Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   1, 2   >   >>

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[Rp] Les pérégrinations d'une Nordique

Hel.
    “C'est pas croyable de tomber sur des villes comme ça. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi, encore, je suis partie de mon cocon, de mon confort, de ma vie dans le Grand Nord. Je ne comprend pas réellement mes motivations qui m'ont poussé à partir à l'aventure. Enfin, si. Trop de maux, de souffrances, des choses irréversibles qui forgent notre caractère d'un peut plus. Si ce Sloskva ne m'avait pas abimé de la sorte, me prenant et me jetant dans les braises affolées dans l'âtre. S'il ne m'avait pas défiguré de la sorte, si la moitié de mon visage n'était pas composé de chair calcinée, de cicatrices et de bouts d'ossements visibles de l'extérieur. S'il ne m'avait pas imposé ce surnom de fortune qu'est Hel et devenir la risée, la crainte de ma ville. Je n'en serai pas ici, à moisir dans un pays Franque qui ne m'apportera rien de plus que le dédain à octroyer aux gens un poil trop honnêtes qui s'y trouvent et se content fleur bleue et se font la Cour avec une passion et une politesse à toute épreuve qui fait gerber. Je me suis bannie seule. C'est moi qui ai prit cette décision de merde. Faut que j'apprenne à assumer. Putain, par tous les Dieux, j'en crèverai bien un ou deux de ces bouseux franques de merde qui sourient comme des puceaux affreux. Allez, du courage. Loki veille sur moi. Je parviendrai à me sentir bien. D'une façon ou d'une autre.”


Les pensées d'une fille qui ne vit que de rage, de haine et de dédain envers les autres. Une femme au caractère bien trempé qui doit alors refaire une vie à l'étranger. Elle avait beaucoup navigué pour parvenir jusqu'ici. Prenant la Mer du Nord, puis passant par les fleuves diverses et variés. Un peu de route et la voici, par pur hasard, à Argonne. Une petite ville Champenoise sans charme particulier. Si ce n'est sans doute l'architecte qui fait toquer cette brunette. Rien à voir avec les huttes de par chez elle. Tout n'est pas de bois ni de terre. C'est fait en dur par ici. En dur pour des coeurs mous et tendres.
Durant son voyage, elle eu l'occasion d'apprendre un peu de ce langage franque. Rien de bien follichon, des termes ci et là à force d'écouter les marins et les voyageurs du coin. C'est assez simple d'apprendre une langue, il suffit d'écouter, de s'imprégner, de voir bouger ces lèvres et d'imiter. Juste imiter, toujours imiter. C'est ce qu'elle fit. Ce qu'elle tenta de faire. Et y parvient suite à quelques jours de galères. Non, elle n'est pas sortie d'affaire, elle galère toujours et sera toujours à l'écart des autres avec son accent à couper au couteau et ses phrases qui ne veulent, parfois, souvent, rien dire de fort concret. Au moins, on l'a comprend un minimum, et c'est pas une sinécure. Et si elle fait rire certains, elle n'hésite pas à taper du poing là ou ça fait mal pour qu'on la respecte.


Elle passe donc le plus clair de son temps en taverne, juste pour apprendre le langage ainsi que les coutumes. Se fondre dans la masse. Pas évident pour une jeune femme qui a un charisme de boeuf et une allure très étrange. Vêtue de simples fripes décadentes et d'une mèche recouvrant perpétuellement la partie gauche de son visage, se la caressant bien souvent comme pour bien cacher une réalité qu'elle ne saurait montrer à la face du monde.
C'est donc là qu'elle pourra déjà voir ce que sont réellement les français. Le premier endroit où elle s'arrêtera réellement, bien longtemps, bien sagement - ou pas- et pourra commencer à juger, à apprendre, à comprendre. Les premières entrevues n'étaient pas pour lui convenir. Vraiment pas. Ses craintes étaient fondées. Elle mit cela sur la cause d'une religion à icône unique. Aduler un dieu qui n'est qu'amour n'aspire alors pas la crainte ni même le respect pour soit même. Ça se cache sous des vérités épineuses et chastes. Ça reste ennuyeux et courtois. Puis, ça se donne des prétextes pour s'embrasser, se sauter dans les bras, se caliner sans aller franchement plus loin. Il y a des non-dits, des sujets facheux et tabous. Ils vivent tous dans le mensonge, soit-disant par convenances, mais c'est là que le bas blesse et crée réellement un manque, un trouble, un écart entre chacun. La brune ne pouvait alors décemment comprendre ce genre de choses.


    “Que Thor les foudroie tous. Ces cloportes ne savent se comporter correctement en société. On me surnomme la Sauvage. C'est qu'ils ne se sont pas assez bien regardé. Ils ne sont pas moins barbares que je le suis. Ce ne sont que des masques ensanglantés par l'orgueil. Des idiots qui se jouent de réputations acquises sur des mensonges frelatés. Des crétins à la prétention égoïste qui se courent à la suite pour obtenir un bien piètre plaisir. Ça se languit, ça sourit, ça pleure, ça a peur. Des mal-baisés qui se prennent avec passion et en caresses interminables alors que des griffes et canines acérées permettraient tellement de faire brûler la rage, la fougue et l'animal qui sommeille en nous. Car oui, je suis un animal, comme l'homme qui se trouve à mes côtés. Nous sommes faits pour être ensemble et jouir d'une vie idéale de désirs et plaisirs assouvis. Toujours en quête d'achèvement. Toujours à la recherche de l'orgasme, de l'extase, pour se rapprocher des dieux. Du Valhalla.”


De fait, elle se trouvait froide et distante, ne cernant pas réellement ces gens là, ces étrangers, ces sauvages barbares qui manquent de conviction. Elle ne se cachait aucunement pour montrer ce à quoi elle pensait, heurtant les sensibilités diverses. Rien à foutre, elle dit ce qu'elle pense, franchement, que ça plaise ou non. Peut-être qu'elle n'aura pas bonne réputation, passera pour une vilaine. Elle n'en a cure. Elle continuera à passer du temps en taverne pour s'abreuver de bières gratuites tout en se lissant les cheveux et en écoutant ces frêles âmes palabrer d'idioties tout en répondant sans même chercher à réellement parler leur langue.

      -Hm. Ja.


Ça, c'est juste pour dire qu'elle veut bien encore de la bière!
_________________
Hel.
    “Ouais.
    Ça se laisse vivre.”


Rien de pire que de faire fausse route sur les stéréotypes et les jugements personnels de valeur. Elle s'était donné quelques jours pour connaître un peu mieux ce peuple Franque, comme elle le dit, connaître les us et coutumes. Ce mode de vie étrange qui ne lui inspire aucune confiance. Avant de venir jusqu'ici, elle prit modèle sur ses ancêtres. Ces hommes qui allaient piller, saccager, brûler, tuer les Aristotéliciens. Ces premiers hommes qui bravèrent courageusement la Mer du Nord, sans certitude de trouver Terre, mais plutôt les bas-fonds de notre Monde. Elle se souvint des histoires que l'on racontait, que l'on raconte toujours. Ces aventuriers avaient trouvé une mine d'Or. Tout bonnement. Il suffisait d'accoster, de marcher un peu et de trouver un Couvent, un Village pour finir par le saccager, le brûler, le détruire, le raser complètement. Il n'y avait aucune résistance dans les premiers voyages, mais le trésor ramené jusqu'à chez eux était immense. Si bien qu'ils n'avaient plus à craindre pour les rudes hivers. Bien entendu, ils savent travailler la terre ainsi que l'élevage, mais ils n'en sont point experts. Surtout que les terres sont durs et pas assez fertiles pour nourrir un peuple tout un hiver durant. Et l'élevage servait bien plus à sacrifier des bêtes aux Dieux plutôt que de s'en nourrir.
Aussi, il leur fallait voyager, voler l'Or aux autres pour subvenir à leurs besoins. C'est un peu, aussi, la raison pour laquelle elle avait décidé de venir jusqu'en France. Elle avait dans l'idée qu'il serait si simple de gagner sa vie, de vivre paisiblement la panse pleine. Erreur gravissime.


    “Ma destinée est comblée d'entraves. Je ne sais que faire, je ne sais où aller. Je ne trouve même pas la pitance que l'on m'avait promise. Et... pire que cela, je ne trouve pas la force de combattre, de les châtier, de leur voler leurs biens. Je crois qu'en fait... je me suis apitoyé sur leurs sorts. Je les ai trop côtoyé et j'y ai trouvé un certain plaisir. Une certaine gaîté que je ne connaissais pas. Inconnue, avec un accent des plus dépravé, ils ont su m'accueillir, m'ouvrir leurs bras - sans que jamais je n'y aille - et m'offrir leurs boissons délicieuses. Comment peut-on décemment exécuter des âmes pareilles? Comment peut-on songer, même, à, ne serait-ce, que les égorger? Non, je ne me sens pas à mon aise. Je suis trop à l'aise. Ça me perturbe. Ça cache quelque chose. Je n'arrive pas bien à comprendre. Je ne comprend pas du tout. Mes Dieux, montrez-moi la voix et guidez-moi afin que je sache comment agir avec ces Sauvages! Par pitié!”


Elle qui pensait alors que les Franques n'étaient qu'une bande de faibles, affreux, la voilà fourbement remise les pieds sur terre. Elle remarque, effectivement, que les gens sont faibles par les sentiments, par les émotions. Qu'ils sont faibles, d'une certaine façon, par rapport à elle. Mais voilà. Elle se sent aussi faibles qu'eux tant qu'elle se trouve entourée d'âmes si chaleureuses. Elle reste tout de même sur la défensive, préférant ne pas se heurter à une désillusion, comme ce que le Dieu Loki peut faire.
Et si, au final, elle était de ce monde? Qu'elle rejoignait ce monde? Faut pas déconner non plus, elle ne sera jamais apte à devenir une Française type, avec les convenances, les mots doux et les câlins en public. Non, elle ne le pourra pas. Elle pourrait seulement s'intégrer, dans un groupe, dans une vie, sans faire le moindre mal et tenter de guérir son caractère de merde en apposant quelques sourires sur son faciès émacié. Elle s'y tente déjà. Envers une femme, en particulier. Puis. Cet homme.
Elle ne cesse de se dire qu'à sa première ville découverte, elle est heureuse. Elle a du mal à se le dire, mais elle se le dit. Elle est heureuse. Combien de temps cela durera? Elle ne le sait. Elle ne s'avoue pas vaincue, elle jaugera encore la température. Elle poursuivra son enquête et ne fermera pas les yeux. Non, jamais. Car on est pas à l'abri d'une rencontre, d'une découverte fortuite qui peut mettre en péril les plus belles implications, les plus beaux sentiments.


    “Et si elle avait raison? Et si je me voilais la face? Et si je me cachais sous un masque parce que j'ai honte? Parce que je suis faible et que j'ai peur du jugement des autres? Pourquoi donc ai-je constamment cette mèche camouflant la moitié de mon visage? Que personne ne saurait voir ce qui s'y trouve en-dessous? J'aurai pu être si simple. Faire si simple. J'aurai pu leur montrer directement qui j'étais. Passer pour plus forte. Peut-être ne me serai-je pas autant attachée à ces gens là. Ils m'auraient rejeté. J'aurai été seule. J'aurai pu les tuer, les vaincre, les piller. Comme je l'avais prévu. Non. Je me suis installée dans une prison dorée. Une prison de sentiments. Je me sens si faible, si futile. Je n'arrive plus à distinguer si j'ai encore confiance en moi, ou non. Je suis si ridicule. Comme un monstre. C'est elle qui a raison. Je devrais... La tuer pour m'avoir fait voir cela. Je la tuerai.”


