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[RP] Y a-t-il vraiment un "après" ?

Della
On avait sonné le glas. mais elle refusait de l'entendre, persuadée que tantôt, lorsque le soleil trouerait la brume, on viendrait lui dire que son époux était levé et qu'il la demandait près de lui, qu'ils parleraient de leur voyage en Languedoc et des cours que Dorante était parti suivre.
Elle avait été conduite dans sa chambre, elle ne savait pas qui l'y avait menée, elle s'y trouvait, c'est tout ce qu'elle savait à cet instant. Dans sa tête, tout se bousculait, tout se heurtait, des personnes présentes à Seignelay - mais pourquoi étaient-ils là, tous ces gens ? - aux murmures qu'elle surprenait autour d'elle - était-elle redevenue enfant et fallait-il vraiment qu'on la force à manger ? - jusqu'aux regards compatissants qu'on posait sur elle.
Elle était lasse, épuisée, vidée de toute force, de toute volonté, sans aucune envie, sinon celle de subir sans réagir.
Les jours et les nuits passés au chevet de Kéridil avaient eu raison de ses forces et maintenant qu'il était parti - encore faudrait-il qu'elle l'accepte - elle semblait destinée à errer comme une âme en peine, sans but, pour l'éternité.
Elle s'était débattue quand ses femmes de chambres avaient voulu la vêtir d'une robe noire, elle avait exigé de porter la belle rouge, celle que son époux lui avait offerte pour le sacre de Vonafred ! Pourquoi porter du noir quand l'heure est à l'espoir de la guérison ? Elle avait de même refusé de recevoir le prélat, l'avait envoyé prier pour que Kéri Chéri se rétablisse vite !
Perdue entre ses désirs et la froide réalité, Della d'Amahir-Euphor, dorénavant veuve, n'était plus que l'ombre d'elle-même, équilibriste forcenée entre la vie et la folie...

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Severin_de_volvent
Le renard n'avait pas dormi.
Il y avait a Seignelay une morne ambiance que le glas sonnant n'aidait pas.
Le Sémillant Duc de Chartres s'en était allé rejoindre le très haut, laissant veuve et orphelins.
Il frémit en cette aube hivernale que peinait à réchauffer le feu qui brulait dans l'âtre.
Il acheva sa prière, se signa et rangea son fin chapelet dans la poche de son pourpoint sombre.

Cette atmosphère de deuil, il la connaissait bien. Sa vie en avait été jalonnée. Il avait perdu père, mère, maîtresse, soeur, et il y avait eu au sein de la famille une véritable hécatombe qui l'avaient laissé au final quelque peu indifférent. Ses bonheurs récents lui avaient offert un répit qui l'avait semble t'il rendu plus fort, cependant cette passivité l'inquiétait car au final s'il n'y avait définitivement pas de place pour la joie en ces tristes heures, il ne ressentait que la fatalité même de la vie qui appelait maintes réflexions.

Ne fallait il pas qu'il existe la mort pour que brille la vie ? N'était ce la le vrai sens de l'existence ? La conséquence inéluctable de tout passage sur terre ? La perspective d'un départ définitif ?
Le défunt n'avait il pas eu une belle existence ? N'était il pas mort heureux et avec la certitude d'être aimé ? N'avait il pas laissé un colossal héritage à ceux qu'il avait chéri ? Fallait il s'accabler d'une peine infinie ou au contraire accueillir avec bonheur la perspective d'une nouvelle vie? Ne fallait il pas se réjouir que l'homme enfin soit délivré de ses malheurs et ses peines pour s'en aller trouver un paradis tant envié ?

Il n'y avait pour démêler cet imbroglio de pensées et de sentiments contradictoires, qu'une chose à faire. Exercer avec mesure l'empathie envers ceux que le mort laissait.

