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[RP] Visconti contre Corleone

Vasco.
...À moins qu'il ne s'agisse plutôt de Corleone contre Visconti. Qui recevait et qui jouait sur le terrain de qui? Difficile à dire. Toujours est-il qu'en cet instant il était la proie et Ina le chasseur. Sa dernière lettre ne faisait aucun doute là-dessus.

Citation:
    Vélasco,



    Gabriele m'a apporté ta lettre. 



    Je savais que tu ne m'as pas trompée et que tu ne comptais pas le faire. Ce n'était pas une question de jalousie. 



    Tu n'étais qu'une faiblesse pour moi. Une faiblesse que les autres pouvaient utiliser pour m'atteindre. Et ébranler le Clan, car je suis l'une de Ses Meneuse. L'ennemi est là, à l'affût de la moindre faille pour décrédibiliser le Clan et en faisant ami avec ta puttana, tu es tombé dans le piège. Elle s'est crue tellement importante qu'elle s'est permise de m'insulter devant mes hommes, parce que tu as cru bon de croire que ces habitants étaient dignes d'intérêt. Ils ne le sont pas. Ils ne sont que des chiens jaloux de la liberté des loups. Ils t'ont ridiculisés et tu as fait de même pour le Clan, en continuant dans ta lancée.



    Tu as fait le choix de partir en nous laissant tous, soit. Un homme qui préfère abandonner sa famille, n'est pas un homme. Ce ne sont pas tes mots qui ont rompus ce lien entre nous mais tes choix. 



    C'est pourquoi je te considère dès à présent comme Persona non Grata. Si nos chemins se croisent, je te tuerai. 

Ina Corleone.


"Si nos chemins se croisent, je te tuerai"... Ces mots résonnaient encore dans son esprit alors que le corps tuméfié du Visconti se trainait vers le petit ruisseau qui coulait en contrebas du chemin. Les lèvres gercées entrèrent en contact avec la froideur de l'eau, apaisant pour un instant le feu qu'il ressentait. Les bras en croix, le dos au sol, les yeux tournés vers le ciel, il récupérait de l'effort qu'il venait d'accomplir. Sa blessure s'était ré-ouverte. Son pansement de fortune dégageait une odeur qui ne signifiait rien de bon.

- Nos chemins vont se croiser Ina. Tu me tueras...Ou je te tuerai...Ou encore on mourra tous les deux comme on l'avait dit!

Il avait faim, il devait soigner sa blessure et poursuivre sa route avant de mourir d'épuisement ou de s'être vidé de tout son sang. S'il restait ici, il ne serait bon qu'à devenir un festin pour les loups. Sa chemise de rechange fut déchirée et trempée simplement dans l'eau glacée. Il l'appliqua alors sur la plaie de son abdomen et pressa pour diminuer l'hémorragie. Un cri de douleur vrilla la forêt environnante. Sa poitrine montait et descendait dans un rythme accéléré. De la brume s'échappait de sa bouche avec les frimas matinaux.

- Tu as été idiote Ina Corleone. Si quelqu'un a été manipulé dans cette affaire, c'est toi! Tu l'as dit: c'est toi la Cheffe! C'est toi qu'on cherchait à atteindre. Rappelle-toi... Qui a subi les procès? En Franche-Comté. En Savoie. Tu n'as pas couru vers eux. Tu as sauté à pieds joints les deux bras! Tu as fait exactement ce qu'ils attendaient de toi parce que tu fais plus confiance à des estrangers qu'à tes propres hommes. Tu t'es fait manipulée comme tu as manipulé Lancelot! Et au final le résultat est le même. Certains diront que c'est un juste retour des choses. On ne s'attaque pas aux sous-fifres! Un vrai Chef Ina Corleone aurait compris ce que je recherchais et su lire clairement la situation. Tu as transformé une situation gagnante en déroute. A cause de ta jalousie. Tu es venu comme un chien dans un jeu de soule, tu as tout détruit. Et pourquoi? Parce que tu es une femme et que tu réfléchis avec tes sentiments, quels qu'ils soient.

Déjà, les pansements neufs avaient virés au pourpre alors que le teint d'habitude hâlé du sicilien prenait une sale couleur livide. Il devait récupérer des forces pour continuer la route. Ne pas s'arrêter. Ne pas dormir sous peine de ne jamais se réveiller. S'appuyant sur un bâton de fortune, il progressa lentement, profitant du couvert de la forêt. Le chemin? Non. Pas maintenant. Trop dangereux. Il ne serait pas capable de se défendre. Avancer. Toujours. Encore. Avancer quitte à en mourir. Le soir pointait le bout de son nez lorsqu'il tomba sur les reliefs d'un feu de camp. Les braises étaient froides mais l'endroit avait été piétiné récemment. Dans les cendres trainaient encore quelques morceaux de viande et un peu de pain qui avait, depuis, pris l'humidité. Il devrait s'en contenter. Pour aujourd'hui. Son estomac criait famine et son ventre pleurait sa douleur. La gorge était de nouveau sèche et les lèvres fissurées. Combien de temps s'était-il assoupi ici? Il ne sut le dire. Sans doute quelques heures car lorsqu'il se réveilla, le soleil avait déjà été remplacé par la lune là-haut dans le ciel. Marcher. C'était devenu son leitmotiv. Marcher encore et toujours.

