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[RP] Sinueuses destinées

Enjoy
* Ouvert.

    Les sentiers étroits mènent à des destinations inconnues. Parfois, le voyageur se complaît dans la grandeur, sa vision abreuvée par de vastes étendues verdoyantes. La plaine d'une félicité retrouvée, parmi les champs de coquelicots, de fleurs diverses. Point d'épineux pour les braves qui ont bravé les intempéries pour venir se réfugier dans un cocon végétal. Puis, il arrive que les chemins n'offrent que l'enfançon de l'innommable, de la forfaiture, des déboires. Heureusement qu'ils avaient les épaules larges. Une partie de leur monde tentait de subsister en leur faisant endosser tous les maux. Certains allaient même jusqu'à se frotter à eux pour avoir la sensation d'exister, le fameux frisson. On les disait paillards, on les disait sots. Et tout comme de nombreuses entités, on prétendait les voir à des endroits opposés dans un laps de temps limité. La rumeur grondait à la manière d'une foule aux pieds des remparts. L'Univers est parsemé d'étoiles, d'aucuns ne mirent que les plus brillantes en omettant sciemment les égarées de la voie lactée.

    Esseulée, bercée par une douce illusion. Rien ne vient la déranger. Le vent épuise ses dernières forces, les volets, n'ayant que trop claqués, s'assoupissent sous les rayons réconfortant de l'astre solaire. Une taverne, une parmi tant d'autres. Ce patelin était tout aussi moribond que ses semblables bourguignons. Sauf qu'ici le Présidial ne s'encombrait point des fanfreluches inhérentes à la gestion citadine. Ici, personne ne portait le fardeau de son voisin. Ici, il n'y avait personne. A part le couple étrange amateur du cérumen à se lécher les esgourdes d'une langue affamée. On avait également le reste. Ou les restes d'une vie évaporée. Une étincelle fugace qui n'a eu que pour seule destinée que de s'éteindre sans laisser de trace. La campagne embrumée, la cambrouze embourbée crache ses ragots. La voie des paroles non vérifiées qui s'envolent lentement de contrées en contrées pour encrasser les pensées arriérées des peuplades rencontrées. Aujourd'hui, le Clan avait fait taire leurs bottes crottées dans l'attente des retardataires. Pour mieux patienter, il eut été nécessaire de s'occuper. L'italienne allait visiter son épouse afin de jouir de plaisirs interdits puis au petit matin, la bouffetance lui titillait les narines. Pendant ce temps l'un des rares mâles palabre avec l'Hermine. Tandis que la Belette semble retrouver sa Balafre. Y a la Dyme et sa pilosité qui ferait pâlir de jalousie un barbu. Ou pas loin. Le Chaperon rouge avec son oiseau de malheur assoiffé de sang. Et puis la Hydre qui a des envies culinaires.

    On touille, on touille et on songe à des poussins farcis...

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[Manque de temps IRL. Retour bientôt.]
Jeliza.rose
Egar et moi, on fait le guet. Ce n'est pas qu'on me l'ait demandé, non, du tout.
C'est juste qu'Egar, il veut bien aller quelques minutes s'enfermer sous un toit, mais pas trop longtemps sinon, il devient dingue.
Puis dehors, il faut que je le surveille. Il suffit qu'il voit du sang, et il devient dingue. Ou un truc qui brille, et il le vole.

Soyons d'accord sur un point. Sur beaucoup de choses, Egar est juste un Grand Corbeau normal.
Comme tous les Grands Corbeaux, il peut manger tout et n'importe quoi, que ce soient des déchets, des trucs vivants ou même des graines et des fruits... Etc etc. Tout et n'importe quoi.
Comme tous les Grands Corbeaux, il aime bien voler et planquer des trucs qui brillent.
Des fois, quand je lui parle, j'ai l'impression qu'il m'écoute et module ses "crôôa" en fonction de mes phrases. Si si, je vous jure.