Ses pensées furent alors toutes pour sa cousine. Et pour mieux prendre conscience de la situation, il se figura à sa place, perdant épouse.
C'est la qu'il ressentit le premier pincement.
Oui Davia et Severin avaient connu de longues séparations et avaient appris à vivre l'un indépendamment de l'autre quand les circonstances les y forçaient. Il en avait été de même pour Della et Kéridil. Cependant, ces séparations ne laissaient présager que des retrouvailles tôt ou tard, l'on savait l'autre là, derrière soi, pouvant etre là à tout moment.
Mais que faire quand l'autre n'est plus là ?
La perspective d'une existence privée de la présence rassurante de Davia lui parut soudainement désagréable, malvenue, horrible, insurmontable.

Cernant alors les contours de ce que la disparition de Kéridil pouvait signifier pour la cousine tant aimée, il sut que sa place ne pourrait être autre part qu'auprès d'elle, à la soutenir dans cette épreuve du mieux qu'il pouvait.

Ses pas, lents, presque lourds de la tristesse qu'il ressentait à présent le menèrent sûrement vers les appartements de la renarde noire.
Le compte rendu que l'on lui fit de l'état ou se trouvait sa cousine accentuèrent son inquiétude, et sans prendre la peine de se faire annoncer, le renart mélancolique poussa doucement la porte derrière laquelle se terrait Della d'Amahir.

Il s'arrêta cependant au seuil, demandant permission d'une voix qui se voulait douce.


- Della ? Puis je ? C'est moi, Séverin.
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Lexhor
Les jours s'étaient succédé à Seignelay où l'effervescence avait régné autour d'un homme qui avait été le centre du monde et de l'attention. Dieu avait finalement jugé que toute cette animation devait cesser et qu'il était temps que le Duc de Chartres prenne place auprès de lui.

Son prince de père venait de vivre des jours parmi les pires de son existence et s'apprêtait à en vivre de plus obscures encore. L'espoir s'était éteint et l'espérance ne pouvait plus être la cane sur laquelle s'appuyer.

Le temps était venu d'affronter la vérité en face : le fils prodigue et chéri n'était plus. Bien que Keridil ait été adopté alors qu'il était jeune garçon, Lexhor saignait comme si il s'était vidé de son propre sang. Le fief bourguignon que le fils avait choisi pour rendre son dernier souffle n'avait jamais si bien porté son nom. Presque destiné à ce genre d’événements.

Et ce lieu, Lexhor voulait désormais le quitter au plus vite afin de faire son deuil. Ce château qu'il aurait sûrement pu apprécier en d'autres circonstances revêtait désormais une toute autre connotation.
Mais il devait attendre que le corps de son fils soit prêt et que l'embaumeur fasse son office avant l'emmener avec lui, en Orléans, et l'inhumer en la crypte de la cathédrale de Chartes que le pair de France avait désigné comme sa dernière demeure.
Keridil expiré, l'atmosphère déjà pesante et particulière, emplie de l'angoisse de ses proches de savoir sa fin approcher, devint, après son expiration, bien plus étrange encore. Bien des sentiments agitaient le crâne douloureux de Lexhor et les pensées devaient se bousculer également dans les esprits de ses proches.

Il n'avait envie de rien à part prendre du repos et retrouver ses terres et surtout son épouse avant d'entreprendre une cure d'austérité aussi longue que nécessaire. Mais il savait qu'il faudrait, avant de partir, en passer par certaines étapes inévitables, telles que s'entretenir avec Della malgré la distance qui s'était installée entre eux depuis des semaines, voire des mois. Keridil maintenant trépassé, l'importance de certaines choses était amoindrie même si rien ne serait comme avant. Il y avait certaines choses que le Prince ne pouvait excuser ou occulter, mais il était également des combats qu'il n'avait plus ni l'envie, ni le courage, ni la force de mener.

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Della
Assise devant son miroir, elle tressait ses cheveux avant de les relever en un élégant chignon que viendrait emprisonner une résille garnie de perles. Elle chantait aussi un air qu'elle n'avait plus entonner depuis longtemps, une complainte parlant d'une jeune fille devenant biche la nuit. La voix de son Cousin lui fit tourner la tête vers la porte et elle se leva, souriante, pour accueillir Séverin.

Mais oui, viens, entre donc Séverin. Prends ce siège et viens t'asseoir près de moi. Dit-elle en indiquant un tabouret recouvert de velours. Elle se réinstalla à sa table et fixa son regard sur Séverin.

