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[RP] Le roman de Renard

Judas
Lundi.

    D'une arrivée sans encombres!
    Dès lors je m'en remets à vous pour le logement et les divertissements entre deux plaintes de Rosita.
    Mheïl m'a accompagné, il saura se montrer utile de par ses prédispositions au service et son expérience.

    Renard


Mardi.

    Avec plaisir et sans contraintes pour brider mes envies cette fois!
    Une part de moi reste vide de cette virée délaissée, il est grand temps de combler cela.
    Charismatiques certes, mais sont-elles aussi plus agaçantes, ces bretonnes?
    Ont-elles le caractère aussi haut perché que la coiffe?

    S.Renard


Mercredi.


    Maître es Débauche et Séduction

    Donnez-moi donc le plan de route, que je ne vienne vous réveiller au matin d'une note contre une joue baveuse.
    Quittons nous Chinon ce soir?

    Ps : La petite Louise est peu farouche.

    Renard


Jeudi.

    Von Frayner,

    Quel est ce gros coche que je ne saurais voir?
    En avez-vous fait l'acquisition pour que nous soyons plus nombreux à voyager dans le confinement ouaté, bruyant et tape-cul de l'attelage? Ou est-ce là une stratégie pour partir devant sans l'Anaon qu'il me faudrait occuper et mener derrière?

    Répondez que je sache si je laisse là le mien en gage.

    Renard


Vendredi.

      *d'un petit mot glissé sous la deuxième porte à gauche*

      Je n'ai bien sûr rien d'intéressant à dire mais je trouvais amusant qu'en vous levant demain matin, vous trouviez un petit mot de moi. Parce que j'avais envie. Voilà tout.

      Méléann.


Samedi.


    Roublard si tu y es !

    J’allais te prévenir de ne pas t’offusquer de trouver deux nouvelles robes, affalées sur une chaise, qu’elles n’étaient pas cadeaux d’un quelconque admirateur, mais que c’était la… SOMPTUEUSE idée de cet sale…*rature* adorable Sabaude, qui a eu la stupidité de vendre TOUTES mes affaires et de les troquer contre… çà.

    J’escompte bien récupérer mes nippes, là est une évidence, mais de toute manière, tu n’es pas là pour constater les frasques de ton collègue.

    Partir seul avec la blonde… Sans prévenir personne, en nous laissant en plan…mais çà… mais ALORS CA !!!! Ah ! T’as du lui faire plaisir ! Donzelle ne va plus se sentir !

    Je comprends pourquoi ne pas t’avoir trouvé au lit hier soir ! Tu étais déjà parti. Et me laissez seule avec Sabaude, çà tient du crime ! Tu as déjà failli nous pommer une fois, cette fois, tu as réussi. Félicitation.

    Tiens bien tes fesses tranquilles dans ton appartement, j’m’en viens te les botter gaiement !

    A demain.Et n'essaye même pas de partir plus loin !
    Je m’habillerais de rouge, ça m’ira bien !

    Anaon


Dimanche


    Von Frayner

    Votre empressement à partir au bras de ma Louise et de Meleann me laisse seul avec une Anaon fort mécontente de votre avancée et de mes services. Je ne vous remercie pas. Si elle sort les griffes je ne garantis pas de ne point vous la ramener ligotée dans une malle.

    Dites moi où vous rejoindre, je vous laisse un peu d'avance le temps d'amadouer la mercenaire.
    Et ne posez pas vos mains sur Louise!

    Renard.


Vacances.


    Votre greluche me sort par les trous de nez. Elle quitte le groupe toute la sainte journée et s'étonne de ne pas être au courant que nous partions tôt. Je ne m'en occupe pas, je vous préviens. De plus c'est une sacré langue de vipère. Je ne l'attends pas.

    Judas.


Bretagne, ses joies, ses contrées, son... Organisation de voyage. Tout avait bien commencé. Le seigneur avait loué un coche XXL pour y faire rentrer nombre de rencontres faites en route, dont la plus étonnante fut une blonde Précieuse qui avait vomit sur son tapis persan lors de ses dernière ripailles. Tout ce beau monde ramassé en Anjou - où d'autre me direz vous - avait pris place auprès du Vicomte goupil et du seigneur chevelu, direction Rennes, appartement Von Frayner, sous l'oeil mécontent d'une Anaon contrainte de suivre l'équipée bien disparate.

Tours et détours furent fait, étrangement de Rieux à Vannes pour aller à Rennes - si vous prenez une carte, vous comprendrez- . Bien évidemment, le VF avait une idée derrière la tête, et quand au matin, fraichement débarqué à Vannes il remarqua l'absence de la mercenaire et du vicomte... Il se rendit à l'évidence: Dieu était de son coté.


Modification de couleur effectuée.
Le rouge et le vert sont des couleurs réservées à la censure.
Merci de votre compréhension et bon jeu,
{la_mignonne}

_________________
Sabaude
Parce qu'il apprécie le von Frayner pour ses traits d'esprit...

farouche fait toujours mouche. Allons vers saumur!

Judas


... pour sa capacité à s'adapter en toutes circonstances...

"Bonjour , il est agréable de savoir que les trois chats venant tremper les pattes dans les bénitiers de l'église de Verneuil savent se manifester au besoin... Je serai absent trois semaines, je suis parti veiller et enterrer un parent en Bretagne dans l'urgence. Le Très Haut vous Garde.

Judas Gabryel Von Frayner."

Voilà, vous saurez quoi répondre à Boadicé...

J.


... pour son émotivité...

Je ne sais pas. J'hésite, il y a chimera ici. Elle est assez courtisée, cela me dérange. M'insupporte. Je préfère me tirer.

... pour la profondeur de ses écrits...

rhaaaa.

J.


Quant au chaton mignon il l'aime à fleur de peau

Ah ! Partons au plus vite !

Nikkie est sur le carreau elle aussi ! Ce bougre de Frayner est parti seul avec la blonde ! Sans nous prévenir ! Le vil, je ne le laisserais pas une journée entière seul dans son appartement avec elle!

Je pense que se soit Renne qu'il faille prendre ! Je m'en vais lui secouer les oreilles !
Mais ne vous sentez pas soulager, vous, je vous ferais part par écrit de la liste des habits que vous devez me retrouver au cas ou vous auriez la mémoire courte !


Très à fleur, avec des petites épines, et bientôt un parfum de bourrique s'il parvient à l'y lier en travers de la croupe.

* D'un mot glissé sous la porte voisine *

Vous avez raison, c'est stupidité que de s'emporter. Mais tout de même. Il y a de quoi en avoir en travers de la gorge.

Et bien soit, attendons Mheil... Mais pas trente ans non plus. Bretagne aime trop Judas et Judas aime trop Bretagne, et cette blonde, j'ai assez de mal à me la sortir du pif. Et non, quant à chercher un "compagnon" je ne rentre pas dans ses acides jeu-là. Votre présence à mes côtés sera involontaire et pourtant suffisamment vexante pour Monsieur. M'enfin, il ne s'en prendra qu'à lui-même, s'il n'avait pas fuit comme un voleur nous ne serions pas dans cette situation.

J'ai envoyé un mot à son appartement de Renne, nous verrons s'il y a réponse.

Quant à Louise, si cela peut flatter votre égo, Nikkie aussi vous a à l’œil. Je ne vous aurait pas cru à ce point "attrape"donzelle", mais çà ne peut que me convenir. Gardez à vous toutes les attentions !

Enfin... Sans doute nous parlerons-nous de vives voix ce soir.
Et oui il faudra se presser pour cette histoire de garde-braie. En attendant... Vous avez gagné.


