Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Dessine moi, Mimizan !

Lou_audrea
Elle se l’était promis depuis des lustres. Et aujourd’hui elle tiendrait sa promesse. Car à force d’expliquer à chaque nouvelle rencontre qu’elle est une sorte d’artiste - une sorte oui parce que les arts pratiqués sont multiples et disparates- la Lou a réalisé qu’elle perd peu à peu l’intérêt et la pratique de son art, en l’occurrence du dessin, de la peinture. Noircir un vélin au fusain, passer le bout du doigt sur les courbes fraichement tracées, manipuler la matière pour faire ressortir l’ombre et la lumière à sa guise. Prendre une toile, quelques couleurs, quelques pinceaux et rendre sa vision personnelle sur le monde et les visages qui le composent, et qui s’offrent à son regard, sont pour elle des moments privilégiés. Un univers emprunt de beaucoup de solitude, des heures passées à observer, puis à façonner ce qui deviendra ensuite un portrait, une fresque, ou juste une esquisse insatisfaisante. Sa promesse consistait à se rendre en bord de mer, et d’en restituer l’essence sur une toile.

Lou venait d’investir en la ville de Mimizan, grâce à un généreux mécène, elle s’était offert un petit atelier de menuiserie. Elle n’avait pas encore eu le temps, ni l’envie de l’utiliser jusqu’ici. Elle y avait cependant entreposé tout son matériel. Elle entra dans la petite pièce encombrée, un joyeux bordel à l’image de sa propriétaire. La rouquine s’empara de son nécessaire, une espèce de caisse à outil en bois, pleine de pinceaux, couteaux, pots de couleur, craies, et autres s’entremêlant. La boite fut accrochée à la monture de Lou et très rapidement rejointe par un petit chevalet et une toile. Le canasson ressemblait d’ailleurs plus à un âne qu’à un pur-sang… pauv’bête que voici. C’est ainsi que Lou prit la route en direction de la côte, marchand aux côtés de son mulet, bride à la main.

Sur le chemin, elle pensa aux raisons de sa venue en Gascogne. Elle qui se sentait de plus en plus cloisonnée, et si inutile, essayait de se raisonner tant bien que mal.
Un bref soupire s’échappa de sa bouche lorsqu’elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, réflexe presque inconscient signe qu’elle Le cherchait du regard. Prenant conscience de la futilité de son subconscient, elle chassa l’air de sa main libre, comme pour chasser ses envies.
Ses pas l’emmenèrent à travers les bois précédant la plage, puis enfin le sable fut à portée de vue.
Elle s’installa à l’ombre d’un arbre, son cheval fut vite débarrassé du matériel et attaché un peu à l’écart. La flamboyante lui offrit une carotte qu’elle sortit de sa poche, il l’avait bien mérité.
Elle prit ensuite un instant pour s’imprégner du lieu, vider son esprit bordélique et se concentrer uniquement sur ce qui l’entourait…

_________________
Lou_audrea
Quelques heures plus tard...

Le soleil avait parcouru une bonne partie du chemin qui le menait doucement à l'ouest, lorsque Lou mis la touche finale à son esquisse. Sur la toile étaient représentées les vagues, immense mur d'eau se fracassant sur le sable de la plage. Il y a avait eu pas mal de vent durant tout l'après-midi, fabuleux spectacle qu'elle avait tenté de reproduire.
Elle se pencha cependant sur le résultat, bien que satisfaites du rendu, du réalisme des mouvements, l'ensemble renvoyait une profonde tristesse. Ce fut une claque, à proprement parlé.
Ce n'étaient plus des vagues qui se cassaient mais tous les espoirs et les ambitions de Lou qui se fracassaient devant elle, sans qu'elle ne puisse rien y faire.

Elle abandonna palette et pinceaux qui tombèrent au sol. Une main vint trouver son visage qu'elle frotta brutalement, comme pour tenter de se réveiller après une trop longue sieste qui l'aurait abrutie. Elle prit ensuite une grande inspiration, et attrapa le cadre entre ses mains, les prunelles mordorées scrutèrent encore et encore la tempête sous ses yeux. Elle le jeta soudainement, aussi loin et fort que possible, cette vision devenant tout à coup insupportable.

Lou s'approcha doucement de son cheval, qui inquiété par le changement brusque d'attitude de la rouquine soufflait nerveusement, la peau électrisée par endroits. Elle défit les liens qui le maintenaient à l’arbre, puis donna une grande claque sur la croupe de l'étalon qui ne demanda pas son reste et fila en direction de la ville.
Quelqu'un tomberait certainement dessus et en ferait son affaire du jour. Elle suivit la cavalcade des yeux jusqu'à ce que son palefroi effarouché ne disparaisse au milieu des arbres.

Enfin la Flamboyante fit volte-face, puis s'avança lentement vers l'océan. Elle s'arrêta une fois, faisant voler une botte, puis elle clopina ainsi avant de stopper encore, et de retirer la seconde qui s'échoua sur le sol. Entre ses doigts de pieds la sensation que lui procurait le sable la ramena à ses souvenirs d’enfance. Toutes ces journées passées à vadrouiller les plages et la nature luxuriante de sa Provence. Et elle eut une pensée pour Mel. Celui avec qui elle avait grandit, et qui était venu la rejoindre dans ses péripéties après plusieurs années de séparation. Il l’avait suivit jusqu’ici, tout comme… Lui.

Elle n’avait plus eu l’occasion de le croiser depuis l’escapade mussidanaise. Elle se demanda à quoi il pouvait bien s’occuper à cette heure, bien qu’elle l’imaginait aisément aux alentours du port, acoquiné avec d’autres marins autour d’une table de jeu, un verre à la main et une catin fermement agrippée de l’autre. Ce qui ne manqua pas de la faire sourire, d’ailleurs.

