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[RP] Le rapt d'une Hirondelle.

Finn
Autour d'une table, avec les soldats, tous passablement avinés, où l'on se livre à quelque philosophie de comptoir :

- « Alors comme ça, on va épouser la Baronne ! », lance le mieux informé.
- « Veinard ! », réagit le plus fayot.
- « Non mais c'est pas si bien qu'on croit, les femmes. », tranche Finn.
- « C'est de la merde. », renchérit le plus laid.
- « Tout à fait. Rien qu'à la plume, c'est à chier. Ça vous fout des E partout. »
- « YA ! », acquiescent-ils tous en chœur.
- « Et alors si elles sont plusieurs, des E et des S. Le vrai merdier. »
- « YA ! »
- « Tandis que si vous rajoutez ne serait-ce qu'un seul homme dans le lot, tout suite les choses s'améliorent. »
- « YA ! »
- « Comme quoi, la femme dépend de l'homme, car infiniment plus dispendieuse en encre. Même la grammaire le dit. »

Là-dessus, un valet dévale l'escalier menant à la salle d'armes et s'adresse à la joyeuse tablée :

- « Marc'heg*, Son Altesse vous mande. »
- « Qu'elle attende ! »
- « Elle dit que c'est très urgent, je crois qu'elle va s'énerver... »
- « J'vous suis ! », caquette aussitôt le vieux Canard.

Tandis que ledit Chevalier palmé attrape sa cape à la diable sur le dossier sa chaise, les camarades se gaussent avec plus ou moins de retenue. Pauvres naïfs, ils n'entendent rien au courroux de la Prinsez. On ne fâche pas une Marzina sous agitation hormonale. Traversant les pavés disjoints des courtines, il s'arrête pour soulager une envie pressante. Et tout en pissant du haut de la muraille son trop plein de lambig, et alors que les vents de la côte sauvage contrarient la précision de son jet, l'Irlandais se surprend à contempler l'horizon continental. D'après les dernières estimations de Mog, l'invitée du jour ne devrait plus tarder à se présenter aux portes de Quiberon. La trogne à moitié figée se tourne vers le guide, montrant tous les signes d'une impatience inhabituelle.

- « Vous diriez combien de l'isthme jusqu'ici ? »
- « Environ 27 kilobinious et des poussières**, Messire. »

Sourcil froncé, il termine sa petite affaire avant de se renipper. En dépit d'efforts d'intégration certains, tant au niveau du parler que de la culture du pays - en témoigne sa récente entrée au ruban citoyen, le Gaélique ne bite décidément rien aux unités de mesure locales. Baste ! La Miramont pressera le pas, ne tenant sans doute plus en place à l'idée de le revoir après cette charmante correspondance qui tînt lieu d'invitation. C'est fort de cette conviction qu'il se remet en marche pour la cour du château, un sourire écœurant vissé sur les lèvres.

Quelle belle journée.



*« Chevalier »
**1 m = 3 binious et des poussières.

_________________
Marzina
Il faisait des efforts. C'est vrai qu'il faisait des efforts, non? Enfin elle a l'impression. Parfois. Ca dépend de ses humeurs à lui. Des siennes aussi. Le stress, les changements, les hormones, ça n'aidait clairement pas. Mais depuis que l’Église avait décidé de coopérer, c'était redevenu plus calme et serein. A croire que le conflit auquel ils allaient participer à l'étranger n'était rien de plus qu'une gentille lune de miel, une promenade de santé pour détraqués en manque de violence. Ce qui n'était pas loin de la vérité quand même.

Des efforts donc. Il y avait eu le bouquet de tiges à Noël. Et puis la belle robe de fourrure parisienne. Les attentions de type nourriture de temps à autre. Et puis la bague de fiançailles, même si c'était une condition sine qua non au mariage, il s'était tout de même donné beaucoup de mal pour la choisir!

Elle avait fini par se dire qu'il fallait bien qu'elle se mette à niveau, sinon on finirait par comprendre que c'était elle la plus pingre de la paire. Et puis c'était elle qui avait voulu qu'il y ait des cadeaux à Noël (même si tout était de la faute de Katina au final, puisque c'est elle qui avait parlé de Noël devant Marzina), alors il fallait qu'elle offre quelque chose. Heureusement, l'Irlandais lui avait suffisamment de fois rabâché ce qu'il voulait pour qu'elle sache quoi acheter. Mais bon, il semblerait que ça soit LE cadeau à la mode cette année, et quand elle avait été le commander, on lui avait tout bonnement annoncé:


"Ah je suis désolé, pour le modèle 1462 il fallait pré-commander, on a été pillés.
- Hein? Quoi?! C'est quoi cette histoire de pré-commande?!
- C'est que le nouveau modèle a de nouvelles fonctions révolutionnaires, alors du coup, tous les nobles ont voulu ce petit bijou pour Noël.
- Oui bien le mien aussi, il veut le dernier modèle. Je vais pas lui offrir la version 1461 quand même, de quoi j'aurais l'air moi?!
- Mais y'en a plus.
- Alors vous avez un problème."

Les Altesses blondes ne possèdent pas de crosse pour frapper sur la tête des gens énervants comme certains primats, mais LA Montfort-Penthièvre n'a pas besoin d'arme quelconque. Elle avait attrapé le vendeur par le col, lui avait arraché le bonnet de Noël qui lui donnait un air niais et agitant un index menaçant juste devant ses yeux avait débité:

"Vous savez qui je suis?! Est-ce que vous savez qui je suis? Je suis Marzina de Montfort-Penthièvre, Son Altesse même! Je suis la petite-fille du Grand Duc qui a fait brûler les phookaïstes en place publique de Rennes, je suis la fille du Grand Duc qui a mis à feu et à sang la France pour faire reconnaitre l'indépendance bretonne! Et maintenant vous misez sur le fait que je n'ai pas hérité du sang de mes ancêtres, et que je ne vais pas avoir l'envie de mettre le feu à votre boutique stupide, parce que vous me parlez de précommande et que j'en ai rien à secouer, et que vous voulez pas me donner LE cadeau que veut mon fiancé, et qu'à cause de vous je vais passer pour une fiancée ingrate, et peut-être même que mon mariage sera annulé tellement il sera déçu! C'est ça que vous voulez hein, c'est ça?! Et bien vous avez raison, j'ai pas envie de cramer cette boutique minable, j'ai juste envie d'éviscérer le pauvre débile que vous êtes, qui se met entre moi, et cette machine -l'index se dirige vers l'objet en question- que je veux que vous me fabriquiez séance tenante!"

