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[RP ] La nuit de trop.

Kye
Fascinante.

C'était comme ça que le Noircastel l'avait qualifié la première fois qu'il avait posé ses yeux sur cette brune au cœur meurtri. C'était May qui l'avait introduit à elle, lors d'une soirée à une heure tardive. Une heure à laquelle, habituellement il reste chez lui à défaut de répondre aux courriers qu'il reçoit. Il faut dire qu'il avait envie de changer et ça très peu de personnes pouvaient le comprendre, pour eux il était et resterait un marchand de morts, un brigand qui ne pourrait en aucun gagner leur confiance.
Pourtant, certains le faisaient, la première Eleana, y était arrivé plutôt bien. Elle se moquait complètement de savoir qu'il avait été, tout ce qu'elle voulait savoir elle, c'était s'il voulait réellement changer. C'est pour ça qu'elle l'avait invité à Valence, dans cette ville, contrairement à d'autres, il aurait sa chance, sa chance de devenir quelqu'un de bien. Certains continueront à le regarder du coin de l’œil mais au moins là-bas, il aurait des amis. Il y avait eu aussi l'amie de cette femme May, une baccard comme beaucoup d'autres à Valence qui lui avait fait confiance, en même temps, ils avaient fait la route Embrun- Valence ensemble. Ce n'était certes pas grand chose, mais c'était peut-être suffisant pour remarquer que Kye n'était pas une mauvaise personne et puis quel genre de brigand vous inviterez à un bal ?

Le problème, c'était donc cette femme, cette fascinante femme. Faut dire que leur relation était parti du mauvais pied, dire ouvertement ce qu'on pense, c'est bien mais, tout le monde n'est pas prêt à entendre ce que vous avez dire. Il y a des choses à dire et ne peut pas dire et surtout des manières de les dire. Kye, n'y était pas allé par quatre chemins, il se moquait de savoir que le marie de cette femme venait de mourir ou du moins que sa mort remontée à quelques semaines, tout juste un mois, elle avait posé une question, il y avait répondu. Où était le mal ?
Cela avait suffit pour lever un vent glacial entre les deux. Tantôt se réchauffant, tantôt retrouvant sa fraicheur hivernal, au gré des discussions tardives. Il faut dire, que tous les deux avaient un passé en commun. Elle était limousine, membre d'une famille royale, lui était berrichon, menteur, voleur, recéleur mais surtout berrichon. Et ça, pour elle, c'était un peu comme un crime ultime, il n'y était pour rien, bien que si on lui laissé choix, il ne changerait cela pour rien au monde.
Alors certes, Kye n'était pas réellement berrichon, en réalité il était né en Bourgogne, ce qui faisait de lui un bourguignon de sang mais, il a passé clairement la plus part de sa vie en Berry, ce battant pour se duché qu'il estimait beaucoup et qu'il aimerait revoir à son apogée. Mais malgré tout cela, elle arrivait petit à petit à lui faire confiance, en tout cela y ressemblait. Elle le taquinait de temps en temps, bien qu'il n'y avait aucune raison apparente vu qu'il avait faillit la tuer, pourtant, elle arrivait à plaisanter sur cette chose, lui lançant de petite pique de temps en temps, qu'il n'hésitait à lui renvoyer comme à son habitude.

Hélas, il y eu un soir de trop. Des courriers, Kye en reçoit, comme tout le monde. A la différence de tout le monde, Kye reçoit des courriers venant de brigands, des invitations, des demandes d'aide en tout genre etc. Il n'y prête pas réellement attention et justement ce soir là, il n'y prêta pas assez attention et une de ses lettres tomba dans la taverne avant qu'il ne la quitte. La lettre réussi à trouver les yeux d'Elisa qui ne se retint pas de la rendre à Kye et surtout de lui dire ce qu'elle pensait finalement de lui. Le loup noir aurait pu faire comme à son habitue, laisser couler la colère de cette femme sur son armure émotionnelle et respecter son exigence : Ne plus la croiser en taverne, étrangement il préféra lui répondre et l'inviter le lendemain soir dans une taverne.


La lune était à son plus haut point. Bientôt, elle allait commençait sa chute qui laisserait place au soleil. La taverne était quasi vide si ce n'est le tavernier qui était parti fait l'inventaire de ses réserves dans son arrière boutique. La condition pour que cette femme vienne était simple : cela devait être en terrain neutre, ni chez lui, ni chez elle. De toute façon, il ne pouvait pas la recevoir chez lui, une femme de son rang, impensable. La deuxième condition, elle, était un peu plus difficile à accepter : venir sans armes. Kye avait fini par accepter, il avait laissé son épée chez lui, il avait retiré l'estoc qu'il cachait dans sa manche gauche et il avait retirer le poignard qu'il cachait dans sa botte, il avait pris la décision de ne mettre aucune armure, pas de soleret, pas de cote de maille, pas de jambières. Autant dire qu'il ne faisait pas le fier et que pour lui c'était comme s'il était venu nu, mais même comme ça, même sans armes, même sans armure, il restait tout de même dangereux, un loup, quoiqu'il arrive reste toujours dangereux.
Il était là assis à la table centrale, les jambes croisés, une main sur la cuisse du dessus et l'autre sur la table, tapotant le bois dur de ses doigts glacials à intervalle régulier guettant le mécanisme d'ouverture de la porte.


Balisage by Ange
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Elisa.baccard

Incompatibles.

C’était bien le terme qu’avait en tête la Duchesse pour définir la relation avec l’homme qu’elle avait rencontré il y a plusieurs jours maintenant et elle-même.
Un monde entier les séparait. Il était Berrichon, elle était mi Limousine, mi tourangelle. Il était brigand pendant qu’elle fréquentait le palais du Louvre durant le règne de sa Mère. Il se battait pour défendre le Berry, pendant qu’elle se battait pour défendre son Limousin ou sa Touraine.
Et pourtant, ils avaient aussi un point commun, ils étaient tous les deux veufs. Tous les deux blessés par l’amour et par la perte de leur moitié. La Veuve et le Veuf, cela aurait pu faire une belle histoire… funeste. Peut-être se consoleraient-ils, se comprendraient-ils par cette expérience tragique et commune. La Malemort apprenait tout juste à vivre avec, tandis que lui avait déjà eu le temps de faire les cent pas depuis. Existe-t-il pire point commun ? Sans doute pas.

