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Juste le plaisir de laisser courir ma plume parce que c'est dur de trouver avec qui rp et qu'on n'a pas à se priver d'écrire pour autant.

[RP] La Plume d’un Cap’tain.

Floriantis
[Mi juillet, quelque part en mer]


"Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme" (Beaudelaire)

Le port de Ventimiglia s’était éparpillé dans les volutes de la brume qui semblait faire un cocon au navire comme pour le protéger de quelque danger. Seul le bruissement et les clapotis de l’eau que fendait l’étrave, rassuraient le jeune capitaine dont les prunelles grises avaient délaissée la carte pour se fixer sur la ligne d’horizon et l’avancée de Plume de Pierre. Drôle de nom pour un navire, mais lorsqu’on connaissait la manie du blondinet à trimbaler à terre des bonbonnes d’air marin, il ne fallait pas s’étonner qu’il ait accueilli avec bonheur l’idée de la petite Pom’. Une plume qui glisse sur un parchemin, sur une silhouette dévêtue et qui raconte tant et tant de choses, comme ces pierres qui roulent et courent dans le lit des rivières lorsqu’elles ne ricochent pas à leur surface, narguant le courant pour aller se poser sur la rive opposée. Plume de pierre, le nom était parfait.

Une fois sorti du port et le cap mis au Sud Ouest, l’Alcapari s’était dirigé vers la proue, là où les embruns font corps avec les marins, leur fouettent le visage et les obligent parfois à fermer les yeux, là où reste au creux du ventre ce sentiment de liberté et ces senteurs marines qui font oublier d’où l’on vient.
La mer, il avait appris à la connaitre et à l’aimer lorsqu’il était à St Brieuc, jeune Sergent de la Garde Episcopale et qu’il rêvait à ce bout du monde en observant la danse des vagues sur les rochers. Il avait appris à se familiariser avec elle grâce aux cours et aux précieux conseils d’Harpège alors qu’il était à son école navale, et qu’il admirait déjà lorsqu’elle était Amirale de France et lui chef de port de Nevers, et de Tit’Pom, cette gamine aux ressources inimaginables, capable de diriger un navire par n’importe quel temps, le tout accompagné d’étrange nourriture qui le faisait grimacer par moment. Avec deux cap’tain de cette trempe, et les conseils de l’équipage, il ne pouvait devenir qu’un bon marin.
Depuis l’été 61 il apprenait à connaitre la mer et ses dangers, les fleuves et leurs courants capricieux et depuis il avait arpenté quelques ponts de navires au sein de l'équipage du Cap'tain, durant de nombreux mois, avait navigué vers Derby, avait aperçu les côtes d’Irlande et accosté dans certains ports du Royaume d’Angleterre avant de choyer du regard ce navire posé dans le port de la République de Gênes, présent de Pom’ avec la complicité d’Harpège et de son équipage qui l’avait accompagné à Ventimiglia.

Une belle histoire que peut être un jour il pourrait raconter à ses gosses, si tant soit peu il en avait au milieu de cette vie qui le trimbalait sur les chemins et sur l’eau, cette vie qu’il aimait et qui basanait son visage au fil des jours, lui apportant cette maturité dans son allure, qui compensait avec ses vingt trois printemps et son grain de folie permanent. Pour lui, vivre sans folie n'était pas vivre, et Pom' l'avait d'ailleurs bien amusé lorsqu'elle lui avait dit être sûre que c'était lui aussi un enfant qui se déguisait en adulte pour pouvoir être tranquille et faire ce qu'il lui plaisait.

Cette nave génoise il l’aimait avant même de l’avoir vue et depuis qu’il avait posé ses bottes sur son pont, il avait effleuré de sa main le moindre bois, le moindre cordage et fer comme on découvre lentement le corps d'une amante, avec la fierté et l’émerveillement de quelqu'un qui reçoit un trésor. Et s’il y avait une personne à qui il voulait parler de ce navire c’était bien elle, celle avec qui depuis la Garde Episcopale où elle était Préfet des Vidames, il avait tissé d’étranges liens, si forts et si tenaces, que même leurs prises de becs, même rares, n’arrivaient pas à émousser.

Laissant Plume fendre les vagues tandis que l’équipage veillait et que la gamine se reposait, il avait laissé courir sa plume à lui sur un parchemin qu’il avait ensuite regardé partir à la patte de son fidèle voyageur, avant de reprendre son poste à la barre pour veiller à la bonne trajectoire du navire.

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Floriantis
[Mi juillet, toujours en mer]


"C'est indéniable : nous progressons !"(De cape et de crocs)

Le Plume de pierre était immobilisé depuis quelques heures face à la cote languedocienne et plus exactement face au port de Montpellier. Un froncement de sourcils en prenant connaissance des messages qui arrivaient.
Le port était plein, et son chef de port, et le maire de Nimes l'avaient orienté vers Béziers, Uzès et Narbonne et réponses étaient parvenues des deux derniers lui disant qu'une place l'attendait dans chacun des ports, mais qu'il fallait au préalable prendre contact avec la Capitainerie.
Nom d'un lapin il n'avait pas pensé à ça. C'est que la Tit'Pom' l'avait dévarié comme on disait chez lui avec ce navire, et il avait embarqué un peu précipitamment, rapidement et avec promptitude même, ce qui faisait qu'il avait oublié certaines choses et qu'une fois à bord il s'était laissé emporter par sa découverte du navire de fond en comble, et par l'immensité autour de lui.