Cela aurait aussi pu s'appeler Histoires d'ânes.
_________________
Judas
    [... Il se rendit à l'évidence: Dieu était de son coté. ]


Ou pas.

La Poudouvre était de retour, Chimera était objet de tous les regards, Alix-ann était dans la place, Luzerne aussi et l'avait surpris entrain d'étrangler le prévot. Rien n'allait plus au pays de Breiz-land. Et puis il fallait dire que sans Sabaude pour faire des messes basses en taverne et comploter pour des paris, avec la Louise qui ne le trouvait pas drôle et la Kermorial qui, il en était sûr, le détestait , l'escapade en presque solitaire ne valait pas ce qu'il s'était imaginé.

Obsédé par des effluves chimériques, agacé par les vils sous entendus de la Louise vis à vis de Sabaude et Anaon restés seuls à Rieux, Frayner maitrisait mal ses états d'âmes. Inconstant plus que jamais, même sobre, il avait même lourdement rougie la joue de la Princesse Blondie pour une indiscrétion mal placée. Il le regrettait un peu, certes, pour autant, pensait s'être fait pardonner en la laissant s'enivrer le soir du départ vers Rieux. A tort. Ne jamais sous estimer la rancune féminine. Le poing de cuir frappa fort à l'aube naissante.


    BAMBAMBAM!


Du Renard, ouvrez! C'est l'heure du bain!


Traduisez: C'est l'heure de se mettre au jus des dernières dépêches à Breizh-city.

    Je fais rien que deeees bêtises, des bêtises quand t'es pas là...

_________________
Sabaude
Mais au bain s'il y est ce n'est pas au sien.
D'un pari perdu l'Anaon victorieuse l'a fait sien pour sept jours.
Maudites cartes...

Au soir il sera cueilli d'une bouteille par Judas, sur le crâne, en guise de "bonsoir me revoilà de retour". Un pichet aurait suivi s'il n'avait roulé sur le coté après avoir percuté une table. Pourquoi? Les explications ne viennent pas, le poing si. Il n'ose rendre les coups, conscient que s'il passe de l'a défensive à l'offensive il mettra l'homme à terre, les réflexes d'ancien soldat ne sont jamais loin et de cela il ne veut. Puis vient la raison de l'ire, et là il voit rouge. Pour ça?

Car il a livré deux lignes expliquant le retour du von Frayner? Deux lignes d'un courrier dont il n'avait pas conscience du caractère confidentiel tant l'information lui en semblait dénuée. La duchesse était visite devinée par tous. Qu'il en revienne déçu une possibilité. Serait-il trop jeune ou inexpérimenté pour comprendre l'émoi des uns et des autres? Ou est-il devenu trop étranger à ces choses là sous la patte du vicomte pour ne plus saisir les nuances? Peut-être... A Renard roué et troublé la révolte gronde et met l'ami en piteux état. L'un offre son départ à la taverne, l'autre son poing au comptoir, mâchoires crispées.

Aux soins de Félicie il se laisse confier, vide. Et quand l'Anaon paraît il baisse le regard. L'habituellement taquin est aux abois, et l'esprit embrumé il se présente dompté.


Dites lui que...
_________________
Judas
    [ La vie privée des animaux.]


Point de renard pour le bain. Toute la journée, Frayner le comprend aux abonnés absent. Quant au soir, Roide l'accueille avec les mots secrets... Les mots au Renard donnés, compromettants, sur ses états d'âmes et Cholet. La trahison amère ronge le maigre frein émotionnel d'un seigneur déjà instable dernièrement. Les reproches fusent, Anaon accuse. Judas se braque, obsédé par l'audace d'un Renard qui ne sait rien garder. Les mots deviennent tranchants, tentent d'extirper des vérités qui n'en sont plus. excédé, Frayner se défend.

Je lui suis marié!

Le mal est fait.

***

Judas Gabryel Von Frayner passe dans la rue, lèvre écumante, ensanglantée, pas titubant. Il tient ses cotes de la senestre. Anaon , non loin de la taverne, assise sur un muret, contemple le noir, hagarde, et les yeux rougis. Écume, larmes, sang, sueur, bile... Il tourne le regard vers la masse sombre de la roide, reste figé, avant de revenir fixer le sol. Elle entend sans entendre du bruit non loin d'elle, reste encore un instant immobile, ses genoux repliés contre sa poitrine. Il entame quelques pas, puis fait volte face, la rejoint, mal en point. Le silence est funéraire. Judas va pour poser sa main sur son épaule, mais se ravise, la main restant suspendue dans le vide.

Anaon sent inconsciemment le frisson de l'approche. Elle tourne mollement la tête, comme si elle n'était faite que de coton. Pour une fois, il ne sait pas quoi dire. Rien ne saurait être approprié. Le silence se brise, un murmure, un rauque:
Je suis désolé.

Anaon sursaute presque, se fige un instant en apercevant ses blessures, s'apprête à se lever en sentant les narines lui piquer de nouveau, et se fige à nouveau sous les mots. L'homme se pince l'arête du nez de sa main libre, effondré, abattu.


- ... pourquoi...

Elle parle d'une voix brisée, comme elle l'a si rarement. Il secoue un peu la tête, sans pouvoir apporter de réponse

- Pourquoi... Tu n'avais aucune obligation...

Anaon se lève, rompue, et fait quelques pas rouillés, une main crispée sur sa tempe, l'autre agrippée à son ventre. Elle se retourne d'un bloc, hurlant la deuxième phrase dans une remonté de sanglots.


- Pourquoi tu reviens à chaque fois, pour me crever davantage!!?
- C'était après la naissance d'Amadeus. Je me sentais si... Vide.

Il ferme les yeux, paupières plissées. Laisse la tempête l'avaler tout rond, comme il le mérite. Sans bouger, il tente de se remémorer la dernière fois où il a été juste avec l'Anaon. Cette demeure stable... Et rassurante. Rien ne vient.


- Putain de toi ! Putain de moi... pourquoi est-ce que je m'acharne à me faire mal comme çà ! Gast !


Le cœur bat à vide. La Roide agrippe ses deux tempes, la tête au bord du claquage, faisant des pas aller et retour, comme un chien paumé cherchant sa couche. Lui lâche le saillant de son nez, le levant un peu vers la ronde de la brune.

- Tu as épousé cette femme... Une fausse-druidesse... De ton plein gré !

Elle crispe à nouveau une main sur son ventre brûlé d'un acide qui ne veut pas sortir.


- C'était un coup de tête... Je pense.. Que ça ne veut plus rien dire ... Pour elle.


Il prend la place de la brune, sur le muret, n'y tenant plus. La douleur revenant tourmenter ses muscles


- Pour elle ! Tu te questionnes de savoir ce qu'il en est pour ... Elle ! Je m'en fou d'elle ! C'est toi qui m'importe !


Elle s'en arracherait les cheveux, ferme les yeux, rageant davantage de les sentir gorgés de larmes, elle qui ne pleurait plus depuis si longtemps. Il agrippe son bliaut tâché d'une main crispée.

- As-tu toujours été... à ce point incapable de choisir les bons mots ! Toujours !

Il passe sa main sur le bas de son visage.

Je ne sais plus où j'en suis.

Anaon serre ses mains sur sa nuque, ne sachant plus quoi en faire. Ne sachant si elle veut boire ou dormir, se défouler ou ne rien dire. Crever, là de suite, maintenant, serait sans doute une bonne chose. Frayner essuie sa lèvre, fixant un point imaginaire. Elle laisse filtrer un rire, amer.


