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Si la Garonne racontait...ou les jours Agenois

Heulynn
Les ruelles étaient déjà plongées dans l'obscurité lorsqu'ils avaient quitté la Casa Andaluza, au coeur d'Agen.
Deux silhouettes attachées l'une à l'autre, bras dessus, bras dessous s'en étaient allées vers les bords de la Garonne.
En chemin, ils avaient ri, avaient évoqué le passé, pas si lointain, d'une rencontre, dans la fureur d'une guerre sans fin, s'étaient remémoré les journées qui avaient suivi, sous le toit caduque d'une cabane, à l'entrée d'un village Poitevin et la bienveillance d'Antarès, sur eux, depuis ce jour extraordinaire où inconsciemment, ils avaient lié leurs vies.
La nuit était claire, un ciel sans nuage laissait la lumière bleutée de la lune baigner les chemins de hallage et ils savaient qu'ils trouveraient ce qu'ils cherchaient !

Ils...
Lui, un Baro Rom, beau et fier de cette beauté, un Tsigane aux longs cheveux retenus par un foulard, aux bras chargés de bracelets clinquants et aux doigts garnis de bagues, l'éclat d'un anneau d'or brillant à son oreille, marqué par la vie, sur sa peau, d'un Scorpion dont il avait la vivacité...un homme au coeur grand comme un océan et à la tendresse à fleur de peau...Lui, l'époux !
Elle, une Rromni, fière et arrogante à ses heures, une Tsigane à la démarche assurée et au regard trop bleu pour être Tsigane de naissance...une femme heureuse et amoureuse, tatouée par sa volonté, d'un même Scorpion...Elle, l'épouse !
Eux, un couple peu banal.

Enfin, après avoir longé un moment les rives du fleuve, ils aperçurent ce qu'ils voulaient !
Une cabane de pêcheurs ! Un simple cabanon où couler les jours à venir, dans la plus grande simplicité puisque tel était leur avenir immédiat.

Un coup d'épaule dans la porte, sous le regard inquiet de la femme qui craint pour son homme, même si la porte était déjà branlante, ce qu'elle ne lui fait pas remarquer, évidemment, et les voilà à l'intérieur !
A tâtons, ils trouvèrent de quoi s'éclairer un brin.
Rudimentaire était le mot qui convenait pour décrire la cabane et son mobilier. Une table, un lit à l'état de paillasse et une chaise, le strict minimum !
Qu'importe ! Pour eux, aucun château ne pourrait être plus beau parce que c'est ce qu'ils avaient choisi !
La richesse ne se mesure pas en pierres précieuses ou en ors ou en colliers lourds au cou...La vraie richesse, c'est la joie d'avoir à ses côtés, la personne que l'on aime. Ils étaient tellement riches de ce bonheur que cette cabane, dans son état lamentable, serait, pour les semaines à venir le plus beau palais que la vie pourrait leur offrir !

Heureux de leur nouveau toit, faisant fi des soucis qu'ils pouvaient bien rencontrer, ils ne tarderaient pas à s'endormir dans les bras l'un de l'autre.

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Kallias
Une porte qui s'ouvrit sur une cabane... Nouveaux murs, nouveau chapitre. Enfin ils étaient sortis de ce dispensaire, plus ou moins remis de leurs blessures, pourtant graves. Elle avait reçu un coup entre les épaules, lui avait eu les jambes fauchées de plusieurs coups dès l'entrée de la courte bataille. Il se redressait néanmoins, et parvenait à marcher faiblement avec une canne sombre, qui lui donnait un air d'aristocrate, ce qui les faisaient rire, elle la Dama, et lui le Don. La douleur s'effaçait, et les plaies s'étaient refermées. L'avantage des épées bien aiguisées, c'était que les cicatrices étaient fines, ce qui n'est pas plus mal si on s'en tire...
Car de coups et de plaies, ils en avaient pris déjà un bon nombre tous les deux, mais ils étaient là, vivants, et plus heureux que jamais.

