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[RP] Non je n'irais pas !

Scipion
6 février 1462 à Arles

Depuis son arrivé à Arles, les jours se suivent et se ressemblent. Son arrivé avec son cousin Moran et sa cousine Lastele, lui ont permis de faire la connaissance d'une autre cousine Zoé dit Shirine. Mais aussi d'Alienor de Ligny la futur épouse de Moran et de sa dame de compagnie Eldearde.
Le jeune Scipion fera embaucher quelques temps après une servante afin qu'elle puisse s'occuper de lui du matin au soir et d'entretenir la maison. Cette servante se nomme Shana.

Ils les aiment tous autant qu'ils sont, mais Scipion a de grosse difficulté avec l'obéissance et en conséquence il est souvent grondé par son cousin Moran. Ce qui fait qu'il a quelques problème relationnel avec son cousin.

Les jours se suivent et se ressemblent donc à Arles. Chaque soir, toutes la petite famille se rejoint à la taverne "le Murmure des Ombres" dont Moran et le propriétaire. Mais le 6 février 1462, ce soir là Scipion apprend que toutes la famille doit se rendre à Rouen pour le baptême d'Aliénor.

Rouen, le jeune homme de 5 ans ne sais pas où cela se trouve mais tout ce qu'il en sait c'est que se trouve non loin de là Yves Lisreux le père de Moran, Zoé et Lastèle. Et de ce qu'il sait de Yves Lisreux c'est quelqu'un de très très très sévère.

Et Scipion sait que le Baptême n'est que prétexte, en réalité Moran souhaite confier la garde du jeune Scipion à Yves Lisreux.

Ce soir là, Scipion était en colère et avait bien fait comprendre à tous le monde qu'il n'irait pas à Rouen. Moran avait bien tâché de le ligoter, mais le jeune bonhomme avait réussi à se libérer.

Il embrassa chacun d'entre eux avec un mot pour chacun à l'exception de Moran et quitta la taverne en courant en criant qu'il n'irait pas à Rouen.

Scipion s'en alla donc dans les ruelles sombre de Arles, réfléchissant à ce qu'il pouvais faire pour échapper à ce voyage à Rouen.

Se posant donc sur un rocher, il scruta la lune et le ciel étoilé dans un froid glacial. Il se remémora sont arrivé en France à Guéret et de sa rencontre avec Moran et sa demi-cousine Umbra.

Umbra demi-cousine qui a été super gentille avec le petit Scipion. Il avait décidé de la rejoindre évitant ainsi le voyage à Rouen et d'être confié à Yves.

Scipion retourna donc à la maison, prépara quelques affaires pour prendre la route. Il fût rejoint par Shana sa servante qu'il avait quitté dans la taverne et pour qui il avait eu un mot gentil avant de fuir.

Après une discutions avec elle, Shana lui avait proposé de l'accompagner et bien entendu il avait accepté. D'une part il ne serait pas seul et d'autre part il se sentait en sécurité.

Shana avait donc terminé de préparé les affaires du petit Scipion. Il n'oublia pas de s'équiper de sa petite épée non pas en bois celle offerte pas Moran mais celle que Zoé lui avait confectionné pour l'entrainement au maniement des armes. Valait mieux être bien équipé pour ce long voyage.

Long voyage ... oui enfin pour ça faudrait déjà savoir où se trouve Umbra et quel chemin prendre Celui vers Nîmes ? Celui vers Marseille ou plutôt Montélimar?
Et quand bien même il savait vers quel ville où se rendre, un détail de taille n'allait pas facilité la chose. Scipion ne savait pas lire, donc difficile de prendre la bonne direction si on n'est pas capable de lire un panneau. D'autant plus que Shana avait confié à Scipion qu'elle ne savait presque pas lire ni écrire.

Ca promettait ce voyage ...

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Estuardo
[Nîmes, sept janvier de l'an de grâce mil quatre-cent soixante et deux]

Une journée tout-á-fait comme une autre pour l'aragonais de Nîmes. Une journée légèrement froide, avec les restants de l'hiver. Mais une belle journée. Les journées de Nîmes lui étaient toujours belles, de toutes façons. Il avait récemment fait l’acquisition d'une forge, et aimer y passer le temps. Le mouvement machinal et entraînant, rythmé et automate du bras et du marteau sur le fer, lui faisaient sentir un bien-être peu commun. Le bruit provoqué n'était pas non plus pour lui déplaire. Estuardo apprenait l'art de la forge tout en laissant ses pensées divaguer, ou rester en blanc. Toutes deux solutions fort délicieuses pour l’âme. L'effort physique lui plaisait en plus. Il était différent á celui de la mine ou des champs. Il avait lá un but précis. Et puis, une belle femme, une amie, avait vanté d'avance les muscles qu'ils se forgerait. Actuellement Estuardo préparait une hache pour cette amie. Une belle hache. Cela lui prenait du temps. Il voulait que la hache fut impeccable. Outre son amie, cette femme était son entêtement le plus récent, et comme disent certains, il lui fallait posséder cette femme pour se sauver su ridicule d'en tomber amoureux*.

Enfin, donc. Une journée comme les autres. Et avant de partir vers Montpellier, au château, dans son bureau de Procureur, il passa, comme tous les jours, prendre un petit-déjeuner dans la taverne municipale de la ville. Il finirait son hache plus tard. Ses responsabilités l'appelaient.

Et c'est e taverne ou il croisa ce bout d'homme haut d'a peine cinq pommes. Estuardo aimait les enfants. Surtout parce qu'il n'en croisait pas souvent, alors, évidement, il fut tout de suite attiré par ce p'ti qui l’appelait m'sieur avec forte politesse.
Alors voyons, d'abord, il faut savoir que les nîmois sont tous un peu cinglés, passionnés et chaleureux comme la langue d'oc, et surtout ils aiment se mêler de tout se qui ne les concerne pas.