Du coup, la jeune femme se trouve énervée. En questionnement sur elle-même, sur ce qu'elle est. Ce n'est pas sa journée. Elle ne cesse d'arpenter la taverne pour La revoir. Pour être sûre que ce n'était pas une vision visant à la décontenancer. Elle tourne en rond, se demande pourquoi. Elle râle seule. Elle peste seule. Elle affûte sa lame seule. La prochaine fois, elle ne se laissera pas vaincre par ses sentiments. Elle a enfin croisé une femme forte. Il n'y a qu'un coup échangé, et un reçu. Rien de plus, rien de moins. Elle ne cesse de se maudire en se disant que s'il elle n'avait pas été si choqué par cette découverte, alors une gorge aurait été coupée. En même temps, comment justifier réellement d'une rencontre avec son double? Une semblable à elle? En tous points?
On ne peut justifier cela. Jamais.

_________________
Aldraien
    Aldraien Sybell de Malemort-Carsenac.

    Un nom long, des titres à ne plus savoir qu'en faire. Au final, quoi ? Elle était Ald', simplement, cette jeune femme affamée de vie qui était arrivée à Montélimar vingt ans plus tôt. En tout cas, c'est celle qu'elle voulait redevenir.
    La Malemort avait vécu, beaucoup, elle avait mené des armées, des batailles, dirigé des hommes par dizaines. Elle avait combattu, blessé, tué, & avait été également blessée. On ne fait pas d'omelettes sans casser des œufs, paraît-il. Comme un paradoxe, elle avait aussi été diplomate, Chancelière de son Comté, chargée des relations avec les autres, rôle qu'elle avait exercé à merveille. Le temps l'avait changé. De jeune femme éveillée et curieuse, elle était passée à Noble, devant respecter des règles, des lois, & garder toujours une image respectable.

    Mais il faut croire qu'une seule personne peut vivre plusieurs vies, car aujourd'hui, à l'aube de sa quatrième décennie, elle venait de décider de redevenir ainsi qu'elle avait été, une vingtaine d'années auparavant. Bien entendu, pas aussi jeune physiquement. Seulement, plus libre dans sa tête.
    Cette liberté passait par un départ durable de son Comté. Un renouveau.
    Elle était donc partie, direction Argonne, en Champagne, où des amis à elle avaient décidé de s'établir. Finalement, elle s'y plaisait, même si elle avait redouté d'y trouver une seconde Limoges. Là, elle réussissait à refouler son caractère froid, pour se montrer parfois même chaleureuse avec ses interlocuteurs.
    Seulement, lorsqu'on fait tomber certains masques, il y a quelques risques à prendre à côté de ça.

    Aldraien n'est pas de ces femmes qui se plaisent à rester inactives, ni même du genre à aimer les travaux d'aiguilles. Son physique reflétait ce qu'elle était : une femme torturée. Les brûlures sur tout le côté senestre de son corps faisaient écho aux autres cicatrices parcourant sa peau. Elle n'était pas moche, au propre du mot. Sous les marques, le visage restait beau. Mais il fallait réussir à passer outre les marques, & ce n'était pas donner à tout le monde. La Volcanique se moquait, de tout ça, elle n'avait pas besoin d'être aimée pour son physique, elle préférait même que ce ne soit pas le cas. A son âge, elle ne cherchait plus à retrouver l'amour.

    Ce n'était pas pour autant qu'elle appréciait de se faire traiter de monstre, mais elle préférait en rire qu'en pleurer. Alors lorsqu'elle rencontra cette Nordique, elle avait au début préférer l'ignorer, offrant une indifférence notoire au manque d'éducation de l'étrangère, avant de lui donner un mépris tout particulier, lasse de subir les remarques acerbes d'une personnes qui, finalement, lui ressemblait bien plus qu'elle ne voulait l'admettre.
    Les menaces comme défense, l'attaque comme bouclier. Elle connaissait, elle avait déjà vécu. Ce n'est pas pour autant qu'elle le tolérait, & aux coups nordiques, elle rétorquait par la loi du talion. Œil pour œil, dent pour dent. Ce sourire qui ne la quittait pas, elle l'offrait à la jeune étrangère comme un heaume qui lui permettait de braver tous les coups.


    « - Tu reviendras me trouver, tôt ou tard. »

    En effet, elles s'étaient retrouvées. Pour mieux se défier, les coups pleuvant de part & d'autre. Le sang coulant, même. Mais la Volcanique ne s'était pas plus émue que ça par le carmin s'échappant de sa cuisse. Elle était imperturbable. Un masque de glace.
    Pourtant, cette jeune femme faisait naître un drôle de sentiment en elle, indéchiffrable. Elle l'intriguait, & en même temps, elle avait l'impression de déjà la connaître. Tant de points communs qu'elle s'en effrayait presque. Des réactions similaires, des vécus similaires, des cicatrices similaires. Trop de similitudes.
    Lorsqu'elle l'avait quitté, la deuxième fois, c'était encore plus perturbée que la première fois. Finalement, elle avait été chez l'armurier de la ville. On vous le donne en mille...Elle dégota une hache. Une hache à une main, de femme, ou d'homme capable de manier deux haches, une dans chaque main.

    Puis elle la chercha. Elle la chercha un très long moment. Son épée à la hanche, la hache dans la main. Elle finit, enfin, par la trouver, & lança la hache aux pieds de la jeune femme.
    Lentement, les émeraudes se posant sur elle, dans une lueur de défi, elle fit chanter la bâtarde à sa ceinture en la sortant de son fourreau, la main gauche venant se poser contre le pommeau pour appuyer la dextre. Elle était impressionnante, ainsi, dégageant un charisme fou ; elle était faite pour vivre une épée dans les mains, c'était clair & net, limpide.


    « - Tu as dis que je me battais comme une valkyrie. Tu n'as encore rien vu. Alors...Viens donc me montrer comment tu te bats, toi, si tu arrives à soulever cette arme. »

_________________
Hel.
    “J'ai juste envie de la revoir. Miroir, ô mon beau miroir, dis-moi qui est la plus belle? Hen? Tu ne peux pas trancher la question? Nous sommes donc deux êtres coupés de milieu et se rejoignant dans une symbiose presque divine? C'est comme si elle et moi étions les moitiés vouées à se rapprocher pour mieux se coller ensemble dans un dessin bien plus merveilleux que l'on aurait pu supputer? Je ne peux croire avoir trouvé plus forte que moi. Je ne puis croire qu'une satanée Franque puisse me porter préjudice tout comme les anciens de mon village. Elle est digne d'une Valkyrie. Mais je n'ai peur de rien, et en digne combattante, guerrière, je ne balancerai jamais mes armes à ses pieds. Jamais je ne plierai. J'ai juste envie de revoir son visage. De me perdre dans ses iris verts. De caresser les plaies comme je caresse les miennes. Cette vision me rend folle. Complètement folle. Hors de moi. Nous ne sommes juste que des monstres égarés dans la nature fourbe.
    Je veux la revoir.
    Comme elle l'a dit, je saurai revenir à elle, tôt ou tard.”


Elle l'avait quitté la veille. À contre coeur. Comme une chose, un sentiment qui n'existe normalement pas en elle. Elle aura prit la fuite pour s'éloigner d'un trop gros chamboulement en son être. Après une légère bataille entre deux étrangers, après avoir marqué chacun son tour les périples d'un corps déjà bien tranché, les voilà si proches. L'une répondant à l'autre avec une perfection de mimétisme si pure. L'une et l'autre lâchant les mêmes mots, les mêmes phrases en une synchronisation qui rendrait fou le moindre aristotélicien et sa foi. D'une lippe à l'autre, le corps s'essouffle peu à peu, marquant une petite vibration dans le bas ventre. Une sensation qui laisse la brune perplexe et la fit prendre le large bien trop rapidement alors que son esprit lui ordonna de rester. C'est là que l'on peut percevoir les limites du commandement entre le corps et l'esprit.
Avant son départ, une adresse fut échangée. Une adresse à laquelle elle voudrait bien se rendre. Récupérer ce qui lui revient de droit. Prendre ce qu'elle désir et puis, tout quitter du jour au lendemain. Seulement, les mauvaises habitudes des Français lui fit se poser des questions. Des remises en question. Son reflet la guide. Son reflet l'aide. Son reflet lui fait prendre conscience de certaines choses. C'est donc tout bonnement à l'orée du bois, assise sur un muret qu'elle fixa une flaque pour mieux se percevoir, mieux se comprendre. Elle passa ainsi la soirée à découvrir son visage à moitié détruit, relevant la fameuse mèche qui lui cache cette monstruosité, qui cache cette horreur au monde. Elle prit le temps d'accepter cette damnation qui entrecoupait sa beauté. Sa jeunesse. On dirait juste une vieille bien trop ridée. Et cette main, sous ce gant. Cette main laisse percevoir un bout d'os au niveau du pouce. Ce pouce qui ne veut plus mouvoir. Jamais. C'est ainsi qu'elle se perdit dans ses pensées, toute la nuit durant, oubliant même de se rendre au Lys.
C'est ce qui la rendit maussade toute la journée.
La brunette s'y rendit. Posa la question.


    -Y'a un'Rousse qu'à un'chambr' là?


    -Hen? Qui qui dit?

    -Hm. Aleudriane est là?

    -Non.


Pas certaine que cet homme l'ait tout à fait comprise, elle resta un moment à le fixer, comme à son habitude. Si bien qu'il la quitta pour faire ce qu'il avait de mieux à faire. Seule, elle pesta, puis s'en alla. C'est seulement au détour d'une ruelle qu'elle pouvait entendre le bruit d'une cotte frémissant sous des pas rapides et sveltes. Elle plissa l'oeil, regardant s'il pouvait bien s'agir d'elle. Effectivement. Presque une géante, presque un monstre d'arrogance. La voici, armée d'une hache, s'avançant vers Hel. Autant dire que cette dernière eut l'émeraude pétillante devant cette arme qu'elle désirait tant depuis des jours et des jours. Après avoir perdu sa précieuse, il lui fallait bien qu'elle la remplace.
La hache fut jetée à ses pieds.
Pour elle?
C'est un sourire qu'elle ne pouvait se permettre d'afficher sur son visage froid et sans émotions. C'est un sourire qu'elle aimerait pourtant donner. Offrir. Mais qu'elle se gardera encore. L'épée quitta son fourreau, et la menace se fit aussi étincelante que la lame finement aiguisée. Échange d'émeraudes.


    “Je n'ai pourtant pas envie de me battre contre toi aujourd'hui. Mais je ne refuse jamais un défi. Je ne vis que pour me battre, tuer ou mourir. Que les Dieux m'accordent cette victoire! Bien que je ne veuille esquinter de nouveau ce beau visage.”