[Flashback...Chambéry, un jour plus tôt]

Le réveil avait été douloureux, mais plus que les coups reçus par le Von Bek, les mots d'Ina avaient fait leur oeuvre. Il l'avait ridiculisé elle. Il avait ridiculisé tout le clan. Pour quelles raisons? Il ne le savait pas. Qu'est-ce qui avait bien pu motiver de telles paroles? A en croire ces lettres, c'était le comportement de Bellha. Tout cela paraissait si irréel pour le Visconti. Quand quelqu'un voulait entrer dans la Spiritu Sanguis, il était testé. On cherchait à le déstabiliser et on voyait comment il réagissait. Cela, le Visconti l'avait vu de ses yeux. Il avait observé comment Enjoy faisait. Si la cible perdait le contrôle d'elle-même, n'avait pas de répondant, cela voulait dire qu'elle n'avait pas l'étoffe pour les rejoindre. Cela, le Visconti le savait. Sa réplique à Ina avait d'ailleurs été d'un calme olympien juste avant le duel. Alors pourquoi des mots si directs de la part de la Corleone. Lorsqu'il revint à lui après le duel perdu, Velasco avait trouvé la réponse qu'il cherchait. Il ne pouvait y avoir qu'un sens caché à cette phrase: tu rentres dans le rang, tu te fais plus discret...ou tu dégages! Voilà comment il avait traduit les paroles d'Ina. Une invitation à mettre de la distance entre eux. Temporairement? Définitivement? Il était trop tôt pour le dire. Tout comme il était trop tard pour ne pas agir. Tout cela était allé trop loin.Il lui donnerait donc ce qu'elle lui demandait. Le duel tombait finalement au mauvais moment: ses blessures semblaient le contraindre à l'inaction. Mais l'inaction signifiait pour lui perdre Ina. Parce des mots plus durs encore seraient échangés. Parce que l'un ou l'autre céderait du terrain pour gagner paix...et perdre de facto tout intérêt pour l'autre. Non. Ce soir là, il n'y avait qu'une solution: disparaître. Et même plus que disparaître : quitter Chambéry.

Il pouvait à peine marcher. Ses braies étaient tachés de coulisses rouges carmin. A la porte Nord de Chambéry, il tomba sur un groupe de marchands ambulants. La négociation ne tarda point. Les hommes avaient de la place pour lui...et sa cargaison de pains qu'il avait dévalisé du marché juste avant de partir. Le clin d'oeil ironique du destin était que ces pains, il les avait acheté à Jusztina, celle qui avait payé un garde à l'entrée de sa taverne pour interdire l'entrée au Visconti. Celle qui le détestait cordialement et qui rirait sans doute longtemps lorsqu'elle apprendrait ce qui s'est passé entre Ina et Vasco. Enfin...après s'être sans doute précipité à la maréchaussée de Chambéry pour aller se plaindre auprès du prévôt de l'achat illégal de pains! Le moins que l'on puisse dire, c'est que le départ du sicilien devait autant faire l'affaire des chambériens qui le haïssaient que celle d'Ina que Vasco aimait encore.


- C'est pour nous que je pars Agnesina. Au revoir ou... Adieu. Seul Déos le sait. Espérons qu'il soit plus clément que cet après-midi.

Les marchands lui avaient organisé une place dans leur charriote afin qu'il puisse s'allonger. Juste avant de partir, Vasco manda un gamin pour porter une lettre et un pigeon à Livie. Il en fit de même avec Gabriele. S'il y avait quelqu'un à la Spiritu Sanguis qui pouvait comprendre son geste, ce serait sans doute Gabriele.

Citation:
    Buongiorno Gabriele,

    Pour une fois, je fais court. J'ai quitté Chambéry et je vais m'éloigner de la Spiritu Sanguis un moment. Temporairement ou définitivement, je n'en sais rien. L'Avenir nous le dira. Ina estime que je ridiculise elle et le clan. Je n'ai pas envie de lui répliquer car je sens que je pourrais dire des choses qui romprait définitivement notre relation et je ne le souhaite pas. J'ose encore croire que le future nous appartient.

    Garde ce pigeon Gabriele, tu es le seul de la Spiritu qui pourra me contacter avec lui. Je ne dirais à personne où je vais. J'ai assez de pain pour éviter les villes. Si je ne rencontre pas de malfrats ou d'armée, je devrais rester discret pendant un long moment.

    Passe mes hommages à tous les membres de la Spiritu. Ça m'a fait plaisir de vous connaître et de vous fréquenter. Spiritu Sanguis un jour, Spiritu Sanguis toujours.

    Ci-joint une lettre cachetée. Elle est pour Ina. Donne-la lui je te prie.

    Avec mes remerciements et ma gratitude,

    Vasco.


