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[RP] Un bouillon de poulet pour l'âme et un onguent pour...

Soren
... les jambes!

Où mène donc cette anfractuosité sur le mur d'en face? Est-elle un simple trou ou l'entrée d'une galerie qu'un rat peut exploiter pour se balader à son gré à l'intérieur du prieuré sans craindre les coups de balai de la soeur tourière? Parfois j'aimerai être un rat. J'ai déjà l'esprit de ce rongeur. En avoir le corps me permettrait d'entrer en silence dans les chambres des dames alors qu'elles sont endormies, de pouvoir partager leur intimité, d'accéder sans difficulté à cette cave dont Mère Ellya m'a strictement interdit l'entrée. Je pourrais trouver l'entrepôt des tonneaux de bières et me lancer dans une débauche sans nom, une saoulerie monumentale qui permettrait à mon esprit d'arrêter de penser enfin. J'étais venu ici expressément pour cela . Jamais, je n'aurais cru que cela pouvait être difficile à vivre. Où mène donc ce trou dans ce mur? Oui, j'aimerais bien le savoir!

- Elle devait avoir votre âge ma soeur...ou peut-être un peu moins.

Quand Ellya n'est pas là, je l'appelle toujours ma Mère. Elle a raison : c'est étrange d'appeler "Ma mère" une personne qui est plus jeune que soi. Depuis qu'elle est entrée dans cette cellule, j'ai à peine posé le regard sur elle. Ce ciment qui a sauté dans le mur me captive. Enfin...disons plutôt que c'est une porte de sortie que mon esprit utilise pour tenter de moins cogiter.

- Elle s'appelait Loh. J'ai appris plus tard que son vrai nom était Audrey de la Huchaudière. Elle a pris soin de moi tout le temps de ma présence au couvent de soeur-sérénité. La bataille avait été terrible. Une vraie boucherie. Aucune finesse de la part des chefs des deux camps. On ne cherchait pas à prendre la position...mais à exterminer l'ennemi. Pas de quartier. Ouais...pas de quartier. Je ne sais pas comment c'est arrivé... ni si la bataille a duré longtemps après que j'eus perdu connaissance. Lorsque j'ai réouvert les yeux, le feu embrasait tout mon corps. Les jambes étaient contusionnées, les bras lacérés et une douleur inhumaine irradiait dans mon abdomen. Ouais... Étrange clin d'oeil du destin. A croire que ce sont toujours des fillettes...

Elle est soeur. Elle pourrait mal prendre ce terme tu sais danois?

- ... Enfin, je veux dire des jeunes filles... qui prennent soin de moi quand je suis au fond du gouffre.

Arrête donc de ressasser ces souvenirs. Ton passé est en miettes. Il ne doit t'alimenter que pour trouver une solution à ton avenir. Rien de plus. Tu ne peux le faire revivre. Tu ne seras plus jamais ce que tu as été. Tu traineras tes craintes, tes appréhensions, tes expériences passées comme un boulet mais c'est tout. Ton avenir est ailleurs. Tu es venue ici pour lever le flou entre toi et lui, pas pour faire écrire ta biographie par une nonne! Tu sais ce qui pourrait t'aider à faire une croix sur le passé? Hum?

- Dites-moi ma soeur? Y'a t-il pas loin un vieux chêne centenaire? J'ai besoin de faire le ménage dans ma tête et cela passe forcément par me débarrasser de certaines choses matérielles.

...Comme mon épée par exemple! Cette épée que je n'ai plus porté depuis mon réveil aux cordeliers. La savoir là, près de moi, me renvoie sans cesse dans mon passé. Elle m'obsède. Elle m'empêche de rompre le lien avec ma vie passée. Elle inhibe ma volonté d'oublier et de reconstruire. Elle doit disparaître.

C'est la première fois depuis qu'elle est entrée dans la cellule que je pose le regard sur elle. Oui, elle est si jeune. Quelque part, cela me gêne de la voir s'astreindre à cette tâche. Depuis Loh, je n'ai pas l'habitude que l'on s'occupe de moi comme je n'ai pas l'habitude de réfléchir. Tout cela est nouveau pour moi. Nouveau et perturbant. Je dois faire une croix sur le Søren qui fonce sans trop réfléchir, sur celui qui plonge en eaux troubles et qui aiment cela, sur celui qui se débat avec vigueur dans les ennuis et qui doit assumer ses choix. La situation présente m'est imposée et elle me dépasse complètement. Être là dans ce monastère, avec des jambes mortes et une tête en ébullition, ça n'est pas moi! Non! Ça n'est pas moi.


- La médecin qui m'a transmis cet onguent m'a dit qu'il fallait faire preuve de souplesse et de fermeté pour réveiller ces chairs mortes ma soeur! Alors, n'hésitez pas à y aller de toutes vos forces! De toute façon, je ne sens plus rien à ce niveau-là. Vous ne pouvez pas me faire de mal...et vous ne pouvez empirer la situation. Ah! Et j'ai appris aussi que l'onguent doit pénétrer les chairs. Il est inutile d'en laisser une couche en surface.
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Marie_clarence
Son esprit était tiraillé par tant de choses que la jeune fille ne savait plus où donner de la tête. Tant de dilemmes morales, d'actions à penser et de prières mais elle n'avait encore trouvé de solutions à ses soucis.

Au moins ses tâches au monastère permettaient de lui occuper l'esprit quand elle ne priait pas pour la paix et la rédemption des êtres qui lui étaient cher.


Oh certainement si vous le dites, je n'ai que 13 printemps mon frère !

Elle poussait la chaise sur roue, la petite chaise qu'elle s'était occupée à créer avec le reste d'une vieille chaise de la chapelle, des roues chinées ci et là chez les marchands, elle avait retapé, fait un peu la manche auprès d'un forgeron pour qu'il lui fixe le tout puis avait passé ses soirées à coudre un tissus de lin et le rembourrer avec les plumes des poulets dont la viande étaient servie dans la soupe des moines. Au moins Seurn avait les fesses confortablement assises et de quoi se mouvoir seul du moins sur endroit plat.

Installé dans la pièce avec la porte grande ouverte comme Ellya lui avait chaleureusement recommandé, soeur Marie-Clarence s'installa sur un tabouret faisant face à Seurn et l'écoutant parler de sa sœur. Elle devait être quelqu'un de réconfortante, peut-être pour ça qu'il semblait plus facile avec elle, la suite ne fit que confirmer son idée. La religieuse ne jugeait jamais une personne, elle savait combien l'âme humaine était tortueuse et la vie aussi, parfois des blessures mal soignées, faisaient ressortir le pire de l'homme.

Ainsi le frère ou plutôt retraitant, avait fait la guerre, elle baissa les yeux, fixant le sol un peu perdue, se mordant une lèvre, la guerre.... c'était bien le sujet qui meurtrissait son cœur à l'heure actuel, tant d'innocents qui perdaient la vie pour des bêtises. Quand il parla de fillette elle eut un rictus.


A je préfère... enfin jeune oui c'est vrai. Peut-être que le Très Haut là voulu ainsi Seurn. Mais pour un vaillant soldat, outre vos jambes qu'est-ce qui vous a amenés ici ? On ne vient pas d'une vie active sans raison en ces lieux.

Il y avait souvent une petite étincelle aussi diverse soit elle qui amenait souvent les gens dans un lieu Saint, de paix et de tranquillité. Elle remonta la braie de Seurn et prit une petite noisette du baume qu'elle frictionna dans ses deux mains.

Un chêne ? Que voulez-vous donc faire dans un chêne?

* A part peut être déféquer*

Aaaa! Heu si vous voulez on a une cellule au sous-sol fermer à clef, ce n'est pas les moines qui iront prendre quoi que ce soit vu que nous vivons avec le strict nécessaire.

