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[RP] Les prières n'atteignent pas toujours le ciel

Elianor_de_vergy
Une petite semaine à peine après des retrouvailles conjugales d'une tendresse aisée à imaginer lorsqu'on connaissait l'amour débordant qui les unissait, la quintefeuille avait éprouvé l'irrépressible envie de prendre le large. Encore lui fallait-il trouver une raison plausible car la dernière chose au monde qu'elle voulait, c'était laisser penser à son époux qu'elle fuyait ses délicates attentions. Voilà qui l'aurait bien trop réjoui.

Mais après tout la raison existait, toute trouvée. Elle se nommait Guilhem von Frayner. Quoi de plus légitime après tout que d'aller vérifier que l'héritier était convenablement choyé et nourri? Car comme chacun sait, l'air des villes est profondément vicié et dangereux pour les enfants en bas âge. Les aimants parents avaient donc laissé l'enfançon et sa nourrice derrière les hauts murs de l'Aigle et c'est ainsi que la duchesse de poche avait pu s'offrir le luxe de quelques jours de repos loin d'Alençon. Séjour trop bref à son goût mais qu'elle ne pouvait prolonger davantage. Elle s'était donc résignée à reprendre la route ce matin et écoutait distraitement les bavardages de son entourage lorsqu'une phrase happée au vol la tira de ses pensées. L'archevêque de Rouen séjournait à Verneuil. Prise d'une impulsion subite, elle ordonna aussitôt un changement d'itinéraire.


Halte là! Bifurque, nous ferons un détour par Verneuil. Je me dois d'aller saluer Monseigneur.

Ce n'est qu'une fois arrivée sur le parvis de l'église locale qu'elle mesura pleinement la situation. Elle ne connaissait le prélat ni d'Eve ni d'Adam. Evidemment, son rang aurait suffi à lui obtenir audience mais elle tenait assez peu au fond à s'infliger une entrevue vide de sens puisqu'elle n'avait rien à dire à l'archevêque. Bah! Qui saurait au final qu'elle ne l'avait pas rencontré? Ses gens étaient habitués à obéir sans discuter au moindre de ses caprices et après tout puisqu'elle était là, un instant de recueillement dans le lieu saint retarderait toujours d'autant son retour dans la capitale.

Elle pénétra donc dans l'édifice et en remonta la nef à pas lents. Dédaignant la travée centrale pourtant déserte, elle se glissa dans l'une des chapelles latérales et s'agenouilla. Joignant les mains et inclinant la tête, elle tâcha _ si, si, promis, elle essaya vraiment _ de prier. Peine perdue. Malgré toute sa piété, le calme de l'église cette fois ne l'apaisait nullement. La blessure était trop forte, et trop récente. Et les doigts dévidant l'un après l'autre les grains du chapelet, ce n'était pas des Notre Père qu'elle récitait cette fois-là. Sa seule prière du jour était bien plus courte. Bien plus simple. Et bien moins aristotélicienne.


Qu'il souffre.... Mais qu'il ait mal... Que la lèpre lui mange la face, que son vit tombe en charogne... N'importe quoi mais qu'il souffre!

Oui, décidément, que la duchesse était donc douce et pieuse.
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L'entrée royale à Paris c'est par ici ! Et par là pour le bal.
Anaon

    *

    Le vin tourne lentement dans le calice, moirant le métal mordoré de reflets cardinales. Les reliefs de la coupe accrochent des arrêtes de lumière et le regard se relève sur la lueur hachée qui filtre par le bois évidé, semblable à un large soupirail. L'air est figé par ces silences inviolables, improbables, dont l'absolu vous colle une impression de vertiges ou de profondeur oppressante. Là est une curiosité toute ecclésiastique, de faire ressembler la maison de leur dieu plus à un tombeau qu'à un lieu de vie et de joie pieuse. Toujours cette manie, de nourrir la foy d'un verre à moitié vide plutôt qu'à verre à moitié plein. Un fatalisme latent, qui avait toujours interloqué l'Anaon et qu'elle avait fini par mépriser de toutes les fibres de son être, comme le noble crache sur le gueux de le savoir si faible, incapable de survie sans assistance, sans le bon vouloir et la miséricorde de son seigneur. La religion... Théâtre humain simplement reporté à échelle divine, ni plus ni moins. Des hommes qui se prennent pour des dieux et un dieu trop perfectible pour être honnête quand il prétend ne pas être humain.
    Hypocrisie.

