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[RP] Bureau de la Prieure - A l'étage, Aile Nord

Ellya
La nonnette retroussa le nez tout en ouvrant la seule fenêtre de la pièce.

On pourrait croire qu'un mouton malade a fini ses dernières heures ici. Allumez de l'encens, Alfonse.
Mais ben sûr, ma p'tit' dam'. Cô' ça, c'le bestiaud cramé qu'ça puera.
Mère.

Ellya soupira. Il avait fallu qu'elle convertisse le plus vieil homme de Marmande. Heureusement, il lui restait assez de dents pour qu'il parvienne à se nourrir tout seul. Mais les manières, ce n'était pas encore ça.

La prochaine fois, vous serez de corvée de latrines.

Le vieillard s'exécuta de mauvaises grâces, en pestant dans sa barbe crasseuse. Après tout, la seule chose qui le retenait auprès de la Prieure, c'était la picole gratuite.

Au fait, Alfonse. Nous avons eu un nouvel arrivant, avec encore un de ces noms imprononçables. Il avait besoin de quelqu'un. Vous vous en chargerez. Il est prévenu.

Ben sûr, c't'y pas le vieil Alfonse qu'y s'occup' des moineaux! Non et pis quoi, alors, ma Mèr'?
Ce n'est pas un religieux. Un simple retraitant.
C'sont les pires! Faut-y pas être fou pou' vouloi' vn'ir dans un P'ieuré quand qu'on n'est point un cur'ton.
Je vous laisse trouver réponse à cette question. Évidemment, vous me raconterez tout.
'Videmment.

La pièce sentait maintenant aussi fort que la Chapelle. La Duranxie s'attabla, songeant aux nombreux courriers encore à rédiger. Au lieu de cela, elle sortit discrètement les documents que lui avait donnés Clarence sur les nouveaux vêtements à la mode.
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Soren
Ai-je vraiment fait le bon choix en venant faire retraite ici, à Sainte-Illinda? A me voir me trémousser au sol comme un escargot, j'en doute! Heureusement, je ne laisse pas encore de trainée humide derrière moi. C'est déjà ça. Depuis Castillon, je ne fais que collectionner les désillusions. Figurez-vous que Ste-Illinda ne se trouve pas entre Castillon et Marmande. Ceux qui vous disent cela se gaussent de vous! Entre Castillon et Marmande, il n'y a rien. Rien qu'une petite chapelle dédiée à Ste-Brigitte. Pas de prieuré, pas de champ de houblon, rien! Le paysan qui m'a déposé là à ma demande doit, aujourd'hui encore, être heureux de s'être débarrassé d'un fou pareil et d'être encore en vie! De nos jours, un accident est si vite arrivé et les déséquilibrés si nombreux!

Et puis à mon arrivée, voilà qu'une soeur essaie de me battre de vitesse dans une course verbale. Et qu'une mère essaie de s'imposer à moi! A moi! Søren Eriksen! Fils de...Ah non! Ça aussi ça a changé récemment dans ma vie. Lars Eriksen n'était qu'un imposteur. Même pas mon géniteur! Mon père se nommait Hakon Eriksen III et... Mais qu'est-ce que je fais là? Tout ça, on s'en fout! Tout ça, c'est mon passé! Et mon passé est en miettes! Pfffiiit! Évaporé dans les limbes déliquescentes de mes souvenirs qui se sont étiolées entre ce fichu accident et mon réveil au couvent des cordeliers de Sarlat. Il parait que j'ai vécu en Périgord-Angoumois...et que je ne reconnais plus personne désormais! Plus un seul souvenir! Cette soeur qui se prétend ma...soeur... elle ne me dit rien. Il parait que j'ai été marié, que j'ai cassé ce mariage, que j'avais une compagne. Il parait...mais le paraître ne suffit pas. Je veux des certitudes! Je veux retrouver ma vie, mes souvenirs. Et surtout, je veux retrouver l'usage de ces satanés jambes. La petite soeur n'a pas compris. Elles pensent qu'elles manquent de force, de vigueur. Si ça n'était que ça... Non ma soeur! Ces jambes-là sont aussi mortes qu'une vieille branche de frêne. Il n'y a plus de vie en elle, plus de force, plus de tonus! Il n'y a plus rien! A mon réveil, j'ai passé un moment à me lamenter. Mais Una avait raison. Ça n'est pas moi ça! Moi, c'est la joie, la folie, l'imprévu, l'extravagance et aussi la colère, la haine, la violence. Un déferlement incontrôlable de violence oui! La sang des Eriksen est maudit et ça la mère supérieure ne l'a pas compris quand je lui ai parlé de s'arranger pour que ma cellule ferme de l'extérieur. Mais la question est là : qu'est-ce que je pourrais faire si une crise noire survenait? Ou pire, si une rouge déferlait en moi? Ces jambes sont-elles mortes pour toujours? Dans toutes les situations? Et même si elles étaient réellement mortes, de quoi serais-je capable? Elles ne savent pas qu'elles viennent d'accepter un rejeton du Sans-Nom dans leurs murs. Rejeton non collaboratif certes mais les faits sont là. Et celui qui m'inflige mon fardeau actuel a bien pris le soin de ne pas effacer ces souvenirs de mon esprit. Deux ans à ce qu'a dit Una. Il m'a pris deux ans de ma vie et a laissé intact tous les autres souvenirs antérieurs. Les bons et surtout...les mauvais!

