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[RP] Autant en emporte l'Ambroise.

Nathan
« Je n'ai jamais promis fidélité à quiconque. Je me suis parfois voilé de la nostalgie de l'innocence fidèle, mais jamais, mes propos à teneur de fidélité ne furent remplis de véracité. Tous sonnèrent creux. »
NATHAN


Johanara & Nathan. Nathan & Johanara. À la vie, à la mort, pour toujours. Hors d'un contexte, leur relation se serait grimée dans des oripeaux sirupeux. Les deux se firent fanatique de l'un, comme de l'autre. Ils étaient indissociables, complémentaires, harmonieux. Pour sûr qu'ils auraient fait un couple parfait. Pour sûr qu'ils auraient été le viatique du désir, la quintessence de la passion. Avec les "si", le monde est refait de bien des manières. Nathan et Johanara furent contraints d'être des amants maudits. Ils ne purent jamais se dirent oui. Ils ne purent jamais espérer un avenir meilleur. Les deux, par des sentiers sinueux, essayèrent de réparer les erreurs d'un lourd passé, sans réussite. Telle une hydre, l'erreur les suivit. Leur amour était tacite, connu de tous, admiré par certains, jalousé par d'autres, vilipendé bien des fois, et pourtant, ils bravèrent les impedimentas tout en renforçant leur assentiment à s'aimer davantage.


Nathan n'eut des yeux que pour elle, pendant bien des années. Il la plaça en haut de son désir. Il la convoita, la décrocha mais jamais, jamais il ne la toucha, juste à peine... Il eut l'audace de l'effleurer. Et, juste un effleurement eut raison de son désir. La sylphide eut le goût de l’inaccessible, et, Apollon, tel un enfant gâté, gagea d'atteindre l'impossible. Un sysiphe qui les conduirait, inévitablement au drame. L'opiniâtreté chez les Ambroise eut des atours suicidaires. Les urbanités, les simagrées, les déférences, tout ce qui faisait Ambroise au public n'était que vétille entre eux. Ils s'aimaient. Il était nu pour elle. Elle était nue pour lui. Dans les eaux troubles d'une vie à moitié gâchée. Les tendres regards, les nuits entières où ils se lovèrent dans leurs bras, les rires, les peines, les joies, l'espoir... Leurs souvenirs purent se résumer en un apophtegme. La véritable passion. Un amour où le boudoir fut envisagé et jamais atteint, un amour haut en couleur, à l'image de leurs caractères. Un faix parcimonieux, impossible de partager. Ils portèrent le poids de leur amour dans l'opulence, le faste et la démesure.

Nathan connut la déchéance. Il frôla mort, il vit l'homme mourir. Il s'engagea dans le courroux. Il retourna sa veste. Être probe dans ce monde ne lui servit à rien. L'assassinat se fit aussi bien dans la chair de son sosie que dans son esprit bavoché. Il retourna à Limoges. Un duc en perdition, prêt à se jeter dans les bras de sa famille qu'il dénigra par le passé. Il se sentit affaiblit, dépossédé, abattu et pour la première fois de sa vie, réellement ruiné. Sidjéno n'était plus que l'ombre de lui-même. Où était parti la dorure ? Où était parti le teint éclatant ? Loin. Très loin. Affaibli, tel un tiercelet, le teint diaphane, il dut se plier aux dures règles de la vie.
Et pourtant, on l'accueillit, il retrouva une partie de son honneur, une partie de sa force, de sa puissance, les thuriféraires revinrent, il oublia les péripéties et redevint un faquin avec lequel l'amour était une affaire coriace.


Ils se revirent. Elle lui avoua avoir pleurer toutes les larmes de son corps. Il lui montra sa surprise. Elle le frappa. Il se laissa faire. Impassible. Elle s'égosilla. Il trembla. Elle se jeta dans ses bras. Il lui donna son étreinte. Elle se nicha dans son cou. Il prit sa tête avec délicatesse. Elle le regarda. Il l'embrassa. Des retrouvailles poignante. Elle réussit à lui redonner l'envie. Elle sut le faire avec ténuité.
Les jours passèrent et le passé reprit le dessus. Un soir, dans une taverne, le marasme fit fureur. Elle comprit que la passion de Nathan ne lui était pas entièrement destinée. Elle comprit qu'il eût été victime et pourtant elle le condamna au même rang que son amant. Un secret de polichinelle, un seul fit de sa cousine une duchesse courroucée.