    Les lèvres embrassent le calice, dérobé sans aucun mal d'une porte dont elle a ouvert la serrure comme on ouvrirait les cuisses de la putain du bourg. Sans aucune résistance. Et à la discrétion du confessionnal, elle plonge ses idées vides dans le goût du picrate qui lui tapisse la gorge. Étrange... Bien étrange de voir la mercenaire se tenir-là, si tranquille, dans un lieu Saint. Les missels n'ont pas flambé, la crédence est toujours recouverte de son lin blanc laissé tout immaculé. Le ciboire n'a pas disparu, le tabernacle ne montre aucun flanc vide et profané. Rien d'autre ne vient troubler la tranquillité des lieux que la provocation passive de la païenne qui se livre à un sacrilège presque trop sage. Une botte boueuse appuyée sur le siège, un soupir et le dos de la mercenaire se carre contre le mur du confessionnal.

    La balafrée n'est pourtant venue dans aucun but belliqueux, et encore moins dans l'idée de se livrer à un ou deux repentirs. Elle s'est rendue à l'église dans un infime soupçon d'espoir. Mais l'Absent recherché ne s'affairait pas même à son rôle de sacristain. Voilà plusieurs jours qu'elle n'a pas vu Judas. Elle ne le cherchait pas vraiment. Elle ne lui avait pas écrit pour lui dire de se rappeler à elle. Elle n'avait pas demandé à ce qu'il la rejoigne. Si quelque renouement avait eu lieu, les blessures et les rancœurs n'étaient en rien refermées. Par fierté, par pudeur et parce qu'après tous ces écueils un certain malaise demeurait, l'Anaon ne pouvait et ne voulait plus témoigner à Judas une affection évidente. Ne plus le solliciter, si lui ne venait pas. Perdue dans ses ressentis. Désireuse aussi de ne plus s'emballer en effusion sentimentale, pour se protéger des déceptions qui reviendront obligatoirement. Un amour expectative. Une passion désinvolte. Anaon se faisait retrait. Pourtant, malgré cette indifférence qui lui forge une seconde peau, tous les soirs, l'Anaon se rendait à "La Sans Nom". Et elle attendait, seule dans la taverne, les pieds posés contre le rebord de l'âtre, la pipe plantée au coin des lèvres... Attendre, que la providence fasse bien les choses ou que les sentiments du seigneur se manifestent d'une quelconque manière. Et chaque soir, il ne se passait rien.

    A nouveau, le calice tourne entre les doigts de la femme. Tête vidée de toutes pensées constructives. Les quatre murs du confessionnal prendraient presque un air de cocon. Un bruit résonne soudain, troublant le néant spirituel de la balafrée. On a ouvert la grande porte de l'église. L'oreille se tend, tentant de suivre les froissements discrets qui trahissent la marche. La sacrilège ne s'alarme pas de l'arrivée d'une autre présence. Tout au pire, tombera-t-elle sur Fitz ou Judas. L'un dans l'autre, çà ne pourrait pas être un drame. Privilège quand tu nous tiens.

    Ça a bifurqué par le transept et s'arrête sans doute dans la chapelle. La balafrée reste immobile. C'est alors que des murmures se libèrent. Les sourcils se froncent un peu et le visage pivote dans la direction de la voix, sa vision se heurtant à l'encoignure du confessionnal. Une voix de femme. La mercenaire a l'ouïe fine et le silence régnant est étrangement traître. Les mots qu'elle perçoit ne sont pas de ceux qui dentellent habituellement les ribambelles de prières. La curiosité de la sicaire est piquée à vif et c'est alors qu'à l'abri de tout regard, elle ne peut s'empêcher d'avancer d'une voix calme :

    _ Je crois sentir, un fort besoin de confession ma fille...

