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[RP] Unguibus et rostre valere

Hibou.
Chuis nul en grec de Patagonie, JD U. fera la traduc', parce que chuis gentleman hé ouais *s'enfuit*


[ Silhouette ]



Les doigts blafards se perdent dans la crinière... Si les destriers d'Hélios pouvaient parler, Ce dernier n'avait pas eu dans l'idée de donner cet attrait à leurs cousins terrestres. A la place, le noble animal nous donne souvent l'impression de sonder chacune de nos pensées, pour peu que nous fixions un seul de leur énorme orbite. Depuis toujours, le germain avait pris l'étrange habitude de ne jamais passer un moment avec cette force de la nature. Non pas qu'il soit malheureux de chevaucher... Mais être à l'unisson de sa monture, à base de murmures et caresses, non. L'âge a le don d'être un torrent, le temps en guise d'ennemi juré de l'humanité, pour certains. L'horloge inarrêtable bouscule, sonne le changement.


Ich alt mache... Je me fais vieux...

D'un avenir tracé au fil du marché noir, savant malin en guise d'offreur de miches de pain, d'une survie où les bourses de bonheur ne s'acquiert qu'à la faux la plus subtile, l'art du volatile se complaisait à chaque mise en bouche que l'inconnu lui fournissait. Une vie d’occasions libres, à double tranchant, un temple à ordures et aux sauteries douteuses, graveleuses. Les faux pas devenaient les "douloureuses", au fur et à mesure que le dangereux milieu changeait la gamme à la hauteur de la réputation.

Puis l'hibernation. L'Hibou trentenaire hors du nid parisien, fuyant les bouges sans un seul regard en arrière, ou si peu. Une seule recherche en tête : renverser le sablier, rallonger la durée avant la dernière rencontre. De couverture en suture, l'oiseau de nuit remodela son esprit, réapprit une vie longtemps mise de côté. Son propre corps en guise de rappel à la future extinction de cette dernière étincelle. Pour avoir quitté le théâtre, une aile gauche ne bat plus la même ampleur. La leçon est bien comprise : trop abuser d'elle le brulera à pleurer.


Je sais que tu préfères la lavande à la fange mais tu feras avec.

Une année de silence pour trouver une voie de sortie. Repos forcé en compagnie de l'hiver de son enfance. Mais ce farniente n'aura pas été inutile... Bientôt, sa plus chère attention sera loin du danger d'antan. Ce n'est plus qu'une question de lieues. Une chance pour une renaissance, l'avenir droit devant soi.

Mais jamais il n'aurait cru, en cédant aux caprices d'un brossage amateur, hors de l'écurie, que la Provence lui ramène une autre graine qui l'avait fui...



*** Musique : To the Ancient Land de Kou Otani, tirée du jeu Shadow of the Colossus ***``

{C_Prieur}: Rajout balises
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Hibou, au désir de l'Art et des Hommes...
Umbra
*arrive à la rescousse en beuglant* "Etre fort des ongles et du bec"

[L'homme ordinaire fut jeune et insouciant,
À l'abri des affres des années qui passent,
Invulnérable porté par le vent
De cette jeunesse qui croyait-il, hélas!
Allait se poursuivre éternellement
Comme si le temps s'arrêtait se prélasse.]*


Était-ce hier ou bien la surveille que la Sombre était partie ? A la conquête d’un destin perdu, elle avait fermé yeux et oreilles devant les avertissements de l’homme qui, à présent, se tenait face à elle. Le zénith de plomb étirait l’Ombre sur les pavés arlésiens aussi défoncés que sa carcasse. Si les souvenirs demeuraient frais et intacts, on ne pouvait pas en dire autant de son physique.

Un an s’était écoulé depuis leur dernière rencontre et la Noiraude n’avait pas vu le temps passer. Elle avait simplement senti le poids du purgatoire dans ses os brisés, sur sa peau creusée et en ses muscles raidits. On pouvait aisément lire les ravages de Chronos sur ses nerfs à vif et ses récentes cicatrices. Son regard éteint s’était cerné de fatigue et d’angoisse tandis que ses traits tirés transpiraient toute la nouvelle austérité du personnage.

Umbra avait grandi...Prématurément vieillie. L’inévitable impact avait marqué son corps devenu méconnaissable ainsi que son esprit. Le Temps avait fait son oeuvre, modelant sa chair et son âme à son gré.

Aujourd’hui, Ombeline était revenue sur ses pas. La démarche plus adroite que des mois auparavant, elle venait retrouver une bride de son passé, l’extirper de ces regrets afin d’en composer un avenir moins...nostalgique. La Bâtarde n’arrivait pas en rampant comme il l’aurait sûrement prédit. Elle apparut encore plus détruite que cela. Son allure n’était pas hautaine, c’était tout juste s’il lui restait assez de force pour déambuler.


Le Bonjour, Hibou.

La voix tantôt douce, s’était enraillée avec le fil du temps ou plutôt de l’alcool. Les lippes plates s’étirèrent en un sourire mitigé que les hématites ne reflétaient pas, trouant sa joue droite d’une ride d’amertume.

Cela fait longtemps...

