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[Rp] L’infortune de Brocéliande

Gildwen_thegen

Les différentes aventures avaient pris fin. Certaine depuis longtemps, comme son échappée totalement ratée vers les îles anglaises qui se transforma malgré-lui en guerre. D’autres, plus récemment, où il chercha vainement une sœur bien trop amoureuse pour seulement le remarquer dans un paysage provençale. Et s’il avait encore à faire, entre la gestion de ses terres bretonnes et sudistes, ses invitations à différents événements, ou ses promesses à exaucer, le Prince pouvait pour la première fois, depuis bien longtemps, se poser à nouveau et peut être même espéré mettre en œuvre ses nombreux projets. Ne restait qu’à définir une ville, hésitant encore entre la toulousaine et la montalbannaise.

Tout semblait aller au mieux pour le blond Brocéliande. Sauf que voilà, le bon peuple se compose d’une multitude de personnes sans aucune culture, aucune connaissance, mais qui ne peuvent s’empêcher de brailler et hurler leurs avis comme pour l’imposer, faire croire qu’il intéresse réellement quelqu’un. Et parmi les discussions entendue en ce jour d’un mois d’avril habituellement propice au renouveau et au bonheur, certains avaient eu le don de l’agacer au plus haut point.

Le pas rapide, il se dirigea vers sa demeure encore toute provisoire et d’une voix forte appela son homme à tout faire.
« Bernard ! Personne ne répondait réellement à cette dénomination. Mais le serviteur avait l’habitude que son maître ne se rappelle jamais de telle futilité, et en bon exécutant, il se sentit assez concerné pour répondre. Plume et vélin. Nous allons vous dicter. » Tout en marchant, les mains dans le dos, les mots fut exprimés avec aise et le scribe s’employait à les retranscrire au mieux.


Citation:
À la Damoiselle Alix-Ann de Montforts,
Dame de Buzay,
De Son Altesse Gildwen II de Brocéliande,
Dieu des Craonnais, Roi des Blonds, Prince de Bretagne, Marquis de Cucu, Vicomte de Loyat et Seigneur de Mondebat, Grand-Sauveur de Craon, Protecteur de la Bienveillante et des Marches du Grand Nord, Médaillé du Comté d’Artois.


    Damoiselle,

    Nous étions dans un confort des plus exquis, un chaud printemps sudiste tel que le nord ne peut se vanter qu’en exceptionnelles saisons estivales, lorsque Nous fûmes interrompu par une nouvelle fortement désagréable, vous en conviendrez tout aussi aisément, fausse rumeur nauséabonde et grossière. Certains se plaisent, Nous le craignons fermement, à prolonger cette ridicule tradition de la populace qui consiste à user d’humour lors du premier jour de ce mois. Sans doute pensent-ils ainsi bien faire, être amusant et équivalent aux bouffons royaux dont la maîtrise de cet art du rire demeure sans équivalent. Notre esprit princier n’y voit cependant qu’offense et en demandera logiquement réparation.

    Ces ragots et bruits inévitables d’oisifs gens font mention d’union entre nos deux personnes.

    C’est à la mémoire de votre défunte mère, pour laquelle Nous avions un grand respect, que Nous en prenons la peine de vous écrire pour vous signaler ces tristes faits. Il serait immoral de ne pas partager ces informations avec vous, tant de tel récit populaire pourrait en nuire directement à votre personne par différente façon dont votre intelligence saura repérer et dont il n’est pas nécessaire de lister ici.

    Nous prenons aussi soin à vous informer qu’une telle œuvre ne saurait être issue de Notre fait, ni de celui de l’un des membres de Notre noble et prestigieuse famille. Votre nom, à lui seul, suffirait à en expliquer les motivations tant il est banni, synonyme de fourberie et d’insultes, autorisé au mépris et ne faisant que provoquer en Nous qu’un profond dégoût. D’autant plus que vous n’êtes pas, en autre motivation, une personne si prestigieuse pour prétendre à une telle union, inconnue malgré un héritage certain disparut ou dilapidé tel que votre espèce sait le faire. Ajoutez à cela vos différentes occupations et autres liens d’amitié bien troubles, vous en comprendrez alors Notre position et l’insulte qui Nous est faite par cette union aussi insensée que déraisonnable.