Elle se demandait bien ce qu'il voulait cacher dans un chêne et aussi pourquoi un chêne, centenaire de qui plus est. Drôle de demande, elle fronça un sourcil mais ses mains étaient déjà en action sur la chair morte du frère. Elle fit des mouvements de rotation massant avec vitesse et souplesse.

Oh oui, je suis au courant ne vous ne faites pas, bien que je doute avoir votre force. Vous savez la mère Ellya, elle doute que vous sentez quelques choses sur vos chairs, moi je vous crois bien que votre état peut être le fruit de quelque chose qui à la fois peut être de vôtre faute et non.
Parfois ce qui arrive dans notre vie, ce n'est pas le châtiment divin pur mais plus une épreuve pour sublimer l'âme, voyez le ainsi.


Et frotte, frotte, la religieuse. Ses mains firent rentrer le baume avec ardeur dans la peau du paralysé, ses yeux n'étaient concentrés que sur ses jambes. Remontant bien haut ses frictions sur le haut de la jambe, quelques poiles pubiens dépassant ne la firent même pas rougir. Ça pouvait paraitre assez étonnant pour une pucelle, bien que les choses de la vie étaient loin de la répugner, un corps était un corps. Autant mort que vivant, il était la création du Très-Haut et un art à part entière, c'était du moins à quoi elle s'en remettait sans considérer la perversion qui pouvait s'en tirer, c'était un peu sa naïveté naturelle en l'homme aussi.
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Soren
De rats, il n'y en n'a pas. Ce sont des regards qui passent au travers de cette faille dans le mur. Des regards qui portent loin, bien au delà de cette cellule. Bien au delà au Prieuré même. Ils vous transportent loin au nord sur une terre balayée par les vents du large. Ils vous amènent par les couloirs du temps jusque dans votre passé, qu'il soit récent ou lointain. Cette petite brèche, c'est ma porte de secours, celle qui me permet de souffler, d'éviter de suffoquer, d'éviter de ne pas mourir un peu plus encore. Mes yeux ne l'ont pas quitté. Je sais qu'elle est là. Je sais qu'elle s'affaire à prodiguer mes soins mais mon esprit n'est plus tout à fait dans cette pièce. Je n'ai pas vraiment conscience des gestes qu'elle pose. De toute façon, mes jambes sont mortes.

- Ce qui m'a amené par ici? Un besoin de réfléchir, de faire le point. Trop de changements dans ma vie en une trop courte période. Trop... Trop de changements.

Elle aurait pu être n'importe qui. Une combattante de ma compagnie, une servante, une ribaude, une noble héritière d'une famille vassale. La destinée ou le Très-Haut a voulu que ce soit une soeur, une fille encore si jeune qu'elle n'a pas du avoir sa première floraison. Mais après tout, qu'est-ce que ça change? C'est d'une oreille attentive dont j'ai besoin. Alors je me mets à parler avec un débit de paroles lent. Mes phrases sont souvent entrecoupées par les réflexions intérieures qu'elles provoquent en moi. Les images se forment dans mon esprit, elles ont l'air si vraies. Je les sens. Je les vis ou plutôt, je les revis. Si mon regard reste définitivement fixé sur mon échappatoire murale, mon visage est loin d'être impassible. Il s'exprime aussi clairement que mes lèvres, peut-être même plus. Les émotions se forment à sa surface. Elles sont balayées par la suivante qui s'effacera à son tour quelques instants plus tard. J'en viens même à penser que mes traits rajeunissent au fur et à mesure que je remonte le temps. Dans ma tête, tout est possible.

- Il y a quelques semaines, mes yeux se sont ouverts au couvent des cordeliers, près de Sarlat en terre du Périgord... A mon chevet, une nonne. Elle avait les cheveux bruns. Elle était plus âgée que vous. Quelques années de plus sans doute... Elle m'a dit s'appeler Agnès Erikssen...ou encore Una MacFadyen. Elle s'est présentée comme étant ma soeur...Une soeur que je n'avais jamais vu auparavant, une soeur dont je ne connaissais même pas l'existence. Elle m'a expliqué que j'avais eu un accident, sans trop entrer dans les détails. Il m'a laissé le visage brulé, le dos contusionné, les jambes inertes... Elle m'a dit que j'avais vécu deux ans en Périgord...Et de ces deux ans, je n'ai aucun souvenir. La dernière image que j'ai dans ma tête, c'est une taverne proche de la Touraine. Il y avait une femme qui m'accompagnait. Elle était rousse...écossaise...vivant de la guerre elle-aussi. Elle s'appelait Syuzanna NicDouggal... Il parait même que je l'ai épousé et je n'en n'ai aucun souvenir... De toute façon, elle n'est plus là...

Plus là comme mes souvenirs alors que d'autres personnes sont présentes mais je ne me rappelle pas d'avoir partagé un instant de mon existence avec eux. Mais s'il n'y avait que ça, la petite a raison : jamais je ne serais ici.

- Ça ma soeur, c'est la goutte de bière qui a fait déborder la chope. Il y a bien plus de tourments que ça dans ma tête, des évènements avec lesquels il est difficile de vivre...Dites-moi ma soeur, avez-vous déjà eu l'impression qu'une autre personne partage votre enveloppe charnelle et que celle-ci chercher perpétuellement à en prendre le contrôle?

Un clignement de cils. Un retour soudain à la réalité. Les soins sont visiblement terminés. J'espère qu'ils porteront fruit.

- Vous disiez? Le chêne? J'ai besoin de faire la paix avec moi, d'oublier une partie de mon passé, à présent révolu. Vous voyez cette épée qui git contre le mur là-bas? Elle m'a suivi dans tous mes combats. Elle m'a gardé en vie jusqu'à maintenant... Elle ne sert plus à rien désormais. Certains enterrent leurs morts? Moi j'enterre ma vie.
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Marie_clarence
C'est souvent ce qui nous ramène sur le chemin de la lumière...

Une constatation évidente, c'était souvent dans les temps troubles ou au plus bas que l'homme se remettait en question et finalement prenait appuis sur la paix et les enseignements divins qui restaient guide de tout pour une vie.
Chacun était libre de sa voie mais celle de la vertu, aussi difficile fusse t'elle était celle de l'amour et de la paix.
Le monastère était un lieu de vie serein, certes avec ses aventures, ses rires, ses mésaventures internes mais un lieu pieux et de paix.

Marie-Clarence ne lui dit rien, hochant juste la tête alors que ses yeux se portaient sur les jambes du malade frottant le baume avec force pour bien qu'il pénètre la peau. Elle ignorait vraiment si cette médecine ferait quelque chose, elle en doutait fortement à vrai dire, en plus ...Grand Dieu que çà puait ce machin. Ses narines se retroussant un peu en y pensant. Ensuite, une oreille puis son esprit se concentra dès lors sur le récit de Seurn. Le pauvre, il avait une vie dissolue, un passé en lambeau, c'était une tragédie. Marie avait ce naturel doux et compréhensif, beaucoup disait que c'était un ange même elle n'y croyait guère.


Le contrôle ?

Une petite clochette qui sonne dans son crâne et elle réfléchit à toute vitesse relevant lentement la tête, ses yeux bleus ciel brillant comme glace fixant Seurn. La voie douce elle lui répondit car bien sûr que ça lui parlait...

Moi non ça ne m'est jamais arrivé mais disons que l'enseignement Saint m'a fait connaitre ces cas mon fils. Vous n'êtes pas fou... ça arrive vous savez, surtout dans les moments de doute comme vous les avez traverser, c’est une épreuve que je puis vous aider à traverser.

Vous en avez donc conscience que la personne vous partage ? Vous êtes avec quand il ne veut plus vous laisser rien faire ou c'est comme si vous vous endormiez puis à votre réveil, hop vous avez eu une vie dont vous ne vous souvenez plus ?

Fin, si je vous demande çà...c'est pour vous apporter meilleur conseil.