    -Ja. Av'c un' hach', j'm'bas com' un' Amazon'. T'verras l'différenc' entr' un' dague et ça, ma Valkyrie.


Elle se baissa donc récupérer l'arme. Ou plutôt, seulement le manche, laissant le fer au sol sans tenter de le soulever. Puisque la rousse la pense inapte à transporter une telle arme et à s'en servir, autant qu'elle le croit jusqu'au bout. Du moins, jusqu'à ce qu'elle attaque la première. Durant des années, les perfides Nordiques firent fureur sur les champs de bataille. Elle ne saurait faire exception, entraînée depuis son plus jeune âge au maniement de n'importe qu'elle arme existant. De la fronde, à l'arc, de la dague à l'épée, de la hache de lancé à la hache à deux mains et du pique à la hallebarde. Les Scandinaves se vouent au culte de la guerre, de la force et de la stratégie. Ce ne sont pas vingt année d'apprentissage Franque qui sauront défaire dix années de formation Nordique. Du moins, c'est ce qu'elle pensait toute fière.
Elle se laissa donc se reposer sur le manche de sa hache, jetant un sourire narquois à la face de la rousse, tapotant tranquillement le manche de son arme.


    -Honneur aux faibl'. J'te laisse l'premier coup.


Bien entendu, la rouquine ne laissait aucunement la faiblesse se ressentir, mais la Nordique apprécie les provocations. Ce qui donne de la force à son caractère.
_________________
Aldraien

      « Qui livre un plus rude combat que celui qui s'efforce de se vaincre soi-même ? » - De Groote


    Cette jeune femme provoquait en la Volcanique un mélange de sensations assez étrange. Pas désagréable, ni dérangeant, seulement surprenant. Elle n'avait pas l'habitude de se sentir aussi proche d'une personne qu'elle connaissait à peine. Elle se moquait ouvertement d'elle, parfois, & cela ne faisait qu'accroître son désir d'en savoir plus encore. D'où venait-elle ? Qu'avait-elle vécu, avant, pour devenir ainsi ? Elle avait déjà eu une partie des réponses qu'elle recherchait, dans des questions qu'elle avait posé, dans d'autres dont elle avait payé la réponse au prix de la chair. Il avait fallu qu'elles se blessent pour que la Nordique se confie.
    Si pour en apprendre plus, il fallait passer par un combat plus violent encore, alors c'est ce qu'elle ferait, épée contre hache. La dernière fois qu'elle s'était retrouvée face à une arme de ce genre, elle ne devait pas avoir plus de la vingtaine, les barbares qui étaient venus s'en prendre au Castel étaient pour certains armés de ce genre de lame. Ça ne lui fait pas peur, dans le regard émeraude virant doucement au gris devant la proximité du combat, on ne peut lire que la détermination, & sans doute un peu d'effronterie.


    «- Fais attention...Tu me laisses le premier coup, mais ça risque bien d'être le dernier. »


    Au jeu de la provocation, impossible de dire qui était la plus douée. Miroir, miroir...Viens donc me dire qui est la plus forte. Les doigts se resserrent sur la fusée de l'épée bâtarde, la rouquine fait le vide pour ne plus se souvenir que des leçons enseignées au fil du temps par les différents postes qu'elle avait occupés, mais surtout par le vieil intendant qu'il lui avait plus d'une fois sauvé la vie. Elric, l'intendant de sa cousine, qui lui a permis d'apprendre à préférer la souplesse & l'agilité plutôt que la force pure, souvent handicapante pour une femme d'armes, surtout par rapport à son équivalent masculin.
    Voilà pourquoi elle ne portait pour ainsi dire jamais de protections lourdes, y préférant la légèreté – toute relative, certes – d'une cotte de mailles, ou d'une brigandine. Pour cette raison également, elle ne portait jamais d'armes à deux mains, & bien souvent elle évitait aussi celles à une main & demi, même si elle avait appris à ne les manier qu'à une main si le besoin s'en faisait sentir.
    Le regard qu'elle offre à son adversaire du jour est pour ainsi dire dénué d'humanité, elle compte bien se jeter dans la bataille sans se laisser l'occasion de ressentir le moindre sentiment.

    Les appuis se font légers, fléchis & souples. Elle tourne le temps de quelques secondes autour de son reflet, la jaugeant. Elle ne semblait pas menaçante, tenant ainsi la hache, sans aucune posture de défense, mais la Rousse avait appris avec les années à se méfier des faux-semblants. Elle sentait dans cette femme quelque chose de dangereux, quelque chose de...comme elle, en somme. Elle venait de l'étranger, & une force émanait d'elle, qu'elle était incapable de décrire, mais qu'elle comptait bien comprendre par les armes.
    Un souffle.
    Elle est sur elle. Une danseuse qui virevolte, lame entre les mains, imprévisible. Elle a profité d'un pas qui aurait pu paraître moins sûr que les autres pour prendre l'appui qui lui fallait, forçant le passage par en-dessous, la lame partant d'estoc, fendant l'air pour remonter sur sa cible. Un sourire vient se perdre sur ses lèvres. Voilà, elle est dans son élément le plus naturel. Le sang, la mort, le combat. La vie.

      Valkyrie.

    Viens donc me prendre ce que les autres n'ont pas réussi à m'arracher.


      « Seul est digne de la vie celui qui chaque jour part pour elle au combat. » - Von Goethe

_________________
Hel.
      «La Mort est la continuité de la Vie et réciproquement.» - De Hel.



Plissement de rétine. Iris verdâtre se jetant sur l'incompréhension du moment. Vaguelette d'écumes se heurtant à la roche insensible d'un esprit provocateur. Brune contre Rousse. Dans une danse frénétique qui n'offre qu'un sensible rictus sur le visage buriné de la Nordique. Hel qui ne bouge, Ald qui se meut. La justesse des mouvements est presque une leçon apprise par coeur. La souplesse est presque une seconde nature ancrée dans la chair avec rudesse. Des gestes peu conciliants qui ne peuvent, en aucun cas, être prédits. C'est comme la danse d'un Ivre qui mourra. On ne sait sur quel pied aller. Mais, au fond, il ne s'agit là que d'une volute de fumée visant à nous aveugler.
D'un oeil, la Scandinave perçoit, la Scandinave prévoit, la Scandinave n'agit pas pour autant. Elle s'amuse de voir comment les étrangers peuvent attaquer. Comment ils peuvent appréhender un combat. Ce n'est pas l'offense de quelques mots provocateurs qui sauront lui mettre la peur au ventre. Ce n'est pas la sensibilité artistique qui s'émane de la Rousse qui saura l'inquiéter. Elle préfère, d'ailleurs, en rire en son être et laisser aller dans l'optique d'offrir réellement ce premier coup. Ce serait sale et malhonnête d'agir la première. C'est pas dans sa vocation, dans ses ambitions, dans ses envies. Alors elle attend, sagement reposée sur son arme, légèrement impatiente. Une pointe d'ennui s'abat sur elle, si bien qu'elle se met à bailler. Autre provocation visant à énerver et déstabiliser bien plus qu'autre chose.


    “Ma chère Valkyrie. Tu parais comme une âme en peine à te mouvoir de la sorte. Loin m'est l'idée de t'imaginer en ballerine menant valse lors d'une cérémonie ou un ballet royal. Tu me paraissais forte, et tu l'es. Ce pourquoi je ne saurai te sous-estimer. Ceci dit, je suis quelque peu déçue dans la façon de te voir mener l'arme. Rien dans cette façon de faire n'est digne d'une guerrière ailée de chez moi. Bien que ces Valkyries voguent dans l'air, fendant l'atmosphère d'un coup d'épée jusqu'à ce que Terre soit touchée et ébranlée dans un séisme étincelant. Non, non. Je suis sûre que tu te joues de moi et que, bientôt, l'allongement de ton bras saura châtier mes pensées impures. Je l'espère durement, auquel cas je me serai largement trompée sur ton compte et ne pourrais plus te voir comme je te vois. Allez, frappe, bon Dieu d'merde.”


Les pensées savent s'estomper comme des petites nuages par un coup de vent puissant. La lame file et se dirige rapidement vers Hel. On sent la charge lancée sur un pied fort et l'hardiesse placée dans cette attaque qui aura le bon goût de surprendre la brune. De vitesse et d'agilité, elle n'a pas. Elle aura plutôt le goût de l'attaque frontale, de la rage et non de la réflexion autre que purement stratégique. Lancée comme une flèche, la rouquine s'abat sur une cible sans pouvoir s'y déloger. Si la cible bouge promptement, l'épée s'abattra dans le vide. L'assurance d'Hel fait qu'un rictus ne peut quitter son visage aussi aisément. De quelques pas en arrière, le coupant de la hache traçant un sillon au sol. Elle voit alors son reflet se jeter devant elle, la frôlant de justesse. Dans un combat comme celui-ci, la justesse a une part importante. Heureusement qu'une Nordique ne sous-estime pas ses adversaires.
C'est à cet instant précis qu'il faut savoir agir, prendre le taureau par les cornes et faire tomber le masque inquiétant de l'inaction perturbatrice. La main glisse le long du manche. Elle l'empoigne fermement à son milieu, sentant le bois prit par ses phalanges. La caresse presque érotique de préliminaires avant l'acte. L'apogée ne saurait tarder. Arme levée, d'un mouvement frappe son plat entre les omoplates. Rien de blessant, juste de quoi s'amuser un peu, comme un chat avec une souris.


    -T'disais? L'pr'mier, nej. L'second, p'tet.


La hache est à présent sur l'épaule de la brunette. Son oeil regarde sa proie avec délectation, une sensation d'apaisement en elle après ce premier coup échoué. Une bataille de gagnée, mais pas la guerre. Le suite saurait promettre bien des merveilles, et le coeur en suivra ses palpitations gênantes.

    “Je te trouve magnifique, Rousse, lorsque tu montes sur tes grands chevaux et que tu tentes en savoir plus sur ma capacité à combattre. Tu es peut-être mon reflet, mais jamais nous ne serons exactement semblables. Jamais tu ne saurais attaquer comme je le fais, jamais je ne saurai faire ce que tu fais. Nous sommes complémentaires. Une partie de l'un et de l'autre. C'est tout ce qui est bon à savoir, et tout ce que j'aime savoir. Je sais que tu me répondrais qu'il ne s'agissait l'un que d'un échauffement, pour ne pas vouloir m'estropier trop vite, prendre ton plaisir. Que ça, ce n'est qu'une pichenette futile censée me déstabiliser. Cesse donc cela, et attaque-moi pour de bon, comme une adversaire à ta taille. Pas comme d'une entraînement idiot qui me laisserait sur ma faim. Je veux que tu te battes avec moi comme tu te battrais sur un champ de bataille. Sans répit. Que si la Mort doit nous prendre, que ce soit avec honneur et non comme ça. Je ne me laisserai pas crever aussi aisément. Toi non plus. Allez, ma Valkyrie, montre ta rage, montre tes crocs. Fais-moi trembler comme personne. Je n'ai peur de rien, mais je suis sûre que tu saurais me faire goûter ce sentiment. Fais-moi vibrer.”

    -Ma, t'veux p'tet une s'conde chanc', nej? Ou t'r'poser, j'sa' pas. T'pas l'air douée.