Une chose qu'il allait devoir maitriser, c'était les échanges avec les capitaineries. Il allait devoir se faire des listes de choses à faire à bord, s'il ne voulait pas risquer quelques gentilles moqueries d'un certain Cap'tain. A l'école navale, Evenice, l'un des meilleurs capitaines du monde, lui avait bien dit que sur un bateau, un Capitaine devait essayer de prévoir même les petites choses, voire l'imprévisible. Et lui, tout rêveur qu'il était, il pensait arriver et gentiment accoster comme on entrait dans la première taverne venue.

Après avoir laissé son regard effleurer un coffret de bois posé sur son bureau, il jeta à nouveau un coup d'oeil sur la carte. Si Uzès le tentait, il l'éloignait de Montpellier où se trouvait le Cap'tain Harpège et son équipage. Sa décision avait donc été prise de demander l'accostage à Narbonne, ce qui lui faciliterait la vie pour se rendre à Toulouse s'il en avait le temps, et ses consignes avaient été données à l'équipage.


levez l'ancre nous mettons cap au sud direction Narbonne.

Le port était légèrement engoncé dans les terres, et la brume de la nuit n'avait pas facilité la tâche du jeune marin pour en repérer l'entrée, et peut être aussi le rhum dont le godet abandonné sur le bureau laissait encore échapper quelques effluves. Il fallait bien ça pour se tenir éveillé faute de compagnie.
A mesure que le navire filait vers l'entrée du port, les vents s'intensifiaient. Il n'aimait pas longer les côtes qui freinaient les mouvements des bateaux, et il s'en tenait toujours à distance.

Un sourire lorsqu'il posa pour la centième fois ses prunelles grises sur la carte et sur sa boussole. Une carte, une boussole ce sont des outils essentiels, mais sachez avoir aussi cette rigueur lorsque vous serez à la barre de votre navire, lui avait également dit Evenice. Cette rigueur il l'avait déjà alors qu'il avait été sergent de la prévoté et puis chef de port, devant noter sans relâche les mouvements du port et le passage des navires.
Son journal de bord était tenu avec précision, sa position, le sens du vent et son intensité, les manoeuvres et ce qu'il voyait aux alentours. Perdu dans le brouillard il serait heureux de retrouver son chemin grâce à lui. Il prit la boussole, la regarda quelques instants la faisant doucement tourner dans sa main. Chaque objet qu'il possédait avait sa propre histoire, et celui-là faisait partie de son départ de Rouen.

Alors qu'il vivait dans le port normand, il avait pris l'habitude d'aider les marins sur le port et il profitait de leurs conseils. L'un deux, un capitaine aux yeux aussi bleus que pouvaient l'être les flots, une barbe blanche assortie à ses cheveux emmêlés, le teint basané par des années passées sur son navire, lui avait appris le secret des cordages. Chaque fois que l'Alcapari le pouvait, il s'asseyait à ses côtés pour un petit cours pratique tandis qu'aux pieds du capitaine s'emmêlaient des filets qu'il venait de réparer encore et toujours et qui serviraient encore jusqu'à ce que les cordages soient trop usés pour soutenir le poids d'une sardine ayant atteint l'âge adulte, si tant soit peu qu'une sardine puisse être adulte.
Ce jour là alors qu'il finissait fièrement le nœud demandé, l'homme avait déplié sa grosse paluche dans laquelle reposait une boussole en laiton dont le petit couvercle la protégeant était ouvert.
Une boussole, sans nul doute l'une des plus belles qu'il lui avait été donné de voir. Chaque objet qu'on lui offrait avait pour lui bien plus de valeur que celui acheté. Et il en était de même pour Plume. Ce navire était son trésor, et tandis qu'il s'approchait des côtes, le jeune blondinet s'était mis à rédiger une petite missive au Cap'tain, afin de l'informer de son approche du port de Narbonne, dans lequel il avait prévu d'entrer une fois le soleil levé, si tout se passait bien.

Ce dont il ne se doutait pas c'est que les vents et les courants allaient s'allier contre lui, afin de voir ce qu'il avait dans le ventre.

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Asphodelle
[Casa «Aria Rossa Alla Marina», soir d'un mi de Juillet]



«Ah! Sire ...que vont-ils faire de vous? »
«Qu'importe cela! le spectacle doit aller de l'avant. Musique, Monsieur Apollon ! ... Musique! » - De cape et de crocs


Aux pauvres ! aux pauvres ! ...
Aux coffres ! ... Au... mmm? Au feu ... au feu !


Le jupon si léger qu'on voit ses jambes, flotte et virevolte n'ayant jamais le temps de se poser. Un geste, un regard, une interrogation, une validation, un jeu de jambes, un coup de reins. Des meubles déplacés, des tapis roulés, des tentures détachées, et les couloirs qui défilent.

Videz tout ! touuuuuuuut !!!
Ca pète comme un orage un soir de mauvaises chaleurs.
Des affaires étaient déposées dans des coffres de mauvaise facture.
Dans la Cour, un feu de joie. Jéricho piaffe gagné par la nervosité de toute cette agitation. Et devant son museau, tombent des papiers brulés comme des cendres.


Cela aussi. Et cela également. Maintenant qu'elle était arrêtée là dans la courette arrière, gagnée un instant par la langueur de cette fin de chaude journée, on lui présente des objets. Elle passe une main sur sa nuque et la détends d'un coup de menton vers le ciel. Ah ce Ciel, si pur, si clair, si...vide. Vide d'encombrement. Vide du vide même.
Une mèche folle qui se détache, une épaule qui se dénude, la proprio aime vivre peu vêtue, chez elle derrière les portes fermées. Enfin chez elle...pas à proprement parler.

A...attendez ! Une main blanche passe sur un revers de bois...un cadre liturgique devant lequel priait souvent son frère...une tendresse, un arrêt sur image. Et un salto arrière plus tard, les braises rouges s'envolent sous le plat de l'objet.

Donà...une lettre.
Au feu !
Non c'est que...elle vient d'arriver.
Ah.


