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[RP] Rideau !

Laell
Dernier acte

Une simple fièvre de quelques jours, plusieurs mois auparavant, se réveillant parfois, transformant son corps en une douleur vive. Comme un feu la consumant petit à petit. Augmentant d'intensité à chaque nouvelle crise. Il avait été aisé de cacher les premiers symptômes. Qui faisait attention à quelques vomissements fiévreux. Chacun connaissait plusieurs fois par an le plaisir d'une maladie sans gravité. Elle avait tenu bon, continuant d'épauler sa femme dans la tâche qui était la leur dans la famille. Puis la fatigue l'avait prise de nouveau, l'enfermant plus profondément dans un mutisme orgueilleux. Peut être que sans sa fierté, elle aurait été chercher l'aide d'un médecin. Après tout ils en avaient un dans la famille et même s'il avait été loin au début de son mal, d'autres avaient quelques connaissances sur le sujet.
Depuis quelques semaines elle sentait son corps faiblir encore. Aujourd'hui, chaque mouvement déclenchait chez elle, une grimace réprimée. La douleur s'emparait d'elle de plus en plus. Aucun mot n'avait été émit, pas même à sa femme. Peut être avait elle repéré sa perte de poids mais elle n'en avait pas fait la remarque. Elle se savait malade, sans doute plus qu'elle ne pouvait l'accepter et ne voulait surtout pas inquiéter Joy. La famille avait besoin d'un meneur au meilleur de sa forme.

Laell sortait désormais plus que rarement de sa charrette, principalement pour aller vider ses entrailles qui la faisaient souffrir. Elle mangeait pour ainsi dire plus et depuis quelques jours son état empirait. La fièvre augmentait, la clouant au lit. Bientôt chacun pourrait s'apercevoir de son état.

Ses pensées partirent vers ses aïeules, Rod était partie dans les mêmes conditions, affaiblie par la maladie, Amalio à ses côtés lui donnant les derniers soins avant de mettre fin à sa souffrance. Sad, tuée au sommet de sa gloire par quelques âmes vengeresses d'une Reine assassinée. Et elle... Allait-elle partir dans l'indifférence générale. Chacun s’était habitué à ne pas la voir pendant des jours. Une larme perla au coin de son oeil. Depuis des semaines son comportement avec sa femme avait changé, elle était devenue plus distante. Non pas que ses sentiments se perdaient, bien au contraire, elle ne souhaitait que la protéger. Sans doute souffrirait-elle moins de la perdre en pensant que leur Amour disparaissait. L'image d'une maison au bord d'une falaise revint à son esprit. Main dans la main, le regard perdu dans les vagues, usées par le poids des années, voilà comment elles auraient voulu se quitter. Combien de fois Joy lui avait dit qu'elle mourrait avant elle. Combien de fois, l'Italienne lui avait rétorqué qu'elles vivraient ensemble jusqu'à ce que leurs jambes ne les portent plus. Tout ça lui semblait tellement futile aujourd'hui. Avoir rêvé d'une fin ne changeait pas le destin. Comment se battre quand la vision se floute. Comment arguer de ses qualités de meneur quand le fièvre la cloue au lit et la fait parfois divaguer.
Les idées s'embrument... Les yeux se ferment. L'humidité de ses yeux dévale les courbes de son visage amaigrit. Elle a côtoyé la mort tellement de fois, pensant que la Grande Faucheuse la prendrait sous une lame glaciale ou lui laisserait le temps d'écrire sa vie sur ses rides.

De nouveau ses pensées se tournèrent vers celle qui avait donné un sens à sa vie. La brûlure de son corps augmentait par vague. La voix se fit faible et tremblotante brisant le silence mortuaire de sa charrette.

Joy... Ti amo...

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Lililith
> Here comes bad news, talkin’ this and that
But give me all you’ve got, and don’t hold it back

De mauvaises nouvelles arrivent, on parle de ceci et cela
Mais donne moi tout ce que tu as, ne le retiens pas
Pharrell - Happy.

L'enfant n'était pas là.

Lili grattait la terre de son pouce. Elle dessinait sur le sol des œuvres éphémères. Tantôt un chat, ou une lame. Le visage d'Arsène, ou de Mal'. En ce moment, c'étaient les yeux de Laell qui étaient gravés sur l'humus froid. La fillette ne savait pas trop pourquoi. Parce qu'ils l'avaient marquée. Les yeux de l'adulte restaient dans sa mémoire. Elle gratta, encore et encore, avant de lever la tête vers le ciel. La Forme flottait au-dessus d'elle. La blondine grommela, ne sachant trop ce que cela signifiait. Retournant à son dessin, elle y ajouta un nouveau trait. C'est son chat roux qui lui avait donné cette idée. Elle l'avait vu planter à plusieurs reprises ses griffes dans la terre, et elle s'était dit que c'était un bon support.

Alors depuis, elle dessinait. À s'en salir les doigts, à s'en arracher les ongles. Mais la fillette s'en fichait. Peu importait. La Forme était là, c'est que cela signifiait quelque chose. L'Étoile releva les yeux vers elle sans comprendre, préférant ignorer ce qu'elle savait déjà. Si la Forme était là, c'était pour prendre quelqu'un. Quelqu'un que Lili connaissait bien ; mais qui ? elle passa ceux qu'elle connaissait en revue. Ama', non, il était revenu trop récemment. Elwenn non plus, impossible. Laell ? Elle avait un peu changé ces derniers temps, l'enfant l'avait constaté en silence, mais elle n'avait rien dit. Non, pas Laell. 'Joy ? Non. Lili avait bien capté au détour d'une conversation certaines choses, mais elle ne croyait pas que c'était son tour. Séo' ? Certes elle paraissait vieille, mais était résistante. Alors... Thothor ? Le géant était trop bien bâti pour décéder dans l'instant. Fleur ? Gabriele ? Alors c'était ça ?

...

Aucun membre du clan ne paraissait sur le point de passer l'arme à gauche. Mais la Forme n'avait pas bougé... C'était elle alors ? C'était elle qui allait mourir ? Si oui... Elle pencherait la tête, s'offrirait à cette mort incongrue, fauchant un blé pas même encore poussé.
C'est ce qu'elle fit, attendant que la Forme plonge pour la prendre. Elle connaissait déjà ses mains glacées pour les avoir expérimentées.

Mais rien ne vint. La Minusculissime dévoila ses yeux, cherchant des yeux une Forme qui n'était plus là. Perplexe, ses pupilles frôlèrent le dessin sans comprendre : alors si ce n'était pour elle, pour qui ?

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Enjoy
    Ailleurs.

    Liens impalpables, noueuses destinées avec les regrets d'un souvenir. Les éclats de voix ont fini par couvrir les rires. La passion s'est noyée sous un torrent de larmes. Froides, glaciales même. Creusant les joues, forgeant les faciès émaciés. Prunelles havanes interpellent le profane.

    Te souviens-tu ?

    Du choc des cultures, la rencontre de deux mondes. Puis l'hésitation vive bégayant des syllabes abstruses. Elles auraient pu échouer, en rester là et voir passer la chevauchée fantastique sans y prendre part. Elle & Elle. On apprend mieux à s'envoler avec deux L, Laell. Mais depuis la solitude, les chaînes de l'Amour se sont rouillées, non pas brisées, juste rongées par la distance et le vide. Si l'une eut besoin de soutien, l'autre en réclamait sans doute autant. Leur union infertile mettra tout de même à bas, l'incompréhension. Un accouchement dont elles se seraient allègrement abstenues car la seule volonté qui les guidait jusqu'alors, fut de périr main dans la main. Que ce soit en pleine gloire ou dans les heures lascives et moites des interminables journées d'été. Là, lasses, au crépuscule de leurs vies. Les rides témoins d'un passé troublé, d'un présent en sursis et d'un futur inconcevable. Valait-il mieux se laisser porter par l'élégie maritime que confère le chant des vagues. Ensembles. Ou encore mieux ouïr la symphonie métallique et ainsi comparer la couleur du sang mêlé jusqu'au dernier souffle.

