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[RP] Mariage - Dans la forêt, comme des païens !

Astana
    — Vendredi 28 Mars 1462, dans une forêt perdue en pleine pampa toulousaine.


Presque midi. La nordique est déjà sur les lieux depuis une bonne heure, la mine passablement fermée. Pendant que le roussâtre comparse s'affaire à arranger l'endroit - c'est à dire disposer des chaises et des fûts qui se battent en duel -, elle grince des dents. Depuis deux jours, Sa Blondeur a la mort dans l'âme. La Rouille ne se montrera pas. En disant ça t'as rayé mon palpitant, Rouge, et pour ça je t'en veux. Tellement que ma rancœur est visible, qu'elle transpire de partout. Tellement que j'ai bien failli tout envoyer valser. Comme ça. Viens Blondin, on se marie à deux. Juste nous. Que les autres aillent se faire voir, puisqu'ils n'approuvent pas. Tu trouves que c'est une mauvaise idée ? que je vais le regretter ? Bien. On maintient. Mais je le fais pour ta pomme. Et celle de Poite.

Sûrement que les nerfs ont été un peu trop éprouvés ces derniers temps, aussi. Et que les hormones liées à la grossesse n'arrangent rien.
Parce que déjà, la danoise s'inquiète de ne pas voir débarquer son futur. Il n'est pas encore l'heure. Mais quand même. Où t'es, Johannes ? Pourquoi ta patte n'est pas sur ma tempe pour m'apaiser ? Je peux pas faire ça toute seule, hein.

- « Ho. Putain. »

Le borgne vient d'arriver. Il pose son oeil froid sur cette espèce de clairière bordée de chênes, et semble pincer les lèvres. Ce qui ne présage rien de bon pour la suite. Et la mercenaire n'ayant pas envie de batailler sans la présence du blond, parce qu'il faut le dire : elle déraille clairement, elle attrape Athelstan par la manche et lui balance :

- « Je ne suis pas là. D'accord ? S'il me cherche, tu n'as qu'à lui dire que je suis partie enfiler ma robe. »

Bonne idée que tu as eu de ne pas la mettre tout de suite, on dirait.


- « Je te demande juste de veiller à ce qu'il ne me trouve pas. »
- « J'ai pas envie de me prendre un gnon dans la gueule en l'en empêchant, moi... »
- « Juste le temps que Johannes arrive ! Sinon, ça risque de tourner au carnage. »


Il lève un sourcil interrogateur, n'étant pas au courant des derniers évènements en date.

Et la blonde de se retirer précipitamment derrière un tronc massif, besace en main.
Tu vas réellement enfiler cette robe toute seule, Astana ? Eh bah... ça va être drôle tiens.

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Asphodelle
« Les choix ne sont que des choix, seul importe leur conséquence, et le temps est à la paix.»


Au début, elle avait décidé de ne pas y aller.
Les mariages mixtes, ce n'était pas son habitude, mais elle en avait accepté et officié un. Sans doute le dernier, mais on dit toujours ça quand cette "idée" de "dernier" ne nous concerne pas : étrangement quand son propre bonheur en dépends, on s'accroche alors à dire "même pas une toute petite dernière? après promis, c'est fini !". Et alors...si cette petite dernière concernait le bonheur de quelqu'un au désespoir, soutiendra t'elle la même attitude bravache?

Dieu a fait l'amour universel, c'est qu'il y à une raison. La question elle étudie, comme une cuisine qui mijote jusqu'à perfection de la sauce et du repas.

Cela dit, l'idée la fait sourire, car il y avait déjà une chance sur trois milliards pour que désormais, elle soit épousée, et une chance sur trente billiards...plus un...pour que ce soit par un réformé.
Elle avait versé bien des larmes, quand elle s'était rendue compte de l'évidence. Quelque part au fond d'elle, elle avait gardé un secret espoir de pouvoir fonder une famille, mais la bâtardise entâche le sang qu'elle a de noble, et plus elle y pensait, plus le contexte paraît bien sans appel. C'était un espoir vain, et il fallait l'accepter.
Sombrer dans la tristesse et ressasser ses idées noires ne servaient à rien. Les larmes recouleront, mais sa situation, elle l'avait choisie, et quelque part...elle était comme ces femmes qui savaient qu'elles sombrent dans une situation difficile, mais qui les tueraient si elle venait à se terminer.


Le visage doux, elle ramasse le long du chemin les premières éclosions, et se forme dans ses mains un bouquet où des jonquilles parent leur ambiance d'un éclat jaune vibrant comme le soleil.

Elle était vêtue d'une robe simple, aux bleus nuancés et élégant, lacée de la taille aux seins, suivant ses formes qu'elle avait d'un peu plus voluptueuses depuis qu'elle a raccroché les armes, et les manches évasées. Ses cheveux étaient retenus par un effort de mise, les tresses formant chignon sur sa nuque.
Une eau de Jasmin déposée sur les points stratégiques de son corps - sous l'oreille dans le cou, au creux des poignets, entre les seins - devait appeler le Printemps à s'installer plus vite. Le soleil, et la brise douce, les jambes nues dans les cours d'eau, et la chaleur persistante sur l'épiderme lui manquaient. Un repos de l'esprit et du coeur, la remise à zéro de ses émotions et de ses sentiments, et le vide immense et bon qu'il advient lorsque l'on laisse rancoeurs, amertumes et déceptions sur le bord du chemin, et qu'on poursuit sa route, l'escarcelle plus légère.
Tel était le pouvoir du soleil.