Elle n’allait quand même pas siffler à Seurn en face qu'elle était exorciste, qu’elle le supposait possédé et prendre sciemment le risque que le démon perfide lui saute au cou, bien qu'il avait choisi le mauvais corps...le temps de s’écrouler sur le sol comme un cachalot avec le corps de Seurn, Marie serait loin.

* Merci Très Haut de çà... mais pas de jugement hâtif, Marie*

Elle devait enquêter, après tout l'âme de Seurn était en jeu et devait se repentir ici, le Très Haut l'avait guidé entre ses mains. Tout en frottant, elle se pencha un peu plus près de la peau de Seurn , faisant comme si frottant de très près pour bien incruster mais s'était surtout son nez qui respirait à plein poumon les effluves de sa peau inerte. Cependant, elle n'arrivait à distinguer si l'odeur de pourriture émanait de ce baume atroce ou du corps du frère.


On fera une cérémonie si vous voulez, on enterrera votre vie, laverons vos péchés après confessions. Une sorte de baptême si vous ne l'avez déjà, vous purifier par l'eau, nous bénirons votre épée pour elle aussi la lavée et je mieux je pense c'est de la remettre au père Bardieu ou mère Ellya, ainsi vous ne la retrouverez plus jamais et ne serez point tenté. Ici, en lieu consacré, nul tentation ne pourra l'utiliser et vous n'y retourner plus vers elle.

Mon frère, vous étiez fort avant ? Vous avez combattu beaucoup mais si vous me parler de penser qu'une personne vous guide, vous deviez être très fort sur le champ de bataille et terrasser pas mal d'ennemis !


Elle avait une voie assez enjouée, un peu comme une petite fée ou un lutin, elle le regardait avec de grands yeux comme fascinée par son histoire et son être mais ce n'était que pour mieux dissimuler un interrogatoire qu'elle lui faisait passer. Après tout, le connaitre mieux c'était l'aider et si elle pointait quoi que ce soit typique de la possession comme la force inexplicable, parler des langues, la paralysie çà pouvait en être, Marie mettait déjà sa stratégie en place.

Seurn avait déjà fait le pas de repousser les démons ne venant ici, les objets bénis puis le dernier recourt serait l'exorcisme....mais l'esprit de la religieuse travaillait déjà qu'elle n'était qu'au début de son enquête pour ne pas dire sa quête.

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Soren
- Si j'en ai conscience? Il est là, tapis au fond de moi en permanence, attaché à mon esprit pour une chaîne qui lui entrave les bras. Il somnole la plupart du temps et pendant ces périodes je n'ai aucune conscience de sa présence. Il est silencieux, sournois. Il se terre car il sait qu'il n'a pas assez de force, de puissance...

Elle doit me prendre un fou à lui raconter tout ce qu'elle doit prendre pour des élucubrations. Elle ne peut pas comprendre l'enfer que je vis si elle n'a jamais été confronté à la situation. Elle ne peut imaginer ce que je ressens, ce qui me fait perdre le contrôle de moi-même et me faire basculer du côté de la folie temporaire, noire, macabre, sanglante. Pourquoi donc est-ce que j'essaie même de répondre à sa question? Je ferais mieux de tout laisser tomber. De toute façon, elle ne peut rien faire pour moi. Elle est trop jeune, trop pure, trop innocente pour comprendre.

...Et quand il a recouvré de la vitalité, je sens qu'il s'éveille. Parfois, cela vient brusquement. Parfois il prend son temps. Il enfle. Je le sens occuper progressivement toute la place. Il grossit, grossit. Il veut m'étouffer, me faire suffoquer. Cela commence souvent par une sensation de mal-être, quelque chose que je ne puis m'expliquer car il n'y a jamais de raisons évidentes à cela. Et puis, chaque geste, chaque mot, me contrarie, m'irrite un peu plus. C'est comme si une goutte me tombait sur la tête. Le première, vous n'y prêtez pas attention. Vous pouvez même trouver ça agréable. Puis en vient une autre. Et encore une autre. Vous commencez à trouver cela ennuyant...Puis fatigant... Énervant... Enrageant...

Te rappelles-tu de la dernière fois? Oui...Je m'en souviens parfaitement. Comme si c'était hier... J'ai repris conscience au petit matin. C'était un jour de printemps qui s'annonçait chaud. Mes vêtements étaient en lambeaux, déchirés et troués de partout. J'étais sale. Je sentais la suie, la sueur et le sang... Les trois S dont il faut toujours que je m'inquiète. Je me trouvais adossé à un vieux chêne tout biscornu dans la clairière d'une forêt. À une centaine de pieds de moi, derrière une butte, s'élevait des volutes de fumée. Une odeur âcre venait me prendre à la gorge, me faisant tousser. A chaque fois que j'avalais ma salive, je sentais mes muqueuses irritées. Je me suis levé. J'ai marché en titubant jusqu'à la source de cette fumée. J'avais soif. J'aurais donné mon cheval pour un peu d'eau tellement j'étais déshydraté.

Derrière la butte, les ruines fumantes d'une maison se sont alors dressées devant mes yeux. Le toit de chaume s'était totalement consumé. On aurait dit que la porte principale avait été défoncée à grands coups de hache. Il ne restait plus grand chose de la bicoque : quelques rondins de bois calcinés, un enchevêtrement de poutres, les restes d'une cheminée de pierres. Ce n'est qu'en m'approchant que je les ai vus : une femme, sans doute la mère, et ses quatre enfants. Ils avaient péri dans l'incendie. Une vision d'horreur qu'aujourd'hui encore je refuse de ramener à la surface de ma conscience, que je cherche à oublier. Mon estomac s'est révulsé. Il cherchait à se vider d'un trop-plein qui n'existait pas. Une bile acide a laissé sa trace irritante le long de mon œsophage. Je n'avais rien à vomir, mais j'en était malade tout de même. Oui, moi, le combattant, celui qui était habitué aux affres de la guerre, j'avais du mal à assimiler la vision d'horreur qui s'offrait à moi. Dans ma tête, j'entendais leurs cris d'horreur surgis d'un passé récent. Ils étaient là, autour de moi. Ils m'imploraient pitié. Ils hurlaient leurs craintes et leurs douleurs. Les enfants pleuraient sans doute sans trop comprendre ce qui se passait. Elle, elle les a protégé jusqu'au bout, jusqu'à son dernier souffle alors même que les flammes ravageaient son corps. Je suis resté au milieu d'eux 2 jours et une nuit. Sans manger, me désaltérant de l'eau du ciel qui a inondé les lieux d'une forte pluie de printemps. J'ai vécu là, entre la vie et la mort, dans ce spectacle de désolation, au milieu des corps calcinés et des restes de la maison.


- ...Et puis un jour, il a suffisamment grossi pour passer à l'action. Il tire sur ses chaînes comme un damné. Je sens chacune de ses tentatives comme si la lame d'une dague chauffée à blanc venait lacérer mon esprit, projetant des éclisses dans tous les sens. Lorsqu'enfin il se libère, je perds toute conscience. Mes souvenirs s'arrêtent là. Ils ne reprennent qu'une fois la bête est de nouveau endormie, après son carnage. Je n'ai conscience de rien. Je ne suis plus moi...et je dois vivre avec les conséquences d'actes que je ne connais pas réellement mais que j'imagine.

En ce moment il dort. Je ne sais quand il va se réveiller. Ces mots qui sortent de ma bouche sont pénibles à entendre mais elles ont au moins le don de ne pas attiser son appétit. Le massage est visiblement terminé. J'ai l'impression qu'une gangue de chaleur gaine mes jambes. Dehors, le bruit d'une multitude de goutelettes s'écrasant sur les dalles de pierres se fait entendre. On dirait qu'il pluie. Une pluie dense. Une forte pluie de printemps. J'ai envie d'aller prendre une promenade soudain, me laisser fouetter par cette colère divine sous forme liquide.

