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[RP] Première leçon de savoir-vivre...la suite!

Vasco.
[Mâcon, février 1462]

    T'es prêt coco? A mon top, vous lancez le générique. 3...2...1... Go!

    " Vous n'avez pas suivi les épisodes précédents? Eh bien, tant pis pour vous! Parce qu'il faut bien avouer que ça valait au moins une nomination aux Oscars! Enfin... Dans la catégorie premier rôle féminin, il n'y a pas de doute! Pour le reste, c'est...litigieux, je le reconnais! Mais ne vous inquiétez pas, on va vous résumer tout ça pour que vous compreniez bien l'intensité psychologique qui se joue dans les épisodes suivants... Taverne de Mâcon la grande. C'est là que tout a commencé par un geste des plus anodins. Velasco Visconti, fatigué par le manque d'éducation des filles du clan Corleone, redresse Agnesina Temperance Corleone de la chaise dans laquelle elle s'était affalée avec un manque de classe désolant. Enfin... aux dires du sicilien bien évidemment! Celle-ci, n'appréciant pas la familiarité du marin l'a mis au défi de l'affronter en lice. C'est ainsi qu'un soir, après vêpres, nos deux héros se retrouvent en lice. Huilé et torse nu, Vasco prend l'initiative et délie le chignon de son opposante. Ina réplique par un coup au plexus solaire qui envoie le sicilien buter contre un pilastre sur lequel sa tête vient cogner. S'en suit un duel où se mélangent joute martiale et casuistique. Agnesina se retrouve au sol. Les paroles de son adversaire viennent la chercher au plus profond de son être, et au grand étonnement de Vasco, elle lui déclare qu'elle a un faible pour lui. Les deux zigotos se disputent. Vasco rompt le duel. Agnesina a le dernier mot avant de quitter les lieux à son tour. "


L'italien était de retour dans la pièce où il avait laissé ses vêtements avant le duel. Les dernières paroles d'Agnésina rebondissaient sur les parois de son esprit et le mettaient en colère. Il ramassa le morceau de savon de Marseille qu'il trimballait dans ses affaires, s'apprêtant à nettoyer son corps de la pellicule d'huile qui le recouvrait. Le dernier regard d'Agnésina apparut à la surface de l'eau, dans le bac près de lui : un regard qu'il imaginait dur et méprisant. Fuyait-il lui aussi en avant? Se cachait-il derrière de faux-semblants? Mais de quoi se mêlait-elle hein? Qu'est-ce qui lui permettait, à elle, de décider pour lui comment il aurait dû réagir? Comment une femme pouvait oser prétendre ça? Mais pour qui se prenait-elle? Pour qui?!?!?!?

Elle ne se prend pour personne en particulier, pauvre abruti! Elle a raison, et tu le sais! Elle met son âme à nu devant toi, et toi tu lui balances un salmigondi de mots incompréhensible, une salade niçoise d'idées sans aucun fond. S'il faut qu'on t'explique tout, elle vient simplement de te dire : tu es peut-être physiquement plus fort qu'elle le sicilien, mais tu n'es juste qu'un couard, un homme qui n'est même pas capable de s'assumer, de reconnaître ses faiblesses...

- Mais vas-tu te taire oui?!?!?!?

D'un geste rageur, Vasco rompit le maléfice en brisant la surface de l'eau d'un jet de savon. Le regard de la Corleone s'évapora dans les remous du liquide transparent. Il n'arrivait pas à décolérer. Les dernières paroles d'Ina l'avaient littéralement mis hors de lui et sa conscience ne faisait que souffler sur les braises ardentes de son courroux une haine qui était dirigée contre lui mais qu'il était facile pour lui de maquiller sous les traits d'Agnesina Temperance Corleone. Il s'empara de sa chemise et s'apprêta à la passer rageusement par la tête.

Tu ne te laves pas?

- Non !

Tu sais que ton corps est couvert d'huile n'est-ce pas?

- Oui, je sais. Merci maman! T'as pas vu que j'ai retiré le plus gros pendant que tu me faisais ton sermon?

Et tu vas te balader ainsi? Avec une chemise huileuse qui colle à ta peau? Tu veux que tout le monde se moque de toi? Où alors tu veux lui montrer la forme de tes muscles saillants sans en avoir l'air? Te prends-tu pour une donzelle qui enfile une robe mettant sa poitrine en valeur et qui s'étonne par la suite qu'on ne la regarde pas droit dans les yeux? Hum?

- Tais-toi!

Tu lui concèdes la victoire alors? Tu acceptes d'être la risée de tous? Qu'elle se gausse de toi et de ta chemise collante?

- Mais tais-toi! Je ne veux plus t'entendre! Je n'ai pas besoin de tes conseils!

Vasco envoya d'un geste de dépit sa chemise à l'autre bout de la pièce. Il récupéra le savon et à la hâte, il retira la pellicule de graisse qui n'avait servi à rien. Riche idée qu'il avait eu là! Oh oui! Riche idée! Totalement inutile effectivement! Assis sur une caisse de bois, les coudes sur les genoux, le visage dans les mains, la tête penchée vers le sol, il ferma les yeux. Une goutte d'eau se fraya un chemin au travers de sa barbe pour venir mourir dans le bac d'eau sale et huileuse. Un ploc sonore rompit le silence du moment. L'eau froide sur son corps avait tempéré ses sentiments, calmé ses tourments. Enfin...un peu!

On sait tous les deux pourquoi tu te comportes comme ça n'est-ce pas?

- Tais-toi! Je ne veux pas t'entendre, je t'ai dit! Je vais aller lui dire que j'en ai assez de tout leur petit groupe! Je m'en vais, tu m'entends? Pfffuuuuiiit.... Je disparais! Je vais trouver du travail ailleurs! Dans un endroit où l'on me respectera! Où l'on me jugera sur ma valeur et non pas sur ma naissance. Je trouverai bien un groupe où le respect entre les membres a un sens.

Tu sais, ça n'est pas parce que tu es italien qu'il faut jouer ta vie sur le ton de la comédie. Ici, tu peux être toi-même. Tu n'as pas de rôle à endosser pour rouler dans la farine tel ou tel client. Tu t'emportes...pour rien! Tu amplifies ses paroles, les déformes. Tu entends ce que tu veux bien entendre. Elle n'a rien fait d'autre que de t'avouer sa...enfin...faiblesse. Si elle a osé le faire, c'est parce qu'elle a confiance en toi. Tu sais comment ils sont les Corleone d'habitude? Brutal, bestial, sanguinaire. Spiritu Sanguis... C'est ça l'image qu'il veulent donner d'eux! Et ils le sont! Mais ils ne sont pas que ça non plus! Si tu ne te rends pas compte qu'elle vient de t'intégrer à son cercle de confiance...c'est que tu es stupide Velasco Visconti! Pas facile la vie de brigand hein? On croit qu'on peut tout se permettre. On prend ce qu'on veut, quand on veut. Liberté absolue et gains rapides? Oui, mais voilà, si tu pratiques sans aucun principe, tu te transformes vite en brute sanguinaire sans conscience. Tu oublies pourquoi tu fais ça. Tu ne te mets plus de limite. Tu deviens un animal qui ne fait pas ça pour atteindre un objectif ou par besoin, tu fais ça par appel de la violence et du sang. Tu perds ton humanité pour au profit d'une bestialité pure et simple. Elle, elle te ressemble Vasco. Bien plus que les autres membres du clan. Elle est comme toi... Excepté qu'elle a le courage d'exprimer ce qu'elle ressent alors que toi tu as passé ta vie à fréquenter les catins parce que tu penses que tu n'es pas capable d'aimer. Tu prétends qu'aimer n'est pas une faiblesse? Alors pourquoi t'en protèges-tu tant? Tu sais jouer les séducteurs, mais quand vient le moment de la vérité, tu te défiles toujours. Tu as peur marin! Oui peur! De toi!

Pressant le pas, il regagna les quartiers de la ville, direction l'auberge où ils logeaient. Aux enfants qui lui tendaient la main pour obtenir une pièce ou une pomme, il balança un regard noir. Il traversa le marché, s'arrêta un instant devant les étals des tisserands, y croisant braies et chemisiers pour dames, ce qui ne fit qu'amplifier sa frustration. Toujours survolté, il entra dans l'auberge où quelques poivrots s'échangeaient les derniers ragots de la ville. Il monta les escaliers deux à deux, se présenta dans la chambre d'Ina et poussa la porte.

- Ina! Il faut que l'on s'explique toi et m...

Tutoiement. Sa phrase s'arrêta nette alors qu'il réalisa ce qui venait de se passer. Devant lui, dos à lui, la jeune fille était tout simplement entrain de changer de vêtements. L'italien en resta coi quelques instants alors que ses yeux se portaient sur celle qu'il venait d'affronter il n'y a peu en lice. Il lui fallut un peu de temps avant de se sentir bête. Il avait même du mal à réaliser tout l'incongru de la situation présente. Si jamais Arsène ou Gabriele se pointaient à ce moment en se demandant pourquoi la porte de leur soeur était ouverte, nul doute qu'il aurait du mal à donner des explications qui tiennent debout. C'est gênant. Très gênant même. Ça lui coupe tous ses moyens au marin! Pour peu, le rouge lui monterait aux oreilles.

Et c'est toi qui voulait lui inculquer des leçons de savoir-vivre hein? Dis-dons, tu trouves que c'est normal d'entrer dans la chambre d'une femme sans même frapper à sa porte? Sans même attendre qu'elle t'ait autorisé à entrer? C'est impoli! Non! C'est très impoli! Et embarrassant n'est-ce pas? Je suis curieux de voir comment tu vas t'en sortir maintenant, mossieu qui n'assume pas! Tu pourrais peut-être lui dire que son bain est prêt et lui demander si elle veut que tu lui frottes le dos avec ton fameux savon de Marseille?

- Je...Enfin... Comment dire... Vous avez... Enfin j'ai...

]Vasco passa sa main dans cheveux, geste typique chez lui d'une situation inconfortable. Il leva l'objet qu'il avait dans sa main, dans un geste hésitant et maladroit.

- Votre pince! Celle qui tenait votre chignon... Je... Celle que je vous ai retiré...

Il déposa l'objet sur la petite table basse qui se trouvait à deux pas sur la gauche.

Je... Disons que... Enfin, je vous la laisse là. Au cas où vous en auriez besoin...Si vous voulez, je puis vous aider à... la replacer.

Vasco?

- Quoi?

Tu pourrais peut-être te retourner?

- Qu... qu...Quoi? Me retournez? Ahem...Oui...Bien sur!... Me retourner!

Tu vois? Elle ne plaisantait pas quand elle te disait attendre que tu lui paies de nouveaux vêtements hein? Allez va! Prends ses mesures et surtout excuse-toi pour ton impolitesse en lice, pour être entré chez elle sans frapper, pour être arrivé les mains vides. Tu sais, avec elle, je crois qu'il faut vraiment que tu prennes un nouveau départ. Tu devrais l'inviter à avoir une conversation franche et calme. Ça vous changerait pour une fois!

Echec et mat oui! Après que la Reyne et le Roy s'étaient envoyés des épluchures du centre de l'échiquier, ne voilà t-il pas qu'elle s'était effeuillée devant lui pour lui faire perdre toute contenance après lui avoir fait perdre le contrôle de soi. Décidément, les Reynes de notre époque sont bien trop perfides pour les Roys des Deux-Siciles.
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Agnesina_temperance
Ina Corleone n'avait pas trainé en chemin, car elle ne voulait pas qu'on la voit dans cet état et surtout, elle n'avait pas envie de faire une mauvaise rencontre. La brune avait peur quand il s'agissait de marcher toute seule dans la nuit et même quand un homme avait tendance à trop la regarder, donc elle pressa le pas pour arriver au plus vite à l'auberge. Elle ne pensait plus à rien. Tout ce qu'elle voulait, c'était entrer, se laver et se changer. Pour l'instant, parce que si quelqu'un connait bien Agnésina, il dira que ce n'est pas dans son habitude de réfléchir. Là, c'était juste qu'elle avait peur et à chaque ombre qui passait, elle se mettait sur ses gardes, comme si elle voulait s'en prendre à elle. Elle regarda vers le sol, en espérant que ça l'aiderait à passer inaperçu. L'auberge était en vue et elle poussa un soupir de soulagement quand elle y entra. Le gros aubergiste était là, avec son tablier sale de graisse et il tourna la tête vers elle.

«- Il faudra penser à me payer, gamine.
«- Oui, oui.
«- J'espère que tu as les moyens.
«-Oui, oui !


Tu parles ! Si tu crois que je vais te payer Gros Tas, cause toujours, je ne t'écoute pas. Ce n'est pas que je n'ai pas les moyens, c'est que je n'ai pas envie de payer. Quand je dois payer un truc du genre, ça me file des maux de ventre et je ne suis pas bien. Il y'a des personnes qui sont faite pour dépenser, d'autres non et je fais des personnes qui ne sont pas faite pour dépenser. La preuve, quand je cumule les écus, je me sens bien. Après, ça m'arrive d'acheter des habits mais ça, c'est pour dire que je ne suis pas pauvre. Je n'ai pas envie qu'on me considère comme une pouilleuse comme on a considéré ceux qui se sont occupés de moi quand j'étais enfant. Ils étaient de braves travailleurs et ils sont morts en crachant le sang des poumons. Les écus sont la garantie de la liberté, parce que s'ils avaient été riches, ils n'auraient jamais été obligés de travailler comme ils l'ont fait pour nourrir quelques cul-gras, parce qu'en plus, tout ce qu'ils gagnaient, ils le donnaient en impôts. Ils seraient encore en vie mais peut-être fallait-il qu'ils meurent, parce que s'ils n'étaient pas morts, je n'aurais jamais su la vérité sur mon père et je n'aurais jamais rencontré ma famille. Je ne serais jamais devenue ce que je suis devenue. Je ne l'aurais jamais rencontré, lui.

Agnésina ouvrit sa porte en soupirant. Voilà qu'elle pensait encore à lui. Rageuse, elle ouvrit la porte de l'armoire et fouilla dedans. Elle en sortit une grande chainse qu'elle utilisait pour dormir et la jeta sur le lit sans plus de précaution. Elle était agacée, parce qu'elle se remémorait sa confrontation avec Vélasco. Elle prit son peigne et essaya de démêler ses cheveux avec nervosité.

