Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Deux pains à 8 écus, ça vous fera...75 écus dame!

Vasco.
Encore un procès? Le visconti n'en croyait pas ses esgourdes lorsque ce matin-là, Agnesina vint lui expliquer que la Savoie avait ouvert un nouveau procès contre elle! Ça commençait salement à ressembler à de l'acharnement thérapeutique cette affaire-là. Mais quand il entendit la raison du procès, il eut envie d'éclater de rire. On reprochait à Ina d'avoir mis sur le marché de Chambéry deux pains à huit écus et que cela avait provoqué une potentielle déstabilisation du marché. Pauvre marché n'est-ce pas s'il est déstabilisé pour si peu? Pauvre mairie si elle en est à racketter les voyageurs en essayant d'obtenir de l'argent des voyageurs par le biais de motifs futiles. Car dans l'esprit du Visconti révolutionnaire, la vraie raison est là: mettez le plus de lois incompréhensibles et inapplicables pour qu'on ait plein de raison de piquer des écus dans les poches des voyageurs. Voilà toute la politique économique du duché de Savoie! Du vol organisé et légalisé. Quittant la couche conjugale, le sicilien alla vaquer à ses occupations journalières non sans avoir demander à la Corleone de l'appeler à la barre des témoins lors du procès. Après tout, Ina n'était pas la seule à pouvoir s'amuser non? Lui aussi avait le droit à un peu de détente.

Détente? Si seulement c'était vrai! Le sicilien avait discerné dans les prunelles de sa Corleone une certaine lassitude face à l'acharnement dont faisant preuve la Savoie envers elle. Pas étonnant après que le duché soit si mort! Pas étonnant que personne ne pointe le bout du nez en taverne, ou dans les rues des villes. La politique savoyarde n'avait tout simplement pas de sens. Elle ne se faisait pas dans l'intérêt de la population. Elle se faisait sans aucun intérêt. Des bouts de vélin sans fond, sans idéal, sans aucune gouvernance! Voilà à quoi ressemblait la politique savoyarde. La pauvre Juzstina voulait s'investir pour tenter de repeupler le duché et ils sabotaient toutes ses initiatives par des politiques sans queue ni tête: quand on veut attirer du monde, on n'assomme pas la population sous un tas de lois incompréhensibles qui deviennent un fardeau quotidien! On libéralise. On rend la vie simple! Tout le contraire de la politique savoyarde! Tout le contraire de ce qu'il faut faire pour arrêter le dépeuplement des villes. Le pire, c'est que les politiciens se lavent les mains de tout ceci! Ils refusent tous d'admettre qu'ils ont des torts immenses dans le dépeuplement des villes. Ils parlent de fatalité, ils disent que c'est partout pareil mais aucun ne se pose vraiment la question de sa propre responsabilité dans cette affaire! Demandez à n'importe quel villageois : Est-ce intéressant de se faire brider ses libertés? De devoir lire 50 pages de lois pour acheter son pain quotidien? A l'origine la vie dans les villages étaient si simples. Les politiciens avides de pouvoir ont tout complexifier. Le peuple est parti voir ailleurs. Les politiciens crient à la fatalité.

Révolutionnaire le Visconti? Un peu. La honte des actions francouardes coulait encore dans son sang, l'irritait à chaque fois qu'une injustice de ce genre était commise. Pour lui , la guerre était finie. La révolution ne faisait que commencer. La révolution? Pour lui, la réponse à la désertification des villes était désormais là.

Son travail terminé, il se rendit au tribunal de Chambéry. Il avait hâte d'en découvre avec les autorités de Savoie. Il le faisait pour lui. Il le faisait pour Agnesina. Il le faisait pour tous ceux qui vivait pareil injustice en Empire et dans le royaume de France. Les justices despotiques étaient légion dans toutes les provinces mais ce n'était pas une raison pour ne pas les dénoncer. Révolutionnaire un jour, révolutionnaire toujours le Visconti!

Ce fut d'abord la lecture de l'acte d'accusation.


Sarah_elisabeth a écrit:
    La Coutume étant source de droit en Savoie, c'est sur celle ci que nous nous appuyons en ce jour pour présenter le cas présent. Nous demandons donc au juge de se baser sur son bon sens juridique et sur les trois principes de la Coutume pour prononcer la culpabilité de l'accusé.

    En ce jour du 16 mai 1462, nous exposerons les faits qui ont été présentés dans le dossier de plainte du prévôt :
    -----------------------------------------------------------------
    Ville de Chambéry
    Prévôté Savoyarde

    DEPOT DE PLAINTE
    Date : 6 Mai 1462

    Plainte de Thornton Estriviers, Prévôt de Savoie

    Contre Dame : Agnesina_temperance
    Pour : Spéculation + Non respect des grilles de prix

    Preuve : "05/05/1462 13:20 : Vous avez acheté à Agnesina_temperance 2 miches de pain pour 8,00 écus."



    Exposé des faits : Depuis le 4 Mai, il est interdit de spéculer comme précisé dans l'arrêté que je cite : "Spéculation : Toute manœuvre spéculative, volontaire ou non, est interdite sur le marché de Chambéry." De plus, ce pain ne peut pas parvenir de sa production vu que cette gente dame ne possède ni champ ni échoppe comme l'indique son état civil au registre de la Mairie : "Agnesina_temperance ne cultive ni n'élève rien". Le prix du pain est réglementé depuis le dit arrêté du 4 Mai. Il est limité à un prix maximum de 6.50 écus : "Boulanger : Pain - 6,50".
    Je passerai également sur l'attitude frondeuse de l'accusée qui m'a envoyé un courrier qui est très "borderline" de la H.T.

    Témoins : Yrvis_de_chenot, Lavava

    Formulaire rempli par : Thornton Estriviers
    le 6 Mai 1462
    -----------------------------------------------------------------

    Nous notons là que cette attitude est répréhensible vis à vis de la coutume
    1) le critère du bon père de famille : cette action qu'a commis la Dame Agnesina_temperance n'a rien de normalement sérieuse, raisonnable et soucieuse de ne causer aucun préjudice à autrui, elle entraine une hausse artificielle et spéculatrice des prix du marché, appauvrissant les citoyens savoyards au bénéfice de la spéculatrice.
    2) l'universalité d'action : cet acte mettrait assurément gravement en péril la vie en société si tout citoyen se l'autorisait déstabilisant l'équilibre des marchés créant une différence fictive entre le prix des choses et leur valeur, rendant l'approvisionnement en vivre des plus démunis difficile et un risque de famine des miséreux.
    3) la jurisprudence : De nombreux cas de spéculation ont hélas déjà jalonné l'histoire de notre province et sont autant de références sur lesquelles le juge pourra s'appuyer pour établir la culpabilité de l'accusée.