Par contre, c'est vrai qu'il est peu idiot, pour un Grand Corbeau. Il ne comprend toujours pas que quand il y a du sang frais qui coule, ça ne veut pas forcément dire que c'est l'heure de manger.
Puis il y en a qui disent qu'ils sont capables de jouer, et tout. Alors qu'Egar, il se contente de piquer des trucs qui brillent et de chercher des trucs qui saignent. C'est pour ça d'ailleurs que je me promène avec peu d'argent sur moi, en général. Les miches de pain, c'est plus sûr.
Si on devait les comparer à des humains, je dirais que des fois, il est un peu simplet.

Là, j'essaie de lui apprendre à me rapporter des trucs. Qui brillent. Ben oui.
En gros, j'essaie surtout de le convaincre que ma main est une bonne cachette pour ses larcins.
Je lui montre une poche, ou une main, et hop, il fonce dessus !

Puis comme on essaie de bouger sans faire trop de casse en ce moment, je ne lui montre que les affaires de ceux avec qui je voyage.
Après tout, à part Arsene, je ne connais pas très bien les autres. Et à bien y réfléchir, Arsene, je la connais, mais vite fait.
En faisant comme ça, si Egar leur vole discrètement leurs affaires, quand ils sont pas là, et qu'ils les recherchent désespérément ensuite, je pourrai leur rendre en leur disant que je les ai pris à un voleur. Et ce sera presque vrai. Et ils me seront reconnaissants et on parlera un peu.

Oui... Mon plan est machiavélique ! Sûr qu'il va marcher.

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Elvy_lee
Au détour des chemins, la campagne se déroule. Le décor bourguignon a subrepticement fait place au paysage champenois. S'ensuit l'inévitable bouleversement des saisons. On dirait que le printemps est déjà là. La poussière s'accroche aux frusques et Elvy, agacée, secoue sa jupe d'un geste brusque.

Au passage de la troupe, les visages se ferment et les villageois marchent à l'écart. Elle ne s'en formalise pas, elle a l'habitude de n'être pas la bienvenue.
Qui sont-ils, ces gens auprès desquels elle chevauche depuis des jours ? Des mercenaires, des proscrits, des renégats ? On ne lui a posé aucune question à son arrivée. Elle a été engagée pour une durée indéterminée mais ça n'a pas d'importance. Elle a sa maison sur roues et son petit sac sous le bras.
Le fonctionnement du groupe la surprend. D'abord ils ont un chef. Ensuite ils ont l'air d'appartenir à une famille, une vraie, avec des pères, des frères et des sœurs, une de celles qui enfantent. Elle épie, l'air de rien, pour voir si ça fait pas des dégénérés. Mais non, ils sont parfaitement normaux. Enjoy la sage, Arsene la pyromane, Ina la belliqueuse, le jeune coq Gabriele, Mal le mioche en quête d'attention, Lili et sa tablette. Le seul qui manifeste un tant soit peu d'étrangeté est Velasko qui n'a qu'une idée en tête : se faire baptiser.
Spiritu Sanguis... L'ambiance qui y règne ne déplait pas à l'Hydrique. On y est sans pitié et sans commisération. Jurons, quolibets, railleries et insultes fusent. Le clan ne déroge pas aux habitudes culinaires de tous les clans. La bouffe y est fade et insipide. Seul point positif, on lui permet de touiller. Et elle ne désespère pas de pouvoir cuisiner à l'avenir.

Ils sont donc entrés en Champagne. Les Champenois n'ont pas bonne réputation, on les dit pointilleux et procéduriers.
Arsene ouvre une taverne au nom fleuri. Quand on pousse la porte, une odeur âcre vous prend à la gorge, celle des remarques acides ou du manque d'hygiène.
On va rester un peu ici en attendant le chiard et un type qu'elle ne connait pas. Elvy en profite pour faire un peu de cueillette. Perchée sur son échelle, elle observe une fille et un oiseau noir. Un spectacle insolite : elle n'a pas plus l'habitude des bestioles que des gosses.