Le bouquet maintenant bien formé, agrémenté de boutonnières de primevères, et d'un ensemble odorant de branchettes de noisetier en fleurs - mmmmm les fruitiers en fleurs...c'était un parfum à la limite de l'indécence olfactive - elle parvient après avoir rempli ses poumons d'air de forêt, à l'orée de la clairière. La lumière était jolie, et elle se demande si c'est pareil cadre qui a accueilli Kronembourg et Cyrinea, où elle a refusé de se rendre.


Elle hésite un instant. La Représentante de l'Eglise des Français était perçue comme une papiste, parce qu'elle ne parvenait pas à reconnaître Averroès, et pauvre biquet, il allait sans doute devoir attendre longtemps pour ce faire, tant leurs opinions divergent. Elle avait reçu une invitation, mais se demandait malgré tout si sa présence ne dérangerait pas.

Derrière la mousse druidique de ce tronc de chêne multicentenaire, elle aperçoit Maleus, et un "tendant vers le roux", composer sa vision d'une allée de mariage en pleine nature. Elle ne voit pas Astana passant sa robe entre bouleaux et fougères, sinon elle se mettrait dans une colère noire.


Deux ans auparavant, le parvis de Notre Dame, et un mariage de Cour en grande pompe. Une avancée et une sortie de carosse, une robe magnifique créée spécialement pour elle par une créatrice à cette époque encore à l'orée de sa gloire. Quelques pas sur les pavés, les badauds aiment les mariées, ils applaudissent, ils sont joyeux, une mariée c'est la vie. Elle a un regard vers la Cathédrale de Paris, et les cloches sonnent la louange du Créateur pour cette attention particulière d'avoir uni deux être différents, qui se complètent tant.
Mais un pigeon lui est apporté en catastrophe : le marié ne viendra pas, fauché sur la route, et la mariée n'a plus qu'à regarder les dégâts, et entendre sonner le glas. Ce fut une guillotine horizontale qui parvenait trois siècles plus tôt et lui faucha les jambes.


Depuis, Asphodelle avait encore grandi, elle avait commencé à prendre une mesure plus haute des coups durs, par une mentalité efficace de maîtresse de maison qui doit se lever le matin, quoiqu'il arrive ! et l'âge aidant, elle se mettait de plus en plus à veiller sur la jeunesse, à ce qu'elle ait ce qu'elle, ne put avoir dans la sienne.

Aussi, elle aurait gueulé sec si elle avait appris que la marriée de ce jour, est seule, là, avec son bidou comme un demi-tonneau d'amour, à se faire mater le cul par des écureuils ! sans déconner ! les écureuils en plus, c'était vicieux ces niquedouilles d'insectes !

Bon...il n'y avait pas grand monde encore. Elle inspire, et.... a un regard soudain vers son léger décolleté....une moue, un haussement de sourcils, un sourire coquin, et euh...remonte ses nichons dans le panier à roudoudoux. Oui baaaah aujourd'hui c'est jour de fête, défection ! et elle avait envie d'un peu s'amuser. Faire rougir Maleus, qui était complètement séché d'émotions et arborait toujours cette expression de blasé de la vie, à la limite du décérébré limbique, ça, ça allait grandement l'amuser !

Décidée à tenter l'affaire avant la fin de la journée - le faire rougir, pas se le faire, on voit venir les idées mal placées malgré que ce soit la saison de copuler et de couver dans les arbres et les fourées - elle entre dans le cercle de lumière un sourire de mois de Mai sur le visage, et une croupe qui balance joliement comme une jeune fille qui a repéré le fils du boulanger, qui elle, veut se le faire. Elle n'était plus une jeune fille, et Maleus n'était pas fils de boulanger : la vertue est sauve.




Boooonjouurr...elle montre ses bouquets aux présents, et envoie un sourire équivalent à un semi-remorque de charme à la face du désossé sentimental...sont-ils beaux?

Par Totote et Thothos! Un peu d'humour, de joie et de belle humeur, ça ferait pas de mal à cette terre ravagée par les barrières sinistres plantées partout.
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Johannes
Planté devant son reflet avec une gueule de futur époux, mi-figue, tiers-raisin, autre tiers. Johannes a passé une chemise pâle et rêche, et lavée. Raclée méticuleusement sur les rives d'un lac sans nom, et puis mise pendant un temps sous le luisant, oui affirmerait-il, cette chemise est propre. Sa chemise est propre, il a taillé trois poils de barbe au couteau et les ongles de ses orteils. Alors il en a donné du temps, pour ce mariage, qu'on vienne pas insinuer l'inverse.

Le reflet de ses grands yeux noirs flotte sur le carreau, on dirait les museaux de deux blaireaux dramatiques. Il eut été de bon ton de couvrir l'envolée de tifs dorés qui lui couronne le citron, parce qu'autant de jaune et de joie flanquée au milieu des sinistres d'huguenots, ça ferait tache. Oui, c'est vrai, on aurait pu mettre un chapeau, ou une petite voilette même, mais en même temps, on s'en fiche un peu. Même carrément, hein ? Ouais, ouais, c'est ça.