«- Aïe ! Mais putain !

Elle balança son peigne contre un meuble, énervée. Elle avait envie de prendre un bain mais à cette heure-ci, les étuves devaient être fermés. Elle soupira. Il faudra qu'elle attende le lendemain pour se laver.

D'après Agnésina, c'était encore à cause de lui mais elle se demanda qu'est-ce qu'il lui pris. Elle voulait lui en coller une pour qu'il ferme sa bouche et elle lui avoue qu'elle a un faible pour lui ? Paradoxal. Pourquoi ne fait-elle jamais comme tout le monde ? Pourquoi est-ce qu'il ne fait jamais rien comme tout le monde ? Parce qu'ils se ressemblent ? Hum. Elle n'en savait rien, mais il l'avait marqué par sa singularité. Poli, charmeur et bavard. Dans le bas monde, c'est rare. Elle avait remarqué que les hommes sont plutôt des gars froids, provocateurs ou grognons mais lui, non. C'est comme si, malgré tout ce qu'il avait fait, il avait gardé une part d'innocence en lui. Il est coutume de dire que pour chaque crime que quelqu'un commet, il se marque à vie sur son corps ou sur sa personnalité. Une personne n'est jamais la même quand elle goûte à cette vie. Elle devient dur. Alors qu'avant, elle plaisantait de tout et de rien avec les autres gens, aujourd'hui, elle les regarde avec dépit s'amuser. Ce n'est plus son monde mais cela ne semblait pas être le cas de Vélasco.

C'est malin, Agnésina. Que croyais-tu ? Qu'il t'embrasserait ? Tu connais tes premiers émois de pucelle ? Tu crois qu'il y'a une place pour les sentiments dans ce que tu fais ? Tu crois qu'il attendu après toi ? Elle secoua la tête. Elle ne devait pas penser comme ça. Peu importe, il ne faut pas courir après lui sinon ce serait ridicule. Il viendra de lui-même ou pas.

Elle soupira et commença à délacer le haut de sa chemise avant de l'enlever pour le jeter au sol. Il faudra qu'elle aille la laver au lavoir et ça ne l'enchantait pas des masses de le faire, car il y'avait toujours les lavandières qui racontaient différents ragots ou étaient trop curieuses. Elle glissa les braies le long des jambes qui eurent le même sort que la chemise. Elle attrapa le chainse et avant même qu'elle put l'enfiler, elle entendit la porte de sa chambre s'ouvrir et une voix familière retentit.

    Observez bien la Corleone dans son habit le plus naturel. Remarquez qu'après son sursaut, elle ne bouge plus. Elle est immobilisée et elle tient son chainse contre son intimité. L'expression du visage est particulière intéressante. Les yeux sont écarquillés. Le visage est contrarié. La bouche est entre-ouverte. Aucun homme ne l'avait vu entière nu. Enfin, Vélasco a droit à une belle vue de son dos et de ses fesses. Assez pour qu'elle rougisse. Assez pour qu'elle se sente tendue. Assez pour qu'elle soit embarrassée. La voilà, la Jeune Corleone dans une position délicate. Aucun mot ne sort de sa bouche. Troublée qu'elle est. Elle resserre les fesses. Honteuse, qu'elle est. Elle voudrait bien se retourner pour lui gueuler dessus et lui donner la claque qu'il mérite mais ce serait montrer son intimité la plus intime. Ses seins aussi.


Il lui parle de la pince de son chignon mais savait-il qu'à cet instant, c'était le cadet de ses soucis ? Il marmonna d'autres mots qu'elle ne réalisa pas, trop mal à l'aise. Il faisait fort, le Visconti. Alors qu'elle lança un regard derrière elle pour vérifier s'il était toujours là, elle remarqua qu'il était dos tourné.


«- Viscon...ti... Ferme cette porte ! On pourrait nous voir... et croire... qu'on va... faire... des choses !

Première réaction : Sauver les apparences. Très important de sauver les apparences et ça évite des déboires ou de devoir se justifier. Elle enfila rapidement sa chainse. Mal soi-disant passant.
Seconde réaction : Elle est nettement plus explosive. C'est toute la tension accumulée pendant les quelques minutes et secondes qui ressort.


«- Vélasco ! Voilà, toute la tension est sortie ou presque. «- On ne vous a jamais appris à frapper avant d'entrer ?! Ou c'est trop normal comme quelqu'un comme vous ?! Voyez la fureur qui s'exprime. «- Je ne sais pas, si vous vouliez faire dans l'original, vous auriez pu escalader le mur et passer par ma fenêtre, non ? Mais encore une fois, ça doit être trop banal pour vous ! Et ce n'est pas fini. «- Non, il faut que vous rentriez quand je me change !

Elle soupira un bon coup pour se calmer et posa son regard vers lui avant d'un geste de la main, de lui montrer le lit.

«- Je... vous prie, asseyez-vous...

Elle n'attendit pas. Les émotions étant retombées d'un coup, elle s'assit sur le rebord du lit, attendant qu'il la rejoigne. «- Vous... vouliez me parler, Visconti ? Elle se pinça les lèvres. «-Vous les avez vu, n'est-ce pas ?

Agnésina. Sujet, verbe et complément. Sinon, on ne peut pas comprendre ce que tu racontes.
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Vasco.
Dans la vie, il y a des silences qui en disent long : ceux que s'échangent deux esprits jumeaux par exemple, ceux qui s'installent entre deux personnes qui ressentent une gêne ou de la timidité l'un envers l'autre, ceux qui témoignent d'un ennui profond ou d'une réflexion intense. Depuis qu'il était entré, elle n'avait pas dit un mot. Rien. Vasco aurait pourtant préféré une bonne gifle, ou une crise d'hystérie digne d'une femme outrée par le comportement de goujat dont elle venait d'être le témoin. Mais là...Rien! Il n'y a rien de pire que l'indifférence. C'est la négation même de l'existence. En se comportant ainsi, Agnesina ne méprisait pas le marin. Non, elle lui refusait le droit d'être, de vivre, d'exister. Je pense donc je suis. Certes... Mais l'homme étant un être social, il avait besoin de vivre au travers des autres.

Enfin, après toute une éternité, elle daigna s'exprimer. Fermer la porte? Cette phrase fit hausser un sourcil au méditerranéen. Il s'attendait à toute autre chose, quelque chose plus direct et sans ambiguïté du genre : "Sortez d'ici!". Silencieusement, il s'exécuta, le regard toujours tourné à l'opposé d'Agnesina. Et ça tombait bien, la porte était du bon côté. Dans le couloir la petite soubrette qui chaque matin venait réveiller le marin et desservait sa chambre passa dans le couloir. Lorsqu'elle l'aperçut dans la chambre d'Agnesina, son visage exprima un petit rire mutin. Elle plissa les yeux et de ses lèvres naquit un sourire coquin que le sicilien interpréta ainsi : "Bonne soirée sieur! Ne vous inquiétez pas, vous pouvez compter sur ma discrétion, personne n'en saura rien. Dois-je comprendre que je n'aurais pas besoin de refaire votre lit demain matin?". Du rez-de-chaussée la voix criarde du tavernier se fit entendre.


- Juliette ! Ne traine pas! Reviens dès que tu auras attrapé ce rat que la vieille rombière nous a signalé! Il y a du travail qui t'attend en cuisine! Je veux que toute la vaisselle soit propre pour demain matin!

Velasco referma la porte sur ces paroles hautement philosophiques. Il savait qu'il pouvait avoir confiance dans la petite servante. Elle était serviable et toujours de bonne humeur. Un matin, elle était entrée dans la chambre alors qu'il dormait encore. Elle s'était approchée du lit. Lorsqu'elle s'était penchée sur lui, il avait sorti son poignard de sous l'oreiller et l'avait pointé sous sa gorge avant même qu'elle ne put terminer le geste qu'elle s'apprêtait à poser. Elle lui avait sourit timidement, gênée et apeurée par le caractère menaçant de Vasco. Elle avait écarté les mains de son corps pour lui montrer qu'il ne risquait rien. Le regard dur du brun s'était peu à peu dissipé lorsqu'il avait pris conscience de sa non-dangerosité. Elle s'était excusée, lui avait dit qu'elle avait frappé à la porte et que personne n'avait répondu. Elle était entrée pour faire la chambre et quand elle avait vu l'épaule dénudée du marin, elle avait eu envie de venir humer son odeur corporelle. Ils avaient discuté pendant que lui s'habillait et qu'elle nettoyait la chambre. Elle lui avait avoué que son patron voulait que tout soit impeccable pour "la bande d'italiens" qui venait d'arriver en ville. La bande d'italiens? Impeccable? Comme quoi, la réputation a parfois du bon. L'homme devait vouloir garder son auberge intacte! Il devait avoir eu vent des fantasmes pyromanes d'Arsène pour se comporter ainsi. Sur ces souvenirs qui se dissipaient de son esprit, le sicilien referma la porte, inspira longuement en silence et se retourna. C'est à cet instant que la tempête se déchaîna. Finalement, il aurait eu les silences lourds de significations ET la colère dévastatrice. Le beurre et l'argent du beurre. Quand aux fesses de la crémière... Hum...Il n'en n'avait pas encore été question. Elle criait. Elle hurlait. Il la regardait. Droit dans les yeux. Il n'y avait plus de trace de défi dans la prunelle de ses yeux. Il n'y avait pas non plus de remords, ni de honte. Excepté dans la lice tout à l'heure, il ne l'avait jamais vu fâché. Anxieuse, déterminée, arrogante, grinçante, provocatrice, impitoyable, cruelle, sincère... Tout un éventail de qualificatifs Mais c'était la première fois qu'il se prenait à détailler les traits de son visage alors qu'elle était courroucée. Elle les avait tendus ces traits, les sourcils plus rapprochés. C'est tout juste si elle ne montrait pas les dents comme le font les loups pour faire la démonstration de leur force. Ses mèches de cheveux volaient dans tous les sens et son nez était retroussé. L'italien se demandait si finalement, il n'allait pas abuser de la situation et la mettre en colère plus souvent en colère simplement pour avoir le plaisir de la voir changer de face.

Quoi? Qu'est-ce qu'elle lui reprochait? D'être passé par la porte? De ne pas avoir escaladé le mur et être passé par sa fenêtre? Hé, mais c'est qu'elle était romantique Agnesina Temperance Corleone! Sous ses airs de brute sanguinaire, elle avait gardé un cœur de jeune pucelle qui aspire comme toutes les damoiselles de son âge à se faire séduire. Elle n'avait pas parlé de sérénade, mais c'était tout comme! L'idée était là. "Sérénade sous les remparts"... Par Velasco Visconti. Inspirée par Agnesina Temperance Corleone : "Où es-tu, toi qui a eu le courage d'avouer ta faiblesse pour moi? Entends-tu ces cris au loin? La Spiritu Sanguis est passée à l'action. Les quartiers Nord sont déjà sous leurs contrôles. Le bruit des épées qui s'entrechoquent alterne avec celui des râles d'agonie de leurs victimes. Les ombres se faufilent dans la nuit noire. La lune maléfique en est témoin. Elle les éclaire de sa malveillance. Elle, elle est là, quelque part. Elle progresse vers la mairie de la ville, car là est son objectif. Derrière elle, son chemin est parsemé de trainées sanguinolentes et de tripes qui trainent sur le sol humide. Où es-tu Agnesina Temperance Corleone ? Ce soir mes sens sont à vifs. Ce soir, lorsque la ville sera à nous, et que les humeurs du combat seront encore présentes dans mon sang, c'est ton corps que je veux! Déchirer tes vêtements sales et souillés par le combat que nous venons de gagner, couvrir ta peau de baisers impatients et affamés, t'étreindre jusqu'à ne plus pouvoir respirer et hurler notre plaisir avec cette double indécence, celles des vainqueurs et celles des amants. Demain Agnesina et tous les jours suivants, tu ne verras plus jamais les remparts comme avant". Avec ça, il ne restait plus qu'à trouver une musique à mettre sur ces paroles, et le tour était joué. Hum...Ouais! Mieux valait encore que tu entres dans sa chambre par la porte Vasco! Romantique Agnesina? Sans doute un peu oui. Comme toutes les femmes. Mais surtout, pour le sicilien, cette phrase qu'elle venait de prononcer, c'était la preuve qu'elle avait gardé cette part d'humanité que certains brigands ont perdue. Elle avait réussi à préserver la femme de l'influence néfaste de son métier. Dure à l'extérieur, humaine et tellement féminine à l'intérieur. Elle avait ce qu'il faut pour faire ce métier. Pour le faire, et pour l'assumer. Pleinement. Elle était ce qu'il aimerait devenir.

Depuis que la porte s'était refermée, c'est comme si ses sentiments avaient changé. Il n'y avait plus de colère en lui. Il n'y avait plus de doute. Les effets de la grande déclaration s'étaient estompés. Sa conscience avait battu en retraite. Elle ne le tracassait plus. Il était redevenu le Velasco Visconti qu'elle avait toujours connu, celui qui était capable de tenir tête à la horde féminine Corleone, celui qui pouvait sortir son poignard pour la protéger d'un forcené sans que cela soit interprété comme "un faible de sa part pour elle". Le savoir-vivre, c'est aussi savoir profiter de la vie, savoir savourer les bons moments et être capable d'oublier ses problèmes. Le ton de voix de la brigande s'était radouci. Lui avait apaisé ses tourments. Elle l'invita à venir s'asseoir auprès d'elle sur le lit. La tempête s'était calmée et la bateau flottait toujours. Maintenant, ils devraient tous les deux pouvoir rallier le port.

Il allait accéder à sa demande lorsque son œil fut attiré par un objet au sol. C'était un peigne, coincé au pied de l'armoire qui lui servait à ranger ses vêtements. Le sicilien se pencha pour le ramasser. Depuis l'explosion de sa colère, il n'avait pas formulé un mot. Il leva le peigne à hauteur de ses yeux.


- Il est cassé. Il lui manque des dents. Visiblement, vous n'allez pas avoir que des vêtements à racheter.

