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[RP Juin] L’Interdit.

Adryan
Enervé, c’était peu de le dire.

Des jeux sordides se tramaient dans les couloirs de l’Aphrodite. Le genre de jeu hérissant de dégout le Castillon qui de toutes choses, préférait la confrontation frontale à la sournoiserie. Le face à face aux coups dans le dos. Le pressentiment le tenaillait que de ces jeux là, il était le pantin, bien que dans son acharnement à ne pas ternir l’image de Sybil telle qu’il l’avait connue, l’idée ne l’effleurait même pas qu’elle aussi, puisse être complice de la bassesse. Fidèle à un souvenir précieux, il la croyait outrageusement manipulée afin de servir à quelques sombres desseins du Comptable, tout ignorant et réfractaire qu’il était à se pencher sur ses propres torts. Mieux valait d’ailleurs que les choses en soient ainsi. Si la tendresse castillonne dévouée à Sybil aveuglait de la seule acceptation de ses caprices et de ses bouderies qu’Adryan aurait balayés d’un rire ironique chez toute autre femme, la fourberie dont elle faisait preuve, contraire à la plus basique amitié, aurait fait voler en éclats tout attachement, aussi profond et sincère soit-il, quand elle crachait sur sa confiance offerte naïvement. Camille définitivement étincelait d’être l’Exception et si l’Interdit de croire n’avait rodé, si la vérité avait été perçue, il se serait jeté à ses pieds sans plus d’hésitations.

Mais de tout cela, il ignorait tout, et c’était contre le Comptable que toute sa colère se défoulait, furieux de voir celle qu’il se prenait parfois à considérer comme une petite sœur, manipulée et utilisée comme l’innocente crue. Il aurait été si facile de mettre en garde Sybil, de la protéger contre les manigances d’Alphonse, mais cette dernière s’entêtant à le bouder et s’étant en outre entichée du Chat – comédiens émérites qu’ils étaient tous deux – berné par leurs mensonges, le Castillon supputait que l’essai serait voué à l’échec et qu’au mieux il s’en sortirait avec la joue rougie d’une gifle et la brimade d’être traité de jaloux.

Aussi en quittant le salon cette soirée là, tout son être le démangeait de mettre les choses au clair avec le présumé seul et unique fautif. Pourtant, dans un élan de bon sens il s’était deviné trop irrité pour lui faire face et s’était contraint à la patience. Le regard orageux, les mâchoires crispées, le Castillon avait préféré se réfugier dans la réserve des alcools pour se saouler de paperasses, de comptes et autres comparatifs avant que son ire n’éclate sous les yeux des clients, et sous les Siens surtout. Ultime sursaut raisonnable pour ne pas trahir la débâcle qui se tramait. Et quand enfin il avait arraché son regard des calligraphies valsant trop devant ses prunelles, il s’était découvert épuisé et plongé dans le silence ensommeillé de l’Aphrodite au ventre gavé de débauche jusqu'à la prochaine nuit.

Malgré l’eau froide dont il avait abusé pour se laver, malgré le crin et le parfum de la saponaire, la fatigue restait tenace, et ce fut malgré lui qu’il dédaigna la solitude de son appartement pour l’impersonnelle chambrée qui lui était attribuée à l’Aphrodite. Chambrée qui ne portait comme trace de sa présence que quelques vêtements de rechange. Pourtant cette nuit là, en se glissant nu entre les draps blancs, quelques mèches humides de cheveux collant à ses joues, il la trouva accueillante. Mais déjà, le sommeil l’entrainait, profond et vide de rêves pour mieux lui épargner les tracasseries.

_________________
Camillle_
    Malgré moi, j’ai pensé…
    A tes lippes pendant que les miennes étaient bafouées…
    A tes reins pendant que les miens étaient pris d’infortunes….
    A tes mains pendant que d’autres, ingrats, s’appropriaient ma chair…
    A ta roideur pendant qu’ils me pourfendent dans un temps imparti…

    Malgré moi, j’ai lutté…
    Pour ne pas enfiler cette chemise dérobée…
    Pour ne pas nicher cette essence de jasmin entre mes monts…
    Pour ne pas m’enivrer jusqu’à l’Irraison….
    Pour ne pas m’éloigner de ma couche…

    Malgré moi, j’ai échoué…
    Je suis couverte de ton odeur,
    Je suis ivre de toi et d’appréhension,
    Je viole ton intimité pour mieux te voir,
    Je tremble d’envie et m’avance,

    Malgré-moi, je suis Femme.
    Je suis ta Vipère, ton Animal Apprivoisé qui drogué se donne le courage de l’Interdit.
    Je serpente, furtive, jusqu’à effleurer ta chevelure…
    Je ne dis mot et niche mes lippes contre ta nuque brulante…
    J’hume ton odeur, cette essence qui m’apaise et cause ma perte…
    J’enserre ton bassin de mes hanches,

    Je t’emprisonne de mes illusions…

Doucement, le tissu est tiré pour que le corps du mentor se dévoile à l’esprit enivré de la courtisane. Entre ses tempes droguées règnent le chaos et l’Irraison. La pulpe de ses doigts se perd, tremblante sur la peau ambrée du courtisan tandis que les lippes entrouvertes avouent l’irrégularité d’un souffle oppressé. La Vipère surplombe sa proie et les crochets se plantent contre les lippes de l’Amant. Ivre, éperdue d’envie, la courtisane happe et quémande. Le baiser fougueux avoue cette note fleurie qui entrave la raison de l’herboriste tandis que le corps, libéré de ce poids, attise l’Interdit. Les cuisses resserrent leur emprise, les reins marqués se cambrent avec indolence et la courtisane, toutes griffes plantées contre le torse de l’amant, provoque. C’est la danse de l’Interdit. Le résultat de ces regards perdus qui se cherchent sans oser se trouver, la somme de ces envies frustrées qui se raisonnent par la crainte, le poids de cette attirance qui les réduit aux maux et aux excuses. La lippe inférieure est mordue avec ardeur tandis que l’échine roule et se déploie pour mieux le surplomber. Les iris sombres se noient dans les siens et c’est avec douceur qu’elle retire ses griffes pour mieux les planter de part et d’autre de son visage qui s’éveille, interloqué. Si son esprit est happé d’interrogations fugaces, celui de la courtisane, en connait toutes les réponses.