    Nous sommes toutefois convaincu, Nous voulant rassurant pour votre cas, que votre famille saura comme toujours vous trouver un homme compétant, apte à faire de vous la femme tel que votre nom vous en prédestine, vous aidant à vous reproduire de nombreuse fois, comme il en a toujours été.


Aut optima, aut nihil.

Remis en cité de Toulouse, ce mois d'avril mil quatre cent soixante-deux. **



Un regard sur le parchemin, l’œil inquisiteur, le Prince de Brocéliande semblait satisfait de la production. À la relecture, il fallait bien se l’avouer, on pouvait y voir comme une marque – ou plus précisément un don tant il semblait en exercer avec une aisance déconcertante – de son savoir parler aux femmes. Ne manquait alors que l’évocation d’un surpoids ou d’un âge beaucoup trop avancé pour conclure le volet de l’élégance et du charme. À cela, il n’avait prêté cette fois aucun effort pour ce destinataire de Montforts, qui n’était digne d’aucun respect ou d’aucunes politesses, seulement quelques cordialités dues à une filiation maternelle.

« Cela sera bien, annonça-t-il à l’homme tout en raturant volontairement quelques fautes et ajoutant quelques mauvais mots ou détails à qui saura les repérer, recopiez cela et donnez à faire transmettre en Grand-Duché de Bretagne. Il paraît que la fillette est un minimum connu. Avec un peu de chance la tâche vous sera facilité. » À peine la copie corrigée fut-elle terminée, qu’un nouvel ordre vint frapper le serviteur. « Maintenant, passons à celle pour la procure. »

---
* Veuillez prendre note qu’il n’existe aucun rapport, de près comme de loin, entre la musique et le récit conté. Ce n’est là qu’une manière modeste de divertir le lecteur.
** Pour des raisons évidentes de logique Rp, la date exacte n'est pas communiquée. Considérons cependant qu'elle est indiquée avec précision, les personnages la connaisse.

_________________

Oh Gildy, Gildy, pourquoi es-tu si méchant, Gildy, pourquoi en veux-tu à tous les gens ?
Alix_ann


Au moment de la réception de la lettre, à Buzay, Buzay flânait. Depuis son retour dans la petite seigneurie héritée non sans peine elle avait dû résoudre mainte soucis de récolte, trouver des fonds pour rénover quelques bicoques, se faire calculer par les pechnos sous sa gouverne, anticiper les maladies du bétail à leur place, faire vivre sa terre en vendant sa production. Tout cela commençait doucement à se faire sous le joug Alixien et la petite Montfort était fière d'arriver à ses fins.

Alix, enfin reposée de tous ses menues soucis d'ordre féodal, soulagée de ne pas avoir à appeler sa marraine grosse de plusieurs mois à grands renforts de caprice pensait que tout ne pouvait qu'aller pour le mieux dans son monde.

C'était sans compter l'élément perturbateur sur le point de faire son impromptue apparition.

La lettre traversait en ce moment l'entrée un peu effrité du micro-manoir Buzéen, se frayant un passage entre les quelques personnes réquisitionnés pour le bon fonctionnement de la maison, pas plus de trois ou quatre, proportionnellement à ce que ses maigres finances, ou carrément l'absence de finance, le lui permettait. Il fût donc aisé pour la lettre de gravir l'escalier, empoignée fermement dans la main d'une de ses petites personnes qui se dépêchaient d'aller toquer à la porte pour déranger Alix, qui croyait encore tout à fait à la quiétude, qu'elle pensait durable, dans laquelle elle planait.

Quelques secondes plus tard le vélin, qui n'était pas de moindre qualité, passait de la poigne de la petite personne à la sienne. Avec parcimonie l'élégant papier est déplié puis lu à sa juste valeur. Le sourcil se plie, la moue se contorsionne.