Musique : " Anne's execution Chant " The Thudors saison 2, par Trevor Morris
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Images originales: Victoria Francès, Concept Art Diablo 3 - Anaon dit Anaonne[Clik] Réponses au ralenti pour une ou deux semaines
Elianor_de_vergy
La poupée sursauta en entendant la voix. Persuadée d'être seule dans le sanctuaire, elle s'était étourdiment laissée aller, et venait de se faire pincer en flagrant délit. Difficile de nier a minima le péché de colère quand des paroles comme celles qu'elle venait de prononcer semblaient flotter encore dans l'air... Et résonner aux oreilles de l'ombre qu'elle distinguait à peine dans l'abri du confessionnal.

Un instant, elle eut envie d'accepter la proposition. Force de l'habitude, faiblesse du caractère, elle fut tentée de se réfugier dans la routine. Confesser, s'accuser, se repentir, prier, c'était là une rengaine qu'elle connaissait. Un enchaînement qu'elle avait appris à maîtriser à la perfection depuis son mariage. Je confesse que j'ai cédé à la colère, je m'accuse d'être une mauvaise épouse incapable de donner satisfaction à son mari, j'en suis désolée, c'est mal, je ferai mieux la prochaine fois. Air connu.

Et puis non. Cette fois le petit oiseau n'avait nulle envie de seriner sa mélodie habituelle. L'obéissance et la soumission n'avaient servi à rien: les barreaux de la cage étaient toujours là; et elle était lasse de se cogner contre à chaque battement d'aile.

Haussant les épaules, elle tourna la tête dans la direction dont _ lui semblait-il _ venait la voix et répondit d'un ton passablement énervé.


Une confession pour quelques paroles en l'air? Il faudrait alourdir un peu les charges sinon vous allez périr d'ennui en m'écoutant. Ca n'est pas d'oreilles que j'ai besoin, ce serait plutôt de mains prêtes à se salir!
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Anaon

    Dans son cloître de bois, elle rehausse un sourcil. Un coin de lèvre se tire, imperceptiblement.

    _ Là ne sont les paroles que l'on livre habituellement aux oreilles du Très-Haut...

    Lentement, le pied descend du siège, et le corps pivote pour rapprocher l'oreille au plus près du pan ciré. L'attention se dévoue tout entière à cette voix qui perce presque fluette et rebelle le silence de plomb de l'église. Voilà un hasard des plus intéressants. Le mineur a senti le bon filon. Les pensées jusque là vides s'animent d'un rouage bien huilé et le cœur met ses sourdines. Vénale mécanique.

    _ Parait-il que Dieu est juste... Qu'il accorde miséricorde au méritant et qu'il sait punir d'une main de fer les pécheurs et les dévoyés. Peut-être serait-il prêt à vous prêter l'esgourde...

    Le vin n'a soudainement plus d'importance. La mercenaire se redresse, et d'un geste sec, qu'elle veut bien sonore, elle tire le judas qui obstrue le grillage de la loge voisine dans une invitation claire et évidente.

    _ … sans doute trouvera-t-il même un moyen d'exhausser vos prières. Pour peu que vous vous livrez avec un peu plus de franchise....

    La balafrée se carre à nouveau contre le mur. L'oreille guète le moindre mouvement de la femme que la voix trahit jeune. Une fuite peut-être. Un jet outragé de paroles. Il n'est pas dit que l'inconnue morde au sibyllin de ses propos. Il est rare par ailleurs qu'un reproche se meut en réel désir de vengeance... Il est plus rare encore, que les victimes ose passer de l'envie à la concrétisation. Mais le vrai crime serait de ne pas tenter de faire éclore un germe si prometteur...

    _ Considérez... Que je suis... un peu comme sa volonté. Une volonté libre. Plus adaptable et plus arrangeante. A porté de mortel. Je ne me repais d'aucune prière, je préfère me sustenter d'essence plus matérielle. N'ayez crainte. Je suis sûre qu'après votre confession, nous parviendrons à trouver un... accord.


    Les azurites fixent la porte qui lui fait face et ces grains de poussières qui dansent dans la lumière. Est-ce que l'ombre d'une silhouette va en opacifier momentanément la lueur ? Instant en suspension. La tête se tourne légèrement dans l'attente d'entendre le bois grincé sous le poids de son éventuel commanditaire qui aurait concédé à la rejoindre dans le confessionnal.

