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[RP] La soirée de la Reyne et de son valet.

Agnesina_temperance
Agenouillée près de la rivière, la Corleone contemplait son reflet dans l'eau, le visage impassible et confrontée à sa propre image, les méandres de son esprit s'étaient transformés en tempête. Les flots des pensées submergeaient le pont et Ina avait l'impression de partir à la dérive. La jeune femme savait qu'elle n'était pas une enfant de chœur et pourtant, elle avait l'impression de toucher du doigt, ce qui était le plus terrible. Une once de décadence. Lorsqu'elle avait retrouvée sa famille, elle était arrivée sur ses gros sabots et avec ses valeurs, notamment qu'elle voulait rester vierge jusqu'au mariage mais la vie lui a appris que rien n'était simple. Il fallait battre pour survivre. Il fallait avancer pour vivre. La vie de brigande était une vie dangereuse et suite à sa correspondance avec son père, elle avait accepté de rejoindre la famille mais elle ne s'était jamais doutée de la vie qui l'attendait. Une vie qui change une personne. Piller une mairie et voler le pain des autres paysans dont certains vont mourir de faim, elle n'avait aucun remord et au début, c'était plus une curiosité qu'autre chose mais petit à petit, elle avait compris l'enjeu. Dans ce bas monde, il existait un équilibre. Les loups, les moutons et les chiens. Chaque nuit, une étrange danse s'opérait. Les loups attaquaient les troupeaux de mouton tel des brigands qui pillent une mairie et vole le pain de la bouche des paysans. Les chiens, sont parfois, à la hauteur et arrivent à repousser les assauts des loups tels les miliciens qui matent une révolte. Le jour, parfois, les maîtres des chiens demandent à ce que les loups soient éliminés et certains loups périront sous les crocs des chiens et les flèches des maîtres. Au-delà, de cette interprétation purement personnelle, la Corleone avait bien compris que cette vie était traître. Aujourd'hui, richesse. Demain, possible pendaison. Faire confiance à personne était devenu son mot d'ordre, même si elle se refusait d'aller au défaitisme et pouvait, parfois, apprécier quelques joutes verbales avec ses adversaires. Pourtant, cette vie l'amenait dans un terrain tout à fait inconnu. La quête de toujours plus de richesse et l'envie de découvrir chaque saveur comme si ce jour était le dernier.

Les tentations étaient là. Ina aimait Vélasco et pourtant, elle avait été prête à se laisser aller dans les bras du nouveau venu. Elle, qui s'était fait la promesse de rester fidèle, qu'elle avait en partie tenue puisqu'elle était partie avant que les choses n'aillent plus loin. Observant son reflet dans l'eau, la jeune femme se demande ce qu'elle allait et était en train de devenir. La vie jouait avec elle ou était-ce Déos. Ses doigts touchèrent sa croix réformée. Elle avait vu l'affiche d'un certain Maleus et elle avait pris l'initiative de lui écrire, parce qu'elle était pieuse et ne se reconnaissait pas en l'église Aristotélicienne, surtout depuis que l'évêque de Langres avait refusé le baptême de son compagnon. En quoi un simple homme et soit-disant, un messager du Très-Haut, avait-il le droit de refuser la confession et le baptême d'un autre homme car il ne le jugeait pas assez "vertueux' ? Ina avait senti une colère sourde monter en elle et au fond d'elle, elle savait que le Tout Puissant ne pouvait accepter la pratique de ces hommes qui, au final, ne cherche que le pouvoir. La correspondance l'avait séduite et elle avait décidé d'embrasser la Réforme car elle adhérait à une grande partie de ces idées. Elle ferma les yeux, un instant et sa main se referma vers un parchemin qui était au sol.