Puis il s'approcha d'elle et vint prendre place à ses côtés. Elle ne le regardait pas. Le silence s'était de nouveau installé entre eux deux. Pour une fois, il n'était pas le bavard invétéré, caractéristique qui avait fait sa réputation au sein du clan. Il posa ses mains sur ses épaules dénudées, sa chainse n'étant pas totalement lacée pour la couvrir complètement et la tourna de manière à ce qu'elle lui présente son dos. Il allait parler lorsqu'elle lui demanda s'ils les avait vu. Sans doute ne verrait-elle jamais sa réponse qui se matérialisa sous la forme d'un simple hochement de tête.

Ce n'était pas la première fois qu'il partageait un moment d'intimité avec une femme. Car oui, c'était un moment d'intimité. Peut-être même plus puissant que ceux où les corps se dévoilaient et se donnaient l'un à l'autre. S'il avait eu certains blocages, jamais ils n'avaient eu la forme qu'ils avaient pris aujourd'hui. Il savait qu'il avait réagi violemment parce qu'il se sentait en danger avec elle, en danger malgré la confiance qui s'installait chaque jour un peu plus. Elle avait le pouvoir de le déstabiliser, contrairement à celle qu'il ne faisait que séduire. Car ça, il savait le faire. C'était un jeu pour lui. Ça n'avait pas de conséquence. Pas comme cela pouvait avoir aujourd'hui! Oui, il y a bien quelque chose de plus intime que de dévoiler son corps, c'était de mettre son âme à nue!

Il prit une mèche de ses cheveux dans son main gauche.


- Laissez-vous faire. Je vais m'occuper de ça.

Il passa le peigne dans le réseau inextricable de ses cheveux emmêlés. Il commença par peigner ses pointes pour remonter progressivement au fur et à mesure qu'il venait à bout de l'ennemi.

- Ça ne fait guère masculin n'est-ce pas? Mais vous savez quoi? Je m'en fous! Enfin...Tant que votre sœur ou votre cousine ne sont pas au fait de ça! De toute façon, je nierai tout en bloc et s'il le faut, je requerrais les services d'un avocat du Dragon. Le clan reconnait-il l'ordre des avocats? Ah...Au fait! Je n'ai jamais eu de sœur. Alors, vous devez bien vous douter que j'ai plus d'expérience en brigandage qu'en peignage de cheveux! Mais malgré tout... Interdit de crier! Sans ça on n'arrivera jamais à s'expliquer vous et moi.

Nouveau silence. Puis...

- Je vais faire court. Je m'excuse... pour avoir involontairement forcé l'entrée de votre chambre et brisé votre intimité.

C'était court, sans fioriture. Les excuses, ça n'était pas sa spécialité. Il dégagea le tissu de sa chainse sur son épaule. Oui, il l'avait vu. Déposant le peigne sur le lit plus loin, il passa son doigt dessus avec lenteur.

- Pour un aventurier, la peau est comme le parchemin de l'écrivain. S'y étalent ses souvenirs, les bons comme les mauvais. Puis-je me permettre de vous lire encore une fois?

Son regard posé sur la cicatrice, son doigt mémorisa chacune des irrégularités de sa peau à cet endroit.

- D'où vient-elle? Violence familiale? Torture? Combat? ...Laissez-moi deviner... C'est l'histoire d'une petite paysanne. Par une journée chaude d'été, elle travaille dans le champ de ses parents à récolter les légumes. Passe alors Ubald le blond, la teigne du village. Celui que tout le monde craint. Dans le passé, il a déjà croisé la petite Agnesina. Il l'avait trouvé bien à son gout, mais voilà, cette fois-là, elle était en compagnie de ses parents. Alors il avait passé son chemin. Aujourd'hui, elle est seule. Ubald s'approche d'Agnesina et lui montre clairement ce qu'il attend d'elle. Ce qu'il ne sait pas, c'est que la petite a du caractère et ne s'en laisse pas compter. L'impudent la serre de trop près, tente de lui délier la chemise. La fille se débat. Le gueux sort son poignard. Elle, elle lui envoie un coup dans le plexus solaire qui le plie en deux. Mais dans la bataille, lui a eu le temps de se servir de sa lame qui coupe profondément la fillette dans son dos, à hauteur de son épaule. Elle se sauve en courant. Cette fois-ci, il ne l'aura pas.

Vasco marqua un temps d'arrêt dans son récit imaginaire.

- Je me trompe?

Il sortit alors son propre poignard et l'avança sur le côté d'Agnesina de façon à ce qu'elle puisse le voir. Puis il passa sa main gauche vers l'avant, tenant son poignet vers le haut. Son seul regret? Installé dans son dos comme il l'était, il ne pouvait voir ses émotions se dessiner sur son visage.

- Aujourd'hui est une journée digne de souvenir. Sur votre droite, la plume. Sur votre gauche, le parchemin. Me feriez-vous l'honneur de griffonner quelques mots dans...le livre de mes aventures?
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Agnesina_temperance
Quelle idiote ! Voilà qu'il ne dit plus rien. Tu sais ce que ça veut dire un Visconti qui ne dit plus rien ? Tu t'es ridiculisée et tu peux être certaine qu'il va partir en claquant la porte. Une Corleone qui affiche ses sentiments, tu crois que c'est bien ? Une Corleone doit préférer mourir que de montrer ses sentiments. Avant, tu étais froide et tu ne voulais pas te lier. Pourquoi depuis l'incident tu n'es plus ainsi ? Peut-être, parce que tu t'es rendue compte que la vie était courte ? Qu'avec ce que tu fais, la Faucheuse tournoie autour de toi ? Si tel est le cas, la Faucheuse ne rencontrera que l'arrogance de ta part. Célèbre la Vie en narguant la Mort. Avec principe, même avec tes ennemis mais sois impitoyable. Venge-toi si on te fais un mauvais coup, parce qu'il y'a que comme ça que tu seras respectée, Agnésina.

Est-ce que tu te souviens que t'as demandé à Fleur un philtre d'amour ? Et de tes paroles, tu t'en souviens ? Tu as dit que tu ne t'en servirais pas pour faire tomber un homme amoureux de toi mais que lorsque tu auras enfin trouvé l'homme qui bouleverse tes sentiments et que tu sens qu'il se désintéressera de toi, tu lui ferais boire ce philtre d'amour, pas pour le garder auprès de toi, mais pour le rejeter s'il revient à toi. Elle a dit qu'il aurait le cœur brisé. En es-tu réellement capable, Corleone ? Si le Visconti part et va se moquer de toi auprès des hommes, serais-tu capable de le faire tomber amoureux de toi avec un philtre d'amour et de le rejeter pour qu'il ait le cœur brisé ? Tu y penses. Tes intentions ne dépendent que de toi. Qu'est-ce qui se cache derrière tout ça, Agnésina ? Tu as peur ? A l'extérieur, tu peux paraître dur mais à l'intérieur, tu aimerais que ton cœur soit de glace. Pourtant, ce qu'il s'est passé tout à l'heure te prouve le contraire. Considères-tu ton cœur comme une brèche et que si tu l'ouvres au Visconti, il s'en serve pour prendre le contrôle sur toi ? Crois-tu vraiment qu'ouvrir ton cœur, c'est donner le bâton pour te faire battre ? As-tu peur de devenir de ces femmes qui pleurent, parce que le mari va voir les putains ? Voyons, Agnésina. C'est vraiment ça ? N'as-tu pas demandé à Marc de t'épouser pour que tu puisses mettre le statut d'épouse en avant pour repousser les hommes et ne jamais t'offrir ? Souviens-toi. Le Visconti est un brave gars. Il t'a sauvé d'un mauvais pas alors qu'il aurait pu te laisser dans la mouise. C'est depuis ce moment-là où tu as commencé à t'intéresser de lui. Oui, comme toutes les jeunes filles de ton âge, tu as rêvé du prince chevalier qui sauvait la veuve et l'orphelin.

Et pourtant, Agnésina. Tu te mens à toi-même. Arrête de lutter et remémore-toi cette fameuse nuit. Tu as beau être vierge, Corleone mais tu n'es pas une oie blanche. Tu as déjà mouillée dans la décadence une fois. N'as-tu jamais rêvé de cette vie même si elle te faisait peur ? Et dans ce rêve, n'y avait-il pas le mauvais garçon qui t'apprenait des larcins et avec qui, tu as fini dans ses bras ? Te souviens-tu, à ton réveil, la réaction de ton corps ? Juste en bas ? Tu as cru que c'était le sans-nom qui te tentait mais pourtant, tu as apprécié. Cesses de faire la frigide avec lui alors que derrière la glace, tu bouillonnes. C'est pourquoi tu te mets en colère. C'est pourquoi il t'insupporte. Il ne te laisse pas indifférente. Tu le...


Elle secoua la tête. Le silence du Visconti lui inflige des tourments auxquels, elle ne s'attendait pas. Elle devait reprendre contenance et ne plus laisser cette voix la troubler, parce que tout ce qu'elle lui disait, était mal. Forcément. Elle regardait le sol, comme s'il pouvait deviner ce qu'il se passait dans sa tête. Elle n'avait plus aucune intention de se battre contre lui, pour l'instant. Elle s'était radoucie, parce que la tension était retombée d'un coup chez elle et parce qu'elle n'était plus tellement capable d'objectivité à cet instant précis.

Le Visconti ne partit pas, il ramassa un objet. Sûrement le peigne qu'elle avait balancé au sol. Il était cassé et lui manquait des dents. Elle haussa des épaules, même sa radinerie avait été mise sous silence à cet instant. Si elle avait été dans son état normal, elle l'aurait eu mal au ventre en pensant à tout ce qu'elle allait devoir racheter. Le Visconti lui coûtait très cher !


«-Ce n'est pas grave. Il a dû se casser pendant qu'il est tombé. Je n'ai pas fait attention.

Menteuse. Il s'approcha d'elle pour prendre place à ses côtés. Elle ne le regardait pas mais au fond d'elle, elle était soulagée. Elle n'avait pas envie d'être seule ce soir. Pour une fois. Elle ne disait plus rien. Lui non plus. Il posa ses mains sur ses épaules dénués et la tourna pour qu'elle lui tourne le dos. Elle fronça les sourcils. Qu'est-ce qu'il voulait faire ? Une légère inquiétude s'installa dans son esprit, mais elle se laissa faire pour voir, avec une crainte naissante. Pourtant, elle se laissait prendre au jeu. C'est comme si elle ne connaissait pas l'eau de la mer et qu'elle entrait doucement les pieds dedans. Un peu de peur et une grande envie de savoir où elle va la mener. Il lui demanda de le laisser faire et qu'il allait s'occuper de ça. De ça ? Il passa le peigne dans ses cheveux et elle grimaça un peu. Ils étaient emmêlés, mais il savait y faire. Il ne s'est pas attaqué au nœud directement, il a commencé par les pointes pour remonter au fur et à mesure et démêler le nœud. Il était plus délicat et plus patient qu'elle. Parfois, quand elle perdait patience, elle n'hésitait pas à arracher le nœud avec son peigne, ça faisait mal mais au moins, c'était réglé. Ce qui n'empêchait pas que de nouveaux nœuds soient encore présents le lendemain.

Elle sourit en coin en entendant ses paroles.


«-L'avocat du Dragon ? Tout de suite. Déjà, ça ne plaidera pas en votre faveur si c'est un homme. Choisissez-le bien, sinon. Qu'il soit servile et loyal. Enfin, tout ce qu'on peut attendre d'un esclave, n'est-ce pas ? Et pour les cheveux, ça va. Vous avez raté votre vocation de barbier, presque.

Il s'excuse et elle hoche la tête, parce qu'elle accepte ses excuses et surtout, parce qu'elle apprécie le geste. C'était court et net. Pas de long discours. C'est sincère. Il dégage la chaisne de son épaule et passe son doigt dessus. La Corleone prend une légère inspirant en contact avec le doigt dessus. La cicatrice. Oui, elle reconnaissait l'endroit de la cicatrice. Il avait vu celle-ci. Témoignage du passé. Ce qu'il dit, fait écho chez Agnésina et lorsqu'il demanda s'il pouvait se permettre de la lire encore une fois. Elle opine du chef pour lui signifier son accord et il commença par lui demande d'où elle venait. Elle ne répondit pas, pas tout de suite.

En écoutant son récit, la Corleone se fendit d'un sourire en coin. Elle avait le mérite d'avoir de l'originalité et aurait pu arriver, tout à fait crédible. Il lui demanda s'il se trompe et apporta un poignard à ses côtés. Elle sourcilla. Que voulait-il qu'elle fasse avec ? Il lui tendit le poignet vers elle. Elle commençait à peine à comprendre ce qu'il voulait. Il était étrange et imprévisible. Si Agnésina essaya de garder un visage impassible, il n'en resta pas moins qu'elle était écarquilla les yeux de surprise. Ainsi, il voulait qu'elle le marche. Elle se retourna légèrement pour lui faire face et elle prit le poignard, le jaugeant un instant. D'une autre main, elle prit le bras tendu et déposa la lame froide sur l'avant-bras du Visconti.


«- Votre lecture de ma cicatrice aurait pu être bonne. On pourrait dire qu'elle regroupe des éléments qui se sont passer dans ma vie, Visconti. Elle ne le regardait pas droit dans les yeux, elle se contentait de regarder l'avant-bras et la lame posée dessus.

«-Vous m'avez bien cerné. Plus qu'une constations. «- Cette cicatrice est la raison pour laquelle, la Spiritu Sanguis est allée attaquer Poligny pour en faire une lice grandeur nature et provoquer une chienne qui se prend pour une louve en duel. Un sourire amer se dessine sur son visage. «- La petite Agnésina marchait tranquillement avec ses compagnons quand une armée pointa du doigt un enfant. Et le comble veut que l'enfant s'appelle Maledic... Malédiction, oui. Et la petite Agnésina tomba les armes à la main. A peine, la fièvre passée, elle voulait déjà se venger. Elle ne rêvait que de sang et pourtant, la Vie lui offra quelque chose d'inattendu.

La pointe du couteau se planta légèrement dans le bras du Visconti sans le faire saigner. Hésitait-elle à faire couler le sang ? Ses yeux baissés trahissait une certaine lascivité. Sans vouloir montrer qu'elle hésitait, elle caressa le bout de la lame sur la peau avec lenteur.