Pour la première fois, Johanara et Nathan se livrèrent une haine réciproque. Une haine qui telle un ver les pourrissait de l'intérieur. La situation ne pouvait continuer. La colère eut été une estocade pour les deux. Nathan décida de la revoir, un soir, en la cathédrale Saint-Étienne de Limoges. Le vent s'engouffrait dans l'édifice. Les lumières manquèrent de s'éteindre de nombreuses fois. Dans les ténèbres ils se retrouvèrent. Il la toisa, belle, d'albâtre, précieuse. Ce qui patenta une fois de plus son amour pour la gracieuse créature.

-J'ai toujours aimé vous apercevoir, cousine. Vous n'avez jamais été ladre pour vos étoffes. Mais, toute chose est égale par ailleurs, et, votre façon de vous positionner en intermédiaire de premier plan dans cette sombre histoire est d'une générosité mal placée. Comprenez bien, que vous fûtes bien des choses en sommes toutes. Vous n'avez jamais épargné mon cœur, vous me le détruisîtes par bien des manières, et, même alors que j'eusse l'envie de vous grimer en sorcière, vous êtes restée à mes yeux, seulement la muse de ma vie.

Il la regarda, il sut de tout temps lui parler.

-Vous me devez des excuses. Je vous attends. Je vous promets en contrepartie aucune diatribe, aucune galéjade, juste un sourire et un merci.
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Johanara
" Le pire de certaines amours c'est qu'elles sont si viles et si féroces qu'elles vous font tomber à genoux. J'en arrive à jalouser Euzen. Et cela est la pire des défaites. Je ne pardonnerai jamais à Nathan ce nouveau camouflet à mon coeur meurtri." Johanara.


Sanguienne. La fidélité finirait par lui crever le coeur et le corps. La rouquine n'arrivait point à se délester de ce carcan qui lui écrasait les côtes et lui lacérait le sein.

Sa loyauté envers son mari lui brûlait les mains et le bas ventre. Depuis combien de mois ne l'avait il pas honoré, délaissant son devoir conjugal pour tenter sans nul doute d'attirer de nouvelles proies entre ses serres de vieux chasseur. La rousse le comprenait peu à peu, son mari ne serait jamais l'homme d'une seule femme, la lassitude et l'ennui le rongeant comme un poison.

Elle aurait pu être la femme d'un seul homme. Johanara ne vit que lui pendant bien des années. Il lui offrit son premier baiser. Ou plutôt elle le cueillit à ses lèvres de jeune éphèbe. Peut être pour cela que Nathan n'avait jamais su la satisfaire tout entière, il n'avait jamais rien pris par lui même. l'Adonis avait toujours demandé poliment car elle était de ces créatures aux caractères si changeants, si envahissants, si téméraires que les hommes oubliaient bien souvent de la traiter en femme plutôt qu'en reine.

Une reine à qui Nathan préférait l'amertume et la beauté glacée d'un jeune homme qui n'était autre que le fils de son époux. Ces deux là semblaient décidément voués à être rivaux quoiqu'il arrive : dans les colères de Balian, dans l'affection des enfants de leurs familles, même au sein de Limoges où chacun avait son clan. Devraient ils se battre l'Amour de Nathan à présent? Pourtant tout lui semblait perdu d'avance, Nathan et Euzen avaient un enfant à chérir à présent, triste histoire et triste engeance née du lit scandaleux d'un Nathan dupé et d'une ribaude choisie par son beau-fils. Et ça la rousse ne le digérait pas. La nouvelle restait coincée entre la gorge et le palpitant trop faible pour résister à la douleur de ce nouvel assaut.

Elle avait toujours voulu un enfant de Nathan sans parvenir à surmonter son dégoût de la maternité ni abdiquer devant les remparts d'une pudeur stérile et d'une honte intimement ancrée en son être de partager la couche de son amour d'enfance, de son cousin germain. Rien ne lui semblait plus doux ni plus à même de la rapprocher des anges et pourtant rien ne lui paraissait plus sale, plus vile et plus scandaleux que de mêler la Chair à cette histoire lui semblant séculaire tant elle pesait sur ses épaules d'albâtre.

Une bourrasque mit à mal les flammes lancinantes des grands candélabres d'argent puis s'engouffra dans le feu de sa crinière dénouée et ondulant jusqu'aux cuisses comme Johanara se plaisait à prier lorsqu'elle était seule devant l'autel. Une sorte d'orgueil religieux et blasphématoire, car la Duchesse savait qu'elle avait l'air d'une apparition parée ainsi de cette couronne plus ostentatoire que mille rubis.