-« Mais c'est quoi ces conneries? »
En s'énervant bien sûr la fin. Parce que si Brocéliande sait y mettre les formes, Montfort est un peu plus sanguin.
Et de tout de suite déguerpir pour aller répondre, encore bien à chaud.
-« Keskimveulaut'lààà? »

Citation:
À vous, Gildwen de Brocéliande, aux innombrables titres que je ne saurais tous énumérer et encore moins expliquer,
de Moi, Alix Ann de Montfort, sans s, que je ne sais pas d'où vous sorter, Demoiselle de Buzay, oeuvrant dans différentes institutions Bretonnes dont j'omettrais de me vanter, désireuse de vous laisser l'exclusivité de ce loisir dont vous sembler tant jouir,

    Votre Altesse, tout aussi discuté vous soit cette appellation,

    J'étais Moi-même tout particulièrement occupée à profiter du temps libre que j'ai incontestablement mérité et dont j'avais plus que besoin lorsque votre aimable missive m'a été porté. J'ai pris note de votre récit et j'ai compatis autant que ma raison puisse me le permettre à votre sort. En revanche, j'arrive moins à saisir exactement la teneur de votre requête. Je suis moi-même tout à fait occupée par la gestion de mes propres gens pour vous conseiller sur la manière de vous faire obéir des vôtres. Ne savez-vous donc pas comment faire taire une rumeur qui vous met à mal? Ou simplement, êtes-vous trop pris à vos réflexions princières hautement spirituelles, j'en conviens avec un peu de peine, pour comprendre qu'ils puissent avoir d'autres occupations, comme celle de par une vieille coutume s'enjailler à vanner les gens le premier jour du mois? Ou celle d'être manifestement plus au courant de votre sort que vous l'êtes. Pardonnez leur ingratitude, j'en fais bien de même concernant la vôtre en prenant la peine de vous répondre et même de vous expliquer de quoi il s'agit.

    Votre belle-soeur, qui semble dotée d'un bon sens qu'elle ne partage manifestement pas avec les membres de votre famille, sûrement parce qu'elle est une pièce rapportée par le mariage avec votre frère, le Prince de Brocéliande, a dans l'idée de nous unir. Que cela vous plaise ou non. C'est elle que vous devriez embêter si vous avez un quelconque soucis avec cette idée, ou si vous souhaitez être plus officiellement mit au courant, pour un peu qu'elle ne se soit pas tâché de vous en informer et que ce soit tombé pendant une de vos séances méditatives princière. Ce n'est pas pour me faire plus plaisir qu'à vous, ayant étrangement encore plus de réserve sur ce savant projet de nous unir depuis la réception de votre courrier, mais il semble que cela lui tienne à coeur et je ne peux qu'admirer son ambition de tirer quelques choses de Brocéliande et ses membres. Ça n'a pas l'air chose aisée quand on constate que vous partagez tous le même esprit étriqué, imperméable à ce qui ne concerne pas vos petites personnes.

    Car si Montfort vous évoque la fourberie, les insultes et le mépris Brocéliande m'évoque un ramassis de blondeurs toutes aussi arrogantes les unes que l'autre, tout juste bon à pavaner avec leur jolie armes représentant une jolie licornes sur fond vert amphibien en clamant qu'ils sont les meilleurs du monde. La vérité c'est que si un jour Brocéliande a brillé ce n'est pas grâce à votre petite et, même si vous avez du mal à le concevoir, modeste personne. Aujourd'hui Brocéliande n'est plus bon à grand chose, on croit votre frère disparu dans une grande partie de la Bretagne, certaine personne conteste encore la légitimité de votre soeur en temps que princesse et je ne parle même pas de la vôtre, et il n'y a que votre belle-soeur et elle pour oeuvrer pour la Bretagne et y faire résonner ce qu'il reste de Brocéliande.

    Je n'ai aucune honte à parer le nom de Montfort, je peux être fière des agissements liés à ce patronyme et il y en a encore de nombreux aujourd'hui. Et si il peut évoquer le méprit sa simple mention peut réunir des armées de milliers d'hommes lorsque le vôtre laisse souvent pantois, comme quelque chose dont on aurait vaguement entendu parlé un jour. J'ai moins besoin de cette union que vous et je pourrais écrire des jours durant pour énumerer tout ce qui me fait de la peine à l'évocation de votre nom. Mais je n'ai pas la patience, ni le temps, d'avoir à faire avec un prince qui devrait s'occuper de choses plus importantes que de venir me gratter les poux, à commencer peut-être à vous expliquer avec votre belle-soeur.