Une pique lancée en pleine gueule ne peut pas forcément faire du mal. C'est un sourire narquois qui vient à présent s'insérer sur le demi visage. Hel cherche la rouquine. Hel tente de l'enrager au maximum. Hel souhaite se battre réellement. Et l'une d'elles saura mordre la poussière.
_________________
Aldraien
    Le premier coup.

    On pourrait parler d'un coup d'essai, d'un coup d’esbroufe, juste pour voir ce qui se cache à l'intérieur de la bête. Si la Rousse avait été dans une partie de Ramponneau, on lui aurait probablement parlé de bluff, à l'anglaise.
    La Nordique ne se montre pas perturbée par le premier assaut, l'évitant avec une désinvolture toute aussi agaçante qu'impressionnante. Elle ne paye pas de mine, comme ça, mais elle ne montre que le strict minimum. Encore un point commun. Un de plus, n'en viendrait-on pas à compter plutôt ce qui les dissocie que ce qui les rapproche ?
    Que disions-nous ? Ah...la désinvolture.
    Cette femme fait preuve d'un tel esprit de provocation que l'esprit volcanique bouillonne, & menace d'exploser. Lorsque la lame s'abat dans le vide, le regard se fait plus dur. Tu opposeras au moins un peu de résistance, petite fille. Plus d'une fois, dans le passé, Carsenac avait affronté des adversaires déstabilisants, parfois plus forts qu'elle, mais elle avait su triompher, du moins...

    Si elle a obtenu le surnom de l'animal sauvage qu'est le Loup, ce n'est pas en étant enfant de cœur.

    Double-face, double-coeur, double-esprit...Lorsqu'elle est acculée, Aldraien se laisse plonger dans une conscience parallèle, qui lui fait perdre tout contrôle. Toute...barrière. Dans son Royaume, on la pensait parfois possédée par le Sans-Nom, le diable personnifiée, mais comment parlerait-on de ça, dans le monde nordique d'où venait son adversaire ?
    Elle le saurait bien assez tôt.
    L'humiliation tombe. Elle aurait pu frapper pour blesser, pour prendre l'avantage, mais au lieu de ça, elle lui inflige une honte sans pareille. Quelle plus grande insulte, que de voir son adversaire jouer avec soi ? Se redressant, la lèvre se hausse, découvrant une canine dans un grognement dédaigneux. Ne crois pas avoir gagné, Nordique, c'est encore bien trop tôt. Je n'en ai pas fini avec toi.
    Ainsi parle le regard qui, doucement mais sûrement, glisse de l'émeraude de vie à la cendre. C'est l'éruption. La brume envahit l'océan verdoyant.

    Bordel.


    « - Nej. C'comme ça qu'on dit, hm ? »

    L'éclair passe. La rousse a compris ce que veut son reflet, intimement. Elle en est...complètement convaincue. La raison sait. La folie agit, se moquant des certitudes. Le sourire complémentaire trouve son écho, furieux & malsain. Elle bondit, encore. Mais cette fois, c'est avec toute la force de l'inconscience qu'elle attaque. Avec ses tripes, avec sa rage & avec tout le sang bouillonnant dans ses veines, ne demandant qu'à s'exprimer.
    Les coups s'enchaînent, imperturbables. La dextérité est palpable, la force décuplée. Hel n'a pas mille solutions : défendre, parer, éviter...ou attaquer. Le rire s'élève. C'est l'ivresse du combat qui s'élève, alors qu'elle s'embrase. Le métal crie, chante, fuse, mais Volcanique rit toujours, dispensant ses coups comme autant de notes dans une mélodie furieuse. Tempo qui s'emballe. Crescendo. Aucun coup ne ressemble à son prédécesseur. Une certitude : Elle ne s'arrêtera que lorsque l'une des deux mordra la poussière. Ou bien les deux.

    Ab origine Fortis. Brave dès l'origine. Née pour combattre. Née pour tuer.

    ...Ou mourir.

_________________
Hel.
Seconde attaque. Forcenée. C'est ainsi que l'on peut qualifier à présent le reflet roux. Des attaques qui ne laissent aucunement à désirer et font plonger la brune dans une incertitude perceptible. En effet, de pas élégants se passent à une incroyable rage combattive. D'une danse désinvolte qui ne permettent la perception exacte des mouvements, l'on arrive à pire que tout. Un bordel sans nom qui n'a pour but que déstabiliser. Au mieux, blesser, au pire, tuer. C'est là que la Nordique put se rendre compte de la réelle force qui émanait de son double. Une force qui a d'égale celle de son peuple. Rien n'est Français dans ces manoeuvres. On appelle l'étrangère la "Sauvageonne", mais on pourrait bien croire qu'elle peut partager ce titre avec le demi-visage qui lui fait face.
Les coups pleuvent, énergiques, la brune se défend tant bien que mal en prenant le manche de sa hache de deux mains, laissant la lame percuter le manche. Puis, émet quelques coups qui se percutent aussi au fer. Là, il n'est plus question de jouer. Il est question d'agir, de combattre et de se défendre. Le choix des coups est plus que limité dans cette furie sans nom. Si bien qu'une mauvaise manipulation, et un estoc vient tâcher le faciès brun d'une estafilade sanglante sur la joue. Stupeur du prime sang versé sur le champs de bataille. Le sourire se perd, la provocation de même. Elle eut bien raison de ne pas sous-estimer son adversaire.


    “Là, je te retrouve. Là, je te reconnais. Là tu me fais pâlir et manquer un étouffement par des gestes et tes manigances qui me font perdre mon sang froid. Non, tu ne me fais pas peur, toujours pas. Non je ne crains pas tes gestes fourbes, forts et sans l'élégance du premier coup. Là, nous passons l'étape supérieure. Là, nous agissons réellement pour nous faire du mal, pour nous jauger, pour nous connaître. Je n'ai pas envie de te montrer tous mes coups. Je n'ai pas envie de te faire voir de quoi je suis réellement capable, mais si je dois en arriver là, j'en arriverai. Pour l'instant, tu es parvenue à me porter le premier sang. Je suis blessée, mais pas morte. Tu as gagné la seconde bataille, la guerre a toujours lieue. J'aime de plus en plus ce visage que je vois en face de moi. Je le vois comme un fier adversaire qui me remet en question de minute en minute. Peut-être peux-tu réellement m'apporter ce que je souhaite avoir secrètement? Peut-être es-tu celle qui me manque, comme une deuxième partie. Je suis comme une poupée cassée que l'on se doit de recoller. Apporte ta colle, j'en ai bien besoin.”


C'est la débandade. Elle n'arrête pas, si bien que Hel ne peut pas réellement mouvoir comme elle le souhaite. Déjà que dans la taverne, les coups pleuvaient et blessaient. Les visages étaient marqués, le ventre aussi, une cuisse se glissant dans le lot. Rien ne semblable à ce qui se déroule à présent au beau milieu d'Argonne. La brune semblait faillir, défaillir, les genoux commençaient à se plier, la hache commençait à devenir trop lourde pour la force à peine rompue de la Nordique.
Ce qui est bien, généralement, dans le fait d'avoir une pensée unique, c'est de pouvoir agir dans la surprise totale, dans la stupeur générale. De pouvoir faire quelque chose d'anodin mais totalement inattendu. C'est comme une lame, à double tranchants. Soit ça passe, soit ça casse. Hel attendit donc que l'épée soit levée, que ses genoux soient à moitié rompus pour se permettre une légère roulade sur le côté. L'art de n'avoir que des vêtements légers, comme l'aura compris la rouquine. Toute l'utilité de cela étant de pouvoir agir librement, sans entraves et d'acquérir une folle mobilité. La roulade faite, il ne restait qu'à prendre appuie sur un pied ferme et, de suite, commencer à préparer son coup. La hache siffle dans l'air et se dirigea à une vitesse folle vers le flanc. Manque de discernement de l'espace, elle n'aura que très légèrement effleurée la cotte de maille protectrice. Ce fut un bruit métallique scintillant se portant à nos oreilles. Il est à douter qu'une blessure soit existante après un coup pareil.
Au lieu de se maudire d'un coup raté, il faut continuer. De côté, on attend pas que l'ennemi survienne. On bondit tel un félin sur une gazelle. On bondit de sorte à ce que les hanches soient enlacées, que tout le poids du corps vienne s'encastrer dans le corps du reflet. Que le miroir se brise au sol. La hache se perdit à ce moment précis. Les machines de guerre se retrouvent à terre. Mêlées à la poussière.


    -Par Tyr! J'va t'crever com' une chienne! T'fair' mordr' l'poussière par les orbites décharnés! J'va t'pourrir l'gueul' et t'fair' saigner par tous l'trous!


    “Simple provocation. Je n'ai pas envie de te crever. Je n'avais même pas envie de me battre contre toi. J'ai vraiment cette sorte d'admiration pour toi. Une admiration que je ne fais que camoufler, comme je camoufle mes cicatrices de ma mèche. Ces cicatrices que tu as pu voir, puisque tu as les mêmes. Devant toi, j'ai l'impression d'être une proie, tout comme une chasseuse. J'ai l'impression que je peux être en sécurité, comme l'impression de pouvoir crever à tout moment. Être avec toi, ce serait comme subir ton amour et ta haine. Une sorte de relation bipolaire. Mais être sans toi, ce serait comme perdre sa face, perdre la notion de soit et l'intérêt de son existence. Je veille à mes intérêts, avant tout. Tu deviens, à ce jour, un intérêt important pour moi. Je te résisterai, mais je retiendrai toujours mes coups. Tu es ma faiblesse, à présent. Des sentiments étranges entremêlés ensemble. Oui, l'amour existe tout de même chez les Norrois. L'amour, chez nous, est surtout une marque de grand respect et mettre sur un piédestal une personne d'une grande valeur. Là, tu me prouves encore une fois que tu es digne, que tu es forte, que tu n'es pas comme tous les autres putains de Franques. Je t'aime pour cela, pour tout, bien que jamais tu ne saurais l'entendre clairement de mes lèvres.”


    -Va t'fair' fouttr' tas d'graiss' enlaidi!


Et de profiter de la débâcle, c'est une demi-face ensanglantée et rageuse qui se met à attaquer de ses poings sa proie capturée. Des attaques de ci et là, sur le corps. Des coups à se péter les phallanges contre la cotte forte. Un bras qui vient s'emparer du cou, l'enlaçant tout autour, relevant le crâne et coinçant la partie inférieure du corps par des jambes bien placées. La prise n'est pas des plus glorieuse, n'est pas des plus sécurisée pour celle qui la fait, mais elle permet de prendre le dessus. Bien entendu, la rousse a tant de moyen de s'en échapper qu'il faut de suite tenter de préparer une contre-attaque. Dans cette rage aveuglante, Hel ne parvient à voir une suite logique à cette situation. Elle a envie de mordre, sans le faire pour autant. Elle a envie d'étrangler et se permet de serrer son emprise pour étouffer d'autant plus.
Il est réellement difficile de s'attaquer à un guerrier du Nord. Ils sont si imprévisibles qu'ils se permettent d'attaquer n'importe comment sans qu'il n'y ait réellement de logique. Dans les pays, soit disant, civilisés, on combat avec honneur tout en respectant son adversaire. Ainsi, rarement l'on voit des coups bas, des attaques par derrière, des morsures ou quelconques autres atrocités barbares. Pour la brunette, rien n'est plus normal que d'empoigner une joue avec ses canines et l'arracher jusqu'à ce que le sang quitte tout naturellement le futur cadavre. Les coups bas peuvent pleuvoir et pleuvront.
Elle prend conscience, à présent, qu'il n'y a tout simplement plus de batailles à gagner. Il faut gagner la guerre à présent. Qu'il est inutile de jouer au chat et à la souris. Elle ne sait quelle fin parviendra à elle.