    Mais tout ceci...

    ...s'est tu car la réciproque n'existe presque plus. Les pics sont devenus des monts et ces derniers ont perdu l'attrait des doigts vagabonds. Les formes, hier encore dévorées, n'espéraient plus guère d'être touchées. Recluses dans le déni, percluses d'oublis. Les voici, les épousées à embrasser la joue d'une relation charnelle décatie et reprendre la délicatesse d'une amitié éternelle. Peu importe si sur l'onde des émotions, les deux femmes résidaient sur des longueurs différentes. En effet, cela faisait un moment que la lionne ne ronronnait plus avec sa semblable. Les inséparables faisaient chambre à part. La Sombre se contentant de la rudesse d'une charrette conjugale, tandis que son autre préférait la chaleur des auberges. Pourtant chaque nuits sous la surveillance goguenarde de la Lune, comme un manque inexorable, le regard ténébreux de l'âme solitaire se faisait happer par la toile aux reflets d'argent. Sous elle, la mémoire de jours enjoués dormait paisiblement. Du moins était-ce l'idée tenace qui en résultait. Corleone était loin d'imaginer que son alliée se mourrait à petit feu. Et à la manière d'une résolution jamais honorée, sa visite repoussait les cloisons du temps. De lendemain en sur-lendemain.

    Sans doute car l'angoisse de n'avoir rien à se dire, si ce n'est l'aveu d'une affection dorénavant bien diminuée, prenait le pas sur tout le reste. Mais pourtant, il s'agissait d'Elle. De cette ancienne ombre devenue une véritable étoile. Personne ne pouvait oublier son aura, sa présence. Un charisme à la mesure de sa force.

    Alors à l'annonce d'un matin funeste, ses pas la guidèrent dans le nid de leurs nuits érotiques par respect et par pure tendresse également. Passer le revers de sa main contre la douceur de sa joue, une énième fois. Et avec, la vision spectrale et le frisson des bons moments. Hélas, à la place de l'optimisme à toutes épreuves et des noisettes rieuses, ce ne fut que le spectacle macabre d'un corps inerte. Une nouvelle crise de panique s'empara de ses membres, se logeant au cœur de ses entrailles, tourmentant ses sens. Aucun cri, aucun son ne put franchir la forteresse de ses lèvres mutiques. La mort des mots. Les cendres de son courage suffirent à mouvoir ses jambes et ses bras pour se blottir, avec rage, contre sa défunte compagne. C'est ainsi, qu'elle la berça sans une parole durant des heures qu'on aurait eu l'impression qu'elles s'étirèrent sur des jours voire des semaines ou des mois.


    Je t'aime aussi...

    Susurre-t-elle à son oreille comme une évidence. A s'imaginer avec une conviction inébranlable que « cara mia » n'a pu aller se coucher en omettant ces paroles réconfortantes pour l'esprit. La mauvaise nouvelle ne tarderait pas à fleurir à travers le royaume. Aujourd'hui, fière mercenaire a rincé sa noirceur dans un torrent de pleurs. Demain, le masque impassible reprendra ses droits et on contera désormais la légende d'une Reine. Meneuse d'hommes imperturbable, brigande expérimentée, pilleuse d’innombrables joyaux et cités. L’Élue de tout un Clan.


    A Toi, inoubliable Laell Corleone.

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Tynop
Dijon.

Le blondin plie ses affaires. Fin du séjour en Bourgogne. Mioche récupérée, amis et famille visités. Quelques jours plus tôt, son chemin avait croisé la Famiglia. Joie des retrouvailles, éphémères mais non moins savourées. De piques en évocation d'anciennes anecdotes peu reluisantes pour les uns et les autres, le bonheur fût réel. Pourtant, de tous les visages aperçus, manquait à l'appel celui de Laell. Par souci de ne pas s'ingérer dans les affaires d'autrui (chose qui lui arrive rarement, tout le monde l'admettra), il s'était abstenu de commentaires à ce sujet, l'imaginant probablement en éclaireur ou en train de conclure une alliance.

Sans réellement se douter, donc, il les avait quitté une fois de plus, allant voir si l'herbe était plus verte ailleurs. Pliant donc une fois de plus ses bagages vers un énième voyage.

Le gamin est entré sans frapper, lettre à la main. La curiosité l'a alors emporté sur la colère. Peu importe que l'enfant ne connaisse pas les bases élémentaires de la politesse. Lui non plus.


Tynop ?

C'est bien mon nom.

Main tendue, il récupère l'enveloppe et l'ouvre aussitôt, ôtant tout espoir au gamin de recevoir un quelconque pourboire.

Et ferme la porte en sortant...

Extirpant la lettre de l'enveloppe, le vagabond se gratte son imberbe joue, yeux plissés, engloutissant les mots avec la soif insatiable du curieux.
Il connait le sceau. Il connait l'écriture.


Corleone...

La dernière syllabe du patronyme s'étouffe dans sa gorge, refusant d'exprimer la brutalité des mots couchés sur le vélin.
Il recommence la lecture. Surement a-t-il dû mal lire. Peut-être avait-il la tête ailleurs.
Mais non. Laell est morte.
Posant, main tremblante, le vélin sur le lit, Tynop s'allonge sur ce dernier, les yeux fixant le plafond. Incrédule. Abasourdi. Assaillant sa mémoire, le souvenir de sa première rencontre avec la Mercenaire refait surface. Là. Il lui suffit de fermer les yeux, et le voilà entre les murs du sous-sol de la Tour MacDouggal. Il y a tout juste un an. De ceux qui étaient alors présents, seuls survivent Sarah, Enjoy et lui.

Pourtant, ils l'avaient fait. Ils avaient pris Sarlat. Du crève la faim errant les routes, il était devenu pilleur. Il avait connu les batailles nocturnes. Les cris, l'excitation, les portes de la mairie qui se fracassent, les poches qui se remplissent, le sentiment d''invicibilité. Et Laell n'y était pas pour rien. Elle l'avait accepté, intégré au sein d'un Clan qui ne lui devait rien mais à qui il devait tout. Elle en avait fait l'un des leurs. Une famille.

Laell Corleone est morte. Cette idée se répète, encore et encore, comme une vérité implacable, sans parvenir à franchir les limbes de la compréhension. L'acceptation viendra plus tard. Pour l'instant, seul ce sentiment désagréable, de mal-être est présent. Tout se bouscule, les pensées se heurtent les unes aux autres, et lui est incapable de les démêler.
Ses yeux se ferment. Il sait pourtant que le sommeil ne l'envahira pas.