- Vous devez me prendre pour un fou, n'est-ce pas? Oh, rassurez-vous, je ne vous en voudrais pas. Je comprends et j'ai l'habitude. Ah! Et si vous voulez savoir ce qu'il y a dans cet onguent... Vétiver, sauge, thym et quelques plantes encore. Zephyre m'a donné la liste complète si cela vous intéresse. Je vous conseille de bien vous laver les mains. Je lui avais demandé que cet onguent ait des fragrances masculines. Je ne voudrais pas que vous ayez partie pris avec une bande de damoiselles qui cherchent à vous courtiser ma soeur!
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Marie_clarence
Marie s’arrêta de frotter les jambes relevant la tête, ses yeux se plongeant sur le visage de Seurn, son esprit, buvant ses paroles et tentant de percer le mystère qui s'offrait à elle.
Ce qu'il lui décrivait lui semblait clair comme de l'eau de roche. Etonnant quand on savait l'âge de la jeune fille mais à vrai dire ses enseignements, sa force d'esprit et sa maturité lui avait fait gagné des années de sagesse sur bien d'autres de son âge.

Son visage resta impassible, ainsi ce qui semblait peut être un démon se tapissait se nourrissant de rage. Les descriptions de Seurn étaient tellement limpide clair sur son ressentit son âme que çà lui paraissait peut être même trop facile, voir trop "beau" pour être vrai.

* Seigneur, guide ta lumière vers ce humble pécheur.
Ta humble fille te remercie de l'avoir guidé jusqu'à nous*

Elle priait en elle, quand il lui raconta ses moments d'actions. Elle n'osa imaginé la réalité, horrible, sanglante, un désastre.


Et votre âme vit torturée de ses souvenirs ne faisant que renforcer de plus en plus....

Un cercle vicieux dont il était dur de s'extraite. Sœur Marie-Clarence prit entre ses petites mains, celle de Seurn, plongeant son regard doux dans le sien.

Vous n'êtes pas fou mon frère et je vous crois. Avez-vous la foi mon frère ? Cette foi qui vous a fait venir ici, cette fois qui vous pousse à chasser le mal, à rejeter votre épée de guerre, dire adieu à cette vie de désastre ?

Et c'était déterminant, si la bête était en lui, un démon de la colère, le fait que l'hôte soit répulsif pouvait être déterminant dans la cérémonie. Marie-Clarence était convaincue que le seigneur avait guidé Soren en ces murs, Quoi d'autres ? Mettre un démon dans un lieu saint ? Non, il y avait des croyants ici et une exorciste, s'était sa tâche que de guider Seurn.

* Tisirhée soma exomen, un démon de la colère latent à remballer dans l'ether*

C’est çà son nom, son vrai nom, celui qui se tapis dans le corps de cet homme entre les recoins de son âme.


Je suis là pour vous Seurn et je ne vous abandonnerais pas. Je sais comment vous guérir et peut-être récupérer vos jambes. S'il y a un moyen de vous délivrer de ce mal l'accepterez-vous quelques soit le prix ? Ce n'est pas un remède facile mais il mène si vous êtes fort à la vie et la paix, tout ceci pourrait être derrière vous.

Mais avant quand cela a t'il commencé ? Je veux dire quel état votre état d’âme peut avant que ces tourments ne commencent ? Faible, désespérée, en colère, subitement sans rien ?


Quelques questions nécessaires pour bien cerner la situation, Marie était très sérieuse dans ses paroles, sincères avec Seurn. Elle ne le prenait ni pour un fou, ni se payait sa tête et essayait de lui faire passer dans ses intonations.

Elle passa une main machinalement sur sa médaille Aristotélicienne en or qu'elle avait à son cou et déposa un baisé dessus. Elle allait devoir passer la soirée à faire un rapport puis partir tard dans la nuit à la confrérie. Elle devrait bien trouver un âne ou un poney dans le Prieuré pour gagner du temps.


Vous avez déjà fait vous-même les premiers pas, vous jeûnerez le repas de ce soir et vous confesserez à Mère Ellya ou Père Bardieu à votre choix, ce seras votre devoir du jours, un peu votre dût pour votre massage de jambe.

Un sourire en coin, elle s'essuya ses mains sur sa bure puis remit en place les braies de Seurn

Votre machin oui c'est atroces et non ! Elle rit Encore moins les dames Grand Dieu!

Elle mit une main devant sa bouche rougissant après avoir juré puis rit de bon coeur

Je dois me concerter avec mes supérieurs, le temps de préparer votre remède dirons-nous. Je ne puis vous en parler car les murs ont des oreilles et je dois m’entretenir pour avoir une expertise pour ne point dire d’erreurs.

Marie déposa un autre baisé sur sa médaille aristotélicienne puis la passa au cou de Seurn, c'était sa médaille reçue après son ordination, Marie l'avait fait bénir et tremper dans l'eau bénite. Les objets bénis s'étaient connus par la Sainte Eglise, tenait à l'écart les démons. Du moins celui-ci latent se tiendrait tranquille dans le corps de Seurn, çà le protégerait lui et surtout le Prieuré !

Ma médaille vous protégera de ces moments sombres jusqu'à ce que je sois prête. La suite, dépendra de vous.
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Soren
Me croire, oui, c'est une chose. Me comprendre? Elle est jeune pour ça. Les livres, l'éducation, les cours, tout cela n'est rien à côté de l'expérience de la vie. C'est ainsi que l'on apprend. Le meilleur médecin, c'est celui qui a beaucoup souffert des affres de la maladie. Ceux qui se prétendent combattant et qui n'ont pas connu le tumulte de la bataille ne sont que des fous prétentieux. Le noble qui ne comprend pas l'importance de la parole n'est qu'un godelureau. Le bucheron qui ne reconnait pas un pin d'un chêne n'est qu'un coupeur de bois. Seule l'expérience de la vie nous permet de nous aguerrir dans notre art. Certains en tirent la quintessence même qui leur permet de s'épanouir, d'autres vivotent éternellement dans leur fange. 

Sa bonne volonté me touche. Depuis mon arrivée à Ste-Illinda, elle a pris soin de moi quand il le fallait. C'est elle qui a fabriqué cette chaise pour me mouvoir. C'est elle qui a massé ces jambes mortes selon les directives de la ventée cosmique. Il va vraiment falloir que je la remercie...et que je lui explique qu'on ne regarde pas un homme directement dans les yeux comme elle le fait actuellement. Le regard, c'est une porte ouverte vers l'âme. Une porte qu'on ne peut pas barrer. Le regard nous trahit, comme la parole, comme certains gestes. Mieux vaut que je le détourne dans ce cas. Ce qu'il y a à l'intérieur n'est pas à montrer à une jeune fille. Trop de violence, trop d'indécence, trop de haine. La force des mots est fonction des qualités de l'orateur mais également de la puissance de l'imaginaire de l'auditoire. On ne comprend des mots que ce que notre esprit est capable d'imaginer. Elle a mesuré de mon histoire que ce que son esprit a bien voulu concevoir. La réalité est bien pire. Elle suintait au travers de mon discours. Son esprit a agi comme un filtre et c'est tant mieux. L'Homme est bien fait mais sa faiblesse se trouve dans son regard.


- La foi? Cela dépend ce que vous entendez par là ma Soeur. Je crois au Très-Haut, créateur de l'univers. Je me confie à lui, directement. Parfois je lui parle comme s'il était un de mes amis d'enfance, un de ceux avec lequel j'allais faire de longues chevauchées, caboter le long des côtes d'Helsingør ou encore se bagarrer dans les tavernes. Je suis fâché avec l'Église qui prétend le représenter. Rome est imbue de son autorité. Elle s'ingère dans le pouvoir séculier au lieu de rester dans le spirituel. La population manque de guide spirituel. L'église a failli à sa tâche, alors elle se lance dans une arène bien plus aisée à maitrîser : celle du jeu des trônes. Depuis mon... réveil, j'essaie de me réconcilier avec l'église. Cela passe par le baptême, par cette retraite ici et surtout, cela passe par la base de l'église. Même si la tête de l'arbre est pourrie, je me dis que dans ses racines, il existe encore peut-être des personnes qui peuvent m'aider...

