[RP] La charrette enchantée... enchanteresse ? enchanteuse ?

Six chevaux dont deux sont attachés par le licol à une charrette tirée par un énorme percheron... Six voyageurs pour l'heure entre veille et sommeil. Sauf une, l'oeil aux aguets calée au creux des bras de son compagnon qui refuse de chevaucher ailleurs que collé à elle, la protégeant des frimas d'une cape bien enroulée autour d'eux.

Deux damoiselles qui se laissent conduire perchées, l'une près de l'autre sur le siège du charretier, les mains négligemment posées sur les rennes. Heureusement le Canassonsansnom sait qui suivre et il tire vaillamment son chargement, ignorant encore la pauvre bête, qu'il vit ses derniers jours attelé à une carriole légère. C'est que Limoges n'est plus si loin...

Deux cavaliers accompagnent. Aussi différents que le sont le jour et la nuit. Autant l'un est doux et attentif à la gente féminine, autant l'autre n'y voit que source de plaisir à son service... Les remarques acerbes d'ailleurs ne manquent pas, partant du véhicule brinquebalant vers le jeune Damoiseau au blason fièrement porté.

L'observateur verrait sans doute un fin sourire fleurir au minois de la cavalière de tête jusqu'à ce qu'elle perde patience et lance un "M'enfin" bien senti...

Mais ici l'aube se lève et chacun tente de garder les yeux ouverts, aspirant à trouver endroit confortable pour y terminer la nuit. Et justement, un cri presque de triomphe retentit. Une voix claironne gaiement :

" - HAUT LES COEURS LES AMIS ! VOICI ROCHECHOUARD !!!"

Après un baiser tendrement volé à son compagnon qu'elle a fait sursauter, Suniva poursuit sur un ton conquérant...

" - SUS AUX TAVEEEEERNEEUUUUHHHH !"

Et d'entonner quelques paroles de son chant guerrier préféré, souvenir de son père ; nombreux sont les chemins qui ont pu l'entendre résonner depuis qu'elle arpente le Royaume.

J’aperchévouns lé donjoun
Qui sé démuche dé la breune.
Mes houmes halent sus l’s avirouns
Jusqu’oû pyid des deunes.

J’i rêvaé de Thor, reide enragi.
Gimaez, fémes, j’allouns touot ravagi !

Les quolibets fusent. Eclate alors un grand rire et la voix reprend

" - J'arrête ! J'arrête ! J'ai envie de tester la paille des écuries de cette ville, moi ! Les miliciens pourraient croire à une attaque et nous fermer les portes !"

Malgré le vent frais de la nuit qui fouette leur visage, blottit tout contre son amour dont les bras si doux l'enveloppe d'une douce chaleur, Franceska essai de garder les yeux ouverts, luttant contre une fatigue de plus en plus envahissante.

Le jour se lève à l'horizon et après quelques clignements d'yeux, elle aperçoit au loin l'entrée de la ville. Enfin, ils allaient arriver, elle allaient enfin fouler de nouveau les terres Limousines qui l'avaient si bien accueillie. Elle huma l'air comme si elle cherchait à redécouvrir la senteur d'essences anciennement connues et sentit alors ses entrailles s'entremêler. Ca y est ! Demain elle serait de retour à Limoges et elle y reverrait tout ces visages qu'elles avaient laissés derrière elle.

Quelle allait être la réaction de ces anciennes connaissances ? Allaient-elles l'accueillir à bras ouverts ou bien au contraire allaient-elle se demandaient qui elle était, faute de l'avoir oublié.

Elle prit une forte inspiration, se rassurant d'être entourée de ses amis et s' apprêtant à refermer les yeux, elle sursauta , secouée par le cri de Suni, annonciateur de leur imminente arrivée sur Rochechouard.

" - HAUT LES COEURS LES AMIS ! VOICI ROCHECHOUARD !!!"


" - SUS AUX TAVEEEEERNEEUUUUHHHH !"

Elle se mit à sourire de l'attitude si spontanée de son amie et s'en retourna se blottir plus encore contre son amour, allant se perdre entre ses bras et contre son coeur.

Ducho s'était blotti, comme à son habitude, pesant de tout son poids sur le dos de sa compagne. Chaleur et confort du voyageur qu'il était devenu au côté de sa belle.
Les villes se succédaient ne laissant que peu de répits au groupe. Chaque arrivée avait son lot de besognes et chaque départ son lot d'ouvrages ne permettant que peu à la bande de se retrouver.
Il n'avait pas pu discuter avec Frances de l'émotion que suscitait son retour en terre natale. Il était d'ailleurs en proie aux mêmes réflexions, lui qui bientôt refoulerait le sol poitevin.
Il se devait aussi d'initier son jeune ami angevin. Les dames ne manqueraient pas en terre poitevine et comme un raccourcis rapprocher l'Anjou du Poitou. Cela résumait se vie.
Il avait disparu suite au conflit entre les deux comtés. Tout cela remontait à la surface. L'heure approchait de faire face à son histoire et de se mettre en paix avec son passé.
Il avait hâte et ralentissait le pas tout à la fois.

Il fut soudainement réveillé par les propos de sa tendre Suniva.


J’aperchévouns lé donjoun
Qui sé démuche dé la breune.
Mes houmes halent sus l’s avirouns
Jusqu’oû pyid des deunes.

J’i rêvaé de Thor, reide enragi.
Gimaez, fémes, j’allouns touot ravagi !

Hein ...... quoi...où? ils sont plusieurs?
Qu'est ce qui te prend, une remontée de ton passé ma belle? Attends laisse moi deviner ce que ça veut dire ... Alors?
J'aperçois le Don Juan
Qui se déshabille devant la brune
Mes hommes sentent forts dans les environs
Et ce des pieds à la tête
Pour tête je suis pas sur? ou alors des deux pieds?
Un jour je te dirais des mots doux en pictave tu verras comme ça sonne joliment
Ducho se retourna ses amis étaient bien là. La troupe poursuivait son chemin ensemble comme les dix doigts de... enfin unis car la force...bon plus on est debout plus on dit. Ce dicton là il ne le comprenait pas mais au moins il s'en souvenait...