Est-ce qu'il me teste ? Ce n'est pas tous les jours qu'un homme demande à ce qu'on lui laisse une blessure. Est-ce qu'il veut voir si j'en suis capable ? Ou veut-il voir autre chose ? Est-ce que sa manière à lui de me montrer que je ne le laisse tellement pas indifférent qu'il désire que je le marque pour que la future cicatrice reste à vie comme témoin de cette journée ? Oui, c'est ça. C'es ce qu'il me demande.


«- C'est si joliment demandé. Elle est touchée et elle prend une grande inspiration avant d'un coup rapide et sec, de couper la peau sur l'avant-bras du Visconti, avant de déposer le poignard à côté de lui. «-Et c'est surtout un honneur pour moi que vous me demandiez cela. Un regard bref vers le sang qui s'écoule sur le bras avant de se lever et d'ouvrir un tiroir pour en sortir un mouchoir «-Vous saignez, attendez. Elle épongea doucement le sang qui s'écoulait le long de son bras. «- Je vous aurais bien demandé de me rendre la pareille, parce que j'aime me souvenir des moments importants ou qui ne m'ont pas laissés indifférentes sauf que... Pour vous, si vous deviez laisser une trace sur mon corps, ce serait autre chose et beaucoup plus...enfin vous comprenez ? Peu importe. Un bref haussement d'épaule. «-Et vous, Visconti, quelle est votre histoire ? D'après vos bras et ce que je sais de vous, vous n'avez pas beaucoup travaillé dans les champs. La mer a été votre maîtresse durant quelques années, si j'ai bien retenu ce qu'on m'a dit de vous.

Elle continua à essuyer le sang, avec attention avant de le reposer à côté d'eux, elle retourne le bras pour prendre sa main. La paume de main rivée vers elle pour l'effleurer doucement de ses doigts. Elle suivait les lignes de la main d'un regard rêveur.

«- Et pourtant en bon marin qui a sûrement dû se battre contre les pirates, vous auriez dû avoir un vocabulaire bien fleurie. A moins que vous n'étiez commerçant. Contrebandier, peut-être ?

Elle retourna la main du Visconti, la gardant dans la sienne. Elle cherchait le contact, son pouce caressant doucement le dos de la main. Elle cherchait juste le contact. Après tout, elle ne savait pas lire dans les lignes de la main.
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Vasco.
Il lui avait remis son couteau. Elle l'avait pris. Pour Vasco, c'était aussi une façon de lui montrer la confiance qu'il avait en elle. Elle aurait très bien pu lui entailler les veines profondément, profiter de la douleur pour le lui enfoncer dans les entrailles. Elle aurait ainsi effacer sa "faiblesse". Elle aurait agi comme les principes de sa famiglia le requérait. Rester forte, inflexible, n'accepter aucune faille. Jamais. L'idée avait un instant effleuré l'esprit du sicilien. Dans son métier, celui de capitaine de navire, il devait sans cesse évaluer : la force du vent ou du courant, la force de l'ennemi, les risques de perdre un contrat ou une cargaison. Il était habitué à vivre avec ça autant qu'à assumer les conséquences d'une mauvaise estimation. Ce soir, il avait estimé que le risque était faible, malgré les discours qu'il entendait et les attitudes qui percevait parfois en taverne ou autour d'un feu de camp. Quelque chose avait changé dans son état d'esprit depuis leur affrontement de la journée. Ce n'était pas un besoin de lui faire confiance qui l'animait désormais, mais une envie.

Ainsi donc, c'était ça. Vasco avait appris la raison de la prise de la Poligny un soir, alors qu'il arpentait les rues désertées ou presque de la ville. Il y avait eu des chuchotis, des murmures qui se taisaient lorsqu'il s'approchait, des ombres qui s'éclipsaient inexorablement à son approche. C'est ainsi qu'il avait ouïe que le gosse était au centre de toute l'affaire, un soir qu'il s'était approché plus furtivement d'un groupe de badauds. Qu’Agnesina soit également concernée expliquait bien des choses. Les images de la fillette qu'il avait croisé là-bas lui revinrent en mémoire*. Il n'avait pas eu le temps de lui dire au revoir. Il se demandait ce qu'elle était devenue depuis que la Spiritu Sanguis avait rendu Poligny à la Franche-Comté. Avait-elle trouvé une famille pour l'accueillir? S'était-elle débrouillée par elle-même? Où était-elle désormais? Était-elle encore en vie au moins? Son esprit revint du côté de Mâcon alors que la lame de son poignard tannait le cuir de sa peau. Les derniers mots d'Agnesina revinrent à son esprit : "Elle ne rêvait que de sang et pourtant, la Vie lui offrit quelque chose d'inattendu". D'habitude lorsqu'une femme prononce une phrase aussi énigmatique que celle-ci, c'est soit parce qu'elle a envie qu'on la laisse tranquille et que l'on passe à autre chose, soit parce qu'elle souhaite qu'on lui demande expressément de plus amples explications. Vasco allait opter pour la deuxième possibilité lorsque son attention fut accaparée par les yeux de la Corleone. A quoi pensait-elle à cet instant précis alors que la lame allait et venait sur son avant-bras? Le peu qu'il percevait de son expression le laissa ambivalent. A un moment, il lui semblait que la lame n'était rien d'autre que le prolongement de ses doigts dont l'ongle caressait désormais son poignet. Le geste avait quelque chose de sensuel. C'était une sorte de plaisir macabre. Était-il le mâle de ces insectes femelles qui mangent leur partenaire reproducteur après l'accouplement?

Elle le prit par surprise. La caresse cessa et le coup fut net, précis. La douleur provoqua un rictus sur son visage. Il serra les dents pour la supporter. Le sang inonda son poignet avant que des coulisses ne s'étalent sur son bras, en direction de son coude. Quelques gouttes vinrent s'écraser sur les draps blancs. Alors qu'elle lui nettoyait le bras, lui pressait d'une main la blessure pour arrêter le flot d'hémoglobine. Il chercha son regard. Il avait l'impression qu'elle le fuyait. Plus de duel Ina? Même pas de prunelle à prunelle? Vasco ne comprit pas tout de suite l'allusion de l'italienne à propos de la marque qu'il aurait pu lui laisser. Son esprit resta accroché sur ces mots alors qu'elle poursuivait le nettoyage de son bras. Son sourcil se leva à peine lorsqu'il saisit enfin. Vierge?!?!?!?! Elle était...vierge?!?! Son esprit fut envahi par une montée d’appréhension qu'il tenta de museler. Elle ne devait même pas s'en être rendu compte mais elle venait soudain de réveiller les démons qui l'avaient fait réagir violemment dans la lice tout à l'heure. Le caractère incroyable de cette révélation eut raison de ses angoisses. Le malaise était passé, furtivement. Il avait disparu aussi vite qu’il était arrivé. Vasco espérait qu'elle n'avait rien remarqué. En parlant ainsi de quelque chose d'aussi intime que sa virginité, le marin estimait qu'elle testait sa capacité à résister à son pouvoir de séduction. Au delà de ses chimères personnelles qu'elle ne pouvait comprendre se jouait un autre jeu. Serait-il de cette race d'hommes utilisée pour les basses-oeuvres, l'élevage des enfants ou la reproduction? Ou aspirait-il à prendre une autre place bien plus importante? Ce soir, elle n'avait qu'une chainse sur la peau, un vêtement qui serait si simple à faire glisser au sol. Et pourtant, s'il cédait, il y perdrait et il lui manquerait de respect. Son regard se détourna d'elle pour éviter de trahir ses sentiments et ses envies. Il se posa sur une auréole rouge qui maculait le drap.


- Votre drap est tâché. Si les gens de l'auberge le découvrent ainsi après m'avoir vu entrer dans votre chambre, ils vont se faire une fausse idée de notre tête-à-tête.

Le contact de ses doigts caressant sa main le troublait. Il l’empêchait de se concentrer, de rassembler ses idées. Il lui semblait qu'elle lui avait posé une question. Ah oui...Son histoire à lui, son langage qui devrait être fleuri. Il détourna une instant son regard de cette main perturbatrice et le porta dehors, par delà la fenêtre. La nuit était maintenant maitresse des lieux. Complies ne tarderait plus.

- Je n'ai jamais eu de père. Enfin...Ma mère vendait ses charmes. Je suis un mauvais calcul de sa part qu'elle ne s'est jamais résolue à corriger. C’était sans doute un marin ce géniteur. J'ai vite été laissé à moi-même. Syracuse est une ville portuaire. On vit de la pêche. On meurt de la pêche. J'ai traîné. J'ai défendu mon droit d'exister. Auprès de ma mère et dans les rues.

Pensait-il vraiment qu'elle s'intéressait à tout ce qu'il racontait là? Ne remontait-il pas trop loin dans tous ces souvenirs? Sans doute que l'ambiance prêtait aux confidences. Sans doute qu'il avait envie de partager avec elle. Tout simplement.

- Un propriétaire de navire m'a pris sous son aile. Pourquoi? Je n'en sais rien. Par bonté d'âme sans doute. Ou parce que je venais de mettre une rouste à une bande de trainards comme moi. Il m'a offert une place de moussaillon sur l'un de ses navires. J'ai voyagé aux quatre coins de la Méditerranée. J'ai appris la mer ainsi. J'ai grandi sur les navires. Plus tard, j'ai eu l'occasion d'acheter un bateau. A moi! J’ai emprunté pour ça. Beaucoup. Je l'ai armé et je me suis remis à arpenter les mers, à mon compte cette fois. Pour rembourser, j'ai pris tous les moyens. Légaux ou pas. Marchand, transporteur, contrebandier. J'ai fait tout ce qui payait...sauf la piraterie.

Toute ta vie tu as refusé la piraterie. Non pas parce qu'elle était illégale et que tu encourrais les foudres de la justice, mais par principe personnel. Si certaines fois, on avait intercepté ta cargaison, si on avait eu des preuves contre toi que tu pratiquais l'esclavage, nul doute que tu serais déjà en prison pour le restant de tes jours.

- Je suis un multiface Ina. Je suis quelqu'un qui s'adapte à son environnement. Pour réussir quand on part de rien, il faut faire preuve de beaucoup de résilience. Pour avoir un contrat, vous devez être prêt à tout. Certains aiment la flatterie? Soyez flatteur et courtois. D'autres ne comprennent que la loi du talion? Montrez que vous êtes le plus fort, soyez impitoyable. Entre ces extrêmes, il y a une panoplie de nuances et de variantes. Montrez-vous charismatique ou faites pitié, menez ou suivez, parlez ou agissez. Seul le résultat compte! Et dans notre métier, à vous et à moi désormais, c'est la même chose. J'en suis convaincu. J'ai essayé de persuader votre soeur. Il semble qu'elle voit la chose bien plus uniformément...

Il leva son poignet ensanglanté pour préciser ce qu’il entendant par uniformément. Mais en avait-il besoin? Après tout, elle connaissait mieux sa soeur que lui.

- Vous voulez un langage fleuri? Demandez-le moi. Vous le préférez plus condescendant? Plus affirmé? Plus autoritaire? Faites votre choix. J'ai appris à m'adapter.

Il passa le revers de son doigt sur sa joue féminine. Ses gestes se firent affectueux et sensuel. Il effleura ses cils, toucha à peine le lobe de son oreille pour finir son mouvement quelque part dans sa nuque, à l’abri de ses cheveux.

- Je puis être doux comme un agneau ou...

Sa main dévia alors en direction de son dos, au dessus de sa chainse. Recroquevillant la dernière phalange, ses ongles vinrent laisser leurs marques éphémères sur son omoplate.

- …cruel comme un loup! Et ça, ça me joue des tours. Voyez-vous, à force de changer de caractère pour les besoins de mes affaires, j'ai parfois l'impression de ne plus savoir qui je suis vraiment.

Tout ça devenait personnel. Trop personnel. Il l'emmenait dans une propriété dont il avait gardé les portes fermées depuis longtemps. Et il y avait des raisons à cela. Alors pourquoi rompre avec ses habitudes ce soir? L'italien retira ses mains, rompant le contact perturbateur avec sa peu. La plaie s'était remise à saigner. Il se leva, s'approcha de la petite table, reprit le mouchoir et le serra fort autour de son poignet. Puis il s'approcha de la fenêtre, lui tournant une nouvelle fois le dos. Dans le ciel, la lune brillait de milles feux. Elle montrait avec arrogance sa face aux enfants d'Oane.

- La lune m'a toujours attiré vous savez? Quand on passe des jours et des jours sur un bateau, c'est notre seule maitresse, à tout l'équipage. J'ai passé des nuits entières à l'observer sur le gaillard d'arrière quand le ciel nous le permettait. C'est qu'elle est parfois pudique. Elle n'aime pas dévoiler ses charmes à tous et en tout temps.

Le sicilien souffla sur la fenêtre rendue froide par la température extérieure. De la buée s'y déposa instantanément. Il y dessina une sorte de d'amande effilée, plus étroite à son extrémité haute.

- Aimez-vous les livres Ina? Connaissez-vous la Corse, cette petite île au nord de la Sardaigne, à l’ouest de la Sicile? J'ai lu toute son histoire. Je sais qui l'a envahi, quand, qui a construit quoi. J'y suis allé plusieurs fois. C'est la plus belle île que j'ai jamais vu. Elle est sauvage, violente et douce à la fois. Comme vous. Un jour, si vous le désirez, je vous la conterai. En attendant...

Dehors, la pluie qui tout à l'heure se faisait discrète avait gagné en intensité. Désormais c'étaient des cordes qui tombaient du ciel, et des bourrasques de vent s'étaient même jointes à ce bal hivernal. Il se retourna vers elle, seul son côté dextre étant désormais éclairé par la lumière vacillante des flammes des lampes-tempêtes.

- Le vouvoiement est peut-être de rigueur Ina... Mais le Visconti est de trop. M'appeler Velasco, ou Vasco selon vos convenances, serait-il la preuve d'une trop grande intimité pour la Corleone que vous êtes? D'autant plus que vous serez ce soir la dépositaire de mes dernières volontés et de facto...mon exécutrice testamentaire. Si jamais je meurs, c'est là-bas que je veux être enterré, non loin du Monte Cinto. Je dominerai ainsi pour l'éternité toutes ces splendeurs, toute cette beau...