    Lorsque la dame Agnesina_temperance a été fouillée suite à sa mise en accusation, il a été relevé qu'elle portait sur elle une bourse de presque 140 écus. Aux vues de son acte, nous demandons donc au juge de ne faire preuve d'aucune clémence et de faire saisir 75 écus de sa poche pour dédommager la mairie. Si cette dernière refusait de s'y plier, la procure lancerait alors un procès pour TOP rendant son acte passible d'une peine de prison.

    Nous rappelons toutefois à l'accusée qu'il lui est possible de faire appel à un avocat lors de ce procès afin de la représenter ou d'assurer elle même sa défense.


Un droit à un avocat? Tiens donc...Lors du procès précédent d'Agnesina, le juge lui-même avait dit...

Citation:
    Le droit à l'avocat en Savoie n'existe pas vraiment. Vous pouvez vous faire aider d'un avocat, mais il n'y a aucune obligation de la part du procureur enfin passons.


Belle précision n'est-ce pas? Le droit à l'avocat en Savoie n'existe pas vraiment. Il existe ou il n'existe pas? Pas clair cette affaire-là... Si on en croit l'actuel procureur, il existe. Mais dans ce cas, se pourrait-il que le juge du précédent procès ait pris sa décision sur des faits erronés? Que tout ce procès soit erroné? Bah...Le Visconti verrait si dans sa prise de parole, il considère si l'accusé a le droit de se faire représenter par un avocat. C'est que les lois savoyardes sont tellement claires...

Et puis vint Ina. Ina la Sainte. Ina la Rebelle. Ina dans toute sa splendeur.


Agnesina_temperance a écrit:

    Je dois avouer que je ne m'attendais pas à tant de passion de la part des autorités savoyardes qui, au comble de l'amour pour moi, m'offre un deuxième procès en ces terres. Je suis vraiment touchée par tant d'attention de votre part et parce que je ne peux pas laisser mes admirateurs sans réponse, je suis ici devant vous dans l'espoir de vous apprendre à chasser la crétinerie qui s'est emparée de votre Duché. Ce sera long et laborieux mais ne craignez rien, si vous écoutez mes conseils, vous pourrez peut-être avoir, un jour, une lueur d'intelligence.

    Tout d'abord, vous me reprochez d'avoir vendu deux miches de pain pour 8 écus. Et ? Si vous craignez que votre marché soit déstabilisé pour deux miches de pain pour 8 écus, c'est que vous êtes de réels incompétents qui n'ont rien compris à l'économie. Pourquoi n'est-ce pas grave ? Parce que le marché, ce jour-là, regorgeait de plusieurs pains sur les étals et que les paysans, vos concitoyens, ne sont pas des abrutis finis pour acheter le pain à son prix le plus haut. Vous essayez de palier vos incompétences avec des décrets qui sont plus absurdes les uns que les autres. Alors que le commerce, c'est quoi ? C'est beaucoup simple que ce que vous essayez de faire croire, mais je ne vais pas vous faire des cours d'économie. Votre intelligence ne vous permettra pas de comprendre, donc en soi, c'est totalement inutile !

    De plus, il y'aurait spéculation si j'aurais acheté le pain sur le marché de Chambéry. Or, le pain vient de Bourgogne et comme vous ne pouvez pas prouver que ce pain vient bien du marché de Chambéry puisque vous n'en avez pas apporté la preuve, votre accusation de spéculation n'est pas raisonnable.

    Pour ce qui est de l'accusation du non-respect de la grille des prix, vous savez ce que j'en pense, n'est-ce pas ? Et monsieur le Prévôt, semble avoir oublié de préciser pourquoi ces pains étaient sur le marché. Je vous explique. Je n'ai pas vendu le pain à ce prix-là par hasard. Non, j'voulais que le Prévôt bouge son gros tas de graisse pour qu'il vienne l'acheter. Au final, bande d'ingrats, vous devriez me remercier de lui donner du travail. C'est toujours mieux un prévôt actif qu'un prévôt qui ne sert strictement à rien. Au moins, je lui ai permis de travailler, ce pourquoi il est payé. Vous allez me juger pour ça ? Pour une blague de ma part ? Et bien, que grand bien vous en fasse.

    Ha et j'ai une question à poser à Madame la Procureur. Votre justice est basée sous le coutumier du bon père de famille, n'est-ce pas ? Est-ce qu'un bon père de famille demanderait des explications à son enfant 10 jours après sa bêtise ? D'après le dossier du Prévôt, j'aurais spéculé le 6 mai et vous me mettez en procès que le 16 ?

    Vous dîtes qu'il ne faut pas insulter vos lois mais vous vous rendez compte combien vous êtes ridicules ? Ce procès prouve bien que vous n'êtes qu'une belle bande d'incompétent qui se cache derrière des lois inutiles pour faire croire aux habitants que vous maitrisez toutes les situations et que vous n'êtes pas un conseil dormant mais fort heureusement que certains savent vous faire fermer votre grande gueule. Un peu comme ces brigands qui ont pris Bourg.

    Vous pouvez toujours m'amener en prison, je m'en fiche, car j'ai l'habitude ! Vous pouvez toujours me coller une amende, vos mairies me dédommageront. Au final, vous avez toujours le choix d'être des idiots et de me juger coupable pour une simple blague. Personnellement, je n'ai rien à perdre... Contrairement à vous.



Enfin, ce fut au tour du Visconti. Depuis le temps qu'il attendait ça. Assis dans un coin de la salle, le Visconti écoutait les paroles du procureur qui ne semblait avoir aucune formation de juriste. Il sourit en entendant la défense de son Ina: fidèle à elle-même, un brin Visconti sur les bords, et surtout Corleone jusqu'au bout des ongles. Une femme comme il l'aimait. D'un geste, elle l'invita à venir prendre la parole à son tour. Le Vasco qui parlait toujours trop, se leva, frôla d'une main errante les courbes naturelles d'Agnesina puis vint prendre place au centre de la place, les bras tendus sur les côtés comme si une foule de groupies en délire allait l'acclamer à s'en pâmer

- Votre Honneur, Buongiorno! Je suis Velasco Visconti, actuel animateur de la ville ce Chambéry....Comprenez par là que j'essaie avec mes amis ici présent de rendre la vie dans une ville moribonde qui ressemble bien plus à un cimetière qu'à un lieu qui respire la joie de vivre. A quoi attribuer cela? Bah...Quand on voit comment on traite les habitants et les voyageurs ici, ne cherchez pas plus loin pourquoi tout le monde fuit ailleurs n'est-ce pas? Mais je m'égare, je m'égare. Je suis aussi l'amant de l'accusé et suis déçu de ne pas avoir trouvé dans toutes vos grilles ducales tellement amusantes le nombre de fois minimum et maximum que j'ai le droit de faire l'amour à ma maitresse par semaine. J'avoue que j'en ai été étonné tellement l'endroit semble submergé de lois inutiles, simplement faites pour spolier les libertés individuelles et pallier aux faiblesses des gestionnaires savoyards. Enfin, nous aurons le temps de parler des lois plus tard, quand j'en viendrais à montrer comment la justice savoyarde applique pour deux poids identiques, deux mesures différentes.

