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[RP] Maîtresse d'une nuit

Mheil
    Quelques branches pour le percher.
    Pousse toi le singe et laisse place à l'homme inconscient de son ridicule !



      Les solanacées "vireuses", dont fait partie la jusquiame, sont fréquemment évoquées dans les histoires de métamorphoses d'homme en bête. Elles peuvent en effet générer des hallucinations particulièrement puissantes, y compris celle d'avoir pris la forme d'un animal, au point d'en adopter le comportement.


En fin de compte, Mheïl aurait pu se laisser domestiquer par une personne plus virulente et mal intentionnée que l'Anaon, ce soir là. Le nombre de tiges qu'il avait ingéré excédait la limite à partir de laquelle il se serait laissé abuser par le premier venu. Au dépend de son déplaisir, cela dit. Le stupéfiant n'est pas l'origine de son déséquilibre, il le prétexte tout simplement.

Mheïl obéit au doigt et à l'oeil comme le chien maigre qu'il a toujours incarné. Il succombe lorsque l'Anaon circonvient. Elle l'a acheté. Sans même dévoiler un sous, elle l'a acheté. Elle vient d'obtenir ce que son amant ambitionne depuis bien plus longtemps qu'elle. C'est une femme. Rusée qui plus est.

Ils ont quitté l'auberge.

L'une raidit la laisse spirituelle qui les lie pour la soirée, l'autre culbute et bondit le long du sentier. C'est un wombat ! Ou en tout cas en a tout l'air.

Le museau dans la terre humide, s'il se voyait, il conviendrait que sa valeur ne doit pas chiffrer plus indécemment que celle d'un veau.

Instant lucide :


« Vous saignez encore ? »

Il ne s'agit pas de ménopause, mais du stigmate étiré aux bord des lèvres de la Roide, la posture de l'interrogateur n'est pas pour autant élégante. Il se prend pour un héron, à présent.
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Anaon

    Étrange nuitée.

    Lune et étoiles seront témoins que la mercenaire en aura rarement vécu de semblable. Ou en tout cas rarement du côté des spectateurs. Elle lève ses azurites au ciel qui pose un diadème de lueur sur leur chevelures. Fort heureusement que la lune est pleine. Sans lumière nocturne et avec cette éclairage des rues quasiment inexistant, la balafrée aurait sans doute eu bien du mal à conduire son illuminé ponctuel à bonne destination. L'attention revient par ailleurs à Mheil qui bondit d'un pas à l'autre dans un simulacre in-identifiable d'animal à quatre pattes.

    Qu'est-ce qui l'a mené à s'affubler d'un énergumène pareil ? Elle ne saurait trop dire. Elle connait trop peu l'homme pour lui vouer une réelle affection. Elle ne doit rien à personne qui justifierait qu'elle rende un semblant de service. Elle avait seulement vu le rouquin débarquer en taverne, les sens déjà sévèrement attaqués. Elle l'avait observé, à la fois amusée, envieuse et analytique. L'amie devant un pitre, droguée devant l'acolyte, scientifique face l'expérience. La solitaire n'avait pas fui sa présence chaotique et n'avez montré aucune indifférence, mais elle avait accueilli ses propos désordonnés avec une étrange bienveillance. Et l'Entamé ne semblait par ailleurs pas décidé à retrouver un brin de raison.

    Impassible, la mercenaire contemple la fine silhouette, le nez à la raz le sol, en train de traquer on ne sait trop quelle truffe. Pourquoi jouer les nourrices alors, si rien ne le justifie ? L'animal comptait rentrer seul. Mais il y avait fort à parier, que dans un tel état, il atteigne Longny les deux pieds en avant. Apprendre le trépas du roux le lendemain ne lui aurait pas causé de réel affliction mais... mais non. L'Anaon ne pouvait pas le laisser vagabonder à l'aveuglette. C'est donc prise d'un indescriptible élan qu'elle avait décidé de le mener à bon port pour cette nuit. Dans son port à elle. Et puis... On pouvait dire que désormais, Mheil lui appartenait.

    L'attention de la mercenaire se braque dans la pénombre. Au bout de la rue, elle aperçoit l'auberge qui la couve chaque nuit, son lampion qui pendouille sous l'écriteau, et qui semble être le seul point de lumière qui luise dans les ombres. Outre les tavernes qui s'animent encore d'un soupçon de vie, toute la ville est endormie depuis belle lurette.

    « Vous saignez encore ? »

    Le visage pivote, les prunelles se posent sur le folâtre. Instant d'incompréhension. Puis les doigts se portent soudainement à son visage, où l'une des joues est couturée de points de suture. Le sourire de l'ange a été réouvert d'une lame bien placée, et un éclat de rire incontrôlé n'avait, ce soir, pas aidé à la cicatrisation. La pulpe se porte à son regard, les doigts se frottent. Immaculés.

    _ Non...

    L'intérêt revient sur Mheil en... "gracieuse",quoique précaire, posture du héron. Les yeux roulent dans leur orbite. Un enfant... Voilà sans doute pourquoi l'Anaon n'avait pu se résoudre à le laisser patauger dans sa mouise.

    _ Mheeeeeeil...


    Et de se rapprocher du phénomène pour empoigner le col de l'énergumène perché avec une autorité toute mesurée. S'il il a bien une chose que l'Anaon avait compris, c'est que pour se faire entendre du majordome, il valait mieux ordonner en parole comme en geste que quémander. Elle aurait bien fait montre de plus d'intensité dans la voix, mais sa convalescente lui interdisait sévèrement d'ouvrir de trop le clapet.