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Un bruit de vitre qui se brise se fit entendre dans la pièce. Le vent s'engouffra avec violence dans cette brèche, soufflant d'un trait toutes les flammes des lampes, plongeant la pièce dans le noir quasi total. Presque au même moment, un bruit sourd se fit entendre au sol, comme celui d'une pierre qui roule. Par réflexe, Vasco courba l'échine et se projeta au sol pour se couvrir de "l'attaque", s'attendant sans doute à d'autres velléités.

- Ina! Couche-toi! Protège-toi!

Situation de stress. Retour du naturel au galop. Le vouvoiement s’efface au profit du tutoiement. Savoir-vivre, c’est avant tout aussi savoir survivre.




* Voir le RP Qui veut la peau de Poligny?
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Agnesina_temperance
Le Visconti est un drôle homme, Agnésina. Tu en conviendras ? Tu ne sais pas vraiment à quoi il pense et pourtant, ton intuition te dit que tu ne le laisses pas indifférant, mais tu doutes, parce qu'il n'est pas comme les autres hommes. Les autres hommes n'auraient pas hésité à te déshabiller et à faire de toi, une femme. Lui, ce n'est pas le cas. Tu te demandes pourquoi et tu connais déjà la réponse. Il ne fait rien comme tout le monde et il est imprévisible. Il montre de lui que ce qu'il veut te montrer, tout simplement. Il est plus âgé que toi et donc, a vécu plus que toi. C'est tout cet ensemble qui te séduit chez lui et pourtant toi aussi, tu ne veux pas trop en montrer sur toi. Tu essayes de camoufler tes sentiments. Tu essayes, telle une Hermine, de te montrer plus dure et plus stricte que tu ne l'es. Ton apparence est celui d'une glace et pourtant à l'intérieur de toi, bouillonne l'eau chaude. Tu attends le premier pas de sa part. Tu considères que tu as ta fierté et pourtant, tu en crèves d'envie.

Elle continuait à chercher le contact de sa main en la caressant avec ses doigts et elle lança un regard sur les draps où le sang est venu souiller sa pureté. Si les gens de l'auberge découvre le sang tâché, Agnésina était certaine qu'ils se précipiteraient de changer les draps et jetterait dans le feu le drap souillé. Les aubergistes en voyaient des belles et des pas mûres, tellement qu'ils n'y prêtaient plus attention, se contentant de nettoyer. Entre les hommes qui trompent leurs femmes avec les maîtresses ou une catin et les brigands qui devaient comploter dans leurs chambres, les aubergistes étaient les témoins de la décadence du genre humain. Ils croiront sans doute qu'Agnésina et Vasco se sont battus ou bien, en toute innocence, ils ont échangés un serment. La Corleone savait que cette phrase avait pour but de détourner l'attention mais au final avait-il tord ? Elle le cherchait, il répondait parfois mais tout deux restaient sur la réserve, surtout le Visconti. Quant à Agnésina, elle ne voulait pas révélait tout ses atouts. Il détourna le regard de sa main et regarda par la fenêtre. Il commença le récit de sa vie. Il n'a jamais eu de père et sa mère vendait ses charmes. Elle se contenta de froncer les sourcils car elle n'avait jamais compris comment une femme pouvait supporter de vendre ses charmes avec un homme qu'elle ne connaissait pas. L'idée lui provoquait des nausées. Elle ne pourrait pas, surtout que ces femmes devaient contenter des moches et des gros.

Ceci dit, les paroles du Visconti l'interpellèrent et elle se sentit plus proche de lui. Il était un mauvais calcul de la mère de sa mère et qu'elle ne s'était jamais à corriger. La Corleone était aussi un mauvais calcul. Sa mère était une simple paysanne qui vendait des produits à la frontière italienne et qui s'est entichée d'un soldat. Elle est tombée enceinte hors mariage et sa famille ne l'a jamais accepté qu'elle souille ainsi son honneur. Agnésina n'a jamais su ce qu'était devenue sa mère mais par contre, elle a su que les parents de sa mère avait tenté de la noyer et qu'elle avait été sauvé in extremis par un jeune séminariste qui passait par là. Elle a été placé dans une famille paysanne qui n'avait pas de descendance, loin de la frontière italienne, dans un petit village proche d'Arles et elle eût une vie tout à fait banal, bien que les paysans qui l'avait recueilli étaient sévères. Même si elle avait été une enfant calme et qu'ils n'eurent pas du fil à retordre avec elle, elle sentait à l'intérieur d'elle une force bouillonnante. Lorsqu'elle touchait la terre de ses doigts, elle avait envie de désobéir et se rouler dans comme tous les enfants de son âge. Elle voulait grimper aux arbres et faire tout ce qui était interdit. Pourtant, elle ne l'a jamais fait. Elle était calme, trop calme. Elle ne parlait jamais et était réservée. Les paysans s'en inquiétèrent mais pas trop, parce qu'au final, ils étaient contents de ne pas avoir eu une enfant casse-cou.

Elle secoua la tête pour chasser ses pensées et se reconcentra sur les paroles de Vélasco. Le marin était sans doute un géniteur. Agnésina hocha la tête car elle avait émis une hypothèse une fois; même si les enfants n'avaient jamais vécus avec leurs géniteurs, ils suivaient immanquablement les traces de leurs ancêtres. Il a été laissé à lui-même. Il a trainé et a défendu son droit d'exister auprès de sa mère et dans les rues. Elle l'écoutait, parce qu'elle s'intéressait, même si son regard - qui ne laissait pas échapper le reflet de son âme - était resté sur la main du Visconti. Il semblait que le destin s'amusait d'eux. Des bâtards qui ne demandent qu'à vivre, voilà ce qu'ils étaient et ils avaient choisis des chemins plus ou moins illégaux pour le faire. Un propriétaire de navire l'a pris sous son aile par bonté d'âme ou parce qu'il venait de mettre une rouste avec une bande de trainard comme lui. Un sourire s'esquisse sur les lèvres de la Corleone. Il était comme elle l'avait imaginé. Il lui avait offert une place de moussaillon sur un navire et il a voyagé au quatre coins de la Méditerranée. Le reste, elle le savait. Il avait acheté un bateau et avait navigué. Il a été contrebandier, transporteur, marchand mais pas la piraterie. Elle releva la tête pour chercher son regard. Elle aurait voulu demander pourquoi mais elle préfère se taire pour le laisser aller encore à la confidence. Peut-être, ne voulait-il pas user de piraterie, parce qu'il avait trop de respect envers les autres navigateurs ? Peut-être qu'en sachant les difficultés que rencontrait les marins, il se refusait d'ajouter à leurs difficultés ? Elle lui demanderait à' l'occasion.

Ses yeux brillèrent lorsqu'il lui dit qu'il était multiface. Oui, c'était un caméleon s'adaptant à son environnement, changeant de manière et d'opinion au gré des circonstances. Agnésina savait que cet homme-là était dangereux si on le cherchait car il était imprévisible, très intelligent et n'était pas dénué d'intelligence. C'est pourquoi il l'intriguait, c'est pourquoi Agnésina le désirait, parce qu'elle avait essayé de le cerner sans succès car chaque fois qu'elle pensait avoir compris, elle se rendait compte qu'elle avait tord. A la fin, elle en était venue à la conclusion qu'elle n'avait pas tord mais qu'il utilisait différents masques pour cacher qui il était vraiment sauf ce qu'il était vraiment, la brune en avait sa petite idée, à travers ses principes. Les principes choisis et non imposés, font la personne. C'est ce qu'elle lui répondait si elle n'avait pas volontairement choisie de garder le silence. Elle partageait sa vision des choses, même si elle ne pouvait que difficilement l'appliquer. La loi du talion. Il était difficile pour elle de montrer qu'elle était la plus forte, elle devait sans cesse ruser et se montrer prudente. Il n'était pas marin pour rien. Il savait que pour obtenir quelque chose et avancer, il fallait aller dans le sens des vagues car à contre-courant de la mer, il n'obtiendrait que des obstacles. En effet, seul le résultat comptait. Il parla d'Arsène et elle hocha la tête. En effet, Arsène nageait à contre-courant et pourtant, entre les deux sœurs, c'était celle qui partageait le plus des valeurs familiales. Plutôt la mort que la souillure. Trépasser si elle venait à faiblir. Pourtant, la brune ne jugeait pas car elle respectait ce point de vu, parce qu'il pouvait amener des résultats. Même si son regard se posa su le bras ensanglanté, elle comprenait ce qu'il voulait dire.

A mesure qu'il lui parlait, elle le fixa. Troublée par ce terrain où il l'amenait, car ça l'attirait irrésistiblement. Il passa le revers de son doigt sur sa joue et elle entrouva sa bouche avant de se mordiller la lèvre inférieur. La douce caresse de ses gestes affectueux et sensuels éveilla sur son visage, une légère rougeur. Il dit qu'il peut être doux comme un agneau et à ce moment-là, il dévia sa main dans le dos pour planter ses ongles. La femme ferma les yeux pour cacher la confusion qu'il provoquait chez elle. Le froid et le chaud. Oui, il pouvait endosser tous les rôles qu'il souhaitait et Agnésina ne risquait pas de le contredire. Qui il était vraiment ? Telle était sa question. Il est certain que si ça faisait des années et d'après ses dires ça fait des années, qu'il s'adapte aux personnes, il ne peut être que perdu dans son identité. Pourtant, Agnésina arrivait à déceler une petite étincelle chez lui, une étincelle où elle voit l'homme véritable en lui et qu'il garde prudemment en lui pour se protéger, sans doute. Il rompra le contact entre eux et Ina se redressa pour le suivre des yeux. Il alla regarda par la fenêtre pour observait dehors. A quoi pensait-il à cet instant ?

La lune l'a toujours attiré. Si seulement, il savait qu'elle rêvait d'avoir une place sur la Lune et pas comme les gens d'églises l'entendent. Elle voulait avoir une place dans l'Histoire et être une étoile montante qui brillera aux côtés de la Lune. Elle ne voulait pas connaître les tourments propres aux simples brigands qui ne faisait que subir l'Enfer. Elle désirait devenir une des mains droits de la Lune. Elle eut une pensée pour la Matriarche qu'elle avait connu, Rodrielle Corleone qui avait nargué la mort en n'acceptant pas le sort qui lui était réservé et choisissant sa propre mort. Elle était certaine qu'elle était devenue l'une des maîtresses des lieux et qu'elle se baladait fièrement sur la Lune avec une autre légende qu'on avait conté à Agnésina, Sadnezz Corleone, celle qui avait tué une Reyne. Les pensées de la Corleone s'égare et se concentre tant bien que mal sur les paroles du Visconti. La lune était fascinante donc car contrairement au soleil, elle était beaucoup plus mystérieuse et pourtant, elle avait entendu parler que contrairement au soleil, elle laissait place à une étoile et c'est cette étoile qui guiderait les marins. Légendes ou pas, ça rajoutait à la renommée de la Lune et les paroles de Vasco la fit sourire une nouvelle car il personnifiait la lune, elle était femme. C'était étrange d'entendre ce genre de propos de ses lèvres.

Est-ce qu'elle aimait les livres ? Est-ce qu'elle connaissait la Corse ? Elle aurait voulu répondre à ses questions mais elle n'avait jamais lu des livres. Bien qu'elle sache lire, ceux qui l'avaient recueillis, trouvaient que c'était une perte de temps de lire, donc elle en avait jamais touché aucun et quant à la Corse, elle en avait juste entendu parler. La plus belle île d'après lui. Violente et sauvage. Comme elle ? Comme le Clan ?

Elle ferma les yeux, un instant, elle pouvait entendre la pluie qui frappait les pavés. Maudit temps qui provoque la mélancolie. Il pensait que le Visconti était de trop. L'appeler Velasco ou Vasco était une preuve d'une trop grande intimité pour elle ? Elle esquissa un sourire narquois. Qui sait, peut-être ? Elle haussa les sourcils quand il dit qu'elle était ce soir la dépositaire de ses dernières volontaires et son exécutrice testamentaire. Rien que ça ? Il pensait déjà à la mort et elle ouvra la bouche quand soudain...

Un fracas brisa la vitre en mille morceaux et le vent s'engouffra dans la pièce. Avant même qu'elle eut le temps de réaliser le Vélasco lui dit de se coucher et se protéger. Quant à lui, il avait courbé l'échine et s'était projeté au sol pour se protéger. Elle se jeta à son tour au sol en rampant vers ses habits.


«- Merde ! Oublié les leçons de savoir-vivre, place à la survie mais pas certain que les jurons de la jeune femme apporte quoique ce soit à la situation sauf de se soulager sur le moment. «- Fais chier !

Les homme, savez-vous quelles sont les plus grandes hantises des femmes et qu'elles ne avoueront jamais ? Il ne s'agit pas des araignées ou des souris, parce qu'une femme avouera toujours qu'elle a peur de ces petites bestioles afin que de tester votre vaillance et que vous vous chargiez du sale boulot.

La plus grande hantise d'une femme, c'est de se faire surprendre par un psychopathe alors qu'elle est en train de prendre un bain, si si. Parce qu'au delà du fait qu'elle est en présence d'un psychopathe, elle est confrontée à un sacré dilemme, soit de fuir et de risquer de sortir dehors à poil, soit de fuir à travers toute la maison en criant. Souvent, la femme se fait tuer. Bref, Ina est dans le même dilemme. Elle a bien envie de fuir de sa chambre pour aller dehors et en découdre avec la personne qui a jeté cette pierre ou rester dans la chambre parce que de toute façon, ses habits sont fichus ! En plus, il faisait sombre et elle ne voyait plus rien.

Elle grogna, parce qu'elle n'avait pas le choix. Alors qu'elle attrapa ses braies, une autre pierre vient, dans un brouhaha, percuter le sol. Elle vient se caler contre le rebord du lit et elle enfila rapidement ses braies. La chemise, elle verra plus tard. La chaisne fera l'affaire pour l'instant.

Qui pouvait bien leur envoyer une pierre en pleine nuit ?
Des habitants du village ? Probable mais pourquoi juste aujourd'hui ?
Le crustacé qui serait jaloux ? Aussi, une possibilité.
Arsène qui a tout d'un coup des envies de vandalisme ? On ne sait jamais avec elle.
Un simple gamin ? Qu'est-ce que foutrait un gamin en pleine nuit à lancer des pierres sur une auberge ?
Elle ne voyait que cette possibilité, à moins que... ce n'était pas eux qui étaient visés.


