à la Famiglia sans avoir ensuite à en payer le prix. Les pauvres fous ! Ce n’est plus maintenant le seul prix de l’argent qu’ils vont devoir payer, c’est le prix du sang, le sang des gens du Clan qui sont tombés, morts ou blessés, dans une chausse-trappe tendue il y a peu par ces chiens de Comtois, aidés en cela par quelque ignoble traître dont le nom, maintenant voué aux gémonies, n’est même jugé plus digne d’être prononcé. Le sang appelle le sang, pour un œil, les deux yeux, pour une dent, la mâchoire.

La troupe est fort nombreuse. Nul n’a failli, nul ne s’est dérobé. Chacun a répondu à l’appel, sans recul, sans calcul, chacun a laissé là son entreprise. Praséodyme estoit fort occupée à quelque brigandage sur les grands chemins du pays berrichon, avec un petit groupe de hardys compaingons, lorsqu’un noir freux s’en est venu poser sur leur épaule, porteur d’un message bref et pressant : « Accourez promptement, la Famiglia vous réclame ! » Alors ils ont couru, cheminant à étapes forcées, soucieux de ce que leur venue ne souffre d’aucun retard. Vers la chef du Clan, ils sont venus, ils sont tous là, même ceux du sud de l’Ytalie, y’a même Georgio le fils maudit avec des cadeaux pleins les bras, elle va sourire, laaaaaa nanaaaaaa, de voir ses enfants ainsy groupés autour d’elle.

Oui, la troupe est fort nombreuse. Cela a nécessité d’organiser la marche, et pour éviter d’attirer par trop l’attention des sergents d’arme de l’ost comtal, de cheminer par petits groupes, de mêler vieux briscard et jeunes recrues, a fins que les plus âgés fissent profiter les plus jeunes de leur forte expérience, et que les plus jeunes soutinssent les plus âgés de la vigueur de leur bras. Praséodyme s’est vu proposer de mener la marche d’une lance. C’est un fort grand honneur, pour elle qui n’est pas née native Corleone, elle qui n’est qu’une gueuse venue en droite ligne du fin fond du ruisseau. Mais encelieu l’on sait bien que sous ses abords de brute stupide et bornée, c’est une alliée fidèle et droite, bien plus vive d’esprit qu’il n’y paraît au premier abord, et dont la force et l’expérience sont précieuses au combat. Alors elle a regroupé ses acolytes, au nombre des doigts d’une main. Elle les connaît, elle a confiance en eux, ce sont peu ou prou ceux qui sont venus avec elle depuis le Berry, rompus aux dures exigences de la briganderie des grands et petits chemins. Et alors qu’ils se dirigent vers les collines du Levant, cheminant par les sentiers détournés, évitant les lieux habités, elle les exhorte de sa voix puissante et rauque :


Suivez ! Suivez ! Allez! Ne trainez poinct, mes drôles ! Suivez ! Suivez le meneur !

Ils sont arrivés. Ils se sont regroupés dans une clairière, à l’abri d’un hallier surplombant la cité, à l’écart du flair des gras chiens de garde qui ne sommeillent que d’un œil, plus bas dans le vallon, tapis dans leur niche. Tous les groupes sont là, plus ou moins complets, plus ou moins organisés. Puis ils se sont séparés, les moins connus partant en avant, habilement travestis en journalier ou en colporteur, la figure toute grande ouverte au vent froid de janvier, tels d’innocents voyageurs, sous le nez des gardes comtois, qui n’y ont rien vu, ou alors que du feu. Puis ceux-là qui se sont infiltrés dans la place ont pu faire entrer les autres, les plus connus, ceux dont la figure est mise à prix par le pouvoir comtal, et ceux-là ont à leur tour pu pénétrer en ville. Ils ont investi la cité, certains faisant mine de s’occuper à quelque banale activité, d’autres restant prudemment cachés au fond d’une remise ou d’un fenil, ne sortant qu'à la nuict, furtivement, pour détailler la force des défenseurs, puis traçant des signes et des indications secrètes à l’angle d’un mur ou au front d’une auberge, à l’attention de leurs complices. Attendant le moment propice.

Le moment est venu. Chacun s’est préparé, vérifiant et revérifiant son équipement, son arme. Praséodyme s’est vêtue en guerre, cotte, jambières et plastron. Son armet lui fait une figure de fer à peine moins hideuse que sa figure de chair. Elle a ceint sa bâtarde. Elle attend. Chacun essaie de manger un peu, mais rien ne passe, on tente de somnoler, en vain. Même les plus vieux ont la bouche sèche et le ventre serré. C’est que l’entreprise est risquée, on peut tout aussi bien y laisser toute sa peau, ou même seulement quelque autre partie de soi à laquelle on estoit malgré tout bien attaché. Et le pire serait, par quelque maladresse, de ruiner une action collective qu’il tient à cuer à tout le monde de réussir. Et si l’on se fait prendre, l’on sera livré aux tourments du bourreau, avant que d’avoir, en soulagement, le chef décollé par sa hache. On repasse tous les détails, on essaye de sçavoir ce qu’on a omis de faire ? Non, tout est bon, l’heure va venir, il faut aller.


Dormez en paix, braves gens ! Il est quatre heures, et tout est calme !

Le veilleur vient de passer, agitant sa lanterne, ressassant son antienne, ignorant que c’est luy qui vient de lancer le signal de l’attaque. Il tourne au coin de la ruelle. Pour la dernière fois. La gorge tranchée net par l’éclair fulgurant d’une lame, son esprit doucement se noie dans une flaque de son propre sang. Spiritu Sanguis ! Le symbole est fort ! De partout le Clan se lève, l’arme haute, chacun se ruant sur le lieu qui luy est assigné, étripant les gardes assoupis, estourbissant les opposants, cogne, coupe, tue, sus à la mairie. Et en place des « Mont Joye & Sainct Denys » que d’aucuns eussent pu pousser en d’aultres lieux et d’aultres temps, voilà que maintenant retentissent à pleine voix les « Corleone & Spiritu Sanguis » !

Ceste nuict est une nuict de sang. Demain sera jour de liesse et de ripaille ! Poinct ne seront de trop ses trois têtes au Cerbère pour qu’Il dévore la ville.
_________________
Fleur_des_pois
Passer inaperçue. Devenir invisible, discrète comme une ombre. Se fondre dans la masse. Peu avant de quitter le feu de camp, Fleur avait enfilé une vieille tunique en toile de jute par-dessus sa robe verte. Les cheveux tressés étroitement en deux nattes, la capuche d'une cape élimée rabattue sur son front, la Fée avait ensuite mené son âne chargé de ses paquetages, vers la ville qui tomberait bientôt.
Passer les portes se révélât un peu plus aisé qu'imaginé. Le visage barbouillé de poussière, les traits méconnaissables, qui donc alors s'était méfié d'une pauvresse venue vendre ses maigres possessions ? Les gardes s'y étaient laissés prendre, et l'Ortie était rentrée.

Ce fut l'attente, comme toujours, qui fut le plus pénible. Fleur avait profité de la longueur de la journée pour prendre un bain. Cheveux lavés et enduits d'huile parfumée et glissée dans l'eau du baquet, le Lutin sentait bon la fleur d'oranger. La robe verte de nouveau passée, la ceinture s'enroula autour des hanches de la Pâquerette. Un petit poignard trouva son fourreau sur le côté. Puis, poêle en fonte fermement tenue en main, crapauds dans leur panier suspendu par une lanière, bien accrochés à l'épaule, Gaia était fin prête.

