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[RP délocalisé] Un break pour l'âme.

Finn
L’après-midi en déclin, le petit groupe s’est installé aux abords de la route pour une halte. Les piquets sont plantés, les tentes dressées, et les montures dessellées sur un coin d’herbe suffisamment chevelu pour leur permettre d’affronter la prochaine journée de voyage. Breizh est encore lointaine, le schéma se répéterait sur des semaines avant d’en pouvoir gravir les Marches.

Un rien à l’écart du bivouac, Ó Mórdha jouit d’un de ces rares moments de paix. Affalé contre un arbre, le cul dans la mousse, l’Irlandais goûte la solitude retrouvée après plus d’un mois de mobilisation au sein de la soldatesque bretonne. Seul et peinard. C’est pas si souvent et ça ne durera pas, alors on en profite. Tôt ou tard, Alix viendra se plaindre des insectes, l’épouse de sa bedaine douloureuse et les autres de la qualité de la gamelle. La femelle est douée d’une imagination redoutable lorsqu’il s’agit de lui pétrir les nerfs et celles qui le flanquent n’échappent pas à la règle.

Tiens, mais que voilà ? Ne serait-ce le parfum du vieux malt ?


- « À nous deux ma grande… »

La bouteille de whiskey se déverse à grosses lampées dans le gosier du Gaélique qui, une fois son ivresse assurée, glisse le long du tronc pour s’étendre mollement. L’étoile de mer remue des pattes sur la terre meuble, chantonne, même, dans un gaélique aussi approximatif que paillard.

Pour un peu, on en lâcherait une caisse. Là, maintenant, dans la candeur d’une soirée sans turpitude, tout en rêvant de rapines, d’or et de champs de trèfles. L’Insulaire s’exécute ainsi sans une once de remord. Une volée de piafs s’échappe des branchages…

Espérons que le grondement de la liberté n’en alerte pas d’autres.

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Valyria
Ah la Provence, son soleil, ses grillons, ses gens à l’accent incompréhensible, sa guerre et… Ses soirées sans fin. Sous ta tente – qui fait aussi office de lieu de culte de la troupe, donc qui n’est visitée que par elle- la Chapelaine se morfond. Assise sur un tapis, à même le sol, elle grommelle en Breton, désireuse de retrouver un semblant de confort.

Elle n’a pas bonne mine, la Chapelaine. Si d’évidence ses finances se sont améliorées depuis qu’elle est dans le giron de la Princesse –et de son époux -, là, elle n’en mène pas large. Foutue guerre. Pourquoi foutue guerre ? Car les gens pleurent, perdent leurs proches qu’ils aiment très très fort, et il y a du sang et en plus c’est sale ? Non car elle se trimballe des « troubles digestifs » et qu’ils passent leur vie sur la route. Comment être de bonne humeur, comme ne pas être pâle comme la mort quand on crève la dalle mais que manger est un risque incommensurable pour sa dignité ?

Ronchonne. Se lève. Et passe la tête à l’extérieur de la tente. Que faire ? Aller tuer des grillons ? Ca commence à l’agacer ça aussi les grillons. Ca a son charme, au départ. Le vent de Bretagne lui manque. La pluie lui manque. Même la boue Bretonne est plus sexy que la boue Provençale. Son regard se tourne vers l’autel de pacotille. Même prier l’ennuie. Autant aller tuer des grillons, ça passera le temps.

Ni une ni deux, elle natte à nouveau ses cheveux bruns, se tapote un peu les joues pour avoir l’air plus fraiche et entoure ses épaules d’un châle. Le campement est relativement calme et le jour décline. Austère comme une porte de prison elle se faufile entre les gens et les piquets. Dans approximativement quinze minutes ils seront certainement tous saouls, ça va l’énerver donc autant s’éloigner du camp.

La brune avise alors un arbre et… Une silhouette familière. Un grand homme – par la taille ne nous méprenons pas – surmonté d’une tête frisée. Frisette ! C’est presque un sourire que l’on croirait voir sur son visage. Voilà l’occupation de la soirée, enquiquiner Ó Mórdha. Pour conserver sa dignité et effacer le sourire mesquin qui s’est dessiné sur son visage, elle se met à penser à des choses très tristes, comme le fait qu’ils pourraient rester en Provence jusqu’à la fin de leurs jours, et s’avance en silence vers l’Irlandais.