Une lettre d'Enjoy. La Zia. Une femme qu'elle admirait beaucoup et qui était un peu son modèle. Femme forte et femme de caractère. Belle, de surcroit. La Corleone avait appris à la connaître quand elles restaient à discuter tard dans la nuit. Nuit de confidence et un jour, la Zia lui a demandé ce qu'elle pensait d'elle. Pour Ina, c'était évident, la Cheffe était parfaite et la femme avait tendance à s'oublier, si elle n'était pas inexistante. Ses impressions se confirmèrent de jours en jours, Enjoy lui semblait mal et Ina tenait à elle, parce que malgré que la Zia était la Cheffe, elle lui avait donné les moyens d'évoluer et de se rendre utile. Enjoy était un mentor que la jeune femme ne voulait pas perdre et surtout, elle voulait connaître un peu plus la femme qui se cachait elle. Ces derniers temps, Ina ne cessait de lui dire qu'elle devait se détendre et sortir, un peu. Au bordel, par exemple. Oui, au bordel, car la Corleone se doutait bien que sa Cheffe ne risquait pas de mettre les pieds chez un tisserand ou autre chose du genre. Elle aurait pu lui proposer un cambriolage mais Ina pensait que ce n'était pas forcément une bonne idée d'amener un peu plus de travail alors que la Zia semblait si... fatiguée. La Zia lui demanda : " Veux-tu coucher avec moi ?" et une étrange ambiance s'installa entre les deux femmes. A la fois sur le ton de plaisanterie et à la fois sur un autre ton qu'Ina n'arrivait pas à expliquer. Au final, Ina lui avoua qu'elle n'avait rien à dormir avec elle et la discussion continua ainsi sur des taquineries et des questions.

Lorsque cette après-midi, la Jeune Corleone pressa le pas pour fuir le nouveau venu, elle s'était dirigée vers cette rivière et un pigeon ne tarda pas à se poser à côté d'elle. Un pigeon d'Enjoy. Elles dormiraient ensemble donc et iront dans un lupanar. Hum. Le lupanar la fit hésiter, parce qu'elle avait du mal à comprendre comment les gens pouvaient payer pour avoir du plaisir avec une personne qu'ils ne connaissaient pas, mais elle découvrait à peine cette vie, la Corleone. Tromper le Visconti, elle ne voulait pas le faire mais fort heureusement, il avait dit qu'il l'autorisait à découvrir les femmes. Du moins, c'est ce qu'elle avait compris. Au pire, elle prendra une courtisane ou payera un courtisan juste pour lui parler. C'est ce qu'elle voulait faire.

Lentement, Ina quitta la rivière pour partir à la quête d'une bonne bouteille de vin dans les tavernes. Elle n'allait pas aller dans la couche de la Zia dans les mains vides et autant, qu'elles parlent autour d'un bon verre de vin. Ne sachant pas les goûts de sa Cheffe, la Corleone opta pour du rouge. Son vin préféré.

Elle attendit que le soleil décline pour laisser place à la lune, promesse d'une nuit où les voiles tomberont et Ina espère qu'après cette nuit, la Zia connaitrait l'allégresse de cette vie qui n'était pas uniquement un sacrifice. Pour cause, le paysan qui travaille dur, peut certains jours de l'année abandonner ses fourches, pour aller danser au village, pour oublier un instant que la vie n'était qu'une chienne et que c'est un combat de chaque instant pour survivre. La messe servait parfois de sieste pour ce dernier mais chut, le curé ne serait pas content de l'apprendre. L'être humain est capable de beaucoup de chose quand il s'agit de s'adapter aux situations les plus difficiles et vivre car il le faut.

Le pas lent, Ina s'approcha de l'auberge où Enjo logeait et entra sans hésitation. Saluant d'un mouvement de tête l'aubergiste, la Corleone monta les escaliers pour atteindre le couloir des chambres. Les yeux rivés sur les numéros, Ina s'arrêta devant une porte et toqua.


« - Une visite nocturne, promesse pour une nuit de bon augure...

Sans attendre de réponse, bouteille de vin en avant, Ina entra dans la pièce pour faire face à Enjoy.

« -Je suis là.