"de minimis non curat prætor"... J'imagine que chacun de vous connait cette locution de bon que tout bon père de famille applique lui-même dans sa maisonnée. Et pourtant il me semble que le prévôt de Savoie n'est pas très enclin à appliquer cette philosophie de vie. Résumons si vous le voulez bien: Un bon père de famille doit-il vraiment se mêler de chacun des disputes de ses enfants, même si elles sont peu fréquentes? Un bon père de famille doit-il vérifier que chaque accord passé entre ses enfants est équitable pour l'un comme pour l'autre ou doit-il les laisser grandir et s'arranger entre eux? De minimis non curat praetor...Oui, sieur et dame...De minimis non curat praetor! Deux pains...Deux pains à 8 écus! Et voilà que la Savoie met en branle son attirail juridique pour... ça?

Je citerai aussi une autre locution de bon sens juridique : actori incumbit probatio . Le procureur ici présent a t-il fait la preuve que le geste d'Agnesina Temperance Corleone ici présente a commis un préjudice à un quelconque chambérien ou savoyard? Non! Le procureur se contente de dire que de nombreux cas de spéculation ont jalonné l'histoire de la Savoie. Et alors? Est-ce pour autre qu'Agnesina est coupable? Le procureur parle de spéculation...sans même faire la preuve que le geste commis par l'accusé est bien de la spéculation. Comme l'a dit elle-même l'accusée, et puisque le procureur n'a même pas donné la définition de la spéculation à la cours, je rappelle que la spéculation est l'acte d'acheter et de vendre SUR le même marché. Or, en bon voyageurs, il est inutile de vous signifier que nous nous baladons souvent avec une bonne dizaine de miches dans le sac pour les soirs où nous dormons à la belle étoile. Où est la spéculation sieurs? Où?

Le procureur parle ensuite d'universalité de la preuve... Fort bien mais...Vendre deux pains à 8 écus met-il vraiment gravement en péril la vie en société? Le procureur parle de déstabilisation du marché. Peut-il raisonnablement expliquer à cette cour sans perdre la face comment deux miches vendues à huit écus peuvent déstabiliser le marché de Chambéry? L'approvisionnement en vivres des plus démunis a t-il vraiment été affecté par cette transaction avortée et que j'expliquerai plus tard? Allons bon, soyons sérieux un peu tout de même Sieur le procureur! Vous rendez-vous compte de ce que vous dîtes? Deux miches de pain je le répète.

Quand à la jurisprudence...Le procureur confond-il prudence et jurisprudence? Avant d'évoquer la jurisprudence pour désigner la peine à laquelle l'accusée devrait être soumis, encore faut-il faire la preuve de sa culpabilité, ce que le procureur semble ignorer jusqu'à présent. C'est dommage. Une justice équitable ne se base t-elle pas justement sur des preuves, l'écoute des arguments des deux partis? Ici, la défense amène des faits, des arguments. L'accusation amène des textes généraux sans aucun contexte ou presque...et surtout sans aucune preuve. Par ailleurs, les demandes de l'accusation sont totalement disproportionnées. Quelqu'un peut-il me dire comment de deux pains à 8 écus qui auraient, selon la grille ducale être vendues au maximum à 6,50 écus peut-on en arriver à 75 écus de dédommagement pour un préjudice qui non seulement n'a pas été prouvé mais en plus n'existe pas?

Je passerais sur une formulation pour le moins amusante des textes de lois sur laquelle se fonde le procureur. Hum...A la réflexion, je tiens quand même à les formuler ici, histoire de détendre un peu l'atmosphère... Je cite le procureur... "Toute manœuvre spéculative, volontaire ou non, est interdite sur le marché de Chambéry"... Volontaire ou non. A Chambéry, on en arrive à interdire des manoeuvre involontaire. Quelqu'un a t-il déjà vu ça quelque part? Devons-nous traduire cela par : "Personne n'a le droit à l'erreur?" Si c'est ça, je demande un procès contre Yrvis de chenot, maire de Chambéry qui a commis une erreur lors de la publication de ce décret justement! Si vous voulez en savoir plus, allez lire les lettres qui ont été échangées sur ce sujet en mairie de Chambéry. Votre honneur, devons-nous comprendre, de la formulation de ce décret que les autorités ducales ont le droit de se tromper mais que n'importe quel villageois n'a pas ce même droit? Par ailleurs, le mot justice n'est t-il pas de la famille de..juste? Votre Honneur, trouvez-vous ce genre de décret applicable? Correct? Juste? Pas le droit à l'erreur? Est-ce cela qu'il faut comprendre de cette formulation malheureuse? "Toute manœuvre spéculative, volontaire ou non, est interdite sur le marché de Chambéry"? Le droit à la justice ne signifie t-il le droit à une justice claire? A des textes faciles d'accès pour tous? Quelqu'un peut-il me dire pourquoi la Savoie refuse aux accusés le droit d'avoir un avocat ? La justice savoyarde a t-elle peur des avocats?

Venons-en maintenant aux faits si vous le voulez bien car la défense, elle explique ce qui s'est passé. Elle amène des faits, elle cherche à expliquer la situation présente contrairement au procureur. Le 5 Mai, Agnesina et moi avions enfin l'occasion de régler nos comptes. Voyez-vous, suite à un pari perdu, je devais encore à Ina la somme de 4 écus. Dans notre groupe, le pain se transigeant au prix fixe de 6 écus, Ina met donc en vente deux pains à 8 écus afin que je puisse les lui acheter et régler mes dettes. Or ce jour-là, je travaille en bon père de famille que je suis à la mine ducale. Je m'enrichis tout en enrichissant la Savoie quoi. J'arrive tard sur le marché et le gamin qu'Ina avait laissé là pour effectuer m'a transaction vient me dire en pleurs qu'un méchant sieur est venu lui acheter les pains. Je m'étonne. Je me demande pourquoi un sieur vient ainsi s'immiscer dans une transaction privée entre Agnesina et moi. Je comprends d'autant moins que l'on me dit qu'il reste du pain en vente sur le marché. Du pain que de braves artisans chambériens ont pétri de leurs mains. Du pain moins cher, de meilleure qualité et surtout du pain fabriqué à Chambéry. Alors pourquoi ce sieur n'a t-il pas favorisé le commerce local ? Cela n'a strictement aucun sens économique! Qui plus est, je le répète : en quoi cette personne avait le droit de s'immiscer dans une transaction privée qui ne gênait personne d'autres? Qui ne portait préjudice ni à la mairie de Chambéry, ni aux chambériens, ni aux savoyards? Est-ce que le procureur aurait l'amabilité de répondre à toutes les questions que je viens de poser?