Plus que quelques pas et déjà les remous des vagues allaient toucher ses pieds, et Lou se débarrassa de sa robe et son corset. Plus que quelques pas, et déjà l’eau lui arrivait à la ceinture. Une bourrasque, plus forte que les autres, fit s’envoler sa lourde chevelure, elle n’était plus qu’un tout petit point rouge au milieu de cette immensité bleutée. Une autre vague, énorme, s’écroula sur elle et l’emporta au fond de l’eau…

_________________
Melech
Connaissez-vous cette histoire qui dit que quelqu'un aimant une autre personne ressent tout de suite que quelque chose ne va pas ? Cette légende urbaine touche aussi les jumeaux, c'est la même chose : du vent ! La seule chose qui pourrait avoir un quelconque rapport avec ça, c'est l'empathie et encore ça n'a jamais fonctionné à distance cette connerie.

Nous avons donc un Mel dans l'une des tavernes du port de Mimizan, jouant ce qu'il n'avait pas pour récupérer ce qu'il n'avait plus depuis bientôt une demi-année. Evidemment, le fait de se retrouver à terre pour six mois lui était déjà arrivé mais il n'avait alors pas vu son navire couler, il possédait toujours cette possibilité de départ dès qu'il le souhaitait. Un peu comme un enfant en voyant un autre jouer avec un bout de ferraille rouillée, le premier voudra à tout prix la même chose mais ne s'y intéressera plus après deux jours. C'est donc ainsi que nous pouvons préciser notre vision du Mel assis devant une table à laquelle il manquait un pied remplacé depuis une période oubliée par une vielle rame retaillée pour l'occasion.


T'as rien Jack, couches-toi avant qu'j'te dépouille d'ta gueuse aussi !

Bien sûr qu'il s'agissait d'une partie de cartes, de quoi d'autres aurait-il pu s'agir ? De pleins de choses différentes vous me direz. Mais ce n'était pas n'importe quelle partie de cartes qui se jouait ce jour dans la taverne portuaire de Mimizan, il s'agissait de la dernière partie menant, pas après pas, à la récupération d'un navire par notre bougre -et pas bourge, vous notez- de Mel. Cette partie, bien qu'elle durait depuis le début de l'après-midi, aurait pu finir plusieurs fois déjà mais le plaisir de dépouiller un à un les autres joueurs était trop grand pour qu'il mette court au jeu. Il était par-là même évident qu'il trichait, personne ne pouvait être aussi chanceux et gagner la majorité des parties intéressantes.

Tu triches, Mel ! J'le sais.

Prouves-le alors. J'ai aucune cartes dans les manches.

Le brun tendit d'ailleurs les bras pour que ses deux voisins retroussent les manches et prouvent ainsi ses dires. Aucune carte. Le sourire qui parait le visage Melechien ne fit que s'accentuer devant la colère visiblement montante de Jack, cet homme ayant déjà perdu la grande majorité de ses biens mais possédant encore ce que le pirate sans navire désirait.

Menteur ! Vous savez c'qu'il vous reste à faire les gars, dépouillez-le et mettez tout c'qu'il a sur la table.

Et pendant que les quelques marins présent eux aussi autour de la table s'occupait du cas du non-menteur, un nouveau badaud fit son entrée. Mais Mel ne lui prêta qu'une rapide attention qui revint tout aussi rapidement sur le cas réglé de l'ancien capitaine. Mais en fond de trame se dressait quelque chose qui aurait dû faire tout stopper au joueur qu'était Mel.

J'ai trouvé un canasson blanc à même pas une lieue d'ici, j'pense qu'il vaut bien une dizaine d'pièces.

M'ouais, j'sais c'qu'y valent tes pensées, j'irai voir ça d'mes yeux après l'fermeture.


Et la partie reprit comme si de rien était, un participant en mois mais ses biens parfaitement présent sur la table. Si Mel gagnait cette partie, et il la gagnerait, il pourrait enfin repartir en mer. Il y emmènerait, du moins tenterait de convaincre, la rousse avec qui il voyageait, ça lui ferait du bien de revoir le pays. Un sourire, bien plus ancien que tout ceux qu'il pouvait afficher et travailler durant une partie de cartes s'afficha rapidement sur son visage à cette idée. Oui, il l'emmènerait, il n'aurait même pas besoin de la ligoter !

Une bonne heure passa pour que cette partie voit enfin une fin, heureuse pour notre pirate, bien moins pour les autres. Mel était à nouveau propriétaire d'un navire quasi-neuf selon les dires de l'équipage qu'il venait également d'acquérir. Ce fut raison de réjouissance et de beuveries que le nom d'un nouveau capitaine parcourant déjà les bouches. Ledit capitaine fêta d'ailleurs la nouvelle en sortant se soulager dans la ruelle à l'arrière de la taverne.

Et c'est dans cette ruelle que l'histoire débuta réellement, non pas que le fait qu'il pisse contre un mur soit important, bien au contraire, ceci n'a pas la moindre espèce d'importance ! Le détail qui frappa Mel en plein visage fut la face du canasson blanc dont il avait entendu parler un peu plus tôt mais auquel il n'avait pas prêté l'oreille.


Alors comme ça, c'toi l'canasson qu'l'autre péquin veut vendre pour dix pièces ? Ma foi t'en vaut bien la vingtaine ! Maintenant laisse moi passer avant qu'j'te r'file au boucher du coin.