Lorsqu'il entra à sa suite dans ce qui serait leur palais, il eut un sourire ému, une larme perla même au coin d'un oeil, tandis qu'il repensait à leur cabane... Celle de Thouars, celle de la rencontre de sa vie, de la meilleure chose qui lui était arrivée. Les blessures aussi... Il était presque mort lorsqu'elle l'avait trouvé, et qu'elle l'avait soigné sans le connaitre, nature généreuse et sublime. De cette arrivée angélique dans son existence, il était heureux, infiniment, comme jamais. Elle le comblait, il l'aimait comme un fou et elle le lui rendait superbement.

L'endroit était parfait pour leur repos. La cabane était pauvre, mais charmante dans sa simplicité, et la présence de la Garonne à quelques pas de là achevait de conférer à leur villégiature un côté calme et idyllique. Une parenthèse sans aventure leur ferait, après tout, sûrement du bien. Les derniers voyages et épopées avaient été riches en ennuis, en procès, en jours de prison et en blessures. C'était peut-être une chance que la vie leur offrait de ne plus se consacrer qu'à eux, qu'à leur bonheur. Et puis... malgré la colère d'être tombé, lui appréciait de la savoir en sécurité, près de lui à longueur de journée, s'occupant l'un de l'autre.

Plus d'un mois... Cela leur laisserait le temps pour bien des activités, l'art de l'estoc, la Flamenca et sa danse. Déjà il songeait avec amour que ces blessures seraient surement un mal pour de nombreux biens.

_________________
Truth - Casa Sitomni & Alciato
Heulynn
Cela faisait maintenant quelques jours que la vie coulait son fleuve tranquille le long du fleuve tout aussi tranquille.
Heulynn profitait de ce repos obligatoire pour suivre des cours à l'Université et perfectionner ses connaissances, en lisant des ouvrages qu'elle empruntait.
Un jour, elle avait reçu une missive de la Rectrice, lui disant qu'elle ne pouvait pas suivre les cours parce qu'elle n'était pas inscrite !
Cela l'avait fait bien rire parce que chacun savait qu'à notre époque, les cours étaient dispensés de façon publique et que tant qu'on payait personne n'aurait l'idée d'interdire l'accès des salles de cours, même à une femme !
Pourtant, on la menaçait de procès...Ce qui, après l'avoir courroucée, l'avait également bien amusée.

La cabane était un refuge idéal pour le couple Alciato.
Au calme, loin de l'agitation de la ville, la proximité de la Garonne leur donnait l'occasion de pêcher mais aussi de patauger encore un peu dans le faible courant avant les crues hivernales.

Une autre missive arriva, un beau matin.
Elle venait de la cousine Bellecour, Eloin. Heulynn portait en effet, elle aussi, le nom de Bellecour.
Eloin allait se marier ! Heulynn en fut ravie, pour sa chère cousine. Celle-ci avouait par la même occasion qu'elle portait la vie. Heulynn en rit...Eloin, enceinte avant ses noces ! Diantre, pour une nouvelle, s'en était une bien bonne ! Eloin, enceinte...avant son mariage...Heulynn n'en revenait pas !
Eloin invitait, bien entendu, sa cousine Heulynn et son époux, à ses noces.
Serait-ce une bonne idée de s'y rendre ? Elle en doutait. Pourtant, elle ne voulait pas que sa cousine soit déçue non plus ! Que faire ? En discuter avec Kallias, évidemment !

Riant toujours des bonnes nouvelles, Heulynn mit un peu d'ordre dans la cabane, ce qui, vu l'exiguïté du lieu, allait être vite fait !

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Kallias
Les jours filaient... Les blessures ne causaient quasiment plus de douleur, seulement une gêne pour marcher. Néanmoins Kallias était heureux dans cette vie, sereine, studieuse. Il passait quelques heures chaque jour à l'université, souvent en la compagnie de son épouse qui suivait les mêmes études que lui. Parfois, revenant d'un pas ralenti vers leur cabane, il laissait tomber sa canne, ôtait ses vêtements et allait se baigner dans la Garonne. L'eau était fraîche ce jour-là, l'automne s'était déjà installée, et quelques feuilles poursuivaient leur chemin vers l'aval et l'océan.