On va même sacrer le jaune. Avec un petit sourire, il s'empare de la pièce maîtresse, cette mince couronne tressée de la semaine dernière ; branchage humide, quelques plumes d'un moineau claqué, des feuilles de chênes. Maintes fois qu'on l'a traité d'empereur des cons, des cons et des vieux cons. Alors quitte à arborer une tronche impériale, autant assumer jusque dans les hauteurs. Johannes considère de nouveau son reflet. C'est beau et ridicule. Le blond relève un peu le menton.


« Là. Empereur des glands. »

S'il vous plaît.
Maintenant il faut radiner son fion jusqu'à la clairière.

Ça vous plaît pas la cérémonie dans les bois ? Pourtant c'est neutre, les bois, c'est à tous les dieux. Et il va en falloir, du neutre. Oui sa Blondeur. Neutre devant ton cousin chéri, celui-là même qui m'a arraché deux doigts parce qu'il était pas de bon poil (mais ça tu ne le sauras jamais), neutre devant la communauté des huguenots, et puis la Rouge qui pourrait finir par se pointer avec une hallebarde pour décapiter la noce. Hein. Les chênes feront témoins.

Sur la route, Johannes se retourne de temps à autre, voir si son unique invitée jugerait pas bon de venir l'épauler malgré elle. La gamine avec un hibou mort sur le crâne. Il se rappelle qu'il lui a recommandé de pas prendre de bain. Parce que c'est vrai qu'elle pue salement, quand même. Huguenots, sentez les miasmes du paganisme. Là. On a dit mixte. Nous hantons vos narines.

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[...]
Maleus
Il était coutume de dire que les mariages réformés n’avaient pas de règles spécifiques. Les mariés pouvaient tout autant faire dans le traditionnel en paradant devant des invités et en écoutant l’officiant tout comme ils pouvaient régler cela en silence, seuls, dans une chambre à coucher voir même une cuisine tiens… Le seul et unique témoin qui importait était le Créateur, le reste n’était qu’optionnel voir superflu.

Maleus avait pensé pendant quelques temps que sa cousine ne choisirait pas la méthode classique, l’avenir lui avait montré qu’il s’était à demi trompé. Elle voulait donc qu’il officie et il n’avait pas pu refuser parce qu’elle était son sang et qu’en tant que pasteur c’était son rôle de servir ses coreligionnaires… Soit. Pas de refus bien que dans tous ce qui était lié au spirituel et à la théologie, les mariages étaient ce qui lui semblait le thème le plus chiant et ennuyeux du lot.

Pour couronner le tout, le blond futur aux quelques doigts manquants (oups) s’était foutu en tête qu’une grande partie des huguenots toulousains voulaient sa peau, la rouge et le borgne en première position. Pour le cyclope c’était au contraire de la logique, mais ce blondin avait-il une logique commune au reste de l’humanité ? Un gars bizarre celui la. Pour sûr que s’ils avaient voulu sa peau, les vers seraient déjà en train de festoyer six pieds sous terre. D’ailleurs, le pasteur avait déjà réglé ses affaires avec le futur marié, il ne ressentait plus le besoin de lever la main sur l’autre… Le maillet et les clous avaient remplis leur rôle de façon très correcte. Des regrets ? ‘Connais pas.

La bonne humeur n’était pourtant pas au rendez-vous, loin de là. Quand Johannes avait fait part de son intention de célébrer l’union dans une foutue foret, le d’Assay s’était dit que finalement ça n’allait pas être la fin des emmerdes. Curieusement cela ne l’étonnait pas tant que ça, les clous n’avaient jamais suffit à faire taire les provocateurs, fallait bien qu’il s’y remette, qu’il les nargue… Et la cousine qui avait acquiescé à la demande du blond, non mais franchement. Seule consolation, ça devrait surement être la première et la dernière fois que la danoise serait soumise, il n’y avait qu’à regarder le couple quelques instants pour voir qui portait les valseuses…

Planque-toi donc derrière les arbres païens, si tu vas trop loin, je m’improviserais bucheron.



Il s’avança donc, l’air maussade, dans cette petite clairière. Plusieurs minutes qu’il se demandait ce qu’il foutait là au lieu d’être à l’abri sous le toit du temple ou de n’importe quel autre bâtiment. Non pas qu’il rejetait les cadres bucoliques, la nature avait à n’en pas douter un charme indéniable mais connaissant (ou justement, ne connaissant pas) les mœurs spirituels du futur marié, il s’en méfiait comme une guigne… Un traquenard païen serait si vite arrivé.

M’enfin la sobriété était là. Un peu bordélique même, cohérent avec la cousine cela dit… Rien à redire contrairement au mariage à la clairière de Montauban où le premier mot qui avait germé dans son esprit une fois sur place avait été " Trop ".

Droit comme un i, aussi chaleureux qu’un glaçon, il attendit donc que les invités et les principaux intéressés se pointent. S’ils pouvaient en finir vite, cela pourrait être finalement une pas si mauvaise cérémonie.

Coup d’œil glacial à Athelstan qui se rapprochait, parfait dans son rôle de leurre… Le cyclope posa son index sur ses lèvres pour faire comprendre à l’homme de main d’Astana qu’il n’était pas d’humeur à entendre ses conneries et qu’il y avait assez d’arbres dans le coin pour passer la corde au cou de quelqu’un d’autre.