Mais le cheval ne bougea pas, semblant reconnaitre l'homme en face de lui -bien que la réciproque ne soit pas tout à fait vraie-, il lui souffla sur le visage, peut être dans l'espoir de lui faire comprendre quelque chose, peut être simplement parce qu'il s'agissait d'un cheval et que tous les chevaux agissent de cette manière avec les inco...

Quoi ? Qu'est-c'qui y a ? T'veux une peinture de moi ? J'dirai à Lou d'en faire deux alors.

Le hennissement du canasson le coupa dans son élan. Le cheval avait réagi au nom de Lou et un instant Mel se demanda si il n'avait pas rêvé. Il fronça les sourcils tout en tentant de se souvenir de quelle couleur était le cheval de la rousse. Détail dont il n'avait absolument pas gardé souvenance malgré les quelques mois de "cohabitation".

Tu connais Lou ?

Nouvel hennissement.

Tu m'connais, moi ?

Cette fois, ce fut un léger coup de tête sur le torse du brun. Ainsi, le cheval le connaissait.

C'est quoi ton nom déjà ? Cheval ? Blanc ? Canasson ? Dada ? Non, rien d'tout ça ? Merde. Qu'est-ce qu'tu fous là ? Où c'est qu'elle est Lou ?

L'animal tenta de se libérer de la corde le retenant attaché, tirant dessus comme un forcené. Evidemment, Mel coupa ladite corde avant de monter sur le cheval. Il eut cependant l'intelligence de garder le bout relié au cheval en mains afin de pouvoir le monter sans avoir à courir après. Une fois en selle, il se pencha à l'oreille du canasson.

Emmène-moi la voir, Canasson. Où c'est qu'elle est Lou ?

L'intelligence de l'animal est ici à noter puisqu'il guida directement son nouveau cavalier provisoire -on pouvait notamment le voir à l'aisance totalement absente dudit cavalier- vers la crique où il se trouvait quelques heures auparavant. Un regard vers l'ouest fit d'ailleurs remarquer au brun que le soleil avait presque disparu.
Totalement lorsqu'ils arrivèrent enfin à la crique. Mel mit pied à terre en voyant les bottes échouées d'un côté et de l'autre en direction de l'océan. Elles, il les reconnut au premier coup d'oeil, celles de Lou.


Lou ? Lou, où tu t'caches ?

Il fit tout d'abord le tour de la petite crique, récupérant par la même les bottes sur le sol, mais il manquait encore tout le reste. Il s'approcha finalement de l'océan, toujours aussi sauvage, traitre, meurtrier et pourtant si beau... Il n'avait tout d'abord pas remarqué le corset flotta à quelques pas de lui mais il sentit quelque chose de non-naturel s'enrouler autour de sa botte droite, lorsqu'il baissa les yeux, il reconnut la robe de la rousse qu'il attrapa comme s'il venait de trouver le Saint-Graal. L'inquiétude se lisait à présent pleinement sur ses traits.

Audrèa ? Répond-moi ! AUDREA !

La liaison se fit rapidement dans son esprit, machinalement, il retira sa chemise et la jeta sur le sol derrière lui avant de plonger dans l'océan à la recherche de sa cousine disparue.

Plusieurs heures passèrent ainsi à plonger et remonter à la surface afin de trouver quelque chose, un signe... Mais il ne trouva que le corset flottant et une toile dont le contenu avait été effacé par l'eau depuis bien longtemps. Mais rien de tout cela ne le fit cesser ses recherches. Il continuerait, jusqu'à la retrouver.

_________________
Lou_audrea
"Bursting through a blood red sky
A slow landslide
and the world we leave behind
it's enough to lose your head
disappear and not return again...
[…]
'Cause all I need
Is the love you breathe
put your lips on me and
I can live underwater,
underwater, underwater!"*



Elle s’était dit pendant quelques secondes que de plonger et de se laisser porter par les vagues lui permettrait de faire le vide dans sa tête, comme dans son corps.
S’immerger comme pour noyer une bonne fois le poisson, museler les angoisses, et contraindre ce sentiment de perdition.
Inconsciente, irréfléchie, le danger la rousse elle ne le voit pas. Elle avait foncé droit devant.
C’est d’ailleurs comme ça qu’elle a toujours agit au cours de sa vie. A coup de sang, à coup de cœur.
Pourquoi en aurait-il été autrement aujourd’hui ?

Difficile d’expliquer à quel point l’esprit tortueux de la donzelle pouvait l’encourager aux actes téméraires, et sans réel sens. Du moins, en apparence.
Dans le remous des vagues qui la balançaient de part en part, comme une poupée désarticulée, elle ne se sentait pas mal. Aucune douleur, au contraire !
Un incroyable sentiment de légèreté, de liberté, et d’apaisement. Il ne lui vint même pas à l’esprit que l’air allait commencer à lui manquer, parfois une lame de fond la ramenait à la surface, juste le temps pour elle de prendre une goulée d’oxygène.
Et à nouveau les déferlantes l’engloutissait au fond de l’eau.

Et la jolie tête de Lou se fracassa sur un rocher. Plus de légèreté, ni de liberté, juste un trou noir.

Son corps se vit ramené sur le rivage, non sans avoir dérivé pendant un long moment. Le jour n’était plus depuis longtemps, le vent était peu à peu retombé.
Elle n’entendit pas les cris de son cousin, la voix brisée par l’inquiétude. Elle ne sentit pas le liquide chaud s’écouler lentement de cette plaie cachée par ses cheveux.
Le froid saisissait peu à peu son corps, et bientôt c’est la vie qui la quitterait si personne ne la retrouvait.