    Quant à ma mère vous la remercierez pour sa large contribution à ma dote.


Que le Très-Haut vous aiguille dans votre pénible quête de vérité,
Dans l'attente, non trop impatiente, de nouvelles de vôtre très illustre personne


_________________
Gildwen_thegen
Les courriers eurent à peine le temps d’être pris en charges, que le Prince avait déjà donné ses premiers ordres, clairs, entamant les recherches sur les origines des rumeurs et leurs véracités. Car, d’un adage toujours bien utile, il était connu que toutes avaient une part de vérité, ne se basant pas uniquement que sur l’imagination fertile d’une populace avide d’histoires pour égayer leurs mornes journées. Et les retours ne tardèrent pas, s’annonçant plus désastreux aux yeux du Brocéliande que ce à quoi il aurait pu s’attendre. Non seulement cette affaire semblait prendre source en Bretagne directement, mais les rapports recoupés tendaient même à faire penser que son frère, l’aîné de la famille, en était l’instigateur. De quoi, à la fois, calmer et agacer le blond Bretangevin. Il pouvait bien se situer bien plus au sud de ses terres natales, Gildwen n’en demeurait pas moins informé sur les actions du nord. Ainsi, l’absence d’Amalric ne lui était pas inconnue, et si les rapports venaient à être confirmé, il y avait fort à parier que sa femme, Maryanne, était réellement maîtresse de cette situation. Mais dans quel but ? Quelles étaient les motivations d’une telle sanction ? Il était encore bien trop tôt pour écrire à sa sœur par alliance. Les protestations et revendications qu’il avait à formuler devaient encore recevoir confirmations et, plus que tout, il devait en attendre la réception d’urgente missive pour avancer sa stratégie. Il avait commis quelques erreurs quelques années plus tôt, cela ne devait pas se reproduire.

Comme à son habitude vêtu de vert et d’or, le maître des lieux tournait dans la grande salle, d’un pas lent qui agaçait en silence son homme à tout faire. Une manière pour lui de pousser la réflexion plus en avant, cherchant inlassablement à comprendre les manigances bretonnes. Était-ce leur premier contact, d’une base d’animosité, qui lui avait valu cette condamnation à épouser Montforts ? Ou était-ce un simple échange entre deux familles dont il était une victime ? En cet instant, Gildwen regretta seulement ne pas avoir passé plus de temps en compagnie de Maryanne, cela lui aurait certainement permis de saisir sa façon de penser et d’agir. Au loin, entrée de la grande maison, une voix s’éleva.
« Un courrier pour Son Altesse ! » La libération venait enfin.

Confortablement replacé à son office, une première lecture des mots de la jeune Montfort fut faite.
« Nous allons vous apprendre à traduire un Montforts. » Par « Montforts », il entendait surtout « Breton » s’incluant dans le lot sans toutefois l’exprimer réellement. D’un sourire, le Prince se leva pour prendre l’une de ses plumes et se mettre à disposition d’un peu d’encre. Tendant la main, il fit signe à son valet de lui remettre le parchemin – ce qu’il se pressa d’exécuter – tout en gardant soin de préserver un temps encore ses services. « Les mots sont amusants, Gontran, mais ils cachent souvent d’autres vérités. » Et d’un même temps, il ratura le courrier reçut à plusieurs reprises et un long instant. Tout ce qui relevait de l’insulte, du hors sujet, ou des considérations familiales étaient ainsi retiré pour n’en garder plus que l’essentiel du message. « Voyez, cela vous est dorénavant plus clair. Faites en lecture. » La seconde écoute ne lui était pas nécessaire, il en appréciait simplement les mots, ouverture d’une joute écrite dont il se plaisait à l’usage. L’adversaire avait du répondant, le plaisir en fut accru.