- Votre pose serait presque poétique.

Sans la bouteille. Coucou, je suis contente de te voir ! Elle se décide à poser son séant sur le sol – encore une fois -, resserrant le châle sur son buste car faut pas oublier qu’elle a des troubles digestifs et qu’il va bientôt faire frais. Le nez se fronce.

- Vous permettez que je me joigne à vous. C’est déjà fait. Comment allez-vous, Chevalier ? Remplissez-vous votre âme de prières comme vous remplissez votre ventre de malt ?
Finn
Grumpf… V’là la clergerie.

Le Gaélique réprime un grommellement alors que l’engeance féminine jette l’ancre non loin. Et cela, sans douter une seule seconde de sa bienvenue. Ciel, pourquoi a-t-il fallu qu’elle quitte son cloître, celle-là ?


- « Baron. », rectifie-t-il par simple esprit de contradiction, tandis qu’il surveille les alentours du coin de l’œil, érigé sur ses coudes. Manquerait plus qu’elle ait été suivie.

De guerre lasse, l’Irlandais retombe sur ses omoplates, retrouvant sa position initiale dite « presque poétique ». Sa bonne humeur vient d’en prendre un coup. Adieu folle insouciance… Même la bouteille gorgée d’ivresse ne trouve plus grâce à ses lèvres. Elle en a soudainement perdu le chemin.

Le voilà qui s’interroge.


- « Je vais… comme l’albatros qui ne se rit plus de l’archer, cloué au sol. Gauche et veule. Infirme. »* Soupir.
Et de conclure plus modestement :
« Je me sens tel Christos sur la croix. »

En bon martyr, Ó Mórdha étend les bras de chaque côté, paupières closes, comme prêt à embrasser l’éternité. Qui sait, peut-être que faire le mort éloigne également les Chapelaines en quête d’âmes à réformer.

- « Que me vaut si vigilante compagnie ? Parlez, ma Sœur, avant que je m’éteigne… »


*Librement inspiré de l'Albatros de Charles Baudelaire.
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Valyria
Baron.

La voila qui hausse un sourcil. Il joue à ça avec elle ? Oui Baron mais vous parlez à une représentante du Très-Haut, du Seigneur sur Terre, alors votre titre matériel face à ma vie spirituelle hein vous savez ce que j’en pense ? J’en pense que…

Mais le Baron, dans sa verve toujours si fleurie, interrompt son flot de pensées qui allait se transformer en flot de mots du même genre. Christos sur sa Croix… L’attaque frontale faite à sa fierté est suivie d’un ricanement et même les choses très tristes pensées quelques instants plus tôt ne font plus effet. Pourtant c’est très triste de penser vivre en Provence.


- Tant que ça ? Christos sur sa Croix et vous pensez vous éteindre ? Je pense que c’est plutôt à vous de parler à votre confesseur alors… Baron.

Elle s’installe un peu plus confortablement et joint ses mains. Le médaillon d’Aristote est bien en avant sur sa tenue, seul bijoux de son austère apparence. L’attitude clownesque de Frisette est loin de lui donner l’envie de déguerpir. Décidément les hommes ne comprennent rien aux femmes, et encore moins aux Chapelaines.

- Mais merci de vous inquiéter de mon état. Je déteste la Provence et la vie de vagabonds que nous menons qui ne permet aucune rigueur et met à mal la Foi par l'inconstance des journées. Mais malgré tout, sachez que je me porte comme un charme.

Elle marque un temps de pause en souriant. C'est vrai que maintenant ça va un peu mieux, la perspective d'un âme à guider (punir) et tout repart comme sur ces roulettes. Elle jette un oeil sur l'Irlandais. Et du bout de sa poulaine lui donne un léger coup sur le mollet. Oh! Du nerf! La brune veut s'amuser ce soir.

- Vous pourriez vous redresser. Est-ce le mariage qui vous rend si abattu? Ou l’idée de la paternité ? Etes-vous comblé?
Finn
Se moquerait-elle de sa détresse ? En plus de manquer cruellement de miséricorde, la Chapelaine est plus têtue qu’une mule écossaise en s’installant pour de bon, bien décidée à gratter la surface pour lui tirer les vers du nez.