Le ton employé ne semblait pas ironique pour autant. La politesse est un mensonge, la courtoisie gonfle l’orgueil mais dans ces circonstances, la bienséance est de mise.

Vous n’avez pas changé.

[Mais les aiguilles tout au fond de l'horloge
Battent la mesure et jamais ne dérogent.
Elles nous rattrapent laissant dans leur sillage
Les rêves que l'on a pas réalisés,
Qui s’essoufflent à la façon d'un mirage
Cédant le pas à la réalité...]*


*Paroles de la chanson "L'Horloge" des Cowboys Fringants.

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Hibou.
Pour la musique je vous conseille de recommencer depuis le début du post d'Umbra avec l'ambiance donnée (child of light), et de continuer votre lecture avec celle-ci ; vous devriez pouvoir tout lire jusqu'à la fin de la mélodie.




[ Nulle confiance ]


Aucun son ne sort des lippes. Aucune émotion ne brise le marbre qu'arbore l'oiseau de nuit. Si je n'ai changé, toi bien trop Corneille. Les billes grises dévisagent sans mal l'appel à l'aide qui brûle tout le visage d'une femme en devenir. Par les dieux Ombeline, qu'as-tu encore fait...? De ces marques, il n'a aucun souvenir, aussi spécial soit-il. Mais à quoi bon être surpris de ce revers de médaille si souvent prédit ?
Combien de fois l'avait-il prévenu que cette liberté, qu'elle ne voulait restreindre, lui ferait subir plus qu'elle ne supporterait ? Il n'a pas besoin d'être un expert manipulateur pour le déceler : elle est au bord du précipice.

Et qu'a-t-il fait, squelettique et blessé, sinon un bref retour aux branches les plus sûres qu'il connait ?

Cependant, il était bien loin d'imaginer revoir cette silhouette en vie. Et alors que la distance les séparant est lentement réduite jusqu'à être avalée, le germain fixe sans douceur les prunelles jumelles. La Camarde t'aurais été plus douce rejeton Lisreux. Qu'espères-tu attendre, ou même juste entendre de moi ? Tu n'as que toujours daigner me narguer d'une tour puant l'arrogance, alors que si tu avais été plus maligne, tu aurais peut être survécu à ce que tu souhaitais tant accomplir. Cette vengeance te tient-t-elle autant à cœur, maintenant que tu t'effondres ? Te crois-tu toujours aussi seule à vivre la bâtardise d'un couard ?

Non. Je ne te donnerais sûrement pas ce plaisir de te rabrouer jusqu'à ce que tu viennes vomir une nouvelle fois sur mes bottes.

Non. Je ne viendrais pas te saisir au col pour reprendre ce qu'il reste du peu d'apprentissage que tu as bien voulu apprendre.

Non. Je ne te faciliterais pas ton existence en t'envoyant rejoindre le silence des damnés.

Non. Je n'oublierais pas ton entêtement qui t'a conduis à ce misérable résultat.

Non. Je ne sourirais pas de ce spectacle, ni ne l'applaudirait, tant la colère de ton abandon pulse mes veines.

Non. Je ne te sauverais pas pour avoir vu la première politesse et image de sincérité que tu oses démontrer.

Et si tu te heurtes maintenant à une épaule sauvage qui te rejette, alors que je te fais dos, je te conseille férocement à réfléchir, Umbra. Car paroles comme actions, je suis écœuré de cette faiblesse. Oh il t'a été si facile de hurler la faute au monde, mais lorsque rien sauf tes décisions ne peuvent changer enfin ton calvaire, de quoi es-tu réellement capable ?

Ainsi, muet de lassitude, Hibou continue sa marche... Certain de ne laisser derrière lui qu'un dernier cri et sanglot étouffé de peur et de solitude.

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Hibou, au désir de l'Art et des Hommes...
Umbra
Ce n’était qu’une bougie, le teint cireux, que les mésaventures ardentes consumait. Elle n’était qu’une flammèche oscillant maladroitement dans les tenèbres hasardeux de l’existence. A la portée des lippes germaines, l’Ombre s’étiolerait ou se raviverait mais rien. Rien de tout cela. Les hématites croisèrent le regard de fer sans affront. Sans broncher ni ciller, Umbra encaissa la légère impacte avant de se heurter douloureusement au silence du volatile nocturne. Cette indifférence, elle avait du mal à l’accuser, plus cinglante que tous les blâmes qu’elle essuyait. Dans son sillage, le mentor ravagea les traits de la Noiraude. Lentement, ils s’effritèrent pour démasquer un visage rongé par tant de maux qu’aucun ne lui vint au fond de sa gorge nouée. Le Hibou traçait son chemin...

Figée pour ne pas tomber en morceaux, Ombeline lui laissa quelques enjambées d’avance avant de se retourner dans sa direction. Les iris de jais se plissèrent autant que le coeur se serra à cette vision. Il y a un an de cela, c’était elle devant. Cependant, ce fut en le voyant s’éloigner que la Bâtarde voulut le rattraper. Presque instinctivement, les semelles de cuir se mirent à couiner, écorchant les pas déjà avalés par le maitre. Faiblement en retrait, l’apprentie le suivit sur quelques mètres en préservant le mutisme. Etait-ce de l'orgueil? Etait-il fâché ou tout simplement blessé? Ce n'était pas pour rien que la Corneille désirait prendre son envol à ses côtés. Il pouvait tout penser qu'elle n'en saurait strictement rien.