«-Vasco, tu peux bouger ? T'as une arme sur toi ? Parce qu'elle ne comptait pas laisser passer cette attaque. Rapidement, elle se courba, attrapa son épée qui était posée contre sa porte et la ranger à sa ceinture avant de prendre sa dague avec elle. Elle s'engouffra dans les couloirs quand une ombre la fit sursauter et son reflexe. Un très mauvais reflexe amena sa main à prendre la personne a la gorge contre le mur et la coller, en mettant sa dague dans son cou, en silence.

«- Je vous en prie, ne me faîtes pas de mal ! Je vous paierais, je vous promets mais pas tout de suite, je n'ai pas les écus. Elle haussa un sourcil. Le patron de l'auberge mais qu'est-ce qu'il racontait ? «- Ne cassez pas tout, je vous rembourserais. Je m'y suis engagée...

Ina chercha du regard où était passé Vasco et d'une voix froide, qui ne se voulait pas rassurante, elle répondit au patron de l'auberge.

«-Parce que vous nous deviez quelque chose ? Et je n'ai rien cassé, c'est plutôt Vélasco et moi qui avons été victime d'une attaque.

Elle sentit l'homme se détendre et il s'empressa de rajouter. «- Ce n'est pas ce que vous croyez, ce sont mes créanciers. J'ai dû leur emprunter de l'argent pour faire des travaux dans l'auberge mais j'ai eu un coup dur, ma femme m'a quitté et du coup, je suis tout seul à gérer cette auberge. C'était une sacré cuisinière mais depuis qu'elle est partie avec son coquin, j'ai perdu des clients... Il se mit à gémir comme un gamin. «- Je n'arrive plus à les rembourser et ils ont jurer ma perte si je ne leur apportais pas l'argent...

Elle comprenait mieux la situation mais ça n'expliquait pas pourquoi, Vélasco et elle avaient été la cible d'une attaque de jet de pierre alors elle ne le lâcha pas.

«- Et quel rapport avec nous ?
«- Quand ils ont su que la Spiritu Sanguis était arrivée à mon auberge pour boire et pour y dormir, ils ont cru que j'avais passé un contrat avec vous. Ils ont peur que vous décidiez de mettre la main sur mon auberge.


Les imbéciles. La main d'Agnésina relâcha le cou du patron pendant que sa tête réfléchissait déjà à un plan et elle souria en coin en regardant les deux hommes, parce qque si elle commençait à s'attaquer à des créanciers, cela allait commencer à être intéressant.

«-Vasco, as-tu des écus à donner à monsieur l'aubergiste ?

Si ce geste pouvait passer pour un geste de bonté, il en était sans doute rien. Peut-être voulait-elle tout simplement s'amuser ou prouver quelque chose à Vasco. Aussi, s'approcha-t-elle de Vélasco pour lui murmurer à l'oreille. «- Parce que j'ai un plan pour leur faire payer cet affront. L'aubergiste les rembourse pour qu'ils lui lâchent la grappe et nous, nous les attendrons pour reprendre nos écus plus les intérêts car ils ont toujours des écus sur eux. Qu'en penses-tu ?
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Vasco.
      "Savoir-vivre : Connaissance et pratique des règles de la politesse, des usages du monde."

[Expendables 2 : unité spéciale*]

La pluie et le vent cinglaient son visage. Sa cape étaient détrempée. Elle n'arrivait plus à absorber l'eau qui tombait du ciel en rafales. Vasco tira sur la corde, hissant son corps de quelques pieds vers le haut. L'entrée était à portée de mains, à quatre ou cinq pieds au dessus de sa tête. Ses pieds glissaient sur la paroi humide de la grange. Il avait l'impression de se retrouver en pleine mer pendant une tempête à devoir grimper sur le mât d'artimon pour aller décrocher une voile qui risquait de faire chavirer le navire si le vent s'engouffrait dedans.Heureusement que la lune renvoyait un peu de sa lumière, il pouvait ainsi voir où il mettait les pieds.

Ils ne leur avait fallu que peu de temps, à Agnesina et à lui pour dresser les grandes lignes du plan: ils avançaient une somme d'argent au tavernier pour qu'il rembourse sa dette. Celui-ci allait cette nuit là rembourser aux malfrats qui s'en étaient pris à son auberge, et indirectement aux Spiritu Sanguis. Ensuite, il pouvait rentrer tranquillement chez lui. Les deux Spiritu Sanguis s'occuperaient du reste mais ça il n'avait pas besoin de le savoir. Et dire que tout ça avait débuté par une vitre caillassée. S'il y avait une chose que le sicilien avait appris depuis son arrivée dans la bande de mercenaires, c'est qu'on n'utilisait pas impunément la Spiritu Sanguis. Et si ceux-là voulaient utiliser leur renommée pour rentrer dans leurs fonds, ils allaient devoir payer des intérêts. C'est la moindre des politesses et l'usage courant dans le monde du grand brigandage. Qu'importe le taux était considéré par certains comme usurier! Qui plus est, les cailloux avaient amené un sentiment de frustration chez le marin : sa volonté cédait peu à peu le pas sur son désir et il s'en était fallu de peu qu'il ne dépose ses lèvres sur celles d'Agnesina. En fait, il ne s'en était fallu que...de quelques cailloux!

La petite porte par laquelle passaient d'habitude sacs de farine, caisses de poissons, tonneaux de vin, de bières et autres joyeusetés de ce genre était verrouillée de l'intérieur. Accroché à sa corde à une douzaine de pieds du sol, Vasco sortit le poignard, celui-là même qui avait servi à Ina pour lui entamer le poignet. Celui-ci s'était d'ailleurs remis à saigner. D'un geste sec, il fit relever la barrure. La porte s'ouvrit et le marin s'engouffra à l'intérieur du bâtiment. Il la referma le plus silencieusement possible. La pluie dégoulinait de ses cheveux, de ses vêtements. Une flaque s'était même déjà constituée autour de lui. Où pouvait bien être Agnesina? La Corleone lui avait dit d'attendre son signal avant de passer à l'action. Seulement voilà, de signal, il n'y en eut point et la patience du sicilien s'étiolait rapidement. Qui plus est, les idées qui lui passaient par la tête n'étaient pas de nature à raffermir sa sérénité.

    Flashback d'un brigand en manque d'action...À l'abri sous la tonnelle, la cible en face de lui, le Visconti, l'épaule appuyée contre le mur du lavoir attendait le signal d'une brune Corleone pour entrer en action. Ses idées dérivèrent vers les événements qui l'avaient amené ici : le duel, les révélations d'Agnesina, son entrée intempestive dans sa chambre alors qu'elle se changeait, leurs discussions, ses envies, sa lutte interne pour ne pas céder, ses désirs. Les images se brouillèrent dans sa tête et il se vit tous les deux en prison. L'endroit était humide et froid. De l'eau suintait sur les parois de la cellule. Une mousse verdâtre s'était formée. Ils étaient les seuls occupants de l'endroit et on leur avait mis les fers aux pieds et aux mains. Le moral n'était pas au plus haut. Elle s'était rapprochée de lui, avait posé sa tête sur son épaule, lasse. Il avait passé son bras derrière elle comme il le pouvait et il caressait négligemment son bras comme pour lui donner un peu de réconfort. Elle leva son regard vers lui. Il approcha ses lèvres des siennes. Au bruit du cliquetis des chaînes, sans même qu'un mot soit échangé, ils s'embrassèrent pour la première fois. La pulpe de son pouce lissait la paumette de sa joue. Ses mains prirent possession de sa nuque pendant que leur baiser se fit plus intime, plus fusionnel. Son doigt effleura la base de cou, dessina les traits de sa gorge, s'engouffra dans son décolleté. Il mordilla ses lèvres de femme, les pinça entre les siennes, faisant taire ainsi ses soupirs de satisfaction. D'un geste vif, il libéra les lacets de son chemisier et.... Stooop! Stop! Assez! L'italien en avait assez de cette attente interminable. Son esprit s'emballait et qui plus est, il n'avait pas envie de prendre froid sur place.

Dans la grange, autour de lui, il y avait moultes caisses, sacs et autre tonneaux. Au plafond, de la charcuterie en tout genre avait été mise à sécher. En bas, des paroles sourdes se faisaient entendre. De là où il était, l'italien ne comprenait pas ce qui se disait. Il reconnut la voix nasillarde du tavernier. Le ton n'était pas à la plaisanterie. L'italien retira la cape détrempée qui lui collait à la peau. Ici, elle ne ferait que l'encombrer. L'heure n'était plus à la plaisanterie. Subrepticement, poignard en main, Vasco s'approcha de l'escalier qui se profilait à l'autre bout du couloir. Il n'avait toujours pas de nouvelles d'Agnesina et cela commençait sérieusement à l'inquiéter. Il s'apprêtait à donner une nouvelle leçon de savoir-vivre et sans sa complice, le cours risquait de manquer de saveur.


* Expendables 2 : unité spéciale
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Agnesina_temperance
« - Attrapez la !

Pour la leçon de savoir-vivre, Ina comptait se refaire une beauté mais ça, c'était avant que des maréchaux lui courent après ! Pourtant son plan était des plus simples, se faire passer pour une milicienne et entrer dans la garnison pour voler des armes. Tout avait bien marché jusqu'à ce que le chef des maréchaux se rende compte qu'il y'avait un problème. En effet, ils n'avaient demandés que quatre miliciens et c'est ainsi que la couverture d'Ina tomba à l'eau mais fort heureusement, elle eût le temps de voler des armes et de s'enfuir dans le village. Telle une brigande qui aurait tenté de prendre une mairie, elle était poursuivie et elle savait qu'il fallait qu'elle les sème. Pas facile quand on sait combien pèse certaines armes et le temps était vicieux. La pluie tombait comme des cordes et elle était soumise à des rafales de vent, ce qui pouvait tourner à son avantage comme à son désavantage. Face à la nature, tous les hommes étaient égaux, ils ne pouvaient que subir les ravages de son temps. Elle continua sa fuite à travers les ruelles, les maréchaux toujours au derrière. Si elle ne faisait pas quelque chose, ils allaient la rattraper et elle savait que Vélasco l'attendait pour une autre leçon de savoir-vivre contre les fameux usuriers. Elle ne voulait pas manquer ça et surtout, à cause des crétins comme les miliciens ou les maréchaux. Son orgueil en souffrirait. La futile idée de se retourner et de les attaquer lui vient en tête, mais ce n'était pas une bonne idée. Ils étaient plus nombreux qu'elle et elle n'avait pas l'avantage du terrain. Ils étaient beaucoup trop proches d'elle pour qu'elle fasse volte-face. Elle n'avait pas d'autres choix que de les semer et de toute façon, elle n'avait pas envie de perdre son temps avec eux.

« - Attrapez-moi cette garce !

    Ouh. C'est qu'il commence à s'énerver le chef des maréchaux. Moi ? Une garce ? Soit. A la guerre, comme à la guerre. Il va voir comme s'échauffe une Corleone. Ce soir, c'est leçon de savoir-vivre pour tout le monde et la Lune, facétieuse, est le témoin. Premièrement, ce n'est pas beau d'insulter. Les gens ont-ils besoin d'insulter ? A croire que c'est pour se donner un genre. Les insultes, c'est comme les aboiements d'un chien, c'est pour intimider. J'use parfois de ce procédé pour justement me donner un genre, car il faut s'adapter, mais ce que ne sait sans doute pas le chef des maréchaux, c'est que un chien tapi dans l'ombre qui n'aboie plus et qui attend, c'est souvent un chien qui va attaquer. Bien évidemment, je n'attaquerais pas frontalement. J'y perdrais. Il va me falloir user de ruse. Mais quelle ruse ? J'en avais aucune idée, ce qui n'arrange pas mon affaire et le Visconti doit m'attendre. Il va croire que je le faire exprès. Réfléchis Ina. Réfléchis.


Elle commençait à s'essouffler et pourtant, elle sentait comme une force intérieur qui la poussait à continuer de courir. Elle n'était plus vraiment elle-même. Elle ne pensait plus. Tout ce qu'elle faisait, c'était de courir et elle avait une drôle de sensation en elle, comme si c'était de l'ivresse. Comme tout ce qui l'entourait, l'échappait. Elle continua à avancer totalement sous l'emprise de cette sensation. Son souffle se faisait lent et fort. Ses yeux fixaient devant elle. Son esprit n'était plus. Elle en oublia presque qu'elle avait des armes en main. C'était comme si son esprit était détaché de son corps, comme s'il était absent, jusqu'à ce que des voix parviennent à ses oreilles. Elle n'y prêta pas attention tout de suite. C'est lorsqu'elle releva le regard qu'elle vit un groupe d'hommes ivres. Dans son état normal, elle aurait pris peur mais elle n'était pas dans son état normal. Elle y voyait comme un signe. Comme une porte de sortie. Un léger sourire s'étire sur ses lèvres, parce que dans son esprit, soit ça passait, soit ça cassait car les hommes ivres pouvaient être imprévisibles mais si elle ne tentait pas, elle n'aurait pas une autre chance de s'en sortir.


« - Hé, qu'est-ce qu'on *hips* voit là ? Dit l'un. « - On s'est *hips* perdu, ma *hips* petite ? Demande l'autre. « - Mais pourquoi *hips* cours-tu ? Pas si vite !

C'était le moment ou jamais.

« - Messieurs. Oh messieurs ! Elle prend une voix tremblante. « - C'est mon mari ! C'est le chef maréchal de la ville et avec ses amis, il me veut du mal ! Le coup du mari marchait à chaque fois, à ce qu'il paraît. « - Je vous en prie, sauvez-moi ! Sauvez-moi et je ferais tout ce que vous voudrez !

    C'est ça, vous pouvez toujours crever.


« - Ho purée, votre mari *hips* est chef maréchal ? Je te plains *hips* ma petite ! Répond le premier. « - Qu'est-ce que tu es allée faire avec un *hips* chef maréchal ? C'est des violents *hips* et des rustres, ces *hips* mecs-là ! Rajoute le second. « - Il y'en *hips* a marre des maréchaux qui s'goinfrent *hips* sur notre dos, je dis les amis *hips* alors que nous, on travaille *hips* dur à la mine et aux champs *hips et ils viennent toujours nous casser les couilles quand *hips* on met un sac de blé trop cher sur le marché ! Le troisième a fini de parler que le premier reprend la parole. « - Ils nous*hips* taxent ! Le second lève son poing en l'air. « - Et *hips* en plus, il y'a *hips* rien à grailler au *hips* marché ! Le voici, allons *hips* lui donner *hip* une leçon.