Un râle grognon s’échappe du Gaélique à l’appel de la poulaine sur son mollet. Pour autant, celui-ci daigne se redresser quelque peu, revenant se flanquer contre son arbre, afin de jauger d’un œil perplexe la dévouée au Très Haut.


- « Me feriez-vous du pied, ma Sœur ? » Et sans lui laisser le temps de le détromper : « Sachez que je suis tout à fait comblé, tant par ma femme que par son ventre. Je sais votre foi mise à mal, mais ce n’est pas une raison pour espérer m’embarquer sous votre tente en usant ainsi de vos charmes. »

Volontairement impertinente, la remarque a au moins le mérite de ragaillardir l’insolent Grisonnant, lequel noie son forfait dans une lampée de son meilleur malt. Il en aurait presque oublié le plaisir sadique que l’on éprouve à tourmenter le personnel. Sans doute la faute à cette campagne provençale d’un ennui mortel.

- « Non, le problème est ailleurs, mais… seraient-ce de nouvelles confessions que vous désirez ? » Mmh ? « L’endroit est-il réglementaire ? »

Dernière chance d'échapper à un nouveau déballage.
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Valyria
Elle ouvre des yeux ronds comme des soucoupes, et rougirait presque de colère. Nan mais… Lui faire du pied pour le mener sous sa tente ? Ah Finn, Finn la modestie, Finn l’homme simple qui pense être une attraction vivante pour elle, Chapelaine, très certainement frigide de son état. Il dépasse les limites. Qu'il soit saoul elle s'en fiche, qu'elle ne soit pas la compagnie rêvée pour un homme saoul elle s'en fiche aussi. Elle est là pour représenter Dieu sur terre bon sang - oui si peu-.

On peut lui parler de tout. Elle est Chapelaine, elle est habituée à entendre des horreurs en confessions, des choses très surprenantes qu’elle ne pensait pas possible de la part d’un être humain. Et sur ce dernier sujet d'ailleurs, les gens de Quiberon s’avèrent être surprenants et créatifs, à l'image de leurs Seigneurs dirons-nous. Mais par contre on ne parle pas d’histoires de galipettes, pas trop, et ENCORE MOINS si on l’inclut, elle, dans l’histoire. Le visage de fronce donc de colère, elle se redresse et toise de toute sa hauteur le Baron.


- Dieu est partout, il est ici, là-bas et soyez certain qu’Il vous regarde. Il est même sous ma tente et figurez-vous qu'en tant que confesseur j’aimerais vous y voir plus souvent : cela serait un signe de préoccupation pour votre âme, ce qui semble être le dernier de vos soucis.

Elle attrape le malt des mains de l’Irlandais.

- Ca, cette horreur puante semble bien plus vous préoccuper que l’idée de brûler en enfer.

La boisson dans son camps, elle la planque derrière son dos, hors de portée des mains peu certaines de Frisette, et continue de le regarder en mode pas contente. Petit impertinent.

- Car si vous ne vous préoccupez pas de votre âme vous allez brûler en enfer, Baron. Et si vous ne vous en préoccupez VRAIMENT PAS votre progéniture en souffrira. Voulez-vous que le courroux du Très-Haut à votre égard se répercute sur lui ? Elle marque une pause, sentant le bon filon pour ficher la trouille à son mouton égaré. Voulez-vous avoir un fils avec un bras ? Une seule jambe ? Un œil en moins ? Une fille chauve ou à barbe? Ou une fille chauve ET à barbe? Un héritier avec l'accent l’accent Provençal ?

Bam, la dernière menace qui fait flipper.

- Si non, oui vous pouvez vous confesser, je vous écoute, vous semblez en avoir besoin. Pensez à votre âme, et au courroux du Très-Haut, et à votre descendance.
Finn
La Chapelaine est colère. Elle se dresse telle la souveraine du vert pâturage pour adresser son mécontentement au vilain petit mouton. Aurait-elle si peu d’humour ? Le sourire goguenard du Gaélique ne fait pas long feu, se noyant dans une flopée de jurons en langue natale et retenus dans sa barbe, lorsque la bouteille lui échappe. Confisquée.