- Je m'étais juré... Comme je me suis juré de si nombreuses fois de t'aimer avec résignation. Sans rien relever... Ne gardant que l'indifférence pour répondre à tes... bousculades ! Et cette fois... je voulais vraiment m'y tenir... Mais tu trouves toujours le moyen de faire pire à chaque fois... Et pire que me prendre mon fils... Je pensais qu'il n'y aurait pas.


Il la coupe.


- Je ne t'ai pas pris ton fils. Ton fils est ton fils. Prend-le .


Il la regarde, elle ose le regarder à nouveau.


- Prend le. Je vais renier Isaure.


Il la distingue mal dans l'obscurité.


- Tu ne l'aimes même pas ton fils...


Elle prête une oreille à demi-attentive, ne sachant plus à quoi s'en tenir avec Judas.

- Ferme la...


Le seigneur a quelques réflexes, encore échaudé de sa rixe avec Sabaude.
Elle se glace et serre les dents, reprenant son carafon de mercenaire quand on lui manque de respect


- Je la fermerais si je veux... Je l'ai fermée pendant un an ! Un an !


La brune avale sa bile et reprend d'une voix plus calme.

- Tu ne veux pas entendre les reproches... Tu as trop de fierté. Et moi... moi j'ai crevé mon reste d'amour-propre pour toi... Et pourquoi au bout du compte...
- Des reproches hein. Depuis que l'on a quitté l'Alençonnais, tu ne m'as servi que ça, chienne jalouse alors que je n'ai pas bougé. J'ai même eu Meleann ivre dans ma couche un soir, et j'ai refusé de la toucher!


Il lance la fin de la phrase comme un dogue prêt à mordre. Elle crispe ses doigts dans sa nuque pour ne pas aller coller un pain à Judas.


- Je n'ai pas fait un SEUL écart depuis toi. Depuis le renouement. Pas un seul. Qu'est-ce que tu crois? Que je suis allé me jeter dans les bras de Chimera? Crois tu que ce "mariage " ressemble à un mariage?

- Jalouse... Je n'étais pas jalouse avant. Mais comment veux-tu... J'ai tellement mangé d'épines, qu'à chaque fois que mange une bouchée de pain blanc, j'ai peur de tomber sur l'aiguille. Comment veux-tu que je sache...

Il persiffle:


- Vous êtes toutes bonnes à vous présenter grosses, d'autres, quand tout parait idyllique...

Anaon se frotte le visage de plus en plus paumée. Lui est amer. Amer du ventre d'Anaon avant son fils, quand bien même le souvenir s'était tari. Amer de celui de Chimera. Trahison. Il repense au ventre de Meleann, écœurant, contre son dos.


- Tu calcules tout au pluriel... Moi qui n'ai eu que toi depuis... Deux ans et demi maintenant... Je ne sais pas si je dois m'en féliciter ou m'en sentir stupide...


Judas secoue la tête nerveusement. Elle croise ses bras autour de sa poitrine, prenant une large goulée d'air, se sentant nue comme un vers avec sa robe, elle qui aurait bien voulu sur le coup, sentir le contact rassurant du cuir et des lames.


- Je sais. Je n'ai que tes reproches à te reprocher. Et je sais que j'en suis l'instigateur.

- Tu as toujours eu... Des amantes si bavardes... Si fières et si peu discrètes... Des connaissances qui sont tout autant de langues de vipères... J'ai toujours tout su... Sans jamais rien demander et sans jamais vouloir... Est-ce donc gravé sur mon front que je t'aime, pour que l'on cherche toujours à me torturer l'esprit?


Elle sent monter un vague ressentiment à l'encontre de Sabaude, pour le coup. Frayner écarte un peu les bras, cynique .


- Hé bien tu vois... Judas Gabryel Von Frayner. Si entouré. Pourtant seul.

Anaon le regarde à nouveau dans l'obscurité qui n'aide pas beaucoup. Judas a cette fois compris qu'il n'aurait jamais d'amis. Jamais d'amour quiet. Qu'il n'aurait que lui même. Lui même à dévorer.

- Tu pourrais pourtant avoir tant...


Elle se rapproche lentement du muret où elle se laisse lentement glisser contre la pierre


- Je ne sais plus rien...
- Vous semblez tous tellement pleins de certitudes me concernant!


Il ironise.

- Non... Le problème c'est justement que je n'ai que des doutes... Je ne sais pas... où je dois te croire ou non...

Anaon a le visage fatigué avec son regard rivé dans le vide. Si l'on doute de son âge, on pourrait pour l'heure lui donner dix ans de plus.


- Mardi. Quand j'ai parlé du départ de mardi, tu étais là. Je l'ai fait devant toi. Je n'ai pas lâchement pris la fuite seul dans la nuit. Mais tu me reproches d'être parti sans toi.
- ... Soit... Je n'ai pas du entendre.


Anaon lâche l'affaire sur ce coup-là, parfaitement incapable de se souvenir de la dite taverne. Et ne précisera pas que c'est Sabaude qui lui a dit d'attendre Mheil. Judas murmure.


- Oui, quand j'ai été seul face à Chimera, je ne mentirai pas. J'ai été soulagé.


Anaon se crispe a l'instar de son cœur qui se recroqueville.

- Ces entrevues où les ennuis se croisent, ne peuvent que me tenailler. L'une souffre, l'autre se pique. Et moi, je sais que je suis un phylécastrope. Égoïste.

Elle a un rire amer.

- Alors c'est cela... Tu ne sais pas choisir... Tu l'aimes ?


Frayner tourne le visage vers elle, un instant interdit.


- Je ne sais plus où j'en suis... Je suis parti. Je suis revenu. J'ai juste envie d'oublier.


Anaon laisse sa tête aller contre la pierre, sentant ces détestables larmes lui monter à nouveau et ferme les paupières


- Alors tu l'aimes... Et tu l'as aimée... Même quand je portais ton fils ?
Que n'ai-je donc pas réussi à te donner... Trop de balafres... Pas assez de robes... Ni de titre... Ni de noblesse... Quoi donc...


La brune parle comme à pensées hautes, ressentant à nouveau le goût amer des souvenirs anciens, ceux d'antan, de bien avant, quand ces histoires de mercenariat et de balafres étaient inexistantes. Frayner reste silencieux. Qu'il est étrange de laisser s'échapper un filet de vérité de la solide et vieille carapace du mensonge, comme un filet de vie qui suinte d'un mourant. La semence précieuse, que jamais rien n'aurait pu persuader d'abandonner. Avant.


- Si tu aimes Chimera... Si tu veux Chimera... Prends-là... Mais par pitié... laisse-moi... Alors laisse-moi... Je ne veux pas supporter çà. Je ne veux pas te partager comme çà... Que tu en touche d'autres... J'encaisse... mais que tu en aimes d'autre... Je peux pas...


Il agrippe la robe d'Anaon, tandis qu'elle se remet à pleurer comme une véritable fontaine.

- Je ne prendrai pas Chimera. Ni personne. J'ai compris .


Il serre son joug.


- Ne ... pleure pas.

Anaon sursaute au geste.


- S'il te plait.


- Je ne sais pas comment réagir avec toi...


Elle craque comme jamais, cherchant pourtant de la tête, ma main qui a agrippé la robe à l'épaule.


- Prend ton fils. Le temps que je mette de l'ordre dans mes affaires.


Il vient se heurter à elle, la contraignant à poser sa tête contre son torse. Anaon resserre ses bras contre sa poitrine, comme un signe de répulsion et pourtant, se laisse aller. Le seigneur l'enlace, refoulant la douleur, l'emprisonnant.