Votre Honneur, je vous remercie! Ah au fait, quelqu'un peut-il me dire s'il existe une cour d'appel applicable pour les procès en Savoie et si oui comment je puis prendre contact avec elle?


Ah! Je vous l'avais dit! Vous ne connaissiez pas encore Velasco Visconti? Bavard invétéré? Ah ça, quand il n'est pas content le Visconti, il le fait sentir. Il avait passer sous silence les raisons pour lesquelles Ina avait pu avoir des mots durs envers les autorités. Pourquoi? Bah! Tout le monde pouvait comprendre que devant tant de mauvaise foi, tout être humain normalement constitué avait de quoi piqué une grosse colère non? Il paraissait qu'en Savoie la justice se foutait des témoins. Il paraissait que de toute façon, tous les procès n'était que de la poudre aux yeux et que les décisions étaient déjà prises dès le dépôt de la plainte. Velasco avait déjà vécu une pareille situation en Artois. Et comme en Artois, il appliquerait une fois encore sa stratégie: tout rendre public à un large auditoire pour montrer l'étendue d'une situation calamiteuse où les préjugés et le harcèlement se substituaient aux principes du droit équitable pour tous et de celui du bon père de famille.

_________________
Sarah_elisabeth
La procureur avait écouté la plaidoirie de l'accusée sans pouvoir retenir un sourire de naitre sur son visage. A défaut de présenter une défense réellement valable, elle avait eu le don de la faire rire intérieurement : du cran, de l'humour et un sens de la menace voilée qui ne pouvait que plaire à la blonde. Mais voilà, elle était procureur et là pour faire respecter des lois, qu'elles plaisent ou non aux Corleone de passage sur leurs terres.

Votre honneur, nous avons bien écouté le témoignage de l'accusée. Celle ci reconnait d'elle même avoir bafoué les édits municipaux de la ville qui plus est pour se jouer d'un fonctionnaire ducal. Cependant, nous reconnaissons bien que la prévôté n'a pu apporter la preuve que les pains vendus sur le marché venaient de ce dernier et non de réserves de l'accusé. Pour ces raisons et suite à notre accusation précédente, nous requérons contre Dame Agnesina Tempérance une amende de 50 écus. Au juge de voir si son attitude envers un représentant du Duché mérite jours de prison ou non.

Contrairement à l'avocat, Sarah n'était pas adepte des effets de manche. Ses réquisitoires allaient à l'essentiel, sans fioriture aucune. Elle laissait aux avocats et aux parties l'occasion de s'étendre. Elle était ici pour faire respecter les lois. Surement pour cela qu'elle autorisait dans son cas les avocats alors que rien ne l'y obligeait au sens strict de la loi. Ces derniers étaient toujours passionnants à écouter et celui ci tout particulièrement.
_________________
Livie
Attention Medames et Messieurs, dans un instant, ça va commencer...

La classe! Non, la top classe! Dans cette ville où il ne se passait rien, le cirque allait enfin s'installer. Et ce soir, les clowns ils avaient décidé d'amuser la galerie avec: "Super Nouveau Pater à l'insu de son plein gré" et "Super Mamounette surnommée 8écus la miche". La gamine trépigne. La gamine ne tient plus en place. La gamine est exaltée. La gamine voulait le pain même s'il coutait 8écus! Dans ces aillons, elle revoyait ceux qu'elle avait abandonné quelques jours pour ce terrer dans un trou. Malade, le cœur soulevé et des jours à se vider par tous les trous! Saleté de bière Savoyarde! Du poison... En parlant de poison, c'était peut-être le pain offert par le pater qui était empoisonné. Avait-il essayé de la tuer? Déjà? Faire un procès pour vendre du pain trop cher, c'était marrant. Ils devaient vraiment s'ennuyer dans le coin. Bref, dans ses aillons donc, le visage noirci par le charbon, la morve ayant coulé jusqu'à ses lèvres et fini par sécher dans un coagulât verdoirâtre immonde.

"VAS-Y PAPA! MONTRE LEUR!!"

Non mais!
Vasco.
Satisfait comme souvent de sa tirade, le Visconti alla à nouveau se vautrer derrière Agnesina, admirant avec envie et indécence sa cascade de cheveux lisses et noirs s'échouer sur la grève de sa nuque découverte. Il en oublierait même pour un instant qu'il se trouvait dans un tribunal et qu'il crevait de désir pour celle qui était accusée.

Même à Chambéry-la-morte, la vie vous apporte son lot de surprises. Le Visconti était sur le point de s'endormir après avoir usé toute son énergie à la barre des témoins lorsque, d'un coin de la salle, un cri du coeur se fit entendre. Son visage se décomposa lorsque, tourna la tête vers l'origine de l'exaltation, ses mirettes se posèrent sur...


- Livie...

Aussi atterré que la Fée des dents voyant le Lapin de Pâques venir lui voler son travail, le Visconti, livide, se demandait si c'était un cauchemar ou simplement le destin qui se jouait de lui. La mioche, celle qu'il avait cherché à Chambéry toute la semaine! Celle qu'il croyait partie après lui avoir joué un bon temps! Voilà qu'elle réapparaissait à l'occasion du procès d'Agnesina. Le sicilien se demandait si l'assistance avait fait le lien entre son discours et le cri de coeur de la fille du coin.

- Visconti! Chiabrena! Qu'est-ce que tu fais là? Je t'ai cherché dans toutes les rues désertes de Chambéry! J'ai questionné les poivrots qui travaillent pour le prévôt, les serveuses qui remplissent les gosiers des poivrots et les maréchaux qui couchent avec les serveuses! Personne ne t'a vu! Où étais-tu passé? J'ai cru que tu étais morte de faim!

... ou disparue après avoir compris que ton histoire ne tenait pas la route un instant!

- Tu...as encore faim? Ina avait du pain. Je devais lui acheter pour t'en procurer. J'avais aussi prévu de te trouver du lait, ce qui est rare à Chambéry, mais ce fat de maire t'a ôté le lait de la bouche! Viens, ne reste pas seule dans ton coin! Le procès n'est pas terminé mais dès qu'on en a fini avec cette parodie de justice, on ira se taper un bon gueuleton à la taverne d'Ina, la seule de toute la ville qui soient pleine de monde!