En attendant, il faut que je trouve le bureau de cette mère supérieure. Seul. Sans aucun moyen de déplacement que mes bras pour trainer ce corps désarticulé. Si jamais je rencontre des soeurs dans les couloirs, soit elles vont se gausser de la limace que je suis, soit elles me prendront pour un pervers qui essaie de regarder sous leurs robes. Dans les deux cas, je passe pour un abruti! Ouais... Abruti ou mendiant infirme, l'avenir est rose, il n'y a pas à dire!

Ah! Ça doit être là si j'ai bien compris les dernières indications qu'on m'a donné. D'un coup de bâton que je traine toujours avec moi, je frappe sur la porte d'entrée.


- Ho! Il y a quelqu'un là-dedans? C'est bien le bureau de Mère-chaleureuse ici? Elle m'a demandé de passer la voir! Ah! Et si vous ouvrez la porte, évitez de marcher sur le paillasson à l'entrée, je vous en serais gré!
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Alfonse


Bondiou! 'Peuvent-y pas nous laisser en paix? *hips*

La Bigote Supérieure venait à peine de sortir pour aller chercher une cruche d'eau chaude, et on l'dérangeait en plein travail? Car il avait des devoirs l'Alfonse, et des principes! Et quand on lui disait "Trouvez, parmi les premières cuvées de Septembre, le tonneau qui fera l'affaire pour le Roy", il y mettait tout son cœur et tout son gosier.

Y'a personne! *hips* Foutez-moi l'camp!

Il n'avait même pas eu le temps d'entamer le tonneau de la seconde quinzaine. Mais la cheffe avait aussi précisé: "Il devrait passer dans la journée, votre ouaille attitrée. Si je ne suis pas là, et bien... Faites lui bon accueil." Comme s'il avait envie d'un poulain à choyer...
Il quitta sa chopine à regret, saisit sa canne et ouvrit la porte.

Personne?

Il baissa les yeux.


Bondiou! C't'y pas qu'il est mort?
Ellya
La Prieure arriva quelques minutes plus tard et contempla d'un œil navré le tableau.

L'honneur était un concept qui la laissait perplexe. Évidemment, celui de la famille était sacré pour elle, mais l'honneur personnel, celui qu'accrochent en drapeau les soldats et gens d'armes, celui-là l'indifférait.

Mais voir un vieillard édenté regarder de haut un ancien mercenaire, cloué au sol comme une larve sans défense... Alors là! Non, non, elle ne ressentait pas de pitié. La nonnette est trop croyante pour imaginer que ces choses-là relèvent du hasard.
Il l'a mérité. C'est évident. S'il gît au sol, impuissant, c'est une décision de l’Éternel.
Et cela lui arrachait un sourire, à la Duranxie. Elle avait toujours aimé les miséreux, ceux à l'âme bien sombre et pleine de secrets inavouables. C'était un baume au cœur pour la religieuse de voir des gens s'être englués plus profondément qu'elle dans les tentacules du Sans Nom.


Elle s'approcha des deux hommes d'un pas affirmé, et regarda le Danois -car il devait être, puisqu'il avait dit deux mots en danois au réfectoire- d'un œil désapprobateur.

Et bien, et bien. Faites un effort, mon brave Snorg. Nous n'allons tout de même pas vous traîner jusqu'au bureau.

La Prieure nota tout de même que personne n'avait dû l'aider à grimper les escaliers. Elle sourit intérieurement. Tout cela promettait d'être ô combien intéressant.

Laissez-le passer, Alfonse. Mais quelle est cette odeur?
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Soren
- Pour la mort, vous repassez l'ami! Je serais encore capable de vous trancher les jarrets puis de vous plante ma dague dans la gorge. Alors si j'étais vous...

Moi? Ressembler à lui? Dieu m'en préserve! Mais il est qui lui? Celui qui couche avec la mère supérieure? Non sans doute pas! Il manque de classe. Et elle, elle a l'air de venir de la noblesse. Ses gestes sont raffinés. Ses paroles aussi. Alors que lui...

- Je suis Seurn Eriksen. La mère supérieur m'a deman...

Ah ben! Quand on parle du loup, on voit la cornette! Tiens! La voilà la mère supérieure! A elle de se débrouiller avec ce malotru! Mais qu'espérer d'elle? Rien! Elle se fout de moi comme de sa première messe. Elle ne cherche même pas à comprendre ce que je cherche ici. Quand j'ai essayé de lui expliquer le pourquoi de ma situation actuelle au réfectoire, elle s'est levée. Elle m'a dit qu'elle n'avait pas le temps...une histoire d'enchère auxquels je n'ai pas compris. Ben voyons ma mère : me prenez-vous pour un novice? Un fat? L'idiot du monastère? Sans doute oui!

- Oui ma mère! J'arrive! Si vous pouviez demandé à votre barbare de me laisser passer... Je...Euh...Alfonse? C'est le...Enfin... Le bucheron que vous voulez m'affecter afin de m'aider dans mes déplacements?

For fanden! Ça risque d'être gai ici! Je regrette de ne pas avoir emmené Childéric avec moi finalement. Remarque, il me reste aussi la possibilité de jouer les limaces pendant toute la durée de mon séjour ici et de passer pour un pervers auprès de toutes les soeurs du coin. Ça commence bien! Quand à l'odeur... qu'elle se débrouille! C'est son bureau! Ça n'est pas le mien!