Le p'ti Scipion fut obligé de s'adonner aux pratiques dignes de l'inquisition de la part des joyeux lurons, dont l'aragonais. Attaqué de toutes parts de questions, il en fut finalement su quelque chose. Il venait d'Arles. Il n'avait aucune idée d'ou il était ni d'ou il allait. Il fuyait son cousin Momo, alias Moran, pour chercher sa cousine Umbra. Estuardo eu l'impression d'avoir déjà entendu ce prénom par des rumeurs et demanda si c'était une Corleone. Ni le p'ti ni lui-même en étaient assurés. Lá, on parlait des Lisreux. Ah! Si seulement Estuardo savait qu'en faite, Shirine, la belle Shirine, en était une, de Lisreux...

Mais il n'en savait rien.

Et aprés s'étre prit d'amitié pour le gosse, lui avoir répété au moins cinq fois de faire attention sur les chemins, lui avoir dit, plus ou moins, quelle route suivre pour ne pas retomber á Arles, avoir promis une dizaine de fois de ne rien dire á Momo alias Moran si jamais celui-ci venait á Nîmes en le cherchant, et lui avoir surtout dit une douzaine de fois que, si jamais il avait besoin de quelque chose, il fasse écrire á Estuardo, procureur du Languedoc, notre aragonais vit le p'ti partir de la taverne. Il le suivit, á son tour, et prit le chemin vers Montpellier, oú ses affaires de proc' l'attendaient.



* Quelque part dans Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, même si la phrase n'est pas exactement comme ça.

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Images originales de Nesskain, modifiées
Umbra
[Le 6 Février 1462, quelque part entre la Franche-Comté et la Bourgogne]

La nuit était tombée depuis quelques heures maintenant. En retrait des siens, l’Ombre claudiquait à l’abri des faisceaux lunaires. Un œil cerné d’hématome, la joue gauche tuméfiée, heureusement sa capuche voilait son faciès tanné. Dans ce piteux état, Umbra revenait d’un siège d’une courte semaine. Spiritu Sanguis s’était emparé de Poligny, drôle de prise d’ailleurs… La Noiraude était heureuse de reprendre la route. Les soirées de garde, les rixes incessantes, pour sûr, qu’elle avait eu sa dose de combats pour un bon mois. Cette sombre nuit, Ombeline ne pensait plus à rien, elle avait laissé de côté tous ces songes pour concentrer ces dernières forces dans l’ultime cheminement. Celui qui la distançait des soldats et villageois enragés. Malgré l’épuisement, elle restait aux aguets et fermait tant bien que mal la marche de son groupe.

Elle savait que non loin d’elle, dans les parages, errait seule sa petite sœur. Triora n’avait pas pris part au pillage, ce qui rassurait la Bâtarde. Malheureusement, la savoir solitaire au cœur d’une forêt sombre, criblées de franc-comtois hargneux n’apaisait pas sa conscience. Redoublant de vigilance, la Manchote évoluait dans les sous-bois. Dans quelques lieues, ils ne seront plus en territoire ennemi alors elle soutenait le rythme malgré sa démarche hésitante. Souvent son regard écorché scrutait les cieux s’il n’examinait pas l’environnement désert. Les cris des oiseaux nocturnes détournaient constamment son attention. Au milieu des hululements, s’étouffait-il un appel à l’aide de la rouquine ou un croassement de son terrible corbeau ? En parlant de volatile, la Corneille de l’Ombre volait à l’avant de la troupe en tant qu’éclaireuse. De temps à autre, elle revenait chercher son dû –quelques bouts de viande animale non comestible pour l’Homme-. Ce fut pour cela qu’Umbra ne prêta pas attention lorsqu’un poids enserrant son épaule. Ce qui l’interloqua, ce fut le parchemin dans l’angle de sa vision. La Noiraude mit un moment à comprendre que l’oiseau posé n’était pas Corneille mais un messager inconnu.

Avant même de détacher le pli, elle jaugea le pigeon étranger, le trouvant peu craintif et extrêmement domestiqué. En déroulant le vélin, Ombeline pensa qu’il fut attiré par l’odeur de la viande, rien de plus qu’étourdi et affamé. Cependant, à la lueur d’un feu de camp lors d’une halte pendant le trajet, elle prit soin tout de même de lire le courrier. Au fur et à mesure que ses iris de jais dévalaient les lignes, le visage boursouflé se défigura ostensiblement. La lettre était-elle lui était belle et bien adressée. Ce n’était pas un s.o.s de sa cadette dans les parages, c’était une missive l’informant de terribles nouvelles à des journées de voyage.


Scipion…Qu'as-tu fait?

Hélas, pas le temps de réfléchir ou de s’inquiéter davantage, il fallait reprendre la route sur le champ afin de passer la frontière avant l’aube…

[Le 7 février 1462, dans une taverne châlonnaise]

Un godet d’infâme tord-boyau en main, la Bâtarde jaugeait le parchemin de la veille étalé entre une bouteille de gnôle et une écuelle vide. Quelques miettes de pain vibrèrent sur la peau travaillée lorsqu’elle soupira au-dessus.

Scipion…

La Manchote se souvenait bien du Del Castillo. Elle avait fait sa connaissance bien des mois auparavant alors qu’à son grand Dam, elle recroisait son Ainé. Dans l’arbre généalogique, le mini-espagnol et elle n’ont aucun parent en commun et pourtant… Elle le portait secrètement dans son cœur, ce garnement à l’accent du Sud. Bien que très curieux, il était attachant. Ils s’étaient même promis de rester en contact malgré leurs destinations opposées. L’Ombre lui avait dit qu’elle lui écrirait de temps à autre sous un pseudonyme que Moran ne reconnaitrait pas. Elle s’était imaginé lui noircir des vélins entiers de contes qu’il se ferait raconter avant de se coucher. Un joli pied de nez à son frère qui lirait ses mots sans s’en douter. En échange, Scipion lui dessinerait de beaux croquis, ne sachant ni lire ni écrire lui-même. Lui avait tenu le gage. Dans l’un de ses manuscrits, Umbra avait protégé le premier pli d’un échange épistolaire absent… En effet, elle avait failli à sa promesse. Jamais, elle ne donna suite et voilà, la missive d’un inconnu vint la débusquer en pleine fuite pour lui annoncer la fugue de son cousin.