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Lililith
Elle marche, la Minusculissime. Et pendant qu'elle marche elle fredonne une chanson que sa mère, la Vraie lui chantait avant, pour qu'elle s'endorme plus vite, quand elle était toute petite. En âge, pas en taille. Parce que ça, ça ne change pas beaucoup. Elle reste une fillette, une de celles qui ne sera jamais vraiment grande. Mais de toutes façons, les femmes ne sont jamais très grandes.

Et pendant qu'elle marche, et pendant qu'elle fredonne, elle taille un bout de bois. Cela ne donnera aucune forme, mais elle ne veut pas donner une personnalité à ce bout de bois. Parce qu'il vient de la nature et y retournera quand il ne sera plus que copeaux. Un peu comme eux. Elle taille le bout de bois à défaut du bout de gras.

La fillette se pose enfin, parce qu'ils établissent campement. Le bâton a depuis longtemps rejoint la terre, le couteau est rangé à sa taille.
Elle observe, silencieuse, enregistrant chaque geste, chaque odeur, chaque grain de voix. Elle veut tout retenir. Ne pas oublier. Ici et là, dans quelques intonations, dans quelques rires qui émaillent la soirée, elle retrouve, à défaut de la Tatouée, un peu de son esprit. L'Étoile lève les yeux vers ses consœurs qui brillent là-haut. Mamma y est.

Ce soir ils ne mangeront rien de bien bon. Mais ce soir, Arsène lui demandera de s'occuper de trouver des pigeons. Lili acceptera, parce qu'elle les traquera, les suivant en silence, grimpant sans faire de bruit dans les arbres où ils se nichent comme Pandou sait le faire. Elle utilisera sa fronde ; mais elle voudrait utiliser un arc. Personne ne sait en faire dans le clan, et c'est dommage. Mais elle apprendra. Elle ignore comment fabriquer un arc. Mais elle apprendra. Elle apprend vite.

L'enfant s'assied, serre son chat roux contre elle, caressant son poil, pensive. Ce soir, elle a appris que le Roy était mort. Ce soir, elle a appris que son frère était mort. Une lettre écrite par Erwelyn lui revient en mémoire. Elle lui répondra. Elle aurait dû le faire avant.

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Praseodyme

Praséodyme s'ennuie. Assise sur un tas de bois, elle contemple d'un œil bovin la rue principale du village. En fait de rue, c'est plutôt une venelle boueuse, parcourue par quelques pécores et leurs bœufs. Praséodyme joue avec un des poils de son menton, elle le tourne, le tortille, le déroule, le lisse, le retortille. Soudain, elle tire d'un coup sec, le poil s'arrache, les larmes lui viennent aux yeux. Praséodyme contemple son poil tortillé au travers des son oeil humide.


Putain de patelin !

Ils attendent. Praséodyme se lève, fait le tour du village pour contrôler sa troupe, vérifier qu'il ne lui en manque pas un. Elle les recompte, c'est facile, ils sont autant qu'elle a de doigts à sa main qui ne tient pas l'épée. Quatre, tout juste. Il ne faudrait pas qu'elle en ait trop en plus, il faudrait qu'elle les compte avec ses deux mains, elle n'est pas sûre de savoir faire ça. Elle les couve du regard, s'assure de leur équipement, de leurs vivres. Ce sont de bons brigands, ils suivent sans discuter, elle sait qu'elle peut compter sur eux.

Mais elle sait aussi qu'ils sont comme elle. Impatients d'en découdre, de sentir l'excitation du combat, la joie du pillage. Il ne faudrait poinct trop les faire attendre. Elle répète comme une antienne :


Putain de patelin !
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Agnesina_temperance
    Avant Ina n'était pas sociable mais ça, c'était avant.
    Avant Ina ne sortait jamais en taverne mais ça, c'était avant.
    Avant Ina avait un balai dans le cul mais ça aussi, c'était avant.