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Vasco.
    « Salut obscurité, ma vieille amie
    Je suis venu pour te parler à nouveau
    Parce qu'une vision s'insinuant lentement
    A laissé ses graines alors que je dormais
    Et la vision qui a été plantée dans mon cerveau
    Reste encore
    À l'intérieur du son du silence »


Rien ne s'était pas passé comme prévu. Le spleen et le doute s'était emparé de la Spiritu Sanguis. Les sensibilités étaient à vif et les gestes sans doute irréfléchis, spontanés, mus par les émotions et non pas une froide logique. Cela avait commencé par une discussion autour d'un feu de camp. Non...Pas une discussion, une dispute entre Agnesina et le Visconti. Les paroles étaient montées. Elle lui avait annoncé que tout était fini entre eux. Elle avait été jusqu'à préciser qu'il restait un Spiritu. Sans doute n'avait-elle pas encore la légitimité pour le renvoyer du clan. Vasco était convaincu que ce jour-là, si elle avait pu, elle l'aurait fait. Malgré les moments difficiles qu'elle vivait, Joy restait la Zia, celle auquel tout le monde se rapportait. Tous y compris le sicilien. Les paroles d'Ina, il aurait du les avaler, les digérer, les ignorer. Sans doute les évènements passées avaient eu une influence importante dans sa réaction. Ina lui avait proposé une dernière explication, au deuxième feu de camp. Le sicilien avait hésité, puis s'était résigné à accepter son "rendez-vous" mais arrivé sur place, Agnésina et lui croisèrent Joy et Charli qui devisaient. C'en était trop pour le marin. Il sortit sa lame et la lança aux pieds d'Enjoy, celle-ci allant se planter à une dizaine de pieds de la Zia.

- C'est fini! J'en ai assez! Je m'en vais!

Tels avaient été, à peu de chose près ses mots qu'il regretta presque instantanément. Joy n'était pas au mieux et il se savait. Il avait passé plusieurs nuits à discuter avec la Zia, à s'affronter sur des sujets, à s'expliquer auprès de ses difficultés avec les autres membres de la Spiritu comme Arsène par exemple. Insubordination, outrecuidance, mettre une mauvaise ambiance...Voilà ce que l'on reprochait au Visconti. Voilà ce qui avait sans doute influencer sa réaction épidermique. Il avait jeter un dernier regard noir à Ina puis avait disparu dans la nature environnante. Ensuite, il ne resta plus que le son du silence.

Par la suite, Ina lui avait écrit. Elle regrettait visiblement son départ. Vasco l'ignora. Enjoy tenta de le raisonner. Il l'envoya paître. Il avait rompu avec la Spiritu. Amère déception. Il y avait tellement cru! Malgré les dissensions, il appréciait de plus en plus sa vie au sein du clan. La vie n'est pas un long fleuve tranquille, le sicilien le savait. Elle était faite de petites et de grande joies, de petites peines ou de grands tourments. L'homme est un être sentimental. La seule façon de lutter contre l'acédie, c'était de sensations, qu'elles soient heureuse ou pénible. L'Homme est fait pour vivre dans les extrêmes et c'est aussi pour cette raison qu'il avait accepté de devenir mercenaire. Les sentiments sont ces rehausseurs de saveur, indispensable à n'importe quel plat, qu'ils soient sel...ou poivre. Ina était parfaite pour ça : elle saupoudrait sa vie à la fois de sel et de poivre...même si cette fois, elle avait eu la main un peu forte. Récemment, il avait rencontré un dénommé Tynop en Bourgogne, un ami de Joy. L'homme s'étonnait que quelqu'un puisse aimer Agnesina Temperance Corleone. Il lui avait même demander pourquoi il avait choisi Ina. Velasco n'avait rien répondu. Il avait préféré le secret pour lui. Si le blondin avait pu lire dans sa tête, il aurait su la réponse : "Parce qu'elle sait parsemer habilement le poivre et le sel dans ma vie."

Et puis est arrivée la lettre de Joy : Laell est morte. Le Visconti n'avait eu que peu d'occasion de la croiser. Il ne la connaissait guère. Il savait juste ce qu'Enjoy avait bien voulu lui raconter et cela lui avait suffit pour se faire une idée sur celle qui avait été, pour quelques jours, leur maire à Poligny. Le destin nous fait parfois d'étranges pieds-de-nez. Seul dans son coin, Velasco ne se sentait pas en paix avec sa conscience. Il s'était laissé emporté, avait été inflexible avec Agnesina et de par son geste, avait ennuyé Enjoy avec des futilités alors qu'elle vivait sans doute les derniers instants de celle qui partageait sa vie. Laell était-elle déjà venu lui dire qu'elle s'en allait? Sans doute oui. Dans l'esprit du marin, la colère succéda aux remords! Maudit état d'esprit Corleone! Vasco chiffonna le message et l'envoya dans la rivière suivre le fil de l'eau. La place de Laell n'était pas avec eux! Elle aurait du voir un médecin! Joy aurait dû insister pour qu'elle se soigne dans un lieu de repos. Elle était trop faible pour les accompagner...et voilà désormais ce qui arrivait!

Trois jours. Il s'était écoulé trois jours depuis son départ fracassant. La mort ne pardonne pas. Jamais. Le sicilien avait retourné la situation dans tous les sens. Il ne pouvait pas ignorer le message d'Enjoy. Il savait qu'il le regretterait s'il le faisait...et il n'aurait jamais l'occasion de se reprendre. Non. La mort ne pardonne pas. Alors il était revenu. Il avait vu le corps inerte de Laell Corleone. "Foutu mentalité Corleone!" avait-il envie de crier les mâchoires serrées. Pourtant il s'en abstint.


- A toi Laell Corleone, même si nos larmes n'y pourront rien changer, je suis venu te dire : reviens quand tu le veux, ta place est parmi nous.

On dit que la mort que n'est qu'une renaissance. Adieu Laell Corleone! Je sais que là où tu te trouves désormais, les maires tremblent de tous leurs membres. Spiritu Sanguis un jour, Spiritu Sanguis toujours!


    « Je suis venu te dire que je m'en vais
    Et tes larmes n'y pourront rien changer
    Comm' dit si bien Verlaine au vent mauvais
    Je suis venu te dire que je m'en vais
    Tu t'souviens de jours anciens et tu pleures
    Tu suffoques, tu blêmis à présent qu'a sonné l'heure »

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Fleur_des_pois
Je voudrais mourir jeune le plus tard possible.

On se revoit en Mars. A bientôt !
La porte de la taverne avait été poussée, et la Fée avait disparu dans la nuit. Prononçant ces derniers mots, croyant fermement tous les retrouver au Printemps.
Pourtant, lorsqu'elle reviendrait, quelqu'un manquerait à l'appel. Et loin d'être n'importe qui, ce « quelqu'un » n'était autre que Laell.

On se revoit en Mars. A bientôt !
Assise sur un muret de pierre, Gaia lisait et relisait la missive de sa cousine Enjoy. La lettre lui était parvenue, apportée par un innocent pigeon, qu'elle espérait porteur de bonnes nouvelles. Si le volatile n'avait pas eu la présence d'esprit de voleter plus loin, le Lutin lui aurait tordu le cou. Comme si tuer le messager pouvait changer la nature de la lettre.

On se revoit en Mars. A bientôt !
Laell disparue. Rodrielle disparue. Être cheffe de famille n'était décidément pas un emploi qui garantissait la longévité. Malade, de plus. Elle n'était pas morte au combat, non. C'était son propre corps qui avait lutté contre elle. Trahie par elle-même, y avait-il quelque chose de plus affreux ?
Une larme roula sur la joue du Lutin. Elle ferma les yeux pour qu'elle reste unique. Non, elle était Corleone. Lorsqu'elle pleurait, c'était pour obtenir quelque chose que ses hurlements n'avaient réussi à lui faire avoir. Lorsqu'elle pleurait, c'était surtout pour rire. En de rares occasions, elle n'avait pas joué la comédie, et ses larmes avaient été sincères.
Mais là, aujourd'hui, alors que quelque chose s'insinuait lentement en elle, Fleur retint ses larmes. La tristesse. Voilà ce qui menaçait de la submerger, elle, le Lutin toujours bondissant et sautillant. La Fée au sourire perpétuellement affiché. La joyeuse Gaia. Elle était réellement bouleversée.