- Je te déteste tellement... Je voudrais tellement te haïr suffisamment... Mais c'est trop tard...


Judas Gabryel Von Frayner enfouit son nez dans les cheveux bruns, elle se laisse aller, la joue mouillée de larmes contre Judas, muettement et sans sanglot, se maudissant de pleurer, se maudissant de tout et de rien, le maudissant de cette aube de petit printemps de lui avoir dit qu'il l'aimait pour la première fois. Il murmure dans le silence:


- Ne pleure pas.


Il tente un trait d'humour.


- Le sel pique sur les éraflures



Anaon n'a pas la tête à comprendre l'humour. Les larmes se coupent nettes, et elle se décolle un peu pour découvrir l'ampleur des dégâts de Judas


-Tu as vu Sabaude... ?


Il temporise.

- Plus ou moins.

Le visage féminin se fait grave... Plus encore oui, elle lorgne Judas comme elle le peu, de la tête aux pieds.


- Tu as mal ?
- Ça va. ... C'était nécessaire.


Anaon ferme les yeux et soupire, craignant la réponse de sa prochaine question


- Et Sabaude ?
- Il va très bien. Il a aimé me finir lorsque j'étais à terre.


Anaon retient un " J'aurais fait pareil" passablement amusé qui serait sans doute mal passé.

- Il... Il est... ce qu'il est. Il a vite trouvé chez moi, les endroits où çà fait mal et où ça fâche... mais il n'est pas mauvais bougre...


La brune parle d'une voix toute basse, trouvant l'algarade des compères dommage... puis elle laisse par réflexe ses mains tâter Judas comme pour en découvrir les plaies et leur sévérité.


- Il m'a trahi. Zunge von Hübscherin...*

Elle retient à nouveau les phrases fâcheuses... Trop vidée pour reprocher quoi que se soit maintenant.


- Il ne pensait pas à mal, je crois...Il... hein ?


Anaon le fixe dans les yeux ne comprenant pas ce qu'il a dit.


- Bref. Ne parlons plus de lui. Plus jamais. Ça m'apprendra... Sa grande gueule. Son jeu m'as tu vu... Son double jeu.


Anaon inspire, il recommence à s'enrager.


- Ne dis pas cela...
- Quoi !
- Tu avais trouvé un ami... Et il te respecte...
- Que dirais tu si Cerdanne venait me raconter tes petits secrets ? Ton "amie".


Anaon hausse vaguement les épaules


- ... Qui te respecte.
- Je ne sais pas... Elle ne pourrait te dire, que ce que j'aurai pu te dire un jour.
- De quel droit ? Si rien ne te choque, tu as une bien drôle conception de l'amitié... Quoi qu'il en soit. Il est mort. Je ne veux plus en parler.

- On a pourtant une bien drôle conception l'amour, nous...


Il l'entraine loin du muret. Elle se laisse faire, trop molle pour résister à quoi que ce soit.


(* Langue de p*te)
Post écrit à quatre mains.

_________________
Sabaude
[Dans une chambre, auberge de Rieux - cette nuit là -]

Malgré la présence de Félicie et ses caresses apaisantes, il ne parvient pas à trouver le sommeil. Dans sa tête valsent les reproches crachés par le von Frayner et l'incompréhension. Dans son corps vrille la douleur des coups donnés et reçus. Ce regard fou de colère ou fou tout court, cette bouteille fracassée pour mieux l'entailler. Que serait-il advenu s'il n'avait su se défendre? Il serait mort dans une taverne bretonne ou laissé comme tel. Pourquoi? Pour nourrir les desseins des amours chaotiques des uns et des autres, victime des unions et désunions, des cachotteries infantiles, des histoires rendues compliquées par les mauvaises volontés...

Je reviens à Rieux, trop de courtisans autour de Chimera...

Tout cela pour ça? Un état de fait encadré par aucun "surtout n'en dites rien à Anaon". La précision ajoutée et il n'aurait rien dit. Comment pouvait-il savoir sans cela, lui qui a vu les deux femmes présentes à la même soirée donnée par le seigneur? Bretagne est terre de l'une et ils y sont, la visite de la duchesse était arrêt obligatoire, deviné par tous sauf à être stupide. Un chat ne va pas au grenier pour esquiver la souris. Comment pouvait-il savoir que le courrier court de deux lignes empruntait au secret d'état des corps et âmes troublés alors que Courceriers lève à chaque ville une nouvelle compagne de route sans se soucier de la cacher à la mercenaire?
Deux cachottiers qui attendent de lui à qui on jette des miettes qu'il devine tout de leurs maux...


NON! Mierdasse!

Lentement, la douleur pulsant là où le verre a laissé plus tôt sa chevelure poisseuse de sang, il se lève, seulement drapé des rayons affleurants de l'astre nocturne, et se dirige vers la malle en bout de lit. De sa senestre intacte il fouille, tâtonne et s'empare enfin de l'objet emmailloté . La dague, celle offerte il y a près d'une année par Judas, celle qu'il conserve depuis lors comme un cadeau précieux, de mémoire le seul jamais reçu d'une personne qui ne soit pas sa femme. Quand il a su enfin par quelques explications récentes livrées, que l'arme pouvait être source de conflits si elle tombait sous de mauvaises prunelles, sa personne en fut dépouillée par ses soins.

L’étoffe est enroulée autour de sa dextre, pour révéler lame et garde qu'il saisit. Il aurait fait une erreur, soit! Face à la ronde rieuse qu'il prend pour témoin, entaille est faite à l'avant bras, longue d'environ trois pouces.


Une marque pour une faute, au nom d'une amitié. Rappel de mon ...inconséquence.

Mâchoire crispée, affaibli, il titube, se retient paume contre mur. Maladroitement le tissu de lin blanc devient pansement.

Au matin il fera l'acquisition d'un coffret aux dimensions de la dague, au matin.... Si le furieux n'accepte plus les mots, peut-être comprendra-t-il les actes. Puis il partira le lendemain pour Rennes où il fera déposer le présent. Au matin oui...

Il s'affaisse et finit par sombrer.

Au matin...

_________________
Judas
Retiré à Rennes, le bouillonnant avait tiédi. Ne daignant voir personne et ne pointant son nez qu'au soir tardif en taverne, le seigneur saignant avait mouliné des idées noires, les avait saupoudrées autour de lui comme un cercle breton à ne pas outrepasser et surveillait, alerte minet les courants d'air qui oseraient s'y immiscer.

Judas était un enfant. Inconstant, capricieux, un de ceux qui se plaisent à effacer du bout de la botte les lignes qu'ils ont faites à la craie. La moindre contrariété prenant toujours des proportions navrantes, du silence le plus abyssal à la violence la plus animale, la seule solution de rééquilibrage était sans conteste la cellule d'isolement. Le trou.

Une main clapota dans l'onde mollement, tandis que la paume de l'autre tenta de saisir le liquide fuyard, en vain. Judas se noya jusqu'à la limite de ses yeux dans le fond du baquet, se recroquevillant, tassé sur lui même. Il bulla dans l'eau des injures en -ar et des jurons en -on , tenta de retenir sa respiration, puis émergea , le cheveu collé et mou, agacé par une sordide constatation. Le bain n'avait pas le même gout.

