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[Rp] Exorcisme : Le nom de la rose ou l'ombre à la lumière.

Marie_clarence
La saison était encore froide et le monastère baignait ces derniers jours dans une brume épaisse. Les moisissures et autres lierres s'en donnaient à cœur joie pour grimper sur les murs et les moines devaient rajouter une petite couche supplémentaire pour ne point refroidir entre deux travaux ardus. La nuit était tombée et après la dernière homélie, chacun regagnait sa cellule d'un pas lent et serein. Le silence faisait place, lentement les murmures des dernières prières se faufilait comme des bruits de revenant quand la lune pleine et haute baignait les visages passant dans les interstices des barreaux et fenêtres.

Soeur Marie-Clarence regardait l’astre alors qu'elle ajustait son écharpe noire sur sa bure noire et blanche. Normalement, elle aurait dut avoir une bure entièrement noire mais elle n'avait pu s'y résoudre. Par habitude, par conviction et puis pour ne pas éveiller les soupçons. Une dague dans le creux de la manche attachée par une lamelle de cuir finement dissimulée, ses cheveux rouges feux relevés. Elle plaça sa rose rouge dans ses cheveux, se mordit les lèvres puis alla reconsulter son livre des vertus.



Il était quelque chose d'être soldat, de sentir l'heure approcher, le glas, il était encore tout autre d'être soldat du Très-Haut. Ceux-là ne payaient pas de mine, celle-ci pas très grande, pas très charnue, un visage doux presque angélique, des yeux bleus perçant comme de la glace, à peine femme, déjà forte en caractère. Elle l'avait choisi et quand d'autres faisait baigner le sang d'un frère humain, elle avait choisi de se battre contre les diableries, contre les abominations qui rongeaient les hommes. Tel était sa quête, son fardeau. Un ennemi dangereux, pernicieux, invisible qui allait payer le prix fort ce soir.

Se levant lentement, elle descendit au sous -sol dans la salle qu'elle avait préparé pour et y colla l'affiche pour que chacun soit prévenu :



Citation:






Autorisation d'exorcisme

Mgr. Marie-Clarence de la Rochefoucault-Mirandole est autorisée de pratiquer un exorcisme dans le le duché de Guyenne




Nous, S. E. Casiopea Alonso Beltrán dans notre capacité de vice-archexorciste, au nom de Mgr. Sir.Johnny, archexorciste, devant le Très Haut et sous le regard d’Aristote le Prophète,

Autorisons

Que Soeur Marie-Clarence de la Rochefoucault-Mirandole officie le sacrement de l'exorcisme sur Mac Fadyen Eriksen, enfant de Dieu frappé avec la possession d'un démon de type Tisirhée, après avoir lu l'investigation faite par notre consoeur et entendu l'avis favorable des autres exorcistes. Tout fils du Très-Haut doit être sauvé, donc Soeur Marie-Clarence de la Rochefoucault-Mirandole assurera le secours de cette pauvre âme.

Pro Ecclesia Romana et pro Propaganda Fide

Fait à Rome, le VIII du mois de april de l’an de grâce MCDLXII de Notre Seigneur





Casiopea Alonso Beltrán
Vice-archexorciste.


Ensuite, remontant lentement, aussi discrète et silencieux qu'une petite souris, elle rejoignit Alphonse devant la porte de la bête. Sortant une éponge humide imbibée d'une décoction anesthésiante, elle fit signe à son aide de se tenir en retrait avec douceur. La bête dormait à point fermé gardant bien son otage près de lui. Elle humait de plein nez l'odeur soufreuse et putride de la pièce et s'approcha sur la pointe des pieds avant de plaquer son éponge sous le nez de ce qui semblait être un homme ...pour le moment.
Quelques secondes pour parfaire l'état de sommeil et l'envoyer dans des rêves, geler l'âme, geler le corps un bref instant.


Alphonse ? Venez...

Elle le fit venir pour l'aider à la manutention. Marie se frotta le bout du nez, embrassa sa médaille d'Aristote bénie puis donna un petit soufflet à l'endormit, puis une plus forte sur la joue du possédé.

Je pense qu'on y est !

Sa voie était douce, parfaitement détachée, calme et sereine mais sait-on jamais, elle lui en remit une autre encore plus fort de quoi laisser l'empreinte de la main sur la joue quelques minutes. Ça semblait parfait bu l'absence de réaction et surtout de douleur ressentie pour son sujet. Et puis il fallait excuser la nonnette, c'était son premier rituel aussi.... pas de chance pour le démon, ni sa victime... Du moins, lequel était la victime de qui à présent ?

Le possédé de la religieuse ou le possédé de son démon ?

Elle prit par les jambes Soren, Alphonse lui prit les bras, et ils descendirent jusqu'à la pièce réservée tant bien que mal. Une pièce froide dans les caves, pas loin du rangement des fût de bières. C'était un endroit dégagés, entre d'épais murs, il n'y avait rien dedans aucun meuble, seulement une chaise de fer, boulonnée fermement sur le sol avec quatre chaines également de fer. Un grand cercle avec des dessins étranges sur le sol fait avec de la chaux, quelques bouteilles remplies, juste un peu de pain dans un panier à même le sol. Ils y posèrent l'homme avant que Marie ne l'attache aux poignets et malgré tout à ses chevilles bien que ses jambes étaient morte.


Quoi que je fasse, n’intervenez pas, si je dis de sortir vous sortez, si je vous dis de m'enfermez, vous m'enfermez, je ne veux nul questions, nul interférence et ne réagissez pas surtout ! Si çà devient trop, sortez.

Elle n'était plus seulement qu'avec Alphonse et l'avait senti derrière elle alors que son seul regard allait vers le pauvre Soren roupillant. Elle sentait la pression de ce moment, tout ce qui la tracassait auparavant était loin derrière elle. Après de longues heures de méditation par la prière, de concentration, elle était prête pour sa tâche et ne faillirait pas. Elle s'était promit de délivrer Soren de son mal, elle le ferait quoi qu'il lui en coûte. Elle détacha son écharpe, symbole de son rang autour du cou du possédé puis se recula, ouvrant son livre des vertus qu'elle avait descendu au préalable.

Attendant progressivement le réveil accélérés par une petite mixture qu'elle passa sous le nez de Soren, lorsque l'état d'émergence arriva, Marie se saisit d'une des bouteilles contenant de l'eau bénite et aspergea Soren par plusieurs giclées forte sur le visage tenant dans son autre main, le livre des vertus ouvert et récitant à voir forte et avec conviction :


Credo in Deum,
Altissimum Omnipotentem,
Creatorem caeli et terrae,
Inferos et paradisi,
Ultima hora animae judicem nostrae

Et in Aristotelem, prophetam,
Nicomaqui Phaetique filium,
Missum ut sapientiam et universi
Divas leges errantibus hominibus erudiret

Credo etiam in Christum,
Natum ex Maria et Ioseph,
Vitam dedit ut nobis paradisi viam monstraret
Sic, postquam sub Pontio passus est
Propter salutem
Nostram martyr perivit
Consecutus est Solem
Ubi Aristoteles ad Altissimi dexteram eum expectabat

Credo in Divinam Actionem,
Sanctam Ecclesiam aristotelicianam, romanam, unam et indivisibilem
Sanctorum communionem,
Peccatorum remissionem,
Vitam aeternam.
Amene.

_________________
Soren
Accoudé sur le pont du bastingage, les embruns fouettent mon visage, déposant sur ma blonde chevelure une fine pellicule d'eau de mer. Devant le ciel est gris et menaçant. Cela n'annonce rien de bon. Sans doute n'échapperons nous pas à la tempête et cela me rend soucieux. Ce coin de la mer du Nord n'est pas spécialement réputé pour être clément avec les navigateurs. Sur la proue du navire, une mouette rieuse est venue planter ses griffes dans le bois de cèdres, se gaussant de cet équipage qui, pour elle, court au devant de la mort.

- Vas-tu maintenant nous dire Seurn, où tu emmènes tout ce petit monde?

- A Hoy

- Hoy? Ce petit bout de rocher insignifiant, planté là-haut dans les Orcades? Mais qu'est-ce qu'il y a à faire là-bas qui vaille la peine de déplacer tout ce monde?