Comment vas-tu ? Tu me sembles inquiet. Aurais-tu une mauvaise nouvelle à m'apprendre ? Rassure-moi, les enfants vont bien ? Interrogea-t-elle, soudain tracassée. As-tu vu Kéridil aujourd’hui ? J'espère qu'il pourra quitter son lit et aller prendre un peu l'air. Hier, il était si pâle...mais les médecins lui interdisent de quitter le lit. Moi, je suis certaine que s'il pouvait respirer le bon air, cela lui ferait le plus grand bien ! Contrariée par ce qu'elle pensait être la réalité mais qui n'était que le fruit de son esprit torturé, elle se leva et se dirigea vers la fenêtre de sa chambre qu'elle ouvrit en grand avant de respirer à pleins poumons. Tantôt, j'ouvrirai sa fenêtre de la même façon et les médecins pourront bien tenter de me l'interdire, je suis chez moi et j'ai le droit d'ouvrir les fenêtres ! Refermant alors la fenêtre, elle regarda à nouveau son cousin et cette fois, son regard semblait vide, elle fit les quelques pas qui la ramenèrent vers lui, elle s'assit à nouveau et saisit la main de Séverin. Il va guérir, n'est-ce pas ? Toi aussi, tu le sais...

Par la porte restée ouverte, l'on entendit des pas approcher de la chambre de Della.
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Severin_de_volvent
Hésitant, le renard passa le seuil et se rapprocha tout aussi lentement, prenant place comme il était invité à le faire.
Le ton calme et le sourire de Della ne le rassuraient pas et l'inquiétude pouvait se lire sur son visage pâle aux sourcils légèrement froncés.

Il tenta un léger sourire en s'installant, ses yeux rivés aux siens. Il l'écouta ne sachant pas trop comment réagir à ce qui semblait être un pur et simple déni.
Il la suivit du regard alors qu'elle se levait en se dirigeant vers la fenêtre. Il refléchissait à ce qu'il pourrait lui répondre.
Il ne la vit pas revenir, il ne sentit que sa main qui saisissait la sienne et son regard croisa à nouveau le regard vide de Della qui cachait tant de choses.

Il lui sourit tristement, portant sa main à ses lèvres pour y poser un fraternel baiser. Le renart se trouvait dans une posture qui le déchirait intérieurement. Il souhaitait plus que tout préserver Della de la souffrance dont elle se protégeait par son déni, mais se trouvait à présent être le messager qui devrait briser ses illusions.


- Della... Kéridil... Les mots peinaient à franchir le seuil des lèvres, tant la réalité qu'ils présageaient était dure, même au renart qui raffermit la pression de sa main qui tenait toujours celle de Della. Il prit une profonde inspiration et continua malgré lui. Ton époux ne souffres plus, il s'en est allé rejoindre le très haut, guéri de ses peines, de ses souffrances, heureux et bien entouré...

Son coeur se serra et le souffle lui manqua un instant terrifié de la réaction de sa cousine.

- Le glas sonne depuis ce matin. Le duc de Chartres n'est plus, ajouta t'il pour ne laisser aucune place au doute qui entretiendrait l'état de Della. Il lui fallait prendre conscience de la situation pour faire face au mieux à ses obligations.

Pâle et préoccupé, le renart ne quittait pas Della du regard. Les traits tendus, il ne lâchait pas la main de sa cousine, il serait son ancre dans le présent. Il haïssait le rôle que la providence venait de lui donner, mais il était là pour Della, et il ne pouvait la trahir en lui mentant.