...De personnes dénuées d'ambition dévorante. Des personnes dont l'objectif n'est pas d'imposer leurs vues, de comploter avec la noblesse pour obtenir un morceau du fromage. Des personnes qui savent où est leur plus-value autant que moi je la cherche désormais. Si les cardinaux de Rome venaient de temps à autre passer quelques jours dans un prieuré, peut-être aborderaient-ils leurs rôles différemment.

- Difficile de dire ce qui se passe avant une crise ma Soeur. Je ressens souvent une tension qui s'amplifie graduellement, un peu comme ces vagues qui viennent recouvrir une plage pour finir par s'attaquer violemment à la falaise. Et parfois, la crise est plus violente, plus soudaine. Totalement imprévue! Je pourrais là, m'en prendre à vous, parce que vous avez prononcé quelque chose qui me fâche... et perdre totalement le contrôle de moi-même. Quand tout serait revenu à la normale, je n'aurais plus de trace dans ma mémoire de ce qui s'est passé. Seuls les stigmates qui couvriraient mon corps et les failles dans mes souvenirs me permettraient de comprendre...ou tenter de comprendre.

Retrouver mes jambes ET chasser la malédiction des Eriksen? Eh bien! Elle n'y va pas de main morte la soeur! Ce n'est pas la peur des défis qui la freine. Marie-Clarence, si vous arrivez à atteindre votre objectif, alors vous pourrez sans doute postuler au poste de remplaçant de Dieu après sa mort! Rassurez-vous, je ne vais pas chercher à vous décourager. Au point où j'en suis, je ne vais certes pas dissuader celles qui aspirent à devenir des faiseuses de miracle. Par contre, je ne voyais par du tout le Père Bardieu en valideur de remèdes. Je l'imagine plus dans les alambics et les tonneaux, entre les meules de fromage, à réciter un credo en ronflant qu'à discourir avec vous sur les potions qu'elle doit me faire ingurgiter pour maitrîser la bête qui sommeille en moi.

La médaille qu'elle dépose autour de mon cou me rappelle ce geste que j'ai déjà fait à deux reprises dans le passé : donner une pièce de monnaie danoise et demander à celle à qui je la donne de réciter une phrase incompréhensible pour tout non scandinave. Si elle était vraiment magique cette pièce? Bien sur que non! Elle donne de la confiance. Simplement de la confiance. Et ça, ça n'est pas rien! Croyez-vous ma soeur que je manque de confiance en moi? Non, je ne crois pas. La médaille aristotélicienne est passée sous ma chemise, au contact même de la poitrine alors que je déambule dans le prieuré, direction le bureau d'Ellya. Marie-Clarence a dit : Confession! Alors ce sera confession! Je ne cherche même plus à comprendre ni pourquoi ni comment. Et puis, l'idée de tambouriner au bureau d'Ellya alors que vêpres est déjà passé me fait sourire. Il y a un petit côté grinçant dans cette idée-là. Mettre quelques grains de sable dans les engrenages du prieuré n'est pas vraiment pour me déplaire.


- Ma Mère?!?!?! Vous êtes là? C'est votre Mère-soeur qui m'envoie. Il parait que j'ai besoin d'une confession de toute urgence.
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Ellya
%!!#§!

Que fait une religieuse après la dernière prière de la soirée, après le souper, et avant les trois prières nocturnes? Elle relit un passage du Livre des Vertus? S'agenouille et prie en douce avant de sombrer dans de beaux rêves angéliques? S'extasie devant le croquis du nobliau du moment?

... Peut-être. Mais alors Ellya n'avait pas été mise au courant le jour où elle avait prononcé ses vœux.
En chainse, les pieds dans une cuvette d'eau fraiche, elle raccommodait sa perruque de mauvaise qualité qui la démangeait plus que de mesure ces derniers temps, tout en complotant intérieurement pour récupérer tel ou tel papier d'importance.
Personne ne venait jamais la déranger à cette heure-là. C'était d'ailleurs l'intérêt premier d'un Prieuré: la paix. Avant le coucher était donc le moment idéal pour tomber les masques et, en l’occurrence, le cache-misère qui lui servait de cheveux. Car elle n'en avait plus. Ou plus trop. Ça repousse lentement, ces filaments dorés, une fois rasés.

Et voilà que l'autre Danois qui minait le peu de bonne humeur qu'il lui restait durant la journée venait l'importuner le soir. Pour une confession!
Franchement, elle adorait les confessions. Mais pas maintenant, quoi. Surtout pas pour cette plaie-là.

J'arrive!

Que répondre d'autre? N'est-elle pas censée représenter la vertu incarnée?

Elle sortit donc les pieds de sa bassine, tout en vissant maladroitement la perruque sur sa tête. Au passage, elle mit de l'eau un peu partout, attrapa sa bure, l'enfila à l'envers, et voulut mettre l'hideux chapeau réservé aux religieuses, quand on n'est pas à la mode comme Clarence.


Bon sang, où est-il?
J'arrive, j'arrive! Une minute!


Elle retourna toute la pièce, en vain, et finit par attraper un torchon, qu'elle accrocha à la mode des paysannes. Un mal à la place d'un pire.

La nonnette finit donc par ouvrir la porte, en sueur et en rage. Et non, le ridicule ne tue pas.


A cette heure-ci? Elle vous envoie à cette heure-ci? J'espère que vous êtes aux portes de l'un des deux Astres pour réclamer une telle chose!
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Soren
"Tic-Tac, Tic-Tac" font les grains de sable en s'écoulant dans le sablier? Quoi? Ça ne fait pas tic-tac un sablier? Au Danemark si! Il parait qu'il y en a même qui font "cric-crac, cric-crac" singeant ainsi le bruit des os que l'on broie sur un champ de bataille. Cependant, il faut bien reconnaître que c'est de très mauvais goût et ça donne une mauvaise influence aux enfants.

- Ouais! Ne vous inquiétez pas, je ne viens pas pour un besoin pressant.

Enfin...Marie-Clarence avait quand même dit "vous jeûnerez le repas de ce soir et vous confesserez à Mère Ellya".

[size]- Je ne rien bu ni rien mangé de la soirée, alors forcément je suis aussi un petit plus maussade que d'habitude. Mais ça je parie que vous vous en foutez! Remarquez, j'en ferais de même à votre place![/size]

Me confesser, c'est bien beau...mais de quoi? Ça n'est pas vraiment ici qu'il y a matière à pécher. D'ailleurs, je n'ai même pas encore rendu visite à la fameuse cave qui m'est interdite. Il y aurait bien la bière mais Bardieu semble y prendre autant soin qu'à sa tonsure ou la prunelle de ses yeux. Hum...Je n'ai pas encore de crise ici. Pas de péché de chair non plus. Pas trop de tentations de toutes sortes. Bon! Il y a bien eu quelques pensées impies mais si jamais je dois confesser mes pensées, on n'en finira jamais! Bon sang! Mais qu'est-ce qu'elle fait? Elle cache son amant dans le placard? Elle l'aide à s'habiller et à le faire fuir par la fenêtre?

- Votre sieur peut rester vous savez? Moi, ça ne me dérange pas du tout! Parce que même si ce n'est pas pour un besoin pressant, si vous avez besoin d'égrener quelques prières avant de m'ouvrir la porte, je vais revenir plus tard.