- Oui Jørgen! Là-bas, il y a mes terres! Et nous allons les reconquérir par la force s'ils le faut!

- Tes terres? Lars avait des terres là-bas?

- Pas Lars. Hakon Hårfagre Eriksen! Lui avait des terres là-bas...avant qu'une révolte ne l'emporte!

Jørgen ne connaissait pas toute mon histoire. Il devait bien se douter que je ne lui révélerais la vérité que parcelle après parcelle. Il savait quand s'arrêter de poser des questions. C'est ce que j'aimais chez lui. Jamais un mot de trop. Tout à l'opposé de Niels. Au loin on ne perçoit encore aucune terre. Les Orcades sont encore à quatre ou cinq jours de navigation. Le regard de Jørgen se porte vers l'horizon, vers le même point que je scrute également avec désappointement. Il n'en parlera pas mais lui aussi ne doit pas voir cette tempête d'un bon oeil. Il a trop l'expérience de la mer pour ne pas prendre cela au sérieux. Bah! Mieux vaut ne pas en parler, ça risquerait d'attirer le mauvais oeil sur cette expédition.

Soudain, un voile passe sur ma bouche. j'ai l'impression un instant que je vais étouffer. Je me retourne au moment où une personne me colle au bastingage. Surpris, je n'ai pas le temps de réaliser ce qui m'arrive qu'une première gifle s'abat sur ma joue.


- Alors, comme ça, il parait que tu as couché avec cette servante à Helsingør avant que l'on quitte le port?

Il y a des questions auxquelles une femme n'attend aucune réponse. Visiblement, celle-là en faisait partie. A peine ai-je le temps de réaliser à quoi Karen fait allusion qu'une autre gifle s'abat sur moi avec plus de vigueur.

Les mâchoires crispées, le regard mauvais planté dans le sien, mes paroles sont durs, sans aucune compassion.


- Ne me gifle pas devant mes hommes! En aucune façon, tu n'as ce droit! As-tu compris? Quelles que soit tes récriminations envers moi! Tu me dois obéissance comme chacun de ces hommes. Est-ce clair?

La main que je tiens cherche à me résister. Cela se lit aussi dans son regard, sur son visage. Si elle pouvait, elle me mordrait pour pouvoir me dominer. Ou encore elle me jetterait à l'eau! Je regrette de l'avoir emmener. Une femme n'a pas sa place sur un navire. Et celle-là moins que toutes les autres! J'ai été faible avec elle. Beaucoup trop faible! Tout ça parce qu'elle embrassait bien! Quel est son objectif? M'épouser? Régner sur Hoy avec moi? Je lui ai pourtant dis que je ne prendrais pas d'épouse. Ma descendance sera assurée en légitimant un ou deux bâtards. On ne peut choisir ses enfants légitimes. Si ton ainé a un pied-bot, s'il est laid ou simple d'esprit, tu dois assumer. Un bâtard, tu peux choisir de le légitimer ou pas.

- Et maintenant...file! File avant que je ne regrette de ne pas t'avoir passé par dessus bord!

Dans un dernier geste de défi, son regard maintient le mien avant qu'elle ne se décide à rompre le contact et à retourner dans sa cabine. Je n'aime guère le regard interrogatif que Jørgen pose sur moi.

- L'aurais-tu vraiment passer par dessus bord?

L'aurais-je vraiment fait? Là est toute la question. En être capable oui. Mais cela n'est pas suffisant pour lui répondre. Son crime valait-il un tel châtiment? Peut-être...Peut-être pas. La justice existe t-elle vraiment dans ce bas monde? Ou seule la divine justice n'a d'intérêt? Au fond, cela avait-il vraiment de l'importance qu'elle le mérite ou pas si seulement moi, je l'avais décidé.

Les nappes de brouillards éparses qui flottaient autour du navire se dispersent peu à peu. Des brins de lumière viennent percer mes paupières et s'infiltrer au plus profond de moi à partir de ma pupille. Le ciel gris s'efface pour laisser la place à un toit sombre et humide duquel des gouttes d'une eau insalubre tombent sur le sol. Il fait toujours aussi froid par contre. La mer a cédé sa place à des vagues de carreaux d'argile ou de pierre, je ne sais. Jørgen a disparu. Peut-être est-il allé compter fleurette à Karen? Où suis-je? Sommes nous arrivés à Hoy? Non...Tout ceci n'était qu'un rêve. Les brumes du sommeil s'effilochent lentement alors que mon esprit reprend contact avec la réalité. Le froid dans le dos me fait frissonner. Les pieds de la pièce où je me trouve n'ont rien de très accueillant. j'ai l'impression de me retrouver dans cette cellule, là où Lars m'avait enfermé après que j'eux refusé son mariage arrangé. Oui c'est ça! C'est la même ambiance! Un raclement métallique contre le pierre se fait entendre alors que je porte les mains au visage. Enchainé. Je réalise soudain que mes mains sont entravés au sol. Impossible de me déplacer. Impossible de m'enfuir... Suis-je donc prisonnier? Qu'est-ce que je fais ici? Et d'abord où suis-je et qui m'a capturé?

J'ai à peine le temps de rassembler mes idées qu'une voix familière se fait entendre. On dirait une litanie. Non. Une prière! C'est une prière! Affolé, je tourne la tête vers la source des paroles pour apercevoir...


- Ma soeur? Mais...Qu'est-ce que signifie tout ça? Où suis-je? Pourquoi ces chaînes?!!?!? Qu'est-ce qui se passe ici?
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Marie_clarence
Le noir, juste deux-trois chandelles au murs qui éclairaient la pièce. L'exorciste ne s'arrêta pas quand Soren parla et termina jusqu'au bout son crédo, presque imperturbable et concentrée. Savoie étai aussi douce que neutre et détachée, convaincue et elle releva à la fin la tête vers le possédé.

Il était étonnant comme la nature l'avait doté de ce regard, des yeux d'un bleu ciel irisée et presque cristallin qui semblait faire rebondir la lumière des chandelles, aussi doux que perçant et qui donnait l'impression à la personne en face que la petite pouvait lire, à tort, à travers une âme. Bien que parfois, elle pressentait certaine chose et ici, elle avait vu jute pour Soren.

Elle ne bougea pas un moment, juste le fixant le défiant du regard


On n'interromps pas quelqu'un qui parle, encore plus quand c'est le crédo !

La pièce était froide humide, tellement que la cave semblait flotté dans un étrange brouillard à leur pieds. Marie-Clarence se tourna vers la personne la plus proche d'elle et lui tendis précieusement son livre des vertus puis tendit les mains vers le ciel, levant son regard en haut puis sur Soren.

Je ne connaîtrais pas la peur que les démons imposent au monde.
Je laisserais la peur et l'horreur glisser sur moi
Le Seigneur m'a donné la force de lutter contre toi, abjecte creature.
Je te combattrais au nom du Tres haut et triompherais de toi au nom de la seule vrai foi.
Lorsque je t'aurais vaincu il ne restera plus rien d'autre que moi.
Aux enfers ton âme sera condamnée a errer pour l’éternité et y souffrira les affres de la douleur éternel,
bannie par le Tout Puissant pour l’éternité.

Très Haut, aide notre frère Soren à se libérer de ce démon Impie, par ta Grâce et ton amour, guide ton fils dans la lumière !

Toi le Tisirhée soma exomen, laisse ce pauvre erre en paix, lui qui vire à une vie meilleur et te défie ne venant résider dans la maison de Dieu. Laisse cette innocent à son existence dans l'amour du Divin.


Et là, le regarde de l'exorciste ne bougea pas du possédé, fixant non plus l'homme mais la bête, le monstre qu'elle appelait à elle, ce n'était que çà foi et le courage qui faisait dominer la peur et le stress du moment. Qu'allait il arriver après ? Seul le Très Haut le savait

C'est toi là bête à qui je parle, toi monstre impie de la colère et felon, le couard, qui se sert d'autrui pour arriver à tes fins ! C'est toi qui le pousse hors de lui, c'est toi qui l'a peut être privé de ses jambes, qui le prive de sa mémoire.