Le sicilien avait à pris en main ses responsabilités paternelles qu'une autre surprise de taille l'attendait dans cette salle. Au lieu d'attendre que tous les témoins aient expliqué leur point de vue, ne voilà t'-il pas que le procureur prenait la parole pour son réquisitoire finale. Les yeux écarquillés, la lèvre pendante comme une vieille morue en manque d'air, Le Visconti emmena la Visconti prendre place aux côté de l'accusée. D'un geste, il lui désigna la place qu'il occupait derrière Ina.

- Tu restes là bien sagement. Tu écoutes, et tu ne cries pas ton opinion. Manquerait plus qu'on se prenne un outrage au tribunal et on finira tous entre les bras de la proc! Enfin...je veux dire en prison quoi!

Se courbant dans le dos d'Ina pour approcher ses lèvres de son esgourde, il lui murmura alors.

- Mais elle se fout de qui la proc? Elle ne répond à aucune de mes questions. Soit elle n'a pas écouté, soit elle se fout de faire son travail correctement. N'empêche, ce qui est fort, c'est que non seulement elle n'écoute pas les témoins de la défense, mais pire : elle a appelé des témoins pour l'accusation et n'attend même pas leur version des faits pour les prendre en compte dans son réquisitoire. C'est manqué de respect aux témoins! Tu crois qu'on peut demander un procès contre elle pour ça? D'ailleurs, tu remarqueras qu'elle n'a même émis aucun commentaire sur le fait que j'ai déclaré que le pain que tu avais mis en vente m'était destiné. Elle se fout du bien-être des chambériens. Je te parie qu'elle doit être payée au nombre de personnes qu'elle envoie en prison. Et personnellement, je trouve ça terrible d'avouer qu'on n'a de preuves par rapport aux faits reprochés mais qu'on demande quand même qu'un verdict de culpabilité soit prononcé contre une personne. Soit elle est de mauvaise foi, soit elle est totalement incompétente. Ou alors c'est une incompétente de mauvaise foi!

Et là, en principe, dans le scénario de la pièce de théâtre, il est écrit qu'Ina agacée se retourne vers son amant et lui dit : "Visconti tais toi! Tu parles trop! Je n'arrive à entendre ce que dit ce chapon maubec de maire!". Chapon maubec...Oui, ce mot peut paraitre étrange dans la bouche d'Ina Corleone mais l'auteur du scénario avait quelques problèmes avec la langage vert original de la Corleone.


Yrvis_de_chenot a écrit:
Votre Honneur, je ne peux que féliciter l'accusée et son défenseur de tout ce qu'ils ont dit en ce tribunal, beaucoup de parole, mais rien de concret au final et rien qui l'innocente, surtout quand on entends de quel façon elle traite un conseiller ducal, le prévôt en l’occurrence.

Si cela avait été vraiment une dette comme son amant et venu le prétendre, elle l'aurait dit ou l'aurait expliqué au prévôt et aurait demandé de racheter ces pains au même prix.
L'a t-elle fait? Non, et au contraire s'amuse à insulter le prévôt.
De plus j'ai vu ces pains à ce prix trainer très longtemps sur le marché, si c'était pour un remboursement, cela aurait été rapidement réglé. On règle ses dettes en présence de l'intéressé.
Les témoignages de ces deux personnes se contredisent et leur grandes discussion se servent qu'à vouloir enfumer ce tribunal.

C'est simple, je suis maire de Chambéry et j'ai fait un arrêté qui interdit de vendre du pain au dessus de 6,50 écus.

Tout aussi simple, sont les question que l'on doit se poser au vu de cette affaire.

Est-ce que cette personne à respecté les prix maximum? Non
Est-ce que cette personne ne respecte pas les arrêtés? Oui, on l'a vu
Est-ce que cette personne à montré une volonté de régler cette affaire à l'amiable? Nous avons vu que non, sinon nous ne serions pas ici.

Tout le reste n'est que parole inutile votre Honneur, je vais continuer à faire en sorte que tout les habitants de Chambéry puissent continuer à trouver de quoi les satisfaire sur le marché en espérant ne plus voir des personnes vouloir faire de gros profit que pour leur seul plaisir et leur bourse.

_________________
Agnesina_temperance


Corleone esquisse un sourire à son amant avant de s'affaler pour se concentrer sur les témoignages des différentes personnes. Un sourcillement plus tard, elle se redressa quand elle comprit qu'elle pouvait à nouveau prendre la parole et entendant une petite voix connut, Ina se retourna pour regarder Livie. Petit feu-follet qui était entré dans sa vie comme un coup de pied qui entrerait en contact d'une fourmilière. La brune se racla la gorge en toussotant dans son poing parce qu'elle devait parler.

« - Bene.

Son regard ne lâcha pas le Visconti pendant plusieurs minutes avant qu'elle se reconcentre.

« - Trêve de plaisanterie.

J'avoue avoir vendu deux pains à 8 écus et avoir eu connaissance du décret. Seulement, comme l'a expliqué mon futur mari, il avait perdu à un pari et me devait des écus. Nous devions faire une transaction sur le marché et j'avais envoyé un gamin apporter les deux pains sur un étal pour que Vélasco lui rachète quand il en aurait le temps. La suite, tout le monde la connait, le prévôt a racheté le pain et énervée, je lui ai envoyé une lettre de provocation. Il faut savoir que j'étais malade à ce moment-là et j'avais de grosses douleurs au ventre, donc j'ai réagi impulsivement... Comme tout à l'heure. Et puis, j'ai tout bonnement oublié cette histoire.

Les paroles du maire me font bien sourire car il dit que j'ai manqué de volonté de régler cette affaire à l'amiable. Or monsieur le maire n'est pas tout blanc dans cette histoire. En effet, je devais vendre à bas prix du lait à une mère de famille qui en avait besoin. Monsieur le maire a racheté ce lait comme l'indique cette preuve.


Elle tend le parchemin, parce que décidément, c'était à la mode !

Citation:
06/05/1462 22:40 : Vous avez vendu à la mairie 3 bouteilles de lait pour 5,00 écus.


« - Je lui ai écrit pour lui demander de me rendre le lait ou de le vendre à cette mère de famille. Il a choisi de me narguer et quand je suis allée pour discuter avec lui en taverne, il a fait la même chose. Il n'a pas été possible d'avoir une discussion intelligente avec lui. Alors oui, j'ai abandonné l'idée de régler l'affaire à l'amiable, parce qu'il ne faut pas me prendre pour un lapin de six semaines et si le prévôt aurait voulu des excuses, il aurait dû me demander et pas passer par le maire. Je n'aime pas les intermédiaires. Un point, c'est tout.