Oui, c’est moi qui ose.
Oui, c’est ta chemise que je porte.
Oui, je suis droguée.


Adryan…Le murmure est abandonné, enfumé et perdu, jusqu’aux tempes de l’amant. Le soupir est fébrile, il ose, il supplie. L’oppression est trop vive, trop fourbe et corrosive alors qu’elle sent contre ses cuisses, le poids de cet Interdit. L’envie est aussi intenable que celle qui la saisit lorsqu’elle le croise dans les couloirs…Combien de fois aurait-elle voulu le plaquer contre une alcôve pour se nourrir de ses soupirs et de ses mains protectrices. Combien de fois a telle évité la sécheresse en pensant à ces reins qui la conduisent, échauffée, jusqu’à cette douce mort…
Combien de fois s’est-elle résignée sous le poids de la Raison et de la peur d’être rejetée…

Malgré moi, je t’aime.

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Adryan
Tu es ma came
Mon toxique, ma volupté suprême
Mon rendez vous chéri et mon abîme
Tu fleuris au plus doux de mon âme*


Le sommeil était terne, tout juste réparateur, tel un blafard brouillard hanté d’ombres difformes, divagant sur les ressentis diffus, vestiges d’une harassante journée. Mais de cette brume tiédasse et insipide, une Vipère magnifique naquit, ondoyante et légère. Ses écailles d’or et d’argent scintillant au soleil soudain ardent des cieux africains, elle fredonna, de ses crochets venimeux, les plus douces aubades pour entrainer le dormeur dans le gouffre de la perdition sous les clameurs du jasmin l’entêtant jusqu’à la déraison la plus béante. De ses grands yeux brillants d’une profondeur sans fond, le Serpent hypnotique dérobait l’âme, le cœur et le corps de l’endormi d’une tentation originelle et irrésistible, enroulant son souffle dévoyé à ses jambes, s’enroulant à ses bras, piquant sa bouche de morsures dévouées à le perdre.


Tu es ma came
Tu es mon genre de délice, de programme
Je t'aspire, je t'expire et je me pâme
Je t'attends comme on attend la manne*


Dans son sommeil délirant, le Castillon se tendit, s’agita, échappatoire futile quand sa damnation était si douce que la lutte était risible. Et il ouvrit les yeux, jeté à corps perdu dans la lueur opaline de la lune qui semblait vouloir se jouer de ses sens. Sa bouche s’arrondit, stupéfaite, gorgée de contradictions quand devant ses prunelles encore engluées des lambeaux tenaces du songe, se déployait la silhouette spectrale et redoutable de Camille.


Tu es ma came
Plus mortelle que l'héroïne afghane
Plus dangereux que la blanche colombienne
Tu es ma solution, mon doux problème*


Camille ogresse. Camille liane splendide qui de ses mains fines crevait les cotes du Castillon pour lui arracher le cœur et le marquer de son empreinte indélébile à chaque palpitation. Rien n’était plus beau, rien n’était plus dangereux qu’Elle. Et il frissonna d’une frayeur irraisonnée au murmure qui arracha à ses pensées les derniers débris de sommeil, aiguisant sa conscience avec le tranchant cruel d’un sabre prophétique.

Tu es ma came
A toi tous mes soupirs, mes poèmes
Pour toi toutes mes prières sous la lune
A toi ma disgrâce et ma fortune*


Sur les épaules fines une chemise trop grande, bayant sur ses seins menus d’une rondeur à damner un saint et sournoisement parfumés pour lui faire perdre la tête si tant était que la Vipère en ait eu besoin. Une chemise d’homme, à peine bruissante et qui pourtant se fracassait aux tempes castillonnes. Une… Sa chemise dont il avait oublié jusqu’à l’existence mais que la jeune femme dans toute sa détermination farouche lui tirait en plein cœur. Flèche le transperçant de part en part quand elle avouait tout. Le souffle d’Adryan se rompit un instant alors que ses yeux la traquaient, affolés du gouffre abyssal qu’elle creusait sous ses pieds.

Tu es ma came
Quand tu pars c'est l'enfer et ses flammes
Toute ma vie, toute ma peau te réclame
On dirait que tu coules dans mes veines*


Adryan savait la haine, il savait le mépris, il savait le dégout et la nausée. Il avait appris le respect et la droiture, l’amitié et l’abnégation. Mais le pillage de la passion, la déchirure du cœur devant l’Autre aimé jusqu’à la aliénation, il ne savait pas, il n’avait jamais appris. Camille se parait de drogues pour affronter cette vérité que tous deux fuyaient, mais lui n’avait rien qu’un reliquat de sommeil trop infime pour se protéger alors qu’Elle, despotique, brisait, un à un, chacun de ses remparts. De ses mains. De son regard. De ses hanches l’emprisonnant d’une cage dorée et maléfique d’un désir que lui-même peinait à juguler. Son seul bouclier demeurait la peur de lui faire mal, nichée au fond de lui mais piaillant dans son regard plissé. Effroi palpable de La blesser de son ignorance et de ses doutes. La poigne vive des mains nobiliaires s’abattit aux poignets fins et les arrachèrent de son visage. Poignets de verre si délicats qu’il craignait de les briser de trop d’ardeur.

Je vous l’interdis Camille. Sa voix vibrait de fébrilité et pourtant résonnait d’une assurance peu commune.

Laisse-moi te protéger Camille. Même de moi-même. Je crève de t’aimer à en perdre le gout de tout sauf de tes lèvres, mais je refuse que tu te perdes autant que je suis égaré quand c’est la drogue qui conduit chacun de tes pas vers moi.