Mais les mots sont parfois bien plus blessants que les gestes. Bien entendu elle n’oubliait pas cette soirée où la lame du Berrichon, si froide était venue se loger contre la chair fine et blanche de son cou dénudé. Comment pourrait-elle l’oublier ? Voilà par deux fois qu’un berrichon avait approché son arme pour la tuer. Une l’avait planté sans pourtant lui ôter la vie. Lui s’était arrêté juste à temps pour que la lame ne transperce pas la peau, pour que la lame ne laisse pas le sang rouge de la Malemort se déverser dans cette taverne, la vidant de toute vie et de toute chaleur. Mais ne dit-on jamais deux sans trois ? Devrait-elle alors se méfier de lui ? Et s’il était envoyé par cette folle de Poumona avant qu’elle ne décède. Elle l’avait déjà fais, elle avait déjà envoyé une troupe entière jusqu’à Limoges pour tenter de lui ôter la vie. Mais elle s’en était sortie, de justesse une fois de plus, sauvée par d’autres.
Alors qu’aujourd’hui, elle était seule. Seule face à son destin, se devant de protéger sa famille, ses enfants innocents et sans défense. Elle devait jouer deux rôles alors qu’elle n’était même pas certaine de savoir jouer son rôle de mère.
Que devait-elle faire alors ? S’enfermer dans une tour d’ivoire avec ses enfants. Attendre de les voir grandir et devenir fort ? Se laisser mourir et emporter pour rejoindre son époux là haut ? Non. Elle devait vivre pour ses enfants, elle devait se battre pour son nom, elle devait se battre pour elle.

Alors elle avait répondu à la missive. Pas vraiment d’explications, elle ne savait dire s’il était réellement franc ou s’il se jouait d’elle. Peut-être un peu des deux, qui sait ? La journée était passée. La belle partie coucher ses enfants, embrassant leur front à chacun pour leur souhaiter de beaux rêves, elle fini par prendre la route de cette taverne où ils avaient rendez-vous. Viendrait-il ? Se tiendrait-il aux conditions que la Malemort avait mentionnées dans sa précédente lettre ? Elle le saurait bien vide. La voiture venait de la déposer devant la dite taverne mentionnée dans son dernier courrier. Elle laissa échapper un soupire d’entre ses lèvres rosées. Un mélange de courage et de force. Qu’adviendra t-il durant cette nouvelle rencontre ? Qu’adviendra t-il d’elle surtout ? Une pointe d’angoisse qu’elle transforma en un visage froid, de rigueur avec lui depuis qu’elle avait découvert cette lettre, laissé par terre après son départ. De devait-elle penser ? Il voulait tourner la page et pourtant, il traînait avec lui des lettres sollicitant ses… talents… Réussirait-il à tenir dans ces conditions ?

Elle se fait aider pour descendre de la voiture, lissant sa robe blanche dévoilant un ventre arrondi d’environ 8 mois, sa grossesse n’étant pourtant que de plus ou moins 6 mois. Ses doigts portant toujours ses bagues, son croissant de lune autour du cou. La belle était simplement habillée pour cette nuit, pour cette rencontre. Elle avança alors vers la porte, déposant sa main droite sur la poignée de la porte sans pour autant l’activer. Se tournant, elle observa le coche de sa voiture avant de lui dire.


Ne partez pas trop loin. Je dois pouvoir rentrer à tout moment.

«S’il m’attaque encore ». Mais la fin de sa phrase resta dans son esprit. Tournant enfin la poigné, la belle fini par ouvrir la porte et entrer dans la taverne, trouvant là, en son centre, le loup qui l’attendait. Le son de ses doigts fins qui tapaient contre le bois de la table venait résonner dans toute la taverne. Elle referma la porte derrière elle, se laissant face à un destin dont elle ne connaissait pas l’issue. Pour la première fois de sa vie, elle ne savait pas ce qu’il adviendrait. Elle ne savait pas où elle était et ce qu’elle faisait.
Une chose est certaine, il avait accepté ses conditions. Les prunelles noires le regardent de haut en bas, observant le retrait de son armure pour retrouver une tenue de bourgeois qui ne gâchait pas son charme. Elle réalisa que les années avaient marqués son visage, que ses cheveux étaient bien plus longs que dans ses souvenirs.
Elle avança d’un pas supplémentaire. Ses onyx retrouvant les yeux bleus du berrichon. Sa voix mi fragile, mi forte brisa d’un coup le silence.


Bonsoir Sieur.
_________________
Kye
Remarquable.


Car il fallait bien l'avouer, le courage dont elle faisait preuve était remarquable. Elle aurait très bien pu ne jamais accepter cette rencontre, cette ultime rencontre peut-être, celle qui allait décider de la relation de ces deux êtres qui avaient perdu l'amour surement un peu trop tôt dans leur vie. Ou alors, était-ce de la curiosité ? N'était-elle pas, derrière sa carapace de dédain tout simplement curieuse de connaitre la vie du Noircastel ? Beaucoup s'étaient interrogés sur sa vie, sur ce qu'il avait réellement fait et ne pas fait, ce qu'il était réellement et ce qu'il n'était pas, beaucoup de questions par beaucoup de personnes et pourtant si peu de personnage. Kye, s'efforçait toujours d'être évasif lorsqu'il abordait ce genre de sujet, coupant court la plus part du temps aux conversations en changeant de sujet ou en ce murant dans un silence glacial pendant que l'autre personne déchainait un flot d'insulte devant l'absence de réaction du loup. La plus part du temps, ce flot d'insultes ou du moins de remontrances, venait de son fils, bien entendu il avait un seuil de tolérance mais jusqu'à maintenant le petit grand blond, car s'il était grand en taille il n'en demeurait pas moins son fils, n'avait jamais atteint ce seuil.
Elisa de Malemort, était la seule femme et la seule personne qui, d'une part avait l'honneur de se retrouvait avec Kye dans une pièce sans qu'il ne se sente obliger de porter armes et armure, mais, surtout, elle allait enfin en apprendre plus sur lui, sur sa famille, sur ce qu'il a vécu et sur ce qu'il comptait faire dans l'avenir. Elle était la seule femme et la seule personne depuis sa femme. Mais pourquoi un tel traitement de faveur ? Même le Noircastel se demandait encore à cet instant, alors que son interlocutrice venait de passer le pas de porte, pourquoi il faisait tout ça. Il avait trahit la confiance d'un nombre incalculable de personnes, il les avait trainé dans la boue, piétiné, sous prétexte que cela lui permettait de grandir, après tout n'est-on pas plus grand lorsque l'on se tient sur le cadavre de quelqu'un ? Même si ce cadavre n'est qu'une ambition politique ou le début d'une société qui était promis à un avenir prospère.