    -Chut. Tiens-toi tranquill'. Prend l'baiser d'la mort. Lais' t'coeur exploser. Dans m'bras. Chut.

_________________
Aldraien
      « La vie est la seule chose au monde pour laquelle il vaille la peine de mourir. Et l'amour est la seule chose qui nous permette de mériter pleinement la mort.  » - Hamelin


    La folie destructrice s'abat. On pourrait croire à un orage, dont les coups de tonnerre n'ont de régulier que la puissance avec laquelle ils s'abattent, sans qu'aucun autre élément ne puisse laisser prévoir où s'abattra le prochain éclair. On sait qu'il s'abattra, striant le ciel comme la lame strie ce visage déjà par trop abîmé. Tu es mon ciel, mon Hel, & je serai ta foudre. Laisse-moi donc t'arracher quelques cris pour te montrer comme je sais être puissante, à l'instar de la foudre qui fait trembler montagne & mer lorsqu'elle tombe sur notre Terre.
    Les bruits de tambour s'acharnent, assourdissant pour les oreilles mortelles. On peut parvenir à distinguer des étincelles lorsque les armes s'entrechoquent, faisant jaillir tout le savoir-faire des deux combattantes. Fort heureusement, il faut plus qu'une étincelle pour faire un feu, ce qui ne l'empêche pas d'être présent en elles, consumant leurs corps & leurs esprits, les flammes du combat se reflétant dans leurs iris semblables, & pourtant...


    « - T'as vu...Elle recule. Hin. Hin. Tu vas gagner. Tue-là, tranche sa gorge. On n'a pas besoin d'une autre comme nous.
    - Attends...
    - Assez attendu. Assez joué. Tue, maintenant...Comme lorsque tu as tué la Berrichonne, tu te souviens ? Rapide. Silencieux.
    - … Elle m'avait provoqué.
    - Elle ne te provoque pas, celle-là ?! »

    Dialogue entre folie & elle. Elle a raison, comme à chaque fois. Elle guide la main qui se fait plus sûre encore, plus imprévisible qu'elle ne l'a jamais été. Elle s'est très rarement battue comme ça, Hel faisait naître en elle une chose étrange. Un sentiment puissant. Elle faisait revenir en elle tous les démons qu'elle avait cru assez profondément enfouis pour ne plus jamais en entendre parler.
    Le regard, lui, s'allume lorsque le sang vient tâcher sa lame, avide. Juste une égratignure, mais ça donne le ton à ce qui approche : un séisme fulgurant. Le sourire s'élargit, nourrit par la vue du carmin vital qui s'échappe. Encore une fois, elle marque son reflet à son image. Voilà de quoi rendre folle son Autre, de quoi lui faire perdre son sourire bien trop sûr & bien trop présent, estomper cette nonchalance qui la caractérisait jusqu'alors.

    Non. Elle n'est pas plus émue que ça par les douces promesses de la Déesse de la Mort. Elle l'attend, elle & ses convictions. Pour l'instant elle n'a pas vu grand chose, pour ne pas dire rien, & elle sait que la Nordique cache plus qu'elle ne voudrait bien l'avouer.
    L'esquive, elle ne s'y attendait pas, mais elle lui prouve qu'elles se battent de la même manière, privilégiant la légèreté à la force pure. Le coup, elle le voit venir, & lâche un dédaigneux
    « Pas assez rapide, petite. » en effectuant un léger retrait en arrière, pour que la lame ne fasse que l'effleurer. Heureusement, d'ailleurs, si elle n'avait pas eu sa cotte de mailles, elle aurait fini éviscérée ; la Volcanique ne l'avait pas sous-estimé, & c'était une chance pour elle.
    Hel perd le contrôle. Ou bien est-ce plutôt Frey ? Allez savoir.
    Toujours est-il que dans l'action, le mouvement entamé par la brune lui fait perdre l'équilibre & lâcher la lame qui rejoint le sol dans un bruit sourd. Leurs bassins unis la gratifient d'une décharge électrique au creux des reins. Ce n'est pas le moment, putain !

    Le retour de la provocation, la Nordique serait-elle en difficultés ? Héhé.


    « - Bah viens. »

    Ultime défi.

    Pour le coup, elle vint en effet. Les coups se firent pluie. Suite à l'orage, au tambour du tonnerre, c'est maintenant un déluge de coups qui s'abattent sur le corps entravé de Carsenac. Elle se défend comme elle peut, se débattant pour mieux réussir de son bassin à la faire basculer à nouveau, mais Hel s'attache, comme si sa vie en dépendait, & c'est peut-être bien le cas. Sur la cotte de mailles, les coups ne l'atteignent pas, mais le bras qui prend son cou en tenaille, elle ne peut rien contre. Elle cherche à la frapper, de toutes ses forces bien maigres dans cette position, mais c'est comme si l'Amazone réussissait à être hors de portée de tout, alors qu'elle se trouvait au plus près d'elle.
    Elle l'étouffe. La Volcanique cherche son air, elle donne de grands coups de poing qui atteignent enfin leur cible, le foie de la Nordique qui résiste beaucoup trop bien à la douleur. Les fourmis gagnent ses membres par manque d'oxygène, & dans un ultime sursaut, elle empoigne la tête nordique, par les cheveux, & vient écraser ses lèvres contre les siennes, bestiales, cherchant son souffle directement à la source.

      Fais-moi respirer, tue-moi, sauve-moi.
      Déteste-moi.
      Aime-moi.


    Le voilà, le baiser de la Mort.

_________________
Hel.
      «L'Amour c'est la Vie. La Mort c'est perdre les deux.» -From Hel.




Nous y voilà. Alors que le souffle se perd dans l'une, la folie s'aiguise de l'autre. Le ferreux carmin coulant le long de la joue et se mariant à la perfection aux lèvres d'une endurcie, cela a le pouvoir de conférer une puissance dynamique supplémentaire qui sait faire perdre raison à la plus raisonnée des personnes. Aussi, la gorge est bien serrée. Ainsi, rien ne peut la déloger de là. Rien, même pas les coups donnés dans le ventre, dans le foie. La Nordique est trop sévèrement attaquée cérébralement pour sentir la moindre douleur. D'aucuns diront que la crasse protège magnifiquement bien la peau et les organes des bouseux. D'autres diront qu'à boire des litrons d'alcool est suffisant à ne plus rien ressentir. En vérité, c'est à force de se prendre des coups dans le ventre, dès sa plus tendre enfance qui a laissé germer une sorte d'armure. Une peau tannée qui protège des "pichenettes". Alors oui, il y a une sensation. Alors oui, personne n'est infaillible. Mais la folie aidant, elle ne sent rien et continue de serrer sa proie tel un Boa.
Il y a bien de nombreuses techniques pour s'échapper, tout de même, de ce genre d'emprises. Rien ne laissait, néanmoins, présager que de s'emparer des cheveux pour plonger les lèvres contre celles de l'ennemi était une technique bien réelle et possible. C'est un choc. Un choc des cultures. Un choc de surprise. Une chose à laquelle personne ne pouvait penser. Si ce n'est elle. La rouquine qui a plus d'une corde à son arc. Elle s'abreuve à présent de la respiration incontrôlable de celle qui la tient fermement.


    “Wut?!”


C'est l'apocalypse du cervelet. C'est le démembrement du cortex préfrontal et des lobes occipitaux. C'est la folie assurée et le désarroi qui laisse le champs de guerre en suspend, tout comme le temps. Les morts ne se comptent plus. Il faut juste chercher à comprendre. Savoir. Agir. Ce n'est juste pas possible que cela puisse se produire de nouveau. C'est un coup bas! Il faut protester! Brandir le carton rouge! Il faut agir, ce n'est pas normal!
C'est que la Nordique est très sensible à ce genre d'acte. C'est comme si on lui aspirait toute sa force, tout son être, son essence vitale. Qu'on l'affaiblissait. Qu'on la meurtrissait. Qu'on la prenait pour la vider de tout ce qu'elle peut être.
Non, en réalité c'est surtout par cause d'une attirance quelque peu inavouée pour la rouquine que la brune se met à lâcher prise pour ne s'emparer, à présent que de la tête et parfaire un baiser qu'elle ne souhaite pas achever de sitôt. Elle lui redonne le souffle qui lui manque. Insiste bien sur sur l'impact des lèvres contre les autres. Entrouvre la bouche, laisse l'air s'écouler, ainsi qu'une gourmande venant chercher l'autre dans un mariage, une symbiose parfaite. C'est un instant de faiblesse, qui fait oublier la moindre défense. C'est un instant où tout est possible, même un coup bas fantasque. Là, Hel est à la merci de n'importe qui. N'importe quoi.


    “Loki doit vraiment m'avoir dans sa visée pour m'octroyer pareille bassesse. M'offrir mon double, et se permettre de semer le chaos dans mon esprit lorsque cette bougresse vient quérir mes lèvres. Mon coeur fond, réellement affaiblie par cette cavité sournoise qui souffle en moi un rayon de vie, un rayon d'amour. Même si je sais devoir me méfier des ruses de cette rouquine garce, je ne peux m'empêcher de savourer, de caresser cette peau douce d'un côté, rugueuse de l'autre. Je ne peux retirer mes pensées lubriques de mon esprit, de vouloir la cageoler, la caresser, sentir la fermeté de sa poitrine ainsi que la dureté de son émoi. J'ai beau secouer la tête, je ne le peux. Je ne peux me déloger de là. Voyons, Hel? Que fais-tu donc? Qu'es-tu en train de faire comme connerie? Tu dénatures ta culture, tes voeux, ta foi pour sombrer dans la niaiserie copulatoire. Reprend-toi! Merde!”


    -Valkyrie. Assez pour aujourd'hui. N'sommes pareilles, y'aura pas d'victorieuse, ni d'mort. Just' toi et moi. J'peux pas continuer.


Ne pas continuer. Surtout pas après ça. L'oeil unique d'émeraude se déverse sur ceux de son adversaire. La haine et la rage laissant place à une émotion toute autre. Elle n'avait pas la force de continuer. Certainement allait-elle en profiter pour l'insulter, la dénigrer, dire que la brune n'est autre qu'une lâche, une couarde, une perfide peureuse. Hel accepterait alors ces mots, en râlant, certes, mais il fallait mieux cela que de perdre en déshonneur pour laisser gagner le camps adverse à cause d'une impossibilité à mettre en mal la vie de son reflet.
Miroir, mon beau miroir, qui est donc la plus lâche? Nous deux. Nous quittons le confort d'une vie choyée, d'un caractère bien trempé pour s'enjoindre à des voluptés nuptiales telles que celle-ci. Un baiser. Ce n'est rien, surtout pas pour retrouver son souffle. Mais on embrasse jamais un quidam qui souhaite la mort de l'autre. Pas en connaissance de cause. C'est une relation d'amour et de haine qui commence à s'installer. Une relation qui n'est pas sans laisser un effet visible sur la peau pâle. Un relation bien digne des gens du Nord qui n'apprécient guère la niaiserie, la débilité de l'amour.
Toujours l'iris plongé sur son autre, mille questions taraudent l'esprit de la brune. Elle se relève enfin, laissant percer une main vers la rousse. L'honneur guide cette main, et non la bassesse. Un sourire vint poindre le visage émacié. La Mort n'est pas au rendez-vous pour aujourd'hui.