On se revoit en Mars.
Fleur se souvenait comme si c'était hier. Elle s'était écroulée sur Enjoy, sans savoir qui elle était. D'une main habile, elle avait subtilisé la bourse rebondie. Pour finalement se faire rattraper plus loin, par la propriétaire. Qui l'avait invité à la suivre dans une taverne. Où Laell était présente. Les débuts avaient été houleux, mais qui pouvait se vanter d'avoir été accueilli avec des pâtisseries par les Corleone ? Et finalement, la Fée avait fait se preuves. Mieux que cela. Elle était l'une d'entre eux. Elle était Corleone. Rodrielle, Laell, Enjoy... Le même sang coulait dans leurs veines. Et l'égo déjà gonflé de l'Ortie n'avait fait qu'enfler. La fierté d'appartenir à cette famille qui comptait tant d'illustres membres. Une famille sans Rodrielle avait pu subsister, mais cela n'avait jamais plus été pareil. Et désormais, Laell les quittait à son tour ? Était-ce seulement possible ?

A bientôt !
Oubliée la robe verte. Aujourd'hui, elle porterait le noir. Aujourd'hui, et de nombreux jours après. Parce qu'une femme d'exception avait quitté ce monde. Et que, même à des centaines de lieues de là, Fleur voulait qu'on le sache. Le monde entier devrait porter le deuil. Le monde entier devrait rendre hommage à Laell Corleone.
Mais, réalisa Gaia en repliant la lettre de sa cousine, elles se retrouveraient, un jour prochain. Date inconnue d'elle, pour l'heure. Mais nul doute qu'un beau jour, la Fée s'envolerait vers d'autres cieux. Vers les plus hauts sommets. Vers les siens. Vers Rodrielle. Vers Laell.



Marcel Prévost
Fanchon...


Rêche le billet entre les doigts rêches.

Dans la touffeur alcoolisée de la Sans Nom, derrière le comptoir vermoulu, la Fanchon est bien là ; mais l'espace d'un instant, oh ! rien qu'une seconde, ou deux, le temps de déchiffrer les pleins et les déliés corleones, Fanchon en vérité n'est plus là pour personne. La concentration a figé sa trogne de vieille carne. Immobile, le rictus qui redresse ses vieilles lippes tombantes. En stand-by, le souffle sous l'ample gorge fanée. Y'a plus que les billes qui roulent, péniblement, de lettre en lettre. Arrêt sur image.

Arrachées à la dernière ligne, les prunelles noires se braquent vers un coin de la Sans Nom. P't'être parce qu'elle veut se rappeler. P't'être qu'elle se représente la mariée triomphante d'une nuit sans Dieu ni Diable. P't'être aussi qu'elle se souvient plus, qu'elle s'en fout, que c'est juste par hasard, vraiment, ou par un jeu curieux de conscience, qu'elle a tourné les yeux vers l'endroit où Laell a marié Enjoy. Qu'est-ce que ça peut faire.
Un instant plus tard, elle croise le regard avide et aviné d'un tirelaine au nez mouillé, désespérément pendu à son comptoir.


Déglutition.

- C'quoi, la lettre ? ose Tulasne d'une voix fluette.

Elle l'impressionne encore, Vieille Belle, même s'il fantasme un peu moins qu'avant. La réponse roule, chaude et rauque entre les lèvres chavirées :


- Corleone qui fait du sentiment. T'iras fouiner.

Parfaitement. Épier la tête de Spiritu Sanguis. Hanter les ruelles sombres, se faufiler sur ses talons, boire, boire jusqu'à la lie le spectacle de la cheftaine endeuillée, histoire d'en recracher la moindre goutte sur le comptoir rouquin. Parce que c'est pas le tout, de chialer. Et l'Héritière, elle a toujours été trop portée sur la nostalgie. Au fond, elle était faite pour être veuve - la pensée traverse, fulgurante, le crâne monstrueux.

Sourire.

Tulasne se plaindra pas. Brave gars. Il se dit... Bien sûr, c'est dangereux, de filer le train à la meneuse. Bien sûr, la Fanée l'envoie (encore) au casse-pipe. Mais c'parce qu'elle s'intéresse. C'parce qu'à sa façon, obscure et tordue, elle a de l'affection pour Corleone. Particulièrement pour la brune. Pis pour son drôle de couple. Et p't'être même qu'elle en a un peu pour lui.

Dans le fond, ça s'met à beugler. Un soulaud se lève de toute sa hauteur chancelante :


- Hey, Patronne ! Elle vient, cette gnôle ?
- Pas content, mon mignon ? Ben t'as qu'à la pisser !

Un grand éclat de rire secoue la Sans Nom. Des soudards, vous comprenez. Il leur en faut pas beaucoup. La missive plonge dans le décolleté flétri, et Fanchon se remet à l'ouvrage : encore une crevée à arroser de mauvais vin.
Gabriele.
    « Qu'importe la durée de l'acte, pourvu que celui-ci soit sincère, éclatant. »


Lorsque la dernière lettre de Rodrielle m'était parvenue, mon cœur s'était serré, à un point que je n'imaginais alors pas possible. La tristesse de perdre un être cher, je ne l'avais jamais connu jusque là, imbu de moi-même au point de ne pas parvenir à aimer assez pour m'attacher et ressentir une quelconque peine. Cette première mort, donnée par la main de mon père alors que j'attendais l'oraison funèbre à l'étage inférieur, m'avait réellement bouleversé. Jamais je n'avais imaginé pouvoir avoir aussi mal sans qu'aucune lame ne transperce ma peau.
La mort de celle que j'aurais aimé avoir comme Madre m'avait permis d'ouvrir les yeux, de me rendre compte à quel point cette famille – ma famille – compte pour moi. J'ai réalisé comme je voulais empêcher un tel événement de se reproduire, préserver les vivants de la peine de ceux dont la vie s'éteignait. La mort n'éteint pas la flamme. La flamme, nous l'avons tous encore en nous, cet héritage que les meneuses du Clan nous ont transmis. Et je les admire, ces femmes de caractère. Je les admire dans l'ombre, de loin, comme si j'avais peur de me brûler, alors que les flammes nous nourrissent. J'aurai dû m'y jeter dedans, à corps perdu, les laisser me consumer pour me réveiller renaissant, un phénix et plus un simple coq de basse-cour.

Lorsque la lettre m'était parvenue, j'étais resté stupéfait. Je ne savais pas Laell souffrante, même si j'avais bien remarqué qu'elle semblait moins forte, ces derniers temps. Être Corleone a ce désavantage qu'on ne se doute pas une seconde pouvoir mourir autrement qu'une lame dans les mains. Pourtant, pourtant...Rodrielle quelques mois auparavant, et Laell à présent, le sort était funeste avec nous, nous enlever ainsi nos piliers, par la maladie. Mort détestable. Le corps qui s'affaiblit au point de ne plus réussir même à se porter lui-même.
Cette fois, je ne fais pas l'erreur de rester avec les miens en apprenant la nouvelle. Je m'isole, je relis encore les mots que je peine à croire. Laell...Bien plus jeune que Rodrielle, mais la mort n'attend pas le nombre des années chez les Corleone, il fallait le reconnaître. Laell, je ne la connaissais pas vraiment. Pas aussi bien que je l'aurais souhaité, mais à présent il est trop tard pour les regrets. Je retiens d'elle sa répartie, autant que son amour de sa famille, son amour pour Enjoy. Mes pensées dérivent vers notre autre Zia, mon cœur se serre malgré moi, que doit-elle ressentir à cet instant, en veillant son épouse ?
Je ne peux même pas envisager l'idée de perdre Daeneryss. Je pense que ça me rendrait fou, et je prie qu'il n'en soit pas de même pour Enjoy qui venait de perdre l'amour de sa vie.