L’alcool n’arrivait pas à noyer tout le remord qui rongeait le cœur de la Noiraude. Si elle avait répondu, peut-être tout ceci ne serait jamais arrivé ? Il aurait fallu que de quelques minutes de temps à autre à lui consacrer pour éviter ce fâcheux évènement. Au lieu de cela, Ombeline avait gaspillé son temps à s’enivrer mais jamais ô grand jamais, elle ne l’avait oublié. Ce soir là, avec beaucoup de retard mais peut-être à temps, elle posa son verre et s’empara d’une plume à son tour.

Gauchère contrariée et manchote de cette dernière, la Bâtarde, malgré ses cours de calligraphies tenait excessivement mal la plume. Son écriture était illisible en plus d’être mal-orthographiée et les tâches d’encre bavait de part et d’autre sur le papier. Quand l’encre eut séchée, la Manchote roula le tout maladroitement et l’accrocha à Corneille. Éclusant son verre entamé, tous les espoirs de l’Ombre se tournaient maintenant vers Nîmes et le détenteur du pli. S’il atterrissait entre de mauvaises mains, Umbra ne se le pardonnerait jamais.


Scipion…Je suis tellement navrée. Je t’en prie, fais très attention à toi…

Le regard abimé fixa, à travers le carreau poussiéreux, le ciel noir et son esprit se tendit instinctivement vers tous les démons qui régnaient dans les bas fonds de ce piètre monde. Ô elle les connaissait que trop bien, faisant elle-même partie de cette lie.

Que le Très-Haut te garde, petit cousin. Ici, le quotidien n’est pas certain.

Cette nuit-là, la Noiraude ne ferma pas les yeux, trop inquiète pour le mini-espagnol. La vie et ses déboires. Les chemins et leurs embuches. Elle les côtoyait de près si ce n’était pas elle prise au piège. Quand il s’agissait d’un proche errant, la donne était soudainement bien plus importante. L’insouciance et la provocation faisait un aller sans retour ne laissant dans les méninges torturées que de sombres souvenirs d’escapades nocturnes et de profondes inquiétudes. Des craintes dont elle ne s'était jamais souciée puisque c'était elle qui tenait l'épée...
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Scipion
[7 Février 1462 - Nîmes]

7 février 1462, au alentour de minuit une brise glacial parcourait les rues d'Arles. Bien emmitouflé dans sa tenue, l'arme au ceinturon, Scipion ressemblait surtout à un individu qui partait en guerre.
C'est sans compter sur sa servante Shana qui l'avait habiller chaudement pour ne pas prendre froid.
Une valise contenant les vêtements de Scipion sous le bras, un baluchon contenant ceux de Shana dans l'autre main, elle était tout aussi prête.

Sortie de la ville, ils prirent un chemin sans savoir où celui-ci les emmenèrent. L'obscurité, l'inconnu, le danger qui pouvait surgirent à n'importe quel moment ne rassurait pas Scipion. Il marchait à tatillon en étant au aguet aux moindre bruit.
Quelques heures plus tard au petit matin, Scipion et Shana distingué le cloché d'une église.


Regarde ! n'a un cloché là bas, doit n'avoir une ville.

En effet, quelque pas plus loin les deux fugueurs se présentaient aux portes d'une ville. Mais quel ville? Ils ne le savaient pas pour le moment.

Fatigué de sa marche durant la nuit, Scipion avait bien envie d'aller dormir ; Mais pas trop longtemps tout de même, le soleil était en train de se lever et Moran allait bientôt découvrir la disparition de son cousin et la servante et probablement ameuter tous le monde pour se lancer à sa recherche.


Une ou deux heures de sommeil plus tard, Scipion se présenta dans une taverne de la ville pour y prendre le petit déjeuner. Il y rencontra plusieurs personnes dont le Procureur du Languedoc, Messire Estuardo. Le jeune Scipion fût assailli de questions en tout genre. Mais chacun d'entre eux avaient jurais ne l'avoir jamais vu. Scipion s'était renseigné afin de savoir dans quel ville il se trouvait et si ils connaissaient sa cousine Umbra. C'est 'on jamais avec un peu de chance.
Scipion apprit donc qu'il se trouvait à Nîmes dans le Languedoc mais personne ne connaissait Umbra sa demi-cousine.
Aux dernières nouvelles, Scipion savait qu'elle se trouvait à Chalon. Le procureur Estuardo, lui indiqua quel route prendre. Quel gentillesse cet homme.

Mais ne sachant pas écrire, Scipion fît écrire à sa demi cousine par un homme qui a bien voulu l'aider.

Dans la soirée, Scipion remarqua la présence d'un volatile portant un parchemin. Sa première pensé alla vers Moran qui lui demanderait de rentrer immédiatement sous peine de se prendre la raclé de sa vie. Angoissé, il prît tout de même le parchemin et le fît lire par le premier venu. Ce n'était pas Moran, ouf de soulagement, mais la réponse à son courrier. Umbra lui demanda de le rejoindre à Saumur.


Saumur? Où ché que ché cha?

Le jeune Scipion sortie sa carte mais ne sachant pas lire, il essaya de comparer la forme des lettres du mot Saumur indiquer sur le courrier avec celle de la carte. Ainsi, il pourrait tracer un trajet.

La ville trouver sur sa carte. Scipion décida que la prochaine ville serait Montpellier.


[10 février 1462 - Millau]

Quelques jours plus tard, Scipion et Shana se trouvait dans l'enceinte de Millau. Jusque là tout c'était parfaitement déroulé.
Le rituel était toujours le même. Voyage la nuit et repos le matin.
Toujours aucune nouvelle de Moran ou Shirine ou tout autres personnes de sa famille. Etaient ils au courant de la disparition de leur petit cousin? Etaient ils à sa rechercher?
Tant de questions qui restait sans réponse.

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Estuardo
[11 février, Nîmes]

Les gosses. Faut qu'Estuardo ait un faible pour les gosses. Ce matin lá il se réveilla, seul.