*Éclatant à travers un ciel rouge sang
Un lent glissement de terrain
Et le monde que nous laissons derrière
Il y a de quoi perdre la tête
Et disparaître et ne plus revenir...
Car tout ce dont j'ai besoin
C'est l'amour que tu respires
Pose tes lèvres sur moi et
Je peux vivre sous l'eau !

_________________
Melech
Les recherches sous-marines du brun ne donnèrent rien de plus à la fin qu'au début. Si, elles donnèrent une chose à Mel qu'il n'avait pas précédemment, un sentiment d'oppression. Mais si, vous voyez, ce sentiment qui vous donne l'impression de n'avoir plus que quelques minutes avant l'épuisement qui vous forcera à abandonner ce que vous faites qui ne doit pourtant pas être arrêté ! Ou bien le sentiment de manque d'air ressenti par le nouveau capitaine était lié au fait qu'il ne prenait qu'une légère inspiration avant de replonger à la recherche de sa cousine.
Mais rien. Toujours rien. Jamais rien. A croire que ce n'était qu'une mauvaise blague et qu'elle ne s'était jamais trouvé là, les seules indications contraire étant Canasson, les vêtements et la toile qu'il avait trouvé un peu plus tôt en ce début de soirée. Un regard vers la rive lui permettrait peut-être de la voir, debout à l'attendre, un sourire tranchant son visage d'une blague qu'eux seuls pourraient comprendre. Oh, bien sur qu'il aurait ri ! D'abord de soulagement puis... Il aurait juste ri, simplement.


Où est l'cheval ? raclure'rie !

La rive était déserte de toute présence. Il replongea. Rien, encore. Il fit une nouvelle fois surface, reprenant rapidement une inspiration trop courte mais au lieu de replonger, il fut stopper net par un hennissement de Canasson, assez lointain pour ressembler à un hurlement mais assez proche pour le reconnaitre tout de même. L'idée fusa comme un éclair dans l'esprit du pirate : Si le cheval avait réussi à le retrouver lui, à lui faire comprendre qu'il connaissait Lou et l'avait amené dans cette crique alors pourquoi ne pourrait-il pas avoir plus de chance dans ses recherches et avoir retrouvé sa propriétaire légitime ?
Ni une ni deux, l'homme nagea jusqu'à la rive et attrapa en course le lot de vêtements empilés en un tas approximatif de manches de chemise, de lacets de corset et de forme qu'il se plaisait plus à retirer qu'à étudier de robe. Les hennissement du cheval se faisait de plus en plus nombreux, un peu comme un appel au secours à son attention. Cette impression fit presser le pas à notre pirate bien aimé -qui ne tortille pas du nez- et il finit par arriver à proximité du cheval, penché au dessus d'une masse informe mais visiblement pas à sa place. Ce ne fut qu'en s'approchant un peu plus qu'il reconnut tout d'abord un corps, puis les courbes féminines indiquant qu'il s'agissait d'une femme et enfin la rousseur de la chevelure précisant qu'il s'agissait avant tout de celle qu'il recherchait depuis quelques heures déjà. Mais rien de tout cela ne retint son attention plus des quelques secondes nécessaires pour un coup d'œil... non, ce qui retint l'attention de Mel, c'était le sang. A moitié séché par endroit et rapidement recouvert par une nouvelle couche.


Audrèa... Qu'est-ce qu't'as foutu ?

Sans attendre de réponse de l'inconsciente, il percevait le léger mouvement indiqua qu'elle respirait encore bien que faiblement, il s'agenouilla près d'elle et tenta de trouver la blessure lui faisant perdre son sang. Il trouva rapidement ce qu'il cherchait, le crâne de la rousse était ouvert. Une blessure qu'il aurait bien été incapable de soigner de lui-même, même avec tous les outils nécessaires.
Si, bien souvent Mel semblait se trouver bien loin des soucis et tracasseries du commun des gens, il se révélait dans certaine situation capable de prendre des décisions en moins de temps que la plupart des gens "éduqués" pour les prendre. Cette situation était l'une d'elle.
Il avait bien fait de prendre les vêtements, secs depuis le temps, qu'il passa autour du corps de sa cousine avant de la soulever et placer le dernier vêtement qui ne servait pas d'emmaillotement à l'endroit de sa blessure.

Etrangement, le chemin du retour jusqu'à la taverne qu'il avait quitté plus tôt lui parut bien plus rapide que lorsqu'il était venu à dos du canasson et sans corps inanimé dans les bras, gageons plutôt qu'il s'agissait d'un coup de frayeur sur le long terme -oui, ça existe, ça s'appelle l'adrénaline !-. Une fois devant la taverne, le marin put en apercevoir trois autres en direction du port.


Hey ! J'ai b'soin d'aide ici. Allez chercher mon médecin de bord !

Oui, car entre temps la nouvelle s'était répandue comme une trainée de poudre et le nouveau capitaine était déjà attendu au tournant, une habitude parmi les pirates que de tester les nouveaux débarqué de nul part et plus surement ceux débarqué de l'intérieur des terres.

Maintenant.

Le ton était ferme, un retour aux sources des ordres, ceux qui étaient donnés sans hurlements hystérique de capitaine en mal de minettes.

Toi, mène moi à mon navire, on va l'installer là-bas. Ensuite tu feras prévenir lesgars que je ne veux personne qui ne soit pas d'chez nous près d'elle le temps de sa guérison.