_________________
Anaon

    "Il savait que son esprit ne serait plus jamais libre de s'ébattre comme l'esprit de Dieu. Que tomber amoureux bouleverserait son destin à jamais...
    Je savais qu'à l'instant où j'embrasserais cette jeune fille je serais à jamais uni à elle. Alors je me suis arrêté... Je me suis arrêté et puis j'ai attendu, j'ai attendu un instant de plus. J'ai cédé au bout du compte... "

      Gatsby, Le Magnifique

    Je te déteste tellement... Je voudrais tellement te haïr suffisamment... Mais c'est trop tard...

    Visage suspendu à la lisière de l'eau, l'Anaon s'est trouvée un autre baquet. A Rennes, dans l'appartement de Judas, la mercenaire a rôdé à l'orée de la porte de la salle d'eau sans osée y pénétrer. A croire que chacun avait les réflexes semblables lorsqu'il s'agissait de se nettoyer l'âme. Et à trop hanter les murs, sans trouver nulle part le moyen de se noyer, elle est allée en ville pour louer le luxe de se prendre un bain.

    Désormais les grands yeux bleus sont ouverts sur le vide, figés sur un plafond qu'elle semble ne pas voir. Elle a l'impression d'avoir deux biles de plomb logées dans ses orbites, brûlant ses paupières asséchées à chacun de leurs mouvements. Pensées complément vides, on croirait à une carcasse flottant à la ligne de l'eau. Elle ne ressasse pas les événements de l'avant-veille, il n'y a qu'un immense courent d'air qui circule depuis deux jours entre ses deux oreilles. Comme dans un réflexe de survie, le cerveau a décidé de mettre l'âme et le cœur en veille, les laissant en convalescence, n'autorisant que les fonctions vitales à rester en marche. Çà lui donne des airs d'automates, ces prunelles vides, ces gestes qu'elle fait sans vraiment savoir pourquoi. Ce grand rien qui lui secoue les chairs, ça faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas ressenti ça. Et encore, sa conscience s'est à ce point fait la malle qu'elle est incapable de s'en rendre compte.

    Lentement le visage plonge sous la surface. Ce voile translucide, elle a si souvent rêvé de s'y enfoncer sans jamais pouvoir revoir la lueur du jour. Pour sûr, il y a quelques jours encore, ses bains avaient une toute autre ambiance.


[ Retour arrière, Rieux, Deux jours auparavant. Ça aurait aussi pu s'appeler "Histoires de bains."]

    A l'aube, il y a effectivement quelqu'un qui prend son bain, mais ce n'est pas Sabaude. Dans un grand Shloooof d'eau qui ruisselle, l'Anaon lève un pied et se lorgne la gambette.

    _ J'espère au moins que vous avez passé une bonne nuit ! Honnêtement je serais contrariée de m'être donnée tout ce mal pour arranger vos affaires, si vous n'avez même pas été capable de conclure quoi que ce soit.

    Les mains plaquent une tartine de savon sur le mollet et commencent leur affaire.

    _ J'ai cru qu'il allait falloir que je vienne vous la dresser. Avez-vous seulement réussi à hisser droit ? Non parce que vous étiez tellement cuité que je me demande comment vous auriez pu lever la donzelle, sans réussir à lever vos propres parties hein...

    Et de reposer la jambe au fond du bain. Comme un chat qui se pelotonne contre un oreiller, la mercenaire se love confortablement contre le drap du baquet. Un regard mi-satisfait et mi- boudeur embrasse son petit décor. Quelques restes de bougies flambent dans la lueur naissante du jour. Le bain est chaud, huile et savon sont là. Sabaude a bien bossé. Mais initialement, l'Anaon avait fait tout un patacaisse pour que le Goupil monte cela ce fameux mardi soir. Oh ! Et il y avait tout eu. Les sept bougies allumées, l'eau a température idéale. L'huile d'argan remplacée par la bourrache et les pétales de rose troqués pour des coquelicots, m'enfin soit, ça ressemblait plus ou moins à ce qu'elle voulait, avec son tapis de pétales flottant à la surface. Tout ça, commandé avec l'énooooorme arrière-pensée d'y convier le Von Frayner. Mais ce soir-là, point de Judas, l'échec et la frustration l'avaient vu prendre son bain en solo – ou presque. Et depuis, on ne sait toujours pas si ce soir de voyage, on a fuit sans rien dire ou l'on a oublié de suivre. Pour l'heure, on préfère se renvoyer la faute sur le coin du museau, c'est plus rigolo.

    Aller, jambe numéro deux. Shlouuuuf.

    _ Je veux touuuuut savoir ! Enfin, peut-être pas dans les détails absolus... Oh ! Parlez-moi de votre frustration ! Vous avez parlé de frustration... Quelle est votre frustration ? Vous êtes toujours frustré ?

    L'Anaon ne se serait pas cru aussi pipelette de si bon matin et surtout, elle ne se serait jamais doutée d'avoir la formidable capacité d'être une suceuse de moelle hors-pair.

    _Alors ?

    Le nez se lève un peu et les yeux se fixent devant elle. Face à son minois, il y a le paravent emprunté à Méléann posé sur une grosse malle. Derrière le paravent de Méléann posé sur une grosse malle, il y a son lit. Et sur son lit il y a...

Musique : " Ivy's Song" dans The Village, composé par James Newton Howard
" Çà mousse" par Superbus

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Images originales: Victoria Francès, Concept Art Diablo 3 - Anaon dit Anaonne[Clik]
Sabaude
[Rieux au matin.]


Nom d'une puterelle au rabais! Ça fait un mal de chien! Aboie-t-il en se redressant, dextre pressant son avant bras gauche.

Le linge imbibé de sang est jeté dans un recoin tandis qu'il hurle pour qu'on lui apporte de l'alcool, ce qu'il y a de plus fort.

Satisfait il congédie, prend rasade et verse le reste sur la plaie qu'il s'est infligée avant de glisser dans l'inconscience, dents serrées. Non il ne jurera pas, non...


Bande de toqués!




[ Retour arrière, Rieux, deux jours auparavant. Ça aurait aussi pu s'appeler "Liaisons dangereuses"]

… lui qui maugrée , affublant de bien des noms d'oiseaux celle qui prend son bain.

Elle avait l'air si maladroite avec ses cartes, et cela faisait si longtemps qu'il n'avait eu l'occasion de jouer et parier. Il aurait mieux fait de glisser sur une épluchure ce soir là et de s’assommer sur un rebord de table ! Il a écopé de sept jours de galère : être au petit soin pour la princesse, la servir, lui appartenir. A elle ! Une femelle ! Une...! Pouah !


Si je suis frustré ?! Tonne-t-il en tirant rageusement sur les liens qui l'écartèlent sur le lit. Vous vous fichez de moi ? C'est la deuxième fois ! On ne fait pas ça à un homme, Anaon ! C'est... c'est.... ce n'est pas dans l'ordre des choses ! Donc oui je suis frustré ! Je vous ai assuré que je ne regarderais pas ! La confiance, cela marche dans les deux sens !

Bon d'accord... Jusqu'ici il n'a pas agi en beau joueur. Le nettoyage du linge s'est soldé par la totalité de la garde robe de la gagnante donnée à une pauvrette, le tout remplacé par deux robes. Pour sa défense le camouflet était trop beau. Après tout, ne lui avait-elle point dit qu'elle voulait du linge propre ? Elles étaient propres !
Il a aussi beaucoup joué la carte de l'embarras quand il l'a trouvée si féminine, si...vulnérable dans le vêtement rouge. Mais tout de même, cela ne justifiait pas ça !
Il fronce le nez et bat des paupières sous le bandeau qui le prive de sa vue, l'isole dans une vulnérabilité qui l'oppresse et soulève de temps à autre sa poitrine d'un souffle court.
Mais pourquoi s'est-il laissé faire ? Ah oui, car au bout du compte il finit toujours par respecter ses engagements et que la veille il a consenti à se montrer coopératif. Idiot !