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Elianor_de_vergy
La quintefeuille rougit aux premières paroles de la réponse. Ses propos, en effet, n'étaient pas de ceux qu'on lançait d'ordinaire vers les voûtes et croisées d'ogive des demeures du Très Haut. Et elle s'attendait à demi à récolter en retour un sermon bien senti condamnant le péché de colère dont elle venait de se rendre coupable. Elle eut pire. Du moins cela commença-t-il mal. Dieu, juste? Les dévoyés, punis? Quelle vaste plaisanterie ! Dans l'au-delà oui, peut-être. Intimement il faut le reconnaître, la poupée restait persuadée que la justice divine frapperait ou récompenserait chacun selon ses mérites. Seulement l'au-delà c'était bien beau mais... terriblement lointain. Et elle était lasse d'attendre. Elle, c'était ici-bas qu'elle voulait réparation, comme elle s'apprêtait à le répliquer vertement. Mais les dernières paroles, énigmatiques, de son invisible interlocuteur, lui coupèrent le sifflet. S'agissait-il d'une offre? Ou bien sa brûlante envie de vengeance lui faisait-elle entrevoir une solution là où il n'y avait que lénifiants poncifs?

Elle hésita. Et quand bien même il s'agissait là d'une offre _ car avouons que malgré l'ambiguïté des termes, ils n'avaient de toute façon rien du prêchi-prêcha habituellement servir par les ecclésiastiques _ oserait-elle la relever? L'avait-il poussé suffisamment loin dans ses retranchements pour faire sauter à la boiteuse un tel fossé entre son ressentiment et tout ce qu'on lui avait jamais inculqué sur ses devoirs?

Le bruit du grillage coulissant dans l'une des loges latérales du confessionnal, bien connu pour une grenouille de bénitier dans son genre, la fit sursauter. Lentement, elle se redressa. Pas assez lentement toutefois pour ne pas réveiller les élancements douloureux de son dos meurtri. Et cette douleur qui lui vrilla les chairs balaya ses derniers atermoiements. Autant en emporte le vent de la haine conjugale. Au pire elle pourrait toujours prétendre avoir mal compris les propos de son tentateur, n'est-ce pas?

A pas feutrés, elle se glissa dans la loge, s'agenouilla sur le petit banc réservé aux pénitents et se livra sotto voce à une confession d'un genre particulier.


Pardonnez-moi alors puisque je m'apprête à pécher... Et je viens sans crainte confesser... Que je veux faire souffrir mon prochain...
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Anaon

    Elle est entrée. Elle a entendu ses jupons froisser et son pied se poser dans le confessionnal. Le cœur s'emballe sur quelques foulées d'une brève jubilation. La mercenaire voit se profiler à l'horizon une promesse d'argent qui a tendance à lui fait défaut ces derniers temps... en plus d'y trouver un moyen de tuer l'ennui mortifère qui l'emprisonne depuis qu'elle s'est "lié" à l'Alençon.


    " Pardonnez-moi alors puisque je m'apprête à pécher... Et je viens sans crainte confesser... Que je veux faire souffrir mon prochain... "

    _ Vous êtes pardonné pour votre aveu... Et vous ne pourrez être blâmé de vouloir demander la justice que le seigneur affirme vouloir nous offrir.

    La balafrée choisit ses mots, la païenne se fait velours. Et chacune des deux protagonistes avancent ensemble à pas de loup, sur ce terrain qui semble pourtant les réunir. Des précautionneuses, qui craignent de mal comprendre et qui s'attendent à chaque instant de voir la mâchoire du quiproquo se refermer sur leur cheville comme celle d'un piège à loup. Il est pourtant aisé de ne pas être dupe... La voix qui fait échos n'est pas celle d'un curé. Et à remarquer ce timbre tout femme, on pourrait aisément s'assurer qu'elle n'est pas ici pour accorder des confessions ordinaires... Et ce jeu des mots l'amuse...

    _ Livrez-vous sans crainte, ma fille, vos mots ne sauront sortir de ce lieu. Il n'y aura que mes oreilles pour seul témoin de vos aveux. Je crois que même le Très-Haut a détourné les yeux, pour l'heure. Il ne vous tiendrait pas rigueur d'exprimer librement quelques sentiments de vengeance, normalement dénigrés par la sainte Eglise. Alors parlez sans écueil... Qui est donc ce prochain que vous semblez tant haïr ? Et qu'a pu faire ce coupable qui pourrait justifier... que je puisse lever la main pour le forcer à la pénitence ?