Ina avait trouvé une nouvelle passion, celle d'ennuyer les habitants du village de Langres. Elle prenait un plaisir sadique à les voir essayer de se défendre ou de l'insulter en riant comme des imbéciles. Ils lui donnaient l'impression d'un lézard prit dans un fil et qui essayait de se débattre. Il fallait bien qu'elle s'occupe et vu qu'elle avait décidé de décerner une médaille de la bêtise aux Langrois, ils étaient un peu ses cobayes. En effet, tantôt elle se fait passer pour une nonne et tantôt, Vélasco essaye de la faire passer pour une grande Duchesse de Palerme. En jouant ainsi la comédie, elle s'entrainait à arnaquer les gens, parce que pour gagner plus d'écus, il fallait qu'elle touche à plusieurs domaines de vol. L'arnaque semblait être dans ses cordes et sait-on jamais, peut-être qu'en adoptant plusieurs visages, elle pourrait un jour se sortir d'une situation délicate en se faisant passer pour quelqu'un d'autre. Les autorités avaient toutes les armes à leurs dispositions et donc, les brigands devaient être toujours plus malin pour survivre, surtout quand la brigande en question ne maitrise pas l'art du combat.

Ina ne faisait pas qu'embêter les habitants, elle avait une autre occupation. Elle comptait fleurette, à sa manière, au Visconti. Tout le monde sait ce que c'est. Elle connait ses premiers émois et pourtant, tous deux restaient sur une réserve qui leur était propre. Ils se cherchent mais tout est ambigu entre eux. Et dire qu'avant, Agnésina comptait se marier avec un homme uniquement pour avoir le statut de femme mariée et faire croire à tout le monde qu'elle n'était plus pucelle alors qu'elle voulait le rester. Elle avait mûri et elle était sortie de son mutisme pour aller enfin vers les autres. Elle considérait, aujourd'hui, avoir trouvé sa place. Ina était devenue dépendante de cette ivresse qu'est l'adrénaline. Depuis Poligny. Poligny avait marqué le changement chez la jeune fille. Le poutrage lui avait appris que la vie et la mort jouait une partie d'échec. Agnésina avait été naïve et lorsque les lames ont effleurés sa peau, elle avait compris. Dans ce qu'elle faisait, il fallait qu'elle soit impitoyable sinon elle ne survivrait pas. On avait fait couler son sang, elle avait fait coulé le sang. Si avant, elle hésitait à tuer, ce jour-là, elle n'avait pas hésité et elle n'avait eu aucun remord.

Elle avait changé.

Elle, qui n'aurait jamais touché à un homme d'église, elle en avait menacé un et complotait d'en enlever un autre avec Vasco et tout ceux qui voudraient en être. Ce serait la première fois que depuis qu'elle avait retrouvé sa famille, qu'elle les quitterait, mais elle était certaine que ce qu'elle allait faire, servirait sa famille.

Pour la gloire.

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Vasco.
Il parait que les voyages permettent de découvrir de nouveaux horizons et ça, Vasco pouvait le confirmer. Lorsque l'on vogue d'un coin à un autre de la Méditerranée, on découvre des civilisations hétéroclites qui n'ont vraiment rien à voir les unes avec les autres. Le Visconti, comme l'appelait l'Hermine, pensait en avoir vu beaucoup. Et pourtant, ce jour où la Spiritu Sanguis faisait relâche dans une ville pendant leur pérégrination, il découvrit une faune locale comme il ne l'avait jamais vu ailleurs sur le pourtour méditerranéen. On disait que ce duché avait été durement touché dans un passé proche, mais le Visconti se demandait également si les observations qu'il avait fait ces deux derniers jours étaient réellement de bonne augure pour le futur.

Après quelques nuits passées à la belle étoile, à devoir se contenter de manger du pain rassis parce la Belette faisait sa mauvaise tête et ne voulait pas écouter les conseils qu'on lui donnait pour attraper les lapins, retrouver un peu plus de confort était un luxe qui s'appréciait. Il n'y avait pas à dire, l'aisance de la cabine du capitaine sur un navire n'avait pas son pareil sur les routes. Vasco faisait contre mauvaise fortune bon coeur. Et puis il y avait l'Hermine, celle sur laquelle il s'appuyait, en qui il avait la plus grande confiance et qui paradoxalement était en partie responsable des insomnies qui l'accablaient depuis quelques nuits.