Même si Kye avait trainé avec les pires gueux de leur espèce, il n'avait pas oublié la noblesse que sa mère s'était efforcée de lui inculquer. Il n'avait pas oublier ses manières d'un bourgeois gentilhomme qui font rougir les jeunes femmes et qui plaisent tant. Alors, lorsqu'elle commença à descendre les deux marches du petit escalier qui menait au centre de la taverne, le loup se dressa sur ses pâtes pour mieux l'observer mais surtout pour l'aider. Il s'approcha d'elle et lui attrapa le bras droit afin de l'aider à poser ses jambes sur les pierres froides du sol, peut-être était-elle trop fière pour accepter une telle aide de lui, mais il ne pu s'empêcher de croiser de ses yeux bleu le regard de la veuve pour lui montrer qu'il ne lui voulait que du bien et puis une telle attention, dans son état, ne pouvait être que la bienvenue. Il lui tint le bras jusqu'à la table et l'aida à retirer son manteau ainsi qu'à s'assoir. Ce contact, allait surtout permettre à Elisa de toucher son avant-bras, de bien l'empoigné pour s'assurer qu'il n'y avait aucune arme de cachée dans sa manche. Kye est un fin tacticien et un bon manipulateur, il sait comment mettre en confiance ceux qu'il côtoie. Mais, ce soir il n'était en aucun cas question de manipulations, cette soirée n'était pas une partie d'échec qu'il essayait de remporter.
Plutôt que de la rejoindre directement à la table, il préféra se diriger dans un premier temps au comptoir pour y déposer quelques écus, il attrapa deux verres, un pichet d'eau et un citron. Kye remplit les deux verres et pressa un peu du citron dans chaque histoire de donner un meilleur gout à l'eau, il se disait que la nuit allait surement être longue ou courte, tout dépend du point de vue, mais, surtout qu'il allait beaucoup parler et qu'il lui fallait de quoi se rafraichir le gosier avec autre chose que de l'alcool. Quitte à donner une bonne image de lui, une imagine d'un homme nouveau, autant ne pas finir dans les bras de la Sainte Bouilasse au bout de quelques histoires.

Il revient à la table, posa les deux verres dessus, un devant Elisa, l'autre à l'endroit où il allait s'assoir, juste en face d'elle.
Le loup repris place, prenant le temps de s'attacher les cheveux avec un simple ruban noir en apparence. Le nœud était fait juste à la base de la nuque, laissant ruisseler deux mèches obscures de part et d'autre de son visage. Il regarda pendant de longues secondes la baronne de ses saphirs, cette pâle beauté scintillante de joyeux bien triste. Que pouvait-il bien lui dire ? Par où pouvait-il commencer ? C'était la première fois qu'il s'adonnait à ce jeu et il n'était pas vraiment à l'aise, mais Kye sait depuis le temps comment gérer ses émotions, il sait comment il faut paraitre en publique, il sait comment il doit paraitre. Un être froid, distant, craint de tous, c'est surement ce qui défini mieux le Loup noir et malgré le fait qu'il soit malaise devant elle, devant ce silence de plus en plus pesant, il ne montre aucune faille. Son visage reste figé, il cligne des yeux à intervalle régulier, il continue d'avaler sa salive sans faire un bruit. A le voir comme ça, il est plus proche du serpent que du loup. Calme, il profite de ce silence pour apprécier le crépitement du bois qui se consume dans les flammes de la cheminé. Finalement il brise le silence :



- Vous n'avez aucune question ?


Bien-sûr qu'elle avait des questions, elle en avait des milliers surement. Peut-être même trop pour une nuit, mais au moins il s'efforcerait de lever le voile sur un maximum de choses et surtout il montrerait sa sincérité à cette femme. Pourquoi d'ailleurs ? Peut-être l'apprendrait-il au cours de cette soirée.


Il avança son premier pion.

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Elisa.baccard
Impénétrable.

L’on pouvait se demander si la fraîcheur était plus importante à l’extérieur ou à l’intérieur de la taverne. Cette distance qui s’était installée entre les deux êtres laissait la Malemort septique. Elle avait été des tonnes de fois froide comme de la glace avec certaines personnes, ne souhaitant pas se dévoiler, ne souhaitant pas les écouter. N’éprouvant aucun intérêt ou attrait à vouloir les découvrir un peu plus. Alors pourquoi était-ce différent dans ce cas là ? Pourquoi, à lui, elle lui laissait le bénéfice du doute ? Il avait eu sa chance, comme tous les autres et il l’avait raté, comme tous les autres. Pourquoi était-elle là en ce moment ? Debout devant la porte, observant le berrichon se lever puis s’avancer vers elle. Elle eut faillit avoir un mouvement recule, mais gardant son courage et fit face. Elle ne devait surtout pas montrer sa peur, car il prendrait le dessus, elle ne devait surtout pas montrer sa….
Elle frissonna tandis que la main masculine vint attraper son bras, sans vraiment lui laisser le choix d’accepter son aide, pour descendre les quelques marches qui les amèneraient dans la salle principale. Par réflexe la Malemort attrapa l’avant bras de l’homme, de toute évidence, elle apprécia sa courtoisie qui lui permettrait de garder toute crédibilité devant lui. Sa main posée sur son avant bras, elle s’aperçu malgré elle qui l’avait entièrement tenu promesse. L’arme qui avait bien failli la tuer quelques jours plus tôt n’était plus dans son logis. Pourquoi avait-il fait cela ? Pourquoi avait-il accepté les conditions qu’elle avait posées pour cette soirée ? Pourquoi voulait-il a tout prix lui faire comprendre que son passé était révolu ? Pourquoi elle ? Tout simplement pourquoi ?
Nouveau frisson. Elle était sans aucun doute mal à l’aise tandis que les doigts fins du berrichon venaient lui enlever son manteau, dévoilant sa robe blanche pourvu de quelques hermines sur le pourtour de ses manches longues et le bas du jupon. Quelques fines lignes de dentelles discrètes mais pourtant bien présentes pour un œil regardant. La Duchesse fini par s’installer, ses onyx suivant les déplacements de son rendez-vous du soir. Du côté du comptoir jusqu’à son retour à la table. Le remerciant pour le verre avec un simple hochement de tête.

Tous les deux assit, le silence était revenu. Seuls les complaintes du tavernier dans son arrière boutique venait parfois distraire les oreilles des deux valentinois. Jusqu’à ce que le silence soit entièrement brisé par la voix du berrichon qui vient lui poser une question ou plutôt dévoiler une remarque. Comment pouvait-il poser une telle question ? Evidemment qu’elle avait des questions, des tonnes et des tonnes de question à lui poser. Sur son passé, son présent, son avenir, sur ce soir, sur l’autre soir, sur demain soir. Mais devait-elle réellement les poser ? Voulait-elle réellement les poser ? Chose peu évidente.
Sa main gauche vint se poser sur le contour de son verre, tandis que son pouce caressait le bord arrondi, tournant en rond.


Vous m’avez conviée pour me raconter votre histoire et vos sentiments. Pas pour mes questions, aussi nombreuses soient-elles.

Les onyx étaient toujours posés sur lui, contre le bleu des yeux voisin. Elle n’arrivait pas à lire en lui. Comme si son passé lui avait permis d’empêcher de montrer tous sentiments, toutes pensées, toutes réactions. Comme si elle avait face à elle un mur sans sentiments, sans humeur ni trouble. Comment faisait-il ? Pourquoi était-il ainsi ?
Ce moment devait une partie d'échec. Elle n'y avait jamais joué, comment pouvait-elle gagner ?