Hibou...Ou qui sais-je...

La jeune femme se râcla la gorge pour éclaircir sa voix et ainsi chasser son désarroi. Avec un semblant d’aplomb, elle poursuivit :

Qu’importe, au final. Tout ce que je vois, c’est que vous êtes encore là alors que vous pourriez être si loin à cet instant.

Ralentissant l’allure, le ton faiblit à son tour :

Qu’est ce qui vous amène ici, mai...hum ..?

Dans son ombre, les hématites dévisageaient si intensément le germain qu'il sentait surement tout le poids de leur curiosité sur sa personne. Suspendu à ses lèvres.

Un mot. Juste un mot, je vous en conjure, maitre.
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Hibou.
[ Le souffle dur ]


La dévisagée tient à ses réminiscences d'espoir... Comme s'il en avait l'envie. Non, Hibou ne veut définitivement pas savoir comment s'y prendre avec cette nouvelle femme, égarée dans un monde où elle n'a que trop peu mis les pieds.

Mais es-tu si différent, Rumwald, toi et tes jeunes mains de jardinier, maculées de sang et poussière ?

Il se souvient comme hier, combien il était difficile de se soustraire peu à peu du quotidien de la Rue, de l'emprise de ce pain doré à la mie noircie. Un carrefour où il dût parsemer ici et là de faux indices pour assouvir une Ogresse persistante, en chasse, affamée de sa propre chair. Et voilà que débarque une jeune pousse de paroisse, dotée d'une si grande gueule qu'elle ne pouvait cacher ses sombres desseins.

Peu et beaucoup les différenciait tout deux.

Lui n'avait jamais quémandé à entrer dans les bas-quartiers, trop heureux de griffonner les bêtes mythiques et la gens extraordinaire qu'on lui contait, qu'il côtoyait même parfois, juché sur des fauteuils d'un bois que jamais l'on ne brulerait juste pour se réchauffer.
Corneille, elle, semblait avoir fait son choix, d'une tranquillité spirituelle à la mort au prochain coin de rue, avec la fumeuse idée de castrer au mieux son géniteur et ses fidèles. Un menu déroutant et en totale transgression de ce que son propre corps et esprit pouvaient accepter.
Chacun avait cependant bien compris que ce ne sont pas dans les livres sacrés que l'on peut souvent trouver la force de vaincre son Diable, son propre bourreau. Là souriait le germain de cette grande identité qui leur était propre ; Et ce fût aussi cette cinquième nuit de leur rencontre qu'il eût cette idée...

Mais quelle importance aujourd'hui ?

Umbra se morfond dans ce qu'il considère une ode au pathétique. Le volatile rit jaune, signe prédécesseur de sa naturelle colère froide, le genre de petit démon ancré au plus profond de soi, que l'on ne se décide à démontrer - évidemment - que pour les plus subtiles occasions. Oui, il se rend maintenant compte ; La fuyarde s'essaie à la curiosité de l'élève, pour une véritable première fois.
Hibou stoppe sa "promenade" forcée, trop agacé par ce regard persistant, à l'aboi. Tu souhaitais parler Ombeline ? Me voici :


Dis-moi...

Le corps se tourne, un visage de glace en offrande, le regard soudé à son prochain :

Qu'est-ce qui te fais croire aujourd'hui seulement que je serais capable de te prendre sous mon aile ?

Une question sans réponse, puisque le blafard enchaine sur le même ton :

Toi, qui n'a sans cesse fait des progrès en mythomanie ? Oh ya, j'oubliais, cela doit faire partie de ta prodigieuse éducation de cul béni, en centaine de volumes...

Les traits se durcissent, et les deux faces opposées viennent presque front contre front. La voix masculine, quand à elle, baisse, sans perdre toutefois son manteau de neige :

Des menhirs de mensonges, des fuites sous silence. C'est tout ce que tu as à m'apporter. Et je suis sensé accepter que tu m'accompagnes ? Que je me "confie" à une lâche, juste prête à se cisailler à la moindre épreuve ?

Il n'en rit pas. Toute cette mascarade le désole, le fâche, le fatigue :

Et donc, une fois que tu te serais décidée à te réveiller, de faire taire cette foutue grande gueule, de côtoyer un aller simple pour l'Inquisition, de grandir vraisemblablement dans les bras de je ne sais quel manipulateur, tu viens me trouver en... Maître ?

Plus qu'il ne l'avait cru, cette situation le dépasse, tant son vent gronde plus fort, qu'il tente alors de reprendre ses moyens d'un éphémère pincement de nez :

Tu...

Pas assez. Il jure furtivement, une main venant réconforter son propre crâne :

Donne moi seulement une raison, une seule !

Car si tu restes muette et hagarde Lisreux, jamais tu ne me retrouveras, et je n'aurais de cesse de prier pour ton trépas, s'il peut me donner plus de chance à le sauver, Lui.