Shirine était venue le trouver dans sa forge, puis, ils avaient avisé. Et ils avaient passé du bon temps, ensemble. Ils avaient un peu parlé, surtout lorsqu'ils se rencontrèrent dans une taverne Nîmoise. Ils avaient parlé de la pastorale de sa cousine, puis de la femme qui était sur le point d’obséder Estuardo, du brigand, le borgne-roux, qui avait décidément réussit á obséder Monsieur le Procureur, de la forge, et puis d'autres choses, sans importance.
Retrouver Shirine á Nîmes avait agréablement surpris l'aragonais. Comme elle avait dit, certes, Arles n'était pas loin. Pourtant, en rentrant dans la taverne de ses amis, l'Accro-Nîmes, il aurait jamais imaginé la trouver lá. Faut dire que leur rencontre première avait été étrange, et Estuardo voyait la rousse comme un personnage étrange et lointain, enfuit dans une bulle magique et surréaliste, dans sa maison arlésienne éloignée de la ville. Jamais il aurait imaginé la croiser dans son monde á lui, sa Nîmes á lui, la taverne de ses amis á lui.
Ils avaient donc un peu parlé, en taverne. Mais pas tant que ça, après. Ils s'étaient tous deux perdus et retrouvés dans les bras de l'autre. C'est qu'elle savait faire, Shirine, et son odeur, son gout, enivraient Estuardo.

Elle était partie, ensuite. Elle rejoignait son frère, Moran, et Lastele, sa... cousine? Sœur? Amie? Estuardo ne pouvait pas dire quel lien les unissait. Il l'avait croisé, en taverne, aussi. Mais accompagnée de Moran. Et pour sûr que son attention s'était portée beaucoup plus sur Moran et sur Shirine que sur cette femme discrète. Il n'avait pas tardé á faire le rapprochement entre cet homme froid, cruel, et antipathique, et le Momo dont parlait le chaval, quelques jours auparavant.

Voilà, les gosses, ils te mettent toujours dans des sacrées situations. Estuardo avait décidé, d'abord, de ne rien leur dire, ni á Moran ni a Shirine, par prudence. Et vraiment, l'attitude du frère de la rousse, ne lui avait donné aucune envie d'avouer. Quel merdeux ce Moran. Quel homme insupportable, hautain, idiot, cruel, mauvais! Non mais il avait bien fait de fuir, le petit Scipion! Et puis, pour ajouter la dernière goûté á sa mauvaise impression, il avait bien deviné que cet affreux méprisant ne traitait pas Shirine avec amour, même pas avec respect.

C'est avec Shirine qu'il avait eu plus de mal, Estuardo. Ne rien lui dire, il sentait qu'il la trahissait. Mais elle n'avait rien demandé, non plus. Et, heureusement, ils avaient d'autres choses, bien plus intéressantes, bien plus agréables, á faire ensemble. Surtout que Shirine, ou Zoé, comme il avait appris qu'elle s’appelait aussi, ne restait que quelques heures...

Enfin, tout ça pour dire, que le lendemain, Estuardo se réveilla, tôt le matin, seul. Et l'histoire du petit fuyant, qu'il avait finit par oublier dans les bras, dans les cuisses, entre les cheveux, dans la bouche, sous les mains de Shirine, lui revint en tête.
Et le dilemme revint.
Il aurait du prévenir Shirine?
Devait-il envoyer quelqu'un la trouver, lui avouer que son cousin était passé par lá et se dirigeait vers Chalon trouver une dénommée Umbra?
Devait-il ne rien faire? Les laisser régler leurs soucis de famille entre eux?
Sans doute, après s’être tu toute la nuit, c'était ce qu'il y avait de plus sage á faire. Mais les mômes, ça rendait pas spécialement Estuardo sage...

Sortant de chez lui pour se rendre á son bureau de m'sieur l'proc, il choppa un garçon qui devait entrer dans la douzaine d'années. L'affaire fut faite. Six miches de pain et quinze écus á ton retour, tu cours, tu files, tu voles, tu me trouves un gamin de cinq années environ, qui voyage avec une femme plus âgée. Il a quitté Nîmes y'a deux, trois jours. Prenait le chemin vers Uzés puis vers Chalon. Si t'as des copains qui t'aident, j'leur paye aussi, 5 écus chacun, et les frais d'voyage. Tu me le trouves et tu lui dis que tu viens de la part du Procureur du Languedoc, que Moran et Zoé, ses cousins sont passés par lá, ils allaient vers le Limousin, n'ont rien demandé sur lui et que j'ai rien dis non plus. Et je suis vraiment proc', si t'oublies quelque chose, ou si tu fais semblant d'y aller et t'y vas pas, je te mets en procès. C'est pigé? Répète le message va? Ouais? Oublie pas, Moran ou Momo et Zoé. Oui, Estuardo a dit Zoé, parce que "Shirine", le garçon il allait pas retenir. Ses cousin quoi. Tu oublies pas, hein? Ils ont rien demandé sur lui et j'ai rien dit. Vont vers le Limousin. Répète pour voir? Ouais, voilà. Oust! File! VA!

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Images originales de Nesskain, modifiées
Shirine
    Nîmes, 11 Février 1462


Comme convenu, Shirine retrouve le convoi Lisreux à la sortie de Nîmes. Le jour n'est pas encore levé et elle sort de chez Estuardo. Sourire narquois aux lèvres, elle évite avec soin le regard de Moran.
L'aragonais était tombé à pic, la veille au soir. En se rendant à Nîmes, la rouquine se doutait qu'elle pouvait le croiser, et au fond, elle l'espérait vraiment. Les choses s'étaient plutôt déroulées selon ses espoirs. Elle avait pu ouvertement devant Moran sous entendre ses projets charnels avec Estuardo.

Shirine souffrait profondément. D'observer l'homme qu'elle avait épousé dans le plus grand secret tenir la main d'une autre, l'embrasser et lui murmurer à l'oreille des mots qui faisaient rougir la destinatrice. Ajouté à cela l'impossibilité de s'offrir un moment intime avec lui. Si la chose était facile dans leurs chambres de la demeure arlésienne, sur les chemins, dans les auberges, cela s'avérait bien moins discret. Elle bouillonnait de jalousie et n'avait aucun autre moyen d'exprimer sa souffrance que par la vengeance. Que Moran protège leur amour par un faux mariage avec une inconnue, elle le comprenait. Qu'il y mette autant du sien la rendait folle. Des tas d'hommes épousaient des femmes qu'ils n'aimaient pas, sans pour autant jouer les séducteurs avec elles. Shirine était prête à le suivre partout où il pourrait lui demander d'aller, parce qu'après tout, au regard de Deos, elle était sa femme et qu'elle l'aimait bien au delà du raisonnable, mais elle n'était pas prête à lui laisser passer ces gestes tendres et pleins de sous entendus charnels avec d'autres, devant ses yeux. Et s'il y avait encore d'autres femmes, elle préférait ne pas le savoir.