* Carla Bruni - Tu Es Ma Came.
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Camillle_
Whore In this moment.
There's a look in your eyes,
Ce regard dans tes yeux
I know just what that means
Je sais ce que ça signifie
I can be, I can be your everything
Je peux être, je peux être ton tout

I can be your whore!
Je peux être ta putain!
I am the doll you created
Je suis la poupée que tu as créé
I am your sin
Je suis ton péché
I am your whore
Je suis ta putain
But let me tell you something baby
Mais laisse-moi te dire quelque chose bébé
You love me for everything you hate me for
Tu m'aimes pour tout ce que tu détestes en moi



Les mains se lient, prisonnières de son emprise masculine et de cette crainte qui embrume l’esprit de l’Interdit. D’ailleurs, qu’en est-il de cet ordre qui se perd tel le dernier rappel à la loi émis par cette conscience qui s’éveille ? Qu’en est-il de ce regard envieux qui encore une fois se refuse et se noie, fugace, dans le déni ? Qu’en est-il de cette couardise que tout deux empestent ? Qu’en est-il de la docilité dela Vipère qui à cet instant se décompose entre la froideur de cet ordre et le brasier de ses envies ?

Pas cette fois….

La poitrine de la courtisane se gonfle et sous la bouffée d’air qui est inspirée, pure et fraîche, c’est l’esprit qui supplie. Elle a pour elle la came. Il a pour lui, Sa folie. Insouciante et enivrée, elle désobéît à son mentor. L’outrage s’immisce de force entre ses cuisses, épousant son antre pour arracher à la courtisane un soupir profanateur. Pleine de lui, de cet Interdit qu’elle s’octroie, de cet affront tabou dans leur profession, la violée dérobe à son tour.
Les reins tâchés se creusent, ondulent et les cuisses affamées, étouffent toute résistance. Les iris sombres croisent ceux de l’amant pour y trouver la clairvoyance. Elle ose, là où docile elle se serait ravisée. Elle prend, là où reconnaissante elle l’aurait respecté. Les poignets ne cherchent même pas à se défaire de leur emprise alors que le bassin, fiévreux, s’applique à lui arracher toute contenance. Il a fait d’elle une courtisane, cette poupée docile aux mille visages, cet Interdit qu’il redoute. Elle n’est que sa création, le résultat malheureux de sa haine envers l’Incontrôlé. Elle est sa crainte.

Brulée, le souffle de la Vipère se perd, saccadé et impuissant tandis que la tâche se noie dans l’outrage avec dévotion. Le plaisir la saisit, brûlant l’intégralité de son antre, irradiant sa peau qui frémit et frissonne jusqu’à ce que l’échine ploie. Dans ses veines et entre ses tempes, le désir succombe à l’Interdit. L’antre enserre tel un étau l’objet de ses tourments tandis que les mains restent offertes à l’Amant comme une unique excuse à cet affront. Elle cède pour mieux voler. Elle consent pour mieux l’inhumer. La Droguée n’offre à ces vagues aucune résistance, offrant ainsi l’abandon de l’esprit au plaisir de l’Interdit.
Aucune entrave ne retient ce bassin qui se déhanche, aucune crainte ne vient palier son audace, aucun ordre ne vient troubler son envie. Aucune excuse n’échoue à ses lippes, il n’y a que soupirs et gémissements. Aucun regard compatissant ne s’offre au prisonnier alors qu’elle jouit de cette drogue pour assumer l’impensable.
Soudain, la lippe inférieure est dévorée avec ardeur tandis que le souffle se coupe. La mort s’invite dans la couche, saisissant le corps de la Vipère de son ombre bienfaitrice pourtant, elle s’y refuse. Pas encore. Pas sans lui. Troublée, le souffle détruit, elle plonge son regard brillant et suppliant dans le gris de ses iris tandis qu’elle interrompt sa danse chaotique. Les cuisses tremblent légèrement tant l’effort lui semble insurmontable, la jouissance est si proche, si tentante qu’elle peine à se l’interdire.

Assumez.

Assume quand je ploie...Et prends-moi.

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Adryan
You wanna try ? You just wanna try ? Try me and die ? You want it all
Tu veux essayer ? Tu veux juste essayer ? M'essayer et mourir ? Tu veux tout
Then show me first what you've got. Bring me your lust. Give me your sins
Ensuite montre moi d'abord ce que tu as. Apporte-moi ta convoitise. Donne moi tes sens
Forget it all. Now show me please what you've got. You are the one
Oublie tout. Maintenant montre moi s'il te plaît ce que tu as. Tu es la seule
That's why I whisper your name. Don't run away
C'est pourquoi je chuchote ton nom. Ne t'enfuis pas
Just show me now what you've got. If you are real. You've got it all
Montre moi juste ce que tu as. Si tu es réelle. Tu as tout

High Voltage Queen - Ghinzu


« Pas cette fois…. »

Un simple murmure pour intimer la certitude de la perte. Elève rebelle bien trop belle. Credo lancinant qu’à cette intransigeance insolente, toute mutinerie serait vaine. Au creux de sa poigne opiniâtre, le pouls retentissant de la Coupable dénonçait les ruines d’un pouvoir mythique. Fasciné, hypnotisé, désarmé par cette déesse serpent, Elle enchainait le Rapace avec la seule force de sa douceur et de sa convoitise, et lui, esclave imbécile ne savait que lui offrir l’arc bandé de son désir animal. Elle dansait. Elle le volait. Elle manipulait ses sens, ses pensées, s’insinuait dans ses rêves, hantait son sommeil avec la virtuosité des succubes originelles. Méduse, Elle le pétrifiait de ses soupirs dévorants qui lui déchiquetaient l’âme et le ventre de soubresauts incontrôlables. Prisonnier au visage de marbre où, choquant et terrifiant, le regard gris palpitait d’une vie ardente, se gavant de la vision fantasmagorique qui le brisait d’un sortilège légendaire et divin. Entre les tempes castillonnes l’orage faisait rage, indigné de se voir jouet entre ses mains si fines, incapables du moindre geste mais le narguant dans leur pantomime pieuse quand Elle n’était que blasphème impérieux et extatique, bouleversant tout son être de cette détermination se cachant sous des mines si fragiles. Adryan priait, à chacun des gémissements de la Vipère, à chaque ondulation de ses hanches le pourfendant, qu’Elle daigne épargner un peu de sa raison. La dévotion était définitivement mensonge, et Camille n’entendit ses prières que pour le perdre davantage encore. Furie.