Le jeune Rom détacha ses cheveux, et noua son foulard à son cou. Les boucles noires entourèrent son visage comme des arabesques folles, avivées par l'eau. Il aimait ces instants, lorsque le courant le portait, soulevait lentement son corps, délivrant ses jambes qui n'avait plus à supporter leur fardeau.

Lorsqu'il eut vraiment trop froid, il sortit de l'eau et se sécha avec sa cape avant de se rhabiller. Il fit quelques pas qui le menèrent jusqu'à la cabane, qu'il regardait avec amour, songeant à elle. Lorsqu'il entra, il chercha sur la table un de ses livres sur les connaissances militaires de base, et tomba sur une lettre de la cousine d'Heulynn, Eloin, sa propre cousine par alliance. Il se permit de la lire, et eut un sourire. Il se doutait que son épouse ne saurait peut-être pas comment lui présenter la chose...

Il avait déjà refusé de se rendre à une cérémonie d'annoblissement, trouvant toutes ces choses comme des prétextes de foire aux vanités. Pourtant, il aimait bien Eloin, et une vague de tendresse pour celle dont il partageait la vie le poussa à se décider qu'ils iraient, à moins qu'Heulynn ne le veuille pas, bien entendu.

Puis il relut la lettre... "le 27 octobre [...] à Montmirail". Zut ! Ce jour précis était le vingt-septième d'octobre, à croire que son ange avait manifestement refusé de s'y rendre ! Ou oublié ! Il eut un rire attendrie en pensant à Heulynn, qui était parfois un peu tête en l'air vis à vis de sa cousine...

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Truth - Casa Sitomni & Alciato
Heulynn
Matin doucement gris qui annonce le déclin des jours. Matin câlin entre les bras d'un tendre aimé à la mâchoire abîmée par un coup de poing d'un ami en plein chagrin.

Heulynn, une fois levée, s'installa à la table, près de la petite fenêtre, enroulée dans un châle en gros lainage.
Kallias et elle avaient décidé d'écrire à Eloin, leur cousine, pour la féliciter de son mariage et aussi s'excuser de ne pas être présents. Ils signeraient, tous les deux.
Mais Heulynn avait autre chose aussi à annoncer à sa cousine.

Citation:
Ma chère cousine,

Comme tu le constates, c'est avec bien du retard que je viens à toi par cette lettre. Je te demande pardon de ne pas avoir répondu plus vite à ton courrier.
Nous sommes, pour l'instant, à Agen, en Guyenne où nous devons séjourner encore un bon mois. En effet, nous avons été victimes d'une armée et avons été blessés, tous les deux. Heureusement, nous sommes forts et en bonne santé donc la guérison se passe bien.
Kallias se joint à moi, pour te présenter nos félicitations et te souhaiter beaucoup de bonheur.
Je me réjouis à l'idée que notre famille s'agrandisse bientôt et je prie pour que ton enfant se porte bien.


Eloin, j'aimerais aussi te prévenir d'une chose qui, je le pense, ne va pas te réjouir. Il se peut que je sois excommuniée. En effet, un cureton que j'ai mis à la porte de ma taverne, à Castelnaudary, a porté plainte contre moi. L'Inquisition s'en est mêlée, suite à un témoignage de Frère Roger, si j'ai bien compris, disant que j'étais mariée à un Rrom, selon les rites tsiganes. On me demande aujourd'hui, de renoncer à ce mariage, de demander pardon et de faire pénitence. Je sais très bien que ceci est la démarche habituelle. Mais j'espère que tu comprendras que jamais je ne renierai mon mariage avec Kallias et ce, même si je dois être jetée hors de l'Eglise et considérée comme hérétique. Les sentiments que j'ai pour mon mari ne peuvent être mis en balance avec mon baptême.
Aussi, je voulais te prévenir, avant que tu ne l'apprennes par d'autres.
Je comprendrais très bien que tu me demandes de ne plus me dire ta cousine, si tu le désires. Je ne veux pas que mon choix puisse te porter préjudice.