Voilà comment elle avait fini par obtenir gain de cause et avoir le premier modèle fabriqué. Et aujourd'hui, on lui avait annoncé que sa commande était livrée.

Citation:
Pour La Très Gracieuse et Bienveillante Altesse,
En espérant qu'il vous donnera toute satisfaction.


"Hmm, le fiancé, ou le cadeau?...Et par "gracieuse", vous croyez qu'il fait allusion aux kilos que j'ai pris? On est bien d'accord, il va finir éviscéré à ce train-là."

Et chiffonnant le mot elle sort dans la Cour pour accueillir l'imposant engin. Grimaçant à la vue de la chose, un simple coup d'oeil noir lui fait comprendre que la porte est trop petite.

"Et il comptait le ranger où exactement, son bazar là?!"

Nez froncé, l'Altesse aboie sur un pauvre page qui avait eu l'outrecuidance de se trouver à proximité pour admirer avec des yeux ronds l'engin de guerre:

"Allez donc chercher le Chevalier de ces terres!"

Tout bas, elle marmonne contre "ces satanés trébuchets", et les idées de grandeur militaire des hommes de la famille, auxquels Finn ne dérogerait pas. Se tournant vers le page déjà en chemin, elle gueule:

"ET RAMENEZ A MANGER EN PASSANT!"

Non mais.
_________________
Finn
Dès qu'il le voit, l'Irlandais le reconnaît. C'est celui qu'il a vu dans la vitrine, mais cette fois en grandeur nature. Faussant compagnie à son guide, il se rue à travers la cour, passe la herse et tombe à genoux devant la splendeur de l'édifice meurtrier. Le pieux se signe.

- « Ma fronde... »

Une sacré grosse fronde le domine d'une dizaine de mètres. Admiratif, l'œil remonte la structure de bois au design rectiligne de toute beauté, basée sur une large plate-forme, comme sortant de terre pour chatouiller les cieux et catapulter les anges. Bijou de précision et d'efficacité doté d'un puissant châssis, le Monstre provoque chez l'homme d'arme une légère érection...

Tournant la tête vers la fiancée, une petite larme coule le long de sa joue.


- « C'est pour moi ? »

Qui serait assez fou pour désirer un engin pareil sur la petite presqu'île, si ce n'est ce fêlé du carafon ? Personne. L'Irlandais se remet sur pied et soulève la brindille bretonne pour l'étreindre. Un petit tour et puis s'en va, abandonnant la promise décoiffée pour constater que l'on a eu le bon sens de livrer le manuel humain avec la machine à balancier. L'Ingineor s'avance, un sourire marchand au bec, et chante sa réalisation de son accent transalpin :

- « On dirait qué ça vous plaît, Signore. Vous avez raison, c'est dou bel ouvrage. La pointe dé la crème. »
- « Dites-moi TOUT. »

Tout en gestes démonstratifs, le spécialiste explique sous le regard émerveillé de l'Insulaire :

- « Mmh... Commé vous voyez, lé contrépoids est mobile, cé qui permet un basculement rapido rapido dé boulets jusqu'à 140 kg avec ouné portée dé 220 m. »
- « Magnifique ! »
- « Oune tir et demi à l'heure. »
- « Et demi ? »
- « Sì, Signore, car ça fait deux si vous avez cent servants pour lé manipouler. À soixante, ça sera jouste oune tir. »
- « Ah... »
- « Mais pas bésoin dé plus avec cetté machine-là. Chaqué tir touche sa cible. »
- « Ah ! » Et s'adressant à Marzina, enthousiaste : « Vous entendez ça ? Il faut vite l'essayer ! » Puis au malheureux page revenant tout essoufflé de sa quête de ripaille : « Réquisitionnez-moi cent Quiberonnais, et que ça saute ! »
- « Héhé, vous allez faire ouné carnage avec ça ! »

L'Irlandais se frotte les paumes, le sourire en coin, oubliant la venue d'une Hirondelle au profit de son nouveau joujou.

- « Il va lui falloir un nom à cet enfant. »
_________________
Marzina
"Et il sert à quoi exactement, le débile qui est livré avec l'engin?"

Non elle ne parle pas de Finn, mais bien de l'Ingeneor.

"Me dites pas que c'est pour donner un côté exotique, il a l'air aussi étranger que moi portugaise!"

Ainsi parlait Marzina entre deux noisettes décortiquées qu'on lui tendait pour qu'elle passe ses nerfs en y enfonçant les crocs. Le très nouvellement nommé préposé aux noisettes était arrivé armé d'un casse-noisette et d'un sac des mêmes graines et s'évertuait à les ouvrir suffisamment rapidement pour éviter une autre crise.
Travailler à Quiberon était devenu dangereux.
Le destinataire du cadeau daigne enfin se pointer, et la blonde ouvre la bouche, prête à lui reprocher la taille démesuré de son jouet mais l'imbécile se traine dans la poussière de la cour pour prier, avant de se tourner avec les yeux mouillés. Elle en revient pas l'Altesse, elle commence à craindre d'avoir fait une grosse connerie avec cet achat. A la question "c'est pour moi?", elle s'apprête à rétorquer que "nann, c'est pour le voisin" mais y renonce lorsqu'elle voit se pieds décoller du plancher des vaches.


"Aaaaah mais vous êtes couvert de poussière, faites pas l'con Finn!"

Avant de s'agripper à lui avec l'énergie du désespoir de peur qu'il ne la laisse s'envoler. Elle scrute alors d'un air méfiant la suite des événements. Et quand l'Irlandais se tourne vers elle, elle plisse les yeux.

"Il est tout simplement hors de question que vous preniez le risque d'abimer ma presqu'île. Vous patienterez jusqu'au prochain conflit. Et je tiens quand même à vous signaler que je n'ai pas autant de monde à mettre à votre disposition, nous sommes en période de labours d'hiver. Si vous voulez avoir à manger cette année, laissez donc mes paysans tranquilles!"

Vrai qu'elle avait du mal à concevoir de mettre 5% de sa population au service d'une machine de guerre en temps de paix. Boudeuse, elle gronde en croisant les bras:

"Vous n'avez qu'à l'appeler Nolan si ca vous chante!"
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Finn
Avec le sourire condescendant du type trop sûr de lui, l'Irlandais rassure la naïve maîtresse des lieux.