Nathan se tenait devant elle, l'arrogance peignant sur son minois d'Apollon le masque des Ambroise. Armure craquelée annonçant le combat. Qu'il se passe un an ou quelques heures, la vision de son cousin lui procurait à chaque fois une vive émotion. Plus encore depuis qu'on l'avait cru rappelé à Dieu...



La première fois que je vous vis, vous aviez les joues en flammes. Sans doute la première fois que l'émoi fit fondre ce coeur de pierre, depuis votre cul est passé n'importe où. Je disais donc la première fois, une boucle de vos cheveux blonds brillait sur votre front pur et vous n’arrêtiez pas de passer vos doigts en dedans. Il m'en est toujours resté comme un éclair lointain. Il me suffit d'apercevoir une mèche flave et rebelle au front d'un beau garçon pour penser violemment à vous. Même ce soir après tant d'années, je retrouve la boucle aussi fraîche qu'aurore...


Et puis ses grands yeux verts devinrent deux serpents étranglant la douceur et la mélancolie qui régnaient sur les lieux :

Vous savez où vous pouvez vous les mettre vos excuses? Là où ce résidu de poulpe avariée d'Euzen doit passer du bon temps! Et ne vous offusquez scélérat! Vous m'avez volé mon coeur pour offrir un enfant à un autre? Et il faudrait peut être que je me réjouisse! Vous l'aimez plus que moi cet insolant à l'oeil qui louche. Ce cafards boutonneux! Oui je parle d'Euzen, peu me chaut qu'il soit divin c'est la beauté du Diable et il vous a extirpé aux sentiments les plus doux et les plus nobles! Vous vous êtes roulé dans la fange avec lui méprisant le plus beau de votre misérable vie! Je m'en vais, vous préférez rester avec lui. Soit! Mais exigez encore de moi des excuses, alors que vous devriez ramper à mes genoux pour implorer mon pardon, et je vous assomme avec le bénitier! Et oui je suis jalouse! Je crève de jalousie!
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Nathan
Nathan s'aima à se croire maudit. Il s'aima comme Narcisse. Il eut toujours ce cruel défaut en lui. Il se voua un culte à lui-même, engendrant des suites incessantes. Sidjéno aima se croire victime de la passion, se victimiser, pour lui fut une sorte de jeu superfétatoire. En aucune façon ou manière, il ne fut la victime. Bourreau de ces dames, comme de ces messieurs, il n'eut ni les atours de la fidélité, ni les atours de l'humanité. Son cœur connut la glace très tôt, dès son premier jour dans le frimas sépulcral de la naissance. Il naquit dans la mort, il vécut dans la mort. Une chose qui n’effraya jamais l'Ambroise, toujours prêt à en découdre avec cette fin prédéterminée. Il affirma ne pas avoir peur de cette dernière. La seule chose, qu'il eût pu craindre, ce fut la souffrance. Il n'avait qu'à fermer les yeux pour s'imaginer sur la scène de sa mort, douloureux. L'endurance face à l'élancement le faisait pâlir prématurément, s'emperlant, parfois par ces mauvaises pensées. Il eut été dans la nature humaine de s’accommoder et de composer avec la phobie. Sous le superflu, l'obédience de l'argent, et la démesure, il masqua la peine et la peur. Tel un artiste peignant ses sentiments, tel un démiurge, il fut le créateur de sa peur. De part là scène, où, tous les Ambroise firent des pieds et des mains, sous l'allure des histrions, Nathan élucubra sur sa fin, il l'imagina théâtrale. Il l’inventa, dans un grand édifice bercé par la froideur et la noirceur. Les lueurs scintillantes des vies gâchées, et, Johanara en face de lui, l'assassinant en toute équanimité. Cruelle douleur que de voir la femme de sa vie l'abjurer comme s'il fut un microbe. Johanara Bérénice d'Ambroise eut ce pouvoir sur l'Apollon. Nonobstant cela, il se demanda toujours si elle en eut la conscience. Et si, le fait qu'il ait la conscience n'annulait rien. Il ne préféra jamais remettre en cause l'affaire, son mal lui convenait parfaitement. La situation, elle, l'emmenait dans une torpeur cadavérique.