Toi Tisirhée, tu vis tes dernières heures sur terre car je te bannis !


La voie froide, détachée, convaincue, elle sentait son cœur battre dans sa poitrine. Elle attendit la réaction avant de reprendre le livre des vertu faisant face à la bête et lisant :



L’éclipse chapitre VI: Le soleil

Alors que la petite pièce où je me trouvais avec cette étrange inconnu montait, j’avais la sensation désagréable d’être plus lourd qu’à mon habitude. Mais, lorsque elle s’arrêta, je me sentis un instant extrêmement léger. Je n’avais pourtant ni grossi ni maigri pendant ce court laps de temps. La porte s’ouvrit en deux, comme je l’avais vu plus bas. L’inconnu se retourna alors vers moi et me dit: “Vous êtes arrivé.”. Il arborait un sourire plein de gentillesse et de douceur. Cela me redonna un peu d’entrain et j’osai enfin lui demander: “Mais qui êtes-vous donc ?”.

Il me répondit: “Je suis le passeur, le seul ange à rester pour l’éternité en dehors du Paradis. Mon rôle est d’accompagner jusqu’ici ceux qui n’ont pas encore fait le choix.”. “Quel choix?”, m’écriais-je, interloqué. Mais, sans me répondre, il afficha encore un de ses beaux sourires et tendit sa main vers l’extérieur de la pièce pour m’inviter à avancer. Voyant que rien ne pourrait lui soutirer plus d’informations, je décidai d’avancer. Une fois sorti, la porte se referma derrière moi, ses deux parties se rejoignant, et j’entendis la pièce redescendre.

Je m’attendais à trouver un paysage idyllique, mais, au lieu de ça, j’avais encore et toujours cette détestable pierre bleue qui composait le pic infernal. Elle avait été taillée pour obtenir une sorte de terrasse. Je me demandai comment sortir de ce que je croyais alors être un ignoble traquenard. En effet, j’avais atteint le sommet et n’avais aucune chance de ne pas tomber si j’essayais de descendre par la paroi du pic. Quant à l’étrange porte, je ne savais pas comment l’ouvrir. Je m'asseyais donc, en pleurs, me demandant quel horrible péché j’avais pu connaître pour être ainsi puni.

Quelques instants plus tard, j’entendis un concert de battements d’ailes. Je levai les yeux et vis un magnifique spectacle: sept anges étaient en train de se poser sur la terrasse bleue. Je reconnu l’Archange Michel, saint patron de la Justice, en armure, tenant en main une magnifique épée et un grand bouclier aux merveilleux ornements. Mais mes connaissances théologiques étaient limitées et je demandai, non sans honte à qui j’avais affaire. Je m'attendais à entendre quelque reproche, mais ce ne fut pas le cas. Tous me regardèrent d’un regard plein de douceur et d’amour.

L’un d’eux s’avança et me dit: “Je suis Georges, Archange de l’Amitié. Et voici Gabriel, Archange de la Tempérance, Michel, Archange de la Justice, Miguaël, Archange du Don de soi, Galadrielle, Archange de la Conservation, Sylphaël, Archange du Plaisir, et Raphaëlle, Archange de la Conviction. Nous sept, sous les ordres du prophète Aristote et du messie Christos, sommes chargés de guider les humains sur le chemin de la vertu, qui les mène vers Dieu et Son Paradis.”

J’avais en face de moi les sept humains les plus importants de l’histoire, exception faite d’Aristote et de Christos. Devant un tel privilège, je ne pus que me prosterner à leurs pieds, face contre terre. Mais Georges me dit: “Ne te prosterne pas devant nous : nous ne sommes en définitive que des humains. Seul Dieu mérite cela. Nous sommes Ses humbles serviteurs, accomplissant Sa divine volonté. Mais viens avec nous, car l’heure est bientôt venue de faire le choix. Nous sommes là pour te mener au soleil.”

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Alfonse


Alfonse fait'ci, Alfonse fait' ça...

L'édenté grommelait dans sa barbe. La P'tite Sœur lui donnait autant d'ordres que la Sainte Nitouche d'Ellya. Mais bon, la Sœur Clarence était bien plus jolie à voir! Il avait reçu ses ordres un peu plus tôt: son nouveau copain devait être endormi pour être transporté ailleurs et sujet à diverses prières. Et surtout, fallait pas l'prévenir, qu'elle avait dit. l'Alfonse savait qu'après ça on le laisserait boire de la nouvelle cuvée, alors il avait trop rien dit.
Et quand la Marie lui avait dit de le prendre par les bras pour qu'ils le portent, bah il s'était exécuté aussi. Puis il avait jamais assisté à ça, et ça valait peut-être le coup d’œil!


J'f'ras comm' vous voulez, la Marie!


L'Alfonse il connaissait rien à toutes ces bondieuseries, mais il se rendait bien compte que l'instant était solennel. Le réveil de son copain lui a même tiré des frissons: il aimerait vraiment pas s'retrouver à sa place.
Il attrapa le Livre des Vertus quand la p'tite Sœur le lui tendit, en silence. C'était certainement pas le moment de raconter la blague de la paysanne et de son cochon de lait!
Quand elle voulut reprendre le livre, il n'insista pas. Bondieu qu'son copain était en mauvaise position. Il eut un brin de pitié, l'Alfonse, et sortit de sa chemise un fiole d'alcool avant de s'en prendre une rasade.
Soren
Mais qu'est-ce que c'est que ça? On dirait une mise en scène macabre et de mauvais gout. Où suis-je? Cet endroit ne me dit rien. Jamais jusqu'à présent je n'y ai mis les pieds. Combien sont-ils autour de moi? Quatre? Cinq? Dix? En réalité, le nombre n'a guère d'importance. Ce qui m'importe c'est de savoir ce que je fais là dans cette pièce, avec Sœur Marie-Clarence dans un accoutrement que je ne lui connais pas et toutes ces mines aussi pathétiques que celle d'un condamné à mort qui aurait accepté son destin.

- C'est gentil d'avoir voulu égayer mes longues soirées de printemps ma Sœur...Ça, il me faut bien reconnaître que votre imagination est fertile, que vos idées sortent du commun... Mais si c'était pour me faire plaisir, vous auriez pu tout aussi bien mander les services d'une accorte liseuse qui m'aurait conter, d'une voix suave, l'une des légendes interdites qui se trouve couchée dans l'un des livres interdit.

Ironie? Parfois. Quelques miettes de cette épice rehaussent souvent le gout et l'intérêt d'une conversation et j'avoue que j'aime en user de temps à autre. Moi qui me plaignais de manquer d'imprévu ici, me voilà servi! Le moment aurait pu être plaisant, même risible si... si je n'avais pas les mains attachées à ces chaînes fixées au mur, si mon esprit ne vagabondait pas encore dans un champ de brumes, si mes jambes pouvaient bouger, si j'avais encore une lame pour donner un peu plus de poids à mes arguments. L'ironie n'a d'intérêt que si elle est appréciée de votre interlocuteur. En l'occurrence ici, Marie-Clarence ne semble guère touchée par mes paroles. Elle continue, imperturbable, sa...cérémonie? ... comme si de rien n'était et moi, tout cela commence à me fatiguer. Le masque de bonne humeur qui ornait jusqu'alors mon visage cède peu à peu le pas à celui de l'incrédulité. Les chaînes qui entravent mes mouvements et me privent de ma liberté sont solidement ancrées au mur. J'ai beau tirer dessus, cela n'y change rien excepté que le métal des menottes marque profondément les chairs de mes poignets. Les paroles de Marie-Clarence sont désormais le moindre de mes soucis. Qu'importe ce qu'elle raconte, elle ne semble pas vouloir entamer la conversation. Elle est perdue dans ses pensées, dans ses discours liturgiques. Elle semble être ailleurs, s'adressant à je ne sais qui…mais pas à moi. Mes muscles tendus sous l'effort commencent à se tétaniser. Lacérée, la chair meurtrie des poignets se teinte d'un rouge sanguin. Des mots sans significations viennent heurter les parois de ma conscience, rebondissant d'un côté pour mieux venir d'écraser de l'autre, entrainant ma conscience dans un tourbillon qui finit par tout balayer, tout emporter sur son passage. Lui vient de comprendre ce qui est en train de se passer en moi. Je le sais. Le maelström de sons et d'odeurs le sorte peu à peu de sa torpeur. La douleur qui se propage insidieusement au travers de mes veines est la fontaine à laquelle Il s'abreuve. Elle est celle auprès de laquelle Il puise sa force. Il...Ce Lui qui est moi aussi.