Citation:
    Buongiorno Ina,

    Je pense qu'il est actuellement inutile que nous débattions. Le discours serait par trop stérile, chacun restant campé sur ses opinions sans écouter l'autre. Le cas Bellha n'est rien d'autre qu'une péripétie de plus dans notre relation rythmée au son de nos jalousies respectives. Tu sais qu'il n'y a rien eu avec Bellha et qu'il n'y aurait jamais rien eu.

    Mais, ce qui m'a décidé de partir, c'est que tu considères que je te ridiculise. Toi et le clan. Alors, je m'éloigne. Ainsi, tout rentrera dans l'ordre. Si je t'aime? toujours. C'est pourquoi je ne désire pas te répondre. Les mots qui sortiraient de ma bouche actuellement, je le crains. Ils pourraient dépasser ma pensée et rompre à tout jamais ce lien particulier qui m'unit à toi. Je ne sais quels seront tes sentiments et j'ai même envie de dire que je ne veux surtout pas les savoir. C'est pourquoi je pars sans te dire où je vais ni sans te donner de moyen de me joindre. Le destin nous remettra sans doute sur le chemin de l'autre à un moment ou à un autre et nous verrons alors ce qui en sortira de ce moment de vérité.

    Ciao Ina.

    Velasco.


Des mots sans force, sans vigueur. Tout ce qu'il pouvait sortir pour l'occasion parce qu'il n'en n'avait pas la force physique. Parce que le geste qu'il s'apprêtait à accomplir lui détruisait l'âme. La charriote s'ébranla dès l'ouverture des portes par la maréchaussée. Nul doute que les serviteurs zélés du duché noteraient son départ. Ils ne l'empêchèrent d'ailleurs pas. L'alerte n'avait pas été donné ou alors personne n'avait réussi à trouver ou à réveiller le procureur en pleine nuit. Avant que le soleil ne se lève, un corps meurtri de coups supplémentaires roula dans le fossé, le visage tuméfié, inconscient. Les caisses de pains et l'or qu'il transportait étaient restés dans la charriote. Les marchands, sans doute trop chargés, s'étaient débarrassés du surpoids inutile, séparant ainsi le bon grain du pain et des écus d'un côté de l'ivraie sanguinolente viscontienne de l'autre.
_________________
Vasco.
Dans les premières lueurs du soleil levant, les premiers contreforts d'une ville se dessinèrent. La civilisation... Le Visconti savait qu'il devait éviter ces endroits comme la peste. Du moins dans les premiers jours de sa fuite. Enfin…de son départ de la capitale savoyarde. Trop près de Chambéry encore. Trop près d'Ina Corleone. Mais avait-il vraiment le choix? Oui. Sans doute...Entre mourir vidé de son sang et mourir de la main de celle dont il avait encore le gout des lèvres sur les siennes. Il s'appuya sur son bâton de marche de fortune, ahanant comme un vieux cheval qu'on étire jusqu'au dernier souffle. Un rictus de douleur déforma son visage. Portant sa main à son abdomen il la ressorti ensanglantée. Les brumes de l'inconscience le guettaient depuis plus d'une demi-journée. Rien à manger, des blessures qui devaient s'infecter et le sang qui, telle la vie, s'écoulait peu à peu de son corps. Visconti n'était plus que l'ombre de ce qu'il avait été: fier, arrogant, cassant quand il le fallait, pliant sinon. Lui n'était pas un Corleone. Il ne rechignait pas à reculer lorsque la situation l'exigeait. Mieux valait retraiter pour venir frapper l'ennemi plus durement une autre fois. Mais frapper aujourd'hui était au-dessus de ses forces.

Trois jours. Cela faisait trois jours qu'il marchait depuis que ces marchands lui avaient dérobé sa marchandise et ses écus. Les hameaux qu'il rencontrait, il les avait tous esquivé. Les voyageurs aussi. Il n'avait plus confiance en quiconque. Il n'était pas en position pour le faire. Marcher à travers les sous-bois, encore et encore. Éviter les plaines, les longues étendues à découvert. Il était comme un loup solitaire. Sa chance de survie résidait dans sa discrétion. Toute rencontre serait synonyme de tête-à-tête avec la Grande Faucheuse. Il devait taire sa faim. Ne pas écouter son estomac et tous ses muscles qui réclamaient à manger. Pas avant d'avoir trouvé un havre où il pourrait récupérer.

A chaque fois que son esprit s'égarait aux frontières de l'inconscience, c'est elle qu'il voyait. Il avait du mal à garder les yeux ouverts et pourtant dans le halo de lumière en face de lui, c'était bien elle ; la Sainte. La Rebelle. Agnesina Temperance Corleone. Et à chaque fois, la même image revenait le hanter: se jeter sur elle. Pointer son poignard au-dessous de son nombril. Presser pour lui faire comprendre qu'il ne plaisantait pas. D’une main, maintenir fermement sa tête et sa bouche pour l'empêcher de parler, faire couler dans ses esgourdes tout le fiel qu'il avait à son encontre. Darder son regard empli de haine dans ses yeux et lui brigander un baiser violent et passionné sur ces lèvres qu'il désirait encore. Il l'avait vu sur le sommet d’une colline, dans les feuillages d'un arbre, dans le lit d'une rivière, dans ses tâches de sang, dans les flaques boueuses parsemant le chemin après l’ondée.