Et c’est parti pour le sermon…

Trop occupé à mettre au point un moyen de récupérer son bien, l’Irlandais n’en fait pas cas, l’ignorant ostensiblement jusqu’à ce que l’héritier soit mis sur le tapis. La dévouée au Très Haut ne recule décidément devant aucune bassesse. La promesse d’engendrer un infirme, voire une bête de foire ou, pire, un petit grillon, lui tire la plus désagréable des grimaces. Et c’est avec un certain dédain que, contraint et forcé, Ó Mórdha se décide à coopérer.


- « Bien ce que je disais : vous désirez me voir sous votre tente. »

Ou comment ériger la malhonnêteté au rang d’art libéral.
Finn, ou la mauvaise foi faite homme.


- « C’était pas la peine de monter sur vos grands chevaux, nous allons procéder mais, ici-même, si ça ne vous fait rien. Déjà que Marzina vous soupçonne de m’enfermer dans un confessionnal dans le seul but de chercher à me faire des choses pas très aristotéliciennes... N’allons pas l’affoler davantage. »

Là-dessus, l’Irlandais réajuste souverainement la boucle de son ceinturon pour adopter une assise plus confortable, regagnant par la même son flegme d’outre-Manche bien mis à mal par les dernières déclarations de Valyria. Repensant ensuite à sa menace faisant de la graine en gestation un parfait coupable de ses erreurs à lui, le futur paternel émet un soupir blasé. La Prinsez le tuerait s’il advenait que sa semence, qui a tant prouvé la qualité de son cru chez d’autres, se révélait médiocre chez elle en aboutissant d’un sujet de moqueries ambulant.

- « Je sais pas quoi vous raconter, moi. J’ai été exemplaire ces dernières semaines. Constatez, je vous ai même offert une épée, et je vous l’ai offerte gra-tui-te-ment. »

Ce qui est bon à préciser lorsqu’on connaît sa définition très personnelle du concept d’offrir.

- « Et comment le Très Haut me remercie, hein ? En me volant ma sœur… » La mine se renfrogne. « Cette saloperie de petite touffe décolorée, ce monstre d’égoïsme, cette déserteuse sans foi ni loi, cette... Et dire que je l’ai laissé coucher dans ma cave ! »

Oh comme il regrette d’avoir ouvert son monde à un être si ingrat.

- « Je sais même pas où elle se trouve à l’heure actuelle. Plus de son plus d’image depuis des mois. Peut-être a-t-elle trépassé mais c’est pas une raison, bordel de merde. » Arrachant des brins d’herbe comme il arracherait les fils d’argent de la tête de la jeune fille en question, l’Irlandais se fait songeur. « J’ai jamais eu à faire ce choix, mais j’ai lu qu’on pouvait faire celui de revenir, une fois devant le grand taulier. »
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Valyria
Si il continue comme ça, l’épée qu’il lui a siiii gentiment offerte va trouver son utilité. Ne pensez pas qu’elle veut le tuer, non. Ca c’est mal, tuer son prochain. Amis se tuer elle-même… Un petit peu de drama queen, au crépuscule, sous un arbre, paf, elle se plante l’épée dans le cœur car elle n’a pas réussi à vraiment montrer le droit chemin à son mouton égaré…

Ca c’est sur, elle est loin du compte. Le voilà qui engueule le Seigneur, lui reprochant tout bonnement d’avoir enlevé sa sœur.
D’où on reproche, d’où on accuse le Seigneur ? Il a vraiment pas tout compris…

- C’était très charitable à vous de l’avoir laissée dormir dans votre cave. J’imagine que c’est le confort qui l’a faite fuir, elle devait se sentir mal à l’aise face à un tel sens de l’accueil.

Faut pas déconner non plus.

Peut-être a-t-elle trépassé mais c’est pas une raison, bordel de merde. J’ai jamais eu à faire ce choix, mais j’ai lu qu’on pouvait faire celui de revenir, une fois devant le grand taulier.

Les sourcils se haussent, surprise la frigide. Il y aurait-il là une lueur d’espoir ? Y aurait-il là quelque chose qu’il a retenu de toutes leurs discussions ? Y aurait-il là une sorte de croyance, d’espoir de sa part en la religion ? Ca alors !