Les images captées par mes yeux s'embuent peu à peu. Elles se déforment hideusement, se liquéfient pour reprendre une autre forme tout aussi macabre... Il fait noir ici. Mes yeux ont beau être accoutumés à la pénombre, sans le moindre rayon de lumière il n'y a rien à faire. Pourtant, je sais qu'il ne m'a pas crevé les mirettes, qu'il ne me les a pas brulé avec une lame chauffée à blanc. Il n'a pas eu cette cruauté. Pas encore... Il me fait pourrir à petit feu, enchaîné à cette paroi humide qui ruisselle sans cesse. Pas eu cette cruauté? Par moment, j'ai l'impression qu'il a fait pire. L'homme a développé sa vue pour en faire son sens principal et quand il en est privé, son imagination travaille jusqu'à le rendre fou. La première chose qui retint mon attention au réveil fut ce mélange d'odeurs insoutenable : celui des excréments en décomposition, celui de l'humidité sur laquelle se développent la moisissure et les mousses verdâtres, celui du sang, de l'urine, de la transpiration... Cette odeur de crasse qui émane de chaque recoin de mon corps. Et puis, le son a fait son apparition dans mon nouveau décor. Ça a commencé par une goutte qui tombe du plafond à intervalle régulier et qui vient mourir dans cette flaque d'eau délétère sur un sol humide. Au début, j'y ai prêté attention. Je me suis mis à les compter. Plic...1...Ploc...2...Plic..3... Elles ont fini par m'ennuyer et j'ai essayé de les oublier. En vain. Elles se sont agrippées à mon esprit comme la lèpre s'accroche à un malade pour le décomposer petit à petit. Elles ont tapissé les parois de mon âme d'une mince pellicule de folie, si fine qu'un sursaut de conscience et de concentration la brisait au début. Le tissu s'est alors renforcé, solidifié. Les fibres se sont nouées plus fortement les unes aux autres pour offrir une meilleure résistance face à la force de mon humanité. La lutte a fini par s'équilibrer au fur et à mesure que les privations faisaient leur effet: faim, soif, fatigue étaient les trois piliers autour desquels elles venaient s'enraciner, s'enchevêtrer solidement. Là-dessus se sont ajoutés les couinements, celle de la vermine dont je devinais la présence sans jamais la voir. Il y avait tout une vie invisible autour de moi : grincements métalliques, bruits de pas dans le couloir, grattements, reptations, craquements à peine audible, petits cris aigues. L'absence de vision avait renforcé mon audition et mon odorat. Je percevais dix fois mieux les sons et les odeurs, avec dix fois plus d'acuité et de puissance. J'avais fini par tenter de me boucher les oreilles, et quand j'y arrivai, l'imagination prenait le relai du sens que j'essayai d'occulter. Ça en devenait presque pire. C'est ainsi qu'il pratiquait Lars. Toujours. Casser la volonté de l'esprit plutôt que de s'obstiner à casser le corps. Le procédé prenait plus de temps certes, mais c'était sans doute ainsi qu'il prenait sa jouissance. C'était la façon de se comporter des Eriksen.

Non! Il n'était pas question que je revive ça! Plus jamais! Je m'en étais sorti une fois. J'avais visité l'enfer lunaire et je m'en étais échappé...avec l'accord du maître des lieux. La vision disparaît. Le retour à la réalité est brusque. Les souvenirs du passé ont mis ma sensibilité à fleur de peau. Plus jamais… M'entendez-vous? Plus....jamais!


- Assez!

Le ton est étonnamment posé. Il marque une détermination qui ne présage rien de bon. Celui qui est enchaîné au fond de mon esprit s'est relevé. Il doit sourire maintenant. Il sent que cela va être un bon jour pour Lui.

- Assez!

La tête se redresse avec lenteur. Du regard, je cherche les prunelles de la Sœur en noir et blanc. Les muscles de mon visage tendus, mes yeux font état de détermination et du grondement de la haine que j'entends arriver au loin. Le bruit du ressac se fait de plus en plus fort. Elle prend de la force, de la vigueur. Elle se rapproche. Inexorablement. Rien ne peut l'arrêter. Gonflée par la similitude avec le passé, par le présent qui vient jeter du sel sur une plaie qui ne sera jamais refermée, l'envie de violence enfle jusqu'à en déborder de ma personne.

- Assez!

Lui, là-bas, tire sur ses chaînes. Il exacerbe encore un peu plus la haine qui me submerge en cet instant précis. Et moi, j'en fais de même avec les entraves de Marie-Clarence. Il cherche à se libérer pour prendre l'entier contrôle de mon esprit comme je cherche à me soustraire des liens métalliques de Sœur-Tortionnaire. Il agit sur le plan spirituel, j'agis sur celui du matériel. Nous travaillons en équipe et je déteste ça encore plus! Œuvrer de concert avec son ennemi le plus intime et le plus dangereux m'écœure au plus haut point. L'estomac se retourne, la bile remonte venant irriter ma gorge. Un gout âcre explose dans ma bouche, secouant mon corps de plusieurs spasmes. Une odeur de vomi vient alors se répandre dans toute la salle. Elle est accompagnée d'une quinte de toux qui cherche à se débarrasser des reliefs de nourriture digérée qui entravent mes voies respiratoires. Un frisson intense s'empare de moi, se propageant de la racine des cheveux jusqu'aux extrémités de mes doigts, se dissolvant dans le néant lorsqu'il parcourt mes jambes mortes. Un immense vide se fait sentir au creux de mon ventre. La tête me tourne. Mon esprit cherche à reprendre pieds dans la réalité pour poursuivre la lutte. Lui résister à Lui, se rebeller contre Elle!

- Tu ne gagneras pas!

Le ton de parole est lent. Une once de lassitude point dans les dernières syllabes.

- Je suis plus fort que toi parce que tu viens de libérer en moi une force dont tu n'as pas encore conscience...

A la lassitude se succède la détermination.

- Tu m'as cherché sale chienne?

...et la détermination opère sa transmutation en colère.

- Tu vas le regretter! Je vais massacrer ta petite bouille enfantine! Je vais la réduire à un petit tas de chair et d'éclisses d'os. Ta catin de mère ne te reconnaitra plus et ton sodomite de père vomira toutes les tripes de son corps quand il te découvrira. J'ouvrirais ton corps de ton entrecuisse jusqu'à ton cou et j'exposerai indécemment tes tripes au soleil brulant du midi! Je laisserai la vermine s'en repaître et je donnerai tes yeux à becqueter aux corbacs!

... En haine incontrôlée et déchainée.

- Libère moi sale garce ou je pendrais les restes de ta dépouille dénudée au vieux chêne en face du prieuré et tous les détraqués du coin viendront s'exciter devant ton cadavre comme un chien en rut en face d'un poteau!
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Marie_clarence
Des paroles semblant ironique de Soren qui parlait à une convaincue et surtout concentrée exorciste. Alors que lentement, Marie progressait dans sa lecture, la voie intérieure et profonde de la bête qui rongeait Soren semblait s'extraire petit à petit et se révélé. C'était donc çà un démon ?

Marie leva un œil vers le possédé regardant l'expression avant de continuer sa lecture. Le sourire qui lui semblait narquois, la tête qui se redresse comme si le pauvre estropié d'avant était partit. Partit s'était un peu le mot, endormit quelques part ou se débattant dans sa conscience interne pour tenter de s’extraire.

Les " Assez" s’amplifie mais comme un défis, la sœur ne s'arrête pas et continue de le défier, un duel de mot, un duel de Foi. Le sourire de Marie est amusé, la bouche en coin, narguant l'impie. Était-ce peut être sa jeunesse qui lui donnait sa témérité? C'était possible. Beaucoup serait déjà partit en courant mais elle savait que le Très-Haut était avec elle, nul mal ne pourrait lui arriver et si c'était son heure, c'est qu'il en avait décidé ainsi.