Il posa son regard sur sa cousine. Un amour défunt. Une chose qu'il ne pouvait déposséder. Trop forte, trop avisée sur le sujet, trop grande, trop belle. Johanara eut les atours d'une femme de puissance. Ce n'était pas fat de la penser ainsi. Ce n'était pas exagéré. Ce n'était pas non plus zélateur. L'esquisse d'une pensée radieuse s'effaça aussitôt qu'elle sortit le serpent. On pouvait la comparer à Méduse. Il ne se positionna pas en imprécateur, il eut été enclin à soutenir simplement son regard marri. Que pouvait-il faire ? Que pouvait-il dire ? Agir avec outrecuidance. Lui jeter sa compassion en pleine face et tel un maître lui porter la condescendance qu'elle ne pouvait pas supporter. Loin d'être son laudateur, d'être son soutien, d'être son amour, il se transforma en quelques mots en son pire ennemi. La famille, en bon terme était une alliée en puissance, en mauvais terme, elle était le viatique de fragilité. Il lui accorda un sourire mesquin.
Le duc descendit les quelques marches du chœurs, s'approchant de la flamboyante. Une cascade rousse... À caresser. À brûler. Il s'approcha d'elle et alla nicher avec finesse et sans contact son nez près de sa joue droite. Il huma. Il expira un souffle chaud inspirant la vengeance. Il inspira les fragrances de la duchesse. Il recula et lança un rire. Un rire qui ne pouvait que glacer, un rire qui ne pouvait que faire peur.

-Qu'il est bon, de vous sentir Johanara. Oh que oui. Vous êtes de loin, la femme qui m'apporte ce satisfecit que je recherche sans relâche. Vous m'avez cru pur. Vous m'avez cru parfait. Mais, cousine, ouvre les yeux. Je ne suis rien de tout cela. Vous êtes irremplaçable, aucune femme reprenant vos simagrées ne me fait penser à vous. Et pourtant, elles le devraient. Flora le devrait. Vous ne le croyez pas ?

Il hocha la tête et se faufila parmi les chaises. Il prit place, mettant ses jambes sur une autre. Un comportement déplacé, rare.

-On m'avait nommé : sa grâce très aristotélicienne. Amusant non ? De voir ces gens vous imaginer parangon de l'amour, parangon de la réussite. À vrai dire, je tire de cela un sentiment jouissif d'amertume. Tous des traîtres!
Concernant mes amours, masculins, ne trouvez-vous pas cela divin ? Moi oui. Je trouve dans ces amours tellement de bonheur que j'en redemande. Vous ne pouvez que vous blâmer Johanara, c'est vous qui m'avait éconduit lorsque nous aurions pu former une famille. C'est vous qui êtes la cause de ma déviance. C'est vous qui êtes la cause de votre propre malheur et du mien par la même occasion. C'est sur vous que tout repose. J'ose vous imaginer Atlas plutôt que Vénus.


Il se leva, à son tour courroucé. Une folie s'embrasait en lui. Sicaire de ces femmes, il décida de l'être pour sa cousine.

-Vous me taraudez. Vous êtes la jalousie à l'état pure. Ne faites pas d'Euzen un diable. Il ne l'est pas. Comprenez que je ne pourrai, dorénavant, plus jamais me passer de lui. À vous de voir. M'aimez-vous assez ? Ou non ? Voulez-vous le détail de l'affaire ? Ou voulez vous ma ruine ? Dénoncez, dénoncez, votre peine sera encore plus vive.

Ignoble, ça, oui, il l'était.
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Johanara

Souvenirs d'une époque qui ne subsiste plus que dans le coeur de certains dépressifs :


Fut une époque où le Berry verdoyait tel un Paradis perdu au coeur d'un royaume morne. Sa sylve à nulle autre pareille abritait alors les amours secrètes de deux jeunes nobles. Lui à peine sortie d'une enfance dorée, elle déjà un beau brun de fille courtisée par tous les godelureaux du paisible village de Saint Aignan. Il lui courait après au milieu de la rosée et des fleurs sauvages qu'elle aimait dissimuler dans les flammes rutilantes de ses folles bouclees. Mais très vite elle voulut une couronne. Des rubis et de l'or pour parer ce visage si parfait ne pouvait que lui ouvrir les portes d'un pouvoir et d'une richesse incommensurable. L'idiote se revait épouse de Marquis et son pauvre cousin ne portait alors que les oripeaux d'un futur petit seigneur de campagne.

Elle l'éconduit.

Une année s'écoula au rythme des diners mondains et du tintement mélodieux des pierres précieuses qui paraient les longs doigts fins de la sirène. Mais plus son corps scintillait de soie et de diamant, plus son coeur se vidait de cette adorable innocence et du souvenir charmant de l'idylle bucolique à travers les valons. Il lui manqua plus que tout autre autre chose ne lui manqua jamais. Il creusa un vide dans son âme et elle courut ramper et ramasser les miettes de son coeur.

Il lui rit au nez.