Le signal apparut au moment prévu. Il était temps de passer à l'action. La Fée réunit son peu de courage, et se rua dans la rue. Les gardes sortaient de leur torpeur tandis que les hurlements des Corleone et des troupes de la Spiritu Sanguis rompaient le silence ouaté de la ville endormie.
Gaia ne fut pas en reste pour donner de la voix. Son ustensile de cuisine s'abattait sur les têtes, faisant résonner les casques ou craquer les crânes. Et alors que la mairie se profilait à l'horizon, un garde lui coupa le chemin, brandissant quelque chose de pointu. Visiblement, il souhaitait lui passer le fil de son épée dans le ventre. Pas le temps de réfléchir, la poêle s'abattit sur l'épaule, la tête étant trop haute. Cela n'arrêta pas son agresseur, cependant. Il était temps de sortir ses armes secrètes. Plongeant la main dans son panier tout en sautant en arrière pour éviter les coups de lame, la Fée se saisit d'un crapaud.


Bouffe ça le drôle !

Et d'un bond, la Fée s'approcha de son attaquant, et plaqua sans autre forme de cérémonie le dos du batracien sur le visage grêlé de l'homme d'arme. Surpris par l'incongruité de la riposte, la Fée put abattre sa poêle sur la joue du garde sans que celui-ci n'ait eu le temps de comprendre ce qu'il se passait. Le casque glissa de côté, et le tranchant de l'ustensile en fonte le cueillit à la tempe. Il s'effondra, mort ou évanoui, le Lutin ne s'attarda point pour vérifier.
La bataille au loin faisait rage. Le poignard argenté de l'Empoisonneuse se plantait derrière les genoux, la poêle volait d'un crâne à l'autre, et les crapauds furent de nouveau de sortie. Les pauvres bêtes mettraient probablement la semaine à s'en remettre. La Fée, aussi sautillante soit-elle, n'évitait pourtant pas tous les coups.
Mais enfin, tout s'acheva dans les hourras. La Spiritu Sanguis avait gagné, les Corleone étaient maîtres, Laell prenait le pouvoir. Essoufflée mais satisfaite, la Fée se laissa tomber sur un banc. Elle tapota le panier à crapaud de petits gestes tendres.


Bravo les gars. J'vous sortirai tantôt.

Pour l'heure, une sieste s'imposait. Appuyée contre le mur de la mairie, bien installée sur le banc, la Fée ferma les yeux, sourire aux lèvres. Dommage, songea-t-elle avant de sombrer dans un demi-sommeil, que Niallan n'ait pas été à portée de poêle.
_________________
Agnesina_temperance
Le goût de la vengeance. Voilà ce qui coulait dans les veines de la Corleone, qui d'habitude, considérait les mairies comme ressource de richesses. Aujourd'hui, les écus étaient le cadet de ses préoccupations. Une quarantaine de jours auparavant, elle avait fait partie de ceux qui avaient été blessée grièvement suite à un poutrage de l'armée Franche-comtoise. Un listage dont le listé était un enfant pas plus haut que trois pommes. Depuis, elle avait un goût amer dans la bouche. Une haine qui l'assaillait. Parce qu'elle n'avait pas accepté d'avoir été blessée et qu'ils ont osé s'attaquer à un enfant. Alors, ce jour, la Spiritus Sanguis allait prendre une mairie de Franche Comté pour la piller certes mais pas uniquement. On ne s'attaque pas impunément aux Spiritu Sanguis sans en subir les représailles. On ne s'attaque pas aux enfants des Corleone sans s'attirer le courroux.

L'attente avait été difficile. Agnésina était tendue. Elle était certaine qu'ils prendraient cette mairie. Depuis qu'elle avait retrouvée sa famille, aucune mairie qu'ils avaient tentés de prendre, avait résisté à leurs assauts, mais l'attente faisait monter la tension. Pour se détendre, elle nettoyait la lame de son épée. D'habitude, elle répugnait au crime de sang gratuitement mais ce jour, c'était différent. C'était différent. On avait fait couler son sang. Elle ferait couler leurs sangs. Ce n'était que justice. La prochaine fois, elle espérait qu'ils réfléchiraient à deux fois avant de s'attaquer à la Spiritu Sanguis. Ils attendaient que le soleil se couche. Une prise de mairie réussie ne se prend que la nuit. A l'aube où tout le monde dort. Le loup attaque toujours le troupeau à l'aube, quand le berger est éreinté. Même quand ce loup est à trois tête. Le cerbère, le symbole de la Spiritu Sanguis et il leur va tellement bien.

A l'aube, le signal est lancé. Les brigands entrent dans la place, gagne du terrain et les premiers gardes essayent de faire barrage et ils sont les premières victimes de l'appel du sang. La baston commence. Agnésina sort son épée, pare le coup du garde avant de lui cracher à la gueule. C'est crade, c'est insultant et ce n'est pas raffiné pour un brin mais la brune y tenait. Elle se recule prestement et pare une nouvelle fois le coup de la tentative rageuse d'attaque du garde. Trop prévisible. Tout en restant concentrée face à son adversaire qu'elle prenait garde à ne pas sous-estimer, elle soupira, lasse.


«- Assez joué, le vieux.

Place à la Fougueuse Jeunesse. Elle passa à l'attaque, blessant à la main le garde qui l'insultait de se retrouver désarmé. Coup de chance qu'elle ne laisserait pas, elle se colla contre lui, sortit avec rapidité son poignard pour lui planter un coup de poignard entre les côtes. Ne le lâchant pas alors qu'il tentait de se débattre, elle lui souffla à l'oreille.

«- Chut... chut... Ne crie pas... Voyons...
Tu vas retrouver ton Créateur, sois heureux... Ne veux-tu point partir en paix ?


A mesure qu'elle disait ces mots, elle planta une nouvelle fois plus profondément le poignard dans les entrailles du pauvre garde qui, après avoir tenté de lui coller une, s'écroula sur le sol, en gémissant. Un coup de pied s'écrase dans ses côtes. Il mourra ou il s'en sortira. Elle en avait cure. Tout ce qu'elle voulait, c'est qu'il souffre. Elle s'essuya le pied sur lui. Pour l'humilier. Avant de le lui coller dans la face pour qu'il arrête de crier. Elle se désintéressa de lui.

La porte de la mairie avait été ouverte.
La mairie était prise.
Elle entra.

_________________
Lean
[Here comes a fighter]
Un combattant arrive.
The fighter - Gym Class Heroes



Corleone tu es. A toi de le prouver.

Voilà ce que Léan se répète depuis qu'on lui a demandé de participer à cette sanglante vengeance et qu'elle c'est engagée à en être. Parce que c'est son sang, mais pas encore sa famille. Pas tout à fait.

Entrée dans la ville comme si de rien n'était, la brune a passé sa journée à fureter ici et là, incapable de tenir en place. On lui a ordonné de rester discrète, pas de se terrer dans un trou en attendant la nuit, après tout. Ce soir, elle va se battre ; tuer peut-être, sauf qu'elle n'est ni dure ni forte. Elle n'a rien d'une combattante expérimentée contrairement à ses cousines et si il est probables que ces Amazones superbes ne connaissent pas la peur, elle, elle est morte de frousse. Elle craint de ne pas être capable de frapper la première, de ne pas savoir se défendre, de mourir... Et par dessus tout elle craint pour sa vie à lui. Niallan. Elle n'a pas passé assez de temps avec lui, encore. Il est hors de question que son amant tombe au combat. Elle ne le supporterait pas.

La nuit arrive. Avec elle la peur grandit, mais la détermination aussi. Ce n'est pas une mairie qu'elle veut conquérir mais sa famille. Elle veut faire ses preuves. Elle veut faire honneur au sang qui coule dans ses veines. Et pour tout ceci l'heure est venue.