Puis ce fut au tour d’Asphodelle de s’approcher et il la salua d’un bref hochement de caboche. Bien entendu qu’il l’avait détaillé quelques secondes du regard, le pasteur était un homme après tout mais cela s’arrêta là. Pâle et vêtu de noir comme de coutume, le visage ne trahissant aucune émotion sauf peut être un léger agacement lié aux lieux… Des années à bâtir une façade qui ne s’écroulerait surement qu’à sa mort.

" Le bonjour dimezell Asphodelle, charmante tenue. "

De marbre mais avec une petite lueur d’amusement dans l’œil, il contempla le bouquet sans trop parvenir à déterminer ce qu’il contenait. Des fleurs quoi, cela ne faisait vraiment pas parti des intérêts et lubies du cyclope et il espérait qu’elle ne l’ennuierait pas une fois de plus avec cette histoire de jardin… Un carré de verdure agrémenté de quoi ? Petits fleurs ? Arbustes ? Pouarf.

" Ce bouquet est-il destiné à ma cousine ? Si c’est le cas je suis sûr qu’elle adorera… *coup d’œil entendu avec le rouquin* N’allez pas le répéter mais derrière la carapace d’Astana se cache une amoureuse des fleurs et des parfums… N’est-ce pas adorable ? "

Faire courir une niaise rumeur sur sa blonde cousine, voila qui resterait sobre vengeance pour l’avoir trainé ici.

" Il va nous falloir être patients, les futurs n’ont pas encore pointé leurs nez. "

Et pour le coup, attendre était une chose qui ne le dérangeait pas le moins du monde.

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Adieu Fab'
Minah
[En chemin]

En brave petite Alice sans lapin, Minah suivait les blaireaux. Pas évident. Les grosses bestioles se jetaient dans les fourrés à son approche et grognaient d’un air outré. Il n’y avait pas grand-chose capable de heurter la sensibilité d’un blaireau, mais N’a-qu’une-patte en faisait incontestablement partie.
On l’entendait arriver d’aussi loin qu’on la flairait. Autant dire que vous aviez le temps de préparer la tisane et les p’tits gâteaux entre le moment où votre narine se sentait dépérir et celui où vous en voyiez arriver la cause. Et elle écrasait fougères et brindilles avec tant d’application que vous auriez certainement prévu assez de biscuits pour une petite armée à cheval.

La hiboutée de la cervelle se réjouissait d’avance des festivités, et pourtant elle se savait être la seule. Elle ne se souvenait pas avoir déjà vu Astana de bonne humeur et le Johannes n’était pas de tempérament outrageusement jouasse non plus. Mais c’était en voyant la Rouge se fermer comme une huître qui a gobé un citron lorsque son écuyère préférée avait évoqué l’affaire, que cette dernière avait compris que la cérémonie serait à couteaux tirés.
La crasseuse ne s’en émouvait pas outre mesure. Avec un peu de chance, tout le monde finirait par se taper dessus. Elle aimait tant les réjouissances que la baston, et ce pour les même raisons. Il y avait des gens, du bruit, souvent un bon fond de boisson et de quoi s’amuser. Que l’orge ou un tabouret vous ait tapé sur la tête, vous passiez le lendemain de captivantes heures à essayer de deviner ce que vous aviez fait la veille.

Toute à ses aspirations guerrières, elle mit quelques instants à reconnaître la silhouette qui lambinait devant elle.
Elle sourit. Elle aimait bien le bonhomme. Il ne se plaignait jamais de ses effluves et portait à Philémon toute l’estime qui lui était dû.


Hé ! M’ssire Johannes !

Minah trottina avec une grâce éléphantesque pour arriver à hauteur du blondin.
Sur sa tête, les ailes du couvre-chef tressautaient si bien qu’on l’aurait cru sur le point de s’envoler. Les plumes lustrés, les orbites débarrassées des toiles d’araignée qui les encombraient, Philémon paraissait aussi vivant que pouvait l’être un hibou mort.


Z’allez êt’ en r’tard à c’t’allure-là. À son prop’ mariage, ça s’fait pas. Z’allez prendre un sacré gnon sinon.
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Satyne
Entre les demandes de mandats et les propositions d'embauches aux érudits avait émergé sur le bureau de la bailli une lettre plus personnelle. Il y avait belle lurette que la brunette n'avait pas eu de mots pour elle. Et encore moins une invitation. Pour un mariage ? Assurément le premier. Il fallait bien un début à tout.

Le bain fut pris la veille, les cheveux brossés avec cris et forts grognements, tandis que le corps maigrelet se glissait dans des braies propres et une chemise blanche (mais vraiment blanche hein). De quoi vous faire plisser les yeux en plein soleil. Cape vissée sur les épaules et chapeau enfoncé sur la tête sonnèrent le glas des préparations de la donzelle. Sa propreté nouvelle suffit à faire tourner quelques têtes, et ce fut le coeur en liesse qu'elle s'enfonça dans les bois. Les bois ! Heureux lieux de réunion pour celle qui ne pouvait souffrir les églises. Ou alors seulement pour piquer les reliques que des curés véreux planquaient au fond des baptistères.

Piètre cachette pour un museau curieux.

Curieux, mais timide. Ainsi à l’orée de la clairière, pleine vue sur les chaises et autres fûts, Satyne marquait le pas. Y va ? Y va pas ? Le ventre se nouait à l'idée d'assister à une sorte de sacre solennel, et elle en venait à flipper comme la mariée elle même. L'amour. Les engagements durables. Le partage. La vie à deux. Autant de choses qui échappaient à la brune.