Ensuite, soyons sérieux deux minutes. Si j'avais voulu m'enrichir sur le dos des savoyards, je n'aurais pas vendu deux malheureux pains à 8 écus. Pourquoi pas 12 écus, hein ? De toute façon, le Prévôt l'aurait racheté à ce prix-là, non ? Parce que c'est bien son travail, n'est-ce pas ?

Et tout le monde le sait, je ne suis pas une enfant de chœur. Si j'avais réellement souhaité faire des miennes, j'aurais racheté toute la nourriture avec les matières premières et j'aurais tout... revendu au prix maximum. Je l'ai fait ? Non.


Elle se frotta la nuque, son air grave ne la quittant pas.

« - Au final, cette histoire aura permis de faire bouger le gros tas de graisse qui sert de prévôt et vous faire sortir de votre couche. On devrait me donner une médaille pour ça. Soyez heureux car je vous ai donné de mon temps et peut-être, une lueur de ce qu'est l'intelligence. J'espère aussi, un jour, vous donnez une leçon de défense... Car vous avez compris qu'il vaut mieux prévenir que guérir, n'est-ce pas

Son regard dévia vers le juge et son cœur se mit à s'emballer car si la femme était la procureure. L'homme en question devait être le juge. Corleone savait déjà à l'avance qu'elle serait jugée coupable. Le juge actuel n'avait-il pas été le procureur de son précédent procès et surtout, n'était-ce pas lui qu'elle avait menacé de mort ?

_________________












Vasco.
A côté, la prétendue fille pas adoptive. En face, les yeux plantées droit dans ses mirettes brillantes, la future épouse qui n'est en rien la mère naturelle de la prétendue fille pas adoptive. Derrière l'amoureuse et l'amante, le procureur qui n'avait cure de fournir des preuves et qui n'aimait pas discourir et plus loin encore le juge certes silencieux mais qui au final, aurait le dernier mot dans toute cette comédie. Comédie? Oui, pour le Visconti, tout ceci n'était que comédie qui se grimait sous les traits d'une pseudo justice. L'homme, brigand et amant notoire, père en formation aurait sans doute préféré une condamnation sans procès, sur simple décision du juge. Pas de procureur et pas de témoins pour la forme.Au moins, il n'y aurait pas eu tromperie sur la marchandise. Lorsqu'Ina termina sa plaidoirie, le Visconti reporta son attention vers la Visconti.

- Tu vois pourquoi je l'aime? Franche, directe, aucune tergiversation, elle me pliera jamais. Ils veulent l'abattre parce qu'elle est Corleone. Voilà pourquoi ils se fichent des preuves. Ils jugent un nom et non des faits. Et puis, faut bien reconnaître que la façon dont est rendue la justice partout dans les provinces de l'Empire et du royaume du France ne facilite guère le travail des procureurs et des juges puisqu'ils siègent au même conseil. La défense est exclue de ce système-là qui pousse aux connivences entre procureur et juge. Mais je ne suis pas là pour te faire un étalage de tout ce qu'il faudrait changer ici pour vivre dans un monde meilleur...

Surtout que Livie n'est sans doute pas capable de comprendre ce que disait celui qu'elle prenait pour son révolutionnaire de père. Trop jeune.

- Tu comprends un peu mieux quelle est ma vie? Brigander, piller, remuer la lie dans les villages endormis depuis des lustres, être un agitateur, s'enrichir et vivre ce jour comme s'il était le dernier, c'est ça ma vie depuis que j'ai rejoint Ina et sa famille. Alors, si tu es venue chercher auprès de moi une vie calme et ennuyante, loin de tout danger, tu vas être déçue. Par contre, je te promets que tu pourras toujours manger à ta faim, que tu verras les plus belles colères d'Ina, que sa soeur va vouloir te couper une oreille ou te faire bruler avec une église, que tu verras le monde te craindre et te hair à la fois...et qu'au final tu auras une vie bien plus passionnante que la plupart des villageois qui dorment, mangent, travaillent et se font tondre la laine sur le dos par la noblesse.

Fallait-il lui dire que l'espérance de vie dans la Spiritu Sanguis était assez basse? Qu'elle se prendrait des coups par les maréchaux? Qu'elle se ferait insulter par les prévôts, les procureurs et les juges mais que malgré tout elle serait un maillon indispensable de cette société en totale déliquescence?

- Sans compter que tu assisteras au plus beau mariage que la France et l'Empire réunis aient jamais connu! Celui de ton...père...avec celle qui est entrain de battre le record absolu du nombre de procès intentés contre une personne. Et ça, c'est grâce à des gens comme elle...

D'un geste, il désigna le procureur.

- ...et dans doute lui!

Doigt pointé qui se tourna vers le juge.

- Alors si tu veux rester avec nous, tu deviendras toi aussi une Spiritu Sanguis. On te haira à l'extérieur du clan et on ne montrera guère de compassion à l'intérieur parce qu'on ne montre que rarement ce genre de sentiments entre nous. Mais tu appartiendras à un groupe pour qui le mot loyauté signifie vraiment quelque chose. Tu n'auras pas qu'un père, tu auras toute une famille prête à t'aider et à mourir pour toi bien plus que si tu avais joint la noblesse.

Il n'avait pas eu l'occasion de lui parler de sa vie. Livie y avait débarqué comme la cavalerie au milieu de batailles d'infanterie désorganisées, mal préparées à recevoir le choc. Le faire dans un tribunal était plus que subversif, même lui en aurait convenu mais les occasions de parler avec Livie Visconti étaient rares et le sicilien se devait de saisir toutes les opportunités.

- Et sinon, comment la trouves-tu Agnesina? Je t'ai déjà raconté comment elle m'a séduit et lié à elle dans les ténèbres à jamais?
_________________
Vasco.
Les bras pliés sur la poitrine lui tombèrent lorsqu'il entendit les premiers mots du verdict. Le sicilien détourna la tête de Livie pour se focaliser sur le juge comme si ce geste pouvait lui permettre de mieux comprendre la portée des mots qui venaient irriter son oreille.

- Cosa?!?!?!?

Se levant, il posa sa main sur l'épaule de Livie lui intima ainsi l'ordre de ne pas bouger.

- Che cosa ha detto lei ? 2 giorni di prigione è 50 ducati per due piccoli panini di ****** ? Sul serio ?

Poussant les chaises, il se fraya un chemin vers le centre de la place.

- *** *** *** *** *** ! Io ti farò soffocare con il tuo pane a 8 ducati !

On lui avait retiré les armes à l'entrée de la salle. Les poings du Visconti se serrèrent, visiblement en manque d'exercice. Toute la haine qu'il ressentait pour ce verdict injuste se matérialisait à cet instant dans ses mains. Sur son avant-bras ses muscles se mirent à saillir, et la peau sur son cou s'étira donnant un air dangereux à l'ensemble de son visage. Un premier coup de poing vint s'abattre sur la table.