Revêtue d'une tenue de cuir sombre qui, si elle n'est pas aussi solide qu'une cotte de maille, a le mérite de la recouvrir des pieds jusqu'au cou, avec pour exception les mains blanches et fines qui sont pour quelques heures encore celles d'une innocente, l'Insensible se munie de la seule arme qu'elle possède, un stylet à la lame argentée. L'objet n'est guère impressionnant, contrairement aux lourdes massues et autres épées que possèdent les autres mais si, tout comme sa propriétaire, il ne fait pas dans l'ostentation, il n'en est pas moins mortel. En théorie tout au moins.

Au signal, la brune sort. Le carnage commence. Autour d'elle, la Spiritu Sanguis devient entité vivante et si chacun de ses membres est indépendant, leur danse mortelle est synonyme d'unité. Ils sont multitudes, mais ils respirent comme un seul homme. C'est ce qui les rend imbattables. Passant entre les mailles du filet, elle se rapproche de la mairie jusqu'à ce que face à elle se poste un garde munie d'une lourde épée. Aussitôt elle comprend : ce sera lui ou elle.

Corleone tu es. A toi de le prouver.

Elle n'a pas le droit de reculer et dans sa folie, elle n'en a même pas envie. Elle va montrer à l'homme de fer qui elle est. Et surtout, elle va le montrer à ses cousines.

Prenant une inspiration, la combattante inexpérimentée qu'elle est tente le tout pour le tout et dans un hurlement se jette sur l'homme, qui de surprise lâche son épée alors que le corps maigrelet de la jeune femme le heurte de plein fouet. Se ressaisissant bien vite, le garde balance son poing dans la figure de la brune, faisant exploser la lèvre inférieure et gicler le sang. Sonnée Léan s'écrase dans la poussière, le goût immonde de l'hémoglobine remplissant sa bouche. Ses pensées sont troubles et durant un instant elle ne voit plus que les étoiles qui brillent au dessus de la ville, mais son corps reste fidèle à lui-même. Elle n'a pas mal. Profitant de son avantage sur la femme à terre, l'ours fait pleuvoir les coups sur elle, allant jusqu'à lui briser les côtes sans que jamais elle ne lui fasse l'honneur de hurler. Rien. Néant. Pas même un gémissement. Poussant un grognement animal, l'homme décide d'en finir avec l’impudente qui a cru pouvoir attaquer sa ville et la soulève pour enrouler ses mains autour de ce cou si gracile. Si facile à briser.

Le temps d'une seconde, Léan se voit mourir et elle reste amorphe, mais alors que le besoin d'air se fait plus grand, elle se reprend. Elle a trop à prouver et trop à vivre pour quitter ce monde maintenant. Ses maigres forces sont dirigées vers sa main et regardant droit dans les yeux celui qui tente de lui ôter la vie, elle lève le bras et plante son stylet dans le cou de l'homme, déchiquetant sa carotide. Sur les traits de l'ours se peint une expression de surprise et dans un bruit mat il s'effondre.


Je suis désolée, murmure la brune en se penchant sur lui pour récupérer son arme. Tu aurais vécu si moi je n'avais pas tant voulu le faire.

Son stylet ensanglanté à la main, Léan prend une longue inspiration et elle se remet en marche, suivant le flot de la Spiritu Sanguis vers la mairie qui est désormais leur.

Ils ont gagné. Elle a tué. Peut-être est elle aussi combative que les autres femmes Corleone finalement.

_________________
Vous ne pourrez pas me faire mal.
Lexiane
Une lettre cachetée était parvenue depuis quelques temps. Le clan Corleone me réclamait pour une de leur opération et pas des moindres: prendre Poligny. Mon père était de la partie mais pas ma mère adoptive. Il avait promis qu'il veillerait sur moi et qu'il ne m'arriverait rien malgré la désapprobation et l'inquiétude maternelle. Quand les Corleone exige présence, peu importe l'âge ou toute autre considération, on se présente.
J'avais donc laissé ma mère et mes petites routines de gamine de dix ans, si importantes quand on a cet âge là pour rejoindre les différents groupes.

Ne pas se montrer, se terrer, se cacher et attendre le signal... Tout ce qui est quasi impossible pour moi en temps normal. Moi qui crie, qui me joue des uns et des autres, qui rit fort, qui suis capable de coller n'importe qui en lice... Je ne suis pas une gamine comme les autres: J'aime me battre, me rouler dans la boue, déchirer mes vêtements...
J'avais obéit et n'avait manqué à aucun des ordres que l'on m'avait donné, chaque heure s'égrenant me rendant encore plus furie. J'avais contrairement à mes habitudes enfilé une tenue confortable mais qui me donnait un aspect de petite fille. Contrairement aux Corleone, je suis blonde. Ainsi vêtue, j'ai presque l'air d'un ange.

Au signal, je m'étais donc élancée comme une folle furieuse,poignard bien caché dans ma botte, faisant fi des recommandations de prudence ou autre qui m'avait été faite.
Sur mon chemin se trouvait quelques villageois endormis sortis de leur sommeil par les cris de ceux qui appelaient à la garde. Dans la panique, un villageois tente de m'attraper afin de me mettre à l'abri.


Rentre chez ta mère, n'ai pas peur on va la mater la révolte

Peu m'importe, d'un coup d'épaule, j'arrive à me dégager de sa poigne, profitant du désordre.

Je file comme une flèche vers la mairie, les combats font rage. Je déchire rapidement ma chemise, me penche vers une forme agonisante à mes pieds. D'un coup de poignet souple, je sors ma lame de ma botte et la glisse dans ma manche, je charge comme je le peux le corps sur mon dos...
J'arrive à hauteur des gardes qui veillent la porte de la mairie et dont la consigne est de ne pas bouger.

Au secours aidez moi, mon père se meurt.

Je hurle comme une folle prenant l'air le plus paniqué qu'il soit.
N'hésitant pas un seul instant les deux gardes se ruent sur la frêle enfant que je suis pour me venir en aide et me mettre à l'abri.
Pendant qu'un me décharge de mon fardeau l'autre me prend par la main.
Je profite du moment de panique, pour sortir rapidement le poignard caché quelques instants auparavant et le plante dans le haut de la cuisse, touchant l'artère fémorale, de celui qui me maintient. L'homme tombe à genoux hurlant de douleur. Celui de devant se retourne ne comprenant rien, préfère jeter le corps du mourant et prend la poudre d'escampette.

La porte de la mairie n'est plus gardée.


je crie à plein poumons

Le passage est libre!

Je regarde celui qui hurle à mes pieds et qui se vide de son sang. D'un geste machinal, je retire la lame... Je sais qu'il va mourir... Une odeur de sang et de feu flotte dans l'air. J'essuie la lame ensanglantée sur moi et je m'assieds à côté du corps attendant son dernier souffle, et le regardant agoniser.

J'aperçois un groupe qui rentre. Les Corleone sont dans la place!

Maintenant je veux mon père, mon oncle... Je veux que tout s'arrête. Je me bouche les oreilles et j'attends.