Allez Søren! Encore un effort! Traine-toi donc jusqu'à cette chaise qui a l'air de tout sauf d'être confortable! Laisse Alfonse hors de ça. Débrouille-toi seul! Montre


- Au fait, ma soeur...

Ma mère Søren, Ma mère...

- ...Vous ne pratiquez pas la séparation des sexes ici? Les hommes d'un côté, les femmes de l'autre? Je ne devrais pas plutôt avoir une entrevue avec le père Bardieu ou l'un de ses sous-fifres?

Tu paries combien que tu risques d'avoir une réplique cinglante de sa part? Allez, Ne lui laisse pas parler, enchaine! Ça lui évitera de te jeter un regard noir et désapprobateur!

- Alfonse? Il faut mettre en place un mécanisme permettant de fermer ma porte de l'extérieur. Dans combien de temps croyez-vous que ça peut être mis en place?
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Ellya
Oui, Alfonse, dans combien de temps pourrez-vous vous plier aux ordres insensés d'un demi-retraitant?

Surtout qu'il radotait, le Danois. C'était au moins la troisième fois qu'il évoquait de fermer la porte à double tour. Pour montrer quoi? Sa détermination à ne pas aller fureter le soir dans les couloirs? De toute façon, vu son état, il n'aurait pas pu se glisser bien loin avant le lever du soleil.
C'était décidément ridicule.
Maintenant confortablement assise dans un fauteuil au tissu rongé, et sans laisser au vieil édenté le temps de répondre, car de toute façon elle n'attendait aucune répartie, elle enchaîna.


Vous allez être ra-vi! Nous séparons évidemment les dames et les hommes... le soir. Ceux qui appartiennent à notre Ordre dorment dans des cellules individuelles. Pour les retraitants ou les gens de passage, comme vous, nous avons un dortoir. Les hommes sont à gauche, les femmes à droite. Et ne vous inquiétez pas! Un bon gros rideau délimite les uns des autres.

Une idée fabuleuse, lui avait affirmé Mucius, le célèbre détective, à son arrivée au Prieuré. Alors s'il le disait...

Il était temps maintenant d'entrer dans le vif du sujet: le contrat! Mais avant...

Alfonse, approchez. Voici votre petit protégé. Il ne sait pas marcher. Je me suis dit que ça vous rappellerait Canasson II. A l'occasion, vous pourrez raconter son histoire à Snerf. Et ne vous inquiétez pas, rajouta-t-elle à l'attention dudit Snerf, Il est plus costaud qu'il n'y paraît. Il a même détourné la rivière du Rivet jusqu'à notre chapelle. Vous aider devrait être un jeu d'enfant.

La nonnette ayant une force physique approchant des -10, elle n'avait en réalité aucune idée de combien pesait un homme, et de ce qu'il fallait de force pour le traîner.

Parlons peu, parlons bien.
Servez lui à boire, Alfonse, qu'il reste concentré. Car vient le moment crucial du contrat. Celui où on se dédouane s'il vous arrive quelque chose en nos murs. Alors vous avez le choix.
Vous avez le contrat "Confession/Action/Rédemption", qui s'effectue sur quelques jours. C'est intensif. Trop pour vous peut-être.
Vous avez également le contrat "Vin & Pain". En gros, en échange d'un gros travail pour la communauté, on vous nourrit, vous et votre âme. Le souci, c'est que vous ne semblez pas capable de grand chose...
Il reste le contrat Prémiam. On l'établit sur mesure.

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Soren
Décidément, elle ne comprend rien. Pire : elle refuse de m'écouter. Elle me prend pour l'un de ces sots qui doivent passer par ici de temps à autre, le genre de gueux qui vient quémander nourriture ou asile pour échapper à la maréchaussée, pour éviter d'encourir les foudres d'un père qui a appris la défloraison de sa fille un soir dans son étable. Pensez donc! Le paternel pensait que ses vaches étaient en rut et il apprenait le lendemain que c'était plutôt sa fille qui l'était! Ça de quoi vous mettre en courroux, je le reconnais! Mais for fanden ma soeur, si seulement vous me laissiez le temps de vous expliquer qui je suis!

- Un dortoir?!?!?!? Une chambre commune séparée seulement par un rideau? La situation aurait pu être risible si elle n'était pas...sérieuse!

De l'éclat de rire hautain à la mine des plus graves, voilà ce qui peut se lire sur mon visage lorsque la mère supérieure répond à ma question.

- Un rideau? De ceux où s'impriment les formes des dames lorsqu'elles se déshabillent le soir derrière la lumière d'une chandelle ou d'une lampe à huile? Croyez-vous donc que c'est la pudeur qui me fasse vous demander une cellule barricadée? Me prenez-vous pour un de ces fats qui ont peur de montrer un bout de chair à leur congénère ma soeur? Je suis danois ma Mère. Pas françoys. La pudeur est la conception la plus raffinée du vice. Elle parachève l'hypocrisie des sentiments*.

For fanden! Et dire que je suis venu ici parce que je croyais que des soeurs et la tranquillité d'un monastère pouvait m'aider à retrouver la sérénité en moi. Comment peuvent-elles y arriver si elles ne comprennent pas qui je suis? Elles sont engoncées dans leurs principes cléricaux, bien loin du siècle. Elles viennent par Dieu, au travers de lui, parmi les hommes certes, mais bien loin d'eux.