_________________
Kye
Inébranlable

Voilà qui était très intéressant. Le loup noir n'avait jamais eu à faire à une personne de ce genre. Elisa en avait envie, même un aveugle aurait pu lire son comportement pour voir qu'elle mourrait d'envie de lui poser toutes ses questions. Pourtant, ça réponse n'était pas celle à laquelle il s'attendait. C'était la première fois qu'il ratait quelque chose dans sa lecture, mais quoi ? Que se passait-il dans la tête de cette femme pour qu'elle la garde sur les épaules ? Comment faisait-elle pour résister à cette envie ?
Les questions, c'était Kye qui se les posait maintenant, était-ce simplement la chance du débutant ou l'avait-il sous-estimée ? Une chose était sûr, cette discussion allait être bien plus intéressante qu'initialement prévu. Bien plus intéressante que tous les procès auxquels il avait pu assister durant sa vie que ce soit en temps que juge, accusé ou encore simple observateur.

Kye posa son coude gauche sur l'accoudoir du même côté et la main droite sur l'autre pour ce soulever de quelques millimètres pour mieux se caler dans le fond de son siège. Il resta accouder sur le côté gauche, croisant ses jambes, la droite au dessus de la gauche, laissant ainsi flotter la botte de droite dans les airs, il posa son avant-bras libre sur sa cuisse et caressa l'air de ses doigts. Si pour certains, c'était une façon de se remettre dans une position confortable, c'était pour lui un moyen de prendre du recul, cette réponse l'avait un peu déstabilisé, rien de bien méchant cela dit, on était plus proche de la surprise que du malaise mais tout de même. Le loup eu un léger rictus qui dévoila ses canines qu'il cacha rapidement par le gobelet qu'il porta à ses lèvres de sa main droite pour boire le liquide aromatisé.
Il fit passer le contenant dans sa main gauche, celle dont le coude était toujours collé au boit de la chaise et garda le gobelet prêt de son visage, presque collé à sa tempe gauche regardant son interlocutrice, comme s'il réfléchissait à sa prochaine action. Et ce que cette rencontre était raisonnable ? Avait*il réellement envie de tout lui raconter ? A elle qui plus est ? Ne s'était-il pas piégé en l'invitant ainsi ? Pour la première fois, l'issu de cette partie était incertaine.


- Alors soit, commença-t-il, puisque vous voulez connaitre mon histoire, autant commencer par le début...

Il posa le gobelet pour avoir sa deuxième main de libre et s’éclaircit la gorge.

- Je ne suis pas un un berrichon pur sang, première révélation, je suis né en Bourgogne dans le chateau maternel, celui des Noircastel. Il existe une légende autour de cette famille, qui remonte à l'Egypte ancienne. Cette légende dit que Horus, un des dieux egyptiens, auraient eu une relation avec une humaine et qu'un enfant en serait né, à l'instar des divinités Grec. Cette enfant qu'on pouvait appeler demi-dieu, n'avait aucun pouvoir particulier, il en avait juste les caractéristiques. Contrairement à ceux de son peuple, l'enfant avait la peau fort blanche et les cheveux aussi sombre que la nuit, les yeux aussi bleu que le plus profond des océans. Le temps à démontrer que ces qualités suivaient les enfants de la famille, qu'ils soient des garçons ou des filles. Tous ressemblait à cela.
Vous devez, surement vous demander pourquoi je vous raconte cette histoire mais vous allez comprendre dans un instant.
Elle allait comprendre pourquoi, il utilisait plus souvent le nom de sa femme que le siens, quelque chose de plutôt rare à cette époque.
Sous l'Egypte ancienne, la famille des Noircastel, resta dans l'ombre. Ce n'est que récemment, tout juste trois siècles que l'on commence à attendre parler d'eux. Ils commencent dés lors à obtenir des postes clés dans le royaume de France, maires, comtes et ducs, barons ou baronnes. L'échelle social n'a aucun barreau sur lequel ne se trouve pas un Noircastel. C'est principalement grâce à Nimloth que l'on doit cette ascension fulgurante mais, car il y a toujours un mais, certains postes restaient inaccessible, car ce n'était pas du gout de tous et beaucoup voyaient cette ascension du mauvaise oeil. Et que font les Hommes dans ce genre de situation ? Ils tuent. Tout simplement. C'était quelque chose que Nimloth n'avait pas prévu, idiot qu'il était, il laissa derrière lui une famille de femmes veuves et déchus.
Un seul garçon survécu, un jeune enfant de deux ans, nommé Pierre. Pierre fût élevé comme les précurseurs de la famille, dans l'ombre par les veuves qui avaient placés de grands espoirs en ce garçon qui devait ainsi redonner les lettres de noblesse à cette famille. Hélas, Pierre n'était pas intéressé par la politique et il se détourna des ambitions de la famille pour vivre sa propre vie. Il créa ainsi sa propre génération mais les femmes de l'ancienne n'avaient guère apprécié cette décision, désormais, elles détestent les hommes au plut haut point, ne les utilisant que pour obtenir un héritier qu'elles ne gardaient que s'il était une fille. Et leurs enfants cherchent à assouvir la soif de vengeance de leurs ainées en assassinant les descendant de Pierre.
Il écarta alors les bras. Et vous avez le dernier devant vous, ma famille fût assassiner lorsque je n'étais qu'un jeune adulte, l'incendie du château ne fut qu'une couverture de ce massacre.


Et à cet intant, lorsqu'il dit qu'il était le dernier descendant de Pierre de Noircastel, il regretta son invitation. D'avoir accepter la condition de venir sans armes et si finalement cette femme faisait parti de cette partie de la famille qui voulait la mort des descendants de Pierre ? Et si finalement tout cela n'était qu'un prétexte pour l'assassiner ? Il ne put s'empêcher d'esquisser un sourire en se disant qu'il n'avait rien vu venir et que si c'était ce qui devait se passer alors c'était bien jouer de sa part et qu'elle était bien plus douée qu'elle ne pouvait le laisser paraitre.

Le roi était en position d'échec.

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Elisa.baccard
Inarrêtable.

Dans son discours ou dans ses pensées ? A dire vrai, elle ne savait pas si elle avait un réel intérêt pour les ancêtres de ses ancêtres de ses ancêtres… L’Egypte, elle n’en avait que faire, finalement. Elle ne savait pas elle-même l’origine des ancêtres de sa famille. Connaissant tout juste la branche de sa famille. N’était-ce pas là l’essentiel ? Mais si finalement, le Loup avait décidé de lui parler de tout cela, c’est bien parce qu’il souhaitait arriver à un but précis. Le fait qu’il était le dernier de sa mesnie. Le dernier homme aux longs cheveux sombres et aux grands yeux bleus, recherchés. La Malemort fut tout à coup beaucoup plus intéressée par le discours. Les yeux noirs se mettent à briller légèrement en l’écoutant, inspirée, avide d’en savoir plus. Avait-il peur tout à coup ? Se méfiait-il d’elle, après tout, il ne la connaissait pas, n’était elle pas elle aussi une de ces femmes qui souhaitaient sa perte ? L’extermination de son sang sur cette terre ?
Non. Non en effet elle ne l’était pas, mais lui ne le savait pas. Peut-être espérait-il simplement que non. Mais que faisait-elle là alors ? Elle ne le savait pas vraiment elle-même. Peut-être avait-elle seulement accepté de se jeter directement dans la gueule du loup. Il ne semblait pourtant pas armé mais les dagues se dissimulent facilement. Ses prunelles noires viennent descendre pour observer ses mains, fortes, musclés, ayant sûrement données souffrance et maux à bon nombre de personne, alors pourquoi pas elle ? Pourquoi pas elle ce soir ?
Elle lui faisait confiance.
Mais bon sang pourquoi ? Pourquoi lui ? Pourquoi aujourd’hui, pourquoi maintenant, pourquoi ?