- Le Très-Haut peut ne pas ouvrir les portes de son monde Céleste, en effet.

Elle se redresse un peu, garde l’alcool toujours planqué de son côté et commence à parler d’un ton docte, genre madame-je-sais-tout.

- Le fait est que le Très-Haut peut vous offrir les portes de son Paradis Solaire, ou tout n’est que Bonheur, mais il peut aussi vous refuser et vous diriger vers l’Enfer Lunaire ou je vous assure, même un coquele… Un brave Chevalier comme vous, n’aimeriez pas être. Pour aller dans le premier il faut avoir mené une vie exemplaire, pour le second, il faut avoir mené une vie à l’opposé de l’exemplaire. Si vous continuer à reprocher au Seigneur la disparition de votre sœur, vous vous approchez plus du second. Et ils sauront comment vous rendre malheureux, là-bas.

Il faut l’effrayer. Devrait-elle en mettre des caisses, genre les petits diablotins rouges vont vous couper les parties Baron ? Non, pas immédiatement.

- Par contre le Très-Haut peut juger que ce n’est pas votre heure. Et comment juge-t-il ceci ? Les voies du Seigneur sont impénétrables. Toutes fois, on peut imaginer qu’il a d’autres plans, pour la personne en question.

Allez, on donne un peu d’espoir pour la sœurette qui s’est fait la malle. Même si elle aurait tendance à la comprendre: le frère un tantinet rustre, la belle-soeur enceinte et prise de pulsions meurtrières, l'Alix-Ann ado et la Chapelaine véreuse... C'est pas des fréquentations qui font rêver les jeunes filles en fleurs.

- Une fois à votre jugement, pensez aller au Paradis Solaire ou à l’Enfer Lunaire ? Ou alors pensez-vous avoir l’occasion de faire un choix ?
Finn
Serait-ce une pointe de sarcasme qu’il croit déceler dans les mots de Sœur Valyria ? Elle n’est pas sans lui rappeler à quel point la gosse avait tempêté pour grappiller un coin de plumard, au lieu du filet de pêche tiré entre deux poutres au sous-sol ; à quel point elle avait exigé meilleur régime que le pain sec qu’il agrémentait parfois de beurre salé. En vain, forcément.

- « Ça me dit toujours pas où est ma frangine. »

Le ton frôle l’aigreur et pourtant, devrait-on s’en soucier ? Si reprocher sa disparation au Seigneur doit le vouer aux Enfers, peut-être vaut-il mieux jusqu’à oublier cet être qui n’aura finalement fait qu’une apparition mineure dans son existence. En soi, rien d’insurmontable pour lui : Ó Mórdha n’est pas connu pour l’intérêt qu’il porte aux âmes qui l’entourent, ou aux vies insipides qui s’y rattachent. Misanthrope au plus haut point, renouer avec son sang n’a pas bouleversé le schéma. Et qui espère encore qu’il en soit autrement ?

La question du procès divin le fait doucement sourire, de cette ironie frisant l’impertinence.

- « Aurai-je droit à un avocat, ce jour-là ? » Un coup d’œil amusé à la religieuse. « Vous, peut-être ? »

Allo, cabinet des avocats du diable ?

- « Prierez-vous pour faire pencher la balance en ma faveur ? »

L’Irlandais considère un instant l'éventuelle alliée, celle à qui il a déjà tant conté ses errements. Pas tous, loin de là, mais suffisamment pour qu’elle se fasse une idée de la sentence qui attend son mouton noir.

Retombant dans ses réflexions, le crâne frisé trouve repos contre l’écorce.


- « Peut-être qu’il existe un entre-deux, pour les gens qui n’ont pas toujours été exemplaires mais pas toujours à l’opposé non plus. Si ça s’appelle la Terre, alors je suppose que ce sera ma meilleure option. »

Revenir donc, mais sous quelles conditions ? Les billes noires roulent vers son phare prêcheur de bonne parole.

- « À vous de me dire : pensez-vous que le Seigneur ait d’autres projets pour moi ? Ses voies me sont impénétrables mais probablement le sont-elles moins pour vous, Chapelaine. »
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Valyria
Aurai-je droit à un avocat, ce jour-là ? Vous, peut-être ?