Marie-Jeanne. Il était allé aimer ailleurs. Tout simplement. Elle eut beau être la plus séduisante, la plus parfaite, la plus sincère, le jeune homme avait grandi s'enveloppant dans le manteau indélicat et vaniteux de la fierté. Il se faisait Ambroise. Et leurs orgueils respectifs firent tellement d'étincelles, qu'ils restèrent muets l'un à l'autre pendant trois ans.
Le reste ne fut plus que marasme. Une course éternelle et vaine après le souvenir de cet âge d'or enseveli dans les abimes d'un égoïsme ambroisien sempiternel.

Et tandis que l'altière Duchesse qui depuis bien longtemps avait laissé le pouvoir et l'argent étrangler la jeune fille aux fleurs sauvages pour ne plus se mirer qu'en majestueux lys tigrés aux fragrances entêtantes écoutait l'arrogant, la mémoire de leur histoire mouilla ses grands yeux et elle se souvint non sans frémir, qu'elle avait effectivement fauté la première. Elle était l'Eve de leur Paradis perdu, croquant, trop gourmande dans la pomme putride des hautes sphères, les précipitant à leur perte.

L'orgueil ambroisien est un monstre qui une fois mis en branle, a bien du mal à ne point tout dévorer sur son passage. Et la belle se consuma en mauvaise fois :


Vous êtes incorrigible. Vous m'avez éconduit le premier. JE voulais fonder une famille, JE voulais vous chérir. Mais vous avez préféré courir après les étoiles et la gloriole!

Elle savait qu'il savait qu'elle mentait. Aussi prit elle place devant lui, ses larges jupons caressant les sols froids et marbrés de l'édifice avant de poser son visage et ses bras sur les cuisses de son odieux cousin.

Si nous devons nous entretuer... S'Il me faut vous partager... Et avec l'être le plus désagréable qu'il soit. Qu'a t'il fait pour s'attirer vos faveurs? Et quid de l'enfant? Vous allez vous attirer l’opprobre,l'abjection et l’avilissement. Savez vous que Seleys est déviante elle aussi? Cette famille décidément... Je ne dénoncerai rien, votre nom est le mien, qui l’entache, souffrira mon courroux.

Johanara s'apaisait. Car oui elle l'aimait assez pour accepter cette histoire ridicule avec Euzen. Et puis elle savait la douleur de naitre Ambroise, d'avoir un coeur trop grand aux envies d'Infini.Elle même, n'attendait elle point avec désarroi le retour de son mari? Mais toutes ces mystifications et ces calembredaines finiraient poussière au vent. Elle leva vers lui des mirettes limpides, persuadée pour dix minutes au moins qu'il était sa Moitié.
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Nathan
Dix minutes. Dix fois soixante secondes. Dans la vie la minute s'écoule dans les ruisseaux. La minute s'évapore. La minute fuit. La minute échappe. Pour Nathan, chaque minute était une affaire. Parfois il lui suffisait de quelques minutes pour changer l'avenir, sa vie, ses desseins, ses amis, ses amours, ses ennuis. Nathan fut désultoire, frivole et versatile dans tous les domaines. À l'acmé de son existence il ne sut jamais se positionner de manière stable. Il eut cette maladie incurable, l'instabilité. Sidjéno ne put se réclamer fidèle à lui-même, il se fourvoya lui-même, bien des fois. Ambroise ne put se réclamer la vérité au sujet de l'amour, il ne sut jamais ce que ce mot voulut dire exactement. Il lui sembla normal que le plaisir charnel n'eut été qu'un simple acte, éthéré. Il lui sembla normal d'user, d'abuser, de jeter et de reprendre. Il perdit beaucoup d'humanité, et pourtant... Il riait, il riait d'un rire communicateur, qui faisait d'une assemblée morne et inintéressante, une foule hilare où les arts et les lettres occupaient toutes les bouches. Nathan s'aimait à voir cela, il s'aimait à être le centre des mondanités. Des salamalecs, des urbanités, civilités, déférences, le tout dans les salons feutrés et sirupeux de ses domaines. Un homme à mignons, un homme à femme, un homme... Son rire composa le bavoché qu'il fut.

Neuf minutes. Les rires entrèrent dans les salles du château d'Aigurande. Les galéjades étaient finement ficelées, ils en avaient mal au ventre. Nathan et Johanara, étaient en train de courir dans l'insouciance parfaite et pure de la jeunesse. La frivolité eut été leur maxime. Tout n'était que pur bonheur. Dans une jeunesse dorée, ils eurent les étoffes des futurs prisonniers de la richesse. Sans s'en rendre compte, ils s'engageaient dans des voies apportant la richesse, le pouvoir et la gloire mais aussi le mal, la tristesse, la malhonnêteté. Nathan regardait Johanara d'un amour fougueux. La réciprocité était présente. Ils gagèrent, même de ne jamais se quitter.