Que les gens ici étaient étranges, c'était peu dire. Après tout, une troupe aussi nombreuse que les Spiritu Sanguis était une aubaine pour un village moribond comme celui-là : ils apportaient des bras pour travailler et relancer l'économie. Ils amenaient des nouvelles fraiches d'autres coins du royaume. Ils remplissaient les tavernes et en aménageaient même de nouvelles. Alors pourquoi tout le monde était aussi étrange avec eux? Il y avait d'abord eu cet évêque. Enfin, il se présentait comme tel mais un doute subsistait dans l'esprit du sicilien. Un évêque qui ne veut pas baptiser au moment où la religion régresse à grands pas, c'est soit un évêque timide, soit un évêque qui a oublié comment on baptise à force de ne pas pratiquer, soit...quelqu'un qui n'était pas évêque. Car enfin, pourquoi refuser à une âme de se rapprocher du Très-Haut? Le soi-disant clerc prétextait que le Visconti n'était pas assez vertueux pour recevoir le sacrement du baptême. Pas vertueux le marin? Lui qui passait des nuits entières dans la chambre d'une femme qu'il désirait pour...parler? Lui qui se rendait fou en se retenant de l'embrasser? Pas vertueux? Lequel de ses brebis habituelles en faisant autant? Lequel?

Et puis, il y avait cet étranger brun, le visage imberbe, tout de bleu vêtu. Il ne disait jamais rien. Il entrait, s'installait, écoutait ce qui se disait. Vasco l'avait d'abord cru muet jusqu'à ce qu'il aperçoive l'homme entrain de chuchoter aux oreilles d'autres locaux, rares, venus se désaltérer. Il venait et repartait sans rien dire, sans rien manger, sans rien boire, à chaque fois que le clan se réunissait pour discuter.

Le muet n'était pas le seul être étrange de ce village. Une dame ou un homme, l'italien n'avait pas réussi à le discerner, avait fait irruption en taverne. L'étrange volatile à la silhouette humaine caquetait à qui mieux-mieux, emplissant la salle d'un brouhaha inutile et dérangeant. Quand il s'en prit à l'Hermine, le sicilien estima que sa patience était révolue. Il retira son gant droit, se frotta les articulations des doigts et envoya le revers de la main s'échouer sur la joue de "l'animal". Problème réglé.

Vous en voulez d'autres? Il y eut aussi le notable qui s'offusquait d'entendre les confessions d'un Visconti amusé à une nonne tempérée, le simple paysan qui "fait pousser son maïs parce que ça se vend bien mais qui ne veut pas devenir trop riche non plus, qui recherche une couronne et des habits et qui va bientôt partir en voyage pour se procurer des vêtements mais qui ne sait pas où encore parce que ça n'est pas pour tout de suite". C'est compliqué? Un peu oui, c'est vrai. Alors accrochez-vous, on monte encore d'un degré de difficulté lorsque l'Hermine et le Visconti décident de se faire passer pour une délégation ducale en provenance de Palerme. Elle venait, paraissait-il, discuter avec les régnants du royaume en vue d'établir de saines relations commerciales. Tout allait bien au début. Les discussions étaient cordiales, presque constructives. Mais là où tout dérapa, ce fut lorsque le Visconti parla de la mise sous tutelle de la Champagne par Palerme. Il faut croire que l'idée n'avait pas l'air de plaire au simple paysan qui soudain semblait en savoir bien plus que ce qu'il prétendait. A moins que ça ne soit l'idée que la Belette, "dame de compagnie" de la duchesse de Palerme, ne devienne prévôt de Champagne qui ait provoqué une montée de bulles dans l'esprit de notre gaillard? Qui sait? Sans doute personne. Sans doute même que personne ne le saura jamais. Oui, je sais, je vous avais prévenu, c'est un peu compliqué. Ajoutez à cela que l'impétrant a eu la bonne idée de sortir son arme pour montrer son étalage de viande... Un petit conseil chers lecteurs : si un jour, la conversation de votre interlocuteur vous ennuie, évaluez bien la situation avant de sortir le fer. A trois contre un, vous avez tout de même peu de chance d'en sortir vainqueur vous savez? Et la mort est si vite arrivée dans ces temps troublés...