Le regard glisse vers l’Irlandais. Si elle n’était pas Chapelaine la question aurait pu se poser. Sans être Chapelaine aurait-elle voulu sauver l’âme d’un macho à l’égo très –trop- développé ? Certainement pas. Or, elle est Chapelaine donc…

- M’occuper des âmes perdues est ma vocation.

Donc oui, elle le défendra le jour venu. Ne serait-ce que pour se dédommager du temps passé à l’écouter parler de galipettes ou à se penser plus fort que son mec à elle, Dieu. Et puis sur un autre registre l’Irlandais savait se montrer attachant, parfois, et elle aimait à penser qu’il était juste un peu – beaucoup – benêt sur certaines choses. Manque de spiritualité, voilà.

- Je vous défendrais ce jour-là, et prierais aussi fort que je le peux.

Ça pourrait presque être une déclaration d’amour venant. Presque, le moment devenait tout cheesy et…

À vous de me dire : pensez-vous que le Seigneur ait d’autres projets pour moi ? Ses voies me sont impénétrables mais probablement le sont-elles moins pour vous, Chapelaine.

… Et il lui balance une nouvelle énormité. Bon cette fois-ci plutôt à sa faveur, le bougre la pense tellement balèze qu’il pense qu’elle a ne serait-ce qu’une once d’idée des plans du Grand Créateur. Elle se redresse, flairant là l’amusement et les écus.

- Bien sûr qu’il a d’autres projets. Mais je ne vous le dirais pas… Je ne peux divulguer les dessins de notre Créateur car si Il me les a confiés c’est pour vous mener sur le chemin, vous découvrirez par vous-même…

Le ton se fait vaguement mystérieux, conspirateur, toujours avec son air mi-caillou, mi-coincée, sur le visage. Penser à des choses tristes, penser à des choses tristes…

- Appelons ça… Le Grand Projet du Trèfle.

Tataaaaam! Elle se tait, et prend une profonde inspiration.

- Le Grand Projet du Trèfle pourrait même être lié à votre descendance à venir. Le Très-Haut voit beaucoup plus loin que nos simples vies. Elles ne sont pas misérables si nous L’aimons mais elles sont infimes à l’échelle de Ses actions. Qui sait quels plans notre Seigneur a pour votre enfant…

Prendre un air un peu rêveur puis regarder à nouveau l’Irlandais dans les yeux, histoire de voir s’il mord à l’appât.

- Enfin, avant ça, avant de savoir, avant d’avoir une idée, avant que je ne vous guide sur le chemin, il faut d’abord que vous soyez un bon Aristotélicien. Etes-vous prêt à être un bon Aristotélicien ? Pour de bon je veux dire.
Finn
Au moins, ils ne lui ont pas confié cette chapelle pour des quenouilles. Le Chapelaine de Quiberon remonte rapidement dans l’échelle d’intérêt du Gaélique, qui la voit dorénavant comme un être dont il pourra tirer profit à l’heure de son Jugement. Un ustensile, en quelque sorte, voire un argument de poids devant le Très-Haut.

Lorsque son discours se fait mystère et adopte des airs de complot, Ó Mórdha se penche naturellement en avant, comme il l’a si souvent fait en pareille situation. Les machinations, c’est son dada, et le Grand Projet du Trèfle est un nom qui sonne agréablement bien à ses oreilles.


- « J’en étais sûr… »

Sûr que Dieu avait placé depuis le départ, depuis que le monde est monde, tous ses espoirs en lui et en son sang pour mener à bien une mission d’importance. Peut-être même la mission ultime : rayer l’Angleterre et la Normandie de la carte et sauver l’humanité de cette vilaine race.

- « Je suis prêt à faire en sorte que le Seigneur me voit comme tel. » Et son penchant mercantile de reprendre le dessus. « Faisons comme ça : vous vous arrangez pour que Dieu nous voit moi et ma famille comme ses enfants les plus fidèles et en échange je fais rénover le clocher de la chapelle. Deal ? »

L'Irlandais crache alors dans sa paume et la tend pour conclure le marché.
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