- Avant ça...

D'un geste, je désigne les stigmates de ma visage. Je sais que j'en ai encore un peu. La dernière fois que je me suis miré, j'ai passé mes doigts sur ces marques. La peau y est rugueuse. Elles disparaissent avec le temps. Petit à petit. J'ai essayé de les lire. D'ou viennent-elles? Quelles informations peuvent-elles me donner sur ce passé qui fuit ma mémoire? Rien. Elles sont aussi bouchées que cette soeur, mère ou je ne sais quoi en face de moi.

- ...Et ça...

Cette fois, ce sont les jambes inertes et fixées par deux lanières de cuir pour me déplacer plus facilement que je désigne.

- ...J'avais les filles que je voulais dans mon lit! Pour la plupart, je n'avais même pas à me donner la peine de les séduire. Comprenez-vous que je ne requiers pas de vous une cellule barricadée par fausse pudeur?

Le poing rageur va s'écraser sur le bureau. J'ai l'air gauche. Je manque même de tomber. Maudite paralysie!

- Ce n'est pas pour me protéger que j'ai besoin d'une cellule individuelle...mais pour vous protéger vous!

Les mots sont surtout. Les mirettes injectés de haine se fixent sur celles que j'ai en face de moi. La respiration est haletante. Bah! ça ne sert à rien! Elle ne peut même imaginer la force du conflit qui se déroule en main. Elle doit encore croire aux vertus du manichéisme. Le monde est composé du bien et du mal. Elle ne peut imaginer que le bien et le mal se cotoient en certains de nous et tirent chacun de leur côté sur cette corde que l'on nomme Equilibre. Je suis las. Las de tout ça. Avant cet accident, j'étais un incompris, un banni, un sans-famille qui venait des âffres de la guerre. Maintenant, je suis aussi un moins que rien inutile qui est un poids pour la société. Le ton de ma voix, même sans le vouloir réellement, trahi cette lassitude.

- Laissons de côté vos contrats, voulez-vous? J'ai des choses plus importantes que cela à vous dire...


* Maurice Dekobra
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Ellya
Comment cela, les rideaux font ces choses bizarres? La nonnette le regarda d'un air interloqué. On lui aurait donc menti, en vantant le lieu qui servait de repos aux gens de passage? Tous pourtant s'accordaient sur de petits sourires entendus. Il allait falloir qu'elle mène en enquête approfondie. Aucun vice ne devait être toléré au sein du Prieuré. Du moins, pas aussi ouvertement...

La réplique suivante acheva de faire pâlir la prude religieuse. Elle avait beau s'être donnée à son époux chaque mardi soir, quand il le désirait, et comme il le désirait, entendre parler de coucherie suffisait à lui donner des sueurs froides, suivies de bouffées de chaleur. Un mélange de gêne, de haine et de dégoût.
Elle préférait ne pas savoir. Sa curiosité insatiable s'arrêtait à cet endroit-là du corps.

Le coup de poing la ramena à la raison.

Elle déglutit. Il transpirait la rage et la colère. Comme tout bon soldat. La Duranxie ne les a jamais aimés. Sauf un, il paraît. Toujours à brandir une arme aux lieux de mots. Toujours à vanter la violence au lieu de la diplomatie. Toujours à s'entêter, au lieu de patienter. En vérité, elle les méprise, presque autant que l'Orfèvre, et c'est peu dire.
Mais depuis qu'elle l'a vu, le misérable danois, le mépris est dilué à cette fameuse curiosité.

Elle reprit un visage de convenance. Il finirait bien par le signer, son contrat. Mais s'il voulait parler avant... C'était si rare de ne pas avoir à tirer les vers du nez!


Vous avez toute mon attention... Mais soyez plus gentil.


Dans son regard, une lueur.
Challenge accepted.

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Alfonse


Pendant ce temps...

Alfonse fait'-ci, Alfonse fait'-ça, Alfonse v'nez ici, Alfonse bougez d'là... Non mais dediou... Va t-y pas falloir qu'j'la fasse picoler com' un trou pou' qu'elle s'calm'!

Et ça ronchonnait, tout en servant à ras bord une chope à moitié cassée d'un des premiers mélanges hasardeux de bières. Autant parler franc: un breuvage dégueulasse. Mais on menace pas l'Alfonse impunément!

B'vez ça, l'jeunôt. 'M'en direz des n'velles.

Ils l'écoutent même pas. Qu'à cela ne tienne. La choppe est tout de même posée dans la main du gars. L'Alfonse a bien compris qu'il allait devoir le traîner comme un boulet à ses pieds. Il espère juste être bien rémunéré pour la peine. Souvent, y'a moyen de s'arranger avec les types comme ça. Faudra juste le faire en douce.


Hi hi hi.
Soren
Le coup de poing a été de trop. Même maintenant, je n'arrive pas à me contrôler. Sur ce point, je n'ai pas changé. En somme, l'autre là-haut m'a laissé toutes les tares et m'a simplement ajouté quelques infirmités, histoire de charger le mulet un peu plus. Peut-être qu'un jour il comprendra qu'à force de charger la bête, on risque de la tuer et qu'un pèlerin sans mulet, c'est comme une gourgandine sans poitrine : ça ne sert pas à grand chose.