Volontairement ou pas.

Son pied droit recula. Le gauche suivit. Bientôt ses pas la menèrent un peu en arrière. Là où un bout de tissu battait le vent avec grognements et insultes. Yeux ronds, bouche marquant un "ho" sonore, elle avisait la future mariée ronde du bidochon se tortiller pour fermer sa robe.


Y'a comme qui dirait besoin d'aide ?
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Asphodelle
Elle prenait ce que les gens donnent, même si c'est peu.
Maleus, bien-sûr, ne rougira pas, ni ce jour, ni demain, peut-être un autre, mais pas pour elle. Les jeux sont parfois perdus d'avance, mais chaînée, elle commence à se ronger une patte, et joue pour continuer de sourire.

Quelque chose n'allait pas. Elle ne savait pas à qui en parler. Ni même comment en parler. Pas à "lui". Elle craint toujours de paraître faible à ses yeux, et se censure, trop souvent sans doute.
Et ça la rongeait, avec précision, comme un poison lent, un acide allant contre sa nature. C'était une mélancolie cruelle, profonde, sans doute sans retours. Sans doute faudra t'il faire avec jusqu'à extinction des feux.

Alors, Maleus s'intéresse à ces fleurs, ou fait mine de. Il emploie le "dimezell" qu'elle affectionne et qui est joli comme un ciel bleu, elle s'en contentera, et il complimente sa jolie robe. Elle était maladroite dans le choix de ses tenues. Et bien qu'elle paraissait à l'aise, complexait sur son physique. Les réflexions que certain(e)s lui sortaient parfois en taverne, autrefois sur son ancienne silhouette trop menue alors, puis sur ses récents kilos pris et son âge, à présent, n'aidaient assurément pas. Sa mère avait été assez claire sur la qualité de sa trogne après tout, dès l'enfance. C'était comme ces algues pourries refluées par les vagues : on avait beau décider de laisser cela de côté, ça revient, ça colle, et ça met à l'épreuve l'estime de soi, laissant le goût d'une orange amère en bouche.
Tout le reste alors, était un change, et elle espérait chaque jour que Dieu fait, qu'"il" continue de la trouver magnifique. Si seulement "il" pouvait continuer de la trouver belle, les jours qui restaient.

Elle sourit alors ... l'idée de vivre tous ces instants comme les derniers s'imprime dans son esprit, et elle regarde ainsi, l'instantané en technicolor ordonné par le visage pâle taillé à la serpe, et le fond vert mystérieux des arbres en décor.


Dans les mariages, on attends toujours...peu importe leur confession. Il faut le temps aux acteurs d'investir la scène, pour que la pièce soit parfaite.

Ce peu égaye son coeur lourd, et elle lui en est reconnaissante.
Elle dispose une boutonnière de primevères sur le dossier de chaise le plus proche, pour décorer, et regarde son bouquet sans savoir quoi en faire : elle ne pensait pas une seconde qu'Astana était une romantique buccolique.


Je vais pouvoir assister à un office de mariage réformé. Je pense que cela ne m'arrivera plus avant longtemps. C'est une chose qui me plaît. Vous serez parfait, j'en suis sûre..

Et non, elle n'avait pas abandonné pour le jardin. Un banc, un bouquin, elle était persuadée que ça lui ferait du bien. Mais elle l'épargnera, il ne demande rien.
Peu à l'aise, elle cible et verrouille une place au fond : à la fin, elle s'éclipsera dans le sous-bois, en fuite, comme la sauvage qu'elle est. Elle pourra tout aussi bien prendre une flêche dans le coeur : la biche serait faite, et ce serait tout.

Mais pas avant un dernier clin d'oeil au Pasteur. Dieu...qu'elle avait besoin de douceur et de légèreté.

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Astana
    — Derrière le tronc : la galère.


D'un coup, on fait moins la fière, hein ? Grand bout de tissu foncé en main, qu'elle avise la lippe retroussée. Autant par incompréhension que par semi dégoût. Non, Astana n'a jamais été une femme à robes. Elle n'a jamais fait partie de celles qui paieraient des centaines d'écus pour un morceau d'étoffe brodé, inconfortable et restreignant. Non. C'est hors de portée. Elle y pige goutte, et d'habitude le vit bien. Juste, pas aujourd'hui. Pas maintenant qu'elle est à poil dans les bois, et qu'il faut rentrer son corps bossu de l'avant dans un vêtement étriqué.

- « Hm. »

La robe est tournée, retournée, foutue à l'envers, puis à l'endroit. Dans le bon sens finalement.
L’énigme du jour : ou quel est le meilleur moyen de rentrer là-dedans sans se péter la gueule ?


- « Par le haut, ou par le bas ? »

Ta forêt, ton pseudo soutien Blondin, c'est une arnaque. Parce que les chênes ne répondent pas.
Ou peut-être que je sais tout simplement pas leur causer. J'ai jamais eu la fibre naturelle, moi.

La future mariée finit par trancher, puisque son écho ne lui fait même pas l'honneur de lui revenir en pleine poire. Par le bas d'abord, histoire de ne pas se retrouver aveugle et les bras en l'air pour rien, sans moyen de voir qui se pointe. Ça démarre plutôt bien, elle gère (dans) la fougère, la blonde. La partie inférieure passe tranquille, même au niveau des chevilles, c'est dire. Mais forcément, à un moment donné il fallait bien que ça coince. Essayer de faire passer un bide rond de presque six mois dans un espace conçu pour ne recevoir qu'une menue poitrine, c'est un peu foireux comme idée. Tout compte fait.


