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[RP fermé] Et la lumière fût..

Carensa.



Des jours et des jours à laisser sa vie couler au rythme des sabots sur les chemins de terre. Sasha installé contre le cœur de sa mère. Un bras enveloppant son Tsar, l'autre sur la bride menant Ira vers une nouvelle destinée, mais laquelle ?

Si elle avait été seule, tout aurait été différent, pourtant Sasha venait d'avoir 17 mois. Il savait marcher depuis l'hiver passé, il marmonnait quelques mots et chaque jour, il faisait l'émerveillement de sa mère. Il possédait la tignasse platine de sa tante, le regard vert et le menton décidé de sa mère. Carensa l'aimait à la folie parce qu'il possédait un peu d'Elle, aucun homme ne pourrait jamais rivaliser avec son Fils, Leur lien.

Les journées à se reposer au coin d'un feu ou dans une taverne, les nuits à galoper, à éviter les brigands, à déjouer les armées. Il n'y avait rien de rassurant dans tout cela et la louve prenait jour après jour conscience de la vie qu'elle faisait mener à son fils.

Tout avait débuté cet hiver. Des nuits entières à le laisser seul avec sa nourrice pour aider à défendre la ville, à soigner des hommes et des femmes, souffrants de maux qu'elle n'avait jamais imaginé, à se battre pour une cause qui n'était pas la sienne jusqu'au jour où, étrangement, ces situations avaient fait germer en elle une étrange satisfaction..celle d'être utile à quelqu'un, celle de vouloir aider son prochain. Elle qui n'avait jamais compté que sur elle, elle qui n'avait que Sasha à protéger, s'imaginait aujourd'hui avec d'autres ambitions que celle de voler sur les chemins ou se battre pour la gloire.

Lorsqu'ils avaient quitté leur dernière ville, Carensa avait rendu sa liberté à la nourrice, dorénavant elle s'occuperait à plein temps de son fils, du moins c'est ce qu'elle avait imaginé. Rien était simple, mais Sasha ne la quittait jamais, il semblait sertie à sa taille comme un diamant dans de l'or. La rousse s'était amaigrie, rechignant sur quelques morceaux de viande tant la fatigue la prenait le soir.

En rejoignant Saumur, elle trouverait sans doute quelques réponses à ses questions. Bella y veillerait, elle n'en doutait pas. Elle sentait que son cœur réclamait autre chose à présent, comme si en elle grandissait quelque chose d'inconnu jusque là, comme si toutes les épreuves que la vie avait mise sur son chemin l'avait faite grandir.

Elle posa un regard protecteur sur l'enfant qui s'éveillait.

On va s'arrêter là mon Tsar..un peu de repos et un bon repas..

Quelques minutes plus tard, Ira était attaché devant l'Auberge qui serait, pour quelques heures, la leur.

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Carensa.


Quelques mots échangés en taverne et le pacte était signé. La blondinette n'avait pas eu long à dire, simplement la regarder et les souvenirs avaient fait surface. L'accompagner, c'était juste une évidence.

Elle était pétillante de vie, raffinée et teigneuse à souhait, du moins c'est ce que la rousse en avait déduit. Elle se régalait de sa présence autant qu'elle se désespérait de Son absence.

Il fallait tirer un trait sur ce passé et pourtant la rousse ne pouvait s'y résoudre. C'est ce passé qui avait fait d'elle ce qu'elle était aujourd'hui, c'est Elle qui l'avait rendue plus forte jour après jour.

Veiller sur la Petite, c'était comme conjurer le sort qui tenait absente sa Platine et espérer, en vain, son retour.

Les lieues s'accumulaient. Elle ne savait pas vraiment où ils allaient, qu'importait, après tout ils n'avaient aucun projet pour l'instant et la seule chose qui la faisait se tenir debout, était celui de veiller sur Sasha et la Petite.

Le retour à Saumur avait été bref, et aucune "discussion" n'avait pu avoir lieu avec Bella..La rousse en espérait une dans ses rêves tout au moins. Elle avait la folie de croire qu'elles étaient liées pour l’Éternité et qu'au delà des frontières temporelles qui les séparaient, leur Amour les unissait à jamais.

Comment ne pas y croire alors que dans ce monde qui l'entourait, tout lui faisait songer à Elle. Dans le ciel de l'hiver, elle voyait son visage, sous le souffle du vent elle entendait les palpitations de son cœur et les yeux de Sasha lui rappelait sans cesse les siens.

Était ce possible de porter autant d'amour à un être qui n'était plus de ce monde pour le commun des mortels, et d'en offrir à ceux qui l'attendait sans rien dire ? Loupait elle quelque chose ?

Le temps faisait son oeuvre, mais il semblait mettre trop de jours, de semaines, d'années pour faire en sorte que la Rousse trouve enfin Son chemin de vie.




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La_platine
[Zombie land... pour les mortels.]