*** Musique : Thème de "regarder les filles pleurer" de Damien Saez ***
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Hibou, au désir de l'Art et des Hommes...
Umbra
Pour une meilleure lecture, relisez le dernier post avec sa musique et poursuivez avec celui-ci!


[Quand elles sont seules au bar qu’on dirait des nonnes qui ont perdu leur église, qui n’ont plus rien que des hommes pour espérer rencontrer Dieu, pour éponger la bruine à leurs yeux.]*

Enfin, la course cessa. L’Ombre sut attiser la curiosité ou plutôt, piquer à vif la colère du volatile. Les quelques pas ravalèrent la maigre distance qui séparaient les deux protagonistes. Chacun ancré dans son épuisement, chacun las de poursuivre vainement ce qui leur échappe depuis tant de temps. Et ce fut ainsi, à bout de souffle, que l’affrontement débuta.

Le regard d’acier glaça les hématites fuyantes et tout son être frissonna. Les mots lourds et soigneusement pesés enchaînèrent dans la gorge du germain. Vicieusement, ils percèrent, égratignèrent, fissurèrent le portrait écorché de la Noiraude. Le temps avait déjà usé son orgueil, alors aujourd’hui, les propos se contentèrent de démolir ce qui restait de son être. Broyer, défoncer, pulvériser.


Un mot. Juste un mot, je vous en conjure, maitre.

Les questions se succèdèrent sans attendre de réponses. L’étau se resserrait sur le col d’Umbra au débit des paroles plus destructrices les unes que les autres. La Vérité éclata sur un ton monocorde, une nuance qu’on ne peut entendre mais qu’on ne peut qu’écouter. Aucun haussement de voix ne put fermer les oreilles de l’apprentie et chaque syllabe s’insinua dans sa pensée pour s’y imprimer inévitablement. Les lippes de la Bâtarde, quant à elles, tremblèrent. La bouche s’ouvrait pour aussitôt se refermer. Aucune esquive possible, aucune parade contre cette tirade.

L’empire de leurres se morcelait sous l’assaut des reproches. La carapace se rompait et le masque se fendait : les traits se tordirent. Il ne restait dans cette tour que l’ombre d’une existence. Incomplète et difforme, bouffée par les tourments et qui se terrait inlassablement derrière les dernières pierres. Quel bourreau lui a-t-il entravé la cheville pour qu’elle ne put fuir de nouveau ?


Tu...

La captive tient en son poing blanchi la clé de toute cette mascarade.

Donne moi seulement une raison, une seule !

Les iris de jais s’écarquillèrent ostensiblement comme si une lame venait de perforer son abdomen. Atroce surprise qui laissa un silence froid. Ne pas se laisser abattre, reprendre prise. Allez mercenaire, réarme toi, ressoude ta garde. Frappe-le aussi fort qu’il te blesse. Fais-lui mal, bordel. Prouve-lui que tu es encore en vie...Montre-lui que tu as besoin de lui.

Face contre face, tant d’excuses se confondirent dans sa gorge, tant de raisons lui titillèrent le bout de la langue. La Corneille revit alors tout son beau plumage s’égrainer à mesure de ses mésaventures: Les Corleone et Poligny, les Lisreux et la Bretagne, le Von Zweischneidig et Paris, la Den Gal et leur périple, les Piques et leurs méfaits, la Guyenne et ses geôles et enfin, Nimes et son église.

Tout ceci avait fait d’elle un oisillon déplumé qui vieillit avant même de grandir. Tout cela n’avait mené rien hormis à la tuer davantage. Cependant, cette conclusion, c’était ici, en piètre vermisseau qu’elle le comprenait et qu’elle l’assumait. C’était un pied dans la tombe que la Sombre l’admettait. Les lèvres remuèrent inaudiblement:


Vous m’avez tant manqué...

Les paupières battirent longuement comme les ailes d’un volatile prenant fébrilement son envol. Les cils se déployèrent pour venir chasser le flou qui s’installa devant sa vision. L’aveu était difficile à confesser. Comment endosser sur le dos de la fougue juvénile et prétentieuse, le désir de plaire et de décrocher la fierté d’une seule et unique personne. Dans tous ses faits et gestes, la Noiraude n’avait jamais cessé de penser à l’albinos, au point de s’adresser aux étoiles pour lui. Au point d’agir aveuglément, maladroitement, inconsciemment. Umbra ne tolérerait pas que son chemin fut vain.

Je l’ai vu, maitre.

Le regard sombre s’anima d’une subite conviction et sa gueule cassée se raffermit. L’allure se ragaillardit à la réminiscence d’un indélébile sourire.

* Paroles de la chanson "Regarder les filles pleurer" de Damien Saez

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Hibou.
Et parce qu'on ne change pas les bonnes habitudes, gardez les 2 dernières minutes de cette musique pour ce post. Enjoy !