La bête se débat et Marie fait juste un petit signe discret au pauvre Alphonse de reculer. Elle même recule d'un bond quand elle voit arrivée la gicle de vomissure retirant sa robe de la trajectoire de peu.


Je gagnerais car je suis fille du Très-Haut et son épée.

La voie de la religieuse était déterminée aussi détendue et sereine que piquante comme une aiguille et ses yeux bleu glacés faisaient de même en plongeant son regard au fond des pupilles de la bête comme si elle cherchait à voir dans le fond de l'âme et peut être rassurer le pauvre tapis au fond de se corps écrasé par la bête.

Elle r'ouvre son livre et continue la lecture puis un sourire en coin.


La force est plus faible que l'Amour et le Très Haut l'en a décidé en choisissant l'homme comme ses enfants. Soren est son enfant et lui appartient non à toi.

Et visiblement, la chose s'agace et voilà que le pugilat commence dans la verbe. Les menaces , les insultes, la religieuse ne bouge pas le regardant comme désolé. S'il croyait vraiment qu'elle sortait de poney rose land, il s'était mit le doigts dans l’œil. Marie-Clarence malgré ses petits airs sains avait connu le froid, la faim et la mort déjà à son jeune âge. Elle savait le doute qui ronge, la peur et la colère. La tristesse et surtout l'arrogance des hommes et ici, il était attaché, ferré et ne pouvait rien, trop d'obstacle spirituel et sacré ici pour qu'un démon ne s'échappe de sa prison et s'enfuie de son châtiment dernier.

Tu ne bougeras point tant que tu n'auras pas laisser cet homme libre !

Elle s’avança, sa robe traînant dans la vomissure et peut être les filet de sang, elle lui en collant une puis apposa sa main sur son crâne le tenant fermement et récita à voie forte :

Vous êtes jugés un à un lorsque vous mourrez, mais cela ne sera pas toujours le cas. En effet, j’ai laissé la créature à laquelle Je n’ai pas donné de nom prouver ses dires, selon lesquels c’est au fort de dominer le faible. Si, encore une fois, vous vous détournez de Moi en trop grand nombre, ce que tu as vu dans la flaque s’accomplira. Si vous oubliez à nouveau l’amour que J’ai pour vous et que vous ne m’aimiez plus à nouveau, cela sera vérité. Si Ma parole, révélée par Aristote et Christos n’est plus écoutée, Je détruirai le monde et la vie, car l’amour n’en sera plus le sens. Alors, prends garde à ne pas laisser Ma parole se perdre dans les gouffres de l’oubli.”

Voilà pourquoi je vous révèle cela. La vertu doit guider chacun de nos pas. Chacun doit la transmettre à son prochain. Telle est la Parole de Dieu. Ne vous échappez pas de la sage voie de sa main, ou viendra le jour où le monde disparaîtra et où nous seront tous jugés!


Elle se recule puis récite par coeur une demande préamptoire au démon de quitter le corps, plutôt un ordre . Elle y mettait toute sa conviction, son coeur et sa concentration, sa foi en épée et son amour pour le divin.

Exorcizamus te omnis immundus spiritus omnis satanica potestas omnis incursio infernalis adversii omnis congregatio secta diabolica ergo draco maledicte ecclesiam tuam securi tibi facias libertate servire te rogamus audi nos.

Credo in Deum,
Altissimum Omnipotentem,
Creatorem caeli et terrae,
Inferos et paradisi,
Ultima hora animae judicem nostrae

Et in Aristotelem, prophetam,
Nicomaqui Phaetique filium,
Missum ut sapientiam et universi
Divas leges errantibus hominibus erudiret

Credo etiam in Christum,
Natum ex Maria et Ioseph,
Vitam dedit ut nobis paradisi viam monstraret
Sic, postquam sub Pontio passus est
Propter salutem
Nostram martyr perivit
Consecutus est Solem
Ubi Aristoteles ad Altissimi dexteram eum expectabat

Credo in Divinam Actionem,
Sanctam Ecclesiam aristotelicianam, romanam, unam et indivisibilem
Sanctorum communionem,
Peccatorum remissionem,
Vitam aeternam.
Amene.


Les mots empreint de sacré résonnant dans la pièce, s'amplifiant de la voie douce et déterminée de la sœur qui ne bouge pas exhortant le démon à sortir. Elle recommencerait le temps qu'il faudra, encore une fois ou deux mais elle ne bougerait pas tant que les paroles spirituelles et saintes ne l'arracheraient de cette enveloppe le renvoyant dans les limbes.

Très Haut, aide notre ami Soren à se libérer de ce démon Impie, Tisirhée soma exomen, par ta Grâce et ton amour, guide ton fils dans la lumière !
_________________
Soren
La main claque sur la joue. Sous l'impact, la tête est violemment déportée sur le côté droit, heurtant la pierre d'Angoulême dure et froide. Le paumette explose à son contact, contusionnant les chairs, laissant couler sur la joue un filet de sang qui vient se perdre quelque part dans les parois du cou. Sonné! Combien de temps ai-je sombré dans l'inconscience? Je n'en sais fichtre rien...

    « ... Le soleil est haut dans le ciel. Ses rayons bienfaiteurs pénètrent par la fenêtre en face de moi. Hildegarde. C'est le nom de cette servante qui est assignée à mon service. Elle s'affaire du côté de l'armoire à préparer mes vêtements pour la journée et on dirait que celle-ci sera consacrée à l'apparat. Étrange! Je croyais que Père avait prévu une chasse au daim en l'honneur de ce seigneur qu'il a invité et qui occupe avec sa maisonnée toute l'aile Ouest du château. Bah! J'ai dû me tromper. Ou alors, je n'y suis pas convié. Cela serait étonnant tout de même mais avec Père, il faut s'attendre à tout.

    Nu sous les draps, encore assis dans le lit, je me remémore les délicieux souvenirs de la veille. Ce matin est particulier pour moi. C'est mon premier matin d'homme, un jour nouveau dans ma vie. Mon regard sur Hildegarde aussi est différent. Aujourd'hui, elle est plus féminine à mes yeux. Je regrette que les couches successives de tissus rendent l'ensemble si opaque aux rayons du soleil.


    - Bonjour Hildegarde!* Dites-moi, n'était-il point prévu une chasse ce matin? Mon père a t-il changé d'avis? Le temps est pourtant radieux et les hommes ont besoin d'exercice pour satisfaire leurs humeurs masculines!

    Ah que les jeunes hommes peuvent être stupides parfois quand ils ressentent le besoin de faire l'étalage de leur virilité. Stupides mais aussi maladroits, pédants et ridicules. Est-ce pour cela qu'Hildegarde garde le silence et un visage impassible? Elle ne se laisse pas distraire par le regard qui se pose sur ses courbes. Elle ne daigne même pas répondre à ma question et cela m'importune. Depuis quand les domestiques peuvent-ils avoir l'outrecuidance de ne point remplir le moindre désir de leurs maîtres?

    - Eh bien! On ne me répond plus? Est-ce ainsi que l'on vous a appris vos fonctions?

    Gacher une journée comme celle-ci, c'est à la limite de la moralité aristotélicienne. Les mains jointes, la servante s'esquive à petits pas par la porte non sans avoir lâché un faible et énigmatique...

    - Votre père désire vous voir dans la salle de réception.

    C'est pour le moins laconique et surtout, ça ne correspond pas du tout à la question que j'ai posée. Et bien puisque Père me demande, j'en profiterais pour lui parler des quelques changements que je désire voir à mon service. La journée d'hier m'a transfiguré. Si elle n'a pas compris que ce n'est plus à un jeune jouvenceau qu'elle s'adresse mais bien à l'héritier du trône, mieux vaut qu'elle aille trouver un travail ailleurs.
    La salle de réception baigne dans une lueur éclatante. Père est devant moi profitant sur le balcon de l'air frais et de la chaleur des premiers jours d'été, les bras croisés dans le dos, le menton haut , le regard dardé sur un horizon duquel il doit puiser l'inspiration du moment. Mes pas résonnent dans la pièce désertée de tout serviteur. La main glisse sur la table lustrée, agrippant au passage un carafon de cristal et un verre que je remplis d'un liquide rubis. Le vin n'a pas ma préférence, mais il faut bien reconnaître qu'il a tout de même plus de noblesse que la bière.