- « Prinsez... Aucun risque d'abîmer le paysage. Tout simplement car c'est de l'arme de précision. De la frappe chirurgicale. Ça toucherait l'œil d'une mouche en plein vol ! »

De grands projets se dessinent pour le nouveau bébé, comme celui de lui trouver un berceau. Mais en attendant, et pour s'éviter la crise conjugale, le Grisonnant doit revoir ses exigences à la baisse. Si s'imposer la diète toute l'année pour empêcher le bois de rouiller ne l'ennuie pas plus que ça, se placer entre la boulimique Bretonne et sa pitance, ça, il n'en est pas question. Elle serait capable d'attaquer le châssis de son arme de siège avec les dents.

- « Bon, alors allez me chercher moitié moins de soldats ! », qu'il aboie sur le page. « Ils n'ont rien à foutre là. Je le sais, je picolais avec eux. Puis ils doivent faire la connaissance de leur petit frère ! »

Ému à l'idée de procéder à quelques essais, aux premiers pas de son bambin, l'Irlandais glisse une caresse paternelle sur la longue verge de l'engin. Un gros sac de cuir la termine, prêt à accueillir les projectiles, tandis qu'à l'autre extrémité du bras est suspendue la lourde huche servant de contrepoids. La ressemblance avec « Patrick », la partie la plus virile de son anatomie, est saisissante.

- « Nous l'appellerons Patrick II ! »

Un ricanement lui secoue subitement le buffet :

- « Non mieux, 'Dia Linn'. 'À tes souhaits'. »
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Isaure.beaumont
Rendez-vous en terre inconnue. En terre sauvage, en terre barbare. Et surtout rendez-vous en terre interdite…

Isaure, généreusement invitée par Finn, pour ne pas dire enlevée, inondait le coche de ses plaintes redondantes, agitant pour la énième fois sous le nez de ses compagnes de voyage l'odieuse lettre de l'irlandais, désormais froissée. De temps à autres, un "oh" ou un "aaah" d'émerveillement venait ponctuer les jérémiades isauriennes lorsqu'elle posait par hasard les yeux sur les landes armoricaines.


-Finn est le plus odieux personnage que la terre ait jamais porté ! Les mains s'agitaient, appuyant chacun de ses propos. Vraiment ! C'est l'être le plus vil, le plus égoïste que je connaisse, à ne penser ainsi qu'à son petit plaisir ! Croyez-vous qu'il se soucie de savoir ce qu'il m'arrivera lorsque mon époux apprendra que je suis venue en Bretagne, pour le voir ? Bien sûr que non il s'en contre… Elle écarta soudainement le rideau qui lui barrait la vue. Oooh regardez ! Regardez ce paysage ! Qu'il aurait été dommage de manquer pareil spectacle. Se détachant du paysage, elle poursuivit son monologue. Le discours était passionné, Isaure se laissait emporter, si bien qu'elle finit par réveiller Amadeus qui somnolait jusque-là. Vous comprendrez quand vous le verrez, et alors vous le détesterez autant que je le hais. Ce n'est un stupide petit irlandais grisonnant. Et vraiment… Comme si j'avais envie de venir en Bretagne ! C'est une terre de désolation, une terre de rustres, comme Finn ! Les yeux ne quittaient plus la vitre. Elle interrompit son monologue pour coller son nez contre la vitre. Magnifique, cette vue est réellement splendide, ne trouvez-vous pas ?! La Bretagne est si… si…époustouflante, si surprenante ! Je pourrais déjà l'aimer. Elle se renfonça dans son siège. Finn me doit la vie, le saviez-vous ? Sans moi, il ne serait plus que chair putréfiée, plus qu'un vulgaire tas d'ossements que viendraient ronger quelques chiens errants si je ne l'avais pas sauvé ! Je suis vraiment trop bonne. Ma bonté d'âme me perdra. Je le sauve, et il m'enlève. Et si je n'avais pas ENVIE de le voir ?!

Bientôt, la voiture ralentit. Intriguée, Isaure s'interrompit et scruta le paysage. Ils passaient sur une fine langue de terre et de parts et d'autres de la route, la mer s'agitait majestueuse. La Miramont ne savait plus où donner de la tête. Devait-elle concentrer son attention sur les longues étendues de sable ou sur les rochers aiguisés sur lesquels les vagues venaient s'écraser dans une gerbe d'écume. Le voyage se poursuivit dans un silence reposant. La jeune femme avait attiré Amadeus contre elle et lui récitait à voix basse quelques prières aristotéliciennes.

Bientôt, le voyage prit fin et le coche s'immobilisa enfin. Confiant l'enfant à la nourrice par interim, elle se leva, et bien que courbée dans l'habitacle de la voiture, ordonna sa mise et se couvrit avant de s'extraire du véhicule. Elle invita Béatrice à en faire autant. Isaure s'étonna de se trouver à l'extérieur de l'enceinte du château, mais bientôt elle aperçut Finn, sa fiancée. Elle s'avança à leur rencontre, un œil sur la monstrueuse machine guerrière.


Si vous comptez atteindre Miramont depuis Quiberon, il faudra vous lever plus tôt Cazayous. Pour cela, il fallait conserver vos terres béarnaises
L'irlandais était-il nostalgique de cette glorieuse époque où il menaçait sa voisine béarnaise de lui balancer quelques gravats ?

Votre Altesse. Je vous remercie de m'accueillir en votre demeure, quand bien même votre très cher fiancé ne m'en ait pas laissé le choix... Elle se tourna ensuite vers Finn, et se souvenant qu'elle se devait d'être en colère contre lui, effaça son petit sourire, lui préférant un regard glacial de circonstance. Finn… Je crois que nous avons... à parler. Ton aussi sec que le vent qui venait fouetter ses joues.
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Beatrice
    Au départ, ce n'était que pour quelques lieues, jusqu'au village voisin où elle devait se débrouiller pour dégoter une racine d'iris qui soulagerait le gamin de sa poussée de dents. Alors qu'elle comptait se séparer d'Isaure, de son gosse et de la nourrice en les saluant comme il fallait le faire, allez savoir pourquoi, l'Isaure lui proposa de continuer avec elle, encore un peu. Béatrice avait considéré le chemin à parcourir, avait repensé aux cailloux dans ses chausses et à la pluie froide qui menaçait sans cesse de tomber annoncée par les amas nuageux d'une couleur peu engageante et elle était remontée dans le coche et la route avait filé jusque la Bretagne où soudain, Isaure s'était mise à jacqueter comme une pie. Par politesse, Béatrice lui souriait et hochait la tête de temps en temps à ses propos et parfois, elle osait une parole.