Mais l’affaire en substance y était bien trop importante pour être ainsi résumé. La missive venait de lui confirmer ses pires craintes. Fallait-il pour autant la croire sur parole ? Nul doute qu’aucune confiance n’était encore permise à ce niveau, et si les révélations étaient ainsi émise, rien encore ne prouvait qu’elles n’étaient pas que d’autres mensonges dans le seul but de déchirer une famille opposante. L’idée fit son chemin, de longues minutes durant. Les choix, cependant, n’étaient pas si nombreux.
« Gaston ! Plume et vélin. » Encore une fois, le prénom fut erroné. Encore une fois, aucune correction ne fut apportée. Le second homme s’exécuta simplement à la tâche, se mettant en place pour écrire ce qui lui fut dictée.

La scène était inhabituelle. D’ordinaire très confiant et direct dans ses paroles, il hésita ici de longue minutes et fit corriger de nombreuses fois le scribe changeant tour à tour les tournures, la syntaxe et même quelques mots pour paraître plus diplomate. L’enjeu était de taille. Sa seule issue, en vérité. Refuser à son aîné, après ses quelques actions passés, lui était désormais impossible. Fuir, n’était guère plus une option, se sentant déjà au bout du monde. Ne restait alors que la coalition. Un combat commun pour avenir sauvegardé.



Citation:
À Vous, Montforts,
De Son Altesse Gildwen II de Brocéliande,
Dieu des Craonnais, Roi des Blonds, Prince de Bretagne, Marquis de Cucu, Vicomte de Loyat et Seigneur de Mondebat, Grand-Sauveur de Craon, Protecteur de la Bienveillante et des Marches du Grand Nord, Médaillé du Comté d’Artois.


    Vous,

    Le regret Nous gagne à la lecture de votre réponse et constatant que vous n’êtes que la digne héritière de votre patronyme, une de plus parmi tant d’autres. Nous le déplorons, votre âge avancé ne permettra pas d’en corriger ce point, par la reprise de l’ensemble de votre formation et votre éducation. Notre volonté même n’y est pas. Il faudra faire avec ce que Nous confie le Très Haut et se contenter d’une qualité de plus en plus faible de la production des membres d’une famille qui se prétend encore d’une certaine noblesse. Si les couronnes sont bien présentes, le comportement n’y a que rarement eu sa place. Nous constatons avec cette même peine, votre réponse elle-même en est preuve, que Montforts reste maître pour la violence, la brutalité et l’insulte gratuite. Rares sont ses membres usant d’une autre voie, qu’ils soient conseillers, diplomates et même clercs. Vous n’en faites ainsi nullement exception.

    Nous pourrions passer Notre temps à expliquer et détailler les différences entre nos deux familles, se querellant sur des points de détails, rappelant que le fait de partager la couche de la quasi-totalité de la Bretagne pour faire enfanter plus encore que des duchés entiers, permet effectivement de remplir des armées avec facilité. Nous sommes navrés de vous voir y conclure un quelconque exploit ou ne serait-ce qu’une prouesse digne d’être ainsi vantée. Quantité ne fait pas qualité. Montforts n’innove en rien, et d’autres bien avant ont agi de même dans toutes l’Europe. Les plus éclatants ne sont pas toujours les plus productifs. N’allons donc pas plus en avant sur cette discussion futile, Nous n’en avons ni le cœur, ni plus de temps à consacrer. Permettez tout de même que Nous retenions votre désir d’être traitée telle une paysanne, Nous y accédons humblement n’ayant aucune volonté à vous forcer d’accepter ce que vous êtes. Il vous reviens le droit du reniement, même si Nous estimons cela détestable.

    Notre faute, si elle existe, est sans doute dans le fait d’avoir imaginé que vos capacités intellectuelles étaient en mesure de comprendre Nos intentions premières et la gravité de ces nouvelles. Notre message n’avait pas pour autres buts que ceux avoués de prévention. Il est en effet aisé pour Notre personne de contourner cette désastreuse rumeur du fait de Notre éloignement au Grand-Duché, mais cela vous sera plus difficile d’en faire de même, entourée de votre famille et autre Bretons bien avides de « saigner » du Brocéliande. Vous en seriez alors un dommage collatéral, une victime dans leur néfaste entreprise. C’est par soucis de votre personne, et uniquement la vôtre, que Nous avions pris la peine de ce contact et que Nous continuons encore à ce jour.