_________________
Arthor
Saucisse de cerbère à la sauce Polinoise.


Comment ça y a que des femmes chez les Corleone ? Certes ces dernières ont sans doute tout aussi de caractère que les plus couillus des hommes, mais chez la Spiritu Sanguis aussi, certains en ont dans le pantalon !
Le passage de la frontière avait été un moment anxiogène, du moins pour lui. La petite troupe s’était dispersée, laissant chacun seul, avec son épée, ses directives et ses tourments. La dernière tentative, la dernière traversée, leur dernière visite franc-comtoise s’était brusquement terminée sous les cris, la colère et le fracas des épées. Ne pas repenser aux échecs, et apprendre de ses erreurs disait-on, pourtant aujourd’hui le Cerbère revenait dans un seul but, effacer cette erreur de parcours. Et le Corleone en était convaincu, ils avaient appris, et allaient apprendre cette fois-ci aux amateurs de cancoillotte qu’il ne fallait pas titiller ce chien à trois têtes.
Anxieux, le Corleone l’était toujours avant toute grande bataille. Il ressentait à chaque fois qu’il entrait dans une ville une petite décharge d’adrénaline qui accélérait sa respiration, son rythme cardiaque et lui donnait ce frisson indescriptible. Plus qu’une drogue, c’était devenu son quotidien, pourtant, il avait l’impression de le ressentir pour la première fois à chaque occasion. Son esprit était fort, oublier pour que le bon devienne meilleur encore sur le moment.

Les ordres étaient simples, et finalement le plan ne changeait pas. Rentrer, attaquer, éviter de se faire tuer, et prendre de force ce pourquoi ils étaient vu. Poligny approchait, alors que la nuit était déjà tombée depuis quelques heures. Commençait alors le plus long, l’attente. Originalité polinoise, la troupe s’était mieux hiérarchisée, et c’est presque tout naturellement que le babru avait emboité le pas de la Praséo. Une femme étrange s’il en est, pourtant malgré ses origines, il l’avait toujours considéré comme son égal. Chose rare pour un Corleone, qui par nature, a appris dès le plus jeune âge à se croire, et à se penser pour s’en convaincre, qu’il était de la haute société du crime. On ne n’est pas Corleone, on le devient. Praséo était partit avec un handicap, pourtant elle avait rattrapé son retard, pour aujourd’hui prendre le commandement d’une des lances corleonniennes. L’ascenseur social était né, un peu en avance, et pas vraiment là où on l’attendait.

Son épais manteau, sa cape, et ses bottes noires arrivaient à dissimuler son armement, modeste qui plus est, et tentaient de le rendre le plus banale possible. Même sa barbe y mettait du sien pour faire disparaitre les traits d’expression de son visage alors que quelques-uns attendaient dans une petite clairière. La patience, c’était le maitre mot de cette journée, ce qui n’était pas vraiment le fort du montagnard. L’impatience montait au fur et à mesure que le soleil continuait sa course jusqu’à, enfin, disparaitre et chuter de l’autre côté de l’horizon. Encore un peu, et cela serait enfin le bon moment. Finalement, et heureusement, le signal fut donné. D’un bond, le barbu se redressa, et d’un geste mélancolique, comme répété des centaines de fois, il réajusta ses gants, et dégagea son manteau pour libérer le pommeau de son épée. La troupe s’engouffra dans la ville, et Arthor s’en alla même lancer une piécette à la jeune recrue qui les attendaient à la porte principale.


Per le dérangement mon brave !


Une manière de faire oublier, si besoin, l’appréhension qui grandissait même dans le cœur du Corleone, qui, l’espace d’un moment, cru même avoir tout oublié de la marche à suivre. Cette attaque était une véritable mise à l’épreuve pour le barbu depuis sa pause officielle. Pause, car pendant plusieurs mois il s’était retrouvé éloigné du reste du clan, et officielle car il n’avait rien tenté, ou presque, d’illégale. Plus l’échec personnel, c’était celui du groupe qu’il redoutait. Etrange d’ailleurs comme il est de coutume, sans doute, de s’embrumer l’esprit avec des doutes, des questions, et cela juste avant un moment important. Finalement, les secondes passaient, tout comme ses craintes. Il ne fallait plus réfléchir, et agir.

Tard, il était tard, et pourtant quelques rares personnes étaient encore dehors à cette heure. Tous n’avaient pas que des attentions louables. Arthor avait dégainé son épée, et la laissait coller à son corps pour ne pas la rendre trop voyante. Ses bottes martelaient les pavés dans un bruit sourd, alors qu’il prenait, inlassablement, la direction de la mairie. Les ruelles convergeaient vers des rues plus larges, plus grosses, où le barbu retrouva d’autres têtes connues. Sans dire un mot, tous s’étaient compris d’un simple regard. Il était de plus en plus nombreux, pour enfin arriver devant le centre névralgique de la ville. Encore quelques instants, et la mairie serait leur, tout comme le contenu de la cuisine municipale.

La troupe avait pris en nombre, en détermination et en impatience. La défense fut balayée comme le vent balaye les feuilles mortes un soir d’automne, et déjà la porte de la mairie s’imposait à eux. Elle non plus ne leur résista pas, et le dernier craquement de bois de cette porte fracassée laissa place au silence du bâtiment vide qui se présentait à eux. Machinalement le barbu suivait les autres. Personne ne se parlait, pourtant tous se comprenaient. Les coffres, les bureaux, et même les cuisines étaient maintenant à eux. Mais plus que l’or, la renommée ou la gloire, ils ne recherchaient que la vengeance.

_________________
Umbra
L'Ombre détestait les prises de mairies, pire encore, elle les craignait. Umbra redoutait chaque instant que le Danois réapparaisse et que son calvaire reprenne. Les soirs de pillage, elle n'était pas tranquille, elle semblait irritée et tout le temps sur le quai vive. En somme, une véritable bombe à retardement mais elle se rassurait tant bien que mal en se répétant que celle-ci était la dernière.

Cette phobie s'était emparée d'elle dès sa première bataille au près de la Spiritu et ne la quittait plus. Peut-être même ne la quitterait-elle jamais? Pourtant, la Noiraude mettait tout en oeuvre pour pallier à cette faiblesse: Elle s'évertuait à vaincre sa peur et à être présente aux prises, elle s'était aussi trouvé un Mentor, en espérant que ce dernier la soigne mais en vain...

La journée précédant la révolte, Ombeline, comme à son habitude, s'était mise à l'écart du Clan, des siens. La Famille n'avait aucune valeur à ses yeux, en son fort intérieur, elle restait une éternelle orpheline dupée par la vie. Certaines têtes ne lui revenaient pas non plus alors avant de s'entretuer, la Bâtarde préféra s'éclipser. Alors que la Spiritu Sanguis comptait les troupes, organisait le plan d'attaque et se motivait, elle songeait à des choses bien plus cruciales à ses yeux.


Maitre Hibou, j'espère que vous serez fière de moi...

Si les échos de la bataille réussie vous parvienne et que Seurn ne revient pas.

Assise entre les racines d'un vieil arbre, la Manchote vida son outre de tord-boyau. L'alcool troublait ses sens et trompait ses angoisses où du moins, elle l'espérait. Toute la journée à ruminer n'était pas bon et bien vite, la boisson fut le remède idéal. Ses sombres pensées se dissipèrent alors que la luminosité ambiante déclinait. L'heure était maintenant trop proche pour reculer.

L'Ombre commença donc à s'armer: elle vissa son crochet à son moignon gantelé, vérifia que sa poudre de fulgurite soit à la portée de son unique main et testa la solidité de son bâton. Une fois, sûre de son équipement, Umbra claudiqua vers l'orée de la ville. Sa tenue sobre et usée l'aidait aisément à se fondre dans l'obscurité de la nuit. De sa démarche titubante, elle longea les murs décrépie d'une rue déserte quand non loin d'elle, les premiers cris de détresse fendirent le silence pesant.


Promets-moi que tu ne verras pas cela, Triora.