Avant de terminer cette lettre, je veux, une fois encore, te présenter nos voeux de bonheur.
Transmets, s'il te plait, nos salutations à ton époux.

Que le Très Haut t'accompagne.

Heulynn.

Heulynn laissa la lettre sur la table. Kallias la signerait et écrirait un petit mot, s'il le désirait.

D'ailleurs, celui-ci semblait se réveiller. Elle lui sourit et retourna auprès de lui, pour s'enquérir de l'état de sa mâchoire.

_________________
Heulynn
Pourquoi certains jours étaient-ils plus longs que d'autres ?
Ces 45 jours de repos imposé étaient d'une longueur mortelle !
Heureusement qu'ils étaient ensemble ! Le temps passé aux côtés de son mari était merveilleux, c'était le seul côté positif de cet arrêt dans leurs vies !

Ils vivaient toujours dans la cabane, qui avait tout d'un palais aux yeux d'Heulynn ! Pour rien au monde, elle n'aurait voulu échanger leur cabane contre un château ducal !
L'amour et la tendresse que Kallias et elle partageaient valaient toutes les richesses et fortunes du monde et rien n'aurait pu remplacer ce bonheur !
Comme la température descendait à l'approche des jours d'hiver, Kallias avait aménagé une cheminée qui leur permettait de se réchauffer devant les flammes dansantes...C'était d'ailleurs très agréable !

Quelques amis étaient venus leur rendre visite, à Agen.
Cela faisait du bien, permettait de couper la monotonie ronronnante de cette ville qu'Heulynn qualifiait de repères à pruneaux.

Leur procès se déroulait en même temps, long, très long, extrêmement long et surtout décousu ! A voir les heures qui s'écoulaient entre deux intervenants, il y avait fort à parier qu'Heulynn serait grand-mère avant la fin du procès !

Ah oui...cette idée qui la traversait de plus en plus souvent...et son regard qui se posait alors sur un point indéfini et qui se perdait pour la laisser dans de longues réflexions...Etait-il temps, maintenant pour accomplir ce miracle ? Ces pensées finissaient toujours sur un long soupire d'indécision et elle remettait toujours au lendemain la décision, tiraillée toujours entre deux inclinaisons...celle du "oui, maintenant" et celle du "non, attendons encore un peu". La seule certitude étant la finalité, un "oui, je le veux !".

Sa cousine Eloin n'avait pas répondu à sa lettre.
Ce n'était pas la première fois que leurs échanges tardaient mais Heulynn était inquiète...Sachant Eloin enceinte, elle se faisait du souci pour elle. Bientôt, elle lui réécrirait, espérant que cette fois, elle serait rassurée par un courrier de sa cousine.

Les journées s'effilochaient donc entre les longs moments en tête à tête avec son ange, leurs conversations, leur taverne, leurs amis, les procès et les études...Malgré la contrainte qui les retenait ici, au moins, auraient-ils des souvenirs à raconter autour d'un grand feu, de retour en leurs terres.




_________________
Enored
Depuis quelques jours la rouquine s'était arrêtée à Agen. La ville l’ennuyait, mais lui offrait un répit temporaire. Elle était loin de la mer, trop loin à son goût mais assez pour éviter les ennuis. Les tavernes aussi l’ennuyaient, elle évitait d'y entrer car son accent semblait étrange à tous ou presque. Une jeune bretonne ne l’avait pas regardée comme si elle était possédée. Certaines femmes du village l’avaient déjà traitée de sorcière. Les préjugés étaient tenaces en ce pays. Elle travaillait souvent à la mine, le reste du temps elle passait des heures à cheval. Lui au moins la comprenait.

Plongée dans ses pensées, la jeune femme galopait le long du fleuve dont elle ne connaissait pas le nom. Serrée contre l’encolure de son cheval, elle oubliait tout. La cavalière et l’animal ne faisaient qu’un. Parfois le dirigeant d’une simple pression du genou, parfois le laissant aller à sa guise ils parcouraient la campagne ensembles pendant des heures et ne s’arrêtaient que lorsqu’ils étaient épuisés.