La belle avait l’impression d’être tiraillée de toute part. Sa raison qui lui préconisée de rester loin de cet homme qui avait déjà tenté de lui faire du mal et qui finirait bien par recommencer une nouvelle fois. Et puis son cœur qui était intrigué par cet homme à l’oreille droite légèrement pointue. Qui était-il réellement ? Parfois les questions n’ont pas de réponses. Parfois il ne vaut mieux pas que les questions aient des réponses.
Et malgré tout cela, il ne lui faisait pas réellement peur. Pas autant, en tout cas, que ce breton qui hante encore sa vie. Car elle savait pertinemment que le breton n’avait qu’un souhait : la faire souffrir lentement et longuement. Alors que ce berrichon bourguignon aux ancêtres égyptien arrivera à la tuer d’un seul coup, rapide et efficace. Elle n’aurait pas mal, elle ne sentirait rien, juste un coup et plus rien… Voilà pourquoi elle n’avait pas peur.

Ses onyx se plongent alors dans l’océan sombre qui fait face. Ses lèvres s’entrouvrent, tressaillant un instant avant de reprendre contenance et de laisser échapper quelques mots assurés.


N’avez-vous pas peur ?

A ses mots, la belle passe une main dans son dos. La cachant du regard bleuté face à elle. Son pied droit se lève pour la faire avancer, puis le gauche. Seulement deux pas les séparent désormais. Mais elle se stoppe là. Ses yeux noirs tentent de ne laisser passer aucune émotion, aucun trouble. Elle veut se faire énigmatique, comme il fait si bien.

Et si j’étais une de ces femmes, Kye ? Si vous étiez entrain de vivre vos derniers instants ?

Non elle ne l’était pas, et non elle ne lui ferait pas de mal. Pas pour l’instant en tout cas. Mais il finirait par tomber, tôt ou tard, peu importe de quelle manière, peu importe quel morceau, il tomberait, la belle l’espérait secrètement. Il tomberait pour sa maison…
Mais pour l'heure, l'attaque était parfois la meilleure des défenses. La belle tentait le tout pour le tout, avançant une tour -forte, solide et vitale- plus proche de la gueule du loup.

_________________
Kye
Entreprenante.



Ce regard terne qui s’illumine n’avait pas laissé indifférent le loup. S’il l’avait voulu, il aurait lâché un sourire de satisfaction. Il savait que si avant il avait réussi à piquer sa curiosité, d’où sa présence ici dans cette taverne, maintenant il avait toute son attention.

Il pouvait tout lui dire. La vérité comme des mensonges. Il pouvait, pourtant il ne le ferait pas. Qu’était-elle réellement pour par sa simple présence l’obliger à dire la vérité ?

Et toujours ces mêmes questions ? Pourquoi être venu ici ? Pourquoi avoir accepté la condition de venir sans armes ? Comment savoir si elle n’était pas une de ces femmes justement ? Elle avait raison de poser cette question et s’il vivait ses derniers instants ?

Réfléchir, réfléchir, réfléchir. Et vite. Le temps presse. C’est une question de vie ou de mort. Pour lui en tout cas. Son rythme cardiaque accélère, le cerveau a beaucoup d’être plus irrigué pour fonctionner rapidement.
Il remonte le temps dans sa tête, revient au moment où il était seul dans la taverne, juste avant qu’elle ne rentre :


-Tu regardes autour de toi. Qu’y a-t-il ?

Des poutres, des pierres, des tables, des sièges.

-Rien d’important, rien de pertinent à la réflexion. Les fenêtres comment sont-elles ?

Ouvertes, j’en compte une, deux. Non, trois il y en a une derrière moi.

- Comment te trouves-tu par rapport aux fenêtres ?

Exposés, elles sont toutes idéalement placées. Pour assassin, l’occasion est trop belle pour tuer une cible aussi exposée, vue dégagé, à l’abri des regards une flèches et c’est fait. Pourtant elle est là, ce n’est pas le bon scénario.



Dans la taverne le Sidjéno a fermé les yeux un instant. Une seconde pas plus, ça lui permet de mieux voir dans son esprit.



-Elle rentre dans la taverne. Que vois-tu Kye ?

Rien.

- Réfléchit bon sang ! Ta vie est en jeu ! Qu’est-ce que tu fais quand elle rentre ?

D’accord, je me lève et je m’avance pour lui retirer son manteau.

-Très bien, qu’est-ce que tu vois quand tu lui retires ?

Sa robe, blanche, elle frissonne au contacte de mes mains. Elle est mal à l’aise.

-Tu t’égares, observe plus en profondeur ce qu’elle porte. Souviens-toi qu’elle a la main dans le dos là.

Je n’y vois rien. Elle ne possède rien. Le ventre tire le tissu vers l’avant ce qui rend la robe moulante à ce niveau. Une arme dissimulé à cette endroit serait une grossière erreur pour une assassine de ce calibre. Elle se joue de moi, je n’ai pas à avoir peur.

-Bien joué Kye.


La pression retombe, son rythme cardiaque reprend une allure normal. Son intelligence l'a encore une fois sauver.
Il sait maintenant qu’elle n’est pas ce qu’elle prétendrait être. Il n’est plus question d’avoir peur. Si elle avait placé sa main ailleurs, là il aurait pu douter d’elle mais plus maintenant. Il esquisse un léger sourire et s’avance à son tour. Ils sont genoux contre genoux maintenant.
Tout bon pugiliste le sait. Lors que votre adversaire possède une arme, il y a deux solutions : Créer de la distance entre vous et lui ou alors s’approcher de lui pour le gêner dans ses mouvements. Il la regarde avec un semblant de défi dans les yeux, il sait très bien qu’elle n’est pas ce qu’elle prétend être, pourtant il joue le jeu.
Il se penche en avant et colle quasiment son museau au nez de la Duchesse. Il peut sentir le souffle chaud de sa respiration sur son cou, il renifle son parfum, très agréable bien qu’un peu évaporé après une longue journée. Il n’a qu’à tendre les lèvres pour gouter à celles d’Elisa, rosit par un maquillage parfaitement appliqué.
Il fini par tendre le bras pour rapprocher le gobelet d’Elisa. Il préfère le faire à sa place, car il sait qu’avec son ventre, elle aurait du mal à se retourner pour le faire elle-même.


- Si c’est le cas, alors ayez la décence de me laisser finir mon histoire et mon verre.



Il recule son buste pour coller son dos au dossier du siège et il écarte les jambes pour laisser plus de place à celle d’Elisa et aussi pour se mettre un peu plus à l’aise.


- Quant à savoir si j’ai peur, il esquisse un léger sourire, plus maintenant.