Laell Corleone.
Elle devait célébrer mon mariage. Mon mariage qui n'est plus à l'ordre du jour. C'est trop tard maintenant, et la rage de mes conneries passées me noue les entrailles. Combien de proches la faucheuse compte encore me prendre ?
Et si, pour une fois, juste une fois, le cerbère terrassait la faucheuse ? Juste pour empêcher la famille d'être encore en deuil d'une matriarche, juste parce que c'est trop tôt, parce que nous n'avons pas eu le temps d'apprendre à nous connaître. Parce que j'en avais l'envie. Parce que tout ça est simplement injuste.
Je hais la mort.
Je hais la vie qui donne la mort.
Cette entrée dans la vie adulte est bien trop douloureuse à mon goût. Les pertes successives de Rodrielle et Laell me rappellent que personne n'est invincible, pas même les meilleures. Et je pleure comme un gamin, à l'ombre des regards, alors qu'il faudra rester fort devant lafamiglia.

    Addio Laell, buono viaggio nelle stelle.*


* Adieu Laell, bon voyage dans les étoiles.

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Umbra
Ces dernières semaines, l'Ombre vagabondait entre la Capitale et Brocéliande, entre les bras de son amant et ceux de sa cadette. Ame errante flânant parmi les siens, ceux qu'elle avait choisi et non, que la vie lui avait imposé. Flottant sur son petit nuage, elle avait soufflé le reste de son existence pour ne se soucier que du meilleur. Egoïste à souhait, égale à elle-même comme on lui avait trop souvent reproché. Ce jour-là, elle accompagnait Ernst sur les bords de Seine afin de superviser le chantier naval du Kraken. La vie se la coulait douce sur les rives du fleuve parisien, fallait au moins l'avouer. Le navire en gestation promettait un avenir radieux. Tout cela, malheureusement s'assombrit par un pli de mauvaise augure qui vint débusquer le Von Z. et son bras droit en plein travaux.

Messire Von Zweiii...zwe...Hum...Dame Umbra? Un courrier pour vous...

Un sourcillement puis une oeillade interrogatrice destinée au blond alors que la Noiraude décachetait sa lettre. Les prunelles obsidiennes parcoururent le vélin noirci. Habituellement, elle aurait balayé l'encre comme tout le reste ces jours-ci. Cependant, l'annonce fut si terrible que le fin parchemin sembla déjà être un lourd fardeau à porter.

Lisez-vous la même chose que moi, Ernst?

Ernst continuait de donner des ordres à la volée. Les hésitations du coursier semblaient visiblement l'agacer. Il avait l'habitude, pourtant. Il gesticulait, le rhénan, vociférant, parfois félicitant. Ce ne fut que lorsqu'Umbra l'apostropha qu'il se décida à se saisir du pli. Le décachetant, ses sourcils commencèrent à se froncer. Au fur et à mesure de la lecture, le froncement se fit assez marqué pour laisser apparaître des rides sur le front du trentenaire. Laell. Ce prénom résonnait en lui comme le souvenir d'un lointain passé. A cette époque, il était encore un étranger sur le sol français. Il était encore ce jeune bourgeois qui s'était lancé à l'assaut du Royaume de France. Il était encore bien loin de l'homme qu'il était aujourd'hui. A l'époque, il obéissait sans sourcillier. Aujourd'hui, il donnait les ordres. Dans ce passé, il était garde du corps de Jusoor de Blanc-Combaz. Dans ce passé, il était amoureux d'elle. Que restait-il de tout cela? Des oripeaux, de vieux souvenirs que le temps n'avait pas épargné. Ernst chassa ses souvenirs en secouant lentement la tête. Il relut le parchemin avant de comprendre réellement le poids des mots qui y étaient gravés.

Je crains que oui.

Ernst chiffonna le vélin dans un geste réflexe de crispation. Il aborda le contre-maître et lui laissa pour instruction de continuer les manoeuvres de construction. Il désignait certaines parties du chantier du bout des doigts. Les hochements de têtes s'alignaient les uns après les autres, dociles. Il se tourna ensuite vers Umbra et opina comme pour lui signifier qu'il était prêt. Ils auraient de la route à faire. Peu, vu qu'ils resteraient à Paris, mais il y avait comme une urgence. Certes, l'empressement ne ramènerait malheureusement personne à la vie. Au-delà d'un miracle, il y avait une amie à soutenir. La douleur d'un clan à partager. Ce fut, en substance, la teneur du pli que le rhénan griffonna avant de le remettre au coursier. Il serait arrivé avant eux.

Si le rhénan expulsait sans mal sa douleur dans le froissement des nouvelles, Ombeline ne put être si expressive à son tour. Elle resta figée telle une statue, missive au poing, bouche légèrement bée. Aujourd'hui, l'une des siens: de ceux qui l'avait accueillit et qu'elle avait rejeté, prenait un aller sans retour. La Bâtarde n'avait qu'entrevue la défunte lors des différentes prises à ses côtés. Pourtant, elle n'oubliait que c'était grâce à elle, Laell, meneuse du Clan, qu'ils avaient pu rixer et s'enrichir. Glorifier le terrible nom de la Famiglia. Ce jour-là, une de ses jeunes icônes rejoignaient les précédentes et l'éternelle question résonna à nouveau: qui sera le prochain? La Manchote frémit en y songeant. Toutes ses pensées s'en allèrent alors vers son ainée, Enjoy: soeur abandonée, chef désavouée et maintenant, veuve éplorée.

Laell Corleone a rendu les armes.

Dans l'esprit de l'Ombre ne subsistait que de rares souvenirs de Laell. Un précieux, cependant, qu'elle souhaiterait se remémorer avec la Mustélide: leurs épousailles. A cette époque, Umbra n'avait pas encore endossé son surnom. Elle tranait ses bottes sur les pavés souillés des Miracles dans l'espoir d'une bonne prune et d'un divertissement quelconque. Quelqu'un, quelque part, entendit sa prière et l'exauça car quelques enjambées plus tard, elle se conviait d'elle-même au mariage paien des cousines italiennes. Destinées liées, royaume trop petit ou drôle de hasard, la Noiraude se souvint de sa stupeur de jouvencelle fraichement sortie du couvent en comprenant ce qu'il se déroulait devant ses yeux. Les brides d'hostilités qu'elle avait pu observer ne se refletaient aujourd'hui qu'en la souvenance de festivités hautes en couleur. Digne des Corleone, tout simplement.

Ombeline se remémorait tout cela en silence alors qu'elle se dirigeait d'un pas chancelant au Quartier Spiritu Sanguis en compagnie du Von Z. Intimement, elle espérait à nouveau que quelqu'un entende sa nouvelle prière et la réalise:


Epargnez les miens... Laissez-les en paix.

A quelques pas du repère, la Bâtarde glissa sa main dans celle d'Ernst pour ralentir puis stopper leur allure. Plus ils s'approchaient et plus, elle sentait un vide se creuser au fond de son être.