L'ordre ne donnait pas lieu à discussion et le matelot guida le brun jusqu'à un navire accosté non loin. Il entendait derrière lui des pas de course et quelques chuchotements mais ne prit pas la peine de se retourner avant d'avoir déposé sa cousine sur le bureau dégagé de ses composants habituels que pouvaient être les cartes, les compas et autres plumes et pots d'encre. La cabine du capitaine ferait office de cabinet médical pour les prochaines heures, c'était décidé.
Le médecin de bord, un homme rondouillard dans la fleur de l'âge, Mel se demanda même comment il avait fait pour survivre jusque là, se pencha au-dessus de la rousse qui serait sa patiente avant de fixer son nouveau capitaine de deux yeux aussi ronds que des pièces de huit mal frappées.


Quand l'avez-vous trouvé ?

Il y a presque une heure dans la crique au nord d'ici.

L'homme expira fortement afin de signifier sa crainte de ne pouvoir sauver sa patiente mais fut vite ramené à la réalité de celui qu'il avait en face de lui et qui venait de lui agripper le bras.

Sauvez-la ou vous la rejoindrez rapidement, docteur. Je suis assez précis pour vous ?

Oui, bien, bien.
_________________
Lou_audrea
Du trajet passé dans les bras de Mel, la rouquine ne capta absolument rien. Elle n’aurait par la suite aucun souvenir du moment où il l’aura retrouvé sur la plage à l’aide de son cheval (bien plus intuitif que je n’aurais osé imaginer moi-même ^^) et celui où elle aura fini dans la capitainerie d’un navire.
Parce que là, la ptite Lou était plutôt mal. Le crâne fendu, et tout ce sang qui s’était écoulé durant les longues minutes (heures ?) qui avaient suivit le choc sous l’eau ne laissaient rien présager de bon quant à la survie de la sulfureuse.

Allongée sur ce bureau, aux mains d’un charlatan qui ne valait peut être pas un copeck, c’était sa vie qui se jouait là didiou ! Bah voilà, gagné, c’est cet instant que Lou choisit, inconsciemment bien sûr, pour ouvrir un œil hagard, puis de dégobiller de la flotte, en veux-tu en voilà ! Elle arrosa copieusement les pieds du médicastre.


*Keuf Keuf Keuf !!!*

Lou porta sa dextre à sa gorge, douloureuse après avoir libéré ses bronches, puis la glissa instinctivement vers son front lorsqu’une douleur vive, lancinante, au sommet de son crâne, la rappela à ses origines terrestres. Grognement guttural et c'est la sénestre de la rousse qui se cramponna au rebord du bureau. Elle ne comprenait rien, paumée entre la douleur atroce et cette torpeur qui lui engourdissait les membres. Alors que sa vue s’habituait à la lumière elle reconnut Mel, puis posa son regard embrumé sur l’homme qu’il était en train d’agripper.
Elle eut à peine le temps d’expier…


Mais qu’est-ce que j’…

Et de tomber dans les vapes.
S’en suivirent les soins que le médicastre administra sous la surveillance de Melichou en mode « capitaine faut pas m’faire chier c’est pas l’moment ou tu vas bouffer d'mes phalanges! »
D’ailleurs le vieillard s’appliqua avec une minutie peu commune à ses vieux doigts boudinés et cousit avec brio la plaie sur le cuir chevelu de Lou.

Elle fut ensuite enrubannée et transportée dans la cabine du capitaine pour y prendre du repos, le médecin de bord n’avait plus aucun autre moyen d’aider Lou, hormis en la veillant, et en s’assurant qu’elle ingurgite au plus vite de quoi reprendre des forces.
Seul moyen de remplacer le sang qu’elle avait perdu. Trop de sang… les prochaines heures seraient décisives.

_________________
Melech
Il y avait peu de choses qui pouvaient percer l'armure d'indifférence dont s'était paré Mel, la survie de sa cousine était l'une de ses choses. Mais pour comprendre ça, il faudrait retourner quelques années auparavant durant une journée de Juillet qui avait pourtant bien débutée. Du moins du point de vue de notre capitaine actuellement assis sur une chaise presque confortable si elle n'avait pas été recouverte de tout ce tissu horriblement dur à l'assise. Mais le fait de veiller la rousse lui avait fait prêter une attention bien minimaliste à ce qui l'entourait.
Le médecin de bord attendait à côté de lui une occasion de donner de quoi faire recouvrer quelques forces à sa patiente, occasion qu'il saisissait dès qu'il le pouvait. La situation aurait pu lui rappeler les quelques heures qui avait suivi cette journée de Juillet s'il n'avait alors pas été dans une inconscience totale. Mais détaillons plus avant cette journée, sinon ça sert à rien que j'y fasse référence vous me direz...