Il attrape son propre verre qu'il vient poser sur ses lèvres afin de boire une gorgée.

- Où en étais-je ? Ah oui, passons à mon enfance à Bourgogne.
Je n'y ai pas vécu longtemps après la mort de mes parents. Il n'y avait personne pour m'aider à vivre, j'étais seul et j'ai du me débrouiller dans ce monde. Je devais tout revoir, je n'étais plus qu'un simple roturier comme tant d'autre. Pourtant, je détestais toujours autant la compagnie des autres gens de cette classe, c'est pour cela que je me suis installé au plein cœur de la forêt. Un endroit calme, à l’abri des regards et propice à un entrainement physique. Je ne sais combien de temps j'ai passé à monté aux arbres, m'y cacher à me déplacer sans jamais toucher le sol. Je suppose que c'est de là que je tire mon équilibre.
Bref, un jour, je suis allé en taverne. Et ce jour là, j'y ai fait la rencontre d'une femme. Ma femme. Elle était avec un groupe de berrichons, sur le retour. Ils sont restés plusieurs jours et pendant plusieurs nuits, nous avons discuté, nous sommes battu comme des enfants, nous avons rigolé, nous sommes chamaillé et lorsqu'elle m'annonça son départ je n'ai pas su résister à l'envie de venir avec elle. Et bon sang, je ne le regrette pas.
Nous nous sommes installer à Saint-Aignan, dans la forêt encore une fois. Nous avons eu trois enfants, dont deux jumeaux June et JigSaw et une fille Koraï.
Et puis la guerre est arrivée...



A ce moment, le visage de Kye s'assombrit. Son regard devient plus terne. Il reprend son verre et boit à nouveau et le repose vide sur la table, regardant Elisa. Il n'a pas fini son histoire, mais, son verre oui.


Après avoir habillement protéger son roi avec le fou en mettant la Reine adverse en situation compliqué, la partie se calme.

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Elisa.baccard
Intimidant.

Elle avait tenté le tour de bluff. Pour voir sa réaction, voir s’il était réellement la personne qu’il disait être, voir si ces femmes lui faisaient réellement peur.
Il ne répondit pas tout de suite, ce qui laissa imaginer à la Malemort qu’il avait un doute. Qu’effectivement, l’espace d’un instant il avait pensé qu’elle pouvait être une de ces femmes. Qu’elle aurait pu être là pour se venger et pour le tuer. Pour pouvoir entendre le dernier souffle qu’y sortirait de son corps pour le restant de sa vie.
La Duchesse l’observe, attentivement, elle n’a que cela à faire, voir sa réaction. Et bon dieu comme c’est bon. Voir que la partie est pratiquement gagnée, le voir d’un coup presque faible au bout de ses doigts. Alors qu’il y a peu, cela était l’inverse. Elle était faible face à la pointe de sa lame sur son cou.
Mais qu’était-il au juste entrain de se passer dans son esprit ? A quoi pensait-il ? Pourquoi ne lui répondait-il pas ?

Et puis, un sourire vint apparaître sur le visage du berrichon. Il se rapproche tout à coup, effaçant le dernier espace qui les séparait. Elle n’avait pas vu le coup venir, Fichu fou et ses diagonales !
Ils sont désormais tous les deux assit.. Elle sent son souffle chaud venir glisser le long de l’arrête de son nez. Elle frisonne, à la fois intriguée par la proximité qu’il vient de mettre alors qu’elle était entrain de le faire douter un instant plus tôt, et mal à l’aise par le rapprochement de leur corps. Elle sait qu’il peut lui faire mal. Bien plus mal qu’elle n’a déjà souffert. Elle sait qu’en un seul coup, il peut la briser et c’est alors elle qui poussera son dernier souffle dans cette taverne. Triste sort, triste vie.
Oui elle est mal à l’aise, mais non elle ne bougera pas. Il veut jouer, elle jouera jusqu’au bout, qu’importe les conséquences, qu’importe la souffrance, elle jouera oui. Elle récupère le verre qu’il venait s’approcher pour elle. Ses yeux noirs sont toujours plongés dans le bleu de ses yeux. C’est un jeu, auquel même leurs prunelles se sont amusées.


Dégustez et profitez du liquide qui coule tout au long de votre gorge. Sentez bien la brûlure de l’alcool réveiller votre intérieur, vous faire sentir ainsi… Bien vivant.

Elle se veut provocante mais elle n’a jamais joué. Elle sait qu’il n’est pas dupe. Qu’il ne l’est plus en tout cas depuis ce petit sourire qui est venu naître sur son visage quelques instants plus tôt. Mais elle continue, le jeu l’amuse, il la distrait. Ses ténèbres se baissent alors, observant ses lèvres venir apprécier le liquide avant de reprendre leur discours. Il parle, parle longuement encore, et la Malemort l’observe attentivement, ses genoux sont toujours collés l’un contre l’autre cognant contre la chaise de son rival actuel, seul son ventre arrondi les sépare tandis qu’il s’est décollé pour rejoindre le fond de son siège. Il est pourtant si vulnérable en cet instant. Physiquement et mentalement. Pourquoi le fait-il ? Pourquoi lui raconte t-il tout ça ? Les questions viennent de nouveau envahir son esprit. Mais elle n’a toujours pas de réponses, elle ne sait toujours pas pourquoi.
Alors elle l’écoute encore et encore. Observant le moindre de ses mouvements, des mouvements de son visage jusqu’à un doigt qui peut bouger. Ce visage qui passe si souvent d’une expression à une autre… Comment réussir à savoir qui il est réellement ? Comment réussir à le comprendre et à l’apprivoiser ? Et pourtant.
Ses yeux bleus s’assombrissent en l’espace d’un instant. La tempête approche, et ses lèvres viennent alors dévoiler pourquoi… « La guerre ». Mais ses doigts viennent le faire taire tandis qu’il boit une autre gorgée et fini son verre.

Ses prunelles noires remontent jusqu’à ses yeux. Et doucement vint apparaître sur ses lèvres un sourire, sincère et tendre. Elle aurait dû le tuer, là, maintenant, tout de suite, si elle avait été cette femme là. Mais elle ne l’est pas. Elle le sait. Il le sait. Alors sa main qui avait glissé quelques instants plus tôt dans son dos vient se déposer sur son ventre, elle pose délicatement ses doigts dessus comme pour bercer et rassurer l’enfant qui grandit paisiblement à l’intérieur.


Pensez-vous réellement pouvoir tourner la page Kye ? Pouvoir oublier cette vie qui fut la votre durant ces années ?

Elle est perdue. Elle ne sait même plus pourquoi elle est là. La Duchesse est en position d’échec. Le prochain tour la fera tomber. Elle a perdue.
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Monsieur_k
Vous pensiez que je vous oubliais ? Ou peut-être l'avez-vous espéré ? Bien-sur que non, je ne vous oublie jamais.