Un grincement sinistre le sortit de sa torpeur. Combien de temps avait-il sombré dans l'inconscience aux pieds des remparts de la ville? Il ne sut le dire. Les maréchaux avaient ouverts les portes. Le flux des voyageurs commençaient à pénétrer sous leur supervision. Caché dans son trou à rat, le Visconti se recroquevilla sur lui-même pour se mettre à l'abri du froid. Il grelottait. Ses forces l'abandonnaient goutte après goutte. Attendre le bon moment...Oui, c'est ça. Attendre. Passer sans se faire repérer. Ne pas se trouver sur une liste d'arrivants à la vue de tous. Personne ne devait savoir où il se trouvait. Personne ne devait pouvoir renseigner Ina Corleone!

Quand il réouvrit les yeux il se trouvait dans un endroit sombre et humide. Des relents de putréfactions nauséabondes flottaient dans l'air. Le sol était visqueux, les parois couvertes d'une mousse verte. Des coulisses d'eau se formaient en suintaient de la roche et venait former au sol une flaque d’allure noirâtre. Dans un coin, il pouvait entendre la vermine se battre pour quelques graines ou tout autre type de subsistance. Son abdomen lui faisait toujours aussi mal et son estomac était toujours en train de s'auto-digérer.


- T'as faim?

Les paroles prononcées d'une voix fluette sur un ton impérieux furent précédés par un coup de pied envoyé dans les jambes.

- Ton estomac gargouille depuis tout à l'heure. Alors tu dois avoir faim! Tiens! Prends ça!

Ça, c'était aussi dur qu'un caillou et ça avait une lointaine parenté avec un mélange de farine et d'eau qu'on aurait cuit dans un four il y a de cela plusieurs semaines. Le Visconti prit le cadeau qu'on lui tendait et sans même prendre le temps de l'inspecter, le porta à ses lèvres.

- Où suis-je? Qui êtes-vous?

- Ah ben, t'avais raison Mulot! Il est pas mort! Il peut encore parler! N'empêche, il pue la mort à plein nez!

Une tête surmontée d'une épaisse chevelure rousse et broussailleuse se dessina devant le visage du Visconti. Le visage était enfantin. La fille ne devait pas avoir plus d'une dizaine d'années. Elle était sale. Elle puait la pisse et la transpiration.

- Une question à la fois tu veux? Moi, on m'appelle la boiteuse! Tu comprendras vite pourquoi m'est avis! Et toi tu t'appelles comment hein?

Un nom était passé par sa tête : Guido Bonatelli. Rester furtif. Ne signaler sa présence à quiconque. Être pire que les rats. Se tapir dans l'ombre. Préparer sa vengeance mais d'abord...survivre! Se comporter comme une bête traquée qu'il était. Ne donner qu'une confiance limitée à ceux qu'il ne pouvait éviter.

- T'es pas bavard aujourd'hui Velasco Visconti? Hum? Pourtant, il parait que d'habitude tu ne te gênes pas pour déblatérer.

La surprise submergea l'esprit du Visconti qui en oublia même de manger son vieux pain pour rassasier son estomac et retrouver un peu de force. La gamine connaissait son nom. Un sourire de satisfaction illumina le visage poupin qu'il avait en face de lui. La Boiteuse était visiblement satisfaite de son petit effet de mise en scène.

- Ben quoi? Tu te demandes comment je connais ton nom, n'est-ce pas? Tu sais, quand on t'a trouvé inconscient, on t'a fouillé. On a été déçu de ne rien pouvoir récupérer sur toi...enfin...à part ce bâton! Mais qu'est-ce que tu veux qu'on fasse d'un bâton comme celui-là? Nobliaud voulait te tuer. Mordeur était d'accord et Titilleur lui préférait plutôt jouer avec toi un peu avant. La fouine, elle, elle voulait qu'on t'aide. Parait qu'elle te connait. Elle voulait qu'on te donne une pomme mais on n'en n'avait pas! Alors il faut que tu te contentes de ça!

La fouine... Le Visconti ne connaissait aucune personne nommée ainsi. L'hermine oui, Belette oui. Mais la fouine...Et puis pourquoi une pomme? La gamine qui lui parlait se releva. Lorsqu'elle se recula, dans le halo de lumière blafarde qui pénétrait dans ces lieux, Le Visconti peut alors apercevoir les silhouettes d'une quinzaine de mioches rassemblés ici. L'une d'elle se détacha et vint se porter à la hauteur du sicilien. S'accroupissant à son tour, elle porta son visage à sa hauteur. Ses traits...Ils lui semblaient familiers. Il avait déjà vu cette fouine-là quelque part. Le visage de la fillette resta impassible alors qu'elle dévisageait l'ex-Spiritu Sanguis. Sa main se porta à la hauteur de l'abdomen meurtri, remontant la chemise pour y découvrir la blessure. Ses yeux n'exprimèrent aucun sentiment lorsqu'elle la découvrit. Son visage resta obstinément impassible. Le regard viscontien mêlant incertitude et incompréhension balaya l'assemblée.

- Où suis-je? Et... Qui êtes-vous?