« Assumez. »

L’injonction l’arracha abruptement à sa torpeur envoutée pour mieux le projeter dans l’inconcevable. Comment osait-t-elle, l’Empoisonnée, lui demander ce dont elle était incapable privée de volutes droguées ? Le Castillon s’anima enfin, libérant les poignets délicats de leur geôle fantasmée et d’un geste brusque, ses mains enserrant la taille fine, roula sur elle dans un crissement plaintif du lit.
Vipère. Libéré de son ventre de vouivre pour seules représailles, le souffle agité d’avoir été trop brisé, se mêla à celui de sa Perte. Si j’assume, je vous prends tout. Perfides, les lèvres castionnes se glissèrent à l’oreille ronde dont le lobe fut mordu tant des dents que de la prédiction. Il se redressa, dévorant du regard le visage qui hantait ses pensées sans relâche. Exercice suicidaire quand les mots les plus insensés s’agglutinaient à sa bouche, brulant tout dans leur quête d’évasion. La seule échappatoire pour s’imposer le silence fut de museler ses lèvres aux siennes. Piètre dérivatif. La dérobade pour se taire se révéla pire que tous les aveux dont il aurait pu la lester. Avait-il déjà embrassé auparavant ? Non. Pas davantage qu’il n’avait aimé. Sa bouche, sa langue s’alourdissaient d’Interdit, furieuses et désespérées de dérober à la Vipère chaque éclat de ses pensées. Lui aurait-il crié qu’il l’aimait à s’en fracasser la tête contre les murs que le hurlement n’aurait été qu’un vague écho face au baiser éperdu dans lequel il se noyait, sans même chercher à sortir la tête de l’eau, sans même vouloir reprendre son souffle ni épargner Camille. Le bassin mâle, souverain, força les cuisses d’ambre, loi du Talion, et il s’engouffra en elle, vidé de toute logique, de toute raison, de toute retenue. Rendu fou par ses enchantements, Camille récoltait le fruit de son audace. La senestre nobiliaire s’enfouit, propriétaire, dans la chevelure répandue sur le drap blanc, interdisant aux lèvres dévorées toute réédition au gouffre de son appétit. Complice de l’embuscade, la dextre, sournoise, caressa la cuisse ambrée pour mieux la tromper de douceur avant de la soumettre à sa volonté dévoyée en l’attirant à son flanc. Et le chaos fut. Le claquement sec de leurs peaux l’une sur l’autre griffait Adryan et éborgnait ses râles étouffés par les lèvres de l’Insoumise. Perdu, il l’était définitivement quand l’Interdit gorgeait le plaisir tout autant que le désir d’insondable dans un marasme si beau qu’il en était effrayant. Camille… Tremblant, fébrile, il n’attendait que Sa complainte pour se bruler l’âme et le corps.

Brise toi à moi Camille, quand moi je le suis déjà.

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Camillle_
"Un baiser ne peut pas se donner sans prendre, ni se prendre sans donner." de Anonyme

Quand tout se donne dans un lupanar, des soupirs aux cuisses, des monts aux reins, il reste l’offrande ultime et Interdite. De son mentor, Camille avait retenu l’exception : Le baiser. Jamais elle ne l’avait vu embrasser une cliente, quel qu’elle soit, alors quand son échine épouse l’étoffe et que ses lippes masculines viennent s’emparer des siennes, le souffle se brise. Qu’importe l’ivresse quand la révélation s’échoue sans encombre à ses tempes. Qu’importe la roideur prise de force quand les lippes Castillonnes restent inviolées de peur d’être bafouées et souillées. Qu’importe le trouble et l’Irraison quand le corps masculin la surplombe pour mieux la saisir. Les mains se glissent contre ses courbes, douces et envieuses pour lui interdire la fuite, le bassin claque, les reins se creusent, le brasier se consume sans tabou et réserve. L’arc baise plus qu’il ne cajole mais le baiser qui peine à relâcher ses lippes, qui s’empresse irraisonné de détruire chaque soupir, chaque souffle qui s’échappe de ses lèvres, la confronte à ce partage charnel qui ne s’offre qu’à deux âmes damnées et aimées. Pour la première fois, Camille trouve un désir à la hauteur du sien.

Camille

La pulpe de ses doigts se perd dans la chevelure sombre, effleure et griffe l’échine qui cambrée et salée ondule au rythme de leur abandon. La conscience peine à réaliser que c’est de son antre que la roideur du Castillon se gorge de plaisir, de ses cuisses féminines qu’il tire ses soupirs rauques. Il s’embrase pour Elle, non pour ses reins. L’écho de cette vérité s’évapore tant la putain est habituée à satisfaire des hommes pieux. Pourtant, Adryan est un inverti et par son râle se cache l’Exception. Soudain, le corps Castillon semble ployer et alors que cette vague n’aspire qu’à s’écraser et à emporter sa jouissance dans un dernier coup de reins, la courtisane bascule l’amant. Les cuisses se soulèvent, l’arc abandonne malgré lui l’écrin et sadique, elle torture une âme qui déjà est brisée.

Rassure-toi, je ne cherche ni l'orgueil ni la vanité.
Laisse-moi te montrer ce que j’ai offrir…


Après le chaos c’est la douceur qui s’impose. Baisée, elle l’était à chaque nuitée mais qui, m’y a part lui, pouvait lui offrir l’Exception. Qui mieux qu’une âme coupable de viol pouvait espérer la rédemption et la clémence de son mentor. Pardonne mon offense quand je n’aspirai en réalité qu’à te combler…Doucement, l’écrin retrouve sa proie et c’est langoureuse et tendre qu’elle offre son ultime danse. Plongée dans son monde vaporeux, à l’écoute de ces envies les plus décadentes, l’Interdit n’est rien, l’Amour est là, limpide et pourtant si éphémère. Portée par ses frémissements, ses soupirs qui loin de toute réserve et obligation s’abandonnent, Camille redevient Fragilité. Les mains caressent et la chevelure gorgée de leur sueur ondule. Jamais elle n’aurait osé s’offrir de la sorte sans toutes ces drogues. Inconsciente, libérée, la courtisane qui n’aura eu de cesse d’enfiler des masques et des attitudes, offrait sa nudité et son âme. La Honte qui aurait rongé jusqu’à ses tripes ne s’emparent pas encore de sa Raison et pourtant, elle a désobéit, violé et s’offre non plus en tant que putain mais en tant que Camille, la Pudique. Mais que sont ces raisonnements sinon de pures foutaises quand l’esprit ne vit que pour l’instant et les sens. Elle s’embrase, se consume et alors qu’elle dérobe une dernière fois ses lippes, elle s’abandonne. La jouissance la saisit enfin, salvatrice et redoutable, intense et exténuante.