Ou alors elle me perçoit comme une sorte de démon. Ouais! Si c'est ça, je me demande bien à quel vice elle doit m'associer. Hum... Réfléchissons un instant. Pour elle, je dois sans doute un rejeton du Prince-Démon de l'orgueil, de la colère ou celui de l'envie. La luxure? Non, elle ne me connait pas assez bien pour m'imaginer ainsi. Elle doit penser que je vais me lever de cette chaise, que des griffes vont me pousser à la place des ongles, que mes dents vont s'allonger, que des cornes viendront orner le frontispice de ma tête et que ma peau va devenir chitineuse et sombre. Tiens, je me demande si elle me voit encore avec une coiffe blonde ancrée sur la tête tiens!

- Rassurez-vous, je ne me suis pas encore transformé en démon blond! Vous n’avez rien à craindre pour votre integ…

Ça pour une surprise, c’est toute une surprise! J’en ai le sifflet coupé!

- Mais… vous êtes particulièrement en beauté ce soir ma Mère! Vous devriez vous vêtir ainsi tous les jours vous savez! Peut-être arriveriez-vous ainsi à accroître le nombre d’âme du Prieuré.

Ça danois, inutile d’insister sur les solutions qu’elle pourrait ainsi appliquer pour monter la population des lieux. Sur son front, une goutte d’eau est entrain de sourdre. Après l’avoir balayé du regard du haut du torchon jusqu’aux orteils qui dépassent du bout de la robe, j’esquisse un mouvement latéral de la tête pour admirer le spectacle derrière le phénomène.

- Euh…Je vous dérange peut-être? Vous…venez de perdre les eaux? Noooon! Ne me dites pas que vous souffrez de… fuites urinaires?

J’ai connu des donzelles qui vous faisaient attendre des heures et des heures derrière une porte histoire de serrer au plus fort un corset, se repoudrer le nez, ou encore placer le moindre cheveu à la bonne place dans une coiffure pour le moins complexe. J’en ai connu d’autres, intéressantes pour un laps de temps plus limité, qui vous faisaient poireauter histoire d’étaler savamment leur lingerie partout ailleurs que sur leur corps, mais de femme qui me faisaient attendre pour…ça? Remarquez, il faut bien un début à tout!

- Enfin… ce n’est pas grave. Je veux dire…pour moi! Je vais m’en accommoder! Comme je vous le disais, Soeur…Enfin…Mère Marie-Clarence m’a demandé de me priver du repas de ce soir pour aller me confesser. J’ai bien essayé de trouver le Père Bardieu quelque part mais ce fut en vain! Du coup, je me suis dit : et si j’allais embêter la Mère Ellya? Euh…Vous voulez vous changer ou vous sortez ainsi? Ce soir, je vous emmène au confessionnal ma Mère!

Avec tout ça, je ne sais même pas ce que je vais bien pouvoir lui raconter au confessionnal! Bah, si ça se trouve, je peux toujours essayer de la faire danser. Ou alors on va se saouler dans la cave interdite.
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Ellya
Un problème avec ma tenue, Snorf?

La Prieure lui lança au passage un regard noir, celui qui intime de ne pas répondre, piquée d'orgueil par ses réflexions. Évidemment, qu'elle n'était pas en beauté. Elle ne l'était plus depuis longtemps, et c'était tant mieux. Mais elle aurait préféré qu'il se garde de tout commentaire. Au moins, l'idiot n'avait pas remarqué que sa perruque penchait sur la droite grâce au torchon crasseux et mouillé.

Allons-y.

Le menton haut, elle attrapa un châle qui traînait non loin et ferma la porte derrière elle. Il était grand temps qu'elle montre à cette écharde de Danois que c'était elle qui menait le jeu. Pour cela, elle ne pouvait refuser une confession quand bien même elle s'en serait passée ce soir-là.
Elle le dépassa, le pas vif, n'escomptant pas l'aider le moins du monde à faire rouler sa chaise en bois, et descendit les escaliers le plus rapidement possible. Une fois en bas, elle lui lança, acide:


Et je n'ai aucun souci de fuite! Je vous attends. Vous êtes trop lent.

La Duranxie en profita alors pour réfléchir au lieu où pourrait se passer la confession. Car, l'idiot du Prieuré ne le savait peut-être pas, mais le confessionnal n'avait pas été reconstruit. Il faisait partie, avec les écuries, des éléments jugés mineurs lors de la reconstruction. Ellya comptait d'ailleurs sur les enchères pour le remettre à neuf. Alors, en attendant.... Il fallait trouver un lieu sacré, discret et pas trop humide pour qu'elle ne tombe pas malade.

Que préférez-vous pour raconter vos malheurs? La Chapelle? Le germoir? Ou bien le cimetière! J'hésite encore entre trois différents lieux avant de faire creuser les premières tombes. Il va falloir faire vite, j'ai déjà les cadavres. Nous pourrions faire d'une pierre deux coups.

Avouons qu'elle souhaitait surtout trouver son compte dans cette infortunée soirée.
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Soren
Il n'y a plus de doute dans mon esprit. Je l'ai dérangé en plein action. Il n'y a que ça qui puisse expliquer son caractère de cochon de ce soir... même s'il faut bien avouer qu'elle n'a jamais fait montre de beaucoup d'empathie à mon égard. Elle doit être jalouse de ma blondeur. A moins que ça ne soit comme au couvent des cordeliers et qu'elle me considère comme un élément perturbateur dans la pieuse enceinte. Pourtant, jusqu'à présent je suis d'un calme olympien.

- Je ne vous ai pas dérangé au moins?

...dis-je en jettant un coup d'oeil derrière moi pour voir si quelqu'un tenant ses braies par la main n'allait pas sortir précipitamment du bureau de la mère supérieur.

- Non parce que... je ne suis pas non plus à quelques instants près.

Quelques instants...Ouais, ça aurait du lui suffire pour terminer. Prestement certes, mais terminer. J'ose au moins espérer que Marie-Clarence n'était pas au fait des rencontres nocturnes de la mère supérieure. Elle aurait au moins pu me prévenir dans le cas contraire. C'eut été la moindre des politesses. Et puis, je ne suis pas colporteur de ragots moi!

- Et Sieur votre époux, se porte t-il bien au moins?

Tais-toi Seurn et tourne donc ces roues parce que la Mère elle, elle semble pressée. Se peut-il qu'elle ait dans l'idée de terminer ses..."ablutions"... une fois la confession passée? Dans ce cas, le pardon ne devrait pas être trop compliqué à obtenir. Et puis...

- Vous savez ma Mère, je ne sais vraiment pas ce que j'aurais à vous confesser. Mère Marie-Clarence a insisté mais... enfin...Un prieuré n'est guère un lieu propice pour pécher à outrance! En passant...ce n'est pas Snorre mais Seurn. Snorre, c'était...Ouais, enfin...laissez tomber...trop long à expliquer. Comme je vous disais ma soeur, Un prieuré n'est guère source de péché. Je n'ai aucun décolleté à mirer, c'est à peine si j'ai bu une dizaine de bières depuis mon arrivée ici. Je n'ai eu aucune crise de violence, je n'ai pas mis du crottin de cheval tout frais dans la couche d'Alfonse, n'ai pas houspillé Mère Marie-Clarence, détrui un objet saint, lu un livre apocryphe. D'ailleurs, je ne sais même pas où est votre Index. Et non je n'ai pas encore mis les pieds dans cette cave dont je n'ai pas le droit d'accès. Vous voyez, je ne vois pas trop ce que je vais pouvoir vous raconter...Si vous aviez quelques idées en tête, je serais assez preneur. Au fait? Il y a quoi dans cette cave à laquelle je n'ai pas accès? Hum...je suis curieux de voir ça!

Et voilà! Comme à chaque fois, je me bute aux escaliers. Ça va encore prendre toute une éternité à descendre! A moins que...