Aurhel, Provence. Voilà pour l'emplacement approximatif, la date, elle est... ça m'obligerait à trouver un âge à Mel et j'ai la flemme donc nous dirons une dizaine d'années plus tôt ! La journée avait commencé plutôt bien et extrêmement tôt -Juillet, Sud, les journées sont longues et sous le soleil !-, le jeune Mel avait décidé d'apprendre à grimper aux cordages et mâts d'un navire échoué et à l'abandon depuis quelques mois. La coque du navire était trouée de part en part et personne ne semblait vouloir dépenser du temps, de l'énergie et des écus pour le remettre en état si bien que le jeune garnement, après avoir lancé à l'attention de qui pouvait l'écouter dans la maison familiale qu'il partait pour quelques heures, se trouvait en face de cette épave de bois, de tissus et de cordage prêt à se découvrir des talents de marin... sur la terre ferme.
Le jeune garçon n'eut aucun mal à atteindre le pont du navire en passant par le trou béant qui déchirait sa coque en deux et il s'amusa quelques minutes, une heure peut-être, à lancer des ordres à un équipage imaginaire afin de briser une tempête tout aussi imaginaire fonçant sur le navire. Finalement, il revint à son désir premier et plaça ses mains sur le cordage bâbord pour en tester la solidité qu'il jugea correcte malgré son ignorance totale de la chose et, surtout, en l'absence de tout bon sens.
Après tout, qui aurait pris le pari de monter un cordage qui venait juste de perdre l'une de ses attaches ? Certainement pas n'importe qui. Bref, voilà donc le jeune inconscient en pleine ascension, lente certes mais pour le moins en bonne voie. A peu près à la moitié de son escalade, Mel entendit le claquement qu'il avait entendu en testant la solidité du cordage : le détachement de l'une des attaches bientôt suivi par deux autres. Et heureusement qu'il ne s'agissait des attaches au pont, imaginez qu'il se fut agit de ceux du mât ! L'ascension ne fut que plus rude pour le jeune garçon vu que le cordage voguait au gré de l'empoignement qu'il prenait sur lui. Mais il finit par arriver au sommet. Un sourire à s'en déboiter la mâchoire s'était affiché sur son visage et il reprit rapidement l'escalade pour atteindre la gabie.
Il n'avait pas prit la peine de vérifier l'état du mât avant de grimper. Il n'avait vérifié que le cordage, il n'aurait pas dû. Le bois craqua sous le poids du garnement qui lâcha prise en voulant regarder plus bas ce qu'il se passait. Son dos heurta le pont fragile qu'il avait plusieurs fois entendu craquer plus tôt et il ne se souvint que de son réveil bien plus tard.

Devant le lit sur lequel se trouvait sa cousine, il ferma les yeux en déposant un baiser sur son front avant de murmurer quelques mots à son oreille dans un espoir incertain que cela l'aiderait.


Ne m'lâche pas maintenant, Audrèa... T'as toujours été là pour moi quand j'en avais besoin, c'est mon tour maintenant. Je t'laisserai pas partir sans m'battre.
_________________
Lou_audrea
Perdue dans les limbes du sommeil, la petite Rousse ne revenait que peu à la réalité. Juste le temps d’engloutir la soupe que lui donnait le docteur, ou était-ce Mel ?
Elle n’arrivait pas à se rendre vraiment compte. Car à peine avait-elle remué les lèvres et cligné des yeux que déjà elle repartait dans les vapes.

Alors pendant le temps qu’il lui fallut pour recouvrer ses forces, moi je vais vous raconter la suite de l’histoire de ce mois de juillet près d’Aurhel, en Provence.
Lou avait suivit son cousin, en douce, car il lui était interdit de vagabonder seule près de la plage.
A l’aube de l’adolescence, la jeune fille était fort impressionnable, et sa curiosité incessante et grandissante la poussait déjà à l’époque à faire n’importe quoi…
Elle l’avait observé sur son épave, à jouer les capitaines, admirative de son courage. Parce que bon, elle n’était absolument pas capable de reproduire la grimpette. Enfin c’est qu’elle crut jusque là.
Lorsque Mel tomba de son mât, il n’y avait plus aucune frousse, ni aucune fringues féminine qui l’aurait empêché d’aller le retrouver. Et c’est ce qu’elle fit, prenant son courage de fillette à deux mains pour le rejoindre là haut.
Après s’être assurée qu’il n’était pas mort, elle rebroussa chemin et ramena de l’aide, des bras paternels pour récupérer son cousin inanimé. Mel resta alité quelques jours après cette vertigineuse chute, et la Lou avait passé ce temps à son chevet, priant qui voudrait bien l’écouter de le garder en vie. Et le miracle s’était produit.
C’était ça la famille, si si.

Au contact des lèvres de Mel sur son front, Lou remua et gémit, puis les mots murmurés à son oreille, elle les entendit, mais ne reconnut pas la voix.
A son tour elle murmura… « Selee ? » puis toussa un bon coup, et le réveil fut complet.
Lorsqu’elle réalisa qu’elle n’était pas dans son propre lit, que ce n’était pas son blond à côté d’elle, elle se posa des questions... et d’ailleurs où était-elle ?!


Mais ?! Outch !

Elle posa une main sur son bandage, sa tête lui faisait un mal de chien, puis lança un regard apeuré à son cousin. Tout à coup, crise de panique.

Qu’est-ce que je fais là ?! Qu’est-ce qui m’est arrivé ?! Où est Selee ?!

Elle se redressa brusquement après avoir débité ses questions, puis tenta de se lever, mais ce fut peine perdue. Les forces lui manquaient.

Hum…

Les yeux clos, Lou se concentra pour ne pas repartir dans les vapes, ses oreilles bourdonnaient, elle sentait des fourmis dans tout le visage. Elle prit une profonde inspiration, puis une fois le calme retrouvé, elle tendit la main vers Mel.

Je t’en prie, dis-moi qu’est-ce qui s’est passé ? Où est-Il ?...
_________________
Melech
Si une claque géante avait traversé la cabine dans laquelle ils se trouvaient, Mel l'aurait reçu de plein fouet. Et le revers avec ! "Et vlan" comme l'autre il a dit. Ouais, bon ok il pouvait s'attendre à ne pas être la première personne désirée par sa cousine au réveil mais là on parlait d'autre chose quand même ! On parlait de l'inquiétude qui ne l'avait pas quitté depuis qu'il avait trouvé les vêtements épars dans la crique et qui l'habitait encore malgré un masque approximatif de calme qui apparu rapidement sur son visage.
Ce fut donc dans cet état d'esprit approximatif qu'il commença à répondre aux questions de Lou en surveillant le docteur du coin de l'oeil.


Je t'ai trouvé il y a quelques heures à proximité de la crique où tu étais partie peindre.