    Vous avez demandé à me voir Père?

    Jusqu'à présent il n'avait pas dit un seul mot. Il ne s'était même pas tourné vers moi à mon entrée dans la pièce, même lorsque mes pas ont résonné dans la salle. Il avait gardé ce ton détaché et hautain dont il s'affuble presque en permanence, celui qui lui donne l'image de l'homme dur et intransigeant qu'il souhaite montrer alors qu'en réalité, il est bien pire que cela. Le vin est de qualité. Il est un tantinet trop liquoreux à mon goût mais il descend bien dans la gorge.

    - La boîte sur la table...Elle est pour toi... C'est ton cadeau, mon...Homme!

    Le ton est froid et cassant. En soi, ça n'a rien d'inquiétant mais la lenteur avec laquelle ces paroles sont prononcées éveillent ma suspicion. Mon regard se porte sur mon "cadeau". Père n'a pas l'habitude de ce genre de civilité. Mais lorsque j'ouvre le couvercle, je comprends instantanément. Sous l'effet de surprise, la boîte me glisse des mains. Une tête sanguinolente s'en extrait et roule au sol pour finir par me faire fasse de ses yeux morts emplis de terreur.

    - Alors, elle te plait ma surprise? Tu la préfères comme ça ou à moitié dévêtue se vautrant dans la paille? Il parait que tu es devenu un homme désormais? C'était agréable au moins? Elle savait y faire cette paysanne avec la noblesse? Hum? Ou l'as-tu prise comme le font les gueux?

    Je suis totalement obnubilé par le spectacle macabre qui s'offre à moi. J'ai du mal à réaliser. Hier encore, ses lèvres glissaient avec insouciance sur les miennes. Ses bras langoureux venaient s'enrouler autour de mon cou et ses jambes en faisaient de même autour de ma taille. L'image d'aujourd'hui se superpose à celle d'hier dans une ambiance funèbre. Contraste saisissant, frappant, déroutant. Une fois de plus, il prend mon contrepied et s'assure l'ascendant sur ma personne.

    - Il parait que la bande d'abrutis qui te tient lieu d'amis était là aussi dans cette grange? Il se dit également que si tu avais toi les faveurs de la gueuse, eux ont dû user de violence pour assouvir leurs instincts masculins?

    Sa colère se fait désormais entendre. Il n'y a pas le moindre doute possible. Sa main gantée claque violemment contre ma joue. Agrippant ma chevelure, il me redresse la tête sans ménagement pour fixer son regard empli de haine au plus profond de mes yeux gris-bleus.

    - Je ne sais pour lequel de vous j'ai le plus d'estime. Pour celui qui cueille un abricot indigne de lui, ou pour celui qui se l'accapare par la force. Mais ceci dit, vous avez tous faillis! Vos titres vous obligent! Tous autant que vous êtes! Baiser une paysanne c'est prendre le risque d'avoir un bâtard! Et c'est aussi sa rabaisser à un rang qui n'est pas digne de vous! Si tu n'es pas capable de résister aux humeurs qui te remuent les sang, dis-le et je te donnerai une fille digne de ton rang! Si un mioche sort par malheur de ces libations, alors il n'aura pas de sang attardé des paysans, tu m'entends?

    Lars Eriksen avait cette faculté d'être dur en tout temps. Qu'il massacre ses ennemis, qu'il mange son troisième rôt ou qu'il satisfasse à un besoin naturel. Nul doute qu'il gardait également le même visage lorsqu'il besognait une dame... encore qu'on ne lui connaissait aucune fréquentation féminine. Lorsque ma tête vient heurter le bord de la table sous l'impulsion de son geste, c'est toujours le même regard sévère et les traits serrés qui me font face. Ni plus. Ni moins.

    - Combien de temps encore faudra t-il que je répare tes erreurs ? Seras-tu donc un éternel insouciant? Tu fonces sans réfléchir aux conséquences! Tu viens compliquer les plans que j'ai établi depuis des mois et tout ça pour quoi? Pour quelques moments de plaisir entre les jambes d'une paysanne? J'espère au moins que c'est toi qui l'a dominé! Aaaah! Tu n'es qu'un abruti! Comme tu le vois, j'ai dû réparer TES erreurs! Dans la matinée, le village où ces filles vivaient a été l'objet d'un pillage...

    Pillage? Le ton et la manière avec lequel il dit cela ne fait aucun doute dans mon esprit sur la nom du commanditaire de ce pillage!

    - ... Comble de malchance: toutes ces filles et quelques autres villageois évidemment y ont trouvé la mort. Quand au pillards...On dit qu'il ont été rattrapés par ma justice. On ne défie pas l'autorité de Lars Eriksen sur ses terres. Les brigands gisent désormais pendus à un arbre à l'entrée de la ville, en guise d'exemple! Tout ça pour un dard qui n'aurait jamais dû sortir de ses braies. Abruti!!!
    Et maintenant, tu vas ouvrir toutes grandes tes oreilles et m'écouter: personne ne doit connaître le moindre détail de ce qui s'est passé hier, tu m'entends? Personne! Je n'ai pas envie de mettre en péril le mariage que je te prépare...
    »


La tête meurtrie est redressée vers l'arrière, les cheveux empoignés sans ménagement, elle vient darder son regard dans le mien pour réciter ses paroles incohérentes. Pour qui se prend-elle? Pense t-elle vraiment pouvoir me faire peur avec des mots? Croit-elle que c'est ainsi que l'on dompte une bête? La loi du plus fort...Voilà ce qui a toujours primé et qui primera toujours. La loi du plus fort!

- Espèce de chienne lubrique! Tu n'as vraiment rien compris on dirait! La force a toujours régi le monde! Je n'ai que faire de ton amour! Libère-moi et tu verras ce que j'en ferais! J'apporterai ta tête aux tiens dans un panier d'osier et je leur ferais boire toute la vinasse de leur cave putride dans ton crâne! Libère-moi où tu subiras ma vengeance!!!!!

Alors qu'elle se recule, ma bouche déformée par la haine vient chercher à happer ses doigts, son poignet, sa main, tout ce qui passe à ma portée. Enfoncer mes dents dans sa chair, passer d'une situation de prisonnier à celle de tourmenteur. Frapper! Encore et encore jusqu'à ce que son visage soit méconnaissable! Déchirer ses vêtements et larder son corps mille et un coups de poignard pour toutes les souffrances qu'elle me fait endurer. Et si je ne puis l'atteindre avec les dents, c'est d'un crachat que je touche mon objectif! En plein sur la joue!

- Savais-tu que lorsque le soleil darde dans le déambulatoire, ses rayons passent avec indécence au travers de ta robe de moniale, laissant apercevoir à qui le désire les formes de ton corps? Sais-tu que ce priapique d'Alfonse n'en perd pas une miette? Tu ne sais pas à qui tu t'attaques fillette! Je te réduirai en cendres, je transformerai tes os en une bouillie infâme que je ferais avaler à tous tes complices! Les éclisses viendront se loger dans leur gorge, dans leurs entrailles et telle un millier de lames, elles les tailladeront de l'intérieur! Libère-moi où tu t'en repentiras!

Les chaînes qui me retiennent prisonnier sont tendues à l'extrême. Tous mes muscles bandés œuvrent pour tenter de me libérer. Les veines saillent sous la peau comme si elles allaient éclater, les machoîres se serrent et les muscles se gonflent. Glisser sur côté, basculer et appliquer une torsion telle sur les chaînes qu'elles céderont. Non. Tout ceci est impossible. La garce a pris toutes ses précautions. Alors je me redresse, colle mon dos contre le mur froid de la prison. Et puis...Une...Deux...Trois fois de suite l'occiput vient cogner durement contre le mur.