- Cambia verdetto subito, o giuro, ti rompo la faccia di *** *** *** che hai per fare una pappa disgustosa che potrai vendere sul tuo mercato di *** *** *** come marmellata di fragola !

Dans la salle, la tension était montée d'un cran. Même si le Visconti s'exprimait dans un langage qui n'était le leur, Les autorités commençaient à comprendre à sa physionomie que le verdict ne semblait pas être du tout au gout du sicilien.

- Dai ! Mangia questo vomito che ci hai servito *** *** *** ! Stupido ! Chi potrebbe essere così stupido per costituirti giudice ? Un consanguineo nobile, senza dubbio. È così? Una spazzatura che crede di poter imporre la sua legge al popolo? *** *** *** ! Marcio ! Pensi che essere tra le cosce di una contessa abbastanza per farti giudice ?

Il marchait d'un pas lent en direction du juge, deversant sa bile en face de l'homme qui se gaussait d'Ina par un verdict aussi abject. Laissant la haine déferler en lui, il se rua alors sur l'homme pour l'empoigner. Le secouant comme un prunier, tentant de le cogner, de le gifler, bref de laisser passer sa colère sur celui qui venait de formuler une telle sentence. Les forces de la maréchaussée se jettèrent alors sur lui pour tenter de maitriser l'énergumène.

- Tuo padre ti ha finito con piscio del asino! Se è stata condannata al carcere sperando pottere fornicarla nella sua cella, rimanerai deluso! Ti farò entrare il tuo *** *** *** all'interno del tuo corpo! Osé sbavandare su di lei! Ose posare i tuoi occhi lussuriosi di porco su di lei e ti rompo i denti ! E poi mi farrò ingoiarne una e darò l'altro in regalo ad Arsène !

Traduction sur demande. Pas sur que ça serve vraiment si personne dans la salle ne connait l'italien. Les insanités viscontiennes ont été remplacées par des *** pour éviter de choquer les italophones. Rien que leur nombre prouve l'étendue de sa colère. Un grand merci à JD Liz. pour sa traduction.

_________________
Sarah_elisabeth
Tiens, mine de rien l'avocat pouvait avoir un langage encore plus fleuri que ce à quoi s'attendait la procureur. Installée à sa place, Sarah regarda le Visconti s’enflammer à l'énoncé du verdict. Il faut dire qu'elle ne s'attendait guère aux jours de prison énoncés, l'amende lui semblant déjà largement suffisante pour servir de leçon dans cette affaire. Le juge avait parfois la main bien lourde mais elle ne pouvait rien y faire à part s'employer à ne traiter qu'avec plus d'attention encore les dossiers fournis pour ne pas induire d'injustices en défaveur des accusés. La justice se devait d'être équilibrée : ferme mais intègre. Et ce n'était un équilibre facile à maintenir.

Voyant passer devant elle une chaise, Sarah se leva enfin et s'avança, repoussant les forces de maréchaussée qui se jetaient sur l'avocat pour le maitriser. La force n'était pas forcément la manière la plus intelligente de gérer ce genre de situation. C'est donc une petite blonde bien jeune au ventre arrondi, resté dissimulé jusque là par l'écritoire de la procureur qui vint tendre une main pour redresser l'avocat mis à mal par la prévôté.


- Je vous en prie, laissez moi vous aider à vous relever. Je peux comprendre votre ire, la sentence a été rude, mais soyez sure que tous les dossiers ne sont pas forcément jugés de même et que si les preuves le permettent, je demande toujours la relaxe d'un accusé d'où qu'il vienne et quel qu'il soit. Je veillerai personnellement à ce qu'aucune violence ou comportement inapproprié ne soit administré à votre amie dans nos geoles durant ces deux jours et si vous désirez discuter plus tard quand les choses se seront apaisées, passez me voir à Annecy ou à mon domaine que nous puissions palabrer au calme et loin des prétoires. E per favore, calmatevi, ciò non aiuterà in niente la vostra amica.

Ou l'art en une petite phrase de faire comprendre qu'elle avait fort bien compris les élancées lyriques du Visconti mais ne s'en formalisait pas.
_________________
Elvy_lee
Elvy entendit la sentence prononcée à l’encontre d’Ina et n’en fut guère surprise. Il n'en était visiblement pas de même pour le Sicilien qui semblait abasourdi.
La mine sombre, il vint se placer au beau milieu du prétoire et son envolée lyrique et fleurie enchanta la Cavalière. Elle jubila en voyant le juge secoué tel un prunier. Une nuée d’hommes en armes eurent peine à maitriser l’homme aveuglé par la colère.
La procureur, une blondinette au ventre rond s’approcha et Elvy put entendre les paroles qu’elle lui prodigua.

… soyez sûr que tous les dossiers ne sont pas forcément jugés de même…

Bien que le Visconti et elle-même ne s’adressassent plus la parole depuis des mois, elle ne put s’empêcher de lui glisser, suffisamment fort pour être certaine d'être entendue :

Ne l’écoute pas, elle ment ! Tout le monde est jugé de la même façon, j’ai moi-même été condamnée à de la prison et à deux-cents écus d’amende pour quelques pains vendus sur le marché.

Je te le dis, Visconti, la Savoie est folle. Mais pire, elle est aussi menteuse !!

_________________
Sarah_elisabeth
Sarah se tourna vers la jeune femme qui prit la parole et montra une pile de dossiers.

- Sachez que j'ai obtenu que soit prononcé la relaxe sur divers dossiers dont les vice de procédure ou les preuves étaient démontrés comme Dame Fleur de Pois, Messire Nyavlis , la jeune Lexianne. Et j'ai demandé de même que la jeune Livie soit laissée libre. Je me suis toujours efforcée à ce que les procès restent fermes mais justes ne vous en déplaise.

Dans votre cas, je suis désolée mais votre comportement répété et avéré sur le marché savoyard ne m'a pas laissé le choix. Priez en sus que le conseil ducal en place ne réalise pas les arriérés de vos taxes de taverne que vous cumulez dans le duché.

En tous les cas, mon état actuel me force à quitter ma charge de procureur. J'espère pour vous que le prochain à prendre la charge saura également faire la part des choses entre les faits et les rumeurs.