Enfin, admettez-le. Cette ville était une drôle de ville, non? Ainsi va la vie au sein de la Spiritu Sanguis et croyez-moi, avec des étapes pareilles, les mercenaires n'ont pas vraiment le temps de s'ennuyer... Surtout qu'en plus, il y avait Ina.

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Elvy_lee
Elle avait discuté avec le maire. Il avait eu l’air chagriné quand elle lui avait dit qu’elle trouvait Langres un peu tristounette. Elle lui avait raconté le projet Turin. Sans doute la dernière fois qu’elle en parlait. Le projet avorté lui laissait un goût amer.
Car la fanfaronne a le cœur brisé. La mort des siens l’a affectée plus qu’elle ne veut bien l’avouer. Le départ de Brigante l’a anéantie. Elle avait allumé chez Kreems une petite étincelle qui avait ravivé la flamme, et puis elle avait fermé la porte sans se retourner. Sur ses années de bonheur, d’ivresse, de folie, de partage.

Les Spiritu Sanguis intriguent c’est certain.
Mais il est inutile de tenter de percer leur secret. Ils n’échangent que des histoires de bouffe, de recettes, de techniques destinées à piéger les lapins ou à attirer les chats. Prochainement, ils vont parler tricot. A ce sujet, Elvy a aussi des choses à dire…
Elle commence à en connaître quelques uns, à les apprécier pour la plupart. Certains partagent ses idées, les autres… l’acceptent telle qu’elle est.
Quand elle s’approche, elle surprend parfois des conversations, et puis on se tait. On ne lui fait pas confiance, c’est normal mais elle n’a pas l’habitude. On a toujours cru en elle.

Une femme est entrée dans son champ de vision. Une vieille femme assise sur un tas de bois et qui psalmodie, la larme à l’œil.


Putain de patelin !

Elle pourrait être la compagne du Dode. Si le Dode était du genre à avoir une compagne. D’ailleurs si c’était le cas, Elvy tenterait sa chance. Elle aime l’inaccessible.

Arsene lui a fait l’honneur illustre de la nommer cuisinière de son établissement, « Le chat crevé ».
Sur la pancarte à l’entrée, on peut lire :




La cuisinière expérimentée mijote avec amour deux plats qui seront servis en continu :

- Chat rôti et enduit de moutarde, accompagné d'un morceau de panais cuit à l'eau bouillante. Les poils des bêtes sont retirés contre un supplément allant d'une cinquantaine de deniers à deux écus suivant le pelage du félin.

- Pigeon farci à l'Art Seun Hic. Vous en avez marre de votre vie ? Vous en avez assez de ne jamais gagner une partie de ramponneau ? Votre métier vous déçoit ? Votre destinée toute tracée vous semble morose et sans avenir ?
Ce plat est votre solution ! Après une bouchée, tout s'arrangera et s'éteindra. Le Paradis Solaire ou l'Enfer Lunaire vous accueillera à bras ouvert après votre dernier festin.

Il n’y a pas à dire, ça bouge chez les Spiritu Sanguis !
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--Bertignole


Dans une veine bouchée de ce foutu patelin, la Bertignole claudique bon gré, mal gré. Elle - mais le féminin est un peu galvaudé car la matrone affichait des traits masculins et une pilosité alliée d'une vieillesse ravageuse - traînait ses guêtres en maugréant contre sa mule. Depuis peu, une bande de saltimbanques squattait le bourg. Il n'était plus possible d'y faire un pas sans en rencontrer un. Le pécore connait bien l'adage de poser le pied dans le purin. Ici, les palefreniers, les vachers et les maraîchers de la rapine venaient trimbaler leurs bestiaux. Et ça sentait fort, et ça braillait tout autant. On y trouvait une tapineuse des fourrées puis une ignoble maniérée qui aurait pu être fieffée.