Ernst...Qui était Laell à vos yeux?

Le regard du rhénan se posa sur le visage de son amante. Une main se leva lentement pour atterrir avec douceur sur une des joues de la brune. La peine qu'elle ressentait se communiqua au rhénan qui eut bien du mal à ravaler le noeud qui s'était formé dans sa gorge. Qui était Laell? La question était bonne. En définitive, il ne l'avait que trop peu connu. Tout comme il avait trop peu connu la Corleone qui était passée de vie à trépas il y avait encore peu de temps. Si peu que la terre n'avait probablement pas encore séché sur la tombe. Ernst déposa un baiser sur le front d'albâtre d'Ombeline. Le moment n'était pas à la fougue mais bien plutôt à la tempérance et à la tendresse. Il devait être là pour elle et non le contraire. Un maigre sourire étira les lippes du von Z.

Elle était l'épouse d'Enjoy. Pour tout te dire, je n'en ai jamais su plus que ça et je n'ai jamais cherché à en savoir plus. J'ai toujours apprécié les Corleone. Pourtant nous n'avons pas souvent été en contact. Je crois que, secrètement, je leur ai toujours envié leur mode de vie.

Puis, après quelques secondes de pauses et avoir enserré le petit corps qui lui faisait face dans ses bras, il mêla à nouveau leurs regards.

Te sens-tu prête?

Elle était l'épouse... Voilà qu'on parlait déjà de Laell au passé alors qu'il y avait peu, son corps était encore chaud d'une fièvre agonissante. Cependant, si Ernst ne possédait pas les mots, il avait les gestes. En croisant les iris bleutés, l'Ombre puisa la force de reprendre leur marche. Dernier pelerinage vers une figure déchue si quand bien même ils l'atteindraient. Ce fut la porte close de la tanière des deux Corleone qui acheva leur croisade. Les prunelles obsidiennes se redressèrent vers leurs sembables azurées en un signe de désolation. Une énième fois, Umbra était arrivée en retard, là où on l'eut cru volontairement absente. Un soupir fendit sa bouche pour en percer le mutisme:

Je ne connaissais pas plus Laell que vous. Avant d'être ma cousine ou ma belle-soeur, elle était l'une de mes cheffes. De celle qui ordonne en silence et que je suivais sans réfléchir. Je dois mon endurance et une partie de mes richesses à cette meneuse...Notre meneuse.

Malgré l'aspect fébrile de la Noiraude, le ton était assuré. Les iris de jais fixaient l'huis fermé dans l'espoir que celui ne se déverouilla. Ombeline aurait souhaité que la silhouette aguicheuse voir arrogante de sa soeur brise le néant devant elle mais en vain. La Lionne devait bien se terrer dans l'obscurité d'un deuil profond et sans source de lumière, l'Ombre n'existait pas là-bas. La cadette n'avait pas sa place à ses côtés pour pleurer sa perte.

Après quelques minutes de suspens, lorsque tous les espoirs furent soufflés par l'inertie environnante, la dextre extirpa un objet de la besace sanglée au poitrail vêtu de sombre. La Manchote s'abaissa au seuil comme elle l'avait fait il y avait de cela trop peu de temps sur la tombe de Rodrielle. Là, elle posa la bouteille de prune, sa petite marque bien spécifique, où certains auraient jeté des gerbes fleuries. Se redressant presque solennellement, la mercenaire interrogea du regard le Von Z. N’ayant rien ajouter, le Rhénan ne rompit pas le silence qui perdurait jusque là. Il se contenta d’hocher la tête tandis que la Corneille venait enlacer son bras en guise de réconfort. Tout deux reprirent la route vers la Seine où un autre avenir les attendait.

Le passé n’est plus, Laell Corleone a rendu les armes, écorchant de ces dernières les cœurs de ceux qui l’estimait et la chérissait. Son absence, une plaie douloureuse que le temps se chargera de recoudre laissant derrière lui une cicatrice de plus.


Post à 4 mains avec JD Ernst

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Amalio
Un mot de Joy, sous des formes officielles. Dans une tente de fortune, le patriarche italien est avachi sur sa paillasse, adossé à un vieux coffre de bois contenant son matériel de médecine. Laell s'est donc éteinte...

Il n'a pas pu aider sa famille, cette fois. Ses yeux se ferment un moment, surplombant son visage maigre et mal rasé. La mort de Laell ne le laisse pas indifférent : dans son esprit se mêlent les contradictions... aveu d'impuissance et d'absence; soulagement d'apprendre la fin de longues souffrances, inquiétude pour Joy et pour l'ensemble de la Famiglia, qui devra encore une fois se sortir d'une ornière trop brutalement apparue. Il n'a pas su la soigner, lui. Trop faible encore, bien qu'il n'en dise rien, car le poison s'accroche à ses veines et à ses tripes comme s'il avait des griffes à planter dans ses chairs. Il n'a rien dit. Elwenn, Gab, Arsène, Ina... ils savent qu'il a été empoisonné. Ils ignorent qu'il ne peut pas se guérir. Qu'il est trop tard pour ça. Qu'il s'est passé trop de temps sans qu'il ne soit soigné. Qu'au jour de cette triste nouvelle, le seul médecin du clan n'est pas capable d'éviter lui-même ses propres souffrances.

Laell. Il n'a pas été là pour elle. Il avait disparu pendant plusieurs semaines, seul à en crever au fond d'une forêt paumée, malade à ne plus savoir comment vivre; et sans la rencontre fortuite d'un moine dévoué, il n'aurait sans doute laissé aux bêtes sauvages qu'une bien triste carcasse. Mais il était revenu. Faible, fatigué, mais revenu : pour Elwenn, pour Leandro, pour tous ses enfants, pour sa Famiglia. Parce qu'il était le patriarche, et parce qu'il était le médecin. Mais il n'avait pas été là pour Laell. Laell, déjà salement affaiblie. Il n'avait rien pu faire pour l'aider, à part la seule fois où il avait été obligé de l'assomer pour la soigner sans son accord... Elle n'avait pas voulu qu'il voit son état réel. Fière, encore pire que Rodrielle, elle avait été impossible à approcher, comme une louve agonisante, malgré les tentatives du médecin. Elle s'était montrée odieuse, il était fatigué. Il avait baissé les bras. Non sans remords, non sans regrets, il avait abandonné la lutte pour elle, parce qu'elle ne voulait pas. Elle s'était préparée à mourir.

Et dans l'esprit d'Amalio, revint le souvenir du poignard qui s'était enfoncé dans le coeur de Rodrielle, la matriarche, après des semaines d'agonie... sa main à lui sur ce poignard, le dernier souffle de sa tante. Le sang sur ses doigts et l'apaisement serein du visage qui, après la brève crispation de la douleur, avait accueilli sa libération. Il avait mit fin aux souffrances de Rodrielle. Mais Laell était morte seule, seule jusqu'au bout, et pourtant aussi irrémédiablement membre de la Famiglia. Enjoy dévastée n'avait plus qu'à faire face, tant bien que mal, à la houle violente du deuil.

La main du patriarche laissa échapper le morceau de vélin. Il était las. Et triste. Déçu et en colère : contre Laell, contre lui-même. Il avait mal. Dans ses tripes, la brûlure acide du poison ne le quittait plus. Ses doigts ne tremblaient pas quand il prit la bouteille de lait de pavot et qu'il s'en enfila plusieurs longues gorgées. Dans quelques heures, il reviendrait à son clan, plus fort, plus affirmé, laissant sous sa tente la douleur et le sentiment de sa vieillesse....