Et laissez mes parties tranquilles. Elles n'ont pas besoin d'aide pour se hisser et fendre chair.

A l’évocation il déglutit, ne l'a-t-elle pas menacé à quelques reprises de l’émasculer ? Crétin ! Il se cambre mais rien ne cède sauf son agitation. Résignation vient de prendre place sur le trône de sa défaite, Défiance en éminence grise. Ne pas énerver l'Anaon. L'attention est fixée sur les clapotis, l'eau apaise parait-il.

Vous apprécierez à sa juste valeur, ma chère, l'abandon de ma personne à vos caprices, livre-t-il à mi-voix. Ma foi en vous alors que vous n'êtes point gentille petite bergère.
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Sabaude
[Rennes, lundi matin]


Qui cherche trouve dit-on.
Sous ses yeux s'étend le pied-à-terre breton du seigneur.
Il sait désormais où faire parvenir le coffret.
Au gamin des rues qui le flanque, nez morveux, face crasseuse, il lance un écu.


Vingt de plus et un bon repas si tu fais quelque chose d'autre pour moi.

Le môme opine du chef et crânement d'un glaviot scelle le marché.
Au vicomte de ne point s'en formaliser et de mener le petit messager jusqu'à la chambre qu'il occupe.Il le fera attendre devant la porte, peu enclin à supporter plus que de raison la curiosité du jeunot.

Sur le papier la plume trace les mots avec grâce et célérité. Lettres rondes, écriture ferme.


Citation:
Von Frayner
A défaut d'accepter les mots, considérez les actes.
Je sais l'importance de cette dague, par ce présent qu'elle soit à nouveau vôtre.
Le sang sur la lame est le mien. Une marque pour une amitié, pour avoir failli à vos yeux et ne point l'oublier.

Renard


Encre séchée il dépose le message sur le velours cramoisi dont il a habillé l'arme. D'un claquement sec le couvercle est refermé et la boite en noyer confiée au gosse d'une douzaine d'années.

Va porter cela à Judas Gabriel von Frayner et assure toi qu'il soit seul au moment de l'ouvrir.
Reviens ensuite et tu auras ce que je t'ai promis. Ne t'acquitte pas de la course, et je ne donne pas cher de ta peau, est-ce clair ? Ah et précise qu'on peut me trouver à la Taverne Breizh Strilh.



Laissé seul il s'allonge sur le lit, tête calée par ses paumes. Il a fait ce qu'il pouvait pour prouver sa bonne foi, la suite n'est pas de son ressort. Il maudit la complexité des rapports humains, la facilité que sont les emportements et les dos tournés.

Idiots, souffle-t-il au plafond.
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Judas
    [Rennes]


Le message parvient, à temps, juste avant que Frayner ne décide de sortir manger, faute de Taillevent, faute de Blondie faisant le marché, comme promis. La vue du coffret ne l'émeut guère, mais la main hésite à ouvrir. Dernière fois que tel présent fut envoyé, Judas avait été empoisonné en l'ouvrant et cloué à sa couche plusieurs jours durant. Merci Anaon.

Il s'attarde sur l'enfant, ce genre qu'il n'affectionne pas si ce n'est peut-être, de son propre sang. Pourquoi l'ouvrir seul si ce n'est écarter tout témoin d'une mort certaine? Qui sait, une morsure de vipère, quelques mécanismes malheureux et il pourrait y perdre un oeil. Seigneur mégalo reste vaguement parano, puisqu'après tout, n'est jamais jour à ne pas être en discorde avec autrui, à ne pas de faire ennemi. Le coffret est posé dans les mains enfantines, et l'autorité de la voix cassée vient réveiller l'enfant rêveur.


Ouvre.


Il est jeune, au moins en cas de surprise malheureuse, oeil ou main, lui saurait s'adapter avec le temps. Du temps , Judas estimait n'en avoir plus des masses, pour toute justification. Le coffret offre en s'éventrant la vision de la dague , sinistre dague offerte par Anaon que Judas avait misée au jeu. Seul jeu sans doute que Sabaude avait gagné, quoi que. Ne la lui avait-il pas simplement offerte, lassé de ce qu'il représentait lors d'une énième discorde avec la Roide? Il congédie le môme, tirant le papier griffonné. Sabaude aurait donc des remords. L'oeil examine attentivement la lame souillée, avant que le présent ne soit balancé au travers de la pièce.

ça aussi, elle le sait...

S'il avait perdu Roide pour les indiscrétions du roux des forets, le Von Frayner n'aurait certainement pas décanté... Mais quelque soit la taverne , le seigneur n'escomptait pas aller retrouver le vicomte. Il tomberai bien dessus en ville tôt ou tard... Foutu Renard. Quel bestiau pouvait être à ce point batté pour ne jamais s'en aller sans se retourner? Pire encore. Voilà qu'il se tailladait le lard, en guise de bonne volonté.

Idiot, souffle-t-il au plafond.
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Anaon
[ Retour arrière, Rieux, quatre jours auparavant, Suite des "Histoires de liaisons dangereuses au bain."]

    L'Anaon, bien lovée dans son eau chaude, prête une oreille fort attentive aux ronchonnades de Sabaude, qui sont comme une agréable mélodie à ses oreilles. Victoire, ô Victoire ! Mais de sursauter brusquement dans son bain.

    _Fendre chair ? Fendre chair ! La donzelle aurait-elle été pucelle ?! Renard je ne vous savais pas traîner dans ces pots-là ! Ainsi vous êtes un saboteur de futur mariage des autres ?! Vous devriez avoir honte, vil petit mouton !
    _Pots bouchés, bonne peinture. Je me suis employé à manier le pinceau artistiquement pour nous laisser à tous deux une œuvre magistrale. Mouton... vous les aimez ficelés pour la broche? Si vous avez faim il suffisait de le dire!

    L'Anaon ricane de son côté, amusée d'être ainsi dans les confidences intimes du nobliau.

    _Tout de même Renard, je vous aurais cru aimer l'expérience. Et sinon, ne me donnez pas faim. Il se pourrait que je vous fasse encore crapahuter dans les cuisines de l'auberge.

    La mercenaire recueille alors quelques gouttes d'huile de bourrache pour s'en masser la nuque

    _Aimer l'expérience... Vous me confondez avec Mheïl! Vous attachez souvent des hommes sur votre lit? Simple curiosité, parfois s'épancher peut aider à éliminer quelques déviances... Je suis tout ouïe.

    Au perdant du pari de ne pouvoir s'empêcher d'essayer d'inverser les rôles.

    _Oh ! Mheil est un homme plus docile, je vous l'assure ! Mais Sabaude, vous êtes si délectable ainsi ficelé. Je n'aurais pas voulu m'ôter ce plaisir ! Vous apprendrez à aimer, j'en suis certaine !

    La vérité surtout est que l'aînée flippe plus qu'une pucelle pudibonde à l'idée que l'on puisse la voir sans un bout de tissu. Alors toutes les précautions ne sont pas de trop. Sabaude, quant à lui, sent une sueur froide couler le long de son dos, consécutive aux propos de l'Anaon. Il ne sait pas s'il supportera une fois de plus le traitement sans y laisser des plumes ou plutôt des poils...

    _Vous a-t-on déjà dit que vous êtes une femme perverse?