- « Ffff... »

Soupir excédé.

Tu sens, que c'est que le début des emmerdes, ou pas ? Au final, la robe passera par le haut. Et sans accrocs. Seulement, une fois bien mise, il faut resserrer les lacets au dos. Impossible à faire en solo. Ho, sans déconner, t'y avais pas pensé ? Verte. Sa Blondeur est verte. Elle grince des dents, vire au rouge, fronce les sourcils, blêmit un instant avant de tourner écarlate.


- « Rien à foutre. RIEN À FOUTRE. Ricanement nerveux. Mais alors, ALORS, vraiment, rien à battre. »

Elle chope un lacet au hasard et tire dessus. Et comme il lui reste dans les mains...

- « Sanguienne ! Je vais me marier à poil. Voilà. TOUTE NUE. Et... »

- « Y'a comme qui dirait besoin d'aide ? »

Sursaut et saut de cabri de la danoise qui se croyait seule au monde causant à son tronc.

- « HAAAAAA ! »

Seulement, le centre de gravité n'est plus le même depuis quelques mois. Et ça, Astana a tendance à l'oublier un peu trop souvent. Elle se ramasse, la blonde. Lamentablement, après avoir dérapé sur de la mousse. Mais c'est pas le pire dans l'histoire non. Le pire, c'est le son qu'on entend durant la chute, pile avant qu'elle ne heurte le sol. Un beau « crac » qui veut tout dire.

Oups ?

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Satyne
Et voilà ! Vu sur un terril de face. Des doigts de pied en éventail et un nez qui lorgne le ciel. Merde Satyne : on s'annonce avant de débarquer derrière les gens ! Alors la brunette mal à l'aise danse d'un pied sur l'autre. S'approche ? Ça mord une danoise enroulée dans du tissu le cul posé sur de la mousse ?

Le ventre chatouille. Ça remonte en gorge. Le rire s'extirpe. Elle se bidonne, main accrochée au premier arbre qui passe (comment, ça passe pas un arbre ?).Bah quoi ? La situation est comique après tout. Puis si elle l'est pas, Sat' fera amende honorable. Déjà que le pauvre gamin coincé dans un espace réduit se prend des flopées de bière dans la tronche, elle va pas le plaindre parce que sa matrice vient de se vautrer par terre ! Doucement, la bailli se penche vers celle qui a chu et qui grogne de plus belle. Elle tend ses bras pour saisir "la craie des bois", évitant le râtelier étincelant qui pourrait lui croquer les doigts. Même qu'Astana elle n'a que des canines !

Une brindille contre une plus solide ça donne pas grand chose. Et au bout d'un moment : victoire ! Mariée et invitée sont debout.


Merdouillette saucisse... J'ai vu sur ton derche. Non mais j't'assure ça vaut le coup d'oeil... Il faut dire que le tissu n'a pas suivi le mouvement et qu'un morceau se fait un quadrille à l'air libre. Puis bon les taches vertes ça donne un genre quoi... Et sinon tu la fermes ? Enfin de devant t'es jolie. Faut bien trouver une échappatoire. Mais de derrière ça fait un peu bordélique. Euh... Les joues virent cramoisies. J'suis désolée hein.

Parce que oui, c'est un peu sa faute. Mais juste un peu.

T'as un châle ? Du fil ? Une aiguille ? Un autre robe de mariée...? Petit tic nerveux au coin de la bouche.
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Maleus
" Ne vous attendez pas à quelque chose de fou, les mariages réformés sont simples et courts et diffèrent selon les choix des mariés… Bref nous verrons bien. "

Pour sûr qu’il ferait en sorte, puisqu’il allait officier, que cela de déroule rapidement et avec bla bla mais sans plus. Enfin, il fallait déjà que les deux concernés pointent leurs trognes non parce que sinon, ils n’étaient pas près d’en voir la fin.

Il fit un bref salut à Asphodelle quand elle s’en alla se choisir une place puis reporta son attention sur le rouquin.

" Bon. Qu’est-ce qu’elle fabrique ? Tu sais ce qu’elle va porter ? Et son futur ? Tu sais ? "

Faire confiance à la sobriété de sa cousine était chose acquise mais le cyclope était un peu crispé concernant le marié… Allait-il le provoquer un peu plus en portant quelques vêtures excentriques ? Pis allez quoi, peut être qu’il demanderait un sacrifice pour mère nature ? Pfeuh.

Le pasteur attendait donc, encore et toujours… Raide comme un piquet il patientait avant de passer aux choses sérieuses.

Il marmonna.

" Doue... Glaçon… Tu aurais pu faire l’effort de te trouver un bon petit huguenot… "

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Adieu Fab'
Astana.
Du fil ? Une aiguille ? Non, la craie des bois n'a pas ramené son nécessaire à coudre pour le mariage. N'ayant pas prévu de rapiécer qui que ce soit pour l'occasion. Hein, j'ai autre chose à faire quoi. Bon. Débrouillez-vous si doit y avoir des effusions de sang, moi je suis en grève. Bras croisés contre sa poitrine, de mauvaise foi, Blondeur peste. La grisaille avise Satyne, qui a l'air de bien se fendre la poire, elle. Plissement d'yeux. Faudrait veiller à pas trop te foutre de ma tronche, dis, c'est de TA faute tout ça. Saboteuse, va.