Laell, si jeune pourtant.

Adieu, Laell Corleone.

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Anitha
[Pau 31 mars 1462: un pigeon tourmenteur ]

La ritale était clouée au lit terrassée, non pas par cette maladie apporté par notre bon cher Roy plus que médiocre, mais par des coups de lames portés sur son corps. Des mains posaient sur elle essayant de la recoudre, et elle comme à son habitude qui brayait dans sa langue natal qu'on ne la touche pas au grès de se voir couper les doigts.... Mais c'était peine perdu, les mains continuaient de la recoudre, ou bien d’étaler quelques paumes puants, sur des plaies à moitiés ouvertes.

Au bout de quelques temps de tortures, alors que la blonde allait devenir folle, un domestique de l’hôtel où elle logeait arriva avec une missive tel un chevalier sauveur, sur un cheval blanc (manque de pot c'est elle même qui est chevalier), bref dans un grognement elle arracha littéralement le plis des main du pauvre domestique et envoya par la même occasion, soigneurs et autre voir si il n y avait pas d'autre gens à soigner. Anitha se redressa dans son lit, intriguée par la lettre qu'elle tenait entre ses mains.

Est ce que son arrêt de mort était déjà arriver? Bha oui elle était devenue félonne de la Couronne, et elle en était fière et attendait avec grande impatience son procès... Mais la joie retomba sitôt le plis décacheté, une lettre de sa famille, les Corleone, étrange car elle avait peu de contact avec eux, c'était surtout sa consanguine qui était en relation avec cette branche familial, mais soit pour une fois c'était elle.

Ses azurs parcoururent cette lettre funeste, une grimace apparut sur son visage bleuit par les coups reçus (la classe son teint était presque assortit à ses yeux). Une question trotta dans sa caboche, qui était exactement cette Laell Corleone? D'après sa soeur, Jeni, s'était une grande femme, une personne digne de porter le nom Corleone, bref elle lui en avait dépeins une personne bien, cheffe et tout ce qui s'en suit. Elle ne put trouver des mots pour cette personne car malheureusement elle ne l'avait jamais connue, mais ses pensées se tournèrent vers Enjoy qui était la femme de la morte...

La blonde attrapa un vélin et une plume, non sans peine, car elle est les sentiments n'étaient pas amis, elle déposa quelques mots pour Enjoy



C’est avec une grande douleur que j’ai appris le deuil qui te touche. Par la présente je tenais à t'envoyer tout mon soutiens et affection.

Je te souhaite beaucoup de courage et même si nos chemins ne se sont croisés que de rare fois sache que je soutiens dans cette épreuve.

Amicalement

Anitha Auditore Vitalis da Roma-Corleone


Cette missive était courte, voir même ridicule, mais que dire à une épouse qui venait de perdre son âme soeur? Il n'y'avait malheureusement rien à dire, juste lui montrer qu'un soutient était présent. Alors certes la ritale ne connaissait pas particulièrement cette branche familial mais elle souhaitait vraiment un jour pouvoir plus les connaitre, et avoir plus de lien avec eux.
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Jenifaelr
La jeune femme était en Béarn. La guerre déchirer le Comté, et elle pleurait. Pleurant ses filles, restés à Pau, pleurant ses amours perdus, pleurant la guerre, pleurant le pétrin dans lequel elle c'était mise, puis elle pleura une nouvelle fois, à la venue de cette lettre, alors qu'elle était dans la chambre du Sombre, profitant de l'absence du pirate, elle se remit à pleurer.

Pleurer un membre de la famiglia. Pleurer une Corleone. Le sens de la famille de la jeune femme était très développer et ainsi, elle passa l'après-midi à pleurer. Un malheur, succédant l'autre. Le soir, le séduisant plumé rentrerais surement, il voudrais surement la Rose, sans les larmes, elle les sécha donc.

Jenifael savait qu'elle pleurerais encore. Laell Corleone elle avait entendu parler, d'elle, elle savait des choses, conté à sa sœur. Alors, elle repris le masque, de l'innocente Dame de Boissières, pour écrire, à la Corleone :




De moi, Jenifael Lisbth VdR-C
A Enjoy Corleone,

J'était au mariage. Je t'offre de venir te reposer à Boissières en Languedoc, lorsque tu le désireras. C'est un lieu calme, un peu reculer et très ensoleillé, aux températures agréable. A deux pas de Nîmes.

Mes condoléances, pour une grande femme, mais les Corleone ne meurt pas et les défunts reste dans nos cœurs, pour la vie. Désormais, Laell à rejoint Rodrielle et les autres, en paix.

Que le Très-Haut, ou tout autre entité te laisse le cœur et l'âme en paix.

Jenifael Lisbeth Vitalis da Roma-Corleone
A Mauléon.


La Dame de Boissières avait survécu à deux êtres aimés morts ...
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Laell
La brume s'empare de son esprit, son corps se détend enfin, la mort la prend. Les yeux fermés, la respiration ralenti, le battement à ses tempes s'estompe.
Le temps se fige.
On la découvrira plus tard, le corps froid, raidit par la Faucheuse. Sa femme viendra à l'annonce de sa mort.

Elle la voit, elle se voit... Sensation étrange que de voir son propre corps reposer ainsi. Comme elle aimerait pouvoir sentir sa peau qui touche la sienne à cet instant. Pouvoir entrer de nouveau dans son enveloppe pour la serrer contre elle, effacer ses larmes et la douleur qu'elle ressent. Laell n'est plus qu'une âme errante, un simple fantôme voué à l'oubli. La mort est une délivrance du corps mais l'esprit reste. La souffrance persiste aujourd'hui plus que jamais. Aucun mot ne peut sortir de sa bouche, elle est désormais close à jamais.

Joy... Tu avais encore tellement de chose à lui dire. Laell n'aurais tu voulu pouvoir expirer ton dernier souffle dans ses bras ? N'aurais tu voulu pouvoir essuyer ses larmes en lui disant combien elle avait compté dans ta vie ? N'aurais tu voulu lui dire ce qu'elle était pour toi ? Combien tu lui étais reconnaissante d'avoir vécu à tes cotés, d'avoir dirigé le clan pendant tes absences et tout autant à ton retour ? Pourquoi avoir préféré t'éloigner ? L'abandonner alors même qu'elle avait besoin de toi ? N'avais tu pas été égoïste de croire que ça serait plus simple ? Ne l'était ce pas que pour toi finalement ?

Enaell... Où est elle en ce moment, est-elle seulement au courant de ta mort ? Est-elle encore en vie ? N'as tu pas renoncé à la chercher, alors même que tu t'étais promis de la retrouver. Laell qu'as-tu fait de ta parole ? Ta petite soeur erre sans doute quelque part dans l'ignorance de ta défaite...

Elwenn... Tu en as vécu des choses avec elle. Tes débuts sur les routes, le retour avec les membres de la famille. Ta première ville pillée. Tu l'as défendu corps et âme quelques fois. Mais depuis combien de temps t'es tu éloignée d'elle aussi ? N'as tu pas creusé un fossé entre toi et tous ceux que tu aimes ? Crois-tu vraiment t'être défendue ainsi ? Bien sûr elle a fait des choix que tu as désapprouvé, mais ne t'a t'elle pas soutenue quand tu as voulu épouser Enjoy ? Et pourtant, toi et moi savons que ce n'était pas gagné entre elles.