Il répéta sa question comme si elle n'avait pas encore été répondue.

- Cherche pas! Elle parle pas! Mais elle n’est pas sourde pour autant! Alors, tu la reconnais ou pas? Parce que si elle s’est trompée, autant qu’on te dénonce à la maréchausée…

- Poligny*…

Poligny…La première prise du Visconti avec la Spiritu Sanguis. Poligny, une fille…et une pomme.


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Vasco.
Puisqu'on me l'a suggéré : âmes sensibles s'abstenir... au moins jusqu'aux premiers échanges de paroles en brun.


    "Une main qui remonte lentement sur une cuisse, laissant ses doigts tracer des sillons dans lesquels germeront des graines de plaisir, l'autre qui épouse les traits de son visage et qui s'insinue sur sa nuque sous sa chevelure dénouée. Une lèvre inférieure qui traine langoureusement sur la peau hérissée de son cou, happant le lobe de son oreille pour le garder un instant captif, n'autorisant une libération conditionnelle que lorsque le chemin de ses lèvres féminines a été trouvé. Un goût suave et métallique, déclencheur des plus agréables sensations. Envies, frissons, désirs, sensations d'abandon, de fusion totale. La posséder pleinement d'un seul croisement de regard. Sentir son esprit céder aux plaisirs de son corps. Entrer dans sa tête, prendre possession des lieux, l'envoyer tournoyer dans un tourbillon charnel qui ne peut finir que par la petite mort. Mon corps est plaqué contre le sien. Sa poitrine écrasée contre mon torse me permet d'entendre les moindres battements de son cœur, de sentir sa respiration qui s'accélère au rythme de gestes intimes qui se font cruellement désirer et attendre. Prendre son temps, faire monter en elle le désir graduellement sans aller droit au but. Trouver les détours les plus intéressants, les plus insignifiants. Ce sont eux qui constituent le plus grand des trésors que l’on ne puisse jamais découvrir. L'échange est violent, passionné, avide. Il peine à combler un manque évident. Sa peau se hérisse, ses muscles se tendent. Son corps vient se frotter au mien dans une danse indécente. Entre nous, entre nos deux abdomens mis à nus par nos chemises relevées, une lame froide, glaciale, qu'elle tient de sa main droite. Contraste évident entre la froideur du métal et le feu des corps initié par deux esprits en ébullition. Les lèvres se dégustent, les baisers se font plus intimes, sans aucune limite. Mon souffle se perd dans les fils de sa chevelure ou vient créer des rouleaux qui charrient toutes ses tentations, ses envies, rouleaux de désir qui viennent ensuite s’éclater sur les brisants situés quelque part au bas de sa colonne vertébrale.

    Les corps roulent l'un sur l'autre. Les bras se nouent, les jambes se cherchent, les vêtements se délient au rythme des explorations. Le poignard est toujours là, le tranchant à plat. Le moindre geste peut inciser ces chairs déjà à vif. Osmose parfaite. Notre plaisir culmine au plus haut. L'extase nous emporte alors que nos deux mains se rejoignent sur la manche du poignard. Les yeux rivés dans ses yeux, alors que la petite mort nous a emportés, un duel d'un autre genre s'enclenche. La lame oscille entre son ventre et le mien. Aucun de nos deux visages n'est déformé par la haine ou l'effort, Nous sommes encore sous le coup de la jouissance qui a déferlé en nous. Et d'un coup d'un seul, mon poignet glisse vers l'avant. Sa main cède, la lame s'enfonce profondément dans ses chairs. Ses traits se figent, ses yeux marquent un moment de surprise. La petite mort se mêle à sa sœur, le sang qui coule de son corps souille notre dernière union. Des coulisses pourpres glissent le long de ses jambes nues, coulisses que mes bras viennent partager dans une ultime caresse. Unis comme jamais nous ne l'avons été. Intimement. Charnellement. Spirituellement. A la vie, à la mort. Baiser ultime. Saveur de ses lèvres au moment où la vie la quitte. Tu es mienne comme je suis tien Agnesina Temperance Corleone. Ici, n'importe où, en tout temps.

    Le poignard ensanglanté se retire de son corps, dardant alors vers le mien. La pointe de la lame appuie sur mon nombril et... "


- T'as rêvé d'elle hein?

Une bouille ronde, des cheveux bruns coiffés à la mode des moines et des taches de rousseur parsemant son visage lui donnant un air angélique. Aussi étrange que cela paraisse, pour un enfant de la rue qui devait voler sa nourriture, il avait pourtant un bel embonpoint le Mulot.

- Non!

- La fouine prétend le contraire. Et elle ne ment jamais.

- Et la fouine ne se trompe jamais non plus?

