Rocabar
Gymnopédie, luvre de satyres
[sur le noeud de Rolle]
- Le 4 Février 1462: lendemain des joutes -
Rocabar est assis contre un arbre près du feu de camps de LIchtus. Le regard perdu au-dessus des braises, il contemple le combat de cette fébrile flamme contre le froid de Février. Il en est au point où même lever les mains au-dessus du foyer représente un effort insurmontable. Grelotant, il oublie un moment la douleur qui irradie tout son corps et le cloue sur place.
Autour de lui, des troncs darbres couchés et quelques grosses pierres forment un cercle qui hier encore portait ces silhouettes bruyantes, joviales, grinçantes, braillardes ou plus réservées : des âmes vivantes qui donnaient à cet endroit tout un sens que les vents ont balayé pendant la nuit. Au sol des traces de pieds et des sillons laissent deviner les hommes et les femmes qui se sont entrainés, défiés, battus, trainés, enivrés, encouragés, soignés... aimés
Désormais, ce sont les mousses et la poussière qui sinstallent à ces places. La nature et les intempéries combleront ces empreintes et au printemps les herbes finiront de lisser ce qui ne demeura plus quun lointain souvenir.
Le lutteur emmitouflé dans une couverture sort de sa besace son dernier quignon. Il le porte à ses lèvres gercées et avale une bouchée que son estomac rejette aussitôt. Dabord dépité, puis envahi par un élan de colère, il balance le morceau de pain et se recroqueville immédiatement sur la douleur qui le compresse au creux de son étau.
Le croûton roule sur la terre battue jusquà ce qui fut un comptoir de fortune. Un léger sourire disloqué par un toussotement et il se souvient y avoir été poussé, rond comme une queue de pèle: Léa lui avait demandé de ranger ses « deux miches qui dépassent »
Quel benêt ! Se susurre-t-il, ne comprenant que maintenant le sous-entendu. Il avait répondu « Pour le pain je ne sais pas, je sais juste vider les fûts ! ».
Il se rappelle cet étrange liquide verdâtre nommé « génépi », certainement une farce de mauvais goût, produite par les satyres à lattention de Pan. Léa fut pour Rocabar ce satyre qui lui enfourna pintes généreuse dans le gosier, jusquà ce que dents du fond baignent et se noient.
Et lui de remettre ça en bon aristotélicien, offrant tournées sur tournées jusquà ce que le cuir râpeux de sa bourse indique à ses doigts quil venait de boire chacun des écus de ses victoires: Réussites arrachées par la force de ses longs bras chétifs.
Sainte-Boulasse soupire-t-il, tu nous as protégés et rendus invincibles pour ces joutes ! Tu as équilibré notre poids qui ne pesait pas assez lourd dans la balance municipale et tu nous as hissés au niveau de nos adversaires... et même fait triompher deux
Sil eut été en état de le faire, il eut porté sa choppe au ciel et de la vider dun trait au nom de lAmitié aristotélicienne. Mais ce nest plus lheure de la fête.
Un lièvre un peu gaillard sort sa tête dun fourré, il renifle les alentours du camp à ciel ouvert. Sa frimousse innocente, sa fourrure épaisse, sa démarche sautillante : un petit être fragile qui ouvre le cur de Rocabar sur des débordements de sentiments quen dautres circonstances il eut considérés comme de la mièvrerie.
Le lièvre senvole, arraché au sol par les serres dun majestueux milan royal.
Il revit ses combats. Il voit ses deux coéquipiers se jeter corps et âme sur les adversaires, jouant des mains, des pieds, des coudes, et lui, qui porté par une rage inconnue se retrouvait solidaire à leurs côtés, tirant, poussant, étranglant, tordant, brisant
Aelig... Maria... Chayou, Drack, Alba dArc, Raoul Dark... Celya, Nahilee... pardonnez-moi.
Rocabar est parti dAgen où il navait pas dami. Il a suivi la route vers Genève, seul, guidé par cette inspiration que lui a soufflée Dieu. Il sest fait battre et racketter à plusieurs reprises et même au seuil de la mort il a continué sa route. Il a persévéré, a fait de belles rencontres et se retrouve dans la seule équipe invaincue du tournoi. Mais voilà le doute qui sinstalle. Ce nest pas seulement bière et génépi qui laffaiblissaient comme il la cru pendant ces trois jours de compétition. Sa dernière action fut un combat et depuis il ne peut plus rien entreprendre, ses membres ne lui obéissent plus. Le nud est déserté, il est seul.
Rocabar : Dieu ! Tu mas sauvé de la mort voilà cinq années et tu mas guidé par ta lumière, et je lai suivie pour tracer cette nouvelle vie! Pourquoi donc si cest pour mabandonner ici après avoir infligé à mes semblables bleus, plaies et injures !?
Lorem_Ipsum : Merci Dieu de mavoir fait subir ces outrages, humiliations de mon ego et de ma chair !