Jamais je n'aurai cru qu'il aurait été si difficile de voler la parole à une nonne! Pourtant, il parait que j'étais bon pour ça. Monopoliser la discussion jusqu'à en exagérer avait de tout temps était une de mes forces...ou faiblesses. A vous de décider. Lorsqu'elle me laisse enfin raconter mon histoire, je ressens comme un immense soulagement. Ce que j'ai à dire est important pour tous. Maintenant, il me reste à déterminer par quel bout commencer. Je sais que je risque de me perdre dans les détails mais pour ça je lui fais confiance : elle doit avoir l'habitude de trier le bon grain de l'ivraie. Les mains jointes devant la bouche, je rassemble mes idées, j'essaie de trouver un fil conducteur. Je n'ai jamais été un bon orateur. J'ai toujours préférer danser avec les lames que conter fleurette à des mots.


- Je m'appelle Seurn Eriksen. Je viens d'une région du Danemark appelée le Jutland. J'ai été élevé au château de Helsingør par le seigneur des lieux : Lars Eriksen.

Je n'ai jamais compris d'ailleurs pourquoi je m'appelle toujours Eriksen si mon géniteur s'appelle Lars. Jamais il ne m'a donné d'explication. Jamais il ne parlait de famille, de ma mère, de frères ou de soeurs. Il était sombre, il distillait les renseignements qu'il donnait à bon escient, quand il en avait besoin. Tout chez lui n'était que calcul, estimation, pesée du pour et du contre.

- Connaissez-vous les gens du Nord ma Mère? Norvégiens, suédois, islandais, danois? La nature est rude là-haut. Il y fait froid. Les hommes luttent pour survivre en hiver...bien plus qu'ici. En hiver les campagnes sont recouvertes de plusieurs pieds de neige. Les lacs, les rivières sont gelés de Novembre à Mars. Pour pêcher, il faut casser la glace. Mais même le poisson se fait rare en cette période.  Mon propos n'est cependant pas de faire naître la compassion chez vous. Bien au contraire. Ces hommes et ses femmes sont fiers, très fiers...trop fiers. Leur caractère s'est adapté à leur environnement. Et certains plus encore que d'autres...

Ça, c'est ce qui s'appelle noyer le poisson! Elle doit se demander si tu viens lui quémander quelque chose avec des phrases pareilles. Arrête le bla bla! Va droit au but! Sinon, elle va finir par te couper la parole et tu n'auras pas atteint ton objectif. Droit au but...

- Le sang des Eriksen est maudit ma Mère. Mes ascendants règnent sur leur terre de façon implacable, sans aucune pitié, sans aucune compassion. Seul compte leurs intérêts. La manière d'y arriver n'a pas d'importance. Savez-vous pourquoi je sillonne le royaume de France? J'ai été banni du pays par mon géniteur. Oui...C'était ça ou la mort. J'ai choisi la pire des sentences. Pourquoi? Pour avoir refusé de me marier à celle qu'il avait choisi. Mon...géniteur...m'a enfermé dans ses geôles. Un endroit lugubre, une pièce trop petite pour moi où ne filtrait qu'une lumière blafarde. Quelques années auparavant, l'endroit avait été submergé par les crues de printemps. Inutile de vous dire ce qu'il est advenu de ceux qui étaient prisonniers en ces lieux n'est-ce pas? Personne n'avait le droit de venir me visiter. Il cherchait à briser ma volonté. Rien d'autre. Il n'y est pas arrivé.

Je n'aime pas remuer tous ces souvenirs. Ils reviennent déjà bien trop souvent à la surface de mon esprit sans que je les sollicite. Les yeux fixés sur un détail sans importance au sol, j'ai l'impression d'être de retour sur les lieux des crimes, toujours aussi impuissant, subissant ses foudres comme il y a quelques années, rassemblant une nouvelle fois mes forces pour y puiser la volonté de ne pas lui céder.

- Ce qu'il fait ma Mère, je suis aussi capable de le faire. Volontairement...mais aussi involontairement. Il y a de la Haine en moi. La plupart du temps, elle se matérialise sous la forme d'un caractère parfois emporté. Quand la bête ne tire pas sur ses chaînes, je puis même être un compagnon joyeux et affable, un tantinet excentrique. Mais quand elle tire, je deviens agressif et colérique. Un combat s'engage alors entre les côtés facettes de mon esprit, chacun cherchant à prendre mon contrôle, à repousser l'autre au fond de la caverne. La bête, elle, est enchaînée... Mais elle est forte. Aussi forte que Fenris, le loup dont mes ancêtres se targuaient d'avoir emprisonné et enchaîné au fond de la terre... Parfois, elle gagne et une haine sans nom me submerge. Violence verbale, bris, violence physique... La crise est alors noire. Celle-là dejà doit être évitée. Mais lorsque la bête brise ses chaînes, alors la crise vire au rouge.

Un grimace de dégoût déforme alors mon visage. Les souvenirs affluent, aussi abjects les uns que les autres. Ils me donnent des haut-le-coeur mais il n'y a rien à rendre dans mon estomac, rien d'autre que de la rancoeur et de la répugnance.