[ Boule au ventre ]


De toutes les vérités qui auraient pu traverser ses lèvres délaissées et meurtries, cette preuve d'affection ne manqua pas sa cible. Il n'y a là aucun mensonge, aucun poison, aucune faille douteuse. Hibou ne restait point longtemps dans les parages d'un être apprécié pour diverses raisons. Son chemin risquait de croiser une dague rouillée qui n'était pas délivrée à son encontre. Oh bien sûr, il y a pires ennemis que ceux de la boue des pauvres, si tant peut on les comparer aux hommes de mains des pattes graisseuses... Mais le germain ne pouvait se permettre de mettre en danger plus qu'il n'avait déjà en tête.

L'homme avait touché le point le plus sensible d'une femme.

Celle-là même qui ne manque de le faire d'autant plus sursauter, alors que l'ombre d'une fille peine déjà à affirmer sa demande à l'aide. L'adrénaline est relâchée dans une poignée de secondes, le volatile emportant avec lui ce qu'il considère comme un appât de choix, trop bien pensé pour qu'un débutant n'en trouve l'utilité. D'une épaule réconfortante attendue, le choc est plutôt dur, pour une Umbra décontenancée du réflexe trentenaire. Une fuite au fantôme s’entame, s'avale, les bottes cloutées du mercenaire battant la cadence aux pavés, le souffle apeuré et énervé. Une seule question se répète dans la caboche, harassante :

Pourquoi avoir pris Ombeline dans tes bras ?

Il aurait pu simplement la délaisser une ultime fois, entendre le bruit assourdissant d'une arbalète au but, et courir à bride abattue pour Paris. Mais non, la mansuétude avait parlé avant même qu'il ne l'accepte. Hibou pardonne ce visage empli de sel d'amertume et de tristesse. L'oiseau de nuit a ses faiblesses. La jeunesse pourrait le planter à l'instant qu'il ne verrait rien, trop occupé à surveiller ses arrières. Ainsi deux pigeons échangèrent un étrange ballet de douceur et de douleur, jusqu'à ce que l'un faiblisse de son vol prolongé.


Wo bist du ?... Où es-tu ?

Ce genre de choses n'est plus de son âge. Il croit n'avoir jamais autant senti son cœur battre, alors que son regard perce le moindre mouvement dangereux au coin d'une rue. Billes grises qui finissent par rejoindre un visage moitié surpris, moitié gêné :

Où est-elle ?

Elle ne semble pas comprendre. Des années qu'il ne prononce plus ce prénom, amer de colère.

Anaon. Prononcez anaonne c'est hypppppppeeeeerrrr important

Aucune réponse. Le blafard réfléchit à deux fois... Serait-elle venue seule depuis le début ?

Donc il n'y a... Personne avec toi ?

Corneille semble prendre un moment d'hésitation, avant d'affirmer sa solitude.

Oh...

Solitude qui rassure tant le volatile, qu'il finit par s’affaisser contre ce mur au hasard, la compère toujours aux bras.

Bordel...

Les poumons se gorgent de la moindre parcelle d'air, tandis que les esprits se reforment en ordre. Long moment de silence où Rumwald s'accorde de fermer ces yeux cernés, goutant au plaisir d'un réconfort trop peu présent dans sa vie. Rasséréné, le germain revient sur la Lisreux :

Où ?... Quand ?... Pourquoi ?...

Et ne néglige aucun détail... Je dois le sauver de cette vipère.
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Hibou, au désir de l'Art et des Hommes...
Umbra
Les pas de l’apprentie balbutièrent dans l’ombre de ceux du mentor. Sous son aile, ils prirent leur envolée sous un ciel chargé de trouble. Le rapace de nuit aiguisa sa vision tandis que la charognarde tentait de comprendre la méfiance qu’elle venait de faire éclore. Quelle crainte couvait-il à l’égard de...

Où est-elle ?

Les hématites soutinrent fébrilement les iris métalliques.

Anaon.

Le faciès juvénile se tordit de confusion. Ce nom lui était purement inconnu.

Donc il n'y a... Personne avec toi ?

Le regard de la Sombre lut l’anxiété palpable qui tira subitement les traits de son maitre. Cette angoisse qui détint sur les siens. Une brêve négation de la tête en gage d’ultime réponse, une question lui brûlant les lèvres :

Que se passe-t-il, Maitre ? Que vous effraie-t-il à ce point ?

La Noiraude ne pipa mot pour autant. Elle se contenta de dévisager le germain. Première fois qu’elle le sentait si mal à l’aise. Première fois qu’il semblait si...Humain. A l’avoir juché sur un piédestal, le Hibou était devenu cet idole pour la jeunesse décadente. Cet oiseau sur son arbre perché qui alléchait le petite Corneille affamée. Cependant, aujourd’hui, il paraissait atteignable. A portée de main, le redoutable prédateur transformé en misérable proie, victime d’une angoisse inconnue.

Tandis que le volatile nocturne la délaissait pour reprendre contenance, Umbra eut le loisir de poser ses yeux sur lui comme il y avait bien longtemps qu’elle ne se l’était pas permise. Elle remarqua derrière toute appréhension, une fatigue soudaine mêlée à une virulente...


Où ?... Quand ?... Pourquoi ?...

