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[RP] Me montrerez-vous vos jardins ?

Kronembourg
« Mon père m'a donné un coeur, mais vous l'avez fait battre. »
Honoré de Balzac.


La première lettre, lue tard dans la nuit, l'avait laissé sur différents sentiments. Métissage complexe d'étonnement, d'admiration, de méfiance également, de gêne. Comme ces choses dont on pressent qu'elles vont changer vos habitudes pour apporter un élément nouveau, inattendu, pas forcément heureux sur l'instant. Il y avait bien longtemps que le monstre politique qu'il fut, maîtrisant les rouages des manipulations et des échanges de bons ( ou mauvais ) procédés n'avait pas fait face à un simple don de soi sans demande de renvoi.
Stanislas avait immédiatement compris qu'il y aurait un Avant et un Après ces quelques lignes, un parfum d'inévitable exacerbé par la curiosité, et comme à son habitude lorsqu'il sentait que le trouble prenait une part trop importante sur lui, il s'octroyait le temps de la réflexion - C'est-à-dire du mutisme - Et s'enfermait dans une hésitation à la fois salvatrice et insupportable.

La rencontre avait confirmé, mieux, amplifié ce trouble. Amoureux du beau sous toutes ses formes, il était tombé sous le charme presque instantanément alors même qu'il se cherchait mille raisons de ne pas y succomber. Mille raisons de tuer l'ennui dévorant qui assaillait son quotidien heure après heure. Mille raisons de se trouver un nouveau but en ces terres Provençales où une poignée de tyrans faisait la pluie et le beau temps en fermant les yeux sur la grogne populaire, persuadée que de ne pas regarder la misère d'un peuple signifie de facto que cette misère n'est pas.

La seconde lettre lui avait touché le coeur et l'âme.
Et puisque défi avait été lancé peu de temps auparavant : " Faîtes-moi visiter votre belle Provence " c'est un géant claudiquant et à la barbe entaillée d'une belle balafre qui se traîna dans les rues de Arles à l'heure convenue.
Impatient sous le masque de l'impassibilité lorsque quelques soldats en ordre de marche firent claquer leurs bottes sur le pavé et que le cliquetis de leurs armes battant leurs ceinturons résonna longtemps après qu'il les perdit de vue.
Elle viendrait, il le savait.
Ce qu'il ignorait, c'est jusque où elle l'emmènerait.

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