Cet après midi là, Enored laissa le cheval faire ce qu’il voulait, ne cherchant pas à lui imposer un quelconque chemin. Glacée par le vent d’automne, elle se décida tout de même à arrêter sa course non loin d’une d'une cabane isolée. Elle sauta du haut de sa monture, qui en profita immédiatement pour aller se désaltérer dans un recoin calme du fleuve. La jeune femme s’étira et lança un regard vers ce qui pouvait ressembler à un abri de pêcheur. Il semblait abandonné mais elle jurait avoir perçu un mouvement. Qui pouvait ainsi vivre à l’écart du village ? Cette pensée lui arracha un sourire narquois. Elle-même passait la plupart de son temps hors de la ville. Elle ne devait pas être la seule à subir les préjugés des autres.

La rouquine fouilla les environs du regard sans détecter de présence humaine. La fatigue de la chevauchée aidant, elle avait du se faire des idées et n’insista pas. Elle s’assit dans l’herbe verte et fraiche, enroulant sa cape autour de ses épaules. Ici pas besoin de remonter sa capuche, elle se sentait libre… libre et terriblement seule. Le regard perdu dans les eaux boueuses du fleuve, elle laissa ses pensées divaguer. Une question l’obsédait depuis son départ : restait il un survivant ou étaient ils tous morts ? Une ombre de tristesse passa dans le regard de la jeune femme qui passa ses bras autour de ses genoux relevés. Les courants du fleuve ressemblaient si peu aux vagues de l'océan, son océan qui lui manquait tant...
--Le_gamin

Qu'est-ce qu'il était content, le p'tit gars, d'avoir rencontré la Dama Alciato ! Chaque matin, il passait la voir, hors-les-murs d'Agen, au-delà du bac, vers le couvent des Cordeliers, elle lui donnait une miche de pain, parfois même un peu de fromage ou de lard, selon ce qu'elle-même avait en réserve. De plus, depuis quelques jours, depuis que le Don avait construit une cheminée, la Dama lui avait confié un nouveau travail, ramener le plus de bois qu'il pouvait ! Aussi, sur le chemin qui le ramenait de la mine, il entassait des branches et des bûches qu'il revenait chercher avec la charrette tirée par le chien du berger. Ainsi, chaque jour, il recevait sa piécette ! Encore une bonne centaines et le couteau admiré chez le forgeron serait à lui !

Ce jour-là, en venant faire sa livraison, le gamin aperçut une silhouette non loin de la cabane. Un cheval allait, librement, aux alentours. Comme tout jeune garçon, il était curieux, le gosse ! Aussi, tout en déchargeant sa charrette, il ne cessait d'observer la silhouette qui semblait ne pas remuer d'un pouce. Il se fit plein histoires, dans son imagination. C'était une personne égarée qui pleurait parce qu'elle ne retrouvait plus son chemin ou quelqu'un qui attendait le retour plus qu'improbable d'un bateau et qui guettait l'horizon tout le long des jours ou alors, peut-être une jeune fille (même s'il ne distinguait pas s'il s'agissait d'une femme ou d'un homme), une princesse, enlevée et qui avait réussi à s'échapper !
Lorsqu'il eut achevé son travail, n'y tenant plus, il se dirigea vers cette énigme. Il la vit alors femme, femme aux cheveux rouges ! Il s'arrêta net ! Il avait entendu sa mère raconter une fois que les femmes aux cheveux rouges étaient des sorcières et que seul le bûcher pouvait les accueillir ! Oui, mais la mère était un peu foldingue et s'il devait croire en tous ses boniments, il ne lui restait plus qu'à devenir moinillon ! Ce dont il n'était pas question, évidemment ! Homme il voulait devenir et homme, il serait !
Aussi, assura-t-il son pas vers la créature à la chevelure flamboyante.
Tenaillé entre la bravoure et l'envie de déguerpir au plus vite, il releva la tête et se planta à quelques pas de la jeune femme.
D'une voix timide mais qu'il tentait d'avoir ferme, pour avoir l'air sûr de lui, il s'adressa à la dame d'un ton solennel.