Des pas de course claquèrent dans son dos et la Noiraude sentit l'ennemi se rapprocher. Elle fit volteface avec une agilité dont on ne la soupçonnerait pas et balaya le pourtour de son espace vital à l'aide de son bâton. Le bois s'écrasa sur la joue d'un pauvre paysan qui chuta non loin sur les pavés. Ombeline le jugea un court instant d'une oeillade sévère: sa place n'était pas là à guerroyer mais plutôt à travailler dans un champ et elle le porta en estime. S'il l'attaquait, ce n'était pas par plaisir de se battre mais pour se défendre lui et ses récoltes. La Bâtarde se pencha vers lui et murmura:

Fuis si tu veux vivre.

Puis elle reprit son chemin, ne s'inquiétant guère de tourner le dos à l'ennemi. Celui-ci semblait trop effrayé pour agir et resta au sol jusqu'à ce qu'elle franchisse l'intersection. Plusieurs altercations se succédèrent et la Manchote prit autant de coups qu'elle en rendit mais en aucun cas, n'ôta la vie l'un d'eux. Les rixes durèrent un long moment, trop longtemps à son gout mais bientôt la Spiritu Sanguis s'empara de la mairie convoitée.

Comme à son habitude, l'Ombre entra dans la bâtisse, vola un manuscrit dont la couverture attirait sa curiosité afin de poursuivre sa collection puis repartit à l'orée de la ville, se heurtant à quelques villageois et miliciens au passage. L'aube pointait quand Umbra rejoint le feu de camp. Le visage tuméfié, l'allure fatiguée et le pas chancelant. La nuit fut éprouvante, il fallait aussi avouer qu'elle avait perdu le rythme des bastonnades.

Les estocades l'avaient sonnées mais au pied de son arbre, la Noiraude chérissait le fait d'être encore en vie et ...libre. Alors que dans la ville, le pillage, les rébellions et les bagarres se poursuivaient, Ombeline entreprit la lecture de son nouvel ouvrage fraichement acquis mais avant elle leva son regard bleui et lança, non peu fière:


Je n'ai tué personne, petite soeur.

A force d'entendre sa Rouquine rabâcher toutes les caricatures d'un brigand, la Bâtarde fit en sorte de ne pas tomber dans ce carcan. Elle avait ramassé bien plus de mandales que si elle les avait tué mais au moins, elle avait le mérite d'avoir combattu d'égal à égal. La Manchote espérait vivement que sa cadette ne lui en tienne pas rigueur. Après tout, c'est grâce à la part de son ainée dans ce méfait, qu'elle pourrait dormir sous un toit, se nourrir à sa faim et s'acheter une nouvelle tunique...
_________________
Elwenn
Suivez ! Suivez ! Prenez garde à ne poinct vous égarer ! Restez en groupe, vous serez forts ! Hors du Clan, vous n’êtes rien ! Suivez le meneur !


Combien de fois avait elle entendu ce refrain durant le trajet?
Elle ne saurait le dire mais ce qui était sur c'est que la rousse avait fourni un effort surhumain pour ne pas l'envoyer paître, elle qui veillait à ce que son rejeton garde son clapet fermé pour éviter de s'attirer les foudres de ses compagnons n'était vraiment pas aidée par une Praséo en pleine forme qui ne cessait de beugler des consignes à en devenir folle.
Oui, Elwenn s'était imaginée plusieurs fois lui sauter à la gorge pour la faire taire mais elle n'en avait rien fait.
La raison avait gagné sur la folie, d'autres avaient besoin d'entendre cette voix pour ne pas se démotiver ou la tête dans les nuages éviter de se perdre en chemin.
Elle prenait son rôle très à cœur et telle une maman poule Praséo couvait les quelques membres qu'elle menait comme ses propres poussins, ce qui lui valait le respect de la Corleone, en contre balance de sa forte envie de la tuer par moment.



Suivez ! Suivez ! Allez! Ne trainez poinct, mes drôles ! Suivez ! Suivez le meneur !



Ses directives et sa surveillance avaient porté leurs fruits, arrivés aux abords de Poligny, personne ne manquait à l'appel.
Une fois sur place, chacun eut son rôle à remplir. Tandis que certains s'infiltraient discrètement au sein de la ville d'autres restaient tapis dans l'ombre attendant que la journée se passe, que la nuit vienne remplacer le jour et que le signal soit donné.
La rouquine passa les quelques heures de patience a veiller à ce que son boulet ne vint à manquer de rien afin de dormir paisiblement lorsque la pénombre pointerait, la laissant ainsi libre d' attaquer aux côtés des siens.
Hormis les quelques jours passés à brigander le long des chemins en compagnie de trois, quatre membres, la rouquine n'avait pas pu réellement réévaluer ses capacités.
Enceinte, elle s'était légèrement mise en retrait et se sentait rouillée depuis.
Ce soir serait l'occasion pour la roussette de reprendre du service.

Lorsque le moment opportun fut venu, Elwenn suivit de son duo de boulets pressa le pas à l'intérieur du village, les noisettes furetant à la recherche d'un point stratégique où elle pourrait laisser sa chèvre sans se soucier de leur sécurité.
Une fois la corde solidement attachée à un poteau, elle tapota le sommet du crâne de la bestiole.


Pas bouger ... et si malgré vos odeurs quelqu'un s'aventure par ici, tu le mords comme je t'ai appris!

Ouais, la Corleone passait ses heures perdues à dresser l'animal à l'attaque et pour palier à de potentielles lacunes, elle avait tout prévu, le môme n'avait pas été lavé depuis des jours afin que les relents de vomi, de défection combinés à l'odeur de la chèvre soit une véritable infection de sorte que personne ne veuille les approcher, même elle devait se faire violence pour soutenir une telle proximité.
Elle n'avait pas vraiment d'autres choix que celui de les laisser seuls durant l'affront pour y participer.

Dague en main, libérée de son fardeau, la rousse s'élança dans la danse macabre de la Spiritu. Une baigne par ci, une autre par là pour finalement finir cramponnée sur le dos d'un garde à qui elle n'hésita pas à briser la nuque d'un geste sec en lui faisant pivoter la tête de plus d'un quart de tour.
Laissant tomber le corps sans vie, elle jaugea la situation et haussa les épaules en entendant la voix de la blondinette s'élever.


Le passage est libre!


Elle qui commençait tout juste à s'échauffer fut forcée de constater que la cohésion du groupe était venue à bout de la défense avec une rapidité déconcertante.
Elle rangea sa lame qui n'avait finalement était d'aucune utilité un mince sourire aux lèvres tout en retournant récupérer son fils avant d'aller faire le tour du propriétaire.
Les Spiritu Sanguis étaient les nouveaux maîtres des lieux.

_________________
Maledic
A l'ABODAAAAGEEEEEU !

Le mioche avait dépassé la vision du jeu pour cette nuit-ci. Il sortait tout juste de sa convalescence, qu'à peine la route reprise qu'une armée leur était à nouveau tombé dessus. Et en plus il n'avait rien fait à eux, si ?
Ce qui l'avait mis en rogne, c'est qu'il avait dû prendre un bain pour ravoir un beau bouclier et une belle hache. Sauf que à cause d'une armée qui se promène, tout s'était cassé, et il avait encore dû rester immobilisé trop longtemps.
Son odeur le précédait et le suivait - plus de bain depuis - et c'est petit bâton brandi qu'il se jeta à la suite du groupe en hurlant, telle la plus belle mouche du coq.