    -T'as r'trouvé d'la couleur.

    “Ne refuse pas cette armistice, je t'en conjure. Je ne veux pas à nouveau briser ce beau miroir. Tu viens de me choquer. Encore une fois. Continue, et je serai totalement folle. Totalement folle de mon reflet. Continue, et je te verrai pour bien plus qu'une Valkyrie ou qu'une vulgaire Franque merdique. Continue, et je ne comprendrai toujours pas ce qu'il m'arrive lorsque je suis près de toi. Fais juste quelque chose, que je comprenne que nous avons les mêmes pensées, le même esprit. Je n'ai plus envie d'être seule lorsque je te vois, lorsque je me vois. Toi et moi? Ja?”

_________________
Aldraien
      « Même avec un miroir, je refuse de te partager. » - Anwar


    Le temps suspend son vol, & les deux pauvres créatures, ci-bas, enlacées l'une contre l'autre dans une union improbable, semblent se tenir hors du temps, hors du monde. Dans une ruelle où rien ne pourrait les interrompre, elles échangent un instant divin. Elle qui, une seconde plus tôt, manquait cruellement de souffle, voici à présent que la vie déferlait en elle avec une vigueur digne d'un torrent, l'air se frayant un chemin à travers les voies respiratoires à la manière de la lave dans les veines d'un Volcan. La tête lui tourne, sous tant d'intensité, son regard se floutant pour mieux s'éclaircir à nouveau.
    L'affaiblir ? Ce n'était pas son but premier. Elle voulait s'affermir. La ressentir toute entière à travers ce baiser qui scelle leur folie commune. Elles s'étaient longtemps cherchées, & leur rencontre n'avait sans doute rien d'un hasard. Loki ou Tyr ? La réponse leur serait livrée, mais plus tard. Bien plus tard. Il n'était pas question de rompre l'étreinte pour y réfléchir. Ma douce folie, torture inavouée que je te réservais depuis longtemps.

    Prendre. Oui, elle prenait, tout ce qu'elle pouvait agripper de ses lèvres, de son regard, de ses doigts crispés par le manque d'air qui reprenaient vie à leur tour. Elle prenait tout ce qui lui était donné, & même bien plus encore, mais elle faisait montre de générosité, dans tout ce qu'elle pouvait offrir en retour. Un donné pour un rendu. Une vie, pour une vie. Je suis ta faiblesse, tu seras ma force. Ces deux femmes qui ne font qu'une, complémentaires, à l'instar de la main gauche & de la main droite, de la lame & la garde, de l'arc & la flèche...la Vie & la Mort.
    Éternellement indissociables.
    Les jumelles à leur tour se trouvent, s'agacent pour mieux s'enlacer. La danse est endiablée...la témérité, envolée. Elles ne cherchent plus à se braver, à se jauger, mais les voici qui se découvrent, réellement, sans les masques qu'elles ont l'une l'autre pu porter, à tour de rôle, pour cacher leur vraie nature. Les mains, dans une parfaite imitation, viennent se poser des deux côtés du visage émacié de la brune. La sentir, encore. Les marques sous ses doigts, ces sensations si semblables à celles qu'elle pouvait ressentir en parcourant les sillons laissés par le feu. La connaître. La reconnaître.

    Plus question de coups bas, mon Hel. Plus question de piège. Je respire à tes côtés. La puissance que tu insuffles en moi n'a aucune équivalence en ce monde. Nulle part. Tu m'as fais naître Valkyrie. Fais-moi grandir à présent
    .

    « - La mort viendra. Pas aujourd'hui, mais un jour, un jour prochain. Toi & moi. Nous continuerons. La rouquine à son tour, imbriqua son regard dans celui de la Nordique qui la surmontait. Détermination s'y lisait, mais pas seulement. Amour, haine. Quelque chose de plus. L'envie. Tu es faible, Hel, j'espère que tu le sais. Tu es terriblement faible. Mais tu sais quoi ? Moi aussi.»

    Un aveu, le premier. De la haine, de l'attirance, de la rage, du désir. Cette femme l'intriguait, lui donnait cette impression de ne plus être seule au monde. Son reflet, son autre, sa moitié...Tous les synonymes sont bons pour qualifier leur relation aux allures narcissiques. Deux corps pour une même âme. Si elle avait un jour cru cela possible.
    Mais c'était encore plus que ça. Son attirance pour la brune n'avait rien d'une coïncidence. Elle lui permettait de laisser ressortir d'elle qui elle est vraiment. Une femme forte. Dangereuse. Terriblement belle, & envoûtante. Une Déesse, qui sait ? Nous faisons ressortir le meilleur & le moins bon, l'une de l'autre. Toi & moi. A présent, nous ne pourrons plus parler au singulier ; Hel sera impensable sans Freyja, & inversement.
    La main est saisie. Elle se redresse avec l'aide, sa main libre venant frotter la gorge endolorie de l'étranglement. Elle souffre des coups infligés depuis sa rencontre avec Hel, mais c'est tellement bon, donner & recevoir. C'est presque une douce souffrance. Non. Une douceur torturée. Paradoxes & oxymores comme seconde nature.


    « - Toi aussi. T'as les joues rouges. »


    Rouge du carmin volé dans l'affrontement. Outrageusement, elle attrape la nuque, profitant de l'élan qu'elle a reçu pour se relever, & vient ôter quelques gouttes du ferreux de la joue lacérée. Prendre encore. La saveur se glisse sur les papilles, & lui arrache un frisson.
    Ce n'est que le début de quelque chose de bien plus grand, qui les dépasse de loin. Ramassant avec une lenteur toute calculée l'épée tombée au sol, elle se redressa de toute sa hauteur pour la remettre dans son fourreau après avoir essuyé contre ses braies le sang qui a souillé l'acier.


    « - Je t'emmène là où je dors. Nettoyer les blessures, manger & boire. Tu peux changer l'ordre, mais on fera les trois. Parle-moi de tes Dieux. »

_________________
Hel.
    “Je ne suis pas faible, je ne suis pas de celle qui se complaît dans le luxe et la volupté et de la peur de se péter un ongle en jouant avec un godet de bière qu'elles dédaignent pudiquement. Enfin, je suis pas faible sans raison. Je ne l'étais pas, avant de te croiser. Ni même avant de me rendre au chevet de la patrie française. J'ai beaucoup changé. Trop d'un coup, et tu me le fais remarquer sans cesse, souhaitant que je me découvre cette partie chagrinée de mon visage pauvre en charme. Tu insistes jusqu'à ce que je m'énerve pour améliorer ma vision éronnée de moi-même. Du coup, forcément, je rejette ce que tu me laisses entrevoir sur toi. Devenant folle de toi car tu es en position de force. Tu es ma force, et je suis faible. Mais quand je suis forte, tu es faible. C'est ainsi, nous sommes toutes les deux des faibles. Tout ça parce que je te vois que comme une union parfaite de nos deux âmes. Comme une déesse qui charme une autre. Hey, ma belle, tu te plairais à faire régner le chaos en ce monde, tous les deux? Rendre fous ces faiblards franques à la con qui ne savent que palabrer pour dévoiler des tournures de phrases idiotes et stériles? Toi qui cherche la mort, prenons la vie et amusons-nous de tout ces bénéfices que nous pouvons, à présent, entrevoir.”


C'est amusant de constater comme la tournure des évènements prend une suite déconcertante. D'abord à se foutre sur la gueule, les deux êtres équivalents s'échangent un amour fusionnel et perturbant. Salive et souffle mêlés, une symbiose équivoque qui fait vrombir le bas ventre d'une brune en manque de sensation forte. D'une rencontre mouvementée qui, au premier abord, ne devait mener à rien et qui mène alors à un tout complémentaire. C'est fou de voir à quel point un regard haineux peut se transformer radicalement, palpiter, briller et pétiller de mille feux. C'est le feu qui anime la Nordique à présent. Le feu qui étiole son intimité, mêlant la fonte de son coeur de glace par la Volcanique retrouvée entre ses lèvres. C'est émoustillée, totalement, complètement qu'elle jète son dévolu sur elle. Oui. S'il y a un choix à faire, aujourd'hui, c'est le choix de la vouloir, elle. La Grande et Forte guerrière qui sait tenir tête à la plus infâme des créatures.
Après avoir tout fait pour paraître austère et lugubre, forte et franche, la voilà déconfite à présent, la nuque attrapée par l'adversaire n'étant autre qu'un reflet dans un miroir laissant miroiter les plus douces perspectives d'un avenir fleurissant. Peut-être pourraient-elles parler, pas pour dire des futilités hostiles. Peut-être pourraient-elles s'allier ou même se lier. Comme ce qu'elles viennent de vivre à l'instant. C'est la rouquine qui a commencé l'impact de la sorte. La Nordique s'est pliée, une nouvelle fois, rompant sa coutume pour foutre un genou à terre et accorder ses faveurs à l'héroïque Valkyrie.


    -Pas b'soin d'me soigner. J'laiss' l'natur' fair' son office. J'graill'rai et j'boirai. C'tout c'que j'veux fair' pour l'heur'. T'parler, aussi. Just' t'parler.


Coup bas dans la couenne. C'est vraiment douloureux de dire franchement que l'on est attirée au point de vouloir discuter, sans détour. Sans un cheminement spirituel qui amène à faire pleuvoir les coups. C'est ainsi. C'est comme ça. C'est un duo de similarités qui se rendent alors dans la taverne la plus proche. Une fois à l'intérieur, le corps à présent mou de la jeune se perdit sur une chaise sur laquelle elle prit ses aises. Sur laquelle elle se reposa. Toutes ces émotions pouvaient bien la tuer tant elle n'avait l'habitude de cela. Elle laisse décrisper son visage à l'encontre de sa jumelle. Un sourire naît. Beau dans sa simplicité tandis que la prunelle ne quitte le corps élancé de son défi.
Son défi, elle la voit comme cela. Tel quel. Une envoyée des Dieux pour la faire flancher dans cette vie misérable qu'est la sienne. Elle a déjà vaincu des démons, et la voici devant d'autres. C'est impossible que ce soit autrement, les moindres faits et gestes sont remarquablement similaires. Une pensée unique et quelques mots mêlés au même instant dans une parfaite fusion. Et ça, c'est une Déesse. C'est une Déesse qui souhaite en apprendre plus sur les Dieux Norrois. C'est un rire qui quitte les lèvres de la sauvage. Un rire farouche tant la blague est grande en cet instant. Tant elle pense que la rousse se fout sévèrement de sa gueule. L'oeil se plisse. Interroge l'allure de l'autre. Ce ne peut être autrement.