Evidemment, il posait ça comme une affirmation, liant le fait qu'il connaissait sa cousine et celui la trouvaille de la toile dans l'eau.

Tu avais le crâne ouvert et tu étais entièrement nue, ce serait plutôt à toi de m'dire pourquoi, non ?

Il ferma les yeux un instant, le temps de laisser la colère redescendre comprenant enfin que ce n'était pas nécessairement un accident qui avait mené sa cousine si prêt de la mort. Vous avez le droit dire que le tact et Mel font deux, je répondrai que le résultat n'est pas un chiffre mais un nombre.
La main tendue de sa cousine le ramena à la conversation et il saisit cette main dirigée vers lui.


Je ne sais pas où il est, il n'y avait aucune trace de lui dans la crique ni aux alentours. Je ne pense pas qu'il soit même au courant de ce qu'il t'est arrivé.

Sans se départir du sourire qu'il avait affiché sur son visage juste avant -mais si, le fameux masque !-, le capitaine ne quitta pas du regard le visage de sa cousine mais ne s'adressait plus à elle.

Docteur, laissez-nous. Je vous appellerai s'il y a un souci. Merci.

L'homme se leva et quitta la cabine sur un "Bien capitaine." et referma la porte derrière lui. Les mains du brun pressèrent doucement celle de la rousse, peut-être une appréhension de la réponse à la question qu'il allait poser, peut-être juste du soulagement de la savoir en vie.

C'est à cause de lui ?

Bien sur qu'il savait que la question ne plairait pas, bien sur qu'il se doutait qu'elle s'en offusquerait très certainement mais il n'en avait rien à faire, il voulait savoir et il saurait ! Toute la véritable question était de savoir comment il découvrirait quelque chose.
_________________
Lou_audrea
« Don’t give up »

Les yeux toujours clos, la main tendue dans le vide, Lou se concentra sur la voix de Mel lui remémorant les évènements qui, de son point de vue à lui, l’avaient amenée ici.
Elle se souvenait à présent, cette envie de peindre cette plage, celle où Selee lui avait expliqué qu’il passerait sans doute ses journées à flâner, prendre le soleil après une vie pleinement menée.
Sa petite retraite dorée…
C’était peut être stupide d’avoir imaginé qu’elle l’y trouverait, à croire que la naïveté de la rousse avait encore quelques jours glorieux à vivre, mais il y avait cru. Bêtement.
Comment avouer à son cousin, que dans un moment d’extrême solitude, elle avait voulu se noyer ? Tout bonnement IM-PO-SSI-BLE !
C’était comme si vous lui demandiez d’exprimer ses sentiments. Elle ? Des sentiments ? Cette petite peste arrogante, égocentrique qui avait toujours eu ce qu’elle souhaitait, tôt ou tard ? Et bien finalement oui, bien cachés, ils se trouvaient au plus profond de son cœur. Elle n’était pas douée pour le sentimentalisme, se parer d’une carapace lorsqu’elle se retrouvait trop impliquée semblait être la meilleure des solutions, et elle finissait simplement par fuir ce qui la désarçonnait.

Et pour une fois, une seule petite fois dans sa putain de vie, elle s’était laissée aller à ses sentiments. Les cachant aux yeux de tous, les vivant uniquement pour elle. Pendant un long, très long moment. Chose aisée lorsque l’on est connue pour être une sorte de garce insensible. Jusqu’à ce qu’enfin, il lui ouvre une porte, celle de son cœur à lui. Et là, là… quand deux personnes qui se ressemblent tellement se donnent l’une à l’autre… et bien les choses ne se font pas sans une petite explosion, des étincelles, ou un feu d’artifice !
Elle pouvait passer de l’amour à la haine, en un quart de seconde, mais toujours pour revenir à l’amour. Parce que c’était plus fort qu’elle. Que peut-on attendre de mieux d’une excentrique bipolaire ? Rien…

La main de son cousin se referma enfin sur la sienne, elle rouvrit les yeux et put voir à quel point Mel avait pu être inquiet. Aucun masque bienveillant ne pouvait lui mentir à elle. Elle serra ses petits doigts sur la pogne du Brun avec le peu de force qu’elle possédait encore.
Une fois le médicastre libéré, le couperet tomba.


C’est à cause de lui ?

Elle secoua la tête de gauche à droite, lentement, comme pour s’en convaincre elle-même.
Puis elle souffla…


Non, ce n’est pas à cause de lui… c’est à cause de moi… uniquement de moi.

Et là, elle prit une inspiration faiblarde, sa voix n’était plus assurée, elle n’était plus la Rousse incendiaire, si sûre d’elle… Le regard baissé, elle poursuivit.

J’ai cru… j’ai cru qu’en venant vivre ici… on se s’rait fait la belle vie. Que j’aurais pu en profiter AVEC lui… Mais la réalité est toute autre… Je me retrouve à devoir parader à ton bras, à défaut du sien…

Elle leva les yeux vers Mel, inquiète de sa réaction face à ses mots.

C’n’est pas que ce soit désagréable hein, si on n’avait pas été élevé ensemble, j’aurais probablement fait d’toi mon gouter !

Elle rit légèrement, l’atmosphère était suffisamment lourde dans cette cabine, plaisanter un peu ne pouvait pas faire de mal.

C’est juste que je m’étais peins un tableau dans ma tête, et qu’une fois arrivée sur place, j’me suis rendue compte de tous les défauts qu’il comportait.
Tu sais, j’ai jamais été aussi sûre de moi que le jour où lui et moi… hum… ça devait arriver… je le voulais vraiment… plus que tout…


Le ton de la voix était à la confidence, et si mal assuré qu’on avait peine à la reconnaitre la Rouquine.