J'y tue tous ! Poussiii vous ! Moi qui tueeeeuuuh !
_________________
Enjoy
    Une nuit écho d'une autre. Tous réunis derrière une même bannière, certains ne savent guère trop ce qu'ils foutent là. D'aucuns s'arquent au tintement des deniers, en soit le chant mélodieux d'une bourse bien garnie. D'autres ne vivent que pour le sang et le chaos. Enfin certains portent tel Atlas le monde de la rapine sur leurs épaules. Les visages angéliques se muent en trognes indélicates couvertes de boue, sculptées par la fatigue. La jarre des paroles enivrantes se corrompent et se muent en une vinasse des plus aigre. C'est ainsi, que parfois, l'alcool a sa préférence. Dès lors qu'il est quasiment imbuvable car il permet de décaper les êtres pour n'en laisser que le meilleur. On constate la valeur d'une personne lors du moment fatidique. Quand il se retrouve acculer contre un mur, nu, sans arme. Il ne lui reste alors que son courage ou sa folie, les deux se mêlent si bien parmi la déraison. Ils sont venus, ils sont tous là même Velasco prêt à se lancer dans sa première bataille, sa première ribaude à leurs côtés. Y a même le Nia, sa descendance et des nouvelles gueules à découvrir. Elle va sourire là, la mamma. Ou peut être pas. Il s'agit d'un pillage comme un autre avec un léger arrière goût de vendetta. Voilà tout. Corleone est fière de ses affidés. De la Dyme, perceptrice des hères sur les chemins, endossant désormais le rôle de meneuse irréprochable. A la Belette maniaque, ordonnant le désordre avec une application sans faille. En passant par une Ombre prometteuse et la Végétale en forme, aux feuilles resplendissantes. Les condottieres s'affirment au fil des campagnes, mauvaises compagnes, éreintante amantes, elles arpentent les routes en quête d'une évidence. Membres de sang ou non, ils sont nés pour ceci. A matines, le frisson de l'assaut. A sexte, la jubilation qui en résulte. A complies, la ripaille dans les effluves des cadavres et des entrailles.

    Simple, efficace. Le plan se met tout doucement en place. Le Scilien peut en dissimuler toute une ribambelle. Ils proviennent, pour la plupart, de cette Italie idolâtrée. Alors que certains n'y ont jamais foutus les pieds. L'ironie est un satellite naturel ne gravitant jamais loin d'eux. Comme la Mort d'ailleurs. L'italienne a desserré ses griffes pour que le Cerbère à sa botte, cesse de japper pour mieux grogner. Gardiennes macabres de l'au-delà, le couple laisse la jeunesse se déployer. Elles savent que l'entreprise réussira avec une certitude frisant l'arrogance. Ceci n'est ni la première, ni la dernière. Les cités pillées s'enfilent comme des perles. Même si les seuls colliers qui la satisfassent, s'ornent de chicots, d'oreilles et de doigts. Du moins c'est ce que la rumeur prétend...

    Elles avancent à l'allure d'un cortège funèbre sur un sol jonché de corps inertes, eux mêmes, trempant dans une mare carmine. Il semblerait que le moindre quidam ait reçu sa ration de mandales. A l'adresse de son épouse, un regard évocateur. La satisfaction emplie ses prunelles aux reflets mordorés. Semble-t-il qu'aucun n'a failli, bien au contraire. Ils se sont sentis pousser des ailes afin d'assurer leur besogne avec zèle.


    Quelle délicate attention, ils nous ont déroulé un tapis rouge.

    Toutes deux se retrouvent bien vite devant le présidial. Une fois, la ville à eux, vient le moment de lorgner sur le butin. Et enfin découvrir l'étendue des dégâts. Les prises comportent toujours leurs lots de bonnes et de mauvaises surprises. Une fête sans cesse renouvelée, et il arrive que l'organisatrice spectrale entretient une relation incestueuse avec l'Ortie. Puisque, de temps à autres, les présents sont empoisonnés. Or ce fut le cas. Mais peu importe, leur présence répondait à une pulsion vengeresse. Les recrues recevraient de quoi grailler ainsi que les écus sonnants et trébuchants. La majorité se contenterait du méfait commis. L'altruisme ne paie pas, le crime pas toujours. En cet instant la Corleone aurait pu énoncer une phrase célèbre; « Prenez les coffres ! » à la sauce Sadnezz signifiant que, malgré une gestion exécrable, ils ne laisseraient rien des carcasses, pas même les os. Hélas, la lionne n'eut pas la chance d'être présente ce jour-là. Aujourd'hui, les anciens se font de plus en plus rares. Par contre y a toujours un vivier si particulier.

    On l'a, on la garde. Poligny change de nom, voici Spiritu Sanguis.

_________________
Veandetta.
Alors, alors, récapitulons depuis le début. Comment je me retrouve là déjà? Ah ouais, parce que mon meilleur ami est aussi drogué que moi, et qu'il n'a pas su se faire la malle devant la belle Fleur des Pois. Résultat des courses? Mariés. Tous les deux! Lui a une empoisonneuse et moi à... - oh bordel que la suite va être compliquée - à la seconde fille adoptive de la première femme de mon meilleur pote. Consanguin?! Même pas! Tordus? J'en parle même pas! Mais si on devait résumait la situation, c'est la chiasse. Même si on reste beaux comme des dieux, on en est pas moins minimisés par cette finalité un peu houleuse de ces mariages arrangés. Parfaitement, arrangés!! Dois-je signaler que j'étais même pas présent pour le mien?! Une honte... Le seul point positif là dedans sera d'écarter les cuisses de la mariée. Mais pour l'heure, on va tenter de se concentrer pour écarter les portes de la mairie.

Mot d'ordre ? Révolte.
On fait comment ? On attend la nuit et on attaque.
Qui prend quoi? Bien que j'aurais largement préféré le jeu de qui prend qui... On prend comme ça vient. Chacun se démerde dans son coin, le but c'est l'aboutissement.
Répartition des tâches? Oh! T'as pas compris quand j'ai dit "démerde"?!

La nuit est tombée et nous sommes tous enfin prêts. Oh c'est sûr qu'on est pas dans les clichés où on se range main dans la main et deux par deux, c'est surtout tous pour un et un pour tous. Même les gosses sont de la partie. Faut avouer que leurs gueules d'anges amadouent bien les tarés. Bon, moi ça me donne plutôt envie de gerber... Sauf Lexi. Mais elle, encore une fois, c'est une autre histoire dont je ne parlerai pas.

La dernière fois que je me suis battu pour une cause, ça remonte à... pas si longtemps que ça en fait. Sauver ses miches pour ne pas se faire occire par un mari jaloux, je trouve la cause super noble moi! Pas vous ? Après tout, c'est sa faute à elle si elle est mariée. Chiasse! Encore une fois, mes pensées déraillent et c'est machinalement que je me suis accroupi derrière ce buisson. J'ai mon épée fixée à ma ceinture, il ne suffit que du signal pour qu'on se jette tous dans l'arène et qu'on affronte ceux qui ne voudront pas nous laisser passer. Après tout, les causes des autres peuvent devenir les miennes, il suffit de bien me motiver. Deux motivations : mon pote et sa gosse. L'air est frais et les rassemblés sont tapis dans l'ombre, tous éparpillés pour mieux prendre d'assaut. Et moi je suis là, derrière un buisson, comme un con. En plus, le vent se glisse dans mon cou. Une sensation humide, fraiche et pourtant chaude me parcourt la nuque. C'est incroyable ce ressenti, on en découvre tous les jours! L'excitation ne m'avait jamais fait ce truc auparavant. Tout vient à point Vec', tout vient à point...


P'tain, ça commence à être long. Dans deux minutes, je me tape une crampe et je serai un éclopé qui court épée en main, en priant de ne pas me péter la gueule et de me faire embrocher par un milicien doué comme ses pieds.