Regardez cette femme. Regardez la bien et dites-moi ce que vous voyez ? Rien ? Allons, trêve de plaisanteries, je vais vous dire ce que je vois. Ce que je vois c'est une femme qui a voulu construire une muraille entre elle et moi. Elle est venue forte, déterminée bien qu'un peu hésitante. "Mais pourquoi ? Pourquoi suis-je venu ?" Devait-elle et doit-elle en train de se demander. Même moi je ne m'attendais pas à ce qu'elle vienne ce soir.

Après tout, j'allais à l'encontre de tous ses principes, j'étais un berrichon, je fus un recéleur, un déserteur, ma fortune est bâti sur la mort de milliers de personnes, je l’ai presque tuée hier soir. Pourtant, elle était là, elle était encore là. Elle n'avait pas fuit, elle était resté droite quand je me suis rapproché d'elle bien que mal à l'aise. Et si elle est toujours là, c'est tout simplement parce que j'ai noyé ses doutes sous un flot de vérité. Voilà comment cela fonctionne, quand le doute s'installe, noyez le sous un flot de vérité. Et maintenant, je pouvais lui répondre ce que je voulais à sa question.



Kye n’avait cessé d’observer La Duchesse, même lorsqu’il parlait, il analysait chacune de ses réactions. Ce n’était pas un exercice à la portée de tous, cela demandait une certaine gymnastique de l’esprit. Il faut rester cohérent dans les propos et en même temps savoir décrypter les gestes de son interlocuteur. Lorsqu’une personne parle, seulement sept pourcent de ce qu’elle veut dire est dit par les mots, lorsque cette personne écoute même si elle cherche à le cacher, son corps réagit de bien des manières. Et cette femme était un véritable chef d’œuvre, une nuit étoilé donc chaque petit point lumineux était un signe que le Noircastel s’amusait à regarder, à contempler, à comprendre, à interpréter. Et puis, soudain, plus rien.
Il ne comprenait plus, n’arrivait plus à interpréter. Que se passait-il ? Il avait beau regarder les étoiles, elles ne lui disaient plus rien. Elles restaient silencieuses devant ses interrogations. Le Loup pris une grande inspiration pour cacher son recul à fin de mieux observer cette étoile qu’il avait en face de lui.
Il l’analysait à nouveau, de haut en bas et de bas en haut. Ses mains, ses doigts, ses phalanges, ses ongles, il passe par les genoux, remonte la robe, s'attarde un instant sur le ventre ainsi que la main posée dessus et continue son escalade jusqu'à la poitrine et le collier, puis il s'attarde à nouveau longuement sur le visage, les yeux, les sourcils, les tempes, les joues, le coin des lèvres et ce sourire. Ce sourire. Et pendant toute son observation, Kye n'avait rien pu lire, rien pu deviner. C'était comme si le livre, qu'elle était, venait de se refermer.

Alors il mit sa main gauche sur son visage. L'index et le majeur au coin de l’œil gauche, le pouce sous le menton, l’annulaire et l’auriculaire cachant sa bouche, cachant le fait qu'il était en train de se mordre la lèvre inférieur. Il n'aimait pas se retrouver impuissant, ce n'était pas cette question qui l'avait dérangé mais plutôt ce sourire. Un simple geste mais criant de sincérité de tendresse. Il savait à cet instant qu'il ne pourrait jamais lui faire du mal aussi bien par les gestes que part les mots. Il savait à cet instant que les choses étaient en train de lui échapper.


Ce sourire...


Il laissa planer un silence. De quelle vie pouvait-elle bien lui parler ? Etait-ce celle qu’il venait de décrire ? Celle où il était un père berrichon aimant d’une femme qui lui avait donné trois magnifiques enfants ? Ou était-ce celle du jeune enfant noble dont la famille a été assassinée ? Ou bien était-ce celle qu’il avait mentionné dans sa lettre ?
Elles avaient toutes leurs points forts et leurs points faibles. Des moments heureux et d’autres moments plus sombres, certaines étaient d’ailleurs plus sombres que d’autres. Mais elles faisaient toutes partie de sa vie, elles étaient les matériaux qui avaient permis de construire le Kye qui se trouvait dans cette taverne aujourd’hui. La question aurait surement dû être, regrettez-vous ce que vous êtes aujourd’hui ?

Il entrouvrit les lèvres pour formuler une réponse. La main sur la pièce qui lui permettrait de gagner cette partie d’échec, le dernier mouvement qui le ferait gagner. Il le savait, c’était d’une simplicité déconcertante et pourtant il restait là. Figeait comme une statue de pierre. Il se posa alors quelques secondes le temps de réfléchir à cette partie et comment la finir. Après quelques instants, il prit une décision et se mit à parler :


- Je ne regrette aucune de mes vies. Chaque expérience est unique est fait ce que nous devenons. Est-ce que je regrette ce que je suis aujourd’hui ? Pas vraiment, je sais que je peux devenir quelqu’un de mieux et c’est pour ça que je suis ici, je ne sais pas de quoi l’avenir est fait mais une chose est sure : Le passé est derrière moi. A moi de construire mon avenir.


Il venait de coucher son propre roi alors qu’un simple mouvement de la tour aurait suffit à gagner cette partie. Mais pour lui, il n’était pas question de gagner cette partie de cette façon, implicitement il lui avait dit qu’il était prêt à tourner la page, qu’il était prêt à écrire sur une page vierge une nouvelle histoire. Cette femme ne l’avait pas laissé indifférent, il en était sur.

Il avait encore et toujours ce sourire en tête, ce croissant de lune brillant dans se visage étoilé.
Elisa.baccard
Confiant.


Elle l’écoute attentivement, chacun de ses mots comme s’ils n’étaient que vérité. Mais est-ce réel ? Elle aimerait y croire mais il n’est qu’un fin manipulateur. Il ne dit que ce qu’elle veut entendre finalement. Construire son avenir ? La belle essaya de réprimer un rire…


Construire votre avenir alors qu’hier soir vous posiez votre lame dans mon cou ? Est-ce cela votre avenir ? Tenter de tuer une Duchesse en Lyonnais Dauphiné à peine arrivé ? Je doute que vous vous fassiez beaucoup d’amis ainsi. Et je vous encourage à déposer vos armes plus souvent ou du moins les laisser loin du corps des autres habitants.

Ses doigts recommencent leurs mouvements sur le ventre arrondi. Des caresses pour calmer les coups qui se font plus fort et plus dur. La Malemort était resté debout à ce stade de la grossesse, leurs douleurs sont plus fortes et la fatigue est bien présente. Peut-être est-il temps de prendre ce moyen pour terminer la partie et repartir.
Il reste un mystère pour elle. Est-elle entrain de se faire avoir ? Est-il réellement sincère ?
La Malemort recule d’un pas, puis de deux. Elle s’éloigne de lui tout doucement. Et pourtant, ses onyx sont toujours rivés dans les océans face à elle. Repoussée par le corps, attirée par l’esprit. Comme si ce mystère ne lui donner envie d’en savoir plus et plus encore. Comme si cet homme pouvait lui permettre de changer… De ne plus être la Veuve qu’elle est devenue, mais devenir une nouvelle femme, qui n’a plus peur et qui peut recommencer à vivre.
Mais comment ? Et pourquoi lui ? Elle n’est pas femme à fréquenter des brigands. Elle n’est pas femme à apprécier des brigands même.