Rocabar : Pourquoi ! Pourquoi ne pas mavoir fait mourir sous les coups dun de ces combattants plutôt que me soumettre à cette agonie solitaire, privé de tout soutien et des bénédictions qui me permettraient de te rejoindre selon les rites de ta Sainte-Eglise !
Lorem_Ipsum : Tu molestes ma chair et la meurtris dune si belle manière ! Tu mhonores par cette sublime douleur, douleur qui rayonne dans ma prison de chair ! Chritos a-t il éprouvé cet Infini dans son enveloppe charnelle avant de se rendre à tes cotés !?
Lorem sempare du patin et le secoue dun rire saccadé qui amplifie encore la pression insoutenable. Il multiplie ainsi les aiguilles brûlantes au coeur de ses tissus vivants.
Rocabar : Arrête pauvre fou ! Jveux pas crever comme ça !
Lorem_Ipsum: Du caaaaaaalme mon brave. Tes déçu ? Je nous ai amené ici juste pour éprouver la douleur, et regarde ! Dieu nous sert comme des princes ! NON! Comme des PROPHETES! Il veut nous libérer de cette souffrance terrestre! LE TRÈS HAUT SOIT LOUÉ !!!!! HAAAAAAA HAAHA!
Lorem pose une main sur lautre bras, Rocabar lutte mais la béatitude du masochiste est plus forte et dans son extase il plante ses ongles longs et durs dans ce qui ressemble très vite à une fontaine de sang.
Rocabar hurle, Lorem linterrompt de son rire dément, et ainsi les deux se disputent la propriété de ce corps mourant.
Plus tard dans la matinée, Rocabar reprend ses esprits. Il ouvre ses yeux et semble voir deux formes intrigantes un peu plus loin. Il essaye de sassoir pour mieux les discerner : ce sont deux couvertures. Il les reconnait, se sont celles de ses coéquipiers! Il a du mal à réaliser et très vite des larmes inondent ses yeux enfoncés par la maladie au centre de cernes brun-mauve.
Ces deux blondinets quil ne connaissait ni dAdam ni dEve avant ce tournoi seraient restés le veiller toute la nuit!?
Il se murmure à lui-même : Jignore qui recevra une couronne de laurier pour ce tournoi, mais la victoire ne fait plus aucun doute. Si je dois quitter ce monde ce sera en vainqueur, et mon prix dépasse la valeur de tous les écus du Royaume Pardonne moi Dieu davoir douté de toi.
[sur le noeud de Rolle]
- Le 4 Février 1462: lendemain des joutes -
Note : A lire sur cette ambiance
Rocabar est assis contre un arbre près du feu de camps de LIchtus. Le regard perdu au-dessus des braises, il contemple le combat de cette fébrile flamme contre le froid de Février. Il en est au point où même lever les mains au-dessus du foyer représente un effort insurmontable. Grelotant, il oublie un moment la douleur qui irradie tout son corps et le cloue sur place.
Autour de lui, des troncs darbres couchés et quelques grosses pierres forment un cercle qui hier encore portait ces silhouettes bruyantes, joviales, grinçantes, braillardes ou plus réservées : des âmes vivantes qui donnaient à cet endroit tout un sens que les vents ont balayé pendant la nuit. Au sol des traces de pieds et des sillons laissent deviner les hommes et les femmes qui se sont entrainés, défiés, battus, trainés, enivrés, encouragés, soignés... aimés
Désormais, ce sont les mousses et la poussière qui sinstallent à ces places. La nature et les intempéries combleront ces empreintes et au printemps les herbes finiront de lisser ce qui ne demeura plus quun lointain souvenir.
Le lutteur emmitouflé dans une couverture sort de sa besace son dernier quignon. Il le porte à ses lèvres gercées et avale une bouchée que son estomac rejette aussitôt. Dabord dépité, puis envahi par un élan de colère, il balance le morceau de pain et se recroqueville immédiatement sur la douleur qui le compresse au creux de son étau.
Le croûton roule sur la terre battue jusquà ce qui fut un comptoir de fortune. Un léger sourire disloqué par un toussotement et il se souvient y avoir été poussé, rond comme une queue de pèle: Léa lui avait demandé de ranger ses « deux miches qui dépassent »
Quel benêt ! Se susurre-t-il, ne comprenant que maintenant le sous-entendu. Il avait répondu « Pour le pain je ne sais pas, je sais juste vider les fûts ! ».
Il se rappelle cet étrange liquide verdâtre nommé « génépi », certainement une farce de mauvais goût, produite par les satyres à lattention de Pan. Léa fut pour Rocabar ce satyre qui lui enfourna pintes généreuse dans le gosier, jusquà ce que dents du fond baignent et se noient.
Et lui de remettre ça en bon aristotélicien, offrant tournées sur tournées jusquà ce que le cuir râpeux de sa bourse indique à ses doigts quil venait de boire chacun des écus de ses victoires: Réussites arrachées par la force de ses longs bras chétifs.