    - Le paysage est superbe, la mer est magnifique !
    Mais si cet homme est aussi odieux, pourquoi être venue jusqu'ici ?
    ...
    Il ne vous enlève pas, vous venez à lui.


    Béatrice n'était pas dupe sur la raison de leur présence ici, le fameux Irlandais avait réussi à titiller la dame jusqu'à ce qu'elle cède. La suite lui donnerait sans doute raison. A moins qu'elle ne se trompe et dans ce cas, tant pis ou tant mieux, selon le cas.

    Béatrice quitta le coche à son tour et leva les yeux sur l'engin qui fut la première chose qu'elle vit. La catapulte, pas l'Irlandais. Le tour vint, pour lui et le regard de la jeune femme ne se priva pas de l'observer. Isaure l'avait décrit petit, grisonnant et stupide. Petit ? Hum, pas si petit mais pas bien gras. Grisonnant ? Oui, un peu, plus très jeune en somme. Stupide ? Ca, on verrait dans quelques temps. Etait-il attirant ? Pas tellement. Que lui trouvait-elle donc ? Pas de réponse en ce moment. Han, fiancé en plus ! L'affaire se corse. Elle est belle, la fiancée et c'est une altesse. Hoho.


    - Altesse, messire, bien le bonjour.

    Saluer les gens chez qui on débarque, c'est la moindre des choses, même pour une Béatrice.
Amadeus.vf


Pour un étrange voyage, c'était un étrange voyage. Amadeus n'avait jamais connu autant d'agitation dans un si petit lieu.
Rien de mieux pour le bercer que cette maison roulante. La monotonie des secousses, et l'absence de centres d'occupation, ainsi que les potions soporifiques à base de racines d'iris et herbes de camomille que Béatrice lui préparait pour calmer ses dents lui facilitaient le sommeil. Sauf quand sa mère rentrait dans une lunatique colère. Le petit être se réveilla en pleurs, devant tant de bruit. Un réveil ni souhaité ni souhaitable, et il pleura jusqu'à ce que la fermière qui lui servait de nourrice le prenne grossièrement dans ses bras, et que les mouvements désordonnés d'Isaure capte son attention enfantine. De ses mains qui s'agitaient entre vélin et rideau, de sa voix qui oscillait entre cri et murmure... Amadeus ne pleurait plus, se contentant de fixer avec de ses grands yeux bleus cette main qui tenait une sorte de chose ondulante et opaque d'une couleur étrange que les adultes nomment "rideau". Et ce, jusqu'à ce que cette main lâche le dit rideau tandis que sa mère délaissait enfin la vitre pour le prendre dans ses bras. Pas trop tôt ! Et dire qu'avant ce voyage, ils passaient de longues journées en tête à tête, rien qu'eux deux, isolé de l'agitation et des hommes inconnus et effrayants.

Eveillé, bien installé dans les bras de sa jeune mère brune, bercé par les murmures de prières qui s'échappaient des lèvres maternelles, Amadeus regarda un bref instant ce qui avait tant captivé le regard d'Isaure. Cette amalgame de couleurs étranges, et de formes insolites lui fit détourner les yeux qu'il fixa sur le vêtement maternelle - bien plus joli - avec lequel il commença à jouer, du bout de ses petits doigts qu'il maîtrisait de mieux en mieux. Le temps passant, il commença à s'agiter. Fort heureusement, le voyage prenait fin. Repassant des nobles bras aux bras fermiers, il se mit à gesticuler avec ardeur lorsqu'il vit Isaure et Béatrice sortir du coche. Bien que moins apeuré par cette pseudo nourrice à force de la côtoyer, Amadeus ne semblait pas encore totalement serein. Depuis ces jours passés en compagnie d'Isaure, il avait pris en horreur le fait d'être loin d'elle - du moins tant qu'il était éveillé.

Laissant aux deux femmes une bonne longueur d'avance, la nourrice finit par sortir avec l'asticot gesticulant, qu'elle tenait tant bien que mal dans ses bras. Le vent surprit l'enfant qui, après quelques secondes de choc, se remit de ses émotions et s'agitant de plus belle, commença à brayer de toute sa petite voix douce et cristalline. Comprenez, cela faisait des jours qu'ils voyageaient. Cela faisait des heures qu'ils étaient coincés dans cette voiture, à ne rien pouvoir faire d'autre que dormir et tenter de jouer à des jeux qu'il commençait à connaître par cœur. Et tous les grands pouvaient se dégourdir les jambes, mais pas lui ? Oui, Amadeus en avait assez d'être dans les bras des uns et des autres. Amadeus voulait être debout. Tant sa nourrice ne semblait rien comprendre, il fut contraint de secouer ses jambes grasses et potelées pour lui frapper le ventre. Pour échapper à la terrible torture, la nourrice le tourna, offrant subitement au regard enfantin le jeu géant qui se trouvait là. Bien plus intéressant que le groupe de vieux qui venait de se réunir et qui commençait à jacter. Et comme l'esprit enfantin change d'idée comme les femmes changent de chemises, il s'arrêta rapidement de pleurer, et se mit à taper dans ses mains en direction du dit engin et à prononcer des :


Ba bOôô ! A ta tia !

Aller, nourrice, emmène-moi voir cette chose ! Et gare à celui qui serait tenter de se débarrasser de lui en remplaçant la pierre par Amadeus...


Finn
Et alors qu'on ne l'attend plus, le carrosse débarque devant le petit attroupement ayant élu domicile à l'extérieur des murs du château. Un soupir de contentement anime le Chevalier, qui en salue aussitôt le conducteur et compatriote. La petite Champenoise s'en échappe à son tour, aussi froide qu'il est chaleureux.

- « Miramont, enfin vous voilà ! Venez que je vous accole. » Sans encore une fois lui laisser le choix, il l'accueille à bras ouverts pour au final, lui pincer la joue affectueusement. Comme il eût fait de sa propre fille ou de sa jeune sœur. « Vous faites une drôle de rigolote, vous. Mais ne vous rassurez pas trop vite, je peux toujours envisager de vous sonner l'heure du réveil à coups de boulets sur votre cloison, demain matin ! Hahaha. »

Le regard assassin qu'il devine dans son dos de la part de la Taulière bretonne le dispense de s'éterniser sur l'idée de bombarder la maçonnerie de la demeure. Une deuxième frimousse fait son apparition, inconnue au bataillon. L'Irlandais à la trogne à moitié figée lui serre une poignée de main virile.