Nul moment de s’improviser voyante, Ombeline n’eut pas le temps de décrypter le faciès blafard qu’il revint à la charge. Les interrogations s’agitèrent dans la bouche germanique comme des piques aiguisées, tentant de percer ou pire, de transpercer la vérité.

L’oeillade de la Bâtarde se teinta alors de défiance. Les lippes remuèrent d’hésitation avant que, semblable à un rayon de soleil perforant un rideau de sombres nuages, un sourire franc éclaira son visage. D’une voix se voulant réconfortante, l’élève eut bien du mal à masquer sa fierté :


N’ayez crainte, Hibou, l’Ange ne vous voudra plus aucun mal. Je vous ai vengé, maitre !

Une pointe d’excitation enorgueillit la réjouissance de la mercenaire en herbe qui ne tarda pas à surenchérir en enrobant:

Par le plus pur des hasards, je l’ai rencontré sur le parvis des prisons Saint Lazare. Un pli des plus curieux m’avait attiré là-bas quand elle vint à ma rencontre. J’ai compris alors que c’était elle que je devais défier...

Les hématites accusèrent le regard de fer sans réellement en mesurer les conséquences, prise dans son élan :

J’ai longuement pensé que c’était vous qui m’avait mené là-bas. Je pensais que c’était une de vos manières tordues pour faire mes preuves.

Un ricanement intempestif coupa le récit.

Je l’ai reconnu à son sourire... Ce sourire.

La Noiraude se glaça alors à la douloureuse souvenance de ce combat où une fois de plus, elle risqua de perdre la vie. Ce fantôme balafré qui hanta ses pensées après leur rixe. La joie disparut, ne laissant que l’ombre de tourments encore frais. La dextre frôla le nez cassé et le ton s’assombrit, emplie de rancoeur :

Je lui ai rouvert sa cicatrice...Vous entendez, Hibou?! Je l'ai défiguré!

Un grincement de dents se fit entendre alors que les jointures de l’unique poing blanchissent à la réminiscence.

Comme elle l’a fait.

Mais peut-être aurai-je dû l’égorger.

Les muscles tantôt contractés se relâchèrent dans un semblant d’abandon, le regard chuta sur les pavés arlésiens exprimant silencieusement une défaite déjà avalée mais pas encore digérée.
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Hibou.
[ Mansuétude ]


Vengeance... L'on ne décrira jamais assez une des pires maladies que l'Homme n'ait jamais créée. Si la lame de la Corneille en a souvent été teinté, Hibou lui n'aura jamais plus que chercher à se sauver d'une fin d'existence, trop courte à ses yeux vieillis. De quoi aurais-tu pu me venger d'Elle à ce moment, Umbra, alors que toi-même tu ne sais absolument rien de ce qui nous lie et nous pourchasse ? Oh que l’orgueil te va toujours aussi mal, rejeton Lisreux, alors que j'avale sans une once de plaisir la découverte de cette méprisable rencontre. Un duel à Saint-Lazare ? Serait-ce cela qui t'aura valu ces cicatrices ?

Anaon, tu ne sais vraiment plus qui poignarder dans tes recherches...

Et toi Ombeline, est-ce cette même fierté qui t'a amené sur les pavés parisiens, foulés par une garde trop habituée à la gangrène de l'humanité ? Folie de la jeunesse... Décadence de l'insouciance. Cette génération est de plus en plus étrange à copier les fautes de leurs ainés. Et quand bien même, de tout cela, ce qui chagrine le plus dans cette histoire, c'est l'arbitre de l'entrevue.

Rumwald n'a jamais envoyé quelconque pli.

Qui pourrait voir un intérêt à mettre en danger deux inconnues ? Rien n'y fait, plus le germain creuse ses souvenirs, et moins un son de cloche ne se fait entendre. Un pur hasard ? Tout cela le dépasse complètement. Quelqu'un lui a cependant volé trop tôt son idée d'antan. Car oui, si le temps n'avait eu de clémence... La bâtarde aurait dévié un court instant le regard d'une Mère abandonnée. Umbra aurait été un appât, une carte à jouer pour contrer cette colère bretonne grandissante. Mais le pion était un feu follet, ne souhaitant que liberté.

Au final, cette bêtise qui lui a tant fait défaut l'aura sauvé.

Échec cuisant cher déplumé. Lancinante lassitude qui fini par t'emplir jusqu'à ce détour savoyard... Jusqu'aujourd'hui. Les dieux doivent rire de ce tableau : Le traitre protège la trahie. Tu aurais dû mourir de ses mains bretonnes Umbra, mais pas comme cela. D'ailleurs pourquoi es-tu encore en vie ? N'as-tu donc rien dit ? Foutue toi. Foutu moi. Putain de malchance. Au diable ce plan d'un autre monde ; Il faut se décider, maintenant : Corneille peut-elle encore survivre ? Personne ne le remarquera, ne trouverait le lien, ici, dans une ruelle comme les autres. Qui porte une attention à ces crimes de toute façon ? Ils ont tous d'autres chats à fouetter. Une manchote assassinée, une voleuse en moins, bon débarras, fin de l'histoire.

Peu à peu, le bras qui soutenait deux jambes se glisse vers ce mortel objectif...