Le bonhomme n'était pas le plus méchant et le plus dangereux de cette bande de gamins sans famille qui s'organisait pour essayer de survivre. Il était simplement agaçant à toujours chercher à se mêler des choses qui ne le regardaient pas. Avec les jours qui passaient, le Visconti avait fait plus ample connaissance avec chacun d'entre eux. Par exemple, il savait pourquoi la gamine de Poligny se faisait appeler la Fouine par les autres membres de la bande. Elle et le Mulot avaient développé une sorte d'empathie. Elle ne parlait pas mais lui était capable de retranscrire ses idées à autrui. Un peu comme s'il lisait dans son esprit. Alors, les autres avaient fini par penser qu'un rongeur pouvait ne si bien s'entendre qu'avec un autre rongeur. La question que se posait le Visconti, c'est si l'intérêt que le Mulot lui portait n'était qu'un ricochet de celle de la Fouine ou si elle était plus profonde que cela. Quant aux plus dangereux de la bande...Mordeur et Titilleur! Il n'y avait aucun doute dessus.

- La fille que tu aimes et qui te chasse, la tuerais-tu si tu le pouvais?

Le Mulot avait toujours le don pour se poser les questions que vous n'avez pas envie d'entendre. Vasco tuerait-il Ina? Pourrait-il croiser son regard et avoir suffisamment de force d'âme pour enfoncer son poignard en elle? Et si sa vie en dépendait? Si c'était Ina ou lui? Perdre la Corleone? Perdre la vie? Accepterait-il jamais qu'elle vive sans lui? Qu’ils soient séparés à jamais? C'était une chose de s'éloigner d'elle et de laisser leur courroux mutuel s'apaiser. S'en était une autre de faire son deuil définitif de sa relation avec Agnesina Temperance Corleone. Oui, le Mulot lui cassait les pieds avec sa question et si la fouine était vraiment capable de savoir à quoi il rêvait, il faudrait qu'il se méfie bien plus d'elle qu'il ne le faisait actuellement.

- Oui...

Un mot qu'il avait presque arraché à son esprit. Un mot que même sa bouche avait eu du mal à formuler tant il ne savait quoi répondre. Le ton était hésitant, la syllabe presque écrasée entre ses mâchoires, le regard détourné pour ne pas trahir son état d'esprit. Ce "Oui" n'avait qu'un objectif, un seul : que le Mulot le laisse tranquille!

Lorsqu'il était arrivé ici, sa blessure était déjà largement infectée. La fouine avait pris soin de lui. Elle avait trouvé quelques herbes médicinales, nettoyé la plaie en profondeur, fabriqué un emplâtre pour éviter que la gangrène ne vienne s'y loger. Ses nuits étaient encore agitées. La fièvre le tenaillait toujours par intermittence... comme cette nuit. Il avait déliré. Il avait parlé dans son sommeil agité. La tête s'était balancée de gauche à droit comme la queue des vaches qui cherchent à faire fuir les ennuyants. Ses mouches à lui étaient ses souvenirs, ses réminiscences proches : Ina, Chambéry, la Spiritu Hydroleone Circus, la campagne de Franche-Comté...Beren, White, Lancelot, Cassandre, Yrvis, Bellha, Lizzy, Jusztina, Von Bek, White, Satine et tant d'autres...Et le mariage aussi.

Manger lui avait fait du bien. Les gamins avaient acquiescé aux demandes de la Fouine et avaient offert une part de leurs rapines au Visconti. Sans doute escomptaient-ils quelque chose en échange lorsque Vasco serait en mesure de leur fournir. Le sicilien l'avait vite compris: cette bande de trainards n'avait rien des bons samaritains. Ils volaient, frappaient ceux qui se mettaient au travers de leur chemin, dénonçaient ceux qu'il pouvait en échange d'avantages de toute sorte, traficotaient un peu partout, vendaient leurs services aux voyageurs désireux d'éviter la maréchaussée. Or justement, un soir...


- Visconti! Amène ta sale bouille! Parait que ce pouilleux te connait!

Un brouhaha indescriptible avait précédé l'entrée de Nobliaud et de Mordeur qui encadraient un homme titubant, la tête ensanglantée, les yeux dans le vague. Ses mains avaient été entravées par des liens de fortune taillés dans des restes de haillons. Sans doute les reliquats d'une prise récente. Des traces de dents se voyaient au niveau de la joue du prisonnier, un morceau de chair manquait sur le lobe sanguinolent de son oreille. Velasco détourna le regard vers le nouveau venu, se redressant sur son séant pour observer la scène. Scrutant l'homme d'un regard inquisiteur, il se demandait où ils avaient pu se rencontrer. Il fallait bien avouer que lors de ces dernières semaines passées en Franche-Comté, en Helvétie et en Savoie, le marin n'avait pas été des plus discret.

- Il dit que tu fais partie de la bande qui a attaqué Chambéry! Il dit qu'il t'a vu hurler comme un damné au procès d'une donzelle! Que t'étais un vrai dément! Il dit que t'as pillé le marché de Chambéry du pain qu'il y avait, que t'es recherché par la maréchaussée de Savoie et qu'il va te dénoncer aux autorités locales!

Tout cela était vrai. L'homme ne mentait pas. Quand l'avait-il surpris ici? Vasco ne sortait guère pour éviter que sa blessure ne se ré-ouvre mais après tout qu'importe. Le sicilien ne pouvait se permettre la prison ici… ou pire, qu'Agnesina sache où il se trouve et ne lance ses tueurs à ses trousses. Se levant péniblement, le visage déformé par une grimace de douleur, Velasco s'approcha en boitant du prisonnier. Marcher lui était pénible. Il ne dit pas un mot. Scrutant l'homme il cherchait à graver dans sa mémoire le moindre trait de son sale visage de délateur. Il était laid. Il avait le nez cassé, les joues creusées, les cheveux blonds hirsutes, le front large et aplati. Les chicots noirs et rares qui lui faisaient office de dentition lui conféraient un air malsain.