    Si, au travers de vos insultes répétées, votre réponse portant sur le fond du sujet dit vrai, alors Nous pensons qu’il faille agir ensemble, coopérant pour l’abandon de ce projet. La tâche peut paraître fastidieuse et ne Nous plaît pas plus qu’à vous, mais elle serait un mal nécessaire, un sacrifice de peu de temps, pour un futur de bien meilleure qualité. Repensez donc à vos paroles, accusatrice et juge à la fois, concernant Notre Princière personne. Persuadez-vous de tout le mal que vous souhaitez. Imaginez une réunion seulement de deux familles qui se haïsse. Supposez une vie de couple, régit par un règlement précis et contraignant pour feindre au mieux une vie de couple. Détestez l’idée de procréation à laquelle il faudra se résoudre. Toutes les dots du monde ne valent pas cela.

    Nous vous prions de bien étudier cette proposition et lui porter toute votre considération. Indéniablement, personne ne veut de l’autre et cette alliance, si elle doit se conclure, n’est que pure folie. La coopération est indispensable pour la réussite.


Aut optima, aut nihil.
Remis en cité de Toulouse, ce mois d’avril mil quatre cent soixante-deux.




Satisfait après plusieurs brouillons, la cire finissait tout juste de sécher sur le parchemin, marqué sur scel princier. « Cette fois, portez le pli en personne. Que nul autre n’y accède, sous aucun prétexte. Ni les autorités ducales, ni même Notre famille. Brûlez-le s’il est en danger. Défendez-le de tout regard, au prix de votre vie. Ne le livrez qu’à la jeune Montforts et elle seule. » Revenant à son bureau, il en dénicha une bourse pleine qu’il lança en direction de l’homme. « Voici pour votre mission. Prenez aussi trois hommes en armes, et le temps qu’il vous faudra. » Il n’était pas nécessaire d’en recruter que trois volontaires s’avancèrent, tout habillé aux couleurs de Mondebat. Le blond exagéra certainement l’importance de ces quelques lignes couchées sur vélin de qualité, mais la simple idée que l’on puisse connaître sa petite conspiration ne lui inspirait que de mauvaise chose. D’autres avaient été banni pour moins que cela, allant parfois jusqu’à en perdre la vie. « Souvenez-vous, l’échec n’est pas une option. »
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Oh Gildy, Gildy, pourquoi es-tu si méchant, Gildy, pourquoi en veux-tu à tous les gens ?
Alix_ann
-« Mais je vais... »
La petite femme à qui imposait la lourde tâche de coller Alix la regarde avec de gros yeux éberlués, hésitant entre vomir et lui foutre une baffe, se contentant finalement de se rappeler la place qui était sienne.
-« Je vais le... »
Interdite est la petite servante, cherchant du regard celui des trois hommes armés et du pechno qui ne comprenaient pas mieux de quoi ils étaient victimes, tous suspendus aux lèvres Alixiennes qui finit par exulter dans un ultime effort.
-« Rhââââ »
La lettre est immédiatement broyée par la petite paire de main. La petite Buze s'évite de balbutier un milliard d'insultes envers le Brocéliande, ne prend même pas la peine de relever la ridicule petite livrée de la troupe envoyée pour lui remettre la lettre. Elle s'éloigne, trop désireuse de ne pas gaspiller son énergie à les renvoyer elle-même, préférant la garder à trouver quelle réponse était la plus (ou moins) appropriée.

Relativement inspirée pour fustiger le prétendu Prince des semaines durant s'il l'eut fallu elle ne tarda pas trop à expédier sa réponse en prenant soin de mal la sceller, de l'emballer le moins princièrement du monde et de ne pas l'embarrasser de gardien. Elle partit par le plus simple des moyens jusqu'au relais de poste le plus près, c'est à dire loin, qui l'expédierait aussi vite qu'elle le pourrait jusqu'au prochain dans une longue ascension ou la lettre pourrait faire son bonhomme de chemin, ou même pourquoi pas se perdre, ce qui serait chose aisée compte rendu de la qualité de ce qui ressemblait le plus à un réseau postal en Bretagne.

Et finalement, il n'y en avait pas un pour rattraper l'autre.