La lecture lui arrache un sourire, forcément. Reportant son attention vers la grande bâtisse, elle s'y dirige pour rentrer ... Ah non ! finalement pas cela...rentrez le je vous prie...cela va servir encore un peu. Préparons la chambre !

Faudrait savoir où elle habite.
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Floriantis
[Mi juillet, en mer]



Depuis le matin, il barre en direction du port, essayant d'en franchir la porte malgré le vent d'Est qui immobilise le navire, et le soleil commence déjà à descendre. Autant dire que le Cap'tain n'est pas à prendre avec des pincettes, fussent elles en or.
Mais rien de pire ne peut arriver que d'apercevoir un port et d'être bloqué à quelques encablures donc il ne lâche pas la barre et essaie encore et encore.


Ca… Captain ! La cam… La cambuse !
Quoi, la cambuse ? Qu'est-ce qu'elle a, la cambuse ? *
Elle est vide
Vide ?
Vide
Mais vide vraiment vide ?
Oui vide, plus rien, plus un'miette, plus un grain, plus un poil de rat, plus un po..
Vide quoi


Dans le pire il a oublié la cambuse.
Heureusement les tonneaux sont pleins ça permettra de manger liquide jusqu'à ce qu'ils puissent fouler le quai, bien que la réponse de Pom' l'inquiète davantage.


vi c'est Narbonne, le port est maudit.
Sara, une fois elle a mis trois semaines pour en sortir..... courage


Trois semaines... Mais il sera mort de faim bien avant ! Et tandis qu'il barre en direction de l'entrée du port avec l'énergie du désespoir, il s'imagine rendant son dernier souffle, alors que le navire bouge.
Il bouge. Il bouge ?


Pom ! Ça y est nous avançons et nous entrons au port !

Il entrainerait bien la gamine dans une danse endiablée s'il n'avait pas aperçu un lapin le dévisager bizarrement bien que la petite lui ait assuré qu'il n'y avait aucun lapin sur le pont. Le pigeon du chef de port l'autorisant à accoster est lui bien réel et c'est tel une plume que le bateau se pose le long du quai.
Une fois la passerelle relevée, le navire laissé sous l’œil averti d’un compère contre quelques pièces, un bon repas au creux de l'estomac et un bon cheval loué à l'écurie du coin, il prend la direction de Toulouse, non sans une certaine hâte. Sa hâte a un joli minoi et un sourire qu'il aime bien voir se dessiner sur ses lèvres et qu'il espère bien voir s'élargir.




[Toulouse]

Le chemin semble si long lorsqu'on a hâte de retrouver une personne chère. Il a chevauché une grande partie de la journée et de la nuit, et quand les toits de Toulouse s'étaient offerts à son regard le soleil était déjà levé.
Un sourire en apercevant la demeure qu'il cherchait avant de mettre pieds à terre devant la grille pour actionner la cloche et signaler une visite, si tant soit peu il y avait une cloche. Sinon il crierait : monsignor !



* "de cape et de crocs" toujours
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Asphodelle
[Castres - puis vers Toulouse]

« Mais moi je croyais que vous étiez comme Messieurs de Villalobos et Maupertuis !...
...Que comme eux, vous ne renonciez jamais.
Que comme eux, vous aviez toujours un riant visage à présenter à l'adversité...
Un beau geste face au malheur, un bon mot face au danger ...
Que comme eux, vous possédiez ce je-ne-sais-quoi qui permet les plus improbables victoires, et qui, quand on perd, empêche les méchants de triompher tout à fait...
Cette chose que mes amis appelaient ... »

« LE PANACHE ! »
de Cape et de Crocs*, toujours, ce chef-d'oeuvre


Quand son marin est à Toulouse, elle, elle est à Castres. Elle essaie des trucs pour les tavernes.
C'était le propre des gens toujours en mouvement, qui jamais ne savent se poser, arrêter le sablier : elle ne tenait pas en place sur terre, il ne tenait ses voiles longtemps repliées, sur les mers.
Alors ils se manquent. Ils se ratent, comme beaucoup de choses, des occasions, des gens, des amours, des opportunités de s'enrichir.

Il vient sur un nouveau courrier, avant qu'ils ne repartent de nouveau sur Toulouse quelques jours et quelques pintes plus tard.
Déjà, la voila sur un autre coup, une autre mission. Celle-ci d'importance. Elle l'attends depuis un moment celle-là.
Elle s'inquiétait de comment elle repassera la chasuble, et reposera la barrette sur sa tête. Mais au fond, elle "l"'incarne, et c'est ainsi qu'elle se rassure.


Tu m'as parlé de Floralise? c'est étrange cet autre monde d'où je viens. Cela ne fais pas si longtemps...seulement neuf mois. Le temps d'un bébé. Je ne me retourne pas une fois en arrière. Mais je n'oublie pas Floralise, ni Bouibouinou.

Elle fait caracoler Jéricho pour son plaisir et son éducation...et lui lance "Je vis désormais dans quatre endroits différents ! où va t'on? la cabane pourrie dans un quartier pauvre? une chambre sous les toits payée à la semaine et à coup de badigeons passé à la soie de porc? ou la Casa, la maison bourgeoise de mon frère sise Saint Sernin...et au diable mon frère...à moins qu'on aille dans mon Castel que je n'ai encore vu, là bas, vers la Guyenne...

J'ai un problème à ne pas pouvoir voyager et repartir sur les routes comme l'espèce de loup solitaire que je suis et ai toujours été...alors je me fais plusieurs points de chute, et je déménage chaque semaine dans dix lieux à la ronde !
elle en rit...et lui mesure derechef : tu peux parler ! toi t'as jamais pour toit que celui du Ciel, et pour plancher, l'immensité de la grande eau ! même s'il n'a encore rien dit.