* Tous les échanges entre Hildegarde et Søren sont prononcés en danois, de même que les échanges entre Lars et Søren
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Marie_clarence
Il saignait mais tant pis, les blessures du corps passait après celles de l'âme, la sienne devait être sauvée coûte que coûte. L'exorcisme continuait et Marie-Clarence ressentait déjà une pointe de fatigue, la concentration, le moment même, se retrouver face à un démon, un vrai ce pour la première fois, ce n'était pas anodin. Elle sentait le cœur battre à ses tempe, Soren semblait sonné un moment...jute un petit moment, un moment de répit. Alors que le sourire diabolique se relève lentement, un visage aussi humain que l'expression de celui-ci ne l'était pas. La jeune religieuse continue son crédo alors qu'elle entend ses injures, ses parjures...Rien ne l'atteint, elle continue fidèle à elle-même puis :

Tu ne peux rien, rien contre le Très-Haut, rien contre les tribunaux divins qui te jugeront !

Les premières paroles d'exorcisme visiblement le mettent en rage et l'ont délogé de son état d'endormissement. C'est un combat de tête, un combat d'âme qu'elle affronte. Le froid ambiant, l'humidité, l'étrange nappe brumeuse à ses pieds, elle se croirait dans un mauvais rêve mais nul ne pourra l'en réveiller. Un réflexe trop peu, voilà qu'il lui prends la main et mord à pleine dent dans son poignet arrachant à la sœur un cri de douleur. Elle se retire de son étreinte, son poignet saignant et gardant la marque d'une belle morsure, elle le repousse d'une gifle de plus puis se recule, ses vêtements s'arrachant sur la dernière emprise veine avant de recevoir un crachat sur la joue.

Marie le regarde dégoûtée non par le crachat mais par elle monstre abject en face d'elle. Ensuite, elle releve le pan de sa manche, s'essuie sèchement puis sourit en coin à ses jérémiades


Tu es faible car ta seule réponse à ta torture est de me cracher au visage ? Tu es faible car ton âme est vide et que tu dois utiliser le corps d'un autre pour tes misérables fins. Tu es faible car le Très Haut accorde sa force à ceux qui le mérite.

Il m'a choisi pour sa justice, oui j'ai des courbes, lorgne de tes yeux emprunté, c’est les dernières que tu verras et méfie-toi des épines d’un rose démon ! Je suis Sœur Marie-Clarence de la Rochefoucault-Mirandole et mon visage est le dernier que tu verras sur cette terre avant de contempler les juges divins ! Je me repentis déjà de n'avoir pu te trouver plus tôt !

ALPHONSE SORT ! Et ferme la porte !


La voie de Marie n'était pas colérique mais déterminée, piquante voir glaciale, elle renvoya Alphonse dehors qui visiblement perturbait l'autre monstre en face d'elle. Fermer la porte, seul à seul, tant pis ce qu'il arrivera.

La bête se débat, tente de se soustraire en vint au sol, Marie à prit trop de soins, tout est soudé, tout est bénis avec de l'eau et a été consacré. Elle prend une jarre d'eau bénite sur le sol et lui balance l'eau à la figure.


Ça te rafraîchira les idées....tu ne pourras te dérober d'ici, c'est la peur que tu sens, ne la sent tu pas Tisirhée ? Ton odeur de peur...

L'impudente ou peut être la téméraire se dit qu'il faut une fois pour toute ne pas reculer, la mission est trop importante, elle ne doit pas rater, la vie de Soren en dépend. Il faudra bien le protéger d'une récidive après mais ce sera après. Mais survivrait-il ? Le démon était violent à en martyrisé le corps, les prières internes de la religieuse étaient là pour que le pauvre survive à cette épreuve. D'un bon, elle s'élance et l'empoigne non pas par la tête mais par la gorge. Pas assez pour l'étrangler, juste assez pour le maintenir tête plaquée contre le mur, plus il allait forcer, plus il s'étranglerait et là, il sera bien forcé de boire les paroles de l'exorciste, de passer son âme à travers ses yeux et de se soumettre à sa destinée, d'écouté sa supplique prononcée avec véhémence :

Credo in Deum,
Altissimum Omnipotentem,
Creatorem caeli et terrae,
Inferos et paradisi,
Ultima hora animae judicem nostrae

Et in Aristotelem, prophetam,
Nicomaqui Phaetique filium,
Missum ut sapientiam et universi
Divas leges errantibus hominibus erudiret

Credo etiam in Christum,
Natum ex Maria et Ioseph,
Vitam dedit ut nobis paradisi viam monstraret
Sic, postquam sub Pontio passus est
Propter salutem
Nostram martyr perivit
Consecutus est Solem
Ubi Aristoteles ad Altissimi dexteram eum expectabat

Credo in Divinam Actionem,
Sanctam Ecclesiam aristotelicianam, romanam, unam et indivisibilem
Sanctorum communionem,
Peccatorum remissionem,
Vitam aeternam.
Amene.

Exorcizamus te omnis immundus spiritus omnis satanica potestas omnis incursio infernalis adversii omnis congregatio secta diabolica ergo draco maledicte ecclesiam tuam securi tibi facias libertate servire te rogamus audi nos.

Très Haut, aide notre ami Soren à se libérer de ce démon Impie, Tisirhée soma exomen, par ta Grâce et ton amour, guide ton fils dans la lumière !

SOREN ! LIBERE TOI, le Très-Haut à foi en toi, j'ai foi en toi ! Libère toi car tu crois et tu es plus fort que lui dans ton coeur ! Le Divin t’entends et est là pour toi !


Elle hurlait presque avec force et conviction, sa voie résonnait et s'amplifiait dans toute la pièce. Elle lui en colle une vite fait de sa main libre puis se recule loin le temps de récité par coeur un dernier extrait du livre des vertus :

Pré-Histoire V - Le roi du péché

Cela dura des semaines et des mois. La débauche des humains n’avait plus de limites. Plus aucun, alors, n’avait la moindre intention de travailler. La violence et le stupre étaient leur pain quotidien. Les greniers furent jetés à bas et tous se battirent pour récupérer le plus possible de denrées. Ils ne voulaient plus que s’abandonner à leur excès pour les choses matérielles.

Tous se méfiaient les uns des autres. Le moindre prétexte était bon pour recommencer leur ode à la violence. Lorsque l’un, poussé par la gourmandise, enviait les nourritures que l’autre possédait et tentait de les lui dérober, l’autre, poussé par l’avarice, répondait par la violence. Plus personne ne se parlait, sinon en se menaçant et en s’insultant.


Elle pointe son doigts vers le démon puis prends de l'autre main une gourde d'eau et lui balance de l'eau bénite sur le visage en signe de croix

TISIRHEE SOMA EXOMEN QUITTE LE CORPS DE SOREN ! Je te l'ordonnes par la volonté du Très Haut insufflée dans mes paroles et mon cœur !


La religieuse hurlait presque à plein poumon son ordre, tout son être s'entourant d'une chaleur fulgurante et à la fois douce comme portée par sa mission, son devoir, portée par sa foi et l'amour du Très-Haut, son regard vers l'abomination était aussi doux que glacial comme un glaive qui s'enfonçait lentement dans l'âme du démon. Le temps de voir la réaction du démon, le silence bref, Marie a sa respiration haletante, son cœur battant à la chamade. Il fallait, il fallait qu'il quitte le corps, la puissance divine était trop importante, il était cerné de toute part et la main du Très-Haut descendait abattre sur l'âme du démon pour le jugé. Par la voie et les actions de Marie-Clarence, par son cœur, par sa foi, par le rituel et la vertu qui était sainte en ce lieu sacré qu'est Sainte Illinda de Rivet.
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Soren
Quelque part dans un lieu bien loin des quatre dimensions connues...ou presque.

    « Assommé. Sonné. L'espace qui m'entoure est réduit à sa portion congrue. Tout l'univers connu m'emprisonne dans un lieu aussi exigu que possible. Autour de moi, il n'y a plus rien. Le vide. Non. Pas le vide, le néant. On dirait que l'espace s'est contracté tel un mollet trop longtemps sollicité par un effort soutenu. Des sons résonnent aux alentours. Dans cet état où je n'ai presque plus conscience de quoi que ce soit, j'ai l'impression qu'un bruit sourd répond à un autre bruit sourd dans une harmonique qui est loin d'être mélodieuse. Je suis dans un univers primaire, aussi petit qu'un moucheron, composé seulement de deux sons discordants. Un univers trop petit pour me mouvoir, dans lequel il n'y a aucun terreau fertile pour la pensée. Il n'y a rien d'autre à faire ici qu'écouter.