    -T'veux savoir quoi d'mes Dieux? C'pas si simpl' d'te raconter tout' l'histoire. C't'un peu compliqué, mâm' pour moi.


Les phallanges se meurent dans la chevelure brune, dans cette mèche qui recouvre inlassablement la partie gauche de son visage. Un tic qu'elle a depuis de nombreux jours, mois. Qu'elle ne quittera jamais. Ce pourquoi ses cheveux sont doux et soyeux, si bien entretenus. Bien plus que le reste de son corps.

    -J'peux d'jà t'dire qu'y'a onze Dieux principaux. T'as Odin, Frigg, Thor, Loki, Baldr, Freyr, Freyja, Tyr, Njörd, Hel, Heimdall. Toi, t'me fais penser à Freyja. T'mâme allure. T'mâme caractère. Mâme flamboyance. J'suis sûre qu't'es envoyée par Loki pour t'jouer d'moi. C'ça?


    “Si tu oses me dire que c'est pas le cas, je te frappe. Sincèrement, te fous pas de ma gueule. Je suis sûre que tu es une Déesse. On ne peut rencontrer une personne qui a subit les mêmes sévices, qui a le même caractère, les mêmes pensées et que ces deux personnes s'emboîtent à la perfection, formant une union parfaite et sensible. J'ai le coeur qui bat comme tu ne peux le savoir, le songer, le penser même. Il est même prêt à exploser tant je t'ai dans la peau, ma Déesse. Tu me fais frémir et étouffer. J'étouffe quand tu es comme ça devant moi. Je sais que Loki m'a offert ce visage pour pouvoir me prendre. Comme la Déesse Hel, sa fille, qui a le même faciès délirant. Il l'aime à la folie, il la chérit contre lui à chaque instant. C'est la prunelle de ses yeux, son bien le plus précieux. Je sais qu'il me veut pour lui, à la ressemblance de sa fille aimée. J'attends ce moment avec impatience, et te voilà arrivée. Déesse de l'Amour. Tu viens tâter le terrain pour voir si je suis digne d'aller m'allonger aux côtés de mon Dieu, de lui offrir mes cuisses, l'intérieur chaleureux de mon antre qui n'aura envie que de lui. Tu me fais frémir pour me détourner de ce droit chemin. Te fous pas de ma gueule, Freyja. Bas les masques avec moi ou tu subiras ma colère. Une colère digne des plus grandes déesses de ton monde.”


Et le visage se ferme à nouveau. Le sourire s'en va, quitte ce monde. L'oeil se plisse, l'émeraude disparaît petit à petit à l'encontre de la taquine Déesse. Elle est persuadée que c'est ainsi et que cela ne peut être autrement. Elle aime tellement ses dieux qu'elle ne peut songer à autre chose. Qu'elle ne puisse songer un seul instant qu'il s'agit là d'une coïncidence fortuite de la vie. Une nouvelle route qui s'offre à elle, de son destin non tisée par les belliqueuses de la Destinée. L'oeil se plisse un peu plus pour voir à travers la chair, pour entrevoir le coeur et ses raisons. Bien entendu, rien ne se laisse percevoir. L'invisible est là. Sera toujours là.

    -P'tain, et t'veux que j'te crèv' alors qu't'es immortelle. Tu t'fous d'ma gueul'.

_________________
Aldraien
      « Les êtres se déchirent, les êtres s'attirent, & parfois, ils font tout ça à la fois. »



    La Volcanique n'est pas comme toutes ces personnes décrites par la Nordique. Rien à voir. Même pas un peu. Là où elle critique l'oisiveté & la bêtise des bien-nés de France, Aldraien ne supportait pas rester en place, toujours à la recherche d'une activité, d'une mission à mener pour se sentir en vie. L'inaction c'est la mort, elle en était passée juste à côté bien trop souvent pour vouloir tenter l'aventure une nouvelle fois.
    Agir, toujours.
    Hel avait mieux que quiconque compris la nature profonde de cette rousse marquée par le temps & le feu. Elle est noble, respectée & influente à son niveau, mais elle n'a pas obtenu sa reconnaissance par la plume & la bureaucratie. A la manière des guerriers nordiques, elle a obtenu ses galons en versant son sang, & surtout celui de ses ennemis. Son titre n'est pas le plus grand, dans la hiérarchie héraldique, mais c'est le plus méritant. Celui que l'on reçoit pour haut-faits, pour l'exemplarité. Bien entendu, sa comparse ne devait pas savoir tout cela, mais elle devait s'en douter, puisqu'elle connaissait mieux que personne qui elle pouvait être.


    « - Nous parlerons, alors. »

    Conciliante. Aucune raison de lui refuser ça, même si elle avait failli la tuer. Elle l'avait loupé, encore, mais finirait bien par réussir. Ce n'était que partie remise. Sa mort, glorieuse, elle la voulait, & elle finirait bien par l'avoir.
    Pour le moment, elle voulait en apprendre plus. Sur Hel, ses coutumes, ses Dieux, sa vie. Un peu plus, elle en deviendrait niaise. Pas question de tomber là-dedans, même si...même si la brune, sous ses aspects monstrueux, réveillait en elle un sentiment endormi depuis longtemps. Elle était terriblement belle, sous les cicatrices du visage. Visage juvénile, beauté intérieure. Feu sacré qui enflamme le triangle divin, lorsque les émeraudes se posent sur son opposée complémentaire.
    La taverne. Elle dépose son épée sur la table, & se met à fouiller pour trouver de l'alcool & un linge propre. De l'alcool tant pour boire que pour désinfecter. Revenant à la Nordique, elle imbibe le tissu, & vient nettoyer la plaie sur la joue, sans lui laisser le choix, sa main libre maintenant le visage aussi immobile que possible.


    « - Chut. Arrête de t'agiter, douillette. Laisse-moi faire. »


    Terminant, elle prit la bouteille d'alcool & but directement au goulot, un filet glissant le long de son menton, puis de son cou, indiscipliné. Le rire qui s'échappa des lèvres scandinaves alors qu'elle posait une question très sérieuse lui fit froncer les sourcils, & s'installer sur une chaise adjacente, la chaleur de l'alcool retrouvant sa gorge trop sèche.
    Elle s'intéresse. Elle s'intéresse & se prend un fou rire dans la gueule pour réponse. Si elle n'avait pas déjà assez fait couler son sang aujourd'hui, elle remettrait ça, là. Elle a envie de lui casser les dents, de la faire implorer son pardon. Lui faire regretter son insolence. Elle a envie de l'embrasser, de l'embraser, de réveiller tous ses sens & de les exalter. De la brûler. De l'insulter, encore & encore, à chaque baiser qu'elle lui donnerait. Tant d'émotions contradictoires.
    Tu sais ce que je veux savoir...Ce n'est pourtant pas compliqué. Tu crois que je suis une Déesse, j'ai dû tout oublier de cette vie-là. Alors...aide-moi à me souvenir.


    « - Onze Dieux principaux...ça en fait du monde, à retenir. Mais toi t'y arrives très bien. Loki...C'est le petit rigolo de la bande, non ? Celui qui s'amuse, qui te fait avoir des hallucinations... ? »


    La Volcanique se rapprocha du visage détesté, encore que trop aimé. Elle retira cette foutue mèche du visage à demi-dissimulé. Elle voulait la voir, telle qu'elle était réellement. Bas les masques, toi aussi. A l'oreille, elle vient susurrer quelques mots.

    « - Mais je suis pas une hallucination, moi. Je suis belle & bien là, tu me vois, non ? Tu me sens...Tu peux me toucher. Je suis là. Freyja...ça me plaît bien, comme nouveau prénom. Mais si j'suis immortelle...Toi aussi tu portes le prénom d'un de tes Dieux. Alors...Ca veut dire qu'on essaiera de s'entretuer, pour l'Eternité. Ca te va comme programme ?»

_________________
Hel.
      « Adopteunesauvageonne.com»




Comment aimer qu'on se fasse toucher pour amener à une désinfection des plaies cutanées? Ça pique toujours, c'est indélicat, ça fait gémir et couiner comme un petit animal blessé. La brune est un animal blessé à cet instant. Tant par le fait qu'elle a de nouveau échoué dans son combat que par cette vilaine estafilade qui pourrait s'infecter et amener quelques maladies terribles causant certainement la mort ou bien l'extinction complète de sa beauté. Visage déjà maladif dont elle à une honte absolue. Une honte, sauf quand la flamboyante est là. Elle a déjà désinfecté son coeur et son esprit. Elle a déjà désinfecté sa vie. Complètement, d'une façon foudroyante, comme Thor qui agite son marteau sacré menant les éclairs dans le corps adverse. Un coup de foudre. C'est de cela qui s'agit.
Première rencontre, la brune n'était déjà pas dans son assiette. Première bagarre. Mauvais coup au ventre. Puis, des insultes, des cachotteries révélées. C'est un pur jeu de complots sans demi-mesure que la Nordique sait apprécier pour l'heure. Le jeu du chat et de la souris, perpétuel. Mais tel le ciel foudroyant, c'est le bordel dans son esprit. Comment pourrait-elle dire qu'elle l'aime alors qu'elle la déteste? Alors que son autre pourrait comprendre dans le mot "haine" tout l'amour qu'on pourrait lui porter. Elles s'aggripent, elles s'entre-déchirent, elles se molestent et finissent par s'embrasser. Volontairement ou non, suivant les instincts primaires de la bestialité effarante.


    -Un combat d'immortels? Hm. J'pas sûre qu't'puisses survivr' à ça. Ça voudra' dir' qu'tu d'vras m'supporter tout c'temps. Et moi aussi. C'voudra' dir' qu'tout' l'vie, on d'vra êtr' ensemble. J'pas forcément envie d'voir ta sale gueul' d'monstr' tout l'temps.

    “Regarde-moi bien dans les yeux. Je te dis ça, c'est juste que je m'enferme à nouveau dans ma coquille défensive. Regarde-moi juste correctement, plonge tes iris, tes émeraudes dans mon oeil. Apprécie le regard que je te fais et mon sourire qui l'accompagne égayant mon faciès pour toi, juste pour toi et rien que pour toi. Mes mots dépassent mes pensées. Je ne pense pas un traître mot. Ne prend pas la mouche, tu m'auras toujours ainsi. D'un côté, je crois que tu aimes ça pour me supporter encore à l'instant. J'aimerais vraiment vivre avec toi pour l'éternité. Tu as cette sorte de magnétisme qui m'emporte inexorablement vers toi. Pauvre folles que nous sommes. Nous finirons bien par nous entre-tuer, je n'ai aucun doute là-dessus. Autant que ce soit dans longtemps. Le temps d'une vie. À deux. Excuse-moi encore pour les paroles que je peux avoir à ton encontre. Je suis bien plus un monstre que toi.”

    -P'tet que c'que tu veux c'est d'rejoindr' Hel. L'vraie. L'déesse d'la Mort. D'vivr' avec elle et troncher Loki, l'rigolo. J'suis sûre qu'tu veux l'mort juste pour c'raison et qu'tu m'laisseras toujours avoir l'dessus sur toi. Râve pas. J'te l'donnerai pas si facilement. Tarée.