- J'étais inquiet pour toi... mais tu iras bien, tu es forte, je le sais... Tu iras bien... Il semblait que c'est lui même que le renart tentait de convaincre en répétant d'une voix presque éteinte sa phrase.
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Della
Elle lui sourit tandis qu'il baisait sa main, elle lui sourit, de ce sourire qu'elle avait toujours eu pour son Cousin, un sourire rempli d'amour et de tendresse fraternels. Un léger frisson lui parcourut le dos lorsque Séverin serra sa main un peu plus fort dans la sienne ; elle était certaine qu'il allait lui annoncer que la guérison était proche et elle était toute prête à lui sauter au cou et à l'embrasser pour lui avoir apporté cette bonne nouvelle !
Mais elle le regarda avec étonnement, incrédule, lorsqu'il parla de souffrances terminées, du Très Haut. Elle entrouvrit les lèvres mais aucun son ne coula entre. Alors seulement, elle entendit le glas qui jusque là n'avait eu aucun effet sur elle et l'attitude ses gens ne lui sembla plus ridicule. Le Duc de Chartres n'était plus, Kéridil d'Amahir-Euphor, Pair de France et de ses enfants, n'était plus, Kéri Kéri Chéri...ne serait jamais plus auprès d'elle, ils ne riraient plus ensemble, elle n'entendrait plus sa voix et ne le verrait jamais plus se déplacer en prenant appui sur sa canne, avec cette démarche si caractéristique...
Ses yeux brûlèrent, ses lèvres tremblèrent et le chagrin de son coeur déborda de son regard, les larmes noyèrent son visage et elle serrait si fort la main de Séverin, tellement fort, ultime branche à laquelle s'accrocher dans ce naufrage qu'elle prenait en plein coeur, secouée de sanglots alors.

J'irai bien...Hoqueta-t-elle plus qu'elle n'articula, entre les larmes...Oui, ça va aller...J'irai bien...Il est parti...Kéridil est parti...Il ne souffre plus...Les mots étaient rythmés, comme une litanie ou une prière, dits et répétés encore, encore...Il est heureux...J'irai bien...Kéridil est parti...Puis, ce fut le silence, même les larmes semblèrent cesser leur lente procession sur les joues pâles et un cri jaillit du fond de sa poitrine qui dut résonner dans tout le château, un cri d'animal blessé.
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Severin_de_volvent
Le temps s'était suspendu dans les appartements de Della.
Les cousins n'étaient plus liés l'un a l'autre que par l’étreinte de leur main dans la communion d'une douleur qui s’immisçait sournoisement pour enfin irradier.

Impuissant face aux larmes de la renarde noire, le renart la fixait compatissant. Il ne la lâchait pas, hochait la tête pour appuyer ses paroles.
Il craignit un instant qu'elle ne défaille, qu'elle s’effondre, frappée trop fort par le chagrin, mais il savait forte.

Ce fut le cri qu'elle lâcha qui l'atteignit le plus, retentissant et résonnant au plus profond de son être. Il pouvait la sentir physiquement, la peine de la renarde, il en avait mal a l'estomac, la gorge douloureuse, nouée, le visage tendu.
Il écarta le tabouret sur lequel il était assis, et sans la lâcher posa genou à terre, se rapprochant d'elle. Son autre main se posa sur son épaule, en un geste protecteur.
De ses yeux inquiets il cherchait les siens. Son cœur battait de la panique que la présente situation lui inspirait. Il n'avait jamais été doué pour les deuils. Il ne pouvait cependant pas abandonner.

Il savait qu'aucun mot ne pourrait adoucir la peine. Il la connaissait intimement. Cette peine qui se nourrit des réminiscences heureuses pour mieux grossir. Cette peine qui vous fait chercher l'erreur dans le présent ou l'être aimé n'est plus. Ce monstre que l'on abrite au dedans de soi et qui semble ne jamais pouvoir se déloger, que l'on caresse parfois, que l'on apprend à aimer ou à haïr et qui quoiqu'il arrive laisse des traces de son passage...

Il soupira et doucement caressa l'épaule de Della, comme pour la sortir de la torpeur, délicatement, sans la brusquer.


- Laisse la sortir ta peine Della, ne garde rien enfoui. Crie et pleure tant que tu le peux, personne ne te jugera. Laisse les larmes débarrasser ton âme de son trop plein de chagrin...

Les mots comme souvent à ces occasions semblaient gauches et toujours opportun, adressés à quelqu'un d'autre qu'à soi même.

- Kéridil fut un homme bon, un époux et un père aimant, ce me fut un ami, parfois un frère. Je partage ta peine Della...

La voix douce et calme s'enraya aux derniers mots, relâchés avec peine par une gorge nouée à l’extrême.
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