- Je n'insisterai pas trop sur ce qui se passe dans ces moments-là. Je n'en garde d'ailleurs jamais de souvenir. C'est comme si quelqu'un de bienveillant effaçait de ma mémoire tout ce qui s'est passé pendant une crise et c'est tant mieux finalement. Par contre, je puis vous dire qu'à mon ...réveil... il m'est déjà arrivé d'avoir les vêtements maculés de sang, de me retrouver proche des cendres encore chaudes d'un taudis qui venait d'être ravagé par le feu. J'ai déjà cotoyé des cadavres à l'abdomen déchiré, les entrailles étalés sur le sol, des corps désarticulés, des bras ou des jambes déchiquetées dans une horreur indescriptible. Je... Enfin... Je crois que vous devez avoir compris... et si vous le permettez, je préfère ne pas repenser trop à tout ceci.

La haine engendre la haine. La violence est source de violence. Pourtant, repenser à tout ça aurait plutôt un effet répulsif sur moi. La bête est endormie en ce moment et mon discours n'a pas pour effet de l'appâter. Le problème, c'est que je ne sais jamais quand elle peut se réveiller.

Il y a de la résignation dans ma voix. J'ai toujours vécu avec cette malédiction et je sais qu'elle m'emportera avec elle sur l'enfer lunaire. Bah! Il y a au moins un avantage à la situation : en lui expliquant ce qu'il en retourne, la mère supérieure prendra peut-être conscience de la gravité de la situation...et elle verra que je puis aussi parler calmement, sans m'emporter, de façon totalement civilisée.


- Ça ma Mère, c'est la raison pour laquelle Alfonse doit s'organiser pour que ma cellule ferme de l'extérieur... et aussi pour laquelle, si vous me l'attitrez, il devra être bien plus qu'un porteur. Mais j'ai appris à vivre avec ça. A accepter toute l'horreur et la folie qui y est rattachée. Mais ça n'est pas la raison de ma présence ici...

Eurk! Elle est vraiment infecte cette bière! Je n'arrive pas à croire qu'une partie des tavernes du royaume sont alimentées par ce pissat d'ânesse! For fanden! Mais qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour être accepté ici!
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Ellya
Comme un petit poisson en pleine mer un jour de tempête, la nonnette fut submergée par le flot d'informations en tous genres. Et parmi elles s'en trouvaient qui n'avaient d'ailleurs aucune pertinence, notamment l'épisode du poisson. Elle les mit tout de même dans un coin de sa mémoire, qu'elle entretenait précieusement.
La suite l'intéressa davantage. Une malédiction. Un refus. Une punition.

Une cruelle punition.

L'espace d'un instant, le regard de la Prieure se voila. L'âme du Danois avait été, semble-t-il, tourmentée, mise à l'épreuve, saccagée. Elle avait le résultat en face des yeux. Un piètre résultat. Mais tout a une raison. Et c'est ce qui l'intéresse. Le pourquoi.

Elle n'a pas le temps d'y penser davantage qu'il continue dans ses révélations.
Crise noire. Crise rouge. S'il était en face d'un Inquisiteur, il se serait immédiatement retrouvé sur une table, entouré de cierges. Il aurait hurlé mille douleurs dans l'heure. Les exorcismes sont si douloureux. Elle l'a vu. Elle pourrait d'ailleurs sur le champ appeler Clarence, la seule Inquisitrice présente, mais ne le fera pas. Oh, pas dans son bien à lui, mais parce qu'elle en a la trouille.

Finalement,des dizaines de questions brûlent les lèvres de la religieuse. Évidemment, qu'il a retenu son attention. Il a même réussi à la persuader, partiellement, de son état. Elle voudrait le voir, ce Mal. Existe-il vraiment, ou n'est-ce qu'un fantasme lors de violentes fièvres?

Quand il se tait enfin, la Duranxie se demande comment il a pu raconter tout cela à une parfaite étrangère. Que pourrait-elle faire de ces informations? Elle entrevoit déjà des possibilités, les étouffe rapidement d'un geste de la main.


Vous allez trop vite.

Mensonge. Elle a tout saisi. Bien sûr, elle aura besoin de nombreuses prières pour tout peser. Pour voir s'il est un danger à la Communauté. Danger qu'elle ne tolèrerait pas. Sous aucun prétexte.
Elle réalise tout de même à cet instant qu'il ne lui a pas expliqué pour ses jambes. Or, c'est ce à quoi elle s'attendait. Elle s'apprête à le questionner, se retient.
Faut-il couper un homme quand il se met à nu?
Elle gardera ses interrogations pour après. Ce n'est pas comme s'il pouvait partir en courant...


Vous me peignez l'image d'un monstre comme si je devais naturellement l'accepter en notre sein. J'espère que votre raison saura faire pencher mon avis en votre faveur.
Une phrase.
Vous avez une phrase.


Elle imagine le défi impossible. Personne ne peut expliquer en une dizaine de mots la raison de sa venue en un monastère.
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Soren
Si elle m'avait demandé de résumer ma vie en phrase, j'en aurais été totalement incapable. Trop de souvenirs, bons ou mauvais. Trop de haine et de passion et ce même je n'avais souvenance de ces deux dernières années. Mais là, elle me demandait la raison de ma venue ici? ça oui, c'était possible! Elle aurait la raison. Juste la raison et non les causes.

- Remise en question ma Mère. Réflexions. Introspection. Réorientation.

Maintenant, vous savez ce que je suis venu faire ici. Je ne suis poussé ni par le désir d'embrasser la vocation religieuse, ni de piller vos réserves de bières et encore moins de dévoyer l'une de vos soeurs parce que je suis un détraqué incontrôlable. Je suis un homme perdu, quelqu'un qui doute. Je cherche un nouveau sens à cette nouvelle vie, celle que l'on vient de m'imposer et dans laquelle je suis totalement perdu. Je me doute bien que vous aviez compris ma soeur. Même une personne comme vous qui ne devez rien connaître au métier des armes doit se demander à quoi un homme comme moi pour désormais bien servir, n'est-ce pas?