Dis moi plutot ce que fait un marin quand il se lève et rejoint le Pont...et ensuite, parlons affaires...

*d'Ayroles et Masbou
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Floriantis
[En chemin, vers là bas]

"On peut,
depuis la lune, gagner aisément n'importe quel point du globe terrestre..." de Cape et de Crocs, toujours et encore


Toulouse, Castelnau, Castres et quelques rencontres agréables, Castelnau... tiens il est déjà passé par là, Toulouse. Elle l'emmène, le trimbale au gré du léger vent du sud qui souffle doucement et agite les herbes sur le bord du chemin, en même temps que les oreilles de Nash qui s'agace. Et lui, devant le spectacle, esquisse un sourire qui fait briller ses prunelles grises tandis qu'il tapote sur la tête de son comtois et ne perd néanmoins aucune parole du joli minoi qui chevauche à ses côtés. Il ne la voit pas souvent depuis quelques mois, et donc chaque moment passé près d'elle il le savoure et en profite, pour s'en souvenir lorsque son visage sera absent depuis trop longtemps. Mais il promet, et il est gars à tenir ses promesses.

Neuf mois ? Il n'a pas compté les jours depuis qu'ils ont quitté Rouen, et il n'a pas compté les pas qu'il a fait, les lieues avalées dans la charrette d'Harpège, les pas dans les armées royales à se les geler en chopant des saletés de microbes qui l'avaient obligé à avaler l'une de ces infâmes potions, n'a pas compté les pas sur les ponts et les cris lorsque les bois des navires touchés s'éparpillent en tous sens sur les vagues, ne laissant tout autour que cette odeur de bois brûlé.

Floralise est la seule que je connaisse après tous ces mois sur Rouen.

Il ne se lie pas facilement l'Alcapari, il a cette pudeur qui lui fait garder pour lui tout ce qu'il vit et traverse et rares sont les personnes à recevoir ses confidences. Les mots sont trop précieux pour qu'il les dilapide dans le vent. C'est comme ça, il est un peu sauvage et un peu rêveur et les deux mélangés donnent un blond qui en a même oublié le coffret que pourtant il trimbale avec lui depuis Ventimiglia.

Allons découvrir ensemble ton Castel vers la Guyenne, lui répond il sans guère d'hésitations. Il aime découvrir ces endroits qu'elle lui fait connaitre comme il aime la découvrir, car il y a toujours quelque chose, même d'infime qui lui avait échappé la fois d'avant. Le petit geste qui l'agace ou l'amuse ou le fait sourire avec tendresse, comme cette manie qu'elle a de remettre une mèche folle derrière l'oreille.
Il s'est tourné vers elle et l'a observé quelques secondes avant de répondre et ne peut retenir un rire en l'entendant alors que s'arque un sourcil tandis qu'elle le taquine.


Les étoiles comme toit lorsque la nuit est tant claire qu'on dirait des petits feux éclairés juste pour guider notre chemin. Parfois tu en vois qui filent comme si elles étaient en retard à un rendez vous. Et l'eau est un peu comme un miroir. On se demande ce qu'il y a derrière. Lorsque je me penche par dessus le bastingage au large, j'imagine tout ce qu'il peut y avoir dessous. Des vallées, des prairies peut être des grottes.

Il serait presque poète à ses heures. Et de se tourner vers elle avant de reporter son regard au devant d'eux.

la première chose que je fais c'est le point. Ma carte et ma boussole et je note en comparant notre dernière position. Et quand je me suis assuré que le bateau file dans la bonne direction, je fais mon tour pour vérifier que tout est en ordre. Et puis j'écoute tout au long de la journée le bruit de la coque, des voiles qui claquent et des cordages qui font crisser les poulies. Un bateau c'est comme une musique, il faut l'écouter car il chante sans cesse.

Et de la regarder à nouveau intrigué.

Affaires ? Un petit sourire taquin pour lui lancer à la hâte. Hum tu me feras penser que j'ai quelque chose pour toi lorsque nous serons arrivés.
De quelles affaires veux tu que nous parlions ?

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Floriantis
[Casa "Aria Rossa Alla Marina", fin Juillet]

Je viens de trouver un coffre.
Dans ce coffre un écrin, dans l'écrin une bouteille, et dans la bouteille... une carte.
(toujours de Cape et de Crocs)

C'est un blond avec un coffre de bois dans les mains qui déambule dans la Casa. D'accord pas un coffre aussi encombrant que ceux qu'on trimballe sur des charrettes mais un joli coffret dans lequel peuvent se ranger bien des choses.
S'il ne s'est pas perdu dix fois dans la demeure depuis qu'il est là, c'est qu'il ne se perdra plus jamais nulle part.
Les personnes qui virevoltent autour d'Aspho ont pris l'habitude d'entendre le blond chercher un endroit et souvent lorsqu'il ne demande rien ce sont des regards étonnés auquel il répond toujours par un sourire malicieux. Et cette fois-ci il cherche la maitresse des lieux parce qu'il n'a pas l'intention de repartir avec son coffret et qu'il sait que son contenu la ravira, connaissant quand même bien la jeune femme depuis qu'il est dans son entourage.
Petit sourire rêveur en repensant à cette chambre à Rouen, où elle dressait soigneusement un grand drap dans la pièce tandis qu'il cherchait le sommeil sur le sofa de l'autre côté. Les yeux étaient peut être faits pour voir, mais l'imagination était là pour les remplacer. Abandonnant ses pensées, il suit donc la direction indiquée par une main féminine et observe quelques instant la jeune femme en train de rêvasser dans le jardin.