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Elianor_de_vergy
La poupée sentit un léger frisson la parcourir. A mots couverts, certes, son mystérieux vis-à-vis confirmait ce que ses premiers propos lui avaient fait pressentir. Il y avait là quelqu'un avec qui on pouvait s'entendre. Les premières hésitations envolées, il lui fallait même admettre que tout dans ce curieux entretien déclenchait en elle une certaine excitation. Jusqu'à l'endroit où il se tenait et qu'il lui aurait paru blasphématoire quelques instants plus tôt de profaner par un tel comportement. Elle découvrait le goût de l'interdit et de sa transgression. Elle apprenait que la patiente préparation d'un forfait pouvait être aussi délicieuse que son accomplissement était satisfaisant. Si elle avait su, elle aurait pu comparer cet instant à celui où, leurs lèvres disjointes encore, deux amants mêlent leurs souffles et se retiennent au bord du désir, leur baiser n'étant que promesse à venir. Mais son expérience plus que limitée en la matière interdisait à la frigidifiée de filer pareille métaphore. Il lui restait cette constatation qui s'imposait intimement à elle: la perspective de faire flanquer une rouste à son époux était déjà délectable; se charger du petit complot pour y parvenir rendait l'opération franchement jouissive.

Un petit bout de langue pointa entre les lèvres ducales et vint les humecter. Dans l'étrange pas de deux qu'elle dansait maintenant, la chorégraphie imposait de choisir ses mots avec soin. "Qui est donc ce prochain que vous semblez tant haïr"? Une raclure, mon époux, un pervers déséquilibré, la réponse D. Chacune de ces réponses aurait été exacte (bon, sauf la réponse D; mais la réponse D n'est jamais la bonne, c'est bien connu; bref). Mais aucune n'aurait été vraiment... appropriée... au contexte présent. La quintefeuille choisit donc un registre plus adapté. Se livrer sans crainte était une chose. Se livrer sans fard en était une autre, à laquelle elle n'était pas encore décidée.


C'est... mon associé. Je... Manquais d'expérience, lorsque nous nous sommes liés et il en profita pour m'imposer un contrat que je trouve aujourd'hui trop à mon désavantage. Mais il... refuse d'en renégocier les termes, s'emporte lorsque j'en émets l'idée et se permet en prime d'y porter des accrocs que je suis lasse de tolérer. Je veux contraindre ce partenaire indélicat à faire preuve d'un peu plus de souplesse, dirons-nous. Pensez-vous pouvoir m'y aider?

Le débit avait été lent, mesuré. Elle avait pesé chacune des paroles qui était sortie de sa bouche, et aucune n'était fausse. Mais là était la magie des mots: ils occultaient simplement le fait que l'associé portait aussi le nom de mari, et que le contrat en question était un contrat de mariage. Ils transformaient la violence en simple emportement, la débauche en accrocs et l'envie de vengeance en lassitude. Mais au final, ils ne celaient rien de l'essentiel: il n'y avait pas là simple caprice ou énervement passager mais haine bien cuite et recuite. Elle ne voulait pas qu'il meure, loin de là. Il pouvait encore lui être utile. Mais elle voulait qu'il souffre, qu'il ressente les mêmes affres que celles qu'il lui infligeait. Qu'il se débatte. Et, raffinement suprême, qu'il ne comprenne pas d'où venait le coup.
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Anaon

    L'oreille se fait des plus attentives. Quand on contracte un contrat justement, chaque terme pèse dans la balance et chaque mot peut valoir la réussite ou l'échec de la mission. La mort du mis à prix, ou sa mort à elle. Des associés ? Dans ce monde misogyne on s'associe bien peu avec les femmes, pour les grandes affaires encore moins, parce que ce serait peu convenable et çà prêterait à ragot. L'idée que l'association soit maritale lui traverse bien évidemment l'esprit, mais son hypothétique commanditaire joue aussi de mots couverts qui laissent peu de place à l'absolue certitude.

    _ Bien sûr que oui, je peux vous aider. Je suis là pour vous mener vers une vie meilleure, quels qu'en soient les moyens.