La suite, tout le monde s'en doute. Le chef maréchal se met à crier et les hommes ivres viennent tabasser les maréchaux pendant que Ina prend la poudre d'escampette !Il n'en fallait pas beaucoup aux hommes pour qu'ils réagissent bêtement. Un peu d'alcool, une femme et un peu d'amertume, et c'est le cocktail explosif ! Rien de plus simple. Même un bon père de famille pourrait tomber dans ce type de piège. Les poursuivants, hors jeu, Ina pouvait enfin rejoindre le Visconti avec ses nouvelles trouvailles.

Ina se trouva au point de rendez-vous et se rendit compte qu'il fallait escalader. Comment allait-elle faire avec ses deux armes à la main ? Elle soupira, parce qu'elle n'avait pas pensé à ce détail. A moins que... Elle secoua la tête. Vélasco lui aura tout fait faire. Elle leva légèrement sa chemise pour glisser les deux armes dans le bandeau de toile de lin qui lui servait à soutenir sa poitrine. Si elle faisait un mauvais mouvement... Elle ne voulait même pas y penser. Les armes dans son dos donc, elle tira la corde avant de se mettre à se hisser. Ses pieds glissaient et ses mains menaçaient de lâcher à tout moment. Elle n'avait pas du tout l'habitude de ce genre d'exercice. La paroi atteinte, elle entra dans la grange où le Visconti était déjà présent.


« - J'ai eu un... contretemps. C'est le cas de le dire. « - Mais, ça en valait la peine. Heureusement encore. « - Regarde un peu ce que j'ai fauché dans les réserves des maréchaux ?

Fièrement, elle décrocha les deux armes dans dos et brandit deux arquebuses*, fièrement.

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* l'arquebuse à mèche est apparue vers 1450

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Vasco.
    "One Mind ready for a shot, one ass ready for a plot
    One day, one time, my bizness wing will fall off!
    Something’s weird and it’s the truth, something’s weird in my cactus juice
    One minute, a bloody minute, to "Bleep" this bloody betrayal!"



Décidément, depuis ce défi lancé en taverne, elle le surprenait d'instant en instant. Il l'attendait en bas, avec les malfrats, peut-être même avec l'aubergiste. Il l'avait imaginé venir au bras du gras tenancier, se déhanchant exagérément pour mettre ses formes en évidence. Après tout, qui aurait pu imaginé qu'une catin pouvait se transformer en dangereuse tueuse? Ou encore, son retard aurait pu se justifier par le temps qu'elle aurait mis à réveiller les autres Corleone. Une entrée fracassante. Une porte qui vole en lambeaux dévoilant aux yeux de ces petites frappes sans envergure, sept mercenaires, les yeux jetant des éclairs, les pouces coincées entre la chemise et la ceinture, solidement campées sur leurs jambes puis remontant de l'index lune capuche qui tombait un peu trop bas sur le visage. Ina aurait dit de sa voix de baryton : "Dis-moi l'avorton, tu sais qui sont les Corleone?". Ou... Une charriote qui fait entendre ses grincements dans la rue, des chevaux qui hennissent satisfaits d'être enfin arrivés, des personnes qui sautent au bas de l'attelage. Deux d'entre eux, Lili et Maledic, élégamment vêtus, ouvrent la porte de la grange, mettant bien en évidence les armes qui ornent leur ceinture et s'écartant aussitôt pour laisser passer la Zia tempérée portée dans un fauteuil de chêne et de velours par Arthor et Nizam. Derrière elle, imperturbables, déterminées, élégantes, un lueur de tueuse dans la prunelle de leurs yeux, s'alignent Arsène, Enjoy, Laell, Elvy et Elwenn. La Zia Ina fixe du regard le lourdaud en face d'elle et de sa voix éraillée, elle dit : "Ce n’est pas personnel, c’est uniquement les affaires.**" ça vous a plu? Vous en voulez encore? Allez va! Une dernière pour la route! Alors, laissez votre imagination dériver et levez la tête vers le plafond. Des cordes sont déroulées, des minions nains jaunes barbus comme au jour de leur naissance glissent du toit jusqu'au sol. Aussitôt arrivés, ils sortent les armes et menacent les truands. Dans un bruit de frottement de sa robe de soie contre le chanvre de la corde, Agnesina Gru* Temperance Corleone suit de près sa floppée de nains pour éclairer la présente situation d'un angle nouveau. Dans un coin, deux nains binoclars s'échangent leurs impressions.

Citation:
- Moi je l’aime. elle est gentille.
- Mais elle fout la pétoche.
- ... Comme le Père Noël !***


Ne lui en veuillez pas au Visconti! Il a eu une journée pleine de rebondissements, prompte à stimuler son imagination, à faire fonctionner son ciboulot dans tous les sens. Alors oui, ça donne ça! C'est vrai, c'est parfois à la limite du psychédélique, mais si on peut reprocher beaucoup de choses au marin, la prise de substances hallucinogènes ne fait pas encore partie de ses défauts. Hum... Mais revenons-en plutôt à notre récit.

Le courant d'air qui s'engouffra dans la grange au passage d'Ina fit sursauter le sicilien qui ne s'attendait pas à se faire prendre de revers.


- Chiabrena Ina! Mia cara, tu te rends compte que j'ai failli te tu...

La fin de sa phrase se perdit dans un mélange d'étonnement et d'admiration qui était entrain de se former dans son esprit. Mais qu'est-ce qu'elle avait apporté là?

- Une arquebuse à mèche?!?!?! Mais où as-tu...

... bien pu trainer pour mettre la main sur ça? C'est ça Velasco? Eh bien, si seulement tu laissais parfois le temps aux gens de s'expliquer en les interrompant moins souvent, tu aurais facilement la réponse à tes questions!

- Aux maréchaux!?!?!?! Ils...ont ça à la maréchaussée de Bourgogne?

L'italien avait déjà entendu parler de ce nouveau type d'armes de jet. Une bille de plomb, de la bourre, un peu de cette fameuse poudre noire à l'effet détonnant...et boum! Le genre d'engin du Sans-Nom qui même s'il ne touchait pas sa cible lui faisait mouiller ses braies! Mais le moment était mal choisi pour prolonger ce genre de babillages sentimentaux. En dessous, ça commençait à s'agiter. Vasco délaissa un moment la trouvaille d'Ina sans même penser à se plaindre de son retard, et se rapprocha du bord de l'escalier pour venir écouter et observer ce qui se passait en bas.

- Je... J'viens pour payer ce que je vous dois!

- Ah ben! C'est pas trop tôt! On est peut-être moche mais on n'est pas si méchant que ça. Tu aurais pu venir demain au chant du coq hein!

- J'ai l'argent! Tout l'argent que vous avez demandé. Tenez! Prenez-le et laissez-moi tranquille. Je suis un honnête aubergiste et j'ai besoin de faire fonctionner mon commerce pour gagner mon pain.

Il pétochait. Ça se voyait. Dans le fond, ce n'était pas si mal. Si seulement il pouvait arrêter de tourner la tête de tous les côtés comme s'il attendait que la maréchaussée vienne le sortir de là, il serait parfait! Le sicilien adorait quand un plan se déroulait dans accroc.

- Et n'oublie pas! Tu oses encore une fois frayer avec la racaille comme les Spiritu Sanguis ou autre blaireaux de ce genre, il n'y aura plus d'avertissement cette fois-là. Tu subiras les conséquences de tes actes immédiatement!

Blaireaux les Spiritu Sanguis? En entendant ces paroles, Vasco remercia le Très-Haut de ne pas faire équipe avec Arsène ou Elwenn parce qu'il était sûr que ces deux-là auraient immédiatement réagi...et de manière assez violente! Quitte à tout gacher! Au moins le malfrat avait cité les Spiritu Sanguis et non pas directement les Corleone. C'était déjà ça, mais tout de même!

- Ce n'est pas moi qui les ai appelé! Ils sont de passage dans la région. Je... Je n'aurais jamais osé!

C'est vrai! Il n'aurait jamais osé faire appel à la Spiritu. Il préférait vivoter dans son auberge et accepter de payer la taxe à n'importe venant réclamer pour n'importe quelle raison. Cette bande rivale était aussi stupide que l'aubergiste. Elle ne mesurait pas le degré de couardise qui animait le tavernier. Elle ne devait pas avoir vu la façon dont il traitait son personnel. Un faible se venge toujours sur plus petit que soi.

- Bah! Tu as un moyen de te rattraper parce que tu vois la petite brune dans la bande de tes amis? Celle qui trainait hier du côté de la lice. Quoi? Ça t'étonne qu'on les ait surveillé? Mais tu crois quoi? Qu'on est des caves?!?!?! T'es qu'un rampant! T'y connais rien! Enfin... Tu vois de qui je veux parler? Ouais! Ben elle, elle me fait gravement bander! J'me la taperai bien ! Son abricot doit être juteux à souhait! Fondant en bouche et accueillant! Bien plus accueillant que ton auberge!

Pendant ce discours digne d'Abélard ou de Marie de France, l'italien, s'était hissé sur une poutre horizontale de la structure du toit. Il voulait mieux observer la scène et surtout mieux identifier le nombre et la position de l'adversaire. Il avait estimé le risque d'être surpris à "raisonnable". Le plan initial était de laisser l'aubergiste régler ses comptes et de passer à l'action ensuite. Mais voilà, allez savoir pourquoi : il semblait que le "juteux abricot" avait du mal à passer dans la gorge du Visconti! Qui avait dit qu'Elwenn et Arsène étaient incontrôlable? Hum?

- Eh! Tête de fouine! C'est pas gentil de te moquer de tes confrères en les traitant de blaireau! Après tout, vous et nous, on est du même côté de la barrière non?

Qu'est-ce que vous croyez? Qu'il allait divulguer à ce gueux ce qui l'avait fait monter au plafond? Les paroles qui l'avaient blessé? Ça aurait été un mauvais calcul vous ne trouvez pas?

- Un tel comportement dénote un manque évident de savoir-vivre! Si tu veux, je donne des leçons. Mais prends-toi bien à l'avance! J'ai tellement de succès que mes disponibilités sont assez rares.

Et Ina dans tout ça? Quoi Ina? Elle n'était pas à l'abri là-haut entrain de charger les deux arquebuses?

* Détestable moi 2 / Moi, moche et méchant 2 - et pour le plaisir : Happy - William Pharell
** Le parrain - Michael Corleone
*** Adaptation d'un dialogue entre Agnès et Edith - Détestable moi 2 / Moi, moche et méchant 2

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Agnesina_temperance
La Corleone ne cachait pas sa fierté d'avoir trouvé de telles armes et elle en était certaine, elles allaient faire leur effet en temps et en heure. Elle ne plaisantait pas sur les jets de cailloux, surtout quand elle comptait fleurette. Les hommes. Ah, les hommes. Parce qu'ils ne faisaient nul doute pour elle que c'était des hommes qui étaient à l'origine de cette mascarade. Une femme ne balancerait pas une pierre sur une vitre. Une femme frappe par derrière mais elle frappe bien. De plus, il ne fallait pas être très malin pour s'attaquer à la Spiritu Sanguis. Les mecs allaient regretter d'avoir jeté une pierre au mauvais moment, parce qu'au delà de l'orgueil d'Ina, il s'agit bien d'une vengeance, parce qu'ils ont dérangés déjà Ina alors qu'elle voulait se rapprocher un peu plus du Visconti. Vous n'avez pas idée de la frustration que la jeune fille a connu. C'est comme si un homme invitait une femme à manger dans une aubergiste et qu'au moment de l'embrasser, un mioche se met à courir de partout en hurlant qu'il n'aime pas les épinards. Exactement pareil.

Comme le Visconti, elle s'était approchée du bord de l'escalier pour s'accroupir et écouter ce qu'il se disait, tout en détaillant les nouvelles armes de la mort qui tue qu'elle avait déniché. Au fait, comment ça marchait ? Ina n'en avait strictement aucune idée. Tout en réfléchissant, elle écoutait les hommes parler. La situation était des plus communes. L'aubergiste transpirait la peur. Tout ce qu'il y'avait de plus normal en soit. Un des malfrats répondit. Cette voix, la brune ne la connaissait pas. Sans doute, un nouveau dans le métier qui essayait de se faire un nom. Si ce n'était pas triste. Elle secoua légèrement la tête en l'entendant dire qu'ils étaient peut-être moches mais pas si méchants que ça. En effet, ils n'étaient pas si méchants que ça. Juste des ratés qui s'amusaient à faire peur à quelques aubergistes. L'aubergiste aurait pu, en effet, venir le lendemain au chant du coq mais les malfrats, s'ils survivaient à la leçon de savoir-vivre, allaient apprendre que tous les méfaits se faisaient de nuit, parce que les honnêtes gens ne se sentent l'âme d'héros lorsque la lune se pointe.

L'aubergiste fait exactement tout ce que le Visconti et la Corleone lui ont dit de faire. Ils s'en sortaient à la perfection, même si sa pétocherie commençait sérieusement à l'agacer. Non mais comment pouvait-il se laisser extorquer des écus ? Il suffisait qu'il rassemble quelques commerçants comme lui et qu'ils mènent tous une expédition punitive contre ces malfrats mais les gens étaient étranges. Dans ce bas monde, c'est tout le monde pour sa gueule et tout le monde subit. Les loups parmi les moutons ont bien compris que les gens se contentaient de subir, de baisser la tête quand on leur prend leur bien et lorsque ceci arrive à leur voisin, ils se contentent de détourner la tête en disant que ce n'est pas leur affaire. Ina se disait que c'était bien fait pour eux. Après tout, si les moutons ne se révoltent pas ensemble, pourquoi ne pas continuer de les tondre ? La brune n'était pas philanthrope et elle avait uniquement du respect envers ceux qui lui montraient qu'ils en valaient la peine. L'aubergiste comme ces malfrats, elle estimait qu'ils ne méritaient pas son respect, parce que jeter une pierre, c'était puéril.