C'était une évidence mais Ina avait, sciemment, fait exprès de ne pas répondre à la lettre de la Zia pour l'amener sur le chemin de l'incertitude.
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Enjoy
    *

    Une saison s'achève, une page se tourne. Les funérailles du frimas furent d'une beauté glaciale. Son corps recroquevillé au sein de sa dernière demeure contraste de blancheur en comparaison de la noirceur de la terre. Les gouttes juvéniles quittèrent le nid filamenteux que représentent les nuages. Tandis que la voûte céleste déserta l'azur au profit d'une inondation lacrymale. Sous les ordres de Mère Nature, les êtres cheminent dans le brouet traînant dans leur sillage ses enfants végétal : choux, carottes et blettes. Les hères courbent l'échine à chaque coups de fouet de ce système si particulier. Celui de l'homme soumettant l'homme. Il s'agit de la résurgence d'un instinct primaire. Lorsqu'on scinde la couronne juridique sur la trogne joufflue d'une élite, la force s'oublie derrière le rideau du pouvoir. Tout puissant seulement en façade car, à l'instar des milliards de perles d'eau claquant contre le pavé. La majorité taiseuse possède en elle toutes les prédispositions nécessaires pour renverser dans la fange, le fondement graisseux qui engorge ce trône en apparence inaccessible.

    « Je prends, ce que je désire. Telle est ma loi, telle est ma volonté. ».

    Dans les hautes terres d'Ecosse, là où le vent a pris résidence à l'année. Harcelant le tracé des côtes avec ses manières propres, assénant froidure et tempétueux caprices sous les hardes des lézardes d'un triste jardin d'Eden. Les rayons solaires suivent un apprentissage hésitant. Balbutiant une once de chaleur, juste de quoi sustenter la photosynthèse et l'appétit vorace de la flore. Les peuplades, quant à elles, se complaisent dans la rusticité omettant sciemment les signes de faiblesse. On ne se dit peu de chose et quand on le fait, c'est avec distance. Dissimuler les émotions derrière les remparts d'un faciès insondable. Depuis sa naissance, la jeune bâtarde née sous le signe de l'ignominie, suit les pas de ses ancêtres, s'abreuvant des contes et légendes d'un royaume proche. Fille d'un chef de guerre et d'une brigande, l'ébène de son épiderme marqua sa différence tout au long de son enfance et de son adolescence. Paria, engeance démoniaque, souvenir d'une nuit arrosée, d'une rencontre fortuite, d'une mémoire à effacer. Parmi les railleries et les nombreuses brimades, le chardon a su percer la crasse ambiante. Et se forgea une arme indestructible, celle de sa détermination sans faille. Avec ceci, son esprit s'imprégna d'une multitude de principes. Ainsi, ses manques devinrent ses particularités et un jour, la mustélide passa la muraille de l'autre monde, de l'outre-tombe.

    Cinglante, passionnée, les premiers mois lui apprirent ce qu'une demi-existence ne su combler. Paris, la cour des miracles, la suite de sa chute glorieuse vers les bas fonds. Puis vient le tour de son long périple en Italie. Acceptant, sans rechigner, la force d'Apollon venant caresser et lécher d'une lumière harassante son visage d'Aphrodite. La femme en devenir se plongea dans les bains nacrés de ses racines oubliées. En quête de trésors, à la recherche d'un bonheur inabordable. Retour en France, la suite est connue. D'animale solitaire à Lionne, elle gravit une à une les barres d'une échelle sociale si importante à ses yeux. L'Héritage, comme elle le nomme si souvent, n'accepte ni la défaillance, ni la médiocrité. Il transpire un respect inexplicable pour le quidam. D'aucuns ne pourra saisir l'aura entourant les figures emblématiques du Clan. En commençant par le point Alpha, la Belladone. Durant longtemps, l'italienne cru bon de lui ressembler. Après tout, fallait-il bien emboîter le pas de quelqu'un. Quitte à le faire, autant qu'ils suivent les traces d'une quasi déité. Seulement, avec le temps, les idoles s'effritent peu à peu. La vérité ou les faits les rattrapent, les surpassent. Aujourd'hui, Corleone, c'était elle. Un titre tant désiré devenu un véritable fardeau. Jusqu'à en oublier de vivre, elle représentait la famiglia. Le symbole de la génération actuelle, que ce soit auprès des siens, comme dans les tranchées de ronces du « milieu ». Et dans son évolution ou sa régression, son principal adversaire ne fut pas les autres mais bien son propre ego. Une fois ce dernier réduit à sa plus simple expression, c'est une meneuse en cuirasse qui se présenta aux portes des Enfers. La tanière du Cerbère aux narines fumantes et les crocs dégoulinant d'un nappage carmin.