Et puis, il y a tous ces changements survenus dans ma vie récente :une compagne perdue depuis des mois...même si pour moi cela ne date que de quelques semaines, une personne serait ma nouvelle compagne et que je ne connais pas, une soeur, une mère. Dieu et Oane ont beau dire que l'amour est le sens de la vie, les hommes ont besoin d'objectifs plus clairs, plus pratiques pour façonner leur vie.

Il y a aussi tout ce que je ressens et que je ne comprends pas. J'ai toujours détesté l'église pour ne pas respecter le séparation entre le Temporel et le Spirituel. J'ai hai tous ces prélats qui s'ingéraient dans les décisions du siècle au nom de la préservation de l'Aristotélisme! Je les ai hai autant que ceux qui renient leur parole. Rome était aussi corrompu par le pouvoir que l'étaient les nobles de tous les états. Pourtant, depuis mon retour, j'ai changé. Pourquoi est-ce que je ressens le besoin de me faire baptiser? Pourquoi est-ce que je désire faire la paix avec cette église sur laquelle j'ai craché pendant tant et tant d'années? Et pourquoi j'ai désormais tant d'aversion à porter une épée sur moi? Est-ce simplement à cause de ces jambes qui refusent obstinément d'obéir? Pourquoi est-ce que je pense qu'un bâton est une arme bien plus appropriée? Enfin, pourquoi j'ai l'impression qu'il faut que j'aille voir la cathédrale de Lyon? Je ne connais même pas cette ville. Est-ce des réminiscences de ma vie passée? Des lambeaux de souvenirs qui viennent affleurer à la surface de ma conscience? Il y a trop de pourquoi dans ma tête et pas assez de réponse. Trop de bouleversements en trop peu de temps.


- Et maintenant, je suis prêt à signer le contrat qui vous conviendra le mieux ma Mère.

Vous n'avez pas voulu en savoir plus ma Mère? Vous n'en saurez pas plus...pour l'instant. Je suis venu chercher de l'aide. Saurez-vous, vous ou vos soeurs, prendre la main que je vous tends.
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Ellya
Personne? Et pourtant.

Un sourire se dessina sur les lèvres palotes de la religieuse. Même s'il se peignait comme un homme à la solde du Sans Nom, même s'il était mercenaire dans une autre vie, même si la Prieure ne pouvait s'empêcher d'être dédaigneuse à son égard, il avait employé les bons mots. Se remettre en question. Voilà de quoi ouvrir une fenêtre vers un avenir nouveau.


Voilà une belle promesse.

Je n'en attendais pas moins de votre part.


Tant qu'il était prêt à signer, il valait mieux le rédiger de suite. Avec un peu de chance, elle allait même pouvoir rajouter quelques petites clauses par-ci, par-là, mine de rien.
Et toutes les questions qu'elle se posait, elle les garderait pour plus tard. Ce n'en serait que plus agréable à satisfaire.
Elle se saisit aussitôt d'une plume, la trempa dans l'encrier, et commença à rédiger ce qui lui passait par la tête.


... Ta ta ta. Point. Voilà. Vous consentirez à partager la cellule d'Alfonse? En tant que membre de notre Ordre, il en possède une. On réussira bien à y faire entrer une seconde paillasse. Et vous n'aurez pas à vous inquiéter la nuit de vos... humeurs.

Elle s'impatientait vraiment, sans doute à tort, de savoir à quoi cela ressemblait.
Sous cet acte généreux qu'elle lui faisait, elle écrivit également qu'il devrait effectuer au moins huit des dix-sept prières quotidiennes, en chemise ou en bure. Bref, humblement. Mais elle se garda bien de le dire à haute voix. Il le verrait au moment de signer. Ou pas.


Vous aurez également une confession obligatoire par semaine. Cela vous permettra de faire le point. De régler certaines choses. De vous soulager.

Qu'importe qui le confessait. Il aurait foule de possibilités, parmi les Cisterciens.

Enfin, vous aurez accès à tous les lieux. Si vous souhaitez méditer en paix, vous aurez l'embarras du choix.

Elle rajouta, à l'écrit, qu'il lui serait cependant interdit d'accéder aux caves.


Nous vous logerons, nourrirons. En échange, et bien...


Elle le regarda un instant.


... Vous ferez ce que vous pouvez pour la Communauté. Dans le respect des règles.

L'échelle des sanctions serait rédigée à la suite.


Vous pouvez m'épeler votre nom?

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Soren
- S ...ø...r...e...n ... ... E...r...i...k...s...e...n. Et n'oubliez pas de barrer le O. Sinon ça ferait Soren et non pas Seurn.

Elle n'a pas reculé. Elle n'a pas évoqué non plus de consultation auprès du père Bardieu avant de prendre sa décision. Il faut croire que tout ceci ne lui fait pas peur, même si elle a évoqué le terme de monstre. Monstre...Oui, suis-je vraiment un monstre? Indubitablement! Je n'ai pas un caractère facile même quand je ne m'emporte pas. Je me demande ce qu'ils pensent de moi ceux que j'ai fréquenté dans le Périgord pendant ces deux ans dont je n'ai aucun souvenir. Qu'est-ce que j'y ai fait? Comment me suis-je comporté? Me suis-je fait des ennemis mortels? Ai-je même...tué? Sans doute n'aurais-je jamais de réponse à tout ceci.