Alors son arme, c'était la vengeance...

    C'est donnant donnant. Je souffre, tu souffres.

Pauvre Estuardo en avait été l'objet, la victime. Ca n'enlevait pourtant pas l'affection profonde qu'elle lui portait, et le moment tendre et décomplexé qu'elle venait de passer avec lui.

Quand à Scipion, la rouquine n'avait pas un instant imaginé que l'aragonais avait pu le croiser. Elle avait fait part de ses inquiétudes déjà, persuadée en son fort intérieur que le pauvre petit gisait mort dans un fossé. On lui avait rétorqué qu'elle était trop pessimiste. Alors elle ne disait plus rien et laissait Moran s'en charger, puisqu'il ne semblait pas inquiet.
Mais elle, elle s'inquiétait, se demandant comment pouvaient bien faire les autres pour rester aussi sereins... Il n'a que 5 ans...

Shirine observe son fils endormi dans les bras de la nourrice. Elle n'est pas une mère dévouée corps et âme et le laisse à une autre la majeure partie de la journée. A cet instant précis, en songeant à son cousin, lui vient une indescriptible envie de le posséder contre elle à jamais. Elle monte dans la charrette et réclame le nourrisson d'à peine un an. Il passera le voyage jusqu'à la prochaine étape tout contre elle...

    Petit homme, tu es la seule chose de Moran que j'arrive encore à contrôler.

La jeune rousse fini par s'assoupir dans le ballottement de la carriole. Elle sombre dans des limbes cauchemardesques faites de sang, d'enfants, de borgnes et de cheveux roux...
Elle se réveille en sursaut alors que le soleil est levé depuis plusieurs heures. Puis se ressaisit se souvenant qu'elle a son fils dans ses bras... Elle regarde autour d'elle puis rend Ânani à la nourrice avant de lui demander dans combien de temps ils seront arrivés.

Elle farfouille frénétiquement dans ses affaires et s'empresse de griffonner une lettre qu'elle fait expédier dès son arrivée à Montpellier.


Citation:
Mi cariño Estuardo,

Gracias por este momento con tú.

Pero, yo te escribo porque tu tuerto me intrigo. Yo maravillo si una de sus victimas es un niño de cinco años. Porque, mi primo ha desaparecido y pienso que quizás tu has entendido hablar de Scipion, señor fiscal.

Yo soy muy preocupado.

Gracias por tu ayuda, mi cariño. Espero te volver a ver pronto.

Shirine


Edité pour ajout de narration.

Traduction de la lettre :

Mon bel Estuardo,

Merci pour ce moment avec toi.

Mais je t'écris parce que ton borgne m'intrigue. Je me demande si une de ses victimes est un enfant de 5 ans. Parce que mon cousin a disparu et je pense que peut-être tu as entendu parler de Scipion, Monsieur le Procureur.

Je suis inquiète.

Merci pour ton aide, mon chéri. J'espère te revoir bientôt.

Shirine

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Estuardo
[17 février, Nîmes]

Il répondait à peine à la missive.
Il l'avait reçue quelques jours auparavant, mais n'avait su comment répondre. Et comme toujours qu'Estuardo se trouvait face à un dilemme, il l'ignora. Il continua de travailler comme un fou, d'aller à la mine, d'aller au château, d'aller à la forge. Comme si les 24 heures d'une journée n'était pas suffisantes pour travailler. Il voulait surtout ne pas réfléchir au dilemme. Puis le moment arriva où il ne pouvait plus faire l’imbécile. Il fallait répondre à Shirine. Sans importer quoi, mais il le fallait. Il prit parchemin, encrier et plume, et s'assit dans une tablée de la taverne municipale. Plusieurs fois il déchira le parchemin avant d'en prendre un autre et tout recommencer. Mais il y avait cette phrase qui lui empêchait de mentir, cette préoccupation qui se lisait dans la lettre de la belle rousse.

Cette réponse nécessitait d'un extrême savoir-faire. Il fallait soulager Shirine, sans trahir Scipion. Il fallait ne pas trahir Shirine, sans que Moran soit au courant. Il fallait soulager sans dévoiler, mais dévoiler sans trahir. C'en était trop. Lui qui voulait seulement se perdre encore une fois, encore une, toujours une de plus entre les blanches cuisses de la belle rousse...

Le parchemin fut finit, et après l'avoir plusieurs fois relu il décida de l'accrocher sur la patte d'un pigeon. La bestiole finirait bien par trouver la rousse, voyons. Elles sont magiques ces bestioles.


Citation:
Dulce Shirine,

Te escribo recién porque tu carta me metió en una situación de dilema.

En cuanto supe el nombre del que, ahora lo sé, es tu hermano, creí saber la razón de tu paso por Nîmes. Pero me equivoqué. Pasaban hacia otros lares, y jamás mencionaron niño alguno...
Ese niño, tu primo... Cuanto pedí para que te perdieses tan profundamente entre mis brazos y olvidaras mencionarlo. Y al parecer alguien escucho mi pedido. Dulce Shirine, mil veces deseada, adorada, olida y probada Shirine.

Tu primo vive.
Tu pequeño y simpático primo vive, y pasó por Nîmes en su huida de tu ególatra hermano Moran.

Pasó por aquí hace unos días. Estaba acompañado por una sirviente cuyo nombre no recuerdo. Pero no puedo decirte más. No puedo. Le prometí que su primo, tu odioso hermano, jamás sabría que paso por mi ciudad. Lo prometí. Y heme aquí traicionando su confianza para no traicionar la tuya.