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Adryan
Cette nuit là, la Vipère imposait et s’imposait, farouche à prendre et à diriger. Les corps s’enlaçaient, se dérobaient, s’entrechoquaient, se fuyaient pour mieux se retrouver dans un charivari désordonné. Elle s’éloigna de lui, le frustrant dans un grondement sourd. Et il succomba. Et il la maudit. Sournoise manigance serpentine toute dévouée à magnifier son retour, doux et irrésistible. Et ce fut lui-même qu’il maudit de ce pouvoir infernal et trop bon dans lequel elle l’écrouait, bafouant sa volonté, exacerbant ces vagues amantes qui lui tournaient la tête aussi surement que le plus puissant des poisons. Il succombait, il tombait, se brisait à cette soie qui n’avait de cesse de le torturer, qui soufflait comme un vulgaire fétu de paille toute les certitudes si chèrement acquises.

A peine commençait-il à accepter son identité, sa préférence souveraine pour les hommes, aussi détestable soit-elle, que tout à nouveau se voyait remis en question. Qu’était-il ? Lui le pragmatique, avide d’ordre, de classement et de tri ne le savait même plus, ployé qu’il était au souffle brulant d’une femme, cette Femme. Cette Sorcière aux filtres occultes, si fragile et si forte, qui s’insinuait dans son monde solitaire et froid pour mieux rayonner d’être la lumineuse Exception confirmant la règle avec une violence dévastatrice, cousue méticuleusement d’offrandes plus douces et entières les unes que les autres. Elle. Elle qui se donnait sans plus de masque, petite fille indocile piétinant toutes les leçons assenées pour mieux lui offrir la réciprocité de l’Exceptionnel. Dérogation que le Castillon devinait fragile, éthérée malgré le poids écrasant qu’elle faisait peser sur ses côtes. Singularité qu’il fallait protéger et couver d’Interdit pour l’empêcher de faner. Qu’importe que le silence soit torture quand les gestes hurlaient de vérité, la promesse était trop belle pour la saccager.

Les doigts castillons enchevêtrés à la chevelure doucement ondulante de sueur de son Ensorceleuse, Adryan expirait de sentir Camille défaillir sans plus de masque ni de fard entre ses mains. Là, sur le rebord de la bouche rapace à prendre, Camille déposait sa jouissance la plus pure, désentravée de l’odieuse courtisanerie pour n’être qu’Elle. Et avec la même audace, brisant les Interdits que lui-même avait fixés, s’offrit sans plus de détour, avalant l’extase d’un souffle brisé pour lui abandonner le sien en échange.

Même les murs se turent, pieux témoins des respirations s’apaisant sans que les bouches n’acceptent de se quitter encore. Et lorsque qu’Adryan avait pour habitude de tourner les talons sitôt ses méfaits commis, ses bras se refermèrent sur le corps frêle. Sa bouche distilla une nuée de baisers désordonnés aux joues, aux paupières, au front, aux lèvres serpentines et signa sa perte d’un sourire repu se vivifiant à ce visage planant au dessus de lui. Sans la relâcher de la geôle de ses bras, il l’entraina à son coté, caressant la tempe luisante du revers de la main. Caresse sournoise qui dévala au menton, au cou pour se perdre sur le laçage déjà débraillé de la chemise. De gestes posés, le regard noyé dans celui de l’Amante, il acheva de détruire le futile rempart de tissu.
Vous n’en avez pas besoin maintenant. Lui glissa-t-il doucement taquin. Peut-être tout n’avait été guidé que par la drogue empoisonnant le sang vipérin. Peut-être commettait la pire des erreurs à croire qu’il avait le droit, mais se refusait à y réfléchir, accordant à ses doutes et ses interrogations le répit d’une nuit. Confiant, il ne doutait pas que demain, ils l’assailliraient avec une fougue neuve. Mais pour l’instant la pulpe de ses doigts redessinait les courbes fines de Camille, le ciselé de son épaule, l’arrondi de son sein, et ce tatouage qui l’intriguait. Est-ce douloureux ? La question le surprit lui-même tant il en était avare et tant elle suintait de sens divers, cavalant de la plus simple curiosité de la douleur physique, à la signification de ce prénom, pour se fracasser à l’avidité de savoir si ce bien être éphémère était partagé ou juste fruit de son imagination délirante.
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Camillle_
L’interdit n’est qu’une excuse

Le corps se brise, emportant avec lui l’écume de l’Interdit. Le souffle du mentor se perd, berçant l’esprit Enfumé qui guidée par l’étreinte fiévreuse et tendre, s’allonge aux côtés du Castillon. Les iris sombres rivés vers les astres vaporeux, Camille esquisse un sourire alors que les doigts masculins la délivrent de l’étoffe. Les monts mis à nus, l’inscription avouée, la Pudique s’éveille sous la question d’Adryan. Douloureux ? Assez. Mais est-ce vraiment la question que tu souhaites me poser ? Ne désires-tu pas savoir qui est cet être qui condamne mon existence ? Qui est cette femme qui m’a forcée à devenir vénale au point d’en oublier ma dignité ?

C’est ma petite sœur…

Sous l’aveu, la brume se dissipe. L’air frais de la Raison disperse sans tendresse ces nuages cotonneux et insouciants qui marqués par les effluves de chanvre, avaient su emprisonner l’esprit de la Droguée dans un monde imperturbable. Etait-elle prête avouer ce secret ? Non. Pourtant, il coule de ses lippes et la délivre d’un poids qu’elle peine à assumer, seule. Ainsi, celle qui ignore tout de l’Amant libère les mots dont elle est si avare.

Après la mort de nos parents, j’ai décidé de confier Alice à l’Orphelinat. Cela ne devait durer qu’un temps. J’ai trouvé un travail à la Fosse et j’ai commencé à amasser les écus. Il en fallait assez pour qu’elle et moi, nous puissions vivre sans mendier. Mais plus le temps passait et plus la tâche me semblait impossible. Alice s’impatientait et les clients de la Fosse devenaient quant à eux, plus familier... Finalement, c’est l’un des habitués qui me proposa de rejoindre l’Aphrodite.
Etienne. Je n’ai pas succombé à l’appel de la sécurité ou du confort, simplement à celui des écus. Je devais en gagner plus, plus rapidement. Amère, un ricanement s’échappe des lippes charnues alors qu’elle s’empare de la main du Castillon pour la placer contre son flanc.