Je lui ai rouvert sa cicatrice...Vous entendez, Hibou ?! Je l'ai défiguré !

Mais, Hibou, seras-tu encore capable de voir un autre enfant sombrer de tes mains ? Regarde la... Elle n'a plus rien, elle ne sait rien, elle ne voit rien, ne te rappelle-t-elle pas quelqu'un ?
Elle perd l'esprit. Il suffit. A peine la brune termine-t-elle son monologue qu'un bruit sourd retentit. Nulle lame n'aura suivi. La main, précédemment tueuse, n'aura fait que gifler une joue déjà bien tuméfiée. Et de ses lèvres, le blafard finit par murmurer :


Tais-toi.

Et des ses deux ailes, le volatile entoure chaleureusement la souris démunie. Fi de la pauvreté du lieu. N'en restons qu'à l'acte. Le mercenaire est bien capable de douceur, même s'il ne le hululera jamais à n'importe quel malandrin. Finalement, il ne pût se résoudre à tuer un autre joyau d'innocence. Car, dans toute cette course-poursuite, Umbra n'a rien à se reprocher.
Alors chasse ce blizzard, petite. Chasse ces petites voix. Car elles te tueront à leurs garces manières. Et je suis fatigué Ombeline. Si fatigué de voir nos enfants mourir avant notre trépas.


Reste avec moi.

Je ne te le dirais pas une deuxième fois. L'amour d'une famille, je ne peux pas te l'apporter. Mais vivre est une si grande forêt que tu ne peux traverser seule, la hargne suicidaire au poing. Les prédateurs ne sont jamais seuls. Alors si toi aussi, tu ne peux supporter devenir une proie ; et que, ces monstruosités de faiblesses, tu rêves de les restreindre, je t'en conjure jeune fille... Ne pars pas, ne pars plus sans moi.


*** Musique : Silence de Kou Otani, tirée du jeu Shadow Of The Colossus ***
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Hibou, au désir de l'Art et des Hommes...
Umbra.
*

Une flamme vacille dans les ténèbres. Ses timides étincelles éclaboussent l’obscurité ambiante. Fébrilement, elle passe son chemin, trace sa route sans éclairer nul autre qu’elle. Pourtant dans son sillage, la flammèche ne laisse aucune marque. Elle apparait puis disparait, proprement consumé sans rien n’avoir brulé.

Juchée au creux des bras de son Mentor, l’Ombre était cette bougie cillante. Trop de liberté l’avait finalement retenu prisonnière. Elle s’étiolait, la Noiraude, sans atteindre personne qu’elle-même. Elle était vaincue avant d’avoir vécue. Ce cocon de fortune était sa bouffée d’oxygène et malgré cela, supporté par ces plumes, Umbra avait encore le vertige. Sa joue piqua puis chauffa. Si le cuir n’avait pas tant bleui par le frais passé, peut-être rougirait-il en cet instant.

Engoncée dans son ramage d’orgueil, la Bâtarde suffoquait depuis tant de temps. Les prises de bec et les serres vaniteux l’avait poussé à quitter le nid bien prématurément et la suite ne fut que la triste chute d’un oisillon chétif. Sur le moment, la peau ne s’enflammait pas de prétention. C’était tout juste si l’épiderme ne s’hérissait pas pour tendre chaque grain déplumé d’animosité vers le contact, ne cherchant que son implicite réconfort.


Je suis heureuse de vous retrouver, Maitre.

Rares étaient les étreintes qui ne l’étranglaient pas. Cependant, cette fois-ci, Ombeline ne tenta pas de fuir. Les hématites déviant l’acier se voilèrent de chair pour tromper le trouble lisible sur ses traits. Les lippes restèrent scellés comme intimé auparavant. La Corneille ne désobéira pas aujourd’hui. Elle avait, à la fois tant à confesser et si peu à avouer, qu’aucun mot ne pourrait exprimer sincérement sa pensée. Pouvait-elle lui mentir une énième fois ? L’élève n’avait pas la force de lui dire la vérité. Surtout pas le courage de se choquer à son ironie, à son mépris ou pire, à son indifférence. S’il savait...

L’Ombre réprima douloureusement un soupir évocateur et se laissa choir entre les ailes du volatile nocturne. Semblable à une plume, son unique main vint se poser sur la fine étoffe claire habillant le germain. Les iris de jais se redressèrent vers leurs singulières ferreuses. Dans leur cheminement, les sombres pupilles décryptèrent le braille ancré dans l’encolure de l’oiseau de nuit. A cette vision, en symbiose avec le coeur serré, la patte acérée mordit le tissu pour en agripper les mailles métalliques sous-jacentes.


Je ne vous quitterai plus, Hibou. Je vous en fais promesse.
.hibou.
[ De Gris doux à... ]


Instant de paix. Ces moments qu'on oublie trop souvent, qui trainent derrière nos problème perpétuels, mais qui, au fond, sont un baume de grâce. Un cœur adouci dans le tumulte de ses erreurs peut bien avoir une seconde chance, non ? Du moins, la croyance du volatile ne volera pas aussi bas. Aussi sournois peut-il paraître, cette simplicité partagée entre deux générations lui convient à ravir. Tant et si bien que les graines du temps s'écoulent mollement sans qu'aucun des protagonistes ne trouvent l'envie de briser l'instant présent. Ni paroles, ni gestes supplémentaires, ainsi restent les retrouvailles, figées dans une sculpture d'une rare douceur démontrée par le passé. Les gens changent...