Shirine, Moran, tu imbécil hermano, no debe saber nada de esto. Te lo pido como un favor personal.

Tu primo partió hacia Uzès, dos o tres días antes de que tu y tu soberbio hermano pasaran por Nîmes. No me pidas más detalles, pues los desconozco.

Dulce Shirine, yo no sabía que ese hombrecito era tu primo, y a vistas de lo poco que conocí a tu altanero hermano, le deseo en lo más profundo de mi corazón que logre huir.

Tu, ten calma, tu primo vive y es un preciosos chaval.

Te deseo buen viaje, y cualquier cosa que necesites sabes donde encontrarme.

Te beso con toda la pasión que me provocas, siempre anhelado la próxima noche en que podremos perdemos juntos.

Tuyo,
Estuardo




*Douce Shirine,

Je t'écris à peine parce que ta lettre m'a mit dans une situation de dilemme.

Aussitôt j'ai su le nom de celui qui, maintenant je le sais, est ton frère, j'ai cru savoir la raison de ton passage par Nîmes. Mais je me suis trompé. Vous passiez vers d'autres endroits, et vous n'avez jamais mentionné aucun enfant...
Cet enfant, ton cousin... Combien j'ai demandé pour que tu te perdes si profondément entre mes bras et tu en oublia le mentionner. Et à ce qu'il semble quelqu'un a écouté mes paroles. Douce Shirine, mille fois désirée, adorée, sentie et goûtée Shirine.

Ton cousin vit.
Ton petit cousin sympathique vit, et est passé par Nîmes dans sa fuite de ton égocentrique frère Moran.

Il est passé par ici il y a quelques jours. Il était accompagné par une domestique dont j'ai oublié le nom. Mais je ne peux t'en dire d'avantage. Je ne peux pas. Je lui ai promis que son cousin, ton odieux frère, ne saurait jamais qu'il est passé par ma ville. Je l'ai promis. Et me voici trahissant sa confiance pour ne pas trahir la tienne.

Shirine, Moran, ton imbécile frère, ne doit savoir rien de cela. Je te le demande comme une faveur personnelle.

Ton cousin est parti vers Uzès, deux ou trois jours avant que toi et ton orgueilleux frère ne passiez par Nîmes. Ne me demande plus de détails, puisque je les ignore.

Douce Shirine, je ne savais pas que ce petit homme était ton cousin, et à vue du peu que j'ai connu ton hautain frère, je lui désire au le plus profond de mon cœur qu'il réussisse fuir.

Toi, soit calme, ton cousin vit et c'est un môme précieux.

Je te désire un bon voyage, et n'importe quelle chose dont tu auras besoin tu sais où me trouver.

Je t'embrasse avec toute la passion que tu me provoques, toujours avide de la prochaine nuit dans laquelle nous pourrons nous perdre ensemble.

Tien,
Estuardo

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Images originales de Nesskain, modifiées
Shirine
    Aurillac, 18 Février 1462


Les jours passaient sans aucune trace ni nouvelle de Scipion. Moran n'en parlait pas, elle en faisait autant. Elle rongeait son frein en attendant une réponse d'Estuardo ou une quelconque autre nouvelle de n'importe qui. Et ils continuaient leur route pour le Limousin, sans se douter qu'ils marchaient dans les pas du petit espagnol.

C'est le soir du 18 février que la réponse de l'aragonais échoue entre les mains de la rouquine, alors que dans sa chambre d'auberge elle termine de rassembler ses affaires. Elle s'adosse à la petite cheminée et lit les mots ibériques. Un sourire flotte sur ses lèvres en songeant que c'est sans doute pour cette raison qu'elle affectionne beaucoup Estuardo. Il représente une partie d'elle même, de ses origines qu'elle n'a jamais connues et qu'elle découvre avec lui. A petite échelle, une sorte de renaissance, de nouvelle enfance. Une deuxième chance.
Mais rapidement, elle s'attache au fond et oubli la forme. Elle ignore les commentaires sur son frère et se sent soulagée d'apprendre que Scipion est en vie et accompagné de Shana. Par contre... Uzès ? Scipion aurait-il seulement fait une boucle et serait-il retourné à Arles ? Après tout, sa fugue n'est peut-être pas très sérieuse et juste un moyen de faire un peu peur à tout le monde.

Qui sait si, à ce jour, il ne profite pas de la maison arlésienne vide de toute la famille.

Shirine lit trois fois la lettre, pour bien s’imprégner de ce qu'elle contient puis la jette dans le feu. Si Moran ne sait pas qu'elle détient des informations, il ne pourra pas lui en vouloir de ne pas les lui avoir données. Le mensonge par omission n'est pas vraiment un mensonge...

Elle soupire. Et maintenant, que faire ? Tenter de contacter Scipion, essayer de savoir exactement où il est.


Citation:
    A lire à Scipion Del Castillo.
    Enfant de 5 ans, brun, accompagné d'une dénommée Shana.

    Chiquito,

    Il faut que tu me dises si tu vas bien. Si tu n'as rien. Dis-moi où tu es que je ne m'inquiète plus, je te promets de ne rien dire à Moran si c'est ce qui te fait peur.

    Tu ne peux pas continuer à ne rien nous dire, c'est cruel.

    Tu me manques,

    Zoé

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Scipion
[19 Février 1462 - Quelques part entre Limoges et La Trémouille]

Des jours, voilà des jours que le petit Scipion avait fugué de sa maison à Arles sans rien dire à personne. Aucune nouvelle, aucun courrier. Scipion se posait la question de savoir si son cousin et ses cousines étaient à sa recherche, où si ils n'avaient apporté aucune importance à sa disparition. Devait il continuer? Devait il faire demi tour?

Non, Umbra l'attendait à Saumur et ça faisait un moment qu'il ne l'avait pas vu. Mais était il sur le bon chemin? Scipion passait de ville en ville sans savoir où il se trouvait. Il comparait seulement les lettres de la ville avec celle de la carte.
Certains avez le sens de l'orientation, d'autre utilisez des boussoles, Scipion lui comparait le nom des villes qui se situé sur les panneaux avec sa carte.

Après tout, chacun sa technique !