Mais le Destin a trouvé bon de se jouer de moi, de nous. Une famille est prête à adopter Alice. Quant à moi, je me retrouve prisonnière de ces murs et de mes dettes.

Intérieurement, je lui en veux…Même si je sais que c’est la meilleure chose qui puisse lui arriver. Je sais que je m’en sortirai, mais, Alice quant à elle, est beaucoup trop jeune, trop frêle pour survivre dans Paris. Je ne veux pas qu’elle finisse comme moi….

Le buste féminin se redresse légèrement tandis que les lippes se scellent. Baiser, se laver et recommencer…Les iris se posent sur le mentor. La routine d’une putain, les premiers conseils fournis par Adryan, le destin ironique, insipide et dégradant d’une sœur qui s’est montrée trop hâtive. Ce tatouage me rappelle que par Amour, il y existe toujours des sacrifices plus douloureux que ce que l’on est prêt à supporter.

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Adryan

And darling when you come, hanging on a silence thread,
Whispering your love, whispering your grace
And darling then you smile, closing slowly now your eyes,
Dripping down your cheek another tear from god

Ghinzu - Sweet Love


Si la question fusant de sa bouche pleine de son gout à Elle, à Elle seule, l’avait pris au dépourvu d’une intimité naissante, aussi douce qu’effrayante dans le gouffre qu’elle promettait, les mots qui coulaient, libres, des lèvres ourlées, le stupéfièrent un instant. Non pas de leur sens, mais du simple fait qu’elle ose. Qu’elle ose se mettre plus à nu encore que l’offrande de sa peau où les caresses nobiliaires se perdaient au creux de la hanche déliée. Il ne dit rien. Ne sourcilla à aucun aveu, le regard rivé aux prunelles noires. Le besoin d’argent. Point commun abject entre eux. S’abaisser à tout. Accepter tout. Pour le seul bien-être d’autres. Par devoir ou par amour filial. Cette blessure que Camille avouait, comme il la connaissait. Comme il se trouvait plus encore étourdi que la Vipère connaisse les mêmes affres. Quand lui-même, de trois mots énoncés, était fautif du mal qui rongeait Celle qu’il voudrait sauver.

Pardon.

L’excuse s’échappa, plus fort que lui. Fautif. Coupable. Et pourtant, ni l’un n’avait le choix. Le noble, aux titres prestigieux, au nom résonnant avec fracas dans la capitale, n’avait pour toute aide à offrir à Celle qu’il aurait voulu choyer de voyages exotiques, de perles, de soieries, que l’apprentissage d’un débauchage infâme. Que l’art d’être courtisane. Piètre soupirant. Piètre amoureux. Le constat était affligeant. Si peu doué dans les affaires du cœur que Camille devait se droguer pour parvenir à lui parler. Savait-Elle, Elle, comme il était indigne pour s’embrumer l’esprit de la sorte ?

Il hocha doucement la tête dans un sourire forcé. Oui. Il y a toujours en Amour, des sacrifices plus douloureux que ce que l’on peut supporter. Il l’attira contre lui, taisant trop de mots interdits du piquant d’un baiser volé. Le front déposé contre le sien, les paupières baissées, malgré la lourdeur des aveux, les doigts Castillon reprenaient vigueur sur l’ambrée de la peau. Drogue aphrodisiaque qui jamais ne semblait laisser en paix son désir. Il faudra du temps pour accepter. Du temps pour pardonner, si tant que cela soit possible. Mais au moins, vous n’aurez rien à vous reprocher. A vous-même. Quel sacrifice plus grand pourriez-vous lui avoir fait ? Ne vous perdez pas Camille. Vous perdriez tout. Courtisane n’est inscrit à votre peau qu’entre ces murs. Il se redressa, réfrénant l’envie sauvage de la prendre encore. Cette leçon, vous devez l’apprendre seule. Le Castillon se leva, impudique dans la lueur lunaire. Le bec de la carafe d’eau tinta sur le verre alors qu’il l’emplissait. Contenu vidé d’un trait pour le remplir aussitôt et le tendre vers Camille. Je ne pourrai rien pour vous. Je n’ai pas même encore assimilé la leçon.

Je ne pourrai t’aider que de ma présence, que de mes bras, que de mon souffle. Déshonorés. Comme les tiens. Ta sœur est ta perte. Ma famille a été la mienne. Je pourrai m’échapper, mes dettes sont remboursées. Mais je tomberai encore. Pour toi. Juste pour toi. Camille. Te laisser seule serait pire des tortures.

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Camillle_
[RP écrit à 4 mains]


Je ne pourrai rien pour vous. Je n’ai pas même encore assimilé la leçon.
Alors tais-toi et réconforte moi de tes bras…

Le verre est tendu et la courtisane se redresse pour s’éloigner de la couche. Silencieuse, sa dextre se glisse contre son torse, longe son bras pour finalement s’emparer du verre qu’elle repose contre la table de chevet.

Laisse-moi savourer cette ivresse, laisse-moi tout oublier…

Le Castillon dévore chaque geste de la Vipère. Il connaît. Il sait, il sent cette faim qui tourmente l’Elève. Il a faim, lui aussi. Elève qui ce soir ne l’est plus. Ce soir, est elle l’Amante, et la prémonition le guette qu’il en sera ainsi à chacune des rencontres qu’ils s’octroieront quand plus aucun regard témoin, ou curieux, ou jaloux ne se posera sur eux. Et avant même qu’elle ne le touche, il se tend.
La main libre de l’Amante se pose contre la nuque nobiliaire, guidant son visage vers le sien pour qu’enfin les lippes se happent et s’embrassent avec envie. Sa langue force le passage tandis que le corps, envieux, se plaque contre celui du rapace. Mais sous la pression qui envahie ses tempes, la bouche coupable déserte et serpente sur le ventre du mentor.
A genoux devant lui, la putain n’est plus, n’existe que l’esquisse de cette Femme, coquine et perverse qui enivrée et frémissante se joue de la chair. Sous la torture, un seul regard se perd à son attention, ivre et envieux, tandis que la langue experte cherche à lui arracher milles maux. La pulpe de ses doigts rassure, effleure, enserre, caresse.
Mis au supplice de cette langue de serpent, le grondement de plaisir castillon est avoué. Transpercé par la flèche d’un seul regard, la nuque ploie laissant en pâture la pomme d’Adam qui s’agite sous les soupirs dévoyés. La dextre s’enfouit dans la chevelure brune, guide inutile quand l’habileté lui fait perdre la raison. Déjà. Mais la magistrale tortionnaire n’est pas femme à donner le coup de grâce si aisément. La mise à mort sera lente. Et suicidaire.