    L'Anaon se fige un instant dans son baquet, sérieusement pensive.

    _Ah... Et bien non... Vous croyez que je le suis ?

    Le Renard ne s'attendait pas à cette réplique, se gratterait bien le menton pour allier le geste à la réflexion, mais ne le peut guère.

    _En fait je ne saurais dire. D'un côté cette situation est des plus inconvenante. Si on entrait je n'ose imaginer ce qui serait pensé et colporté par la suite. De l'autre, je dois avouer que je suis encore vivant, entier, et presque confiant. Presque...

    La sicaire tourne alors dans un réflexe la tête vers la porte. Elle ne se doute pas qu'à l'instant, Judas, de son côté, frappe à la chambre de Sabaude qui n'y est pas.

    _Raison de plus pour ne pas brailler votre mécontentement. Je vous assure que si l'on entrait, c'est surtout vous qui ferriez tache... Moi je ne suis qu'une pauvre et faible femme après tout...
    _Faible mon cul!

    Au vicomte de baisser d'un ton, conscient de sa situation désavantageuse en cas de pénétration... dans la pièce. Anaon rassurée et tout sourire, reprend ses petits massages par-ci par là

    _Si je pue la bourrache, ce sera de votre faute. Vous aimez la bourrache ?
    _J'aime le jambon au miel, le pâté de porc, le lapin à la broche, le cidre, les belles femmes silencieuses, lascives et diligentes, mais la bourrache... Vous savez que vous allez finir fripée à baigner ainsi comme un porcelet dans la mare ? Vous ai-je dit que j'aime le cochon grillé aussi ?

    Il parle beaucoup quand il est nerveux..

    _Oué dites-donc ?! On me traiterait de cochon ? Méfiez que je n'y passe pas la journée dans ma mare ! Et il se pourrait bien qu'en sortant de celui-ci j'oublie de vous détacher.

    La mercenaire avale une réserve d'eau, gonflant ses joues, et tente d'envoyer le jet par-dessus le paravent.

    _Vous ne feriez cela, vous seriez alors privée de la satisfaction de me confier d'autres corvées. Voyons...


    L'alençonnais tend l'oreille au léger bruit d'eau.

    _Vous sortez ? C'est que l'eau refroidit vite, et vous êtes si... faible.
    _Non, je ne sors pas encore, je vais me friper encore un peu. Quant à vos tâches, j'avais songé les clore dès ce midi, au vu de notre petit accord, Judas devant rentrer dans la journée... mais si vous insistez, j'aurais hâte de faire de nouvelles emplettes avec vous ! Vous avais-je dis que je trouve mes doigts désespérément dénués de bagues ?

    L'Anaon se coule à nouveau dans son bain, ne laissant qu'un bout de visage dépasser à la surface. Sabaude essaye de changer un tantinet de position, la trouvant de plus en plus désagréable.

    _Voyons, vous n'allez pas, vous, donner dans la superficialité. Le plus beau bijou d'une femme est son sil.. sourire !
    _Ses cils ? Vous avez de bien drôle de fantasme vous. Quant à la superficialité, vous savez Sabaude, tout se revend, hein...

    Au goupil de se demander alors si l'Anaon barrant croupe d'âne se vendrait cher... il est pris d'un rire nerveux, l'endigue rapidement.

    _Dites-moi, vous avez si peu confiance en moi pour craindre que je puisse violer d'un regard votre intimité ?


Post à quatre mains

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Sabaude
L'Anaon se renfrogne un brin.

_Humf ! Il ne faut jamais se fier de trop à un renard. Vous devriez le savoir. Et puis j'ai de vieux principes, je ne vais pas me balader à poil devant.. devant vous ! Ou même à côté..
_Voilà bien fol prétexte ! Je n'ai pas demandé à vous faire la conversation pendant votre trempette. Quant au renard, pour s'y fier, il suffit de l'apprivoiser.

Sabaude s'en mord la langue. Soupire d'exaspération, s'adoucit.

_Naon.... et si nous discutions comme deux adultes autour d'une table ?

Anaon écoute à demi, s'amusant à tracer quelques arabesques à fleur de l'eau en se répondant de la petite voix boudeuse d'une enfant qui se justifie.

_Oui, mais seule à tremper dans de la flotte c'est ennuyeux... Alors autant que ce soit vous que j'ennuie, ne croyez-vous pas ? Je voulais par ailleurs tout savoir de vous, et vous ne m'avez rien dit.

Anaon se lève de son baquet dans un long clapotis d'eau. Puis la main attrape un linge blanc pour s'y enrouler, non sans garder les yeux rivés sur le paravent comme si Sabaude avait pu en surgir. Parano, on vous l'avait dit ?

_Cette douce donzelle au pot bouché. Ça a été votre quatrième alors ?

Il ne saurait cette fois s'y tromper, elle est sortie ! Le soulagement de la délivrance à venir fait naître une lente expiration. La mercenaire est donc curieuse de ses aventures ? Voilà qui l'amuserait presque.

_Je dois compter celles des bordels ?
_Rouge ou bleu ?

L'homme est déstabilisé... Comment cela rouge ou bleu ? Il en oublie ses mauvaises habitudes et la situation, répondant docilement.

_Rouge !
_D'accord... Et bof, s'il faut compter le bordel, on ne s'en sortira plus

La sicaire enfile alors la robe rouge, avec ce décolleté qui lui semble toujours trop... décolleté, puis elle tortille ses cheveux pour les essorer, avant de rejoindre calmement Sabaude. Lentement, elle s'assoit au bord du lit, un large sourire étirant ses lèvres à la vue de l'Ecartelé. Il se crispe en la sentant tout près, Vulnérabilité revenant à l'assaut de ses craintes et du malaise qui le gagne. La respiration est irrégulière.

_Un jour vous me les compterez... par curiosité.
_Un jour, peut-être.... Naon ?
_Hum hum...

Le nom tient dans un filet de voix. L'Anaon, dans un sourire narquois, plante son index dans la cuisse du renard, non loin de l'aine fragile. Celui-ci sursaute et grogne.

_Cessez !
_Tututut... Soyez sage. Vous m'avez donné faim. Et je n'ai pas mangé. Je suis sûre que dans votre grande générosité vous aurez à cœur de me préparer un bon verre de lait mêlé de miel... et vous me trouverez ces délectables petits gâteaux au beurre salé donc la Bretagne raffole. Et après cela, gentil Renard aux douces petites quenottes... Je vous libère. Et Judas ne saura rien de votre... irréprochable servitude...

Anaon laisse index et majeur remonter le long du goupil, comme de vagabonds petits pieds, gratifiant le menton d'une pichenette et soulevant enfin, et légèrement, le bandeau du ligoté. Tiraillé entre inquiétude et soudain respect, les dents du soumis claquent doucement dans le vide au menton taquiné.

_Soit Princesse, tout ce que vous voulez. Mais faudrait voir à ne pas me laisser ainsi si vous voulez votre repas prestement servi.

Anaon étire un large sourire, retirant le bandeau d'un seul geste, et dans une provocation toute tendre, elle vient chastement poser les lèvres sur le haut du crâne renard. Il est surpris, désapprouve pleinement ce petit jeu, mais ne peut nier la droiture dont fait preuve l'Anaon en ne profitant pas plus de la situation.

_Vous voyez, quand vous voulez, Goupil peut se montrer apprivoisé.

Et l'Anaon, si elle l'avait su, n'aurait pas évité, ce soir, qu'une simple humiliation à ce très cher Renard. Lui, fixe ses sombres prunelles dans les siennes, lèvres closes étirées par un sourire, troublé. Il ne saurait la laisser sur telle note de complaisance.