- Le cimetière? vous voulez déjà m'envoyer au ciel? Je vous signale qu'il vous faut patienter parce que ma diaconesse à Bergerac manque de temps pour finir à ma pastorale. A moins qu'elle n'ait abandonné parce que je lui ai donné trop de fils à retordre. Vous savez, j'ai commencé par lui dire que je ne voulais pas des fameuses questions sur l'analyse des textes de Jeandalf et de Sypous, que je voulais qu'elle pousse ma réflexion sur l'aristotélisme plutôt que de me poser des questions qu'un gamin de 7 ans est capable de répondre. Enfin...pour résumer, je l'ai un peu perturbé je crois. Venez ma soeur...On va au cimetière. Vous savez que je n'ai jamais conter fleurette à une donzelle dans une cimetière? Enfin...pas dans mon souvenir en réalité...

Et vous savez combien mes souvenirs sont en lambeaux n'est-ce pas ma soeur?

- Et puis j'ai découvert un passage secret pour s'y rendre! En plus, nous n'avons pas d'escaliers sur notre chemin! Ça évitera le risque que je m'affale lourdement et gauchement sur vous en ratant une marche!

Dis-moi Seurn, et si tu lui parlais de la chouette? Après tout, avec toutes les libations dont tu as été le témoin ce soir, peut-être que c'est elle la dévoyée qui entretiens une liaison avec quelqu'un de l'extérieur? Vas-y attaque! Droit au but! Après tout, ça ne sera pas la première fois que tu rencontres une femme qui a un faible...pour une autre femme.

- Ah si ma Mère! J'ai quelque chose à vous confesser. Figurez-vous qu'il y a récemment, un hibou est venu se poser dans mon giron aller que je déambulais dans les couloirs près de la cour extérieure. Ce Hibou avait un message à la patte. Mais stupeur, ce message ne me semblait pas destiné. Pas de nom, pas de lui, pas de date. L'écriture d'une personne, que je pense être une dame, qui se plaignait de ne pas avoir de nouvelles de son correspondant. Bref, j'ai fait ce que vous auriez fait à ma place: j'ai enquêté...mais je n'ai pas encore trouvé le coquin des lieux qui entretient ce genre de relation épistolaire avec une inconnue. Ceci dit, cela ne saurait tarder. J'ai répondu à la donzelle en me faisant passer pour son correspondant légitime. J'attends sa réponse avec impatience. Il se peut fort bien, ma Mère, qu'une autre personne ici ait des péchés bien plus importants que les miens à confesser!

Et si maintenant, tu peux te retourner pour voir sa tête, tu pourras peut-être savoir si c'est elle la coupable!
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Ellya
Elle avait tiqué, au "Sieur votre époux", et cela n'avait fait que rajouter à son aigreur. Comment savait-il, l'infirme, qu'elle était mariée? Elle ne le criait plus sur les toits, portait son anneau discrètement et n'étalait pas sa vie privée aux oreilles des moines. Bardieu avait peut-être lâché l'information, mais dans quel but? Que gagnait-il à raconter que sa Prieure n'avait fait que ses vœux mineurs et, qu'avant un engagement plus en avant, elle s'était unie à un riche bourgeois? Pour l'argent, criaient les rumeurs. Ellya ne les avait jamais fait taire. La Duranxie secoua la tête, en réponse à ses propres interrogations. Pas Bardieu. Della peut-être? Elle se rappela qu'à son arrivée, la veuve avait fait mention de l'Orfèvre: elle connaissait donc son existence. Mais, de nouveau, comment en seraient-ils venus à parler de cela, le Danois et elle?

La tête dans ses pensées, elle n'avait pas prêté garde aux paroles de celui qui venait troubler sa soirée. La Prieure ne daigna pas lui demander de répéter, certaine qu'il ne pouvait rien dire de vraiment intéressant.


Passage secret?

Il venait finalement d'éveiller son intérêt. Elle connaissait les moindres recoins du Prieuré, l'ayant redécouvert en ruines, vide de vie et plein de mousse. Elle avait certes dit aux maçons et charpentiers de faire comme ils le voulaient, de s'inspirer des plans anciens, et que carte blanche leur était donnée. Mais à ce qu'ils créent un passage secret sans l'avertir! Jamais elle ne l'aurait imaginé.
Vivement, elle remonta les marches à s'en essouffler, avide de le suivre, alors qu'il racontait une nouvelle histoire à dormir debout. Non. Pas cette fois. Une histoire qui attise la curiosité, plutôt.


Vraiment...?

Elle tenta de demeurer impassible, ne désirant guère que son interlocuteur sache à quel point on pouvait la mener par le bout du nez avec un bon secret.

Ce n'est pas très aristotélicien, de se faire passer pour quelqu'un que l'on n'est pas, Snorf... Où devons-nous aller, pour ce passage?

Soudain bienveillante, elle était prête à le pousser s'il le fallait, attendant ses directives.

Et vous disiez que cette lettre parlait de quoi, déjà?
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Soren
- Alors? Qu'est-ce que je vous avais dit?

Une partie du rayonnage de la bibliothèque est désormais vide. Les livres s'entassent sur la table dans la salle de lecture. Au fond, se dévoile désormais la tapisserie qui recouvre une bonne partie du mur. Il ne me reste plus qu'à faire un clin d'oeil amusé à la Mère supérieure et à appuyer de ma main sur le tissu décoratif en ne lachant pas Ellya du regard. Capter sur son visage l'instant où le mystère se dévoilera, tel est mon souhait. Y lire la surprise, la colère, le dépit où tout autre sentiment auquel elle s'adonnera. Après tout un nonne n'en reste pas moins une humaine n'est-ce pas? Un enfant de Dieu comme tous les autres?

- J'ai eu un peu de mal au début à trouver le bon geste à faire. La tapisserie n'aide pas vraiment. Mais quand on a compris l'astuce, ensuite, ça ne prend qu'un instant. Le plus long est de retirer les livres... et de les remettre pour garder le secret!

Un déclin à peine audible. Une mince anfractuosité qui vient d'apparaître contre le mur extérieur et surtout un courant d'air qui vient fouetter les visages des comploteurs. Un sourire narquois vient illuminer mon visage. Il n'y a pas à dire, je suis fier de moi!

- On m'a toujours dit que ne pas fréquenter les bibliothèques étaient une erreur! Que celles-ci regorgeaient d'un grand savoir! Et vous voyez? Ils avaient raison! Dites ma soeur, ce n'est pas tout ça, mais il faudrait penser à...

Mon petit effet passé, je m'étais désintéressé d'elle. Il fallait maintenant remettre les livres à leur place.

- ... fermer vos lèvres pour éviter que de la bave ne coule à la commissure de celles-ci ou qu'une mouche ne vienne penser qu'elle a trouvé là un abri pour la nuit!

Et surtout, deux petits détails qui avaient leur importance: un, remettre les livres dans le même ordre qu'initialement. Deux, ne pas faire glisser la tranche du livre sur le bois de la bibliothèque. De un, ça l'abimerait. De deux, ça ôterait la poussière de l'étagère et ça éveillerait ainsi les soupçons des curieux.

- J'ai d'abord cru que je venais de trouver le passage que mène à votre Index. L'accès aux livres interdits, à la littérature apocryphe. Il se dit dans les tavernes du royaume qu'un écrivain oriental aurait produit un traité sur les plaisirs charnels et que l'église y aurait vu là l'oeuvre du Sans-Nom. Alors, qui ne tente rien n'a rien, n'est-ce pas? Ste-Illinda serait parfait pour conserver ce genre de littérature interdite. Mais non... J'en fus très déçu vous savez quand j'ai découvert la réalité

La chaise à roues de Marie-Clarence grince jusqu'au mur attenant à la bibliothèque. Il me suffit ensuite de me pencher vers l'avant et de tirer de toutes mes forces sur la paroi dérobée pour qu'une entrée à peine plus large que ma charriote ne se dévoile.