Quelques jours au par avant, Scipion avait fait la connaissance d'une petit blonde présentée sous le nom de Anna avec un nom imprononçable derrière dite aussi Spirit. Scipion fût tout heureux de sa rencontre, le contact avait très bien passé. Scipion s'était même découvert une âme protecteur bien qu'Anna était plus âgée que lui de deux ans. Mais elle semblait tellement apeuré, qu'il chuchota qu'il la protégerai si quelqu'un devait lui faire du mal.

Il lui traversa même l'idée d'inviter plus tard Anna à jouer à la maison. Enfin pour cela faudra qu'il retourne à Arles ce qui n'est pas prévu au programme du gamin.


Scipion avait continué sa route accompagnée de Shana sa servante qui s'occupait très bien de lui. Il était presque un enfant Roi. Elle avait toujours une petite attention pour lui.
Quelques part sur un chemin en direction de Saumur, Scipion s'amusait à courir après les pigeons afin de les faire fuir et les voir s'envoler. L'attention de Scipion fût retenu par un pigeon qui revenait à chaque fois et dont un bout de papier avait été accroché à sa patte. Scipion se saisit du pigeon sans difficulté et récupéra le papier.

Le courrier en sa possesion, il le présenta à Shana afin qu'elle le lui lise bien qu'elle avait quelques difficulté à lire elle se débrouillait tout de même.

Il était temps, déjà plus de 10 jours qu'il est partie et aucun courrier ne lui avait été envoyé avant celui-ci. Scipion était content, au moins ils s'inquiétaient. Enfin tout au moins Shirine, ce qui ne surprit pas Scipion.

Scipion demanda donc à Shana de répondre à ce courrier et d'écrire derrière celui-ci.


Citation:
Courrier rédigé par Shana sur les propos tenu par Scipion.

-- Zoé--

-- J'a vais bien --
-- Pas bobo – J'a suis avé Shana --
-- S'occupe bien de moi --
-- J'a sais pas où j'a suis --
-- Vais voir Umbra --
-- J'a trouvé des assiettes en porcelaine en ville --

--Bisous j'a t'aime '--
-- Inquiete pas --

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Shirine
    Guéret, 22 Février 1462


Shirine et Moran ont laissé Lastèle et Alienor à Limoges et sont parti en voyage de noces. C'est pas parce qu'on se marie avec son frère qu'on a pas le droit de faire comme tout le monde... Bien évidemment ils ont trouvé l'excuse d'aller visiter leurs parents en Bretagne, parce que Shirine ne les connaît pas encore.

Après une soirée riche en vieux souvenirs, la rouquine se voit remettre un message qui l’horrifie. Elle avait tout imaginé, sauf que son cousin irait rejoindre la bâtarde. Pourtant, à bien y réfléchir, elle se souvient que peu de temps avant sa fugue, Scipion lui avait parlé d'elle, lui avait dit qu'il la trouvait gentille et qu'il l'aimait bien. Shirine avait tout fait pour le dissuader dans sa presque adoration pour la manchote, jusqu'à lui dire qu'elle se servait de lui dans le seul but un jour d'éliminer tous les Lisreux. Visiblement, il ne l'avait pas cru... La jeune femme n'imaginait pas un instant que les sentiments d'Umbra pour son cousin pouvaient être sincères.

Une fois de plus, la lettre fini au feu. Moran ne doit encore moins savoir. Il se jetterait certainement à la poursuite de la bâtarde et tomberait dans la gueule du loup. Shirine avait un coup d'avance sur sa demi-soeur, cette dernière ne connaissait pas sa véritable identité, il lui fallait à tout prix s'en servir pour récupérer l'enfant. Lorsque son frère l'apprendrait, il lui en voudrait certainement beaucoup, mais elle saurait se faire pardonner... Après tout, elle avait juré devant lui et Dieu de le protéger, toujours. C'est bien ce qu'elle s'apprêtait à faire.

Dans la taverne qui se vide, et avant d'aller rejoindre son mari, Shirine trempe la pointe d'une plume dans l'encre.


Citation:
A lire à Scipion Del Castillo, du mieux que vous le pourrez :

Tchiquito,

    Inntennto dé té alcanssar.

    Péro aïe ouna cossa moui immportannté qué débo pédir. Por favor, no dicesse qué soï Zoé Lisreux, no dicesse qué soï tou prima, no dicesse qué soï la hermana dé Moran. Esse immportannté, moui immportannté.
    Soï Shirine, i tou mé conocesse porqué vivo enn Arles. Soï tou amiga, solo tou amiga.

    Enntienndesse ?

    Yégo...


Shirine


Si Umbra tombe dessus et la lit à Scipion, elle ne comprendra rien, en espérant qu'elle ne connaisse pas l'espagnol, et avec la phonétique qu'elle s'est appliquée à mettre, elle espère que le petit comprendra tout, lui... Et qu'il fera ce qu'elle lui demande. Sinon, s'en est fini de son plan.

Quand à sa chère garce de demi-soeur, Shirine se décide à jouer un peu avec elle, prenant soin de changer légèrement son écriture...


Citation:
A Umbra, ma soeur,

    J'ai appris par Moran notre lien familial, et plus récemment par Scipion, mon cher cousin, qu'il faisait route vers vous, s'il n'est pas déjà à vos côtés...

    Je viens d'envoyer quelqu'un pour aller le chercher et le ramener à la maison, j'espère que vous traiterez bien notre cousin le temps que cette personne arrive.

    Bien à vous,


Zoé Lisreux


Elle espère par ce courrier faire son petit effet...

Et cette nuit, le coeur déchiré, mais décidée, elle s'éclipsera sans rien dire à Moran et prendra la route pour aller chercher Scipion.




La véritable orthographe de la lettre :
Chiquito,

Intento de te alcanzar.

Pero hay una cosa muy importante que debo pedir. Por favor, no dices que soy Zoé Lisreux, no dices que soy tu prima, no dices que soy la hermana de Moran. Es importante, muy importante.
Soy Shirine, y tu me conoces porque vivo en Arles. Soy tu amiga, solo tu amiga.

Entiendes ?

Llego...

Shirine


Sa traduction :
Gamin,

J'essaye de te rejoindre.