_Je caresse toutefois l'idée de vous ficeler un jour à un mulet, le temps d'une balade, pour converser. Vous vous pressez, j'ai des fourmis dans les bras...

Sabaude de lui servir son sourire charmeur, moins assuré toutefois pour qui saurait y regarder à deux fois.

[ Fin des "Liaisons dangereuses et leurs histoires de bain" suite dans "La vie privée des animaux" ]

Post à quatre mains.
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Judas
[Rennes ]

    "Hugo.

    Rejoins moi à Felger, je ne me permettrai pas de te laisser au Manoir lorsqu'Isaure, mon épouse, s'apprête à y rentrer après son séjour en Bearn. Tu comprendras bien assez tôt pourquoi. Je logerai à l'auberge municipale, sans doute. Tu n'auras qu'à demander une blonde, un renard , balafrée au visage si jamais l'acariâtre aux cheveux longs ne suffit pas.

    Judas."



La lettre fut remise à un messager. Judas attira à un une malle qu'il plaqua contre son ventre, l'enserrant pour la porter.


Foutue Letissier...


Les femmes qui avaient plus de toilettes que lui l'exaspéraient. Mieux, les femmes qui avaient plus de toilettes que lui et qui invitaient dans son coche d'autres femmes ayant des toilettes l'exaspéraient. Il jeta la malle sur le toit sans précaution, elle retomba derrière.

Rhaaaaa.

Le voyage avait repris dès lors que, avisé, le Vicomte Renard avait présenté des excuses - le fou - au seigneur chevelu, calmant ainsi le jeu musculeux. Intérieurement, Von Frayner s'attendait à ce que le goupil baisse la queue, et s'en était réjouit, pour ne pas avoir à le faire lui même... Les grands attachements font toujours de grands déchirements, dit-on...

Cornecul, je vous préviens que si des bagages tombent d'ici Fougères je ne ferai pas arrêter le coche.

ô joie de voyager auprès de Judas. Ne plus toucher de femmes semblait ne pas lui réussir. Il espérait que l'arrivée du jeune Sicaire l'aiderait à penser à d'autres démons que ceux qui ne le quittaient pas lorsqu'il mettait un pied en Breizh. Nécessaires, pourtant. Avoir quelqu'un à lui. Pour lui. Qui ne soit ni une amante ni une obsession soigneusement évitée. Le seigneur cachait mal ses humeurs ces derniers temps, tantôt ivre tantôt mutique, se mêlant mal aux veillées et s'échappant à la moindre occasion des réunions tardives.

Surtout s'il s'agit de la Louison...


A la première lettre, une seconde, plus concise jointe, pour une toute autre destinataire.


    "Puisque vous ne daignez répondre, je ferai ce que je dois à mon retour. Allez au diable.

    Judas."

_________________
Hugo_



[Felger]


J’ai galopé aussi vite que j’ai pu.

Aux premières habitations perçues, les traits juvéniles d’Hugo s’étaient éclairés d’une émotion exaltée, dénuée de tout vice quand c’était pourtant le lien du sang qui l’appelait là et menait ses pas empressés de chien délaissé vers la voix de son maitre.
Mains rouges cachées dans le cuir souple des gants, vêtements sombres enveloppant la silhouette fluide d’une ombre nécessaire, il avait traversé les terres de l’ouest, n’égrenant les heures de repos qu’au besoin de sa monture, duo dont la présence ne restait figée à aucune mémoire des haltes accordées à leurs corps fourbus, bruissement tout juste perceptible aux consciences accaparées par leurs propres chemins, frôlement dont on ne percevait rien d’autre qu’un parfum boisé.

J’ai ignoré tant que possible la course du soleil et de la lune

Si à l’aube de son apprentissage, comme n’importe quel enfant, il avait voulu garder, tangibles, concrets, les billets qui lui étaient adressés au creux de son exil humain, rassasié à la lecture simple de son prénom tracé en guise d’entête, addictives volutes d’encre qui le reconnaissaient quand son existence restait à prouver, la dévotion de son fanatisme avait remplacé en grandissant, ces envies estimées coupables. Jouet du silence et des secrets dans lesquels il avait été élevé, vertueux dans ses travers adorateurs à ne rien laisser qui aurait pu jeter le discrédit ou confondre la manne propriétaire, Hugo brulait systématiquement chaque ordre reçu et restait seul détenteur des trajectoires, des demandes et du sang sur ses mains.
La corruption de son Démiurge par sa faute était un crime qu’il n’envisageait même pas.

Il n’avait pas plus répondu au courrier adressé, enfant des actes plutôt que des mots et dont on attendait l’immédiat à défaut de la conversation, quittant dans l’heure les terres judéennes sans rien laisser derrière lui, avec cet empressement joyeux et pur de ceux qui se savent attendus et n’ont à cœur que leurs retrouvailles pour sentir à nouveau l’air emplir leurs poumons en les gonflant d’extase.

A Fougères, le cheval avait été laissé dans une petite auberge bordant la lisière citadine, semblables à beaucoup d’autres, commune, peu chère, presque salubre, loin du faste dû à un homme comme Judas, distance soigneuse mise en place à l’attention de ses possibles devoirs et de leurs conséquences. Après une toilette sommaire, il avait quitté la minuscule chambre allouée, rabattant sur ses épaules la capuche de son vêtement pour révéler un profil encore tendre, conscient que la discrétion passait par la banalisation plutôt que par la crainte de se laisser voir. Évoluer au milieu des autres, marcher dans leurs pas, sembler profiter du soleil comme chacun aux beaux jours de juin, devenir un badaud parmi tant d’autres, était à son sens la manière la plus efficace de n’être personne, et, le regard répertoriant la ville, les pas assimilant les divers chemins empruntés, il avait rejoint la densité croissante des commerces et des activités du centre, insensible pourtant à cette agitation sinon par une légère exaspération, fils des forets avant d’être frère des pavés, animal dont la sociabilité ne tenait qu’à la domestication.

J’ai oublié de boire et même de manger…


Il n’avait pas été difficile de retrouver la trace du Maitre parmi les quelques auberges disséminant leurs façades élégantes dans le ciel estival, prétextant au personnel croisé, en tapotant fièrement contre le matelassé de sa pèlerine, un courrier à remettre en mains propres, jusqu’à ce qu’enfin l’un d’eux délivre l’absolution à l’âme égarée en signalant à l’étage, l’arrivée récente du seigneur et de ses ouailles.
Eut il été capable de cacher dans son sourire la joie dévorante d’enfin toucher au but, qu’il ne l’aurait pas fait, incapable du mensonge s’il touchait à sa maladie, arme infantile et assoiffée dont la dévotion païenne allait au-delà de son apathie pour ce monde d’ennui, lui que rien ne réjouissait réellement si ce n’était le gout de la chasse et le tranquille contentement du travail bien fait sur le visage du dieu qu’il avait choisi.
Remerciant le taulier, il quitta son regard pour s’aventurer dans les escaliers menant aux chambres jusqu’à trouver celle qu’il cherchait, et y toqua, les yeux brillants de l’espoir de sentir bientôt peser sur lui le regard sombre et épais de Judas, le corps tendu d’une excitation sourde de pouvoir repaitre la faim de son bienfaiteur, prêt à exaucer le moindre caprice, à éradiquer la moindre contrariété pour que son front, encore, s’auréole du même plaisir que celui délayé par une petite poupée de chiffon


Mais je suis là, pour Vous, à Vous…



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