Huit minutes. Johanara et Nathan s'étaient perdus de vues. Elles étaient devenu une femme à diamant. L'amour était éternelle pour cette pierre. Nathan regardait immature ces pierres. Il les trouva moche et la complimenta sur le passé, où, elle était naturel. Où l'artifice n'était pas de rigueur. Elle le vilipendant, le tançant vertement. Plus rien ne pouvait se jouer. Nathan bien marri de l'affaire turbide, décida de dormir et de prendre la nuit comme tutélaire afin de se raisonner sur la femme de sa vie.

Sept minutes. Les étoffes étaient de soie, de liserés d'or, de finitions faites par de grandes couturières. La facture mirobolante eut été digne d'un duc puissant. L'altière cousine, à la chevelure flamboyante et provocante avait su user de ses charmes. Elle était devenu l'objet du désir. Elle était devenu une femme du monde. Nathan la regardait et garda toujour le même amour. Elle fit florès tandis que lui connaissait les péripéties de l'adolescence. Les complexes, les boutons, la voix... Des attributs peut flatteur, qui attira les railleries de biens des femmes et surtout de sa cousine. La tristesse chez Nathan lui forma un cœur de pierre, une carapace imperméable aux boutades, aux méchancetés et à l'amour.

Six minutes. Nathan perdit la définition de l'amour. Ils s'étaient jurés de garder un amour éternel. Nathan ne voyait plus le gage. Il ne voyait plus que l'amertume. Il se mit à haïr, il se mit à détester, il changea. Le Berrichons aux allures de campagnards ne goûta plus la vie avec la déférence de la religion. Il évolua vers des goûts ostentatoire, luxueux, mirobolants. Il se fit zoïle des pauvres quitta le galetas, il quitta sa vie simple.

Cinq minutes. Le pas retentit dans les couloirs de Louvières. L'Ambroise réclama l'héritage. Il devint le vicomte, assurant ainsi la pérennité de sa maison, et la postérité de sa mère défunte. Nathan devint apollon, il eut les richesses de son passé. Il se fit un nom. Il devint le prince de Bourges. Fêtes, festins, banquets, bals, Louvières devint le théâtre du fric en l'air. Nathan se vêtit avec des vêtements venant de tout le continent. Le cuir Milanais se composait avec les brocarts vénitiens, Paris entra en Berry. Nathan fut le viatique de la démesure, il devint le parangon du raffinement et du luxe.
Quatre minutes. Nathan revit Johanara. L'eau avait coulée sous les ponts. Elle avait eut mari. Veuve, mère de plusieurs enfants. Nathan eut l'audace de l'aborder. Elle manqua la pâmoison. L'outrecuidance du Sidjéno faisait pâlir toutes ces dames. Jamais plus elle ne le regarda comme un campagnard. Il lui rendit la place perdu, il lui rendit l'attrait des hommes. Il voulut l'aimer, il réussit, mais déjà elle tomba dans les griffes de la famille. Il lui prodigua de nombreuses diatribes et pourtant elle fut toujours la vénus de son cœur. La maîtresse de son amour.

Trois minutes. Ils se croisèrent, de firent et se défirent. Des embrassades, un amour ardent. Mais Nathan éprouva de l'amour pour le corps d'Apollon. Indécis il devint infidèle, s'enfonçant dans le stupre et la volupté. Les marasmes Ambroisien piquèrent, Johanara et Nathan ne se comprennaient plus, mais ils s'aimaient.

Deux minutes. Il fut le premier duc du Berry libre. Le duc Nathan. Objet de la convoitise. Objet de la jalousie. Objet du pouvoir. Requiem pour un Berry. Nathan subit de plein fouet la traitrise. Il se vit par le subterfuge d'un sosie assassiné. Le Berry n'avait plus de Duc. Nathan n'avait plus de vie. Il se cacha, retombant dans les premières minutes de sa vie. Il retourna dans sa campagne, loin de tout, loin des mondanités, des politiques, des belles affaires. Il oublia.

Une minute. Il fit son retour. Tout éclata. Elle apprit les vérités. Il lui envoya sa haine et son amour. Il ne se positionna pas en rédempteur de sa folie. Ils sombrèrent, ensemble, comme au début. Personne, juste eux. La cathédrale se fit prétoire.