Les quelques jours dans le port italien n'avaient pas été vains. Il avait notamment arpenté les rues, les petits marchés et les environs de la ville, et avait trouvé son bonheur dans une petite ruelle menant au port, dans une petite échoppe dont le nom « Aux mille senteurs » était tenue par une femme qui lorsqu'elle se déplaçait, trimbalait avec elle quelques unes de ces flagrances qui laissait un sillage bien agréable de l'avis du blondinet. Ce qui l'avait frappé dans la boutique avait été les effluves de toutes sortes, dont certaines lui rappelaient monsignor et d'autres la mer. Il savait le goût de la jeune femme pour les huiles de toutes sortes dont celles du bain.
La marchande lui avait alors fait un cours sur ces extraits de plantes et végétaux, vantant leurs mérites et leurs vertus que ce soit sur le plan de la santé ou de la beauté. Certaines venaient d'Orient et le jeune Capitaine avait marchandé une vingtaine de flacons qu'il comptait bien offrir et deux ou trois pour lui, en promettant qu'il reviendrait régulièrement. Il y avait des senteurs d'Eucalyptus, de Romarin, de Lavande , de Fleurs d'amandier, d'oranger et fleurs de tilleul et des senteurs plus épicées. Deux flacons sortaient toutefois du lot. Il en avait rempli un d'eau de mer et un autre de sable, afin qu'elle sache qu'il n'était jamais bien loin d'elle.
La femme lui avait demandé de livrer quelques étoffes en Languedoc, et en échange lui avait offert une dizaine de flacons supplémentaires. Un coffret de bois déniché sur le port, gravé d'un navire, abritait maintenant la trentaine de flacons disparates, qu'il avait soigneusement placés debout, recouverts d'une petite étoffe de couleur bleu marine, afin de les protéger des chocs. Sur le tissu, était déposé un petit parchemin où l'on pouvait lire : Aux mille senteurs, Ventimiglia.
Et c'est le regard brillant qu'il avait refermé son petit coffre au trésor, déposé ensuite sur le bureau de sa cabine afin de l'avoir sous les yeux.

Et celle à qui il destine ce présent se trouve aujourd'hui devant lui, du moins lui tourne le dos donc il toussote.


Hum hum.. Aspho.. je.. tu.. enfin je te dérange pas ?

Voila qu’il ne trouve plus ses mots et qu’il va devoir les chercher autour de lui tant ils se bousculent et se marchent les uns sur les autres. C’est à celui qui sortira le premier en braillant : c’est moi j’étais là avant ! non non derrière ! c’est moi poussez pas ! degun ouai bandes de resquilleurs !
Non mais vous lui rompez la tête ! on se calme et on respire… enfin lui surtout et on recommence !

Et d'attendre qu'elle se retourne avant de lui faire une petite révérence comique, faisant mine d'enlever un chapeau qu'il n'avait pas.


Je suis enivré, madame, du plus doux des spiritueux : votre beauté ! *

C’est qu’à force de respirer des huiles essentielles, il a l’esprit légèrement dans le brouillard le blond capitaine et quand c’est comme ça, il n’a peur de rien… même pas d’Elle.
Casse cou ou Casanova ?
Non non, juste Inconscient et puis il aime la faire rire.


Vous m’enflammez, m’ennivrez, me mettez la tête à l’envers… et pas que la tête d’ailleurs… me feriez chanter à poil sous la lune si tant soit peu il ne pleuvait pas comme vache qui pisse par moment a-t-il envie d’ajouter mais il se retient. Point trop n'en faut. C’est une dame, que dis je une Vicomtesse, un ex monsignor, donc tenons nous bien nom d’un lapin !

Vas-tu bien belle Aspho ?
Je t'ai rapporté ce petit cadeau de Ventimiglia et je l'ai choisi en essayant de me souvenir de ce que tu aimes.


Et de lui tendre le coffret pour qu'elle le prenne et l'ouvre.

(* de cape et de crocs)
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Floriantis.


[Quelque part en mer, fin août]

D'où vient cette rumeur ? Quel est ce brouhaha ? Seriez-vous effrayés ? (L'Archipel du danger – de Cape et de Crocs)

Appuyé au bastingage à la proue du navire, un cordage dans sa main droite, la gamine s'étant calée à quelques pas pour profiter du soleil, il laissait son regard scruter l'horizon, une petite lueur scintillant au fond de ses prunelles acier où se mêlait un léger voile de mélancolie. Des jours qu'il était parti et il lui était toujours difficile de quitter Toulouse, de la laisser, même si pour lui cet air marin qu'il respirait était comme une source à laquelle il puisait ce qui le faisait avancer. C'était idiot il le savait mais on ne changeait pas un homme quelle que soit son âge et sa condition. Promesses de lui rapporter quelques trouvailles et de regarder quelques unes de ses demandes.
Des jours qu'il était parti, se demandant s'il manquait. Le coffret et tant de choses dont parfois il avait de vagues souvenirs comme si le temps s'évaporait et lui voilait les paroles entendues.
Une fois à bord, il avait veillé à l'accorage*, prenait sans cesse des leçons sur la façon de le faire et sur la façon de gérer et diriger un navire.
Avide d'apprendre, curieux et intéressé, il posait cent mille questions, observait sans cesse les gestes et retenait les décisions afin de s'en souvenir.
Un cri lui fit tourner la tête et s'afficher un léger sourire sur ses lèvres. Il n'avait pas laissé la barre à n'importe qui, et lorsqu'un ex amiral dont les qualités et les capacités n'étaient plus à démontrer était en action, ça déménageait dur dans les voiles et sur le pont.


Le cap'tain fait entendre de la voix sauve qui peutlança t il à Pom' en retenant un petit rire.