- Ainsi tu veux me dénoncer hein? M'as-tu suivi depuis Chambéry? Travailles-tu pour Yrvis de Chenot? Lizzy von Hohenlohe? ou...Agnesina Corleone?

L'attrapant par le revers de la chemise, le Visconti fit signe aux deux gamins de s'éloigner. D’une poigne vigoureuse, Il soutint l'homme par les revers de sa chemise, évitant qu'il ne s'affaisse, dardant son regard haineux dans le sien. Capter son regard à ce moment-là. Le graver dans sa mémoire. Il libéra alors son poignard de son fourreau et...
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Vasco.
L'endroit était une véritable palette de couleurs, toutes vives, toutes éclatantes et lumineuses. Le rouge dominait, du bourgogne jusqu'au rose. Il n'y avait pas un pan de mur, pas une toile ou un voile qui ne donnait un instant de répit à l'œil. Si vous cherchiez un peu de repos ici, vous risquiez fort d'être déçu. En même temps, lorsque l'on passait le pas de la porte de ce bâtiment, ce n'était pas pour venir relaxer ou piquer un somme. Pourtant, lorsqu'on lui avait parlé de cette maison, Velasco l'avait imaginé autrement, ressemblant plus à celles du même genre qu'il avait fréquenté dans sa vie passée. Plus sobre, plus discrète, moins imposante. Oui, à chaque instant, l'ambiance désirée par la décoration des lieux s'imposait aux visiteurs. Elle lui restait en tête, comme le bruit discret d'une goutte d'eau qui coule inlassablement du plafond.

Devant le sicilien, l'homme qui le conduisait était peu bavard. Gras et chauve, il avait tous les traits caractéristiques des eunuques que Vasco avait croisés chez les ottomans. L'homme l'avait salué d'un hochement de têtes, les mains enfouies dans les manches amples de sa tunique. Ses seules paroles avaient été : "Aurelia vous attend". Rien de plus. Pas un regard, ni même un sentiment exprimé au travers de son visage. Son attitude était au neutre, sa face dénuée de vie. La première pièce qu'ils avaient traversée était occupée par des filles légèrement vêtues. Les voiles vaporeux et le maquillage léger de leur visage mettaient leurs charmes en évidence. Les jambes se dévoilaient du bout des orteils jusqu'au haut d'une cuisse, couvertes juste ce qu'il faut pour exacerber le désir de la gente masculine. Les courbes des bustes s'esquissaient au travers du tulle transparent ou de dentelles ajourées et les lèvres carminées invitaient à la dégustation sous toutes ses formes. Les yeux du Visconti se posèrent sans insistance sur cette faune locale et bigarrées. Cette nuit, il n'était pas venu pour satisfaire ses instincts basiques. Dans le couloir, ils croisèrent un couple qui en avait visiblement fini pour la soirée. Les écus changeaient de main. En avait-il été de même pour le plaisir? Les pièces n'avaient pas de porte. Seul un voile opaque et rouge donnait aux ébats un semblant d'intimité. Ici, tout se voyait, tout s'entendait et Vasco devinait que ce choix n'avait pas été seulement motivé pour maximiser les ressentis de la clientèle. Ce qu'il y avait dans les chambres? Cela ne l'intéressait pas. Il devinait aisément que, bien qu'essentiels, les lits à baldaquins n'étaient pas les seuls instruments utiles à l'exercice de l'art qui s'exposait ici. Il y avait du bon et du mauvais, de quoi s'inspirer. Il faudrait qu'il en parle à son nouvel associé d’ailleurs. L'eunuque grimpa quelques marches d'escalier, s'arrêta au pas d'une porte de bois aux gravures fines et élégantes. Ici, point de forfanterie. Le style était plus délicat, moins imposant, plus discret. La subtilité reprenait ses droits.