-C'est vous, cousine. La faute vous incombe. Maintenant, je pense qu'il est temps de vous montrer la vérité.

Il la leva tout en se levant. Il lui accorda le sourire de sa jeunesse, il lui montra simplement par ses yeux d'un bleu grisâtre sa passion. Il ne décrocha pas la verve. Il voulut le silence du moment. Son visage n'avait jamais été aussi beau, jamais personne ne put le voir de la sorte. Tel un duc, il agit comme un duc. Johanara fut sa vassale. Il dessina de ses doigts le contour de ses lèvres délicates. Il revendiqua l'aide que tout vassal devait à son suzerain, et c'est alors qu'il l'embrassa tel un fanatique. Il voulut mourir dans cette posture. Il voulut une série de statue les représentant. La postérité des amants maudits. Johanara connut pour la première fois le vrai baiser de Nathan.

Il imagina un mariage sous diane, elle en vénus, lui en apollon. Ce n'était qu'un rêve. Ce n'était qu'un rêve...

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Johanara
"Vous n'êtes pas l'homme qu'il me faut, vous êtes celui que je veux." Johanara

Ce n'était qu'un rêve ... Elle avançait vers l'autel, diaphane, le blanc lui allant mieux que n'importe quelle couleur. Ses cheveux n'en paraissaient que plus roux, ses yeux plus verts, sa lippe plus écarlate encore. L'on se mariait en rouge, mais elle avait toujours pensé que seul le blanc parait d'éclat et de pureté ce sacrement éternel. Dans cette autre vie, George l'aurait adopté puisqu' après tout elle l'avait aimé plus que son père lui même. Aussi son oncle l'aurait il mené jusqu'au bras d'un Nathan sublimé de ses plus beaux atours. De ses mains blanches et épargnées par la vicissitude d'une vie de labeur, il aurait soulevé le voile dissimulant les pommettes empourprées et le menton tremblant.

Dans cet autre vie, le vrai baiser de Nathan aurait pu magnifier les épousailles de ces deux êtres si semblables dans leurs passions et leurs névroses.

Au lieu de ça, il s'offrit tel un adieu aux portes d'un voyage qui les sépareraient probablement durant une longue année. Elle goûta la pureté et la mise à nue de son cousin avec délice. Nathan l'embrassa comme on baise une idole, et la belle se glorifia d'avoir pu entrevoir les beautés de cette âme tourmentée pour la première fois.

D'elle, il n'eut cependant pas grand chose. Des baisers emplis de culpabilité et de remords, une langue avide de regrets, et le poison brûlant de l'adultère dissipé sur les lèvres gourmandes. Ses vrais baisers d'amour s'étaient évanouis lorsque la passion avait cessé d'enflammer son mariage et Johanara ne se donnait totalement qu'à ses époux.

Il eut beau être l'amour de sa vie, elle n'ôta guère la robe de soie enserrant son corps de sirène bien qu'elle fut mille fois tentée de lui prendre d'avantage et ce à même les sols de l’Église, car leur première fois méritait de flirter avec l'indécence et l'interdit.

Johanara l'aima trop pour se salir aux caresses de sa main. Seul le baiser transgressa le carcan de la dame aux lys, les laissant pantois et frustrés devant la sainte croix.


Tu es mieux que l'amour. Tu es le fantasme et l'interdit. Le fruit d'un Tantale qui se refuse à mordre dans cette chair mille fois bénie...

M'écriras tu?


Elle le contempla encore étourdie. Son regard adouci et voilé se posa sur lui avec une invincible expression d'amour et de tendresse à faire pénétrer jusqu'à la moelle de ses os le sentiment d'une félicité inconnue à ceux qui n'ont jamais été aimé avec autant d'ardeur.

Parfois j'ai l'impression qu'il ne me reste que vous. Que vous êtes toute ma vie. Si je devais être déçue par vous j'en mourrais.

Johanara se perdit mais elle n'y pouvait rien, son passé la rattrapait toujours sous les traits de ce cousin à la blondeur touchante. Elle le mirait et revoyait en lui sa maison de naguère, sa chambre de jeune fille, les jardins où ils riaient et batifolaient, le caveau des Ambroise où elle avait tant pleuré sa mère. Partout il était, et partout elle entendait une voix plaintive qui l'appelait tout bas : Johanara, Johanara.


Cessez de m'appeler dans la pénombre. Je serai toujours là. M'écrirez vous?