Il leva la tête vers le marin occupé à mettre un peu plus d'ardeur à grimper au mat avant de laisser ses mirettes parcourir le pont, une légère lueur de fierté dans le regard. La traversée s'était faite sans problème et pour une fois le blond et sa p'tit' sœur de cœur comme il l'appelait, avaient profité de quelques repos, et il n'avait pris la barre de nuit qu'à l'approche de leur destination. Un léger sourire en voyant à bâbord une flotte rattrapée, dont il connaissait bien le premier navire, pour avoir fait ses armes en sa compagnie il y a un été. Et une grande bouffée d'oxygène en respirant ces senteurs marines qu'il aimait tant et qui faisaient parties de lui maintenant, les trimbalant partout où il allait, laissant leurs effluves dans son sillage.
Reportant son attention sur le cordage qu'il avait dans la main, l'Alcapari inséra le bout de la corde qu'il tenait, dans le dormant avant de présenter fièrement son oeuvre devant ses yeux.
Et voila ! il suffira de tirer sur le courant comme ça et le dormant pour le défaire.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Les cordages, c'était ce vieux marin de Rouen, aux yeux aussi bleus que pouvaient l'être les flots, à la barbe blanche assortie à ses cheveux emmêlés, le teint basané par des années passées sur son navire, qui lui avait appris à les faire et depuis il ne cessait de se perfectionner, et avait entre autre, confectionné cette échelle accrochée contre la porte de la cabine.
Demain sans nul doute ils seraient à terre, et entre quelques affaires et deux explorations, il ferait partir un pigeon vers la ville rose.




* amarrage de la marchandise et de tout l'équipement d'un navire pour que celui-ci ne bouge pas en mer.


Floriantis.


[En mer, septembre]

"Saint Antoine de padoue, faites briller sur moi les lumières de la raison... Gulp !" (De cape et de crocs, Pavillon noir)


Elle l'avait attrapé alors qu'il tentait de se débattre, donnant des coups d'épée, tailladant vainement la peau qui semblait aussi dure que du bois.
La bouche immense se rapprochait de lui et il apercevait des crocs qui ne présageait rien de bon sur ce qui allait lui arriver. Dévoré à la fleur de l'âge par un monstre cruel et avide de chair de marin !


tuez là !!! mais tuez la !!!! hurlait il tandis que sa lame sans répit frappait ce bras qui l'emmenait vers le gouffre et qu'il sentait sa dernière heure approcher.
Une bruit sourd et une douleur à la tête le firent ouvrir les yeux et il se retrouva affalé sur le ventre, à même le pont, et ce qui lui servait de hamac se balançant au-dessus de lui.


- mais Flo à quoi tu joues là !
- hummpff
- viens plutôt voir ça


Le pont du navire n'avait jamais été si près de lui et il se redressa avant de se relever, une main frottant sa chevelure emmêlée par le vent.

- nom d'un lapin j'ai rêvé qu'un monstre me bouffait. C'est quoi ça... on dirait une nave de combat.
- c'en est une. Nous approchons du détroit, il nous faudra être prudent.
- oui les sirènes
... laissa t il échapper, fronçant les sourcils.

Et de remettre un peu d'ordre à sa tenue, son regard se posant sur Pom' avant de fixer à nouveau l'horizon où les terres se séparaient, laissant un passage entre elles.
Le Phare de Messine se présentait devant eux en même temps qu'une nave de combat qui sortait du Détroit. Cette catégorie de navire n'était pas de celle qu'un capitaine regardait arriver sans une certaine méfiance, car face à elle, leur Plume ne ferait pas le poids. Pigeon envoyé du côté de la prime amirale pour l’informer des navires qu’ils croisaient et des dangers potentiels, les deux Capitaines échangeaient des regards inquiets.


- file te reposer, je barre au sud nous devrions être plus rapides que lui s’il cherche à nous accoster.

Ne jamais laisser un navire s’approcher trop près et fuir le plus vite possible si pavillon pirate battait l’air, faute d'avoir de quoi leur mettre une bonne raclée.
L’heure qui avait suivie avait vu son attention reportée sur le navire qui passa sur tribord. Imposant, celui-ci n’avait fait que glisser sur les flots avant de s’éloigner Nord Ouest, suivi des yeux par le blond capitaine, alors que le Plume s’engageait dans le détroit, plein sud.
Ses prunelles balayaient la passe non sans une certaine curiosité en se rappelant les propos de Pom’ avant qu’elle n’aille prendre quelques repos, une fois le danger écarté.


- il se dit qu'il y a des sirènes là bas qui mangent les hommes, je ne voudrais pas me retrouver toute seule à bord.

La petite avait toujours un mot pour détendre l’atmosphère et mi amusé mi inquiet l’Alcapari avait regardé s’approcher l’entrée du Détroit, avant de barrer Sud Ouest apercevant un autre navire qui venaient vers eux et traçait dans le sillage du premier. L’endroit était impressionnant. A babord les côtes rocheuses d’Italie et sur tribord celles de la Sicile comme si ces terres s’étaient détachées des autres, voulant reprendre leur liberté. La passe pour entrer dans le détroit devait faire une lieue de large* et le long des côtes apparaissaient d'étranges tourbillons alors que le courant devenait assez violent.
Une légende racontait qu'un dieu avait puni la fille d’un des leurs, en la foudroyant et l'envoyant au fond du détroit, où, trois fois par jour elle engloutissait puis recrachait à la mer tout ce qui s'y trouvait. Les marins qui voulaient éviter ces tourbillons, s’en écartaient en longeant la côte en face et se faisaient dévorer par un autre monstre à plusieurs têtes. Peut être que ces tourbillons étaient les pièges de la sirène dont lui avait parlé Pom’, et il préféra barrer en restant au milieu du détroit, à l'affût du moindre craquement anormal. Le vent gonflait la voile et il leur faudrait sans doute quelques heures pour atteindre la sortie du détroit. Lorsque le navire franchit la sortie de ce passage, un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres, et il continua son chemin selon le cap qu'il s'était fixé. Quelques heures après, c'était à nouveau deux navires qui lui faisaient face et la barre à l'Ouest lui permit de se tenir à distance et de s'éloigner au plus vite, un pavillon pirate battant sur l'un des deux. Branle bas de combat et pigeons expédiés il s’agissait de rester hors de porté et c’était avec soulagement qu’il avait vu le navire maudit s’éloigner.
Mais s’ils avaient su ce qui les attendait quelques heures après, ils n’auraient peut être pas danser de joie sur le pont.