Parmi ceux-là, une môme dont on décelait une timidité maladive. Un peu en retrait, un peu paumée. Sans doute aussi psychotique que le reste de la troupe. La Bertignole connaissait cela. Son enfance auprès d'un percepteur douteux. Il lui faisait confesse avant d'alterner entre le con et les fesses. C'était à une époque, désormais révolue visiblement, où le cureton sur l'autel du sacrifié ordonnait ses ouailles à grand renfort de vin de messe.

- Pelotez ! Pelotez ! Et l'éverge vous l'prendra !

Pervertissait la foule avec des propos aussi lubriques que ses pensées. L'homme d'église possédait un front bas, ce qui est contraire aux normes de l'évêché, un regard aussi vivace que celui d'un bovin, qu'il s'arrangeait à rincer d'une eau bénite un peu particulière. Le reliquat impropre des sécrétions malodorantes de ses « filles ». Parce qu'au sein des mamelles de la religion, l'inceste est permis. Chaque jours, les enfants de chœur entonnaient le credo. Tantôt d'une voix mélodieuse, quoiqu'un peu stridente. Tantôt d'un cri plaintif, de quoi user leurs cordes vocales au même rythme des va-et-vient des cierges cléricaux dans l'antre obscur. Y a pas à dire, en ces temps, l'église savait convertir ou invertir les inclinations sexuelles. La Bertignole endura les sermons durant des années avant de comprendre le sobriquet alloué à son berger. Lui, et son bâton, enfilait les offices dominicaux en se forgeant un nom remarquable : El cul-raie !
Hélas, au fil des années, les fidèles préférèrent le principe de l'école buissonnière à celle de l'assiduité moutonnière. Devant ce triste constat, notre bon père ne put que se résoudre à substituer ses victimes humanoïdes en des caprins. Se taper des chèvres dénicha son public, à tel point qu'on en fit une ritournelle entêtante. Au final, de cette digression, la seule chose importante à retenir est que le Christos est toujours accroché au clou.

Avançant d'un pas puis de deux vers l'enfant. L'envie de lui coller une torgnole se fait sentir. Les nobles les asservissent, les maréchaux font du zèle, les miliciens maltraitent les péquenots. Les bourgmestres affament leurs concitoyens consentants, et enfin les travaux féminins les fouettent de l'aube au crépuscule. Si bien qu'une petite distraction ne pouvait pas faire grand mal. Du moins pour la vioque, l'enfant n'en tiendrait guère rigueur, la rancœur à cet âge-là est bien trop juvénile pour s'installer durablement. Bertignole poursuit sur sa lancée, prête à exécuter une sentence injuste mais apaisante. Mais ce n'était sans compter sur le dicton "ne pleuvoir que sur les plus mouillés" qui eut la bonne idée de claquer dans l'air. Elle prend de l'élan afin que la poussée de l'air s'amenuise contre la force d'attaque et l'angle de pénétration. - A la manière de : la flexibilité de la queue de la vache est égale à la face du coup du bouc. - Quand le pire arrive; un saignement de nez. Et au loin une ombre inquiétante et le croassement qui s'en suit. Un oiseau de mauvais augure pour un signe qui l'est tout autant. Elle va morfler la Bertignole. Aussi, son nez aquilin sent le vent tourner, en retroussant ses jupons crottés elle afflige son auditoire d'une vision cauchemardesque; ses jambes poilues. Et se met à courir, du moins semble-t-il que s'eusse été une forme de course, chaotique certes, mais fuite à grandes enjambées tout de même. En hurlant :


A moi ! A moi ! On en veut à mon pucelage !
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