Et finalement, c’est la lippe inférieure mordue que la Vipère redresse l’échine et s’articule. Sa jambe fine se plaque, serpentine jusqu’au flanc mâle qu’elle enserre et contraint puis ses bras se placent, stratégiques, autour de son cou. La Vipère se redresse, encerclant de ses cuisses le bassin masculin. Ne plus le lâcher, ne plus se sentir seule, ne plus chercher à résister…L’excuse est là, sous les traits de ce nuage qui autorise l’Interdit, de cette envie qui peine à se maîtriser, de ces ongles qui se perdent et s’enfoncent sur la peau mate du Castillon. La bouche s’abandonne sur la nuque pour déposer quelques baisers et les dents se portent contre le lobe pour le mordiller avec envie. Je m’en sortirai. La déclaration est faite, inconsciente, comme pour le rassurer tandis que le bassin provoque l’arc menaçant. Les mots claquent aux oreilles rapaces, et sonnent en lui comme une promesse.
Elle, si forte et si fragile qu’il vacille. Les baisers ne se retiennent plus et dévalent sur le cou d’ambre, sur les épaules fines, mordant, piaffant quand les mains se glissent sous les cuisses fuselées pour la soutenir et la plaquer contre le mur avec une brutalité difficilement contenue quand le désir rugit dans chacune de ses veines.
Je ne vous laisserai pas le choix. Et sans même reprendre son souffle, il s’enfonce aux confins de sa douce perdition dans un gémissement rauque. Enserré dans ce ventre béni, il reste, immobile, reculant son visage pour contempler celui de l’Amante, la voir mordiller sa lèvre d’impatience. Se perdre dans l’éclat ravagé de ses prunelles. Mais la patience, définitivement n’est pas une vertu castillonne, d’autant moins quand le sang bleu fouette ses tempes avec la rage de l’Interdit et du désir insatiable. Et le bassin male bute, avec une lenteur agaçante, avec amplitude sournoise. Impatiente, avide, folle, c’est telle qu’il veut la voir. Encore. Pour s’y perdre. Encore. Alors que sous le poids plume, la senestre s’échappe pour mieux se faufiler entre les corps liés et y commettre ses méfaits.

Oublie!

Plaquée contre le mur, emplie de Lui, sa dextre noyée entre leurs corps pour lui arracher soupirs et plaintes, la courtisane fébrile, vacille. L’échine se cambre, l’ambre râpe sur la pierre froide et les ongles félins s’enfoncent avec fièvre dans la peau Castillonne. La peau frémit, l’antre brûle sous les coups de reins qui les unissent dans la perdition. Les amants s’abandonnent dans l’outrage, oubliant la Raison pour mieux se perdre et crier. Adryan… Le murmure est glissé à l’oreille du mentor, suppliant et pervers tandis que la jouissance, unique, sincère, s’octroie déjà à ses entrailles. Le visage s’enfouit dans la chevelure sombre, la bouche entrouverte épouse sa peau étrangère pour abandonner Ce soupir.

Accrochée à sa nuque, elle aimerait s’y fondre, encrer la pulpe de ses doigts au-delà de la chair, pour ne faire qu’un avec Lui. Amant véritable qui la comble sans outrage, la fait plier sans honte, la délivre sans mensonge. Ce soupir n’est vrai que pour Lui, tout comme ce corps qui se tend pour mieux être ravagé par le poids d’une jouissance électrisante et brutale.

Imprudent Amant qu’il est, en voulant la rendre folle, le Castillon y perd lui-même la raison. Sornette de croire qu’entre ces bras là, il ait encore une chance de jouer les arrogants et de s’abreuver d’une jouissance sans offrir la sienne, pure et pleine, en retour. Les griffes, le jasmin, ce murmure, pour lui, pour lui seul. La Vipère ne lui laisse aucune chance. Et aurait-elle été clémente qu’il aurait hurlé qu’elle ne le soit pas. Mais, aucun parfum, si doux soit-il, aucun murmure, si enivrant soit-il, aucune griffure, si excitante soit-elle, ne rivalise pourtant avec Ce soupir qu’il sait vrai. Ce soupir qui l’électrise tout entier, retenant douloureusement l’envie de la rejoindre pour l’entendre encore, pour sentir chaque parcelle de ce corps choyé se tendre sous ses offensives désordonnés. Pour l’aimer. Encore. Jusqu’à la démence.

Troublée, la main vipérine s’éloigne de sa chaleur pour se poser sur son visage et dégager ce dernier de mèches humides et volages. Acculée, elle se pose le temps pour elle de retrouver ses esprits et d’observer ces iris. Mentor troublant au regard mystérieux, amant cruel et glacial dont elle peine à se défaire. Les coups de reins s’enchainent, coups de butoirs envieux qui se perdent peu à peu sous chacune de ses ondulations mesquines. Elle soutient le regard, se cambre, étreint son antre pour mieux l’entendre gémir, cette perdition est leur et l’Elève, assumée cherche à corrompre l’âme de son Amant. La Vipère joue, perfide prisonnière qui se fait cuisante geôlière.

C’est toi qui m’a faite ainsi. Toi qui me force à être Droguée pour t’affronter. Toi seul, qui par ta chair me rend pourtant si frêle et tremblante…Tout est faux, sauf pour Toi.