- Ma soeur, si vous voulez vous donner la peine de me suivre...

L'endroit est sombre. Une odeur d'humidité identique à ma première visite vient saturer mes papilles nasales. Le froid des lieux me fait frissonner un instant et je disparais dans le couloir en face de moi, ne prenant même pas la peine de vérifier si Ellya me suit bien.

- Vous voyez? Point d'escalier. Une pente douce. Certes, il me faut faire preuve de prudence pour ne pas rester coincé dans cet étroit boyau ou pour ne pas dévaler la pente à toute vitesse, mais c'est bien plus aisé pour moi que d'emprunter les escaliers. Ah. Et tendez-bien l'oreille. Ici, il ne faut jamais parler fort si on ne veut pas faire croire à toutes les nonnes que l'endroit est maudit et que d'étranges paroles sortent des murs. Vous voyez ma soeur, nous allons tout simplement faire le tour du prieuré. Deux tours complets pour nous retrouver au niveau du sol, au rez-de-chaussée. Mais vous verrez, la surprise ne s'arrête pas là...

Et maintenant, silence. La dernière fois, j'ai failli rester coincé en prenant mal mon virage. C'est sur que l'endroit a été pensé pour une personne disposant encore de ses jambes! Et non pour un char à boeufs comme moi! Après le neuvième tournant, les parois de pierre laisse la place à des murs de bois mal dégrossis, des planches ne servant visiblement que d'étayage pour éviter que le tunnel longiligne ne s'effondre.

- On dit se trouver désormais sous la cour intérieure du prieuré ma Mère. J'ai oublié de prendre une torche cette fois. Alors, vous n'y verrez rien. Fiez-vous à moi. Tenez-vous à la chaise et n'en profitez pas pour passer vos frustrations charnelles dans mes cheveux. Avancez à mon rythme. Ne faites pas attention aux biscuits secs que vous allez piétiner au sol, ni aux couinements que votre esprit pourrait imaginer. Dans une centaine de pieds, on débouchera proche du cimetière.
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Ellya
Par les Saintes Culottes d'Aristote...!

Qui? Qui avait osé construire quelque chose d'aussi ingénieux sans l'en avertir? Voilà des mois qu'elle aurait pu s'en servir pour sortir en douce! Et cette écharde de Danois avait découvert le secret avant elle. Un mélange d'excitation et de jalousie pointait en elle tandis qu'ils s'enfonçaient dans les boyaux du Prieuré. Elle avait tout retenu des livres qu'il fallait enlever ou non pour dévoiler le passage, guettait le moindre bruit, la moindre odeur. Tous les sens aux aguets, elle poussait la fauteuil du possédé, songeant aux merveilleuses soirées qui s'annonçaient, à l'avenir.
Enfin, après avoir changé la façon d'ouvrir la porte secrète. Il était hors de question qu'elle partage les souterrains du Prieuré avec quiconque d'autre que Bardieu, car Bardieu était Bardieu, et qu'elle l'aimait profondément.

La pénombre était de plus en plus profonde, et les yeux de la Prieure ne distinguait à présent plus rien, pas même le Danois qui menait la marche. Enfin la roue. Enfin celui qui la devançait. Elle avait laissé une main posée sur la chaise, se laissant ainsi guider, écoutant les explications d'une oreille attentive. Couinements?


Couinements? Vous ne sous-entendez pas qu'il y aurait ici des...
Couiiiic
Aaaaaaaaaaaaaaaaaah! Des rats! Des rats! Des raaaaats!

Si Ellya n'avait jamais travaillé à la mine, il y avait bien des raisons, outre sa richesse. Sans prendre garde aux virages, elle poussa à grande vitesse Soren, hurlant à plein poumon et percutant la chaise en bois de nombreuses fois contre le mur humide. Quand ils finirent par arriver à la sortie et à voir enfin le ciel, elle s'affala par terre et inspira à plein poumon.

Vous me revaudrez cela, Snorf...

Ils avaient débouché derrière la chapelle Barchon. Ellya ne savait pas comment le presque cul de jatte avait su que cette étendue d'herbe était un de ses trois choix pour implanter le cimetière, mais elle le vit comme un signe. C'était un bel endroit, après tout, sans doute le plus beau du Prieuré. Parfait pour le dernier repos.
Oubliant sa peur, sa colère, sa future revanche, elle indiqua du doigt le grand arbre qui s'élevait en face d'eux.


Je sais déjà qui enterrer là-bas. Bon. Alors, confessez-vous, Danois. J'ai un cimetière à construire, moi!
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Soren
Un cimetière à construire? On dirait qu'elle se prend pour un capitaine d'armée pressé d'en découdre avec l'adversaire. Dans un sens, elle porte bien un uniforme mais dire que j'intégrerai les yeux fermés cette armée est sans aucun doute surfait. D'ailleurs, sauf erreur de ma part, nous n'avons avec nous ni armes ni pelle. Et si elle pense que je vais creuser à quatre pattes pour ses beaux yeux, elle se fourre le doigt dans l'oeil jusqu'à l'omoplate!

- Pourquoi voulez-vous donc embêter ce chêne qui est peut-être centenaire pour enterrer là quelqu'un qui ne va mettre que quelques années à pourrir? D'ailleurs, je ne voudrais pas casser vos illusions, mais il y a quelque chose qui y est enterré : mon épée! Désolé ma belle, mais la place est déjà prise!

Avez-vous déjà essayé de faire rouler une chaise dans un terrain aussi chaotique que celui qui se trouve derrière la chapelle Barchon? Non! Bien sur que non, vous ne pouvez pas! Tout le monde n'a pas une Marie-Clarence sous la main pour vous confectionner un tel outil digne du Sans-Nom. Eh bien, croyez-moi sur paroles: ça n'est guère aisé! Pour un peu, je me retrouverais cul par dessus tête lorsque la roue droite s'enfoncera dans la gadoue printanière de Guyenne et que la roue gauche patinera gauchement de son côté après avoir perdu toute adhérance. Le tout est d'éviter de mettre Ellya en colère en lui envoyant quelques galettes de boue venant tacher la toilette qu'elle a mise tant de temps à enfiler avec ses galipettes nocturnes.

- Et si nous en revenions à ces échanges secrets? Hum? Je n'en sais pas grand chose. Je vous ai déjà raconter le principal. Ces messages indécents où la mystérieuse correspondante avoue qu'une personne de Ste-Illinda lui manque, qu'elle ne peut en dire plus ainsi car elle a peur que les informations ne tombent entre de mauvaises mains. Elle a parlé de personnes qui la recherche et qui lui voudraient du mal. Tout ceci est très mystérieux. Mais manifestement en ces murs, il y a des personnes qui n'ont pas la conscience tranquille. Bref, comme je vous l'ai dit, j'ai répondu à cette mystérieuse correspondante sans toutefois révéler mon nom. Elle ne sait pas que j'ai intercepté ses messages mais elle est très peu loquace. J'ai du mal à lui soutirer la moindre bribe d'information. Alors ma Mère, vous qui connaissez bien vous ouailles, qui peut avoir une vie assez secrète pour se fourvoyer sur un chemin aussi scabreux? Hum! Il faut élucider cette histoire ma soeur! Si le Sans-Nom torture les membres de ce prieuré, nul ne sait ce dont il est capable? Vol? Meurtre? Viol?

J'exagère. Oui, je le reconnais. Mais à peine! J'en mets juste ce qu'il faut pour intéresser une nonne dont le plus grand souci, et j'en ai eu la preuve irréfutable, est de choisir la couleur et les coupes des robes qu'elle et ses consoeurs doivent porter. J'ai besoin de sa connaissance du prieuré pour résoudre cette affaire. Et comme je n'ai grand péché à confesser, autant en profiter plutôt que de gratter une fois de plus, les plaies de mon passé.
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