    Les azurites ne quittent pas les arabesques qui sculptent sa porte et laissent passer des éclats mordorés semblables à des haillons de lumières. Toute l'attention reste cependant scellée aux lèvres de sa mystérieuse visiteuse. Un dicton dit que "La violence ne résout pas les problèmes". Non. Elle les élimine...

    _ Dites-moi tout ce que vous avez sur le cœur. Moi je me chargerai de vous en soulager. Laissez donc sortir tout ce qui vous gangrène. Qu'auriez-vous aimez qu'il lui arrive ? Voulez-vous seulement l'inciter à rejoindre votre avis ? L'enjoindre de vous présenter quelques excuses ? Ou bien avez-vous les pensées plus viciées ?

    L'envie de boire s'est dissipée. Les traits se font plus consciencieux. Déjà la sicaire rédige les termes de leur contrat dans son esprit.

    _ Vous voudriez qu'il paye n'est-ce pas ? Qu'il reçoive châtiment pour vous avoir blessée ? Les hommes vous mettent bien souvent des carcans qui vous scient la chair jusqu'à l'os. Des mots comme des poids aux chevilles, dans leur insatiable volonté de se croire Dieu à s'arroger puissance et droit de vie sur de simple brebis. Eux, qui ne sont rien d'autre que des boucs galeux dénués de bon sens... Parce que vous êtes née sans les cornes, il vous condamne à la faiblesse et à l'abus. Mais là n'est pas le sens de la justice, n'est-ce pas ? On dit qu'un simple fils de charpentier est devenu messie et roi des Juifs. Alors pourquoi une femme ne pourrait pas aussi inspirer un tel respect et une pareille crainte ?

    L'Anaon prend des risques. Elle se fait plus incisive. Elle a besoin d'argent. Il lui faut un contrat. A elle de galvaniser et d'attiser la haine que la "repentante" porte pour l'homme qui lui a fait du tort. Qu'elle lui en veuille davantage. Qu'elle se révolte de se savoir soumise à lui. Qu'elle se convint qu'il n'a pas le droit de lui faire çà. Qu'elle doit se venger de lui. Coupable ou innocent ? Là ne sont pas des questions que l'Anaon se pose. Quand l'écu tinte, tous deviennent contrats.

    Le corps se meut, la tempe s'appuie contre le bois du confessionnal, portant ses lèvres là, à la lisière du fer, tout contre la grille du soupirail.

    _ Laissez-moi être le loup parmi les boucs. Un loup qui peut simplement hurler. Un loup qui peut menacer. Qui peut mordre si vous le souhaitez... ou même égorger.


    Une inspiration. Et de reprendre plus naturellement.

    _ A-t-il un nom, ce pêcheur sur lequel vous jeter l'opprobre ?

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Elianor_de_vergy
Etait-elle si transparente? Ou bien sa confesseuse d'un genre si particulier était-elle si douée pour vous ouvrir jusqu'à l'âme et y déceler des noirceurs dont vous-même soupçonniez à peine l'existence? Presque malgré elle, la quintefeuille dodelina ça et là de la tête à certains points du discours, un coup oui, un coup non.

Rejoindre son avis? Ce n'était pas son idée première à vrai dire. Au fond, en une ou plusieurs raclées, elle parvenait néanmoins toujours à ses fins. Quitte à user, comme par le passé, de certaine matrice de scel fort bien imitée lorsque le détenteur de l'original se montrait trop...Obtus... Evidemment, des voies moins détournées pour atteindre ses objectifs lui faciliteraient la vie mais ce n'était pas ce à quoi elle aspirait ce jour.

Des excuses? Mhhhh... L'idée était déjà plus attrayante. Voir l'orgueilleux rabattre ses prétentions et sommé de reconnaître ses mérites, voilà qui flattait l'imagination. Mais... Mais ce serait se découvrir, trop tôt, trop vite. Elle n'avait pas envie qu'il devine aisément d'où venait le coup. Où serait l'amusement sinon?