Délectable fumée qui échappe à la pulpe quand elle expire, étendue sur une couche moelleuse... ses lèvres pincent la pipe à nouveau, le sourire s'étire quand les flammes de l'âtre viennent caresser son mollet et que l'ambre couvre le malicieux d'amusement. Chacun ses vices, elle n'en manque pas et partage volontiers l'alcôve d'Asmodée... Celui-là qui fut son maître autrefois, lors de ses libertinages, lors de ses déviances, lors de sa vie simplement. Quoi de plus normal que lui rendre hommage maintenant, en l'accompagnant dans l'éternité d'une existence éthérée. Rien que la liberté de plaisir, sans limite ni frontière... le Paradis dans l'Enfer.
Elle sourit de cette latitude exacerbée que lui offre la mort. La Spectrale. Ce monde parallèle à celui qu'elle a connu et dont elle ignorait l'existence... ou, peut-être, auquel elle refusait de croire. Ce monde lui apporte la sérénité, elle côtoie le pire et aime ça ; elle profite des expériences d'autrui,se nourrit de ses compagnons, rit de leurs aventures et s'amuse de leurs anecdotes. Ils ont troqué leurs enveloppes charnelles contre semblables, privées de la sève nécessaire aux humains, mais néanmoins réelles et sensibles aux contacts... L'ambiance particulière de leur environnement n'a d'égale que leurs propres folies, leurs fureurs, leurs envies ; ce qui les habitait, de leur vivant, et qui les a fait tels qu'ils sont... Ainsi, ils « vivent » d'extrêmes, impensables dans l'histoire mais ô combien concrets, quand le plus simple geste motive beuveries, ripailles et autres orgies. La Passion. Elle les anime, tous ; qu'importe la source à laquelle ils puisent, elle les unit.

Près d'elle, le Prince-démon grogne. L'ex-slave lui tend la pipe et quitte la chaleur de la paillasse pour s'asseoir plus loin. Une coiffeuse dont le miroir lui renvoie l'image, parfaite, qu'elle se fait d'elle-même... La cascade aurifère est remontée en chignon négligé, le stylet offert par son Tigre de frère vient dompter la masse et d'avoir une pensée, encore, pour lui, pour Eux. Les Siens. Sa famille. Celle qu'elle a choisie.

Son Prince la rejoint alors, il lit en elle comme dans un livre. L'opiacé du baiser l'enveloppe d'une douceur soudaine, poison qui l'éveille à la conscience... Le besoin soudain d'une assurance plus que la curiosité. Elle abandonne, l'espace d'un instant, son existence infernale pour ne redevenir qu'une ombre. Le temps, ici, est ignoré, insignifiant.


[Ailleurs land... chez les mortels cette fois.]


Elle lévite lentement. Elle observe tranquillement. Pas de précipitation lors de ses visites, c'est inutile et, d'autant, risquerait d'effrayer son objectif. Est-ce le jour ou la nuit ? Qu'importe. C'est son heure. Celle d'une communication ésotérique, sa préférée lorsqu'elle « revient ».

Immobile. La Platine la regarde longuement... Elle. Sa Mignonne. Carrie.

Doucement, elle s'approche et l'atmosphère se charge de froidure ; elle peut voir la vapeur fuir sa bouche et sait, dés lors, qu'elle sera réceptive... L'impression de mieux contrôler à mesure qu'elle pratique, peut-être est-ce un leurre mais de se plaire à y croire.
D'un léger souffle, la Novgorod repousse une mèche cuivrée ; la senestre effleure sa joue et de lui murmurer quelques mots en posant l'ambré sur la tête blonde de son neveu :


Par les burnes du Malin ! Il pousse plus vite qu'une mauvaise herbe... tu l'nourris à quoi mon Tsar?!

La vaporeuse se déplace sans hâte et vient caresser la frimousse de Sasha d'un baiser aérien... Le nez se fronce en songeant à sa dernière visite ; le temps ne l'impacte plus mais n'épargne pas les vivants. T'as pris un coup d'vieux, Carrie, ou c'est une idée ?

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Carensa.


Sasha dans les bras, la rousse le regard perdu sur le vide de la ruelle, rien ne semblait pouvoir perturber cet instant de relative sérénité.

Le liquide ambré présent dans le verre à peine entamé, s'était étrangement mis à mousser. Un souffle frais avait emplis la pièce et caresser son visage. Quelques mots venus de nul part s'étaient aventurés dans leur silence.

Elle était là.

Un sourire éclaira le visage diaphane, les lèvres rosés semblaient reprendre un semblant de vie.

Il grandit moins vite que je ne vieillis. Encore quelques printemps et il sera prêt à se débrouiller. Il tient de son oncle, regarde la taille de ses mains.

Joignant le geste à la parole, la louve glisse son index dans le poing du blondinet et étire les petits doigts boudinés du poupon. Le regard protecteur se pose sur la dite main, elle est fière de son rejeton, fière de son Novgorod.

Tu me manques Bella, j'y arrive pas sans toi..je sais que tu ne veux pas que je sois comme ça, mais si Sasha n'était pas, si la gamine n'était pas là, je n'aurais personne sur qui veiller et tout serait plus simple.

Le regard est sombre, bien trop sec à présent d'avoir si souvent versé des torrents de larmes.

Dis moi comment c'est la mort Bella, raconte moi..je ne veux plus être séparée de toi..

Le temps s'est arrêté. Elle aime ces instants privilégies. Si l'Inquisition avait vent de ses discussions avec la Mort, sans aucun doute qu'elle serait menée tout droit en Enfer, mais finalement l'Enfer n'est ce pas l'endroit où elle se trouve en ce moment ?

Dehors le vent s'est levé, les branches du vieux chêne qui trône devant la taverne claque contre le toit. Une chance que le temps soit pourris, personne ne viendra les déranger. Les pécores préfèrent se terrer dans leur masure plutôt que de se risquer à rejoindre une taverne qu'ils savent probablement..vide.

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