- « Non, j'ai heu... un drap. »

Que je réservais initialement pour... ouais, nan, personne n'a envie de savoir ce genre de choses. Les lubies de la danoise peuvent être bizarres.

- « UN DRAP ! »

Elle a dû t'entendre la première fois, tu sais.

Faciès illuminé et sourire goguenard en prime, la ferrailleuse gonfle le buste.
Ce qui a pour effet de faire péter un peu plus les coutures, puisque le ventre a suivi.


- « Pas pour t'étouffer avec, te bile pas. Quoi, c'est pas drôle ? Ni pour te pendre, d'ailleurs. »

Nouveau craquement. Astana s'est accroupie pour mettre la patte sur le drap dans ses affaires.

- « Trouve-moi simplement un truc qui serve d'attache. »

Quelques minutes passent. Lorsque la maigrelette se pointe à nouveau, elle trouve une Astana littéralement drapée dans sa dignité. L'étoffe blanche ceinturée au-dessus du ventre. Qui n'attend plus que l'épingle improvisée pour finaliser le tout. J'en connais un qui va pas apprécier la blague, hein Troué ?

- « Alors, qui c'est qui se marie en toge maintenant ? »

Blondin, prépare-toi. J'ai piqué ton idée. Je ressemble vraiment à une païenne maintenant. Ou à une pseudo vierge qu'aurait loupé sa vocation.

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Tigist
Elle a lancé son annonce aux quatre vents la Toute-Blanche.

Devinez qui était dans le courant d'air ? Oui, Tigist. Perspicace, tiens ! Tigist donc, qui était dans sa piaule à se remettre de son mal hivernal et qui avait trouvé un feuillet par terre mentionnant l'union de la Danoise et de son voisin de coin-perdu-au-fin-fond-de-la-campagne-toulousaine-que-je-me-suis-mise-à-l'écart-pour-avoir-la-paix-beurdel ! Un sourcil haussé, elle mâchouille une mèche de cheveux avec application en suivant du regard les arabesques, pesant le pour et le contre, et c'est le pour qui l'emporte. Elle s'ennuie, et elle veut sortir un peu de cette chambre, ne serait-ce qu'un peu, il sera toujours temps d'y revenir si une faiblesse la prend.

Et vêtue comme à son habitude, de noir – parce que les gens sont décidément bien généreux de laisser leur bourse à porter de mains – et de fourrure, elle se dirige un peu à l'aveugle vers l'endroit où il lui semble que le mariage pourrait avoir lieu. Petit babouin qui regrette amèrement de n'avoir pas pris de Guide Pour Singes pour le coup, mais qu'à cela ne tienne, elle entend des pas devant elle, et .. Faut pas rêver, hein. Elle va pas aller taper la causette à des gens sur la route, non. Donc, elle s'écarte et coupe à travers bois pour rejoindre le lieu de la petite sauterie et le Borgne à qui elle adresse un salut de la tête et un sourire en coin. Je suis venue à une de tes messes, voilà.

D'un revers de la main, elle essuie la sueur sur son front qui vient coller l'épaisse masse sombre, c'est qu'ils n'ont pas idée de faire ça dehors dans les courants d'air, ça va la rendre encore plus malade alors qu'elle guérissait, elle en est sûre.

Dis-moi Toute-Blanche, t'as plutôt intérêt à envoyer du lourd question mariée, sinon ça vaut pas le coup qu'on vienne tous se choper un rhume des foins dans la forêt pour rien.

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Tigist est éthiopienne. | Moi, je garde toujours mes chaussettes pour faire ça devant mon écran. Ouèch.
--Johannes_
[Sur un petit chemin qui sent, mais pas la noisette.]

« Il faut bien que je sois un peu en retard. »


Parce que ça ne se fait pas d'arriver proprement à l'heure. Non, c'est dépassé. Par contre, faire poireauter des gens en pleine cambrousse, et puis débarquer l'air de rien, sans s'excuser, et voir la tête de l'épousée, ça, c'est déjà plus ragoûtant. On se sent vivre. Et puis c'est idiot de marcher vite dans une forêt à moins d'avoir une meute de chiens au cul. Surtout qu'Astana est foutue d'être pas plus à l'heure que lui, et qu'il n'a aucune envie, lui, de rester planté en milieu hostile. Hein.

Johannes a salué la jeunesse et s'est un peu incliné devant Philémon, qui nous fait l'honneur d'assister à la cérémonie. Minah, ou ce genre de gamines pour lesquelles le blond peut développer une estime inconditionnelle et parfaitement inexpliquée. Et même si ses narines rechignent un peu, et qu'il n'aura pas la grâce de sourire, il est bien aise, voire même jouasse de son escorte. Si fait. Et puis regarde, on a des coiffes assorties. Avoue qu'on touche au panache.