* un peu plus de 3 kms.


Floriantis.


[En mer, septembre]


"VERTUDIEU ! un impondérable !" (de cape et de croc - Pavillon noir- )

Ne jamais laisser un navire s’approcher trop près et fuir le plus vite possible si pavillon pirate battait l’air.
Le navire est immobile non loin des côtes, guettant sa proie alors qu'ils viennent de contourner une petite île et se trouvent nez à nez avec lui. Il n’a pas été assez rapide, ou peut être que le soleil en face l’a empêché de bien distinguer ce navire au Nord Ouest, alors qu’il peste après ses cartes et a barré pour faire demi tour, se rendant compte qu’il se trompe de destination. Que de temps perdu et il réalise les propos du message de Tanissa lorsqu’elle lui parle de prendre au Sud Est alors que le navire file. Il s’est trompé de destination ! Il n’a pas non plus vu à temps le deuxième navire que cache le premier, et le pavillon noir signe de danger.
Il s’est précipité, rédige à la hâte trois courriers tandis que Pom' et leur passager sortent en courant sur le pont alertés par le raffut. Un message qui signale leur position et le danger qui fond sur eux, et deux autres au Cap’tain et à joli minoi. La plume a couru à perdre haleine, sans s’appliquer, et les pigeons ont quitté le navire manu militari alors que le pirate est dans leur sillage.
Il n’y a plus de doute, la nave est devenue leur cible. Ses voiles claquent dans le vent l'entrainant avec elles, faisant craquer sa coque en la faisant accélérer, comme si elle voulait l’écarteler pour l’entrainer plus vite hors de danger, tandis que le capitaine jette un œil vers le navire aussi impressionnant que le premier croisé, et qui fond sur eux.


Vas y mon beau, traces ! traces ! ne les laisse pas nous rattraper... Les mâchoires crispées il implore le navire d'aller au delà de ses forces, barre vers l'Est pour tenter à nouveau d'échapper à son poursuivant, tandis qu'il se retourne régulièrement pour voir se rapprocher la caraque de guerre qui semble vouloir les engloutir. La nave est légère et rapide mais faire demi tour lui a fait perdre du temps, trop de temps.
Cette fois-ci il va falloir prier pour que Plume puisse s’enfuir avant que le pirate ne soit assez prêt pour tirer.


Flo ! Y sortent les canons !

Il a regardé avec colère et impuissance, le pirate se placer à portée de tir.

viens te mettre à l'abri ne restes pas à portée !

Comment pourront ils résister à ça ? c’est comme si un malheureux voyageur croisait une armée en chemin et tentait de la décimer. La cloche retentit sur le pont alors qu’il barre désespérément pour s’éloigner du géant qui lance son attaque. Une première série de tirs qui voit exploser une partie de la Poupe* .
Le fracas des coups qui frappent le pont, déchirent les voiles, freinent le navire que le capitaine n’arrive plus à contrôler. Des cris lui parviennent du navire pirate. Il laisse la roue pour entrainer la gamine vers le bastingage du côté opposé aux tirs. Ils n'ont plus le choix que d'abandonner leur navire s'ils veulent tenter de sauver leur peau.
Un regard vers le pont, une image de désastre alors qu’il reste immobile au milieu de la fumée épaisse qui s’empare de Plume, avant de partir en courant vers la cabine qui déjà est envahie de fumée.


Ma boussole ! et d'attraper l'objet puis une gourde remplie d'eau qu'il passe en bandoulière, de glisser son journal de bord et sa carte dans sa chemise avant de remonter à toute allure sur le pont.
Il cherche la gamine des yeux repense aux combats de cet hiver du côté de l'Irlande, à cette fillette tombée à la mer et qu’il n’a jamais revue.
Le craquement du mat qui se casse en son milieu entrainant la chute des voiles le fait accélérer. Il court vers la petite silhouette qu’il aperçoit et attrape une corde qu'il lui attache sous les bras, faisant pareil de son côté.

Des rêves qui coulent et s'enfoncent dans les abysses, une vie qui ne tient qu'à un fil. Ce qu’il ne retiendra de ce moment si le Très Haut le laisse vivre, ce n’est que le fracas, le bruit des canons qui s’acharnent sur la nave, et le bois qui se brise et vole en éclats. Les plaintes des voiles qui se déchirent tandis que le mat s’affale entièrement sur le pont en feu dans un fracas de tonnerre. Les flammes dévorent le moindre morceau de bois et l’eau s’engouffre dans la plaie béante du navire qui craque et semble se plaindre du mal qu’on lui fait. Il est anéanti et il n’a que le temps d’agripper la petite, avant de l’entrainer avec lui par dessus bord, alors que l’eau a déjà envahi le navire et l’entraine doucement avec elle dans les profondeurs de la mer.

Une douleur à la jambe le fait grimacer alors qu'il refait surface, à côté de Pom'. Un grand débris flottant est à portée de main et ils s'y accrochent. L'au est jonchée de matériaux que les vagues projettent sur eux.
Il n'a plus qu'une idée en tête, s'éloigner et rejoindre le rivage qu'il a aperçu du navire.