Tout en continuant de voir comment fonctionnait l'arquebuse, elle esquissa un sourire mauvais quand l'homme ose faire des menaces à l'aubergiste. Allons donc, il traite la Spiritu Sanguis de blaireaux. C'est tellement plus facile de les insulter par derrière, n'est-ce pas ? La leçon de savoir-vivre promettait d'être grandiose. L'aubergiste, comme à son habitude, rampe en disant qu'il ne les a pas appelé et qu'ils n'étaient que de passage dans la région. Il n'avait pas tord. Il n'avait jamais fait appel à leur service. Ceci dit la Corleone haussa un sourcil quand le créancier dit qu'il y'a un moyen pour l'aubergiste de se rattraper. Elle serre les dents en priant intérieurement que le couard ne les trahi pas en espérant s'attirer les faveurs de ces petits malfrats. Si tel est le cas, Ina le tuera. Purement et simplement mais la Corleone n'était pas au bout de ses surprises.

Alors là... J'pense qu'une petite frappe de son genre bande sur n'importe quelle fille et doit souvent prendre des vents. S'il croit qu'il peut s'taper une Corleone, il rêve. Même une catin ne voudrait pas de lui. Qu'il vienne me voir et il ne va pas être dessus. Arsène aura enfin sa paire de burne.


A l'évocation de l'abricot juteux à souhait, Ina écarquilla les yeux et resta bouche bée. Tellement que c'était... Une mine de dégoût apparut sur son visage. Il allait le regretter, surtout qu'il venait de mettre une image dans la tête de la jeune fille qui lui provoqua la nausée.

Mais il ne va pas ou bien ? On voit assez d'horreur à la guerre comme ça. Quoique l'imaginer en train de...

Elle secoua la tête, essayant de chasser ses pensées. A ce moment-là, Vélasco interpella le malfrat mais qu'est-ce qu'il faisait ? Hum. Il était temps de passer à l'action. Si elle laissait faire le Visconti, ils allaient tous finir par prendre une tisane pour se disputer du pourquoi et du comment. Rapidement, la Corleone monta dans le grenier, parce qu'elle pensait avoir compris comment marchait l'arquebuse. Ce n'était pas trop tôt. Il lui fallait de la poudre et une balle de plomb. Bordel. Où est-ce qu'elle pouvait trouver une balle de plomb ? Peut-être avec un peu de chance, les tonneaux des malandrins n'avaient pas que l'alcool. Elle ouvrit plusieurs couvercle avant de tomber sur l'or noir. La poudre noir. Un sourire en coin s'esquissa sur les lèvres en coin de la Corleone. Oh, bien sûr qu'elle avait une idée derrière la tête. Déchirant des bouts de tissus qu'elle trouva ici et là dans la grande, elle commença à mettre la poudre noir dans les tissus et les referma de façon que ça fasse de petits sacs avant de les mettre sur une petite table. Elle finit enfin par trouver des billes de plomb.

En bas, les insultes fusaient et ça commençait à hausser le ton. Plus que quelque seconde et la Corleone allait être fin prête. Elle commença par charger l'arme par le bassinet en tassant la poudre noir et la bille de plombs dedans. Une petite chandelle est prise rapidement pour allumer la mèche qui est fixée par un serpentin. Rapidement, elle descendit des escaliers, arrivant à la bonne hauteur avec un sourire en coin.


« -Hé les petites frappes ! Vous avez commis une erreur.

Elle mit l'arquebuse contre son épaule, le doigt sur la détente. Elle était prête et elle avait cet air supérieur; celui que les hommes ont, quand ils possèdent le plus beau cheval ou la plus arme. Celui qui, grâce à la plus belle épée ou avec le plus beau cheval, a gagné une conquête. Ina avait cet air là sur son visage. Elle jubilait.

« -Mon abricot n'est pas accueillant avec les imbéciles. Toi, dégage !

Le tavernier avait pris sa tête dans ses mains et d'un geste de la tête, la Corleone lui dit de décamper au plus vite pendant que les deux frappes avaient sortis leurs épées, alertes.

« - Hé ma mignonne ! Tu ne vas jamais oser ! Allez sois sage. Tu sais, on peut en parler. On a pas besoin de se taper dess...

S'il savait comment elle s'en fichait de ce qu'il pouvait lui dire. La détente fût pressée. Tout se passa rapidement. En pressant la détente, le serpentin, tenant la mèche allumée, pivote afin que le dard incandescent entre en contact avec la poudre noir contenue dans un petit bassinet. La flamme enflammer a poudre à l’intérieur du canon. La balle fût propulsée à l'extérieur. Sous l'effet de l'arme à feu, la Corleone eut violent recul et tomba violemment des escaliers. Ce qu'il se passa, elle ne s'en rendit pas compte. Une vitre explosa en mille morceaux dans bruit détonnant. Le vent s'engouffra à l'intérieur et toute la pièce fût plongée dans la pénombre.

« - Espèce d'idiote, attend un peu que je te retrouve !

Oups. Les malandrins ne semblaient plus rigoler. Elle grimaça de douleur en essayant de se relever. Ce n'était que le commencement d'une nuit qui promettait d'être explosive !
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Vasco.
    « Elle est un rebelle
    C'est une sainte
    Elle est le sel de la terre
    Et elle est dangereuse
    Elle est un rebelle
    Vigilante
    Chaînon manquant sur le bord
    De la destruction »


Vous savez ce que c’est l’enfer vous? Le Visconti, lui, le sait depuis cette fameuse nuit où dans un entrepôt bien banal, Agnesina Corleone en a ouvert les portes. Un bruit assourdissant recouvrit soudain toutes les saintes conversations entre les différentes parties prenantes. Une gerbe de feu jaillit des engins du Sans-Nom qu’Ina avait habilement subtilisé à la maréchaussée. La déflagration fut bientôt suivie d’une immense boucane blanche qui plongea la pièce dans une purée de pois. Quelques bris de vitres plus tard, les rafales de vent éteignirent brutalement toutes les lampes, torches et autres chandelles qui éclairaient les lieux de la bisbille. A peine l’endroit fut plongé dans le noir qu’un bruit sourd se fit entendre au niveau du sol. Un cri de douleur s’ajouta à la confusion qui régnait déjà. Les oreilles complètement saturées, les tympans bourdonnant, le Visconti avait perdu l’équilibre là-haut de sa poutre et venaient d’atterrir lourdement au sol. Outre les fesses endolories au point où il se demandait s’il ne venait pas de se fracturer le coccyx, la déflagration l’avait rendu partiellement sourd.

Au sol, ça se bousculait de partout. Les malfrats couraient dans tous les sens comme des abeilles autour d’une ruche. Aux coups dans les côtes du Visconti, succédèrent, les piétinements des jambes et des mains. Protégeant principalement sa tête, le sicilien progressa du mieux qu’il put vers un recoin de la pièce où il pouvait être temporairement à l’abri. Ça, si Agnesina avait voulu frapper fort, il y était parvenue. Elle avait emporté avec elle, les malfrats, la pièce et celle pour qui elle prétendait il y a peu avoir un faible. Était-ce ça la façon de séduire de la Corleone? Faire table rase devant elle, quitte même à emporter le Visconti avec pertes et fracas? Aimait-elle les culs-de-jatte? Les sourds? Les aveugles? Ou alors, cherchait-elle simplement un amant qu’elle prendrait plaisir à faire souffrir?

Recroquevillé dans son coin, Vasco n’eut pas le temps de laisser ses mirettes s’habituer à la pénombre ambiante. Se ruant vers l’escalier, titubant légèrement, il fit basculer derrière lui caisses, sacs de farine, épées, outils, bref, tout ce qui pouvait entraver l’avancée de ses poursuivants. A mi-chemin dans la montée, il heurta un corps en travers des marches, manquant une nouvelle fois de perdre l’équilibre. Des paroles déformées par le manque d’audition sortirent maladroitement de sa bouche.


- Chiabrena Ina! Qu’est ce que tu fais ici? C’est vraiment pas le moment de prendre une pause tu sais? On a encore du travail et Ils n’ont pas l’air content du désordre que tu as mis dans leurs affaires!

L’ironie est une forme légère d’humour non? Et tout le monde sait que les femmes adorent l’humour masculin, n’est-ce pas? Il ne restait plus qu’à espérer pour les abattis du Visconti qu’Ina soit aussi féminine que n’importe quelle donzelle. Passant ses bras autour de la taille de la brigande, posant ceux de la Corleone autour de son cou masculin, le sicilien l’aida à grimper les quelques marches qui restaient pour arriver au palier supérieur, là où une autre surprise les attendait. Comment avait-il fait pour arriver là celui-là? Personne ne les avait dépassé dans l’escalier pourtant! Vasco porta immédiatement sa main à la ceinture pour s’apercevoir que le fourreau de son poignard était vide. Résumons la situation si vous le voulez bien. D’un côté, Ina récupérait encore du coup qui l’avait sonné. De l’autre, torche à la main, la montagne de muscles en face du sicilien devait bien peser aux alentours de 200 à 240 livres. L’homme ne devait être guère facile à déplacer en tant normal. Encore moins dans la situation présente. Certes, Velasco aurait pu tenté une feinte aussi éculée que : « Attention! Il y a quelqu’un derrière vous !». Après tout, le gueux ne semblait pas très futé. Que voulez-vous, il ne fallait pas être très regardant sur les qualifications professionnelles d’une petite frappe d’un village comme celui-ci! Alors oui, cela aurait pu passer, mais une idée plus saugrenue passa dans l’esprit du Visconti.

- Vite! Aidez-nous! Elle est enceinte et elle vient de perdre ses eaux! Elle a besoin d’une sage-femme et vite!

Croyez-le ou non, la phrase fit son petit effet. A l’attitude ébétée qui pouvait se lire sur le visage de la montagne de muscles et de gras, le Visconti n’hésita pas. Délaissant Ina un court instant, il alla plaquer violemment son genou droit dans l’entrejambe de l’impétrant. L’homme se plia en deux sous l’effet de la douleur ressentie et Vasco alla écraser sa face de niais contre sa propre cuisse, avant de finir par lui prendre la tête et aller l’écraser contre le mur d’â côté! Une fois…Deux fois…Trois! L’homme s’effondra le long de la paroi, inerte, un flot de sang coulant de nez épâté et de ses lèvres explosées. Un rictus de douleur déforma le visage du marin.

- Raaaaaah! Pourriture! Il a la caboche aussi dur qu’une tête de pioche celui-là! Il m’a ait un mal de chien ce gueux!

A peine avait-il eu le temps de se remettre de ses contusions que des bruits de pas précipités se firent entendre dans l’escalier. Des mines patibulaires firent leur apparition. Ils étaient sur le point de prendre pied à l’étage. Les habitudes de marin de Vasco remontèrent à la surface de sa conscience. Après tout, il était encore plus marin que brigand. Sur un bateau, le sicilien aurait attrapé une corde et se serait balancé pieds en avant dans la meute d’assaillants pour les pousser à la baille. Ici, c’est dans un grand cri de rage qu’il se jeta tête baissée dans la meute de poursuivants qui surpris, dévalèrent en désordre le chemin qu’ils venaient de prendre. Au pieds des marches, ne restait plus qu’un tas disparate de membres et de corps enchevêtrés les uns aux autres, avec un sicilien trônant sur le dessus. Vasco en profita pour fouiller les ceintures de ses assaillants et en extirper un poignard. Enfin, le revoilà armé et prêt à se battre correctement. Cette fois, c’était à son tour de piétiner un bras, une main, une jambe et il ne s’en priva pas. Les oreilles bourdonnaient toujours autant, mais étrangement, la cavalcade dans l’escalier lui avait permis de retrouver presque totalement son sens de l’équilibre et ses yeux étaient maintenant pleinement adapté à la faible clarté ambiante.

En bas, les malfrats cherchaient à s’organiser. Des cris qui ressemblaient à des ordres fusaient de partout. Le chaos régnait en maître dans l’entrepôt. Le sicilien eut à peine le temps de s’inquiéter du nombre d’ennemis encore sur pieds que des directives étaient aboyées dans sa direction. La situation était encore loin d’être à leur avantage. Et ça, c’était sans compter que les abrutis au pied de l’escalier ne devaient pas être loin d’avoir fini de démêler les noeuds. C’est alors que les choses dérapèrent. Du haut de l’escalier, un cri retentit. Le sicilien pensa immédiatement qu’il n’avait pas cogné tête-de-pioche assez longtemps contre la paroi et que le roc avait repris conscience.


- Au feuuuuu! Au feuuuuu!

Vasco leva la tête vers l’étage supérieur pour s’apercevoir effectivement que des lueurs oranges se devinaient dansant lascivement sur les parois du mur intérieur. Les aboiements de tête-de-pioche trouvèrent écho au rez-de-chaussée et plusieurs brigands propagèrent à leur tour la nouvelle à leurs proches. Oui, oui…au feu! Et alors? Car enfin…Il n’y avait tout de même pas de quoi paniquer non plus! C’est un tout petit feu de rien du tout! Le sicilien estimait qu’ils avaient encore largement le temps de régler leur compte avant que le brasier n’emporte tout l’entrepôt! Plusieurs malfrats foncèrent vers lui. Déterminé à vendre chèrement sa peau, Vasco, poignard pointé vers l’avant, attendit la charge solidement campé sur ses jambes. Celle-ci n’eut cependant jamais lieu. Alors qu’ils arrivèrent sur lui, à son grand étonnement, les hommes ne cherchèrent pas à s’emparer de lui. Au contraire, ils le contournèrent sans même le combattre. Médusé, le marin se demandait quelle pouvait donc bien être cette étrange tactique lorsqu’il s’aperçut que le troupeau s’amoncelait contre la porte.

- Au feuuuuu! Au feuuuuu!

Et ça continuait de crier! Et ça continuait de s’agiter! Et ça se battait pour tenter de sortir dehors. Et ça se poussait, se bousculait, se mordait et se donnait des coups. Les bras ballants, Vasco se demandait bien ce que tout cela pouvait signifier. L’incompréhension était totale. Aucune logique n’expliquait le spectacle auquel il assistait.

- La porte est bloquée! Elle a été barrée de l’extérieur!

- La fenêtre! C’est la seule issue! Laissez moi passer!

- Abruti! T’as vu ta taille par rapport à l’ouverture de la fenêtre?
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