Et tous les autres...
Regarde ta famille porter ton deuil. Regarde-les ! Tu les as guidé quelques temps, mais en as tu fait assez ? As-tu été assez idiote au point de préférer mourir qu'avouer ta faiblesse ? Crois tu qu'ils ont été aveugle ? Crois tu qu'aucun ne s'est posé de question sur tes absences ? Imbécile orgueilleuse... Tu les abandonnes tous... Tu aurais pu te soigner, le mal te rongeait et tu as délaissé ton envie de vivre.
Regarde-les ! Tous tes amis, tous tes compagnons de fortune, regarde les !

Laell, regarde ta vie. Rappelle-toi ton enfance, auprès de ta mère, à rêver qu'un jour tu vivrais comme ton père. Rappelle-toi tes premiers vols sur les étales du marché. Rappelle-toi comment tu es devenue ce que tu es. Regarde comme tu étais ambitieuse malgré ton jeune âge quand tu as rejoins Sad. Rappelle-toi ta joie quand tu as reçu ta première hache en guise de récompense à la prise de Mende. Rappelle-toi le goût de la bière qui coulait à foison dans ton gosier. Rappelle-toi tes années d'ivresse. Rappelle-toi comme tu t'es assagit avec le temps. Rappelle-toi de tous ceux qui t'ont appris, rappelle-toi ce que tu as transmis à ton tour. Regarde ce que tu es devenue. Regarde comme tu as soutenu Rod, tout comme Joy t'as soutenue par la suite. Regarde ce qui a fait de toi ce que tu es.
Tu as honoré ton nom. Le clan vivra encore après toi, comme il a vécu après Sad et après Rod. Regarde les enfants, n'ont ils pas autant d'ambition que toi à leur âge ? Le clan vivra !
Ouvre les yeux Laell ! Le jugement dernier n'est que celui que tu portes sur ta vie.

Rejoins tes ancêtres. Rejoins les matriarches qui ont rendu les armes avant toi. Le temps te fera entrer dans la légende si tes actes t'en ont donné le mérite.
Viens, rejoins tes aïeules, il n'est plus temps de regretter. Laisse ta famille porter ton deuil, protège les autant que tu pourras, veille sur eux.

Viens Laell, il est temps...

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Marieladamnee_
Une capitale, des blessures...

Cela faisait des jours que Marie avait reçu la lettre d'Enjoy, amenant la triste nouvelle. Son bras n'était pas en état de prendre la plume et elle était sous le choc de cette nouvelle ainsi que de leur poutrage.

Elle passait ses journées au chevet de sa blonde et de Johann qui avaient été plus grièvement blessés. Pour rien au monde elle n'aurait voulu perdre celle qu'elle aimait même si de fait elles avaient fait le choix d'une vie pleine de risques.

Elle repensa à l'unique fois ou elle avait rencontré Laell. C'était lors d'un entretien privé et elle l'avait trouvée pleine de vie et avec cet aura qu'ont ceux qui mènent. Les projets prévus à ce moment là étaient toujours en cours et elles iraient jusqu'au bout même avec les changements de donne.

Marie prit sa plume




Enjoy,

C'est avec tristesse que j'ai appris la nouvelle qui doit te bouleverser. Nous sommes de tout coeur avec toi pour affronter cette douloureuse épreuve.
Nous viendrons te voir bientôt. Enfin une rencontre avec une armée nous oblige à rester loin. Ma femme et Johann sont blessés et ne peuvent voyager pour l'instant.

Avec mon amitié

Marie



Marie prit un pigeon et envoya sa lettre qui n'était rien au vu de la douleur que devait ressentir l'italienne.
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Agnesina_temperance
Telle une Reyne, Laell Corleone avait été emporté par la mort. A la nouvelle, Ina était restée sans réaction et ce n'était pas parce que la nouvelle ne la touchait pas, mais parce qu'elle n'avait pas l'habitude de montrer ses émotions. Tout restait à l'intérieur. Les paroles et les actes. Elle n'avait parlé de Laell à personne et n'avait pas pleuré, parce qu'avec ceux avec qui elle avait grandi, c'était des choses qui ne se faisaient pas. Et cette éducation tendait à disparaître car assise, les yeux rivés vers le feu de camps, elle se surprenait à penser à Laell Corleone. Peut-être, était-ce grâce à la conversation qu'elle avait eu, hier dans la soirée, avec Enjoy ?

La mort était un phénomène étrange qui fascinait la Corleone. Quelle plaisir, quand elle sentait la faucheuse planer au-dessus d'elle et qu'elle pouvait narguer. Pourtant, la mort de Laell lui laisse une étrange impression. De vide. Narguer la mort était une chose mais quand elle prenait quelqu'un qui était dans l'entourage de l'Hermine, c'était différent. Ina ne savait pas à qui en vouloir pour cette mort. Si Laell avait été assassiné, tout aurait été différents, ils l'auraient vengés mais face à une maladie, elle était impuissante.

Aussi lui fera-t-elle un hommage à sa manière.


Citation:
A toi, Laell Corleone.
Peu importe où tu sois.

    Je ne doute pas que tu veilles sur nous et je sais que ça va te paraître étrange que je t'écrive une lettre mais c'est l'hommage que je te fais. Peut-être te diras-tu que je suis tombée sur la tête mais rassure-toi, je ne suis pas encore sénile. Je sais très bien que tu ne répondras pas à cette lettre mais peu importe. Le feu la consumera et peut-être te parviendra-t-elle.

    Laell, je ne t'ai pas beaucoup connu mais ça te fera sans doute plaisir de savoir que je me souviens que tu m'as vendu à bas prix une épée et que je me suis mise la honte en ne te reconnaissant pas la seconde fois. Ta mort est une grande perte car la Spiritu perd une grande meneuse et les Corleone perd une matriarche, une membre de la famille. Si le temps est aux regrets, je dirais que je regrette de ne pas t'avoir connu plus car tel les Roys, les Reynes de la Spiritu semblent être frappées par la même malédiction. Enjoy est touchée par ta perte, elle semble plus lasse depuis ta mort et même, si la tristesse pointe son nez quand j'y pense, elle a besoin de repos.

    Hier soir, nous parlions de ton héritage avec Enjoy et il est beau, même si des fausses notes dans la mélodie de la Spiritu Sanguis s'installent mais rien n'est parfait. Même si nous essayons et arriveront à nous approcher de la Perfection. Nous ne sommes pas la noblesse du crime pour rien. Grâce à ton règne et à celui d'Enjoy, le nom de Corleone et le groupe Spiritu Sanguis sont craints, non pas parce que nous avons fait une prise record de village mais parce que nous avons su choisir les cibles qui nous promettait richesses. Partout où nous sommes passés, les mairies ont trépassés, même Saint-Claude où personne n'osait attaquer. De nos exploits, je pourrais t'en conter mais tu veilles sur nous, tu constateras par toi-même et si nous faiblissons, viens nous hanter.

    Je pourrais te demander pourquoi tu n'as rien dit mais au final, je ne le ferais pas. J'aurais fait sans doute la même chose. Tu as été meneuse de Clan et comme toutes, tu as sans doute effacé la personne que tu as été pour les tiens. Parce que tu as mené une vie d'illégalité, tu as brulé la vie jusqu'à ce qu'elle te consume. Repose-toi dès à présent.

    Puisses-tu régner en Maître avec les autres Matriarches où que vous soyez.


Ina Corleone.


Elle relit ses mots et joint les actes en brûlant le parchemin, observant la fumée qui s'en dégage. Et au-dessus, un Argus de la sanguinaire femelle vole. Hum.
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