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Nathan
« Mes rêves les plus fantasques, seront, tous, un jour, une réalité à laquelle vous croquerez votre part du bonheur! » NATHAN

Il ne répondit pas. Il n'eut pas la hardiesse nécessaire pour le faire. Il se défila, pleutre. Il eut le regard pénétrant et pourtant, elle s'éloigna. Il la regarda avec l'insistance qu'il prêta de tout temps aux femmes leur accordant la sortie par la pâmoison, elle fut tenace. Il ne sut que faire, les mots lui manquèrent, tout se fit éthéré. Perdu dans un festival d'émotions il chercha l'issue de l'affaire turbide. Et, en eaux troubles, ramer est indispensable. Il essaya de se tenir coi, il essaya à plusieurs reprises, même. À cœur vaillant riens d'impossible, ici, le cœur vaillant s'estompa face à la muraille rousse.
Il ne l'avait jamais vu ainsi. Il trouva la nouvelle vision remplie d'opiniâtreté. Il regarda Johanara une fois de plus comme un laudateur, qui s'efforçait de garder l'équilibre. Le marasme était silencieux, affaiblit par les courbes voluptueuses que le Sidjéno s'efforçait de ne pas toucher. Plus il la regardait, plus il s'en détachait. Était-ce une fin ? Il ne le sut pas. À vrai dire, son esprit, une fois de plus sous l'emprise Ambroise, décida de mettre fin à cet échange. Une sortie, une réelle sortie, il l'avait trouvé. Un feu d'artifice de rêve envoyés tous, en pleine figure. Rédempteur de ces souvenirs il se leva. Il prit Johanara par une main, tel démiurge il fit d'elle le centre d'une de ses œuvres. Nathan trouva dans l'art, la manière de s'exprimer. Mettre en scène les gens, par ses mots, ses actions, il eut le plaisir de manipuler, sans aucune difficulté. Il ne s'en rendait plus compte, habitué, il tiré de ces ignominies un plaisir doux.
Johanara devint une nouvelle fois de plus le parangon de l'artiste. Il lui prit sa main percale, il l'emmena avec délicatesse sans rien dire. Elle suivit. Malade de cet amour, son front s'emperla. Une fin, une belle fin. Il la voulait, il en rêvait. Sous diane, tout ceci, tout cela, elle, lui, personne. Dans ce vide d'égoïsme partagé, il ne se rendit jamais compte du mal qu'à eux deux ils firent. Amant de l'un comme de l'autre. Il brisa ses couples. Elle lui rendit la pareille. Zélateur de leurs célibats respectifs, les limites n'existèrent plus. Nathan s’essouffla et ne trouva plus la force pour jouer à ce jeu mortifère.
Il porta l'estocade à eux deux.

Il la prit par la main. Le pas vif et rapide il l'emmena jusqu'à l'autel sus diane comme dans ses songes. Il ne prononça aucun mot. Aucune réponse à la tourmente bien pâle de sa cousine. Il prit un cierge, il alluma des dizaines et des dizaines de bougies, sous le regard enchanté de Johanara. Il se rapprocha vers elle. Le jour, la nuit, Hélios, Diane, Apollon, Vénus, Lui, Elle, le Blond, la Rousse, les amants maudits. Nathan abjura ses amours le temps d'une nuit. Nathan devint pour une nuit le jeune adolescent du Berry. Pour une fois encore, elle put goûter à ces souvenirs du passé. Pour une fois encore elle fut la sylphide de son cœur, pour une fois encore elle fit florès auprès de Nathan.
Il prit son visage par senestre, effleurant sa joue. Une douce chaleur put
être perçue. Il approcha ses lèvres et l'embrassa comme dans ses rêves.

-Je suis votre. Vous êtes mienne. Je vous épouse, là, deux minutes. Une chacune, nous partageons. Goûtez ce plaisir. Goûtez cet amour.

Il s'écarta et descendit les marches de l'autel. Il dit dos à la sortie et à reculons s'en rapprocha sans quitter Johanara du regard.

-Où est ma faute Johanara ? Où est elle ? Vous avez toujours désirez mon attention mais vous avez toujours refusez mon affection. Cousine! Cessez la chimère, elle est venue à vous. Ce soir vous êtes guérite! Vous êtes libre. Vous vous êtes délacée du carcan qu'est la passion à mon égard. Moi de même. Quittez vos oripeaux. Quittez tout. Vivez!
Je ne suis plus là.
Je t'écrirai.


Une fin... Une simple fin, qui ne faisait que de commencer. Autant en emporte l'Ambroise : « En dépit de vous, de moi et de ce stupide monde qui s’écroule, je vous aime. »*

*extrait de « Autant en emporte le vent. »

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