J’étais là, je peignais, le résultat était moche… Ca m’a mise en colère, j’ai tout balancé, j’me suis défringuée et j’ai sauté à la flotte. C’est con j’sais bien. J’voulais juste que mes doutes et mes angoisses se taisent. Quelques minutes au moins.

Elle leva à nouveau ses prunelles d’or, qui avaient perdu de leur éclat, cherchant le regard de Mel.

J’voulais juste avoir la paix pendant un instant. J’m’étais pas rendue compte que c’était dangereux…
Je… Je suis désolée, j’suis vraiment désolée…


Et Lou se tut. Réalisant soudainement que malgré les nombreuses heures qu’avaient comptées sa disparition, Selee n’était pas parti à sa recherche.
D’ailleurs où, et avec qui se trouvait il à cet instant pour ne pas se préoccuper d’elle ?


J’crois que c’qui m’tue le plus, c’est qu’j’ai jamais eu une chance de l’avoir rien qu’à moi, jamais…

Et la voilà sa véritable et unique peur, c’était de le perdre. Comme toute femme amoureuse, là se trouvait sa faiblesse.

C’était une connerie ce qu’j’ai fait cet après-midi. Excuse-moi de t’avoir causé du souci. Et merci de t’être occupé de moi. Si tu n’avais pas été là… j’serais probablement en train de sécher comme un poisson pourri sur cette plage. Merci Mel.

Elle pressa à nouveau sa main dans la sienne, puis referma les yeux pour pousser un long soupir de soulagement. Finalement dire ce qu’elle avait au fond d’elle lui apportait une certaine sérénité, ce qui ne manqua pas de l’étonner.

Est-ce que tu pourrais essayer de le prévenir ? Si ce n’est pas trop te demander… J’ai pas la force là…
Et pis…
Si tu me disais ce qu’on fout sur un bateau aussi ?!


Bah vi, elle le voyait bien le hublot au dessus de sa couche, et elle sentait les remous de l’eau, et elle les entendait ces mouettes qui criaient et qui lui transperçaient le crâne…
_________________
Melech
S'il y avait bien une chose que Mel avait appris durant sa vie de coureurs de jupons c'était bel et bien le fait de se taire lorsqu'une femme parlait sans quoi on se retrouvait rapidement à devoir fuir le plus loin possible si jamais elle s'imaginait ne pas être écouté. Aussi ne dit-il mot ce durant que les mots de sa cousine se gravaient dans son esprit.
Notons tout de même que s'il s'était trouvé en face de quelqu'un d'autre, il aurait certainement cru cette personne totalement folle, mais il ne s'agissait pas de n'importe qui et, bien que notre Mel soit du genre à ne pas montrer le lui profond -mais si, vous savez celui qu'on cache pour montrer une personne totalement différente de celle qu'on est à tout ceux qu'on rencontre !-, il n'en restait moins au plus proche lorsqu'il entendait sa cousine lui raconter son histoire.
Arrivé à l'évocation de leur sortie chez les nobles et du fait qu'elle avait les mêmes idées que lui concernant l'élevage -comme les bestiaux, ouai ouai !- et les possibilités bouchées par ce passé commun -et ouai, tout l'monde est pas un chaud du cul qui couche avec tous les membres de sa famille, y a encore des gens normaux !-, il rit avec elle. (Cette phrase est vraiment mal foutue en fait... mais c'est comme ça qu'elle m'est venue !)

Une fois qu'elle eut fini de lui raconter son histoire, Mel sourit à la mention du "bateau", il en avait presque oublié qu'il était à nouveau capitaine d'un navire. Mais ce ne serait pas le premier détail qu'il éclaircirait.


Tu t'souviens de c'jour de Juillet où j'suis tombé du mat sur c'navire échoué ? C'toi qui m'a trouvé, toi qui m'a sauvé. Jamais t'auras à t'excuser, jamais t'auras à m'remercier, j'serai toujours là pour toi même quand ce s'ra toi et moi contre tous les autres.

Bien sur, cette précision était inutile de son point de vue, mais parfois certaines choses méritaient d'être dite. Et parfois, un soutien valait bien plus que toutes les paroles réconfortantes qui pouvaient être numérotées sur une liste aussi longue que tous les textes de lois -des Hommes et Aristotéliciens réunis donc- écrits à la chaîne sur un unique parchemin. Autant d'interdiction que de "volonté de bien faire" mais pour bien faire... Déjà faudrait-il faire quelque chose.

Je vais envoyer un groupe de marins à sa recherche, ne t'en fais pas. Ils ne devraient pas avoir trop de mal à le trouver.

Suite à cette affirmation, Mel se leva, tenant toujours la main de sa cousine pour l'inciter à le suivre et pensant plus qu'autre chose que l'air marin lui ferait du bien... malgré le contexte.

J'ai un nouveau navire. J't'avais dit que j'resterai pas longtemps sans.

Bon, OK, il passera le détail de l'acquisition du navire, mais il était tout de même à lui à présent !
Une fois à l'extérieur de la cabine, il fit passer le mot de renvoyer quelques hommes à terre afin de rechercher une personne spécifique dont il donna la description et le nom. La nuit était arrivée et la lune se présentait assez haut dans le ciel noir pour donner à la scène un aspect surnaturel. Le reflet lunaire donnait à l'océan une dimension bien différente de ceux à quoi pouvait être habitué les non-marins. Une atmosphère définitivement aimé par le nouveau capitaine. Le son des mouettes non loin encore éveillées à cause du navire venu se poser près de leur habitat accentué encore le côté anormal de cette nuit.


T'es pas dérangée par l'fait qu'on soit pas au port ?
_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)