Alors... Plus vicié? Oui, oh oui! Qu'il paye, qu'il souffre. Et qu'elle puisse s'en délecter. Oh, elle s'imaginait d'ici, veillant à son chevet comme une épouse dévoué, pansant les plaies qu'elle lui aurait elle-même fait infliger et se délectant de savoir et de le tenir dans l'ignorance... Un sourire étira les lèvres minces. Un sourire qui n'avait rien de l'habituelle mimique gracieuse et amusée de la poupée. Un sourire plus carnassier. Quoi de plus indiqué, pour répondre à un loup, que de découvrir à son tour les crocs?


Egorger, non. Trop... définitif, pour l'instant du moins. N'est-il pas de notre devoir d'offrir au pécheur une chance de se racheter avant de le condamner? Mais mordre, voilà qui me paraît bien plus séduisant. Mordre, et avertir.

Il est là. Le point de non-retour. Tout jusqu'ici pourrait encore être balayé d'un revers de main. Il lui suffirait de se lever, de quitter le confessionnal et de sortir rejoindre ses gens. Ne resteraient plus que le souvenir d'un jeu de chat et de souris, et une peu orthodoxe mais efficace façon de se soulager le coeur. Oui, tout pourrait s'arrêter. Mais tout peut aussi se poursuivre. Et cette fois, foin de faux-semblants. On ne planifie pas un aussi joli petit complot domestique avec uniquement des sous-entendus et des demi-mots.

Un bon coup de lame. Pas mortel, nous sommes bien d'accord. Juste... de quoi l'aliter quelques temps disons. Et un avertissement à délivrer. L'endroit, l'heure, la façon de réussir, peu me chaut tant qu'il ne remonte pas jusqu'à moi. Combien, pour une petite opération de ce genre? J'imagine que même votre piété a ses limites, et qu'elle ne se paie pas uniquement en prières et cierges?

Dernier détail. Presque amusant, quand on y songe. Pour une fois qu'avoir une belle-famille haïssable devient un avantage.

Son nom? Von Frayner.
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Anaon

    "Egorger, non. Trop... définitif, pour l'instant du moins. N'est-il pas de notre devoir d'offrir au pécheur une chance de se racheter avant de le condamner ? Mais mordre, voilà qui me paraît bien plus séduisant. Mordre, et avertir."

    Les lèvres s'étirent dans un large sourire. Diverti. Amusé, oui. Elle est amusée par le jeu qui noue leur deux voix. Elle ne sent plus la petite hésitation dans les mots de son interlocutrice. Elle joue des principes de la foi dans une assurance toute malicieuse. Pernicieuse. La mercenaire sait son embaucheuse déterminée. Elles vont enfin pouvoir parler.

    L'attention reste aiguisée, mais plus aux gestes de la présence voisine, à sa respiration ou aux froissements de ses jupons. Rivée aux mots qui sourdent des lèvres qu'elle ne peut pas voir, elle surveille désormais les bruits qui s'échappent de l'église. Guetter la porte qui pourrait s'ouvrir ou le moindre signe d'une présence qui pourrait intercepter leur conciliabule et compromettre tout le forfait qu'elles sont en train de fomenter.

    A la seconde réplique de la jeune femme, l'Anaon acquiesce pour elle-même avant de déformer davantage la ligne creusée qui lui fend les deux joues. Et le sourire se fait rictus. Oui... Vénale je suis, et cupide aussi.

    Mais alors... Alors l'expression se fige, sur ce sourire qui nargue l'hébètement qui s'affiche dans ses yeux.


    "Son nom? Von Frayner. "

    Von Frayner... Un mince frison lui glace la colonne, hérissant le duvet qui lui couvre la nuque. Von Frayner ?! Judas Von Frayner ?! Qui Von Frayner ! Un petit vent de tempête se lève dans le crâne brun et l'identité jusqu'à lors insignifiante de sa commanditaire devient une véritable question de survie. Serait-ce Isaure ? Non ! Elle reconnaitrait d'entre mille la voix détestable de la gamine pour la mépriser au plus haut point ! La sicaire brave alors l'anonymat, penchant la tête pour tenter de voir sans être vu par delà le grillage, le visage de celle qui prétend vouloir punir ce nom qu'elle porte au cœur pour en aimer un homme. Tramée par le fer qui lui fait comme des baguettes de plomb d'un vitrail, la balafrée ne voit qu'une chevelure blonde, ondoyant d'une tête pieusement baissée vers le prie-dieu. La mercenaire se recule, s'adossant à nouveau contre le mur du confessionnal. Judas lui a-t-il un jour parlé d'une blonde ? Peut-être. Sans doute que non. Le seigneur est tissé de mensonges et de mystères, autant que d'aventures de femmes et de secrets de polichinelles. S'associer à une blonde d'une quelconque manière ne serait pas improbable de la part du plus dévoyé des Von Frayner

    Les sourcils passablement froncés, la mercenaire s'empresse de mettre un terme au silence qui commence à s'étirer.