    Suite à moult faits d'armes, la voici à son tour épuisée, restreinte à sa fonction. Fière lionne qui ne rugit presque plus. L'ambition, l'inspiration ce sont envolées, l'étincelle s'est tue. Désormais, le cor de la retraite retentit dans la vallée des condamnés. Son devoir ultime revient à céder sa place à ses protégées. Ces dernières ont été formées par l'exemple. Apprendre en tâtonnant sous la houlette de la sombre mercenaire qui ne pardonne que très peu les erreurs. Ses mustélidés, ses presque filles. Hermine à la fourrure liliale consume les espoirs mourants. Malgré la négligence de sa posture, son âme s'enveloppe de lys et de soie. Des étoffes céruléennes pour la princesse de la rapine parce que si l'une est une reine sans couronne. L'autre ne pouvait se soustraire à un noble lignage. Et donc la dite Ina eut l'étrange idée de divertir l'ante-madone. Parce que, paraît-il, ses joues ne s'empourprent plus assez. L'italienne crut rêver en oyant sa cadette entrain de tenir pareil discours. Elle. Elle, qui des mois auparavant, desserrait à peine les dents. S'offusquant du moindre propos délictueux, une jouvencelle prête à rejoindre le couvent. Maintenant, elle toise l'inconnu, jure, crache presque, et baise comme les autres. L'influence de Joy se ressent parmi l'ensemble de son entourage. Qu'ils eussent été de simples débutants, de la bidoche à malmener ou bien des piliers inébranlables, quelque part, les impalpables chaines de ses onyx gravèrent son nom à l'intérieur de leurs mémoires. Même que parfois ces meurtrissures engendrèrent des déviances, des inclinations sexuelles jusqu'alors inimaginables devenues soudainement une seconde nature. Luxure, orgueil, envie ou encore avarice devinrent l'hymne des siens. Encore plus que par le passé. Un jour, son désir fut sans doute de redorer le blason d'un Clan et d'enluminer de son passage les plus belles pages de l'Histoire. Pour la gloire et la volonté de ne pas affliger ses aïeux d'un piètre palmarès. Maintenant, il s'agissait plus de convertir le « Je » en « Nous » car le « Nous » est dorénavant leur jeu.

    Lovée contre un pan de ses draps, le linceul des amants de la petite mort. Les paupières closes, in naturalibus, le sommeil la guette, tapis dans l'ombre. Bien plus tôt, elle eut envoyé une lettre à sa comparse sans l'once d'un retour. Triste ou indifférente, son corps préféra noyer son faux chagrin parmi la chaleur de sa couche. Jusqu'à l'instant fatidique. Celui où un inconscient vient frapper à la porte de sa suite. Ses muscles endormis râlent de devoir reprendre leurs efforts, la silhouette harmonieuse de la brune se détend, cheveux en bataille. Ses doigts glissent dans ces derniers pour les remettre d'aplomb. Ce n'est pas parce qu'elle se pieute que la prestance doit s'évader de sa cage. Une courte chemise s'arrêtant à mi-cuisse dissimule ce qui doit de l'être. La démarche traînante vers l'entrée s'interrompt quand l'audacieuse pénètre dans sa tanière sans demander son reste.

    « Je suis là. »

    Ce à quoi elle répond du haut de son épaule droite à moitié dénudée.


    Je vois ça.

    Maintenant, peut être était-il venu le moment de meubler autrement que par l'étalage du mobilier ou de son accoutrement ensommeillé. Ses prunelles s'arrêtent un instant sur la bouteille de vin. Ses lippes s'étirent avec amusement, ils la connaissent pas tant que ça. Corleone boit que très peu pour éviter de troubler ses sens. Mais cette fois-ci pour ne pas décourager son vis-à-vis, les efforts seront présents. La main de la sulfureuse italienne attire dans son giron l'Hermine l'entraînant jusque dans son lit. Après tout, elles doivent bien...coucher ensembles.

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[Manque de temps IRL. Retour bientôt.]
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