Sainte-Boulasse soupire-t-il, tu nous as protégés et rendus invincibles pour ces joutes ! Tu as équilibré notre poids qui ne pesait pas assez lourd dans la balance municipale et tu nous as hissés au niveau de nos adversaires... et même fait triompher deux
Sil eut été en état de le faire, il eut porté sa choppe au ciel et de la vider dun trait au nom de lAmitié aristotélicienne. Mais ce nest plus lheure de la fête.
Un lièvre un peu gaillard sort sa tête dun fourré, il renifle les alentours du camp à ciel ouvert. Sa frimousse innocente, sa fourrure épaisse, sa démarche sautillante : un petit être fragile qui ouvre le cur de Rocabar sur des débordements de sentiments quen dautres circonstances il eut considérés comme de la mièvrerie.
Le lièvre senvole, arraché au sol par les serres dun majestueux milan royal.
Il revit ses combats. Il voit ses deux coéquipiers se jeter corps et âme sur les adversaires, jouant des mains, des pieds, des coudes, et lui, qui porté par une rage inconnue se retrouvait solidaire à leurs côtés, tirant, poussant, étranglant, tordant, brisant
Aelig... Maria... Chayou, Drack, Alba dArc, Raoul Dark... Celya, Nahilee... pardonnez-moi.
Rocabar est parti dAgen où il navait pas dami. Il a suivi la route vers Genève, seul, guidé par cette inspiration que lui a soufflée Dieu. Il sest fait battre et racketter à plusieurs reprises et même au seuil de la mort il a continué sa route. Il a persévéré, a fait de belles rencontres et se retrouve dans la seule équipe invaincue du tournoi. Mais voilà le doute qui sinstalle. Ce nest pas seulement bière et génépi qui laffaiblissaient comme il la cru pendant ces trois jours de compétition. Sa dernière action fut un combat et depuis il ne peut plus rien entreprendre, ses membres ne lui obéissent plus. Le nud est déserté, il est seul.
Rocabar : Dieu ! Tu mas sauvé de la mort voilà cinq années et tu mas guidé par ta lumière, et je lai suivie pour tracer cette nouvelle vie! Pourquoi donc si cest pour mabandonner ici après avoir infligé à mes semblables bleus, plaies et injures !?
Lorem_Ipsum : Merci Dieu de mavoir fait subir ces outrages, humiliations de mon ego et de ma chair !
Rocabar : Pourquoi ! Pourquoi ne pas mavoir fait mourir sous les coups dun de ces combattants plutôt que me soumettre à cette agonie solitaire, privé de tout soutien et des bénédictions qui me permettraient de te rejoindre selon les rites de ta Sainte-Eglise !
Lorem_Ipsum : Tu molestes ma chair et la meurtris dune si belle manière ! Tu mhonores par cette sublime douleur, douleur qui rayonne dans ma prison de chair ! Chritos a-t il éprouvé cet Infini dans son enveloppe charnelle avant de se rendre à tes cotés !?
Lorem sempare du patin et le secoue dun rire saccadé qui amplifie encore la pression insoutenable. Il multiplie ainsi les aiguilles brûlantes au coeur de ses tissus vivants.
Rocabar : Arrête pauvre fou ! Jveux pas crever comme ça !
Lorem_Ipsum: Du caaaaaaalme mon brave. Tes déçu ? Je nous ai amené ici juste pour éprouver la douleur, et regarde ! Dieu nous sert comme des princes ! NON! Comme des PROPHETES! Il veut nous libérer de cette souffrance terrestre! LE TRÈS HAUT SOIT LOUÉ !!!!! HAAAAAAA HAAHA!
Lorem pose une main sur lautre bras, Rocabar lutte mais la béatitude du masochiste est plus forte et dans son extase il plante ses ongles longs et durs dans ce qui ressemble très vite à une fontaine de sang.
Rocabar hurle, Lorem linterrompt de son rire dément, et ainsi les deux se disputent la propriété de ce corps mourant.
Plus tard dans la matinée, Rocabar reprend ses esprits. Il ouvre ses yeux et semble voir deux formes intrigantes un peu plus loin. Il essaye de sassoir pour mieux les discerner : ce sont deux couvertures. Il les reconnait, se sont celles de ses coéquipiers! Il a du mal à réaliser et très vite des larmes inondent ses yeux enfoncés par la maladie au centre de cernes brun-mauve.
Ces deux blondinets quil ne connaissait ni dAdam ni dEve avant ce tournoi seraient restés le veiller toute la nuit!?
Il se murmure à lui-même : Jignore qui recevra une couronne de laurier pour ce tournoi, mais la victoire ne fait plus aucun doute. Si je dois quitter ce monde ce sera en vainqueur, et mon prix dépasse la valeur de tous les écus du Royaume Pardonne moi Dieu davoir douté de toi.