Holà ! Bonjour gente damoiselle !
Que donc fais-tu...euh pardon. Que faites-vous ainsi au bord du fleuve ?

Se rendant compte de son impertinence, plus rouge encore que les cheveux de la jeune femme, le gamin piqua le nez en terre, souhaitant que la terre s'ouvre sous ses pieds et l'engloutisse à tout jamais.
Enored
Comme à chaque fois qu’elle pensait à ses frères, le regard d’Enored était embué de larmes. Elle n’aurait su dire combien de temps elle était restée ainsi. Des mouvements dans son dos attirèrent son attention. Elle cligna des paupières pour chasser les larmes naissantes. Elle reconnu un bruit de charrette. Un paysan certainement, la rouquine ne bougea pas. Ce n’était pas la peine d’aller à la rencontre des gens pour se faire traiter de sorcière. Quand elle était avec Jean-Jean personne n’aurait osé mais à présent elle était seule.

Des pas derrière elle. Les sens en alerte, la rouquine écouta puis se détendit. Il ne devait s’agir que d’un gamin et les mercenaires anglais étaient loin … Elle devait se calmer. Les pas s’arrêtèrent non loin d’elle. La rouquine ne bougea pas et attendit, une main posée sur la garde de son épée dissimulée par sa cape.

Holà ! Bonjour gente damoiselle !
Que donc fais-tu...euh pardon. Que faites-vous ainsi au bord du fleuve ?


Il s’agissait bien d’un gamin. La rouquine eut envie de rire mais se retint, elle tourna son regard vert émeraude vers lui, cherchant celui du gamin qui fixait le bout de ses chausses.


Latha math Clann … elle parlait à nouveau gaëliquebonjour jeune homme, excuse moi. Et toi que fais tu an seo … ici ?

La rouquine détourna son regard, d’ici peu le gamin allait détaler en hurlant "sorcière" … elle s’y attendait… ou en la traitant de folle après tout c’était pareil. Seul Guillaume et sa bande l'avaient comprise, acceptée telle qu'elle était. Où étaient ils tous ? Elle décida de répondre à la question du gamin.

Moi j’aime regarder la … abhainn… rivière… seule, loin des gens de ton village. Ils ne m’aiment pas je crois. Je suis trop ... différente pour eux.
_________________
--Le_gamin

La jeune femme s'exprima dans une drôle de langue, avec un drôle d'accent. Ce qui fit un instant regretter au gamin de s'être approché. Et si la mère avait raison ? Si c'était une sorcière et pas une princesse, comme il y avait songé auparavant ?
Il releva le regard et croisa alors un regard d'une couleur qu'il n'avait encore jamais vue, pour des yeux. Il en fut surpris et comme hypnotisé par la curiosité.
Lorsqu'elle lui demanda ce qu'il faisait là, il ne répondit pas, trop absorbé par la contemplation de cette femme aux cheveux et au langage de sorcière mais tellement belle, en même temps.
Puis, ce qu'elle lui dit le frappa ! Différente ? Oui, bien sûr...avec une telle tignasse et cet accent, évidemment !
Il ravala sa salive et parvint enfin à répondre.


Diff...différente, pourquoi ? A cause de vos paroles un peu bizarres ? C'est comme les gens qui habitent là. D'un geste, il montra la cabane non loin. Eux aussi, ils parlent avec d'autres mots.
Tenez, la Dama, elle m'a appris à dire bonjour comme eux !
Latcho dives ! C'est comme ça qu'ils parlent ! Et le messire, il me fait un peu peur, lui, il a un regard noir et des tas de bijoux, il m'a dit qu'ils étaient Rroms et il a aussi un accent !
Le gamin arrêta sa tirade, le souffle court, étonné lui-même de son débit de paroles.

Ils sont comme vous, on les aime pas beaucoup, vous savez. Au village, on dit qu'ils sont voleurs et qu'ils tuent pour le plaisir. Moi, je les trouve gentils. La Dama, elle me donne du pain.
Si vous voulez, je vous conduis chez eux !