    _ Les Von Frayner mâles ne sont pas réputés pour être de bons croyants. Et encore moins de bons maris.

    Le calice se porte à ses lèvres, avant de se raviser.

    _Von Frayner. Une famille royale. S'attaquer à un Von Fayner serait comme s'attaquer à une ancienne France couronnée. Un risque certain... et qui n'est pas anodin. Pour un contrat d'une telle ampleur, je crois que nous pouvons négocier un prix à quatre chiffres.

    La coupe tourne à nouveau entre ses doigts. Préoccupée. Un contrat sur un Von Frayner. Voilà quelque chose de bien inattendu. Souiller du sang ce nom qu'elle a contribué à perpétuer en donnant une vie bâtarde de ses entrailles.

    _ Je vous assure que le travail sera bien fait. Vous aurez le loisir d'admirer pendant des jours son agonie. Son rétablissement sera lent et je vous donnerais les clefs pour le faire durer encore ou bien l'accélérer à votre convenance. Une moitié du versement avant la réalisation. La seconde après votre satisfaction. Il me faudra son prénom. Sa description. Ses lieux de fréquentations, ses habitudes, quoique ce soit qui pourrait m'être utile. Si vous souhaitez garder l'anonymat, je le respecterais. Mais il me faudra un moyen de vous contacter. Et j'en ferai de même.


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Images originales: Victoria Francès, Concept Art Diablo 3 - Anaon dit Anaonne[Clik] Réponses au ralenti pour une ou deux semaines
Elianor_de_vergy
A peine avait-elle lâché le nom de la future cible que la quintefeuille connut un instant d'affreux et glacial désarroi. Ce fut infime, presque impalpable et pourtant c'était bien là. Preuve en étaient ce silence, un rien trop long; ce léger mouvement perçu de l'autre côté de la grille. Des détails, trois fois rien, mais révélateurs: : le nom qu'elle venait de livrer déclenchait quelque chose chez son interlocutrice. Quoi? Elle n'aurait su le dire. Mais assurément il y avait là anguille sous roche. Et la blonde soudain trembla. Tout ce subtil échafaudage allait-il brusquement s'écrouler à cause de ce nom honni?

Von Frayner. Une famille royale. S'attaquer à un Von Fayner serait comme s'attaquer à une ancienne France couronnée. Un risque certain... et qui n'est pas anodin. Pour un contrat d'une telle ampleur, je crois que nous pouvons négocier un prix à quatre chiffres.

Ce n'est que lorsqu'elle relâcha sa respiration qu'elle s'aperçut qu'elle l'avait, inconsciemment, retenue. Mais le soulagement était là, palpable. S'il n'était question que d'argent, elle avait les ressources nécessaires. Ou se les procurerait, qu'importe le moyen! Donner une correction à son butor de mari valait bien quelques petits sacrifices et elle était prête à donner en gage certains de ses bijoux s'il le fallait pour obtenir de quoi payer la mercenaire. Non, la pécune n'était pas un obstacle.

Votre prix sera le mien. Tant que la... besogne est bien faite, je n'entends pas vous barguigner la récompense, soyez-en sûre.

A plusieurs reprises au fil des derniers propos de sa vis-à-vis, la tête blonde s'inclina en guise d'assentiment. Ce qu'il fallait dire avait été dit, le reste serait silence. Ou, plus exactement, le reste serait mis au point ailleurs. En des temps et lieux plus secrets, où nulle oreille indiscrète ne risquerait d'en apprendre trop sur la petite machination qui se tramait. La gestation de l'oeuvre commençait, son enfantement aurait lieu dans les cris et le sang, comme il se doit. Mais pas celui de la quintefeuille, pour une fois.
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L'entrée royale à Paris c'est par ici ! Et par là pour le bal.
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