Oh, bien évidemment, de nombreuses questions finissent par assaillir la cervelle apaisée du blafard. Il ne connait surement pas aussi bien que d'autres cette apprentie corneille, mais le germain conviendra à n'importe qui qu'elle a toujours eu un don particulier pour accepter quelques stupides déroutes aux côtés de la gens peu fréquentable du milieu. Gravir l'expérience est une chose, encore faut il trouver les bons tuyaux... Et souvent, Rumwald s'avouera que la brune aura joué de malchance, ou d'inconscience... Ou des deux. L'interrogatoire ne sera cependant pas pour aujourd'hui, pas dans son état. Rien de bon n'en ressortira. Et puis d'ailleurs...


Viens, il te faut te reposer. Nous avons de la route à parcourir d'ici peu.

L'oiseau de nuit écaille lentement la tendresse du moment. L'accent pincé n'est certes pas digne d'un rossignol, mais il ne hausse pas plus le ton que précédemment :


Tu peux marcher ?


Ombeline acquiesce sans demi-mesure, éveillant ses guiboles, fi de tout pressement. Aucun des deux ne semblent vraiment souhaiter la dissolution de l'instant, mais ni l'un ni l'autre n'est sourd à la fatigue du corps. La Lisreux semble affligée de ses dernières "aventures", et Hibou n'a nullement besoin d'un poids pour le ralentir actuellement. La charrette ne sera donc pas de trop pour le pèlerinage qui les attend. Mais avant, il faut récupérer affaires, et laisser profiter la nouvelle d'un lit payé. C'est donc après un dernier sourire entendu que le duo se dirige vers la dite auberge.

Tu te reposeras ici. Je te réveillerais juste avant notre départ ce soir. Je veux arriver tôt pour la prochaine ville, le marché ne sera pas trop submergé.

C'est qu'il a une autre bouche à nourrir désormais. Un bec féminin certes, mais ce genre de gouffre de jeunes femmes, il connait bien les enjeux particuliers... Il lui faudra être en forme pour la suite. C'est donc sans vraiment attendre une réponse de Corneille que le germain revient à la porte de sa location :

Je reviens, je vais harnacher notre ami.


Mais bien sûr, toute surprise n'est jamais bien seule...



*** Musique : Prohibited Arts de Kou Otani, tirée du jeu Shadow Of The Colossus ***
Triora.
L'enfant qui n'en était pas une se tenait au milieu du couloir. Le peu de lumière que dégageaient les torches illuminait et tordait son visage, poussant les ombres à se repaître de chaque repli pour l'approfondir, le creuser plus encore pour adopter des traits plus cauchemardesques. Elle avait observé et suivi les deux carcasses depuis la salle principale où, tapie dans l'ombre, elle écoutait les rumeurs pour dégoter un travail dont elle pourrait venir à bout ... Mais ce qu'elle avait vu ne lui plaisait guère ... L'homme sans âge escortant sa sœur jusqu’à la porte d'une chambre et montrait des signes d'épuisement ... signe qu'elle a depuis si longtemps ?... Les pas lents, cadencés et infiniment silencieux faisaient basculer son corps remontant le couloir... Attendant la séparation des deux êtres ... Et comme la faux elle-même pourrait se figer face au nom suivant sur sa liste, la voilà désormais face à lui ... L'affreux sourire difforme aux lèvres et les bras squelettiques croisés sur son ventre, non loin d'un trou où elle cachait ses maléfices.

La tête se pencha dans un croassement sordide, les yeux anarchiques, rehaussant le visage au teint blafard, presque cadavérique au cœur de cette luminosité étrange, s'étaient figés sur l'homme ... Deux lueurs méfiantes dans le regard. Lentement, la dernière phalange qui restait de l'index battait la mesure contre les bandages de son bras. Un profond silence laissant place à une observation, attentive à son corps, sa gestuelle, ses expressions, comme si celles-ci pourraient laisser échapper des signes incontrôlables, des pistes pouvant mener à un éventuel mensonge, aux remords, ou à quelconque culpabilité quant à l'état présent de son ombre. Son attitude à elle restait jusqu'à présent indéchiffrable, les pensées savamment voilées par un masque d'horreur. Mais lorsque les lèvres bougèrent enfin, ce fut pour laisser place à une voix particulièrement sourde et grinçante.

Comment va sœur ?

Cela résonnait plutôt comme un "Que compte tu lui faire de nouveau ?" ... La sorcière se méfiait de l'homme comme elle se méfiait de tant d'autres personnes qu'elle côtoyait ... Le corps frêle et l'esprit torturé ne revêtaient pas la carapace indiscernable que certains hommes et femmes occultent ... Mais sa prudence était égale à l'âge de ses dieux malades ...
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