Si le Castillon est avide, la Vipère l’est tout autant, et d’une fourberie splendide, malgré extase qui l’a ployée, s’entête à le perdre, et veut voir la chute. Le bassin mâle s’emballe sous l’antre pervers qui le torture avec arrogance. La raison n’a plus droit de parole et s’enlise dans l’impuissance à contrôler le moindre sursaut. Il peine à garder les yeux ouverts, mais refuse de délaisser ce regard noir et profond qui le scrute. Mais le raz de marée est trop fort, trop puissant et les paupières abdiquent. Et la tête nobiliaire est rejetée brutalement en arrière sur un souffle brisé net entre ses lèvres ouvertes. Sans rien dissimuler, le râle rauque éclate contre les murs, arraché des profondeurs de son ventre vibrant. Tout se perd dans une brume opaque d’extase où seul un prénom résonne, encore et encore. Camille. Combien de temps reste-t-il ainsi, figé dans sa jouissance ? Il ne sait pas. Il s’en moque. La tête enfin se redresse et les anthracites offrent leur feu ardent et chaud pour l’envelopper tout entière.

Je t’aime Camille. Mais c’est interdit n’est-ce pas…


Blessé, frustré de ce mutisme imposé par deux craintifs, il baisse les yeux et lentement la libère de lui, laissant la pointe de ses pieds menus retrouver le sol, les bras ballants stupidement quand il ne veut que la serrer contre lui.


Achevé. La proie plie à son tour sous le poids de l’ivresse, de la jouissance interdite et réfutée. Qu’il est bon de se gorger de ce regard troublé, de sentir en soit cette chaleur inconsciente qui s’empare de son ventre. Il l’avait trouvée chétive et perdue et c’est désormais de son antre qu’il jubile, lui l’inverti. Mais alors qu’il la repose, qu’elle sent à nouveau le sol sous ses pieds, le regard du Castillon semble plus évocateur qu’elle ne l’aurait espéré. Ce regard est interdit. Ce regard est…de trop.

Une putain…

La Vipère se braque sous la blessure d’un regard qu’elle sait réciproque et pourtant si hypocrite et illusoire. Le Maître est épris de sa création, la putain idolâtre son créateur. L’Ironie encore et toujours. N’est-ce pas le propre de l’Homme de désirer ce qui lui est Interdit ? C’est toi-même qui m’a faite courtisane, toi qui par ton enseignement a comblé mes cuisses de vits étrangers, toi qui m’observe ainsi alors que j’aurai aimé être une autre à tes yeux. Aucun brouillard ne saurait troubler et étouffer Ce regard. Je n’aspire qu’à une étreinte mais cela est de trop, trop pour nous, impensables couards.

La Drogue me manque.

Le corps de la Vipère mue, abandonnant l’insouciance pour la Réalité. Monde absurde et dénoué de sens. Sans un mot, les gestes s’enchainent guidant le linge sur sa peau marquée. Les courbes se réchauffent et habillée, elle observe l’Amant. Le regard hésite tout autant que les gestes, elle n’aspire qu’à le retrouver, qu’à l’embrasser, qu’à s’endormir à ses côtés mais ces attitudes ne sont pas celles de courtisans. Ils ne peuvent. Humiliée à l’idée de n’être qu’une putain désirée, la courtisane tourne des talons. Le silence est amer, cruel et pourtant si familiers pour eux.

Pardonne-moi Adryan…J’aurai aimé être une autre, pour enfin, me sentir digne de ce regard.

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Adryan
« Une putain… »

Tout fut dit dans ce mot. Un simple mot. L’Elève crachait au visage du Maitre l’exemplaire mise en garde au moment même où la volonté castillonne fléchissait de ne pouvoir encore cacher la brisure. Un simple mot pour lui rappeler la réalité piégeuse dans laquelle ils s’étaient embourbés. L’un comme l’autre. Un simple mot, rappelant qu’Interdit n’était pas une vue de l’esprit romanesque, mais concret et d’une perversité sans nom.

Il ne la regarda pas, alors que le tissu traitre de sa propre chemise couvrait la peau qui l’enchainait. Putain. Elle l’était. Putain, qui n’avait le droit ni d’aimer ni d’être aimée.
Mais comme si cette imposture ne suffisait pas, la vie et ses aléas couronnaient le tout d’un pied de nez magistral. Putain. C’était lui-même qui l’avait faite ainsi. Qui l’avait condamnée. Se privant lui-même de ce qui aurait pu être. La privant, Elle, de ce qu’elle était en droit d’espérer. Une putain.

La porte se referma sur les pas légers de Camille. D’un regard de trop, il l’avait blessée. Insultée à vouloir lui offrir ce qu’elle ne pouvait accepter. Immobile, planté nu et abasourdi par la vérité, la respiration du Castillon enfla, agitant son torse abruptement. Et le poing s’écrasa contre le mur.


NON !

La colère enflait, noire, perfide, d’autant plus sournoise qu’elle ne savait sur qui s’abattre, quand de coupable, il n’y en avait aucun. Ou alors, trop. Et après avoir joué le bouc émissaire, le mur se fit soutien, accueillant d’une claque le plat de la senestre. Tête basse, le regard orageux se posa sur le vit qui le narguait de ses veines encore gonflées de jouissance. Cet organe traitre de chair languide qui après s’être obstiné à vouloir préférer les hommes, s’entichait d’une catin. D’une gueuse dénichée dans la puanteur des quartiers sordides et sales de la capitale. Une pute, misérable créature, Vipère maléfique, indigne de son sang, de son rang. Mais Adryan pouvait s’escrimer à l’accabler de tous les maux possibles, les tentatives restaient vaines, et il se trouvait à son tour accablé des pensées infectes qu’il tentait de s’imposer. Inlassablement, Elle restait cette femme, fragile et forte, volontaire et délicate, torturant ses chairs de milles maux plus suaves les uns que les autres, mais surtout déréglant son pouls à chacune de ses apparitions. Il se frotta le visage de la dextre, comme si ce simple geste avait le pouvoir de chasser ses démons et se redressa.

Elle avait sa drogue comme refuge. Il aurait sa solitude. De gestes emportés, il se rhabilla et claqua la porte de la chambre sur le talon de ses bottes. Si le désert était bien trop loin pour s’y perdre, le galop de sa monture, lancée droit devant de longues journées durant, ferrait bien la farce.

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