* Poupe : partie arrière d’un navire.


Floriantis.



[Sud de l’Italie, à terre]


"Il prit la mer un matin... "Où allez-vous ?" le hélai-je depuis le môle, comme sa yole s'estompait dans le lointain...
Sa réponse me parvint, hachée par le vent, laconique : "Nulle part !"" (de cape et de crocs)

Ses prunelles grises aux reflets bleutés avaient fixé longuement les flots où le navire disloqué semblait peu à peu pousser son dernier soupir. Le visage marqué et noirci par le feu et les coups reçus, il n’avait pu détacher son regard de ce qu’il restait de ses rêves de découvertes. Qui n’avait jamais pris la mer ne pouvait comprendre ce que l’on ressentait aussitôt que plus rien ne s’offrait au regard que l’immensité tumultueuse sur laquelle l’air n’était comparable à nul autre. Qui pourrait comprendre ce qu’il ressentait à ce moment là et tout ce qui se bousculait dans sa tête, ses promesses de revenir au plus vite, ses promesses de ne pas laisser une gamine seule en mer, promesses promesses promesses ! Sa botte frappa violemment dans un caillou qui voltigea prestement vers la vague venant mourir sur les galets mêlés de sable.
L’amas de rochers posés dans la crique lui offrit un siège sur lequel il tomba lourdement en grimaçant, la blessure à sa jambe le faisant souffrir. Ce navire s’il était un cadeau précieux avait surtout été son salaire pour des semaines et des mois d’escorte, la moitié d’une année. Des semaines d’hiver glacial dans une armée royale à défendre le domaine, pourchassant des armées artésiennes jusque chez elles, des semaines dans des tentes humides où la maladie l’avait laissé sur sa paillasse grelottant dans ses vêtements détrempés par la neige. Et puis des semaines à défendre les côtes du royaume jusqu’à aller chercher l’ennemi vers d’autres rivages. C’était ça que représentait ce navire qu’il regardait s’enfoncer dans les flots avec la rage au ventre. Une demi année de sa vie.


- je n’aurai pas tenu mes promesses laissa t il échapper
- on s’en est sortis Flo c’est d’jà ça. Pi la mer l’est com’ ça elle peut être gentille ou méchant’ et parfois elle te prend tout c’que t’as.
- oui t’as raison.
- sauf que quand mêm’ chuis tout’ mouillée et deux bains c’pas cool !


Le blond tourna son visage vers la gamine. Il avait tellement eu peur qu’elle disparaisse dans les flots qu’il en avait oublié tout ce qu’il avait perdu sur le coup. Cette gamine était devenue depuis plus d’une année, sa petite sœur d’adoption. Il n’avait guère de personnes à qui il s’attachait, son côté sauvage le faisant souvent s’éloigner du monde. Mais Aspho, Harpège, la gamine, Lenada qu’il n’avait pas revu depuis deux années, Aime, étaient son petit monde auquel il se raccrochait, sa famille de cœur et Elle, la rouquine au joli minoi comme il aimait à l’appeler, en était sans nul doute le centre. Le savait elle ? sûrement pas vu le peu de démonstration dont il était capable lorsqu’il s’agissait de se dévoiler un peu trop. Le coffret avait été une façon de lui dire qu’elle comptait sans doute bien plus qu’elle ne le pensait. Mais le temps leur avait manqué pour parler et il était reparti avec promesse faite de revenir au plus vite. Promesse qui en ce moment n’était que bouts de bois flottant à la surface de la mer.
Un soupir s’échappa de ses lèvres tandis qu’un pâle sourire les étirait à l’attention de Pom’. Son courage faisait l’admiration du jeune gars et sa débrouillardise le faisait souvent sourire.
Une vraie petite aventurière avec le cœur sur la main qui pouvait donner de belles leçons de vie à certains.

Étrangement sur un navire il se sentait chez lui. Il n’avait pas eu le temps de travailler beaucoup pour le Comté où il avait aménagé sa modeste bâtisse qui n’était pas encore vraiment la sienne, il n’avait pas eu le temps d’y poser son empreinte.
Peut être avait elle gardé quelques senteurs marines de son passage, tout au plus.
Il lui fallait du temps pour se sentir chez lui.
Il ébouriffa doucement la petite.


- on va aller rejoindre la côte Ouest.
L’ile n’est pas très large et j’ai remarqué plein de villages de pêcheurs sur la côte en descendant, pendant que je la dessinais sur mon journal.
Nous trouverons bien un bateau qui monte sur Terra. J’ai pu sauver le journal et la carte, cette gourde d’eau et ma boussole.


Alors que son regard se portait à nouveau sur le large, les images des heures passées défilaient dans sa tête.
La mer avait cette couleur de feu qu’elle prenait souvent le soir lorsque le soleil disparaissait à l’horizon vers l’Ouest. Les deux capitaines avaient regardé avec impuissance le feu dévorer la coque du navire, la déchirant et la consumant comme un fétus de paille, tandis qu’ils s’éloignaient difficilement des débris afin de ne pas se faire repérer par les deux navires qui tels des vautours s’empressaient déjà d’entourer la coque avant qu’elle ne coule entièrement.
Il ne savait pas combien de temps ils avaient poussés leur bouée improvisée avant de rejoindre le rivage visible du navire. Une crique sablonneuse jonchée de rochers épars les avaient abrités, épuisés, le corps douloureux mais la vie sauve.
Ce qu’ils ne savaient pas encore c’est que certains pirates étaient déjà en route pour aller donner une belle correction à ces misérables et leur faire rejoindre à leur tour les abysses.




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