- « Finn Ó Mórdha, Chevalier et futur Baron 'qu'on sort' de Quiberon. Et voici ma sérénissime fiancée, Son Altesse Marzina de Montfort-Penthièvre, la plus rare fleur du monde connu et l'actuelle Baronne. » De confier ensuite sur un ton tout à fait sérieux : « Je ne vous connais pas, et d'ordinaire on troue le carafon des étrangers, mais je vous autorise à séjourner icelieu sans risquer votre intégrité physique. Degermat e Kiberen* ! », qu'il clame avant de titiller du doigt la petite chose babillant dans les bras de la troisième venue. « On dirait qu'il aime les gros engins... »

Les présentations achevées, le vieux briscard fait signe à Mog de se hâter.

- « Du nerf, tire-au-cul, porte donc les malles de ces dames à l'intérieur ! Et sans rien voler ! »

Les signes se poursuivent en direction de la valetaille qui dresse la table à tréteaux sur le champ, ici-même, dans l'herbe, y apportant les victuailles de rigueur. Il a beau faire frisquet, l'hiver quiberonnais offre plus de douceur qu'ailleurs en Breizh. Et même si l'on entend souffler les vents de la Côte Sauvage à proximité, le désordre est ici moindre, à l'ombre des hautes enceintes. Abandonnant à sa Prinsez l'initiative d'installer les convives à table, l'Ó Mórdha surveille d'un œil critique l'arrivée des troupes en rang d'oignon. Plus ou moins cinquante, pour une bonne partie éméchés, et ce malgré le soin apporté à tenter de ne pas le divulguer en titubant maladroitement. On observe la nouvelle lubie de la maison avec curiosité, parfois avec admiration, et surtout consternation lorsque le Soudard aboie d'armer la bête pour une démonstration. L'Ingineor prend le relais, supervisant la manœuvre en italien, et Finn en profite pour revenir parmi ses invités.

- « Nous aurons tout le temps de causer, Miramont. En attendant, vous me ferez bien l'honneur d'assister au tout premier éternuement de 'Dia Linn', n'est-ce pas ? »

D'un regard empreint de fierté, il étend l'invitation au reste du convoi.


*« Bienvenue à Quiberon ! »
_________________
Marzina
L'arme de précision, ça la fait bien rire! Un rire jaune bien entendu, parce qu'elle craint pour sa propriété. Parce que, tant qu'à parler de "chirurgie", quand on veut faire dans la précision, on utilise plutôt du petit et du fin. Imaginez donc une aiguille à tricoter pour refermer une panse? Bien oui, c'est pas franchement rassurant! Fronçant le nez, parce qu'elle sait très bien que s'il est lancé comme ça rien ne le fera changer d'avis, elle se contente de préciser d'un ton laconique:

"Si vous abimez quoique ce soit, vous paierez les réparations. Quiberonnais compris."

Non parce qu'il avait franchement tendance à ne pas intégrer la valeur d'une vie quiberonnaise. C'était elle qui avait prêté serment, et à son paternel et souverain en plus, alors elle veillait à le respecter scrupuleusement. Nul moyen de rompre le serment maintenant que le Sanglant avait passé l'arme à gauche. Liée à la couronne grand-ducale jusqu'à la mort. Un peu comme elle allait se retrouver liée à l'Irlandais. Vu qu'elle était attachée des deux cotés, autant que ces deux là cohabitent. Pour l'instant, c'était plutôt mal barré. Il faut dire que déjà, attacher l'Irlandais et la Bretonne ensemble, c'était plutôt hasardeux. Quand Finn avait tenté de l'attacher littéralement à lui, ça s'était mal fini, et elle espérait que ça se terminerait mieux si ce n'était que métaphoriquement.

Rajustant la cape noire doublée d'hermine autour d'elle, elle s'apprêta à rentrer. Autant ne pas voir le désastre, puisqu'il fallait qu'il arrive. Soupir désabusé. Pourquoi avait-elle donc voulu lui faire plaisir?! Quelle idée de merde franchement...Toujours ce petit sentiment niais qui pousse à faire les pires stupidités qu'on regrette presque aussitôt. Le temps n'était pas trop froid, mais elle avait tendance dernièrement à avoir subitement trop froid, ou trop chaud. Pour l'instant elle avait froid et rêvait de rentrer se lover dans un fauteuil près du canapé. Encore une fois il allait s'amuser avec un nouveau jouet, pendant qu'elle resterait à la maison à s'ennuyer parce que tout ou presque lui était devenu interdit par le médecin depuis qu'elle était devenue un cocon surprise renfermant un futur petit celte. Et pas question de s'en vanter tant que personne n'était au courant, ce qui l'oblige à ne porter que certaines de ses robes à la taille haute pour éviter de dévoiler le léger renflement qui poussait vitesse grand V depuis quelque temps.

C'est donc particulièrement contrariée qu'elle s'en allait disparaitre entre les murs de pierre quand elle entendit bien avant de voir le coche qui s'approchait. En vivant à Quiberon, on finit vite par faire abstraction du mugissement du vent pour entendre le reste des bruits qui ont tendance à se cacher derrière. Légèrement stressée par cette grossesse tant risquée que secrète et par l'organisation du mariage en plus de son poste de chambellan, elle avait régulièrement tendance à oublier certaines informations. L'arrivée de Miramont en faisait partie.
Regard paumé sur l'Irlandais complètement à l'Ouest, puis sur le valet qui lui ne sait strictement rien, tandis qu'elle murmure d'un air perdu:


"On attend quelqu'un?..."

Force est de constater que oui, puisque le coche s'arrête là. Renonçant avec un grognement à retourner au chaud, la trogne princière boudeuse se cache dans le col de fourrure et derrière les boucles blondes pour s'approcher sans effrayer. Finn se chargera très bien de ça.
Elle vit donc sortir les femmes, mais c'est le bambin qui fut suivi des yeux noirs. Kaoc'h*. Finn avait oublié une partie des détails, dont la présence d'un mioche. Les mioches ca braille, et celui-ci ne semblait pas faire exception à la règle. Grimace. Pourquoi elle en avait voulu un déjà? Ca avait été suffisamment compliqué les rares fois où elle avait eu à garder Alix Ann à cet âge. Et elle se rendait de plus en plus compte que l'Irlandais semblait s'y connaitre encore moins qu'elle. "Qu'on ramène une serpillière pour essuyer l'escargot!", qu'elle a envie de hurler. Parce qu'elle n'a pas oublié combien Alix Ann bavait sur sa robe, faisait des bulles de bave et de morve, et mangeait ses boucles-qu'on-n'a-pas-le-droit-de-toucher. C'était le problème avec les enfants, on ne pouvait pas leur décoller une gifle ou un poing sur le nez sans que les parents ne s'indignent. Intouchables ces sales monstres!