Et encore ce souffle dans ma nuque... Bordel c'est chi...
Le signal est enfin donné. Pas trop tôt les mémères!! J'ai cru que mon service trois pièces allait geler sur place et laisser un esquimau en guise de souvenir! Hop hop hop les polignistes, nous voilà! Je bondis comme je sais si bien le faire, et en moins de temps qu'il ne faut pour le comprendre, je pige d'où venait ce souffle désagréable. Un clebard! Un clebs me colle aux bottes, aboyant comme un dératé en me filant le train.


Et meeeeeeeeeerrrd' !!!! YXOДИ!!!*

Si mes courses précédentes étaient déjà à noter dans un parchemin des records, là je vous assure que je me surpasse! Un tintamarre de tous les diables, alors que même ma langue maternelle refait surface, c'est pour dire. Si un jour, dans la plus petite parcelle de mon existence, j'avais eu envie d'avoir une descendance, bah il était clair et net que c'est pas avec le cabot qui faisait claquer ses mâchoires derrière moi que ça allait se produire.
Et je cours.
Cours encore.
Cours Vectoooooooooooooor, couuuuuuuuuuuurs!!!**
Du coup je cours. Toujours.
Oh, un garde!


Digne d'un cabri, je saute, toujours la bête aux talons et mon premier réflexe, c'est même pas de trancher la gorge du couillon qui se trouve face à moi, mais belle et bien de lui hurler de se tirer aussi. Pauvre tache!

Cours, berdol, cours!!!
Temps de réaction ? Deux secondes de trop visiblement, quand je vois qu'il court avec moi, un poil derrière quand même. Bah ouais, le poids de l'armure. Voyez mes dames, l'uniforme c'est pas classe du tout! Ça ralentit.

Hé mec !
Hé ouais, il m'ignore totalement alors qu'il court aussi vite qu'il peut. Gratitude égale à zéro et tant mieux, alors que je ralentis, aucun scrupule dans le regard quand mon épée fait enfin son office. La lame, d'un geste vif, entaille fortement la cuisse du péquenot qui ne manque pas de se retrouver au sol. Si il a crié sous le pic de douleur de ma lame, ce n'est rien à entendre les hurlements qui suivent. Le chien est sûrement affamé et, au dernier regard que je lance par dessus mon épaule, c'est l'animal que je vois arracher la gorge du garde. C'était lui ou moi. Amen mon gars!
La course se poursuit et en bons assaillants nous avançons rapidement. Je ne me souviens pas m'être autant éclaté depuis un moment à pourfendre les corps. Depuis combien de temps ne m'étais-je pas senti si vivant sans effet des opiacés? Un bail...

C'est jouissif. Cette odeur. Ce sang. Cette peur.
Nous sommes là. Nous sommes tout proche. Oh un petit Robert!


Le passage est libre!

C'est fini. Le combat a fait rage. Mais nous étions là. Je sens encore mon cœur battre à tout rompre. Pas de la bataille, mais bien de ma course folle avec mon ami à quatre pattes. Un mâle à tous les coups. D'ordinaire, je suis du genre à apprécier les chiennes. Mais les chiens... Moyen.
Je sens le sang tambouriner mes tempes, comme si il en jaillissait. Peut-être parce que je ne me suis pas regardé dans un miroir et qu'en fait j'ai la tronche totalement maculée du sang des ennemis. Et c'est bonnard que je trouve une petite blonde que je connais, que je reconnais par sa blondeur angélique. Ma main d'oncle se pose alors sur l'épaule de la fille de bâtard. Ma nièce.


Alors Lexi, on fait plus de bisous à Tonton Vec ?


* Dégage!!
** Légère adaptation de Forrest Gump

_________________
Lililith
Et c'est pour conjurer sa peur, Lili
Qu'elle lève aussi un poing rageur, Lili

Perret, Lili.

La Minusculissime se tenait prête. La vengeance. Le mot avait été soufflé, une nuit, et ses yeux avaient brillé. La Vengeance ! Elle connaissait ce mot, et elle l'aimait. Beaucoup. Elle voulait, un jour, l'appliquer pour elle. À ceux qui avaient tué sa Maman, la Vraie. Qu'ils payent pour leur crime. Mais son temps à elle n'était pas venu. Elle n'était pas assez forte. Pas assez habile.

La blondine attendait, tapie dans un fourré, silencieuse. Son chat était assis, la queue battante, pressentant le combat à venir. Et enfin le signal vint. Enfin la meute se mit en marche. Le chien à trois têtes allait envahir la ville. L'enfant avait rangé sa tablette. Ce soir, elle n'en aurait pas besoin. Elle agirait, sans un mot, sans un cri. Elle se tairait, et scellerait à jamais les lèvres de ceux qui voudraient la faire hurler en face. La mort se présenterait à eux en silence.

Elle eut un sourire à Niallan qui voulait ajouter un peu de joie à cette réunion qui serait funeste pour beaucoup. Lili trébucha, se releva. Elle vit autour d'elle ses pairs courir, frapper, tuer. Un garde lui tomba dessus.


- Toi t'devrais pas être trop difficile à mater !

Erreur.

Les Grands sous-estimaient souvent sa petite taille. Elle eut un large sourire, avant d'enfoncer sa lame sans le moindre remord. Pas l'ombre d'une hésitation. Elle était devenue cruelle, mais elle s'en fichait. La douleur l'avait endurcie, peu à peu. L'homme tomba. Elle continua d'avancer. Tomba encore, trébuchant sur un corps à terre. Quelqu'un lui sauta dessus mais Pandou riposta, attaquant le visage de l'assaillant. Aveuglé, il bascula sur le côté et l'enfant put se relever. Elle s'était endurcie, mais se sentait, aujourd'hui, affreusement maladroite. Elle leva la tête vers les étoiles, vers ses consœurs.

« Nous vois-tu, Mamma ? »

Simple prière à l'intention de celle qui l'avait élevée, formée, aimée. Et Lili repartit dans la mêlée, sentant à ses côtés la Tatouée, guidant son chemin, menant la lame qu'elle tenait. Une danse. Une véritable danse, à deux, à trois avec l'ennemi.
Elle fut distraite, par son chat qui feulait. Alertée, elle détourna la tête. Un court instant. Le seul qui lui fut fatal. L'homme en profita pour plonger, la blessant à la jambe gauche. Une belle entaille. Elle mordit ses joues tandis qu'il se relevait, victorieux. Elle se laissa tomber à terre, mollement, comme une poupée de chiffon. Elle avait vu Pandou faire quelques fois. Lui aussi lui avait appris des choses, l'échange était réciproque. Cela ne rata pas : l'homme se pencha vers elle afin de s'assurer qu'elle était morte. Elle l'était, pour quelques instants. Désarmé, ayant laissé tomber son arme, assuré de ne pouvoir perdre face à une gamine, il fut surpris qu'elle se relève et le frappe dans le bas-ventre, avant de déguerpir. Il survivrait, mais la blondine s'en fichait. Elle savait qu'il aurait mal et cela lui suffisait.


Le passage est libre!

Elle fila en direction de l'appel qui tel un phare, guidait tout le monde vers lui. Elle se rendit compte que sa peur avait bien vite laissé la place à l'exaltation, à l'envie, et à la rage.

Elle resta sur la place, regardant vers le ciel.