« J'ai aussi plumé mon crâne. Je n'ai pas voulu faire d'ombre à Philémon, et j'avoue que je n'ai pas eu le temps de chasser le hibou, mais j'ai croisé un petit moineau mort, qui s'appelait Huguin, et il a bien voulu me prêter quelques plumes. »


Et de causer petits animaux morts, pensant bien que la gamine en connaît long sur le sujet. Arrivé sur le bord de clairière, le blond tente de déchiffrer ceux qui sont déjà présents. Il a déjà oublié qu'il avait une couronne au-dessus de la tronche, distingue son bon ami le pasteur, des chaises, des fûts, pas d'Astana, une femme en robe bleue qu'il ne connaît pas et une tache de jaune inexpliquée. Petit raclement de gorge. S'arranger un air de circonstance, c'est-à-dire neutre.


« Bon... »

Va peut-être falloir les rejoindre.
Là, Johannes finit par se pointer.
Coucou c'est moi.
J'suis prêt.
Minah
La bestiole ralentit un brin l’allure. Après tout, elle ne risquait pas de rater quoi que ce soit. Impossible que les réjouissances commencent sans le marié. La manchote secoua la tête comme pour se raisonner. Non, non, non ! C’était une union tout plein de réformés, et bizarres qui plus est. Il fallait imaginer le pire avec ces gens-là et se dire que la réalité serait pire encore que le pire.

Mam’zelle hibou crevé abandonna ses craintes pour admirer la parure de l’homme du jour. Inspecta la coiffe, retourna une plume ou deux. Hocha le groin avec l’air entendu du fin connaisseur. Il était rare de voir quelqu’un faire preuve d’autant de goût. Le moineau revenait à la mode, ces derniers temps.


Z’êtes superbe ! Vot’ Astana, là, ben elle va êt’ vach’ment impressionnée !

Hochement de tête approbateur, se disant que le bonhomme avait besoin d’être rassuré. Se faire passer la corde au cou au fond des bois par un vieux borgne et une blonde aussi amène qu’une porte de geôle, ça devait sacrément vous remuer la tripe.
Et d’un ton qui se voulait badin :


Faudra qu’vous m’présentiez ce Huguin, y m’a l’air d’êt’ quelqu’un d’très bien. Chais pas s’y s’entendrait ‘vec Philémon, rapport à sa hiboutitude, ‘voyez, mais Rodolphe aime la compagnie.

Tapotage de besace, où avaient élu domicile les restes de Rodolphe, pigeon très décédé de son état, divers morceaux d’animaux non-identifés ainsi qu’un paquet à l’air douteux.

Ah ! On y est !

Une clairière, des chaises, des gens. Difficile de se tromper.
La Bête agita un moignon enthousiaste, saluant ceux qu’elle espérait ses futurs comparses de beuverie ou de baston.


‘Lut tout l’monde ! J’ai apporté des gâteaux pour l’cadeau des mariés. Histoire d'caler l'gosier ent' deux pintes. J’les mets où ?

Elle exhuma le paquet à l’air douteux de son sac.

Ma mémé qui les a fait. Chanvre-noisette, cro bon.
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Maleus.
On disait souvent du borgne qu’il était doté d’un foutu sale caractère, d’ailleurs à l’époque où il trainait ses miches avec les rouges et autres soudards on l’avait gentiment surnommé " Le grincheux ". Bien entendu, il avait pesté contre ce petit nom qu’il trouvait exagéré mais avec le temps il s’était fait une raison… Oui il avait un foutu caractère de merde, il était de ces gens qui pouvait glacer une ambiance festive d’un simple regard ou d’un simple mot, il était de ceux qui perdaient patience rapidement et passaient en mode punitif quand une personne ou une remarque avait le malheur de lui déplaire.

Ouais, c’était un vieux con grincheux, mais c’était trop tard pour changer… De toute manière il n’en avait pas l’envie.

Il observa les quelques personnes présentes, le peu de personnes présentes. Bien joué le blond, tes amis les arbres sont en large supériorité numérique, mais ne pousse pas le bouchon, un incendie serait si vite arrivé.

Alors qu’il imaginait déjà voir l’autre païen se transformer en torche humaine, sa peau s’effritant comme l’écorce des arbres, ses cris de douleurs en échos aux craquements du bois sous les caresses des flammes, l’intéressé se pointa au loin, accompagné d’une jeune donzelle qu’il avait déjà aperçu et surtout senti...

Le d’Assay de mordit la lèvre inférieure et marmonna quelques jurons.

" Foutre de…… de foutu bordel……. A conchier. "

Oh que oui il la voyait cette foutue couronne, ce joli doigt d’honneur posé sur la caboche du blond… Le cyclope ne put s’empêche de penser que le marié avait peut être encore trop de doigts mais ils régleraient ça une autre fois, autant se contenter d’être mesquin pour le moment.

" Ah ! Voila la mariée ! Pas de petits écureuils pour porter votre traine ? "


Maigre sourire, geste en direction de Johannes.

" Mais approchez, approchez… Ne faites pas le timide ! Il ne manque plus que ma cousine. "

L’envie de lui faire bouffer sa petite couronne étant bien trop présente, il soupira et serra doucement les poings pour garder le contrôle. Avis à la population, ne point trop jouer avec la patience du borgne.

Inspiration…

…Gueulante.

" ASTANA SØRENSEN D’ASSAY EST PRIÉE DE RAMENER SON DERRIÈRE ICI AVANT QUE NOUS PERDIONS PATIENCE ! RAPIDEMENT !

Et pas de folies pitié…"


Il sentait de plus en plus s’éloigner d’eux l’idée d’un sobre mariage huguenot.
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