    Un grondement apparait alors. Celui-là a une rythmique. toc toc, boum boum... toc toc, boum boum... toc toc, boum boum. Ne me demandez pas pourquoi, mais c'est à ça que cela me fait penser. Un battement. L'un des premiers mugissements sourds que j'ai entendu enfle soudain. La rythmique augmente en cadence. Les syllabes se mêlent sous l'effet de la vitesse toctoc,boumboum, toctocboumboum, ttoc, bboum. Du trot, le cheval est passé au galop, puis au triple galop. Deux sons qui se superposent l’un à l’autre sans vraiment se répondre, le tout cadencé au rythme d’un battement à la rythmique irrégulière. Le premier est violent, l'autre ronronnement est plus posé. Il est plus monotone, moins emporté que le premier. Chacun d’eux essaie d'imposer sa loi à l'autre : le violent, la monocorde, le batteur. Et puis, un autre bruit... Rouff pan ta ta... Rouff pan ta ta*. Et encore un autre. Un souffle cette fois qui va et qui vient, qui monte et qui decend. Le vent tourbillonne, créant une sorte de cocon éphémère et fragile autour de moi, avant de se liquéfier et de disparaître dans un lointain qui n'existe pas... Clac! Un bruit sec et brusque. Tout ici n'est que son. Gargouillis, clameur, tapage, vagissement, sifflement, clapotis...Un univers exclusivement sonore dont je suis le prisonnier. Juste un prisonnier, même pas un numéro... et encore moins un homme libre.**

    Seul? Suis-je seul dans cet univers? Non. Maintenant je sais que lui est là. Il est mon geôlier actuel mais je sais que j’ai déjà été le sien. Parfois prisonnier, parfois geôlier. Deux rôles que nous nous échangeons successivement. Il est moi, je suis lui. Je le hais, il veut me détruire et pourtant l’un ne vit pas sans l’autre. Il existe entre nous un lien indissociable. Entre nous, c’est une sorte de jeu: Prendre le contrôle de l’autre. Le dominer. Le soumettre à nos principes, à nos lois, à nos envies et nos désirs. Aujourd’hui, il savoure une victoire écrasante et je l’entends venir pour me narguer.


    - Espères-tu qu’elle va réussir à me chasser?

    - A t’enchainer plus surement que je n’ai jamais réussi à le faire pour le moins!

    - Tu rêves! C’est elle qui m’a libéré et elle n’en n’a même pas conscience. Cette fois, c’est différent. Cette fois, ce n’est pas ta faiblesse qui m’a réveillé, c’est bien elle! Elle! Elle a ouvert les portes! Je puis accéder désormais à des lieux desquels je tire ma puissance et qui vont me permettre de t’aliéner à moi pour toujours!

    - Tu mens!

    - Tu es fol! Fol, tu m’entends? Fol! Et tu vas le devenir encore plus. Tu vas savoir ce que c’est d’être enchainé, prisonnier, incapable de faire quoi que ce soit. Regarder l’Autre agir et ne pas pouvoir influencer ses gestes. Et tout ça, grâce à elle! Parce qu’elle prononce ces mots dont elle n’a pas conscience de la puissance, exécutent ces gestes sans connaître leur réel portée.

    - Tais-toi!

    - Qu’est-ce qui t’arrive Seurn? Tu as peur que je dise vrai?

    - Tais-toi!

    - Mais oui! Tu doutes! Mes arguments portent fruits…

    - Va-t’en!

    - M’en aller? Comment m’en aller Seurn? Tu sais très bien que je suis toi!

    - Va-t’en!

    - Mais si je pars…tu meurs! Et tu le sais! Un arbre dont on couperait la moitié des racines dépérirait à l’instant Seurn…

    - Va-t’en! »

Un liquide poisseux et carmin cherche son chemin dans ma chevelure épaisse et noyée sous la transpiration. La tête dodeline de gauche à droite sous l’effet d’une conscience délétère. Les yeux fermés, la bouche entr’ouverte à la recherche de la moindre goutte d’eau ou de goulée d’air, le front fiévreux et perlé de minuscules gouttes de sueur, je suis loin d’être présentable pour assister à un mariage royal. La chemise colle à ma peau sous l’effet de la sudation. Une trainée sanguine y a laissé sa trace à hauteur de la poitrine, se dissolvant peu à peu dans les fibres du tissu humide. A force d’avoir usé de toute la force que je possédais pour tirer sur mes liens, je n’ai plus aucune sensation au niveau de mes bras. Ceux-ci pendent, las, le long de mon corps, sans vie comme ces jambes. Mes poignets lacérés et enflés dans leurs entraves lancent des ondes de douleurs jusque dans les racines de mes épaules. Je n’ai plus aucune conscience de ce qui se passe dans la pièce. Mon corps est dévasté mais mon esprit est toujours l’objet d’une bataille intense. De mes lèvres ne s’échappent que ces quelques mots, sans aucune force : « va-t’en! ». Trois fois prononcés, avec une vigueur accrue. On dit que les guerres civiles sont les plus atroces de toutes les guerres car les plus grandes vengeances, haines, la plus grande amertume prennent leur vigueur dans les petites frustrations et brimades quotidiennes et régulières. C’est le cas entre lui et moi. Entre moi et l’autre moi. Mes forces s’étiolent peu à peu. J’ai l’impression d’être une chope de bière qui voit ses dernières gouttes glisser inexorablement sur ses parois.

- Va-t’en…


* Onomatopée de Durozier.
** Inspiré de la serie TV « Le prisonnier » avec Patrick MacGoohan

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Marie_clarence
Elle sent la fatigue, l'ambiance lourde des lieux. Les "Va-t'en" consécutif de Soren exprime bien que le pauvre erre lutte avec elle contre la bête qui est en lui. La religieuse est contre le mur, voie l'homme passer par toute les couleurs, lentement Marie s’affaisse jusqu'à tomber sur le sol fesse contre le mur, le regardant se débattre, elle ne peut plus rien faire si ce n'est attendre et sombrer lentement dans l'humidité ambiante entre un semi sommeil laissant passer les minutes.
Rouvrant un oeil moins d'une demi-heure après, elle a la souffle court puis va dans la pièce à côté, il y a un petit feu de cheminée servant à fumer les jambons et encore léger, elle y place un tisonnier avec un embout particulier. Lentement, elle attend que le fer rougisse puis retourne dans la salle ou est ligoté Soren avant de lever sa chemise profitant de sa semi inconscience. Lentement relever le bout de tissus, découvrant sans étant d'âme son corps.

"Courage Marie mieux vaut çà et que çà parte"

Elle n'est pas de celle qui aime faire souffrir, se pince les lèvres puis pose le tisons sur le torse de Soren, au niveau du cœur, quelques brèves seconde sentant l'odeur acre et nauséabonde de la chair qui brûle puis le retire sans se soucier des hurlements.


Qui est l'unique Dieu, qui sont ses prophètes ?

Elle se met à distance de sécurité de ce qui était le possédé et se met à genoux le regardant, lasse fatiguée par cette épreuve, l'exorciste à hâte d'en finir, la marque apposée empêchera Soren d'être dépossédée une nouvelle fois.

Qui es tu ?

Question parfois anodine mais elle avait aussi son importance, ente la première qui confronterais l'hérésie présente dans le cœur du démon et la seconde pouvant juger de l'état mental du possédé après cette épreuve.

Alphonse !

Marie-Clarence se lève, tambourine à la porte en appelant le vieil homme. La porte s'ouvre

On remonte Soren à sa chambre, c'est finit

Finit et réussit semblait il aussi, le temps de détacher Soren ou ce qu'il en restait et d'aller le déposer avec Alphonse dans sa cellule, le reste, sa survie, ne dépendait plus que de lui mais pour l'Exorciste, le travail était finit.
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