Aurélia l'attendait derrière la porte. Dès les premiers instants, Vasco ne pouvait que constater qu'elle avait de la prestance et du charisme. Elle savait s'imposer quand cela était nécessaire, parler ou laisser parler. Il lui parut évident que cette femme était dangereuse mais qu'elle pouvait aussi lui apporter ce qu'il désirait. Visiblement, elle n'était pas dogmatique. Seule pour elle comptait l'appât du gain et pour cela tous les moyens étaient bons. Elle récoltait l'information de partout où elle venait. De la fange comme de la noblesse, du monde obscur comme des conseils de province, des hommes autant que des femmes, des jeunes orphelins qui arpentaient les rues à la recherche de leur pitance comme des vieilles rombières décaties qui espéraient avoir encore une once de séduction quelque part. Elle avait des chuchoteurs partout. C'est ce qu'on lui avait dit et le Visconti était enclin à le croire après leurs premiers échanges. Loyale. Était-elle loyale? Toute la question était là. La loyauté était une notion subjective. Vasco l'avait appris récemment. Pour les Spiritu Sanguis, sans doute que sa loyauté envers son ex-clan était mise en doute. Ils devaient penser qu'il avait trahi la confiance qu'ils avaient mise en lui en choisissant unilatéralement de partir. Ina lui avait même dit qu'il avait sciemment abandonné sa famille. Lui estimait que les mots qu'elle avait utilisés signifiaient son congé. Changer ou partir: voilà comment il formulait, lui, ses demandes à elle. Changer n'était pas une option pour lui. Elle signifiait perdre sa liberté, liberté qu’Ina même chérissait au plus haut point et qu'elle lui déniait à présent. Sa façon de communiquer aussi avait été éloquente : une lettre plutôt qu'un entretien en face-à-face. La distance et la froideur des mots couchés sur un vélin sans vie. Une méthode bien plus aisée pour demander une rupture qu'un tête-à-tête où soutenir un regard aurait pu être plus difficile à appréhender. Quand à Aurélia, tiendrait-elle parole? Pouvait-il lui faire suffisamment confiance. Il jouait avec le feu et il le savait. Toute la question maintenant était de savoir s'il pouvait la persuader qu'il lui apporterait plus en étant vivant...que mort. Et à propos de mort, après deux godets d'un alcool sirupeux, lorsque la discussion entra finalement dans le vif du sujet...


- Ce que je désire de vous? Facile. Que vous me fassiez disparaître aux yeux d'Ina Corleone.

Il avait dit Ina Corleone...et non Spiritu Sanguis. Dans son esprit, le duel l'opposait à son ancien chef, celle dont il était l’amoureux, son amante, son âme. La Spiritu Sanguis? Il n'avait rien contre elle même s'il savait qu'elle serait une arme entre les mains d'Agnesina. Loyauté...Ce mot revint à son esprit à cet instant. Lui n'avait révélé aucun des secrets qu'il connaissait sur la Spiritu Sanguis et il ne le ferait pas, de son plein gré du moins... "Les autres 2S n'ont rien à craindre de moi Ina. C'est toi contre moi désormais... jusqu'au règlement du conflit ou jusqu'à la mort."

- Je veux que vous trouviez quelqu'un qui me ressemble suffisamment. Je le veux mort. Je veux que vous fassiez porter par messager sa tête à Agnesina Corleone avec un petit message que je vous transmettrai. Je vous sais capable de la localiser si vous le désirez.

- Rien que ça? Ben voyons! Si encore vous me demandiez une faveur avec l'une de mes filles mais là... Et qu'est-ce que j'y gagne moi en échange?

L'aventure avec les gamins des ruelles tirait à sa fin. Le Visconti le sentait. La liquidation de "l'espion" avait par trop marqué des esprits qui n'étaient pas prêts à vivre ce genre de situation. L'expédition du "colis" a Thornton avait filtré dans l'assemblée. Avait-il eu raison de procéder ainsi? Cela lui avait-il apporté quelque chose? Rien. A part passer sa colère sur ce prévôt qu'il haïssait. Le prix? Le soutien de ceux qui l'avait aidé alors qu'il était mourant. Il est toujours difficile d'évaluer la portée d'un geste, que celui-ci provoque des réactions ou non. Le Visconti savait que les gestes et les paroles qui en apparence n'éveillaient aucune réaction publique pouvaient être la source des plus grandes tempêtes privées. Savoir ce qui valait le coup ou pas était un art extrêmement complexe à maitriser. Se fier aux apparences était une erreur grossière.

- Je travaille pour vous. Donnez-moi les tâches que vous jugerez nécessaire. Et ne vous fiez pas à ce qu'Ina pourrait dire sur moi, je suis capable d'abattre du travail. Je suis éclectique quant aux activités que l'on peut me confier.

Sortant un vélin de sa manche, il l'envoya sur le bureau. Celui vint buter sur les jambes dénudées qu'elle avait posées de manière aguichante sur le meuble. Elle avait dû commencer comme fille de joie. Elle avait un plan de carrière pour s'en extraire et visiblement, elle y avait réussi à merveille, sans doute même bien mieux qu'elle ne l'avait espéré. Pour le Visconti, c'était un gage de qualité. Le vélin expédié dans sa direction était le geste qui scellait la confiance qu'il mettait en elle désormais. L'accepterait-elle? Aurélia laissa tomber ses jambes au sol, se saisit du message et d'un air de supériorité, le fit disparaître dans l'échancrure de sa poitrine, dans son décolleté à mi-chemin entre celui d'une gourgandine et celui d'une dame de haute noblesse. A bien y réfléchir, y avait-il tant de différence entre les deux?

- Le message à remettre à Agnesina Corleone...avec le petit cadeau! Je l'ai fait écrire par quelqu'un qui a perdu la tête peu après. Aucun risque qu'il ne parle.

Citation:

    Joyeux mariage!

    J'espère que tu apprécieras mon cadeau à sa juste valeur.

    Finalement où as-tu prévu la cérémonie?


Pas de nom, pas de lieu, pas de date. Juste ces quelques mots provocateurs.
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