"Degemer mat."

Un sourire diplomatique qui se veut chaleureux, pour tenter de dissimuler ses propres pensées et revenir à un mode de pensée plus joyeux.

"Finn laisse rarement le choix quand il désire quelque chose."

Mais elle non plus de toute façon, en cela ils étaient assortis.

"J'espère que votre chambre vous conviendra, c'est bien loin du confort du château grand-ducal de Nantes, mais la vue sur la côte sauvage compensera, du moins je l'espère."

On ne pouvait pas dire que les terres de Quiberon soient bien riches, ni très étendues. Les gérer revenait sans cesse à faire un choix entre le confort et le développement, et l'Altesse avait trop souvent privilégié ses sujets plutôt que sa demeure. Une des raisons pour lesquelles elle invitait peu chez elle, en plus d'être relativement solitaire.
Les yeux noirs se posent ensuite sur celle qui l'accompagne. Simple hochement de tête accompagné d'un sobre
"Demat."

L'attention est plutôt portée sur le fiancé étonnamment démonstratif contrairement aux habitudes. La blonde silencieuse observe et décrypte, déformation professionnelle provoquée par l'habitude des rencontres diplomatiques. Elle comprend mieux l'humeur maussade qui avait suivi le manque de réponse aux missives envoyées à la jeune femme ici-présente. Mais la calme curiosité refait vite place à la mine revêche tandis qu'il évoque déjà l'idée d'utiliser son nouveau jouet sur son château.
C'est décidé, ce trébuchet doit brûler.
Et de voir l'enfant s'en approcher, oui, l'Altesse ose imaginer en pensée le fait qu'on puisse faire la démonstration avec le monstre en guise de projectile!
Le bruit lui fait tourner la tête, et remarquer que l'Irlandais avait décidé de faire porter des tables au dehors. Nouveau soupir. Adieu rêves de douce chaleur au coin du feu, de coussins douillets, de fauteuils moelleux...Non, c'est plutôt table de fortune avec chaise de torture. Quelle idée franchement...
Répondant à la place d'Isaure, elle tente donc un:


"C'est vraiment obligatoire, la démonstration dans le froid de l'hiver?"

Bon, elle connait déjà la réponse, mais au moins elle aura essayé.
Espérons qu'on catapulte l'enfant au moins, pour compenser.
Et de se demander s'il aura autant de fierté dans le regard quand il présentera leur enfant. Il aura intérêt, parce qu'elle saura s'en rappeler.


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kaoc'h = merde
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Isaure.beaumont
Si aux yeux du reste du monde Isaure était à Quiberon par choix personnel, la vérité était toute autre. Isaure s'était bien gardée de dire à ses compagnes de voyage que leur nouveau cocher n'était en fait que l'homme de main et ami de l'irlandais et qu'il avait payé – du moins le pensait-elle - leur véritable cocher pour prendre les commandes. Aussi, Isaure n'avait compris qu'à l'étape suivante qu'elle était victime d'un enlèvement en règle, lorsqu'elle avait reçu la lettre de Finn. Certes, elle aurait pu protester et refuser ensuite de monter dans la voiture, mais elle connaissait trop bien Finn et son entêtement. Et cacher sous une épaisse, très épaisse couche de mauvaise foi, elle se faisait tout de même un plaisir d'aller à Quiberon. Ce voyage prévu de longue date, enfin, vieux de quelques mois, avait était remis en cause par la cascade de coups qui s'était abattu sur son corps. Elle avait promis à son époux de ne pas se rendre à ces noces-ci et était toute disposée à tenir sa parole, convaincue par le terrible chantage qu'il lui faisait. Cependant Cazayous en avait décidé autrement.

Pourtant, même si son séjour en Bretagne ne lui déplaisait pas tout à fait, Isaure s'inquiétait que certaines rumeurs – avérées – atteignent les oreilles judéennes. Elle craignait que son époux sévisse et mette à exécution son odieux chantage qui n'était autre que lui retirer définitivement son enfant. Connaissant l'homme, elle savait qu'il ne plaisantait pas, et que ses mots n'étaient jamais vains. Alors non, elle refusait de mettre à plus tard cette conversation
.

-Sans doute l'avez-vous, Finn. Le temps. Moi, je ne l'ai pas. Alors, nous avons à parler !

Coup d'œil vers son précieux fils, auprès de qui elle se rendit en quelques rapides enjambées.

-Ne touchez pas à cela Amadeus. Et sifflante à la gardienne d'enfant improvisée. Bonne à rien. Surveillez-le correctement ! Voulez-vous qu'il se plante une écharde dans le doigt ?!

Récupérant son fils, elle revint vers le presque couple princier et avec son tact légendaire, fit les présentation Amadeus-Marzina:

-Regardez Amadeus, à défaut d'avoir votre Marraine pour vous aimer, vous avez la future nouvelle épouse de….
Elle marqua une pause. Comment dit-on des personnes qui étaient mariées qu'elles ne le sont plus ? Car normalement, lorsque l'on est plus marié, c'est que l'autre est mort. Or là, Rosalinde est on ne peut plus vivante. Alors, comment dit-on ? De l'ancien époux de votre Marraine ? Bref. Voyez, elle vous aime déjà comme votre Marraine vous aime.

Et sans autre forme de procès elle colla l'enfant parfaitement réveillé dans les bras de la future épouse et mère – bien que cela, Isaure n'en ait aucunement conscience.

-Je vous confie Amadeus, votre Altesse. Finn… Elle s'interrompit en voyant que la table avait été dressée. L'avantage avec les petites gens, c'est qu'ils ont beau être là, on ne les voit pas. On oublie jusqu'à leur présence lorsqu'ils sont excellents à leur tâche. Et c'était le cas ici. Vous… Vous n'allez tout de même pas nous faire manger dehors par ce froid-là ?! Elle reprit sur sa première lancée. Bien Finn. Vous avez eu ce que vous vouliez, je suis là. Alors, écoutez-moi ! Elle se rapproche de lui pour être sûre qu'il l'écoute attentivement.Si Judas apprend que je suis ici… Bref. Je ne devrais pas être ici. Et si je ne connais personne, ni ne suis connue en Bretagne, ce n'est pas le cas de mon époux, qui y a très – trop – souvent mis les pieds. PERSONNE ne doit savoir qui je suis. Vous comprenez bien cela ? Oubliez les Miramont, les Isaure ou les Von Frayner. Présentez-moi comme… Hmm. Appelez-moi….