« Nous vois-tu, Mamma ? Es-tu fière de ton Clan ? »

_________________

@Line
Niallan
[My body is burning
Mon corps est en train de brûler
It starts to shout
Il commence à crier
]



J’ai mal, je crois que je vais crever. Mes mains n’arrivent pas à stopper le sang qui n’en finit pas de couler de mon bide. A moins que ce soit de mes poumons, je n’ai jamais été calé niveau anatomie. Je serre les dents mais je crois que je hurle tout de même. Ça n’a plus d’importance, c’est ma fille qui a poussé le cri de victoire repris par l’ensemble des pilleurs, ça veut dire qu’elle est vivante. J’ai vu Vector sprinter pour échapper à un molosse, il aura gagné la mairie sans problèmes. Et Léan…c’est une Corleone et j’ai bien intégré le principe que jamais un Corleone ne tombera en présence d’autres Corleone. Moi, par contre, je suis tombé. Mes paupières se font lourdes et finissent par se fermer.
Fait chier. C’est quand même une mort sacrément stupide. Crever pour satisfaire les désirs vengeurs d’une famille qui me tape sur le système depuis le début ; crever en essayant de prendre une mairie dont je me fous royalement. J’aurais mieux fait de continuer à prendre des femmes, tiens, ça au moins je sais faire. Mais non, je me suis encore pensé au-dessus des autres, je me suis surestimé. Tant pis, les miens sont en vie, c’est tout ce qui compte. Les autres rien à carrer. Et moi…bah moi je sombre lentement mais surement sauf que cette fois ce n’est ni dans les opiacés ni dans l’alcool. Cette fois il n’y aura pas de remontée possible.

Ma trombine heurte le sol, mes sens ne répondent plus.

Je vais crever.

Mais vous voulez peut-être savoir ce qui m’a conduit dans cette condition de futur macchabé alors je vais vous filer les grandes lignes.

Honnêtement, je dois bien avouer que c’est de ma faute. Je n’ai pas acheté d’épée ou de bouclier, de toute façon je n’aurais pas su m’en servir. Je me suis dit qu’un couteau grossier ferait l’affaire puisque, c’est bien connu, les mairies sont gardées par de vieux paysans munis de fourches qui sont là depuis des dizaines années et font plus office de décorations que de défenseurs. J’ai suivi les consignes à la lettre quant à la discrétion, jouant de quelques œillades appuyées sur les donzelles et de francs sourires pour les mâles. La première étape avait été réussie avec brio, j’étais dans la place. Ça s’est corsé à la deuxième étape.

Il y avait plusieurs groupes d’attaquants et par le plus grand des hasards, je m’étais retrouvé aux côtés de la mini Corleone. Répondant à son sourire par un autre, j’allais lui dire de rester derrière moi quand elle s’est élancée sous le coup du signal. A partir d’ici, tout s’est mis à déconner. Tandis que les uns tranchaient les gorges et d’autres les jarrets, moi je n’arrêtais pas de me demander ce que je foutais ici. Les champs de bataille ça me correspond pas, moi mon truc c’est plutôt une bonne baston en taverne. Je n’ai pas l’assurance et la technique qu’ils ont tous, je suis juste bon à m’attirer des emmerdes.
Et là, face à moi, se trouve une putain de méga emmerde. Un véritable colosse bien loin de mon petit paysan avec sa fourche me regarde comme s’il allait me bouffer. Je déglutis. Je n’ai pas le choix, si je retourne sur mes pas c’est la milice ou la maréchaussée qui auront ma peau et je n’ai aucune envie de moisir en prison loin de toutes mes substances illicites et de ceux que j’aime. Alors, lentement, je lève le couteau et entame une parodie grotesque de parade d’attaque. Le type, tout sauf effrayé, se rue comme un malade sur moi, sa raclure d’épée dirigée vers mon bide. J’esquive. Une fois, deux fois. A la troisième mon épaule est entaillée, pas sévèrement mais assez pour que je me mette dans la tête (et à raison) que je vais perdre ce combat. Je serre les dents et balance ma propre arme dans son bras. Il saigne, il grogne. Mais il attaque une quatrième fois et c’est là que je regarde une lame de, allez, facilement un mètre, entrer d’un côté et ressortir par un autre. Enfin, je ne la vois pas, je la sens. Mon cher colosse, jugeant surement que je ne représente plus aucun danger s’empresse de me dégager de son épée d’un coup de pied dédaigneux.

C’est là que je tombe à genoux, que je regarde ma chemise blanche se tâcher de plus de sang que je n’en avais jamais vu. La douleur est insupportable et pourtant, utilisant je ne sais quelle partie de mon cerveau, je trouve judicieux de tenter de stopper le flux de sang avec mes mains. Judicieux peut-être, inefficace surement. Je pense aux miens, à tout ce que je ne leur ai jamais dit et à tout ce que je n’ai pas encore fait avec eux. Je fais de rapides calculs pour évaluer la probabilité qu’ils soient tous en vie. Et puis les paupières se ferment, les mains s’écartent de la blessure et je m’effondre.

Je vais crever.
_________________
Laell
Et tout démarra d'une querelle idiote, d'une erreur d'une seule personne. D'un coup d'épée mal placé. Alors même qu'ils venaient en paix, pour une fois, ou en tout cas c'était ce qu'ils voulaient qu'on croit, une partie de leur groupe s'était vu agressé par une armée sanguinaire. Ils n'avaient pas tardé à revendiquer leur crime. Usant d'affichage de propagande. Ah qu'ils étaient fiers les Franc Comtois ! S'en prendre à un enfant entouré de femmes. Parmi eux, une seule était armée, une seule savait se battre, tous les autres n'étaient que jeunes foulant pour la première fois le sol de ce comté. Ah qu'il avait été facile de s'en prendre à ce groupe, attendant que les autres soient passé pour ne pas risquer de perdre la face en luttant contre des gens en armes habitués à croiser le fer.

Une simple erreur qui valu à Poligny d'être désignée pour servir d'otage. Oui d'otage, puisque cette ville morte n'avait aucun autre intérêt. Ni financier ni stratégique. Idiot était celui qui pouvait croire qu'ils s'en emparaient pour pouvoir fuir facilement. Une seule chose les ferait partir, une réponse positive à leur revendication.

L'attaque fut rapide et simple, il faut l'avouer. Quelques gardes rapidement évincés. S'en sortiraient ils vivant ? C'était loin des considérations de la Spiritu Sanguis. Ils ne visaient qu'une personne, bien cachée dans le luxe de sa petite vie monotone.
Ainsi quand comme à leur habitude le couple avait laissé ses compagnons jouer avec les gardes et s'en vint dans la mairie constater l'étendu des richesses, un éclat de rire résonna entre les murs, couvrant les gémissements de ceux qui tombaient. La ville était pauvre et encore le mot était faible. Un simple coffre à moitié vide trônait dans le néant qui servait de salle du trésor. Rien qui ne saurait attiser l'envie d'un groupe de brigands ne cherchant que la richesse.

Poligny ! Rien que le nom sonne comme un doux rêve... Paul y nie... Oui mais que nie t'il ? Sans doute la présence d'un groupe de joyeux luron venu réclamer vengeance. On tenterait sans doute de les déloger par la force ou par la ruse. On espérerait qu'ils soient couards et fuiraient devant l'avancer d'une armée ou deux. Ce ne serait que naïveté. Les Spiritu Sanguis garderaient leur otage le temps qu'il faudrait. Encerclés, ils n'auraient crainte. Assiégés, ils festoieraient à la lueur des armées visibles des remparts.

L'assaut calmé, la Corleone s'installa sur le parvis de la mairie.

N'aies crainte villageois, tu ne seras pas la cible de tes hôtes ! Seuls tes dirigeants risquent de t'oublier, une fois de plus.

Un sourire s'étira sur ses lèvres alors que les rayons du petit matin perçaient.

_________________
See the RP information <<   1, 2   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)