Andrea.
- Un jour, tu ne seras quun souvenir pour certaines personnes. Fais en sorte de faire partie des bons.
- Auteur inconnu
- Dijon, territoire connu du brun pour y avoir passé quelques mois de sa vie une année auparavant.
C'est d'ailleurs en Bourgogne que le Mortemart avait eu l'occasion de se retrouver une énième fois complètement nu devant la populace.
Souvenir d'une époque à présent révolue, période pendant laquelle notre homme troussait allègrement toute femme agréable à ses yeux, offrant une poitrine parfois bien généreuse et d'autres un peu moins. Blonde, brune, rousse, point de préférence, le but étant bien de s'offrir un moment de plaisir intense, histoire d'une nuit avec des femmes mariées, fiancées, vierges, veuves.
La condition n'avait que peut d'importance pour le jeune homme.
Et c'est donc après une petite nuit particulièrement intense, qu'Andrea s'était retrouvé à courir à travers champs, sans vestures, coursé par un mari visiblement très remonté d'avoir surpris son épouse en pleine séance de cocufiage.
S'en était suivi une rencontre peu ordinaire avec une femme de la région, jolie blonde, devant une étale de tissus, tissu nécessaire pour dissimuler le corps halé du brun.
Plusieurs rencontres improbables plus tard, et par défi, le Mortemart avait offert de l'épouser dans le seul but de la contrarier.
Quelques mois plus tard, alors que la question d'un mariage prochain se faisait de plus en plus savoir, il avait décidé de prendre la fuite, abandonnant la promise à son triste sort...
Vilain souvenir qui rappelait au jeune homme à quel point il pouvait être lâche par moments.
Finalement marié depuis et fraichement séparé, sur les routes de Champagne, le besoin de faire une halte s'était fait sentir, et c'est penaud qu'il arpentait les ruelles de la capitale Bourguignonne, tantôt se cachant derrière une montagne de tonneaux, tantôt se dissimulant à l'aide de sa besace pensant croiser la blonde.
Sûr que si leurs chemins se croisaient de nouveau, on entendrait cris et coups à travers la ville !
Au terme d'une nouvelle planque, le si charismatique et canon de beauté Mortemarien trouva refuge dans une auberge qui lui semblait familière, et c'est en s'installant au comptoir qu'il se remémora ses quelques souvenirs.
Face à lui se trouvait l'aubergiste aussi laide que pouvait l'être un nouveau-né, la peau rougit par l'alcool frelaté, cette même peau plissée comme après un bain prolongé, cheveux filasse se terminant en un chignon maintenu en équilibre par une vieille lanière de tissus grisonnante, d'un gris apparenté à la crasse.
C'est donc aussi aimablement que de coutume qu'il entama la conversation :
Le bonjour aubergiste, je vois que vous n'êtes toujours pas crevée ! Et pourtant je vous croyais mourante...
Petit haut-le-cur en continuant d'observer la victime de ses impolitesses :
Qu'est-ce que vous êtes laide... Il y a des choses qui ne changent pas et je doute que même les baisers d'un prince vous changent en beauté d'une rareté infinie...
Long soupire expulsé, comme pour signifier la compassion ou la pitié, chose que le Mortemart ne ressentait en aucune circonstance.
Servez-moi votre meilleur alcool, même si j'imagine que là non plus il n'y a pas de changement, j'aurai toujours droit à votre piquette.
Attendant alors que l'on lui apporte de quoi oublier ses derniers soucis, son regard partait alors à divaguer dans la salle, les plus fidèles soiffards bourguignons étaient là, sirotant l'infecte mixture que servait la Perrine, ou Josiane... La mémoire des noms n'était pas son truc au garçon, lui ce dont il se souvenait d'une femme se résumait à son séant, sa poitrine ou l'image des positions qu'il avait adoptées en les troussant.
La porte de la taverne s'ouvrait et se refermait sans discontinuer, les badauds l'observant, une pointe de haine dans leurs yeux, était-ce ainsi qu'on accueillait les étrangers ? A son souvenir, son premier passage n'avait pas été agrémenté de tels regards.
Claquait une nouvelle fois la porte, d'un claquement qui n'avait rien d'inconnu pour lui...
- *Je pouvais entendre gronder le tonnerre et voir la foudre s'abattre
Partout, le monde se réveillait et je ne pouvais revenir en arrière
Car tous les murs du rêve s'étaient effondrés
Et finalement le sort semblait rompu
Florence and the Machine / Blinding
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