    Un soupir. Dieux, les dizaines de mètre qui les séparent de l'auberge vont être un véritable périple. L'Anaon remarque alors l'anneau d'attache rouillé qui luit faiblement sous la lanterne de la pension. Les paupières se plissent un peu, et la main toujours fermée sur le col de son rouquin, l'autre pointe un index tendu dans la direction de la bâtisse.

    _ Mheil, vous voyez sous la lumière, la grosse bague de fer ? Là-bas... Non pas lààà-bas, ici, là. Voilà. Je VEUX que vous me la rapportiez. Immédiatement.

    D'où qu'elle nous sort une idée pareille ? Allez savoir. L'Anaon espère seulement avoir suffisamment captée l'attention de l'Entamé pour qu'il avance quelque mètre dans une relative ligne droite... Et puis, il pourrait bien s'acharner sur l'anneau scellé, jamais il n'arriverait à le déloger de son mur. Mais au moins, il serait à côté de la porte de l'auberge. Ce qui en soit serait déjà une belle victoire.

    Aller, on y croit !

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Images originales: Victoria Francès, Concept Art Diablo 3 - Anaon dit Anaonne[Clik]
Mheil
Statique lorsqu'il se fait brutaliser, Mheïl enregistre, avare de coups de becs qui caractérise la grue pour laquelle il se prend. Une fois relâché, il semble s’ébrouer. Du coup, son jabot se délasse, et il s'imagine déplumé.

Plus maladroit que majestueux, le grand oiseau s'indispose d'échassiers qui s'entremêlent. À défaut d'effectuer une gracieuse envolée, sa crédibilité bat de l'aile. Sa chute est la chrysalide du stade de héron à celui de lombric. Qui toutefois rampe, persuadé qu'il parviendra à se hisser à la paroi à laquelle est fixée la potence. On en est encore loin.

Les lambeaux de son pourpoints filent sous ses quadriceps et freinent sa progression.
À cet instant, les cervicales du contorsionniste se situent au point zéro du rapporteur. Considérons se repère pour établir l'angle de sa colonne vertébrale à cinquante degrés opposé au sol terreux. Le point culminant du rayon est la croupe du culbuteur.

C'est un pangolin.

Et le voilà qui roule. À travers champ, naturellement.


« Savez-vous en faire autant ? »

Exprime-t-il, lointain. L'objectif est déjà perdu de vue.
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Anaon

    La main lâche le col de la bête dans un relatif espoir. Un espoir apparemment bancal. Les doigts de la balafrée se crispent dans l'expectative, les paupières se plissent fort sceptiques quant à la démarche du... volatile ? Quelques pas maladroits... Et voilà que l'Espoir se met à ramper... La main restée en l'air s'abaisse de concert avec ses traits qui se font passablement déconfis. Et bien, au moins, on ne peut pas lui reprocher de ne pas avancer dans la bonne direction... Mais c'est qu'à ce rythme-là, demain sera couché qu'on aura pas encore fait la moitié du chemin.

    La mercenaire se redresse, bras ballants, un instant désemparée. Et elle, qui d'ordinaire, se fout bien du "qu'en-dira-t-on", ne peut s'empêcher d'envoyer un regard suspicieux aux alentours. Pas qu'elle ait une image à défendre, m'enfin, la sicaire s'est déjà tapé l'affiche une fois à Verneuil, elle n'avait pas spécialement envie de faire collection non plus.

    L'attention revient au sol et au corps de Mheil qui n'y est soudainement plus.

    « Savez-vous en faire autant ? »

    Le nez se redresse sur une masse sombre qui déboulonne dans les ruelles. Crispation. L'inspiration se prend, prête à râler sur l'Entamé, mais les lèvres s'ouvrent à peine qu'elles se ravisent. La mercenaire n'a plus envie d'amplifier la douleur lancinante qui pulse en toile de fond de sa joue. Le mal de crâne annonce déjà son arrivée. Autant ne pas le presser davantage... Rah le.. le...le BLAIREAU ! Alors la femme s'anime de quelques enjambées pour rattraper le fuyard qui n'est déjà plus sur le bon chemin. Dans son esprit fuse tout un florilège breton de langue grossière et c'est qu'elle vient à se demander pourquoi s'est-elle réellement handicaper de cet irrattrapable nocturne. Pourquoi déjà ? Elle ne sait plus... Pour une bague poison serti d'une pierre rouge ? Peut-être.

    Les deux bottes se plantent devant le gymnaste, enrayant de ses deux jambes la prochaine roulade. C'est pas vrai, est-elle aussi déplorable quand c'est elle qui se retrouve perchée à deux milles d'altitudes ? Oh non... Elle n'espère pas ! Et si çà devait être le cas, gloire à son cerveau qui a l'intelligence de ne pas lui rappeler ses écarts nocturnes ! Les mains jartent les pieds du rouquin en position chandelle pour l'attraper à nouveau par le col et tenter de le redresser. Damned, c'est qu'en plus à force de se traîner sur les rues à la propreté fort contestable, ce n'est plus qu'un lit qu'elle va devoir lui offrir, mais aussi un bain ! La sicaire se promet alors qu'au prochain abreuvoir, elle l'y collera dedans. L'eau gelée ne devrait pas lui faire de mal...

    _ Debout espèce de... de vous ! Et maintenant vous allez filer droit trente secondes... Ou j'vous y traine par les cheveux à l'auberge !

    Les dents sont scellées. L'Anaon exerce son art de ventriloque. La sicaire essaie au mieux de faire tenir le Mheil sur ses échasses en tentant de passer l'un de ses bras sur ses épaules. Diable, c'est qu'elle va finir aussi cradossée que lui... La liste de dédommagement va être longue. Très longue !

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Images originales: Victoria Francès, Concept Art Diablo 3 - Anaon dit Anaonne[Clik]
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