Citation:
À Gidwen Thegen de Brocéliande, patati patata
d'Alix Ann de Montfort,

Je ne vous salue guère,

    Vous êtes fatiguant. Vous êtes totalement épuisant, mégalomane, immature, arrogeant. Vous me donnez envie de vomir. Je ne vous aime pas. Vous avez raison, je ne veux pas de ça.

    Et puisque vous répondre m'embarrasse, m'empêche de faire des choses utiles telles que vous ne savez en faire comme maintenir la position qui m'est due à la place qui l'est tout autant mais que tout de même je me dois de vous répondre pour vous rendre votre élan de gratitude je vais faire au plus court.

    Vous n'êtes pas Prince de Bretagne, vous n'êtes même pas Vicomte de Loyat. J'en sais que je puis vous assurer que les gardes ne vous reconnaîtrait même pas, que la Bretagne entière ne vous reconnaîtrait pas. Vous ne deviez cet héritage qu'à votre défunt cousin alors Grand Duc et vous avez réussi la prouesse qu'il vous le confisque, vous interdisant formellement de vous prétendre prince, faisant référence à vous comme un usurpateur. Vous êtes à peine encore Brocéliande. Pour ce qui est du reste votre seul mérite tient à avoir vraiment beaucoup d'imagination.

    Aujourd'hui, si vous saviez taire vos enfantins caprices ce ne serait pas votre soeur qui aurait hérité du titre de prince ce serait vous. Mais peut-être votre cousin a-t-il vu juste, peut-être Mayane est-elle trop idéaliste, peut-être n'avez-vous l'étoffe d'un Prince que apparence le reste manquant de force et de neurones.

    Je ne veux pas coopérer avec vous. Un mariage avec moi aurait pu vous permettre de récupérer les terres et les titres qu'on a bien voulu vous céder et que vous avez refusé comme l'enfant trop gâté que vous êtes. Quant à moi je n'en ai nullement besoin, ma place est assurée et tout ce qu'il y a de plus légitime et comme vous l'avez si justement souligné il sera aisé de me trouver quelqu'un de convenable. Mais nul besoin de coopérer, et fort heureusement puisque je n'en ressens nullement l'envie. Mon oncle n'a pas encore dit son mot sur cette union, de même que mon père, je n'aurais qu'a leur raconter la stricte vérité, que vous vous êtes chié dessus à la simple mention de m'épouser, ça les fera bien rire et je tiens à insister sur la vulgarité de la discussion de famille. Les gens ne vous croiront plus morts et en prime peut-être même bien que cette histoire alimentera les discussions des petites gens que vous méprisez tant quelques semaines. Ne vous en faites pas, qu'est-ce qu'il peut bien arriver de pire? Qu'on se mette en tête qu'en plus de s'en carrer, de la Bretagne, le bien aimé petit prince déserteur est un sodomite par exemple? Qu'en sais-je, je ne me soucie que peu des rumeurs.

    Ma réponse est non. Cette union je l'éviterais toute seule s'il faut. Apprenez à en faire de même.


Bonne chance,


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Gildwen_thegen
« À Toi, Montforts, commença-t-il dictant à haute voix la réponse à transcrire. L’emploi du tutoiement, signe de la pire des insultes pour le jeune Brocéliande, était mêlé de son synonyme par le nom de famille. Difficile de faire pire. Et sans ajouter ses propres marques et titres, il en continua pour former un message plus direct. Pauvre gamine. » Et ainsi, il continua.

***

Le prince était assis depuis plusieurs heures à présent. La journée touchait à sa fin et, la nuit tombant, l’ensemble des serviteurs avaient reçu l’autorisation d’occuper leurs temps au sommeil, au jeu, ou aux derniers moments de tavernes pour les moins importants. Tous seraient libres dans quelques heures, lorsque la nouvelle journée en sera bien avancé, et que le Prince en prendrait la route pour accomplir une mission divine, une promesse de longue date qui avait désormais une importance toute particulière.

Mais avant cela, en cet instant, les pensées restaient consacrées exclusivement au courrier reçu, et plus précisément à la réponse à apporter. Lorsqu’à l’exercice de rayer toutes les phrases d’insultes il n’en resta plus aucun mot, il fut convaincu que le temps était à la conclusion et à la promesse d’y ajouter un nom à la longue liste des indésirables. La méthode des adieux étaient cependant encore inconnues. Gildwen avait une première version qui ne parvenait pas à le satisfaire entièrement. Son sang chaud, Breton, l’aurait accepté sans se soucier des conséquences, mais il n’avait pas fait tout ce chemin loin de ses terres natales pour en retourner dans les mêmes travers et mêmes vices. Il fallait la corriger.