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Finn
- « Triple buse ! »

Non, ce n'est pas le nouveau surnom d'Isaure, c'est juste le Gaélique qui houspille un soldat s'étant écrasé un boulet sur le pied, plus inquiet pour l'intégrité du projectile que pour celle de l'infortuné. La table enfin montée, et garnie de cruchons de chouchen et de Bourgogne importé des caves où la fameuse Mamelue stocke son précieux Montrecul, l'Irlandais tend une oreille distraite aux propos de Miramont. Non qu'il se moque des petites magouilles de son invitée, mais la bonne marche des opérations accapare son attention. Il croit néanmoins comprendre que la dimezell a bravé l'autorité de son triste époux et pour ça, elle mérite bien un de ses trop rares sourires.

- « Alors comment faut-il vous appeler ? Mmh ? », lui demande-t-il, bras croisés, avant qu'une redoutable idée ne frappe son regard d'une lueur narquoise. « Oh je sais ! Je vous présenterai comme mon écuyère castillane, Gabriela ! Nous verrons si vous tenez ce rôle aussi bien que Marzina. Hinhin. »

Après tout, c'est ainsi que se sont rencontrées les deux jeunes femmes. Ce ne serait que justice. Et aussi piètre fut la prestation d'une Altesse dans le rôle de l'employée, elle avait su convaincre la Miramont. Le coquin d'en tester sans tarder l'efficacité sur cette dernière :

- « Gabriela ! Sortez-vous les doigts du cul et sellez les chevaux ! » Le Chevalier ricane dans sa barbe avant de conclure sur une tape amicale adressée à l'épaule de la Von Frayner : « Oui, ça devrait le faire. Vendu. »

Quelques pas plus loin, l'on manœuvre les treuils, deux paires de bras sur chacun des leviers, pour ramener la verge vers le bas. Les servants ayant escaladé l'engin pour fixer les cordes dans les gorges des poulies en dégringolent rapidement tandis que l'on charge un boulet dans la fronde. Les bruits de cordes bandées sonnent l'imminence du lancer et l'Irlandais frappe avec grande hâte ses paumes l'une contre l'autre, avant de diriger son petit monde autour de la tablée. Trouvant place à côté de la ravissante Prinsez herminée, il lui adresse une caresse sur la joue. Et ayant remarqué que le petit dégarni avait investi ses bras, il la met en garde au creux de l'oreille : « N'allez pas faire d'infidélités à notre petit Nolan. »

L'Ingineor fait signe que tout est prêt. Finn lève alors le bras. Lorsqu'il le rabaisse, un brutal coup de maillet du Décliqueur fait sauter la cheville, provoquant le tonitruant basculement de la verge. Mais entre les consignes en langue étrangère et le taux d'alcoolémie des Quiberonnais, il faut s'attendre au pire... La huche, arrivant à son point de chute, impose la terrible secousse prévue à la verge mais, faute de sous-tendeur trop lâche et mal calibré, le bras projette le boulet à la verticale. Des yeux, le Gaélique suit la trajectoire du petit point dans le ciel jusqu'à son retour dans un son angoissant d'obus venant s'écraser tout droit sur le carrosse...

L'habitacle explose, suivi des hennissements terrifiés des chevaux à moitié coincés sous les décombres.


- « HAHAHA, il l'a PULVÉRISÉ !! », s'écrie-t-il soudain, impressionné, et partageant son exaltation avec les autres d'un large sourire. Puis se rendant compte qu'on est pas passé loin de la catastrophe, le vieux cogne du poing sur la table et gronde sur les responsables depuis sa chaise : « Bande de CONS ! Vous avez failli me l'esquinter ! »

Son précieux trébuchet... Une série de pendaisons est à prévoir.
Un coup d'œil à son godet de rouge lui fait ensuite plonger le doigt dedans.


- « Mmh... Gare aux échardes dans les verres, allez pas vous blesser. »

La sécurité avant tout.
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Marzina
La fibre maternelle n'était pas très présente chez la blonde, tout juste se réveillait-elle lorsqu'Alix la regardait avec des yeux larmoyants, et qu'elle avait envie de la câliner et de la protéger comme l'on ferait d'un chaton affamé. Sans compter qu'elle ne connaissait même pas les gestes de base, ne côtoyant que peu les mômes et leurs porteurs, à cause de ses oreilles fragiles qui ne supportaient pas les cris. La faute à un noble français hautain qui l'avait fâchée avec la maternité, la transformant en source de grand malheur. Elle elle aimait bien élever Alix, parce qu'elle en était arrivée à un stade où elle ne bavait plus, et qu'elle pleurait en silence. Et puis au moins elle savait parler, ca rendait les choses plus intéressantes. Quant à l'enfant en son ventre, c'était un concept, une graine, SA graine. Rien à voir pour elle avec les bébés morveux, elle ne s'imaginait pas encore avoir à en passer là, à vrai dire, son esprit occultait carrément la chose. Après la grossesse et bien euh...y'a un après? Non parce que jusqu'à maintenant il n'y en avait jamais eu.
Aussi, lorsque l'enfant fût abandonné dans ses bras, ce sont des yeux ronds qui se posent dessus.

*Tu fais quoi ici toi?!*

Froncement du nez. Il pèse son poids ce monstre! Méfiante, la blonde le garde à bonne distance, à bouts de bras.

*Gardons nos distances veux-tu? On n'a pas gardé les cochons ensemble non plus!*

L'enfant bouge. Affolement de la blonde qui grimace.

*Bouge pas m'enfin, qu'est-ce que je vais faire de toi?!*

Regard affolé tout autour d'elle.

*MAYDAY MAYDAY. Qui saurait comment ça marche? MAYDAY MAYDAY. Je coule totalement là!*

Ou bien c'est lui qui coule. C'est toujours plein de fluides dégoûtants ces monstres miniatures. Le gardant toujours bien loin d'elle à défaut de pouvoir l'abandonner à son tour quelque part, elle se dirige vers la table.

*On peut s'en sortir en bonne intelligence toi et moi. Reste tranquille et à bonne distance, et tout va bien se passer. Personne ne sera blessé. Ni toi par moi, ni moi par ta mère!*

L'enfant est posé sur la table. Faut pas espérer qu'elle le mette plus près d'elle que ca. Nouveau regard autour de la tablée.