C'est un regard haineux qui se pose de nouveau sur la rouquine. La voilà de nouveau énervée. Se retrouvant totalement prise au dépourvu par ce qui se passe, ce qu'elle subit alors. Elle se sent comme une larve, une folle prise dans un jeu dont elle ne souhaitait être participante. La voilà contrainte à se torturer l'esprit de plusieurs émotions distinctes. Le sourcil se fronce sur la pupille. Elle tente de scruter son autre pour réellement connaître ses motivations. Elle n'a envie que de nouveau renier la réalité et de se renfermer sur elle-même. Ce qui, d'un geste brusque, se montre en envoyant paître la main qui la soignait. C'est dans son langage, dans son dialecte qu'elle adresse quelques insultes à son encontre. Des insultes que seule la brune peut comprendre, bien évidemment, mais des insultes qu'elle peut contrôler à sa juste valeur.
C'est une capricieuse bien plus volcanique et lunatique que peut l'être la rousse. Un coup tout va pour le mieux, et ensuite tout disparaît. Elle garde le souvenir doux du baiser échangé plus tôt. A le souhait d'en retrouver un autre. Mais le refoule d'un mouvement dédaigneux de la tête, préférant alors replacer sa mèche là où est sa place, là où elle se doit de rester forte pour contempler les désirs de camouflage de la petite furie. C'est une tempête qui se prépare contre la volonté du corps qui boue d'une envie perceptible. C'est tout son être qui tremble, fulmine de toutes parts. Une partie plus brûlante que d'autres. Elle transpire de mécontentent et d'envie. L'émeraude se repose alors sur son autre.

    -T'veux quoi d'moi? Si c'n'est l'Mort, l'connaissanc' d'mes Dieux et m'foutre la honte d'vant l'autres en m'montrant telle qu'j'suis réellement? T'veux quoi, p'tain! J'suis ran pour toi, t'ran pour moi. T'juste une vieille qu'veux contenter s'derniers jours d'une nouvelle poupée vivante? T'as pas d'aut' putes à aller chercher pour l'baiser? P'quoi moi? Pa'ce qu'j'te ressemble? Ja! J'te ressemble. Ja, on est pareille. P'tain qu'j'aime quand t'm'as embrassé comme ça et qu'j'ai du respect pour ta force. Ma' marde, j'comprend pas. J'mal à l'tête. Y'a tant d'choses que j'comprend pas. Et t'es là, t'veux tout apprendr' d'moi et moi, com' une conn', j'te dis tout. J'te dévoile tout. J'me met à nue. J'te déteste. J'te hais. Lâche-moi, mard'. J'TE HAIS!

    “Qu'une parole et je suis tienne.
    Pour l'éternité.”


    -Tu m'rends foll'. J'suis cinglée. T'es qu'une raclure' d'Franque faibl'. Une cramée, une brûlée. Un déchet d'l'humanité.

    “Même sans rien dire.
    J'aime tes lèvres.”


La brune se tient la tête entre ses mains, secoue le tout fortement, les iris sombres, foudroyant. Elle se déchire seule de l'intérieur dans des paroles contradictoires, des émotions de même. Elle ne peut se résoudre aussi aisément à ce qui lui arrive. Elle change trop, trop vite, pour sombrer dans la faiblesse d'un sentiment qui l'emporte bien trop rapidement. Si rapidement qu'elle ne peut s'empêcher de sauter au cou de la Valkyrie. Mêler ses lèvres aux siennes avec force et sauvagerie, mouvoir la tête de gauche à droite pour mieux anticiper la fente de sa bouche. S'y frayer un passage pour aller chercher la langue délicieuse et fourbe. Se mêler aux caprices du désir fou. Les mains allant prendre appuie dans la nuque, y plantant les griffes pour éviter qu'elle ne puisse fuir à l'étreinte divine. Le baiser s'échange de nouveau, plus comme celui de la mort qui vient quérir son âme la plus précieuse. Mais comme le baiser d'une passion, d'une quête qui s'achève alors que les souffles se mélangent.
Elle ose maintenir la pression contre le visage adverse, avec force et peu de délicatesse. Elle ose fouiller en l'autre sans retenue, allant jusqu'à l'étouffement si les deux respirations mêlées n'aidaient pas déjà à la survie de chacune. Quelques secondes, voir quelques minutes la firent complètement dérailler, perdre le fil de ses pensées. Là, contre l'autre, contre elle, elle se sentait si bien qu'elle pouvait tout oublier. Se sentir bien et elle-même. Elle se complet royalement dans cette position. Ventre contre ventre. Poitrine contre poitrine. Lèvres contre lèvres.
L'émeraude se rouvre. Un sourire se forme. Le coeur bat fortement. Il est possible d'assister là à un amour naissant et éclatant mais bien difficile à comprendre par les gestes et les apparences de chacune.


    -J'te hais.

    “Je t'aime.”

_________________
Aldraien
      « Dis-moi qui je suis, je te dirai qui tu es. »


    Tout ceci n'a aucun sens. Aucun. Comment était-ce seulement possible ? Incompréhensible. La Volcanique regarde le reflet, les marques laissées par les flammes d'un Enfer commun, mais c'était au fond comme si elle ne les voyait pas réellement. Ce n'était pas ces cicatrices qu'elle regardait, ainsi subjuguée, mais l'âme qui se cachait derrière. Était-elle ange, ou démon ?
    Simplement déesse. Impossible à cerner, & pourtant la Volcanique comprenait la Nordique, mieux que personne. Comme si quelqu'un c'était amusé à les diviser pour mieux les réunir. Ça ne pouvait être que ça. Ça ne devait être que ça.
    Après leur première bataille dans cette guerre sans vainqueur, elle lui avait posé cette question. Pourquoi les brûlures ? Elle lui avait répondu, sans détour, avouant l'innommable, celui-là même qu'elle avait également vécu, bien que dans des circonstances différentes. Les événements ne s'étaient pas déroulés dans la même chronologie, mais la finalité était similaire. Se retrouver, dans ce monde ou dans l'autre, se découvrir & se compléter. C'était vital, il n'y avait aucune autre solution. En regardant le visage tant aimé & à la fois si détesté, elle ne pouvait s'empêcher de sourire. Hel percevrait peut-être ceci comme une provocation, mais c'était de la niaiserie qui s'écoulait de son regard.

    Un coup de foudre. Secouant. Vrombissant. Percutant.


    « - Ah ouais ? T'as pas envie de voir ma tronche de monstre toute ta vie ? Désolée de te décevoir, faudra faire avec, tu peux pas t'arracher la gueule que je sache. 'Fin c'est une idée, ça te rendrait moins laide sûrement. »


    A provocation, provocation & demi.
    Regarde moi. Je sais que tu ne le penses pas, & je ne le pense pas plus. Mais trop de mièvreries rendraient les choses trop sucrées. Nous ne sommes pas sucrées, toi & moi, nous sommes terriblement épicées, nous sommes mortelles pour tous les autres, immortelles entre nous. Amplifiées. Éclair & paratonnerre. Nous nous frappons l'une l'autre avec une précision chirurgicale.
    Malgré la main repoussée, la mèche rabattue, la Volcanique peut encore voir l'âme. Sa comparse pourra bien faire tout ce qu'elle veut, elle ne l'empêcherait pas de voir l'invisible. C'est un livre ouvert qu'elle feuillette pour en découvrir chaque détail, même si elle ne comprend pas la langue. Elle observe, chaque pliure, chaque bavure de l'encre, les coins cornés de chaque feuillet. L'aspect n'a aucune importance pour beaucoup, mais l'intérieur de ce livre, une fois passée la couverture calcinée, peut révéler bien des secrets, même si elle ne peut pas le lire, pas encore. Juste le regarder.

    De haine à amour, un seul pas. Ridicule. Elle pourrait être blessée par les paroles, mais elle sait qu'elles ne sont qu'un mécanisme de défense, un de plus, pour l'empêcher d'approcher trop près. C'est trop tard, elle est déjà là. Elle n'attend plus d'autorisation. Les fenêtres de l'âme continuent de délivrer leur message dans cette nouvelle bataille qui s'engage.


    « - Ce que je veux de toi ? »

    Tout. Toi. Nous.
    Le feu qui bouillonne dans le bas-ventre, celui qui s'allume dans le regard lorsque Hel s'approche. La haine, & la colère, qui ne sont que des représentants de ce qui unit ces deux femmes. Quelque chose d'incompréhensible, aux yeux de tous. Quelque chose de trop grand, pour tous ces êtres faibles. C'est la force qui les réunit, mais pas uniquement. La liste serait trop longue.
    Sois à moi. Tu me détruiras. Tu me sauveras.


    « - Je suis peut-être française, mais t'es aussi faible que moi. T'es le même déchet. Personne ne pourra mieux le comprendre que moi. »

    Indissociables.

    La réception est brutale, elle enserre la Nordique contre elle avec toute la force de sa haine. Sa haine ou son amour ? Les deux. Les lèvres s'unissent, dans un baiser furieux & dévoué. Les corps se soudent, comme si à l'instar des âmes, eux aussi pouvaient fusionner & ne faire plus qu'un. Les jumelles se trouvent, s'enlacent, échangent souffle & amour. Que personne ne vienne s'interposer, essayer de les séparer, car elle subirait alors le courroux des deux femmes, louves à cet instant.
    Lentement, & à mesure que les corps s'enflamment sans aucune douleur cette fois, la Volcanique défait la déesse de ses atours. Les habits tombent au sol, les uns après les autres. Elle découvre, avec un timing tout calculé, chaque parcelle de peau, ses doigts courant sur la chair qu'il lui semblerait presque déjà connaître. Le sourire qui s'épanouit sur le visage marmoréen est lourd de sens, alors qu'en se redressant lentement, elle lui fait face, tout en admirant son reflet, faisant fi de toutes les cicatrices qui peuvent s'y trouver. Si belle...
    Regarde-moi, à présent.
    A son tour, elle se dévêt, laissant de côté ceinture & armes, cotte de mailles & les diverses protections qu'elle peut porter. Le tissu qui la couvre vient rapidement rejoindre le reste de l'attirail.

    Regarde-moi.

    La peau est pâle, une statue de marbre, tout en courbes & en muscles. La silhouette est sculptée avec soin, les vingt ans d'armée l'ayant laissé en excellente condition malgré son âge avançant. Hel verrait-elle, tout ce qui n'était pas visible ? Les cicatrices sont multiples sur ce corps, la plus frappante restant la croix aristotélicienne gravée à même la peau de son ventre, symbole de sa monstruosité, de même que les traces de brûlure qui, bien qu'anciennes, restent vivaces, sur tout le côté senestre de son corps, jusqu'à son bassin. Regarde, nous avons les mêmes.
    Sur la peau, d'autres cicatrices, plus ou moins anciennes. La clavicule, la hanche, la cuisse. Chacune témoignant d'une bataille bien particulière. Pourtant, oui, pourtant, la Rousse est toujours là, toujours en vie. Personne n'aura réussi à lui donner le repos. Vois qui je suis, Hel, vois combien j'ai cherché ce sort que tu m'as promis, un jour ou l'autre. Je ne l'ai jamais trouvé. Offre-là moi, cette Mort désirée.


    « - Moi aussi, je te déteste. »

    Je t'aime.

_________________
See the RP information <<   1, 2   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)