_________________
Vasco.
Les forces de l'ordre cette fois eurent raison du sicilien. Le bras droit tordu vers l'arrière et bloqué afin qu'il ne puisse frappe, le gauche ne tarda non plus à rejoindre jumeau. La douleur et les coups forcèrent le Visconti à mettre genoux en terre, la tête baissée vers le sol en guise d'expiation. Ainsi, il ne pouvait défier les autorités. Un bâillon lui fut passé sur la bouche pour l'empêcher de déverser son flot d'insanité. Sa haine s'exprimait dans le moindre de ses gestes, dans ses paroles exacerbées, dans les traits déformés de son visage, dans son souffle saccadé. Au travers de ce flot d'immondices débitées, une phrase prononcée elle-aussi dans sa langue maternelle accapara son attention, rompant net la spirale de violence dans laquelle il était plongé. "E per favore, calmatevi, ciò non aiuterà in niente la vostra amica". Ainsi donc, elle avait compris. Plus que les gestes, plus que le déferlement de violence et peut-être même au delà des mots. L'initiative de la procureure lui avait permis de desserrer l'étau des forces de l'ordre. D'un geste sec et rageur, le Visconti en profita pour libérer ses bras des gardes de la maréchaussée. Il se releva et retira le bâillon et le jeta aux pieds des forces de l'ordre. Puis, il se releva en frottant ses bras endoloris par l'usage de la force.

- Ce que cet ab... ce...enfin ce juge ne comprend pas, c'est qui il sert! Ce genre de jugement ne défend pas la cause de la Savoie. Elle la déshonore! Lui là, il ne comprend pas la portée du geste qu'il vient de poser. Un verdict disproportionné en fonction de la gravité des faits reprochés. Comment pourra t-il maintenant juger des assassins, des pilleurs, des violeurs? Quel verdict pourra t-il donner qui soit cohérent avec celui-ci? Votre modèle juridique basé sur la coutume se bâtit justement verdict après verdict. Maintenant, il est de coutume en Savoie de condamner à de la prison quiconque enfreint de quelques écus une grille ducale sans intérêt et qui freine le développement du duché? L'a t-il compris ça, cette rognure de viande faisandée? Il dessert la cause qu'il prétend servir? Et avec ce sottard d'Yrvis de Chenot, ils font une paire destructrice bien plus puissante qu'Attila et ses huns. N'importe quel habitant en Savoie qui se trompe sur un prix de vente...et je cite l'absurdité du maire de Chambéry : "volontairement ou involontairement"...fera donc deux jours de prison? Est-ce comme cela que l'on veut développer la démographie savoyarde! Chiabrena!

Le Visconti jeta un dernier regard au juge Galopin, des yeux emplis de haine, de dépit et d'incompréhension. Passant à côté de Lizzy, il ne daigna pas la regarder. Il s'arrêta à sa hauteur alors qu'Elvy venait à son tour de se manifester. Même geste, même peine visiblement et sans doute le même juge. Folle la Savoie. Le Visconti ne pouvait qu'approuver. Il savait également que cette province n'était pas la seule à se fourvoyer dans une justice qui ne méritait pas ce nom. A Péronne, alors prise par la Spiritu Sanguis, l'Artois avait montré les limites de son modèle d'indépendance. Non seulement, la justice y avait été souillée au profit d'acte dictatoriaux: accusation sans preuve, fourvoiement dans les personnes accusées, procureur dépassé qui ne citait même pas les droits des accusés. Mais en plus en cour d'appel moribonde. Aucune séparation des pouvoirs. Aucun moyen d'être jugé par un tribunal indépendant et qui analysait les faits avec objectivité. La justice est un art difficile. Le Visconti en était conscient. Il regrettait simplement que la plupart des acteurs s'enorgueillissent de leurs actes et n'aient pas la force d'avouer leurs faiblesses et de se remettre en cause afin de sans cesse s'améliorer. Il avait pris le chemin de l'illégalité et il assumait. Dans la guerre opposant la confédération helvétique à l'Empire, il avait pris fait et cause pour l'Helvétie. L'état-Major de la Spiritu Sanguis et de l'Hydre avaient pris la décision d'attaquer Chambéry. Il assumait. Ils avaient été anéanti par l'armée des Septs. Il assumait. Il devrait un jour aller en prison pour les crimes qu'il commettait? Il assumerait ses erreurs.

Avec Elvy, ils ne se parlaient plus. Enjoy, Arsène et Agnesina Corleone n'avaient pas apprécié l'attitude de la Spiritu Sanguis pendant leur convalescence à Saint-Claude. Le Visconti lui n'avait pas aimé la façon dont Enjoy avait marqué son désaccord et il lui avait fait remarqué. Pour lui, elle s'était comporté en femme pendant la période de ses menstrues et non en chef. Elvy dans tout ça? Elle s'était retrouvée entre le marteau Corleone et l'enclume Viscontienne. Un dommage collatéral qui un jour peut-être s'effacerait de lui-même. Vasco contourna l'Hydre et posa en passant une main amicale sur son épaule. C'était sa façon à lui de la remercier pour son intervention. S'approchant d'Ina, il la serra dans ses bras. Ses yeux se plongèrent dans ceux de la Corleone. Il n'y avait pas besoin de paroles entre eux à cet instant précis, tous les sentiments passaient par le regard. Leurs lèvres se joignirent une fois encore comme si c'était le dernier baiser qu'ils échangeraient jamais. Ses doigts se mêlèrent à ceux d'Ina. Ils lui disaient qu'il viendrait la voir. Son sourire? Il voulait lui rappeler tout ce qu'ils avaient prévus un jour de folie alors qu'ils parlaient des bienfaits de la prison, de l'imaginaire carcéral sur la vie d'un couple comme eux. Il lâcha sa main, et son corps dans un gestion qui signifiait un simple "A bientôt" et reprit le chemin de la sortie. Il allait partir lorsqu'il entendit Sarah Elisabeth répliquer à Elvy. Il s'arrêta et se retourna une nouvelle fois vers la procureure.


- Je retiens votre invitation. Je ne sais si vous serez alors ravi de l'avoir lancé ou pas, mais je l'honorerai. Un jour ou l'autre. Je doute que votre successeur comprenne la portée de sa fonction. Je doute qu'il comprenne même comment il peut servir sa province et combien il peut aussi la détruire. Enfin, je doute qu'il ait l'indépendance d'esprit suffisante pour agir en son âme et conscience et faire fi des pressions qu'il ne manquera pas de subir. Avant de partir, faites-moi le plaisir de transmettre un message personnel au conseil ducal de Savoie. Dites-le que je reviendrais. Oui! Je reviendrais!*. Dites à votre capitaine et à votre prévôt, aussi sottards soient-ils, qu'il est préférable de ne jamais me perdre de vue! Sans ça, ils s'en mordront les doigts!

* Parole restée dans l'Histoire, prononcée par le Général MacArthur le 11 Mars 1942 alors qu'il avait reçu l'ordre du Président Roosevelt d'abandonner les Philippines sous la pression japonaise.
_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)