Prouvez-moi que je peux vous faire confiance dans ce cas. Prouvez-moi que vous êtes un nouvel homme. Prouvez-moi…

Grand Dieu… Elle aurait mieux fait de fuir à cet instant plutôt que de parler. Elle aurait mieux fait de partir rejoindre ses enfants et oublier cet homme qui changerait sa vie. Mais elle ne le savait pas encore, elle ne s’en doutait même pas une seule seconde.
Ses doigts fins viennent récupérer le verre qui se trouvait sur le bord de la table, elle le remonte jusqu’à son visage pour déposer ses lèvres au bord et boire une gorgée…Puis une deuxième pendant que ses yeux se ferment afin de savourer le liquide qui glisse dans sa gorge, profitant également de ce moment pour oublier les yeux bleu… Mais les paupières a peines ouvertes de nouveau, le sombre de ses yeux noir retrouve les océans pour se perdre à nouveau, comme attiré par cette absence de démonstration.

Elle n'attendait pas qu'il lui prouve en cet instant. Elle voulait simplement qu'il dise, maintenant, qu'il le ferait.

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Kye
Intelligente.


Kye se leva à son tour tout en regardant la Malemort. Il ne la quittait pas des yeux. Il faisait en sorte de toujours la regarder dans les yeux et même lorsqu'elle les fermait, ne serait-ce que pour cligner des yeux, il continuait à fixer les paupières. Le vieux Loup se dégourdit légèrement les pattes en faisant quelques pas sur le côté, puis en allant vers une autre table. Pendant tout son mouvement il avait pris soin de ne jamais lui tourner le dos et de ne jamais détourner le regard. Chacun de ses pas était d'une lenteur inhumaine. Il avançait à la vitesse d'un métronome.
Il tourna le dos à cette nouvelle table et posa ses deux mains dessus. Il tendit la jambe gauche et fléchi la jambe droite pour pouvoir poser ses fesses sur le rebord du bois. Il pencha légèrement la tête en avant, quelques millimètres sur le côté et il esquissa un léger sourire en coin avant de lui répondre.


- Si j'avais vraiment essayer de vous tuer, Ma Duchesse, nous n'aurions pas cette conversation ce soir.

Sa voix était descendu dans les graves, plus lente, plus calme. Elle lui donnait un certain charme. Il avait eu léger mouvement de sourcil gauche lorsqu'il prononça le "Ma Duchesse". C'était quelque chose qu'il n'avait pas pu contrôler. Décidément cette femme lui posait bien des problèmes. D'abord, il avait des problèmes à bien la cerner et maintenant, il avait des difficultés pour se contrôler parfaitement. Même sa voix était remontée dans légèrement dans les aigües à ce moment-là. Signe d'une envie qui le rongeait déjà ? Peut-être.

De l'index droit il frappait le bois du dessous de la table à chaque seconde qui passait. Jaugeant la deuxième phrase, la requête de La Duchesse. Ses yeux avaient gagnée une lueur mystérieuse. Même sa respiration coïncidait avec le battement de son index. Il se redressa à nouveau et à la même vitesse que pour se rendre à la table, il se rendit à la porte.. Toujours en prenant soin de ni lui tourner le dos, ni détourner son regard il finit par ouvrir la porte.


- Je suis déjà en train de le faire.


Il avait raison. S'il n'avait pas déjà pour intention de changer, il ne serait jamais venu ici. Il ne serait jamais venu dans cette taverne sans aucune arme. Et surtout, il ne lui aurait jamais envoyé ce courrier pour qu'elle le rejoigne ici ce soir.
Il tendit une main vers La Duchesse et reprit :


- Il se fait tard. Vous devriez allez vous reposez. Je vais vous raccompagner jusqu'à votre voiture.

Savait-elle tout de lui après ce soir ? Non. Savait-elle ce qu'il allait faire ensuite ? Non. Il avait su garder une grande part de mystère autour de lui, autour de sa personne. Il n'avait peut-être pas répondu à toutes ses questions. En tout cas, il avait répondu sans mentir à celles qu'elle lui avait posées. Intérieurement, il gageait qu'ils se reverraient encore. Il brulait d'envie de la revoir à nouveau de toute façon et il ferait tout pour.
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Elisa.baccard
Prétentieux.

Les prunelles noires le regardent danser autour d’elle. Serait-il entrain de faire la danse du paon ? Il se déplace à droite à gauche, vers elle, les yeux toujours rivés sur elle. Coq en pattes, il est bien loin du compte. Elle n’aime pas les brigands, elle n’aime pas les berrichons, elle n’aime pas les vieux -ah mince, ça si –. Son corps rebondit l’espace d’un instant alors qu’il prononce « Ma Duchesse ». Elle n’était pas sa Duchesse, elle ne serait jamais sa Duchesse. Elle était mariée, elle était royaliste, elle était loyale. Elle ne serait jamais sa Duchesse… Mais à quoi bon lui dire, il semble bien trop prétentieux pour l’entendre et il niera de toute évidence avoir prononcé ce « ma ». Banal.

Les deux doigts du berrichon contre le bois, tandis que les prunelles descendent le long de son corps mince, long, grand, musclé, puis remontent, elles aussi, avec une extrême lenteur. Mais il se redresse, la contourne et s’avance vers la porte. Va-t-il partir sans même dire au revoir, comme le font les poètes après avoir narré l’une de leurs nombreuses histoires ?

Non.

Une main se tend vers elle, l’invitant à venir elle aussi jusqu’à la porte, l’heure étant aux revoir. Les yeux rivés sur la main, remontant sur l’avant-bras, le coude, le biceps, l’épaule, la clavicule, le cou, l’oreille pointue et enfin ses yeux bleu, comme l’océan… Cette eau dont elle avait toujours eu peur ayant failli se noyer pus jeune en Anjou… Cette eau qui avait emporté son époux quelques semaines… jours… plus tôt. Oui elle avait peur, peur de l’avenir, peur de lui, peur de tout…. Mais non, elle ne le montrerait pas, elle était fière, elle était courageuse… Elle était La Courageuse.

Alors la belle Duchesse, s’avance à son tour vers la porte, contournant la main, tandis que la sienne quitte son ventre arrondi, elle passe derrière lui, prenant soins de lui tourner le dos un air mutin sur les lèvres, l’air de dire « Je n’ai pas peur de vous », mais son corps tremblait.


Nul besoin, mon garde se trouve juste derrière cette porte. Il me raccompagnera, on ne sait jamais sur qui on peut tomber, même à Valence…

Posant sa main sur la poignée de la porte, la Malemort fini par l’ouvrir, s’avançant jusque dans l’encadrement de la porte, faisant un signe de tête à son garde qui se tenait prêt à la raccompagner, la Malemort se tourna une dernière fois vers lui.

Au revoir Sieur Sidjénos. Et merci pour le verre…
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