*Personne n'en veut? Vous êtes sûrs? Je suis prête à partager vous savez?*

Le regard revient, désespéré, vers l'enfant.

*Nous sommes condamnés. Ta mère ne t'aime pas pour t'avoir confié à moi tu sais. Et compte pas sur moi pour t'aimer non plus, j'ai déjà une presque-fille, un presque-fils, et un enfant à venir, en plus d'un frère et d'un futur mari. Tu vois, plus de place. Non non n'insiste pas, je ne te mettrais pas sur liste d'attente au cas où l'un d'entre eux décéderait!*

Toute à la catastrophe de se voir transformée en baby-sitter, elle en avait totalement oublié l'autre catastrophe: le trébuchet. L'attention est reportée dessus lorsque Finn vient s'asseoir auprès d'elle. Grimace à sa réflexion, qu'elle ponctue d'un regard noir.

"M'enfin!"

Grand signe du bras de Finn. Les yeux de la blonde s'arrondissent à nouveau.

*Ma doué beniguet, il le FAIT!*

Réflexe instinctif, la blonde se place derrière l'enfant en guise de protection. Pas de pitié pour les microbes. Et franchement, quand elle entend le crac, elle se dit que son instinct a bien fait. Les larmes aux yeux, elle s'apprête à pleurnicher en imaginant déjà un trou dans son château.

"Gast, mais qu'avez-vous donc..."

Elle s'arrête lorsque, ayant passé un oeil derrière l'enfant trônant toujours sur la table, elle voit que c'est le carosse qui a pris. Un grand sourire soulagé vient naître sur les lèvres princières qui, pour la forme, ponctue quand même d'un:

"M'enfin, je vous l'avais dit que c'était dangereux!"

Regard d'ensemble vite fait sur l'enfant pour vérifier que son intégrité n'est pas compromise.
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Beatrice
    Les petites gens, on les oublie facilement. Cela est tout à fait exact et en cet instant précis, Béatrice se réjouissait de n'être qu'une de ces petites gens voire même pas, juste une invitée imprévue qui commençait à se demander dans quel monde elle avait été emmenée. Breton le monde, d'accord, mais quand même. Les mains jointes derrière le dos, elle assiste aux diverses scènes qui se déroulent sous ses yeux qui n'en perdent pas une miette. Depuis le gamin abandonné dans les bras de la blonde qui n'en revient pas qu'on ait pu lui faire ça à l’aparté entre Isaure et le futur baron pour terminer par le carrosse écrasé dans un bruit d'enfer. Bruit qui effraye l'enfant comme de bien entendu qui soudain, assis sur la table, se met à brailler comme un âne.
    Béatrice, pas trop sotte, en vint à la conclusion que le petit Amadeus n'était pas vraiment en sécurité sous la protection de la baronne et bonne comme le pain, elle récupéra le rejeton qui venait de décider qu'il serait bien plus amusant de se promener à quatre pattes sur la table garnie pour le repas. Attrapé au vol, reniflant des pleurs que la peur avait provoqué, il fronça le nez pour montrer son mécontentement à la petite brune.


    Allons, allons, Amadeus, vous avez un vilain nez.

    Le gamin installé sur la hanche, Béatrice s'approcha de sa mère.

    Excusez-moi de vous importuner, ma dame, mais Amadeus va prendre froid s'il reste trop longtemps dehors et il ne va pas tarder à avoir faim. Peut-être pourriez-vous demander à ce qu'il puisse être mis au chaud.

    D'une main, elle releva le col du manteau du gamin, appuyant ses paroles par ce geste. Déjà qu'on est tombé chez les ouf, si en plus on doit attraper la crève, nan. C'est quoi cette façon d'accueillir des invités en les laissant geler.
Amadeus.vf


Et d'aventure en aventure, de bras en bras, de femme en femme, Amadeus se retrouve dans les bras de la femme enceinte. Oui il bouge, étonné de ce comportement qui consiste à la porter à bout de bras. Pesant son poids d'enfant bien potelé car bien nourri, c'était une technique de portée assez originale, qui amusa l'enfant qui commençait à tapoter des mains, et à ouvrir la bouche pour laisser libre cours aux babillages qui exprimeraient son amusement, ce qui donna lieu à des coulées de bave intempestive que les doigts qui montent s'enfiler dans la bouche propagent au lieu de stopper. Fesses baignant dans le pipi posées sur la table, Amadeus fixe cette femme qui le tient à bout de bras. Et c'est bien dommage qu'il n'y ai pas de listes d'attente, parce que la petite tête brune, aux yeux bleus semblent apprécier la dite damoiselle. La constatation de son calme et de son silence quand il avait changé de bras suffisait à le prouver. Elle succomberait si elle le regardait mieux. Lui, fixait ses cheveux qui bougeaient légèrement sous l'air extérieur. Captivant.

Tellement captivant que le reste lui échappe. Tellement captivant que l'explosion le surprend de plein fouet. Tant et si bien qu'après une seconde de mutisme sous le choc, il se met à hurler sa frayeur et pleurant toutes les larmes de son corps. Et à cet âge, le corps contient bien plus de larme qu'après. Avec le temps, il s'assèche. Amadeus pleure tant qu'il se renverse sur la table, jusqu'à faire un léger rouler-bouler sur sa chaise de fortune afin de retrouver des repères visuels plus stable - sans s'arrêter de pleurer bien évidemment. Fort heureusement, la douce Béatrice le sauva à nouveau - après les dents, la voilà qui le prend dans ses bras. Retrouvant cette jeune femme qu'il commençait à bien connaître, les pleurs s'estompèrent aussi rapidement qu'elles étaient apparus, et plissant le nez il offrit sa bouille à l'interprétation Béatricienne. L'emportant vers sa mère, la douce et bonne Béatrice se voit malmenée par le petit garnement qui se met en tête de jouer avec une mèche de cheveux qui dépasse. La mèche tirée et entortillée entre ses doigts voit également le plaisir suprême d'être mouillé de la sublimifique bave d'Amadeus.

Et l'enfant de bailler. La rencontre de plusieurs nouvelles têtes, la peur subite, les pleurs, l'inconnu l'ont fatigué. Dites ? Faudrait voir à arrêter les conneries un peu là nan ?! D'ailleurs Béatrice a raison, il ne fait pas bien chaud, et les doigts enfantins humides bien rougie déjà le prouvent.



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