Mais il y a une chose importante que je dois te demander. S'il te plait, ne dis pas que je suis Zoé Lisreux, ne dis pas que je suis ta cousine, ne dis pas que je suis la sœur de Moran. C'est important, très important.
Je suis Shirine, et tu me connais parce que je vis à Arles. Je suis ton amie, seulement ton amie.

Tu comprends ?

J'arrive...

Shirine

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Umbra
[Le 23 Février, à Loches, en Touraine]

Les journées s’écoulaient au rythme des paysages défilants. Une pseudo course contre la montre où le soleil finissait inlassablement vainqueur. Voyager de jour, de nuit, sous un ciel bleu ou gris, par tout temps, il fallait être à l’heure. L’Ombre s’évertuait malgré les aléas à poursuivre son chemin quoi qu’il en coûtait : d’abord, sa cousine qui partit de son côté pour une urgence du même type puis sa cadette qui manquait à l’appel sans oublier la douleur lancinante qui tiraillait sa jambe meurtrie par l’effort intense et soutenu. C’était un peu du genre "marche ou crève" …

Umbra se reposait dans une taverne lochoise quelconque. Avachie sur un matelas branlant dont la literie, couverte d’un film de poussière, puait le renfermé. Le mobilier usé moisissait à vue d’œil mais pour la même misérable somme, la Noiraude aurait eu pire dans une capitale –si elle avait eu quelque chose-. Elle était tellement exténuée que tous ces détails disparaissaient à sa vue. Ombeline ne voyait que l’opportunité de s’allonger quelques heures pour soulager sa patte folle avant de fouler à nouveau les sentiers pour rattraper son retard. Cependant, son regard cerné et ses paupières lourdes ne se fermaient pas pour autant. Son cerveau ne s’arrêtait jamais de calculer le prochain itinéraire, de jauger les raccourcis tandis que son cœur s’emballait douloureusement quand elle entendait parler de brigands dans les parages.

Chaque pas de plus vers Saumur avivait ses pensées vers Scipion. Elle imaginait le petit espagnol se heurter aux malandrins, se tordre la cheville dans un nid de poule, errer dans la nuit, établir un feu de camp au milieu d’une forêt habitée par de féroces prédateurs, dormir à la belle étoile sous un froid glacial, écouter son ventre gronder sans avoir de quoi se rassasier… Toutes ces réflexions irritaient grandement la Bâtarde qui se sentait coupable de cette fugue. D’ailleurs, ce fut à cause de sa nervosité à vif qu’elle s’interdit de communiquer avec lui le temps du trajet. Envoyer un pli, c’était remuer le couteau dans la plaie. Le temps se stopperait et la Manchote survirait en apnée tant qu’elle n’aurait pas de réponses. Non, elle préféra tendre tous ses espoirs vers le Del Castillo, il saurait en faire bon usage et trouver son chemin prudemment.

Une bouteille de prune pour unique compagnie, la Boiteuse éclusait cette dernière dans le but de noyer ses inquiétudes et de lui donner un bon coup de fouet. Sans Triora ni Fleur, elle n’avait rien pour apaiser sa blessure ni pour…calmer ses nerfs. Elle ruminait, dans un grondement sourd entre ses mâchoires crispées, de sombres propos baignant dans une haleine fortement alcoolisée quand un messager se posa à sa fenêtre. Les iris de jais se rivèrent alors sur le volatil roucoulant et toutes craintes que la Corneille venait d’enfouir sous de longues rasades d’eau-de-vie refirent surface pour la couler à son tour.


Putain !

Le récipient en verre voltigea dans les airs avant de se fracasser contre le mur en torchis près de l’huis. L’impact fit battre légèrement de l’aile le messager qui se reposa aussitôt sur l’encadrement délabré pour fixer de nouveau l’Ombre alitée.

Je te promets, saleté de piaf, que si tu m’apportes de mauvaises nouvelles, tu finiras en tournebroche dans l’âtre…

Dans un élan forcé, la carcasse avinée se redressa grossièrement et claudiqua jusqu’au futur repas. Maladroitement, Umbra s’empara du pli roulé à la patte du volatil puis rebroussa chemin vers le lit grinçant. D’un œil sombre, elle parcourut le courrier. Plus l’encre coulait sous son attention, plus son sang bouillait dans ses veines. Une énième Lisreux faisait son apparition et empiétait dans ses affaires.

Zoé…

Le nom gronda amèrement dans la pièce avant que le parchemin ne se consuma dans la cheminée. Intimement, la Noiraude savait que la fugue de son cousin la ferait recroiser les siens. Peut-être même qu’en plus d’en avoir conscience, elle s’en servait mais tous ces songes restaient secrètement enfouis sous un amas d’empathie sain. Avant de penser à ses intérêts en récupérant le mini-espagnol, il primait le souci de le perdre. Jamais, Ombeline ne songea plus loin que de le retrouver sain et sauf et ensuite advienne que pourra…

Le fait que les Lisreux se mêlaient de cette affaire la rassurait timidement. La Bâtarde avait pris du retard dans son voyage, il y a quelques jours que le délai était passé. Sûrement, Scipion l’attendait déjà en Anjou et ne voyant personne, peut-être songerait-il qu’elle avait failli une seconde fois. Si le Del Castillo était là-bas et qu’il croisait un cousin, il lui en voudrait terriblement mais il serait en sécurité. La Manchote hésita un long moment avant de sortir son attirail d’écriture. Tout d’abord, elle ne sut à qui adresser son courrier puis elle douta des propos qu’elle pouvait tenir dans celui-ci.

Qui sa maudite sœur avait-elle pu engager pour le récupérer ? Un paysan incapable de se battre au cas où ? Un couard qui détalerait en laissant le petit à son triste sort ? Un mercenaire qui l’enlèverait pour demander une rançon ? Pour être satisfaite du travail, rien de mieux que de le faire soi-même…Et la plume gratta le vélin.

Une fois, le tout parti vers le destinataire, la Boiteuse délaissa le foutoir causé par son alcool mauvais sous les jurons du tenancier pour reprendre la route.


J’arrive Scipion… Avant eux.
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