- Les crises dont je vous ai parlé ne surviennent pas la nuit pendant que je dors ma Mère. Je ne suis point de la descendance d'un lycanthrope ou autre affabulation de ce genre et malheureusement pour vous mes crises ne sont point attachées au cycle lunaire. Elles sont beaucoup plus imprévisibles que cela.

Et c'est en cela aussi qu'elles me font si peu. N'importe où, n'importe quand. Je n'ai jamais réussi à comprendre ce qui les provoquait même si elles peuvent être liées à une fatigue extrême, une période difficile à vivre, des difficultés à gérer, la tension du combat qu'il soit physique ou spirituel.

L'accès aux caves? Interdit? Je n'ai jamais compris pourquoi on pouvait signaler de telles interdictions. C'est comme une sorte de dédouanement : "je t'ai dit de ne pas y aller, c'est dangereux".Ou encore "Je t'ai dit de ne pas y aller, maintenant, assume les conséquences de ton geste". Qu'est-ce qu'il y a là-bas? A t-elle peur que je me serve directement dans lex tonneaux de bière? Que j'empoisonne la prochaine livraison causant ainsi des centaines de malades ou de mort? Cache t-elle un autre monstre comme moi? Un bossu? L'inquisition y a t-elle une chambre secrète? Ou les cisterciens sont-ils les gardiens pour l'éternité du trésor issu de l'hérésie cathare? Vous êtes étrange Mère Ellya vous savez? C'est comme si vous veniez de mettre une carotte au bout d'un bâton et me la faites pendre devant le nez.


- Vos conditions de logement, de travail, vos astreintes spirituelles, tout cela me convient. Je me plie à vos décisions.

Les prières? je ne les découvrirais que bien plus tard. En réalité, qu'est-ce qu'une prière si ce n'est qu'un moment de recueillement? Et puis? N'étais-je pas venu pour cela justement? De toute façon, il était inutile de s'asticoter sur un morceau de papier. D'un geste souple de la main, je fais glisser la plume sur le vélin. A l'encre noire, les lettres s'étalent naturellement, sans que j'en prenne vraiment conscience.

Citation:

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Ellya
Et bien tant mieux, que ce ne soit pas la nuit.

Après tout, il y a plus de monde dans les couloirs d'un Prieuré lors de la levée de l'astre lunaire, qu'en période diurne. Allez savoir pourquoi. Les moines ont peut-être le sommeil léger.
Toujours est-il qu'il a signé, et que c'est suffisant. Concentrée, la religieuse relut une dernière fois le document, pour être certaine de n'avoir rien oublié. Elle nota au passage que le Danois avait une écriture si propre qu'elle en paraissait bien féminine. Peut-être pourrait-il être utile comme copiste, afin de rédiger en double ou en triple chacun de leurs documents.


Citation:

Contrat à Durée Indéterminée
      Entre le Prieuré Sainte Illinda du Rivet d'une part
      & le retraitant Søren Eriksen d'autre part.


Il a été conclu, et sans ordre apparent, que:

  • Ledit retraitant aura droit, pour raisons médicales, de partager la cellule d'un moine, au lieu d'occuper le dortoir prévu à cet effet.
  • Il devra revêtir l'habit du humble pour, a minima, huit des dix-sept prières quotidiennes. Il sera libre de choisir l'heure de celles auxquelles il souhaite assister.
  • Il lui sera offert de la nourriture au réfectoire deux fois par jour.
  • Il devra se présenter au confessionnal, ou à ce qui servira d'un tel lieu le temps de sa reconstruction, au moins une fois par semaine.
  • L'ensemble du Prieuré lui sera accessible, hormis la cave, pour laquelle il ne possèdera pas la clef.
  • Il devra œuvrer pour la Communauté Rivetaine, dans la mesure de ses possibilités.

Si ledit retraitant ne respecte pas ce contrat, il se verra infliger la punition adéquate.
Échelle des sanctions pour les retraitants:
1 - Assister à l'ensemble des prières pendant sept jours.
2- Quitter ses hardes -sauf le strict minimum- pendant quinze jours en saison froide, trente en saison chaude.
3 - Aider chaque moine dans ses tâches tout le mois durant.
4 - S'occuper des soins des bestiaux du Prieuré jour et nuit.
5 - Faire une repentance publique.
6 - Faire un jeûne d'une durée choisie par les personnes désignées.
7 - Quitter le Prieuré.

Signé ce jour du 16 mars de l'an de grâce 1462.




Cela vous dérangerait-il d'en faire une copie? Je n'aurai pas le temps.


Elle veut surtout voir s'il en est capable. Ainsi, elle pourra l'employer pour quelque chose de plus utile que bailler aux corneilles, sur ses deux jambes inutiles.


Bien. Quoi qu'il en soit, continuez à vous plier à mes décisions, Snorn, et tout se passera au mieux pour vous.


Elle ne sourit même pas. Les contrats la rendent toujours amère, même s'ils viennent d'elle. C'est une histoire de blessure qui s'infecte.

Autre chose?

L'air de dire, vous me faites perdre mon temps.
Un chaleureux "Bienvenu au Prieuré" en somme!

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