C’est de sa main, que la dernière serait écrite. Une main hésitante, se censurant parfois lorsque la volonté de s’emporter était bien plus forte que ce que la raison, et son rang, n’aurait pu lui accorder. Une main, qui se voulait aussi diplomate que ferme, n’ayant nullement l’intention d’accepter l’outrage auquel il avait été confronté. Et ce n’est qu’au matin, bien après l’aurore et le cri du coq, que Gildwen eut fini.


Citation:
À Alix-Ann de Montforts,
De Son Altesse Gildwen II de Brocéliande,
Dieu des Craonnais, Roi des Blonds, Prince de Bretagne, Marquis de Cucu, Vicomte de Loyat et Seigneur de Mondebat, Grand-Sauveur de Craon, Protecteur de la Bienveillante et des Marches du Grand Nord, Médaillé du Comté d’Artois.


    Vous,

    La tristesse Nous envahit à la lecture de votre dernier mot. Votre usage du mensonge et de l’insulte, à une fréquence si élevée, aurait pu relever de l’exploit si l’ensemble des membres de votre famille ne s’en était pas déjà rendu maître, et donc la Bretagne avec. Vous en êtes digne héritière, Nous avions eu l’occasion de le mentionner bien avant. Vous devez en être si fière. Pardonnez cependant que Nous n’acceptions plus ces instants inutiles, gâchant votre si précieux temps, et que Nous mettions fin à cette correspondance.

    Notre éloignement bienfaiteur, loin de ces comportements et de ceux qui les pratiquent, est tout de même la source de quelques ennuyeuses erreurs. Nous n’avions, ainsi, pas compris votre proximité avec les membres de la hérauderie et de la noblesse bretonne, ou vos facultés à les copier en tout point. Mais Nous pouvons vous assurer que, seule ou à quarante, un mensonge répété ne deviendra jamais une vérité, même si vous y portez une vive et sincère conviction. Le souci pour le détail et la vérité n’est, malheureusement, ni leurs fort, ni le vôtre.

    Oserions-Nous seulement partager quelques connaissances, pourtant la base de ce qu’appelle votre fonction, en rappelant les traditions et coutumes de la noblesse de Bretagne ? Oserions-Nous seulement rappeler que Nous n’avons jamais refusé une quelconque responsabilité ? Oserions-Nous encore vous apprendre que Nous n’avons jamais méprisé une seule personne qui ne soit autre que Montforts ? Nous craignons que cela soit bien trop de chose pour vous, plus habile à répéter les paroles et les gestes de votre proche entourage, qu’à seulement réfléchir. Vous n’avez rien compris de Nos intentions, ni même de ce que Nous sommes.

    Quant à Notre problème, véritable motif de ces lettres bien que vous ayez préféré détourner leurs sens en insultes, Nous laissons agir votre génie et vos capacités de persuasion hors du commun. Vous travaillerez ainsi pour deux. En cas d’échec, vous n’aurez jamais qu’à supporter quotidiennement un personnage bien fatiguant, épuisant, mégalomane, immature et arrogant, un enfant trop gâté qui vous donne envie de vomir par simple fait d’écrit et de lecture. Nous espérons, pour vous avant tout, que vous êtes aussi douée que vous l’annoncez.

    Que le Très-Haut Nous garde. Nous nous en remettons plus qu’à lui seul.


Aut optima, aut nihil.
Remis en cité de Toulouse, ce mois d’avril mil quatre cent soixante-deux.



Une autre fois, lorsque ses occupations seront terminées et si l’affaire est encore d’actualité, viendra le temps de songer à un autre plan, plus sûre et confiant que les seules capacités supposées d’une Bretonne qui lui était encore trop inconnue.
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Oh Gildy, Gildy, pourquoi es-tu si méchant, Gildy, pourquoi en veux-tu à tous les gens ?
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