Les yeux du gamin brillaient et un large sourire illuminait son visage, toute peur avait disparu.
Enored
Diff...différente, pourquoi ? A cause de vos paroles un peu bizarres ? C'est comme les gens qui habitent là. D'un geste, il montra la cabane non loin. Eux aussi, ils parlent avec d'autres mots.
Tenez, la Dama, elle m'a appris à dire bonjour comme eux !
Latcho dives ! C'est comme ça qu'ils parlent ! Et le messire, il me fait un peu peur, lui, il a un regard noir et des tas de bijoux, il m'a dit qu'ils étaient Rroms et il a aussi un accent !


L'enfant parlait trop vite pour que l'Irlandaise saisisse toutes ses paroles. Mais elle était contente qu'il ne soit pas parti. Au moment où elle tourna son regard vers lui pour lui demander de ralentir il s'arrêta. Etait il intimidé ?

Ils sont comme vous, on les aime pas beaucoup, vous savez. Au village, on dit qu'ils sont voleurs et qu'ils tuent pour le plaisir. Moi, je les trouve gentils. La Dama, elle me donne du pain.
Si vous voulez, je vous conduis chez eux !


La rouquine le fixa un temps. Elle saisissait à présent pourquoi cette cabane isolée était habitée. Grâce à ceux dont le gamin parlait, il avait comprit qu'elle était étrangère elle aussi. Elle lui sourit et se leva.

La rouquine chercha son cheval du regard et siffla. L'animal répondit par un hennissement et vint à sa hauteur. Lui flattant l'encolure, elle se retourna vers l'enfant. Il attendait sa réponse, le regard brillant, le sourire aux lèvres. Enored posa une main sur l'épaule de l'enfant.


Je t'accompagne. Je suis Enored. Je viens d'Irlande. C'est ça qui me rend différente. Ca et ... beaucoup d'autres choses. Mes mots bizarres sont de ma langue... maternelle je crois que vous dites. Chez moi bonjour se dit "Latha math"

Elle sourit à nouveau, le gamin lui plaisait bien. Le cheval sur ses talons, elle le suivit vers la cabane.
_________________
--Le_gamin

La main de la jeune femme se posa sur son épaule et cela lui plut. Souvent, les mains qui se posaient sur lui étaient synonymes de baffes, chez lui. Et voilà que cette Irlandaise venait vers lui avec un geste amical.
Est-ce que les gens différents étaient donc plus aimables que les autres ? Voilà une question qui allait tarauder le gamin un bon moment, encore.
Il sourit.

Moi, j'm'appelle Louis, dame !
Il prit bien soin de répéter dans sa tête, le bonjour dans la langue de la rousse...Latha math ! Ainsi donc, il connaissait une autre façon, encore, de dire le bonjour ! Qu'est-ce qu'il allait être fier, devant les autres gosses, de sortir ces mots étrangers ! Mais il le ferait en cachette, devant seulement certains autres enfants et sûrement pas devant la mère ou devant le curé ! Il ne voulait pas finir au bûcher !

Ils se dirigèrent vers la cabane. Le gamin lançait parfois un regard en arrière, visant le cheval qui suivait sagement. Quelle équipée, ils faisaient, tous les trois !

Bientôt, devant la porte de la cabane, il frappa.

Dama Alciato ? C'est moi, Louis. Je peux entrer ? J'amène une visite !
Heulynn
La cabane avait besoin d'un peu de rangement...La veille au soir, Heulynn avait passé ses nerfs sur la table et ses quelques objets posés dessus.
Il faut dire qu'à la lecture de la lettre lui annonçant un procès contre elle et son mari, pour avoir été suivre des cours sans avoir préalablement fait les ronds de jambes nécessaires à la Rectrice, elle avait vu rouge !
De plus, son mari, pour une fois, avait fait les démarches de s'inscrire, c'était encore ça, le pire de tout !

Elle se voyait encore attrapant un coin de table et faisant tout valser à travers l'unique pièce de leur maison !
Sur le coup, cela lui avait fait du bien mais maintenant, il fallait ramasser les vélins épars et constater que la table avait souffert, elle aussi...Un coin était cassé. Bah, ce n'était pas trop grave...

Elle était accroupie, rassemblant les objets, lorsqu'on frappa à la porte.
La voix du gamin se fit entendre, demandant s'il pouvait entrer...et disant qu'il amenait de la visite. Le fait qu'il puisse entrer ne posait pas de problème, il venait régulièrement, ce gosse, rendait des services et venait manger ou se réchauffer au besoin. Par contre, qu'il amène du monde, ça, c'était plus interpellant.
Heulynn se releva.


Oui, bien sur, entre...qui donc nous amènes-tu ?
La porte s'ouvrit et Heulynn découvrit la visiteuse. Une jeune femme rousse...Du coup, Heulynn pensa à ses amies, rousses elles aussi...Ivy et Mirlyne...Un grand sourire éclaira son visage et d'un geste, elle invita la dame à entrer.
Latcho dives, ma dame...Bonjour !
Entrez, ne restez pas dans le froid.

Elle lui indiqua l'unique chaise de la cabane.
Asseyez-vous donc.
Elle s'adressa alors au gamin.
Va nous chercher du bois, veux-tu ?
Heulynn observa la visiteuse.
Vous n'êtes pas d'ici, je me trompe ?
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Enored
La rouquine suivit le gamin en silence jusqu'à la cabane. Son enthousiasme se teinta de méfiance, l'enfant faisait confiance trop vite. Ne sachant pas où elle mettait les pieds, Enored resta sur ses gardes. Mais l'enfant frappa à la porte et une femme ouvrit.

Latcho dives, ma dame...Bonjour ! Entrez, ne restez pas dans le froid. Asseyez-vous donc.

La rouquine resta silencieuse. Elle avait bien vu la méfiance dans le premier regard de la dame chez qui le gamin l'avait invitée. Suivant l'invitation de la femme qui se tenait devant elle, elle entra. Regardant autour d'elle, Enored saisit que ce n'était peut être pas le moment de rendre visite.

Vous n'êtes pas d'ici, je me trompe ?


La jeune femme lui rendit son sourire.


Latha math Dame ! Tapadh leibh... merci pour votre accueil. Vous ne faites pas erreur. Je suis d'Irlande. Mon nom est Enored. Vous aussi avez un accent qui chante... Je ne veux pas déranger.
dit-elle en lançant un regard vers les parchemins au sol.

Pour la première fois depuis le départ de Guillaume et Cassandre, la rouquine se sentit enfin à nouveau à l'aise, on ne la jugeait pas...

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Heulynn
Heulynn surprit le regard de la dame, elle rit en désignant les derniers morceaux d'un bougeoir éclaté au sol.
Oh...ça, ce n'est rien. Une...maladresse. Oui, c'est ça, une simple maladresse !
Même si elle n'avait jamais honte de ses colères, Heulynn ne se sentait pas en droit d'imposer le récit de cette mésaventure à la visiteuse.
Aussi, poussant du pied le témoignage de sa "maladresse" pour les dissimuler près de la cheminée, elle continua la conversation.


Enored, soyez la bienvenue de notre modeste maison !
Je me nomme Heulynn et mon époux qui ne devrait pas tarder, c'est Kallias Alciato. Nous sommes Tsiganes. Mon accent vient de mes origines provençales.

Le regard bleu d'Heulynn se posa, bienveillant et souriant, sur Enored.
Elle savait qu'étant Irlandaise, donc étrangère, elle ne devait pas être facilement acceptée par les gens d'ici. Kallias et elle en faisaient les frais aussi.
Qu'est-ce qui vous a menée si loin de votre pays, Enored ? Heulynn se rendit compte qu'elle posait peut-être une question délicate et elle tenta de se reprendre. Si je suis trop curieuse...dites-le sans crainte.
Bien sur qu'elle ne voulait pas mettre la jeune femme mal à l'aise mais elle était d'un naturel ouvert et curieux et aimait parler avec les gens.
Tout en parlant, elle posa deux gobelets sur la table et prit une bouteille d'hypocras posée sur une étagère. Tendant la bouteille vers Enored...

Je vous en sers ?
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