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[RP] Jeux d'Apparence

Matvei



- Quelque part très à l'Est de ce royaume -


- Yuri, prépare les hommes. Nous allons faire un long voyage !

Les mots avaient claqués au vent, le temps, lui, avait suspendu son vol. Les regards s’étaient alors tournés dans la direction du jeune homme qui venait de prononcer ces quelques mots. Étonnés qu’ils étaient mais inquiets aussi. Lorsque le camp se levait c’était qu’une guerre s’annonçait. Les cosaques ne se déplaçaient jamais pour rien. Promesse futile de défendre un territoire ou serment de mourir pour leur foi, derrière chaque guerre dans cette partie du pays se cachaient des cosaques. Mais pas aujourd’hui. Non, aujourd’hui soufflait un vent de renouveau et de liberté. Aujourd’hui, aucune guerre à l’horizon mais juste une réponse à un appel.

Matveï était dans sa tente à ranger soigneusement quelques cartes lorsque la peau tendue qui obstruait l’entrée se souleva. Un homme d’une quarantaine d’années venait de pénétrer dans ce sanctuaire dédié à la guerre et au plaisir. Des peaux d’ours tannées trônaient ça et là sur le sol autour de ce qui servait de lit, quelques coussins aux couleurs chatoyantes et chamarrées, jonchaient sur le sol et sur le lit, invitaient au voyage les occupants des lieux, un plateau d’or finement ciselé était posé sur une petite table de bois et sur lequel quelques gobelets d’étain s’éparpillaient autour d’une bouteille contenant un liquide clair, du miel, quelques fruits secs posés dans une coupelle d’argent. Le regard se portait rapidement sur la table qui servait de conseil de guerre. Des cartes y avaient trouvé refuge. Des plans étaient dessinés sur des vélins, un poignard à la lame recourbée s’était perdu entre l’oral et le Don et au milieu, un chandelier d’or dont la bougie avait fondu jusqu’à ne devenir qu’une infime partie d’un rien. Plus loin, vers le fond de la tente se reposaient deux épées, suspendues dans leur fourreau respectif et prêtes à être maniées. Un manteau de peau avait été abandonnées ainsi que des bottes de cuir aux boucles d’or finement travaillées qui n’attendaient plus qu’à retrouver la poussière des chemins… tout respirait l’aisance et la richesse en ces lieux et pourtant, aucune maison, aucun domaine ou château pour accueillir l’homme qui tournait le dos à celui qui osait le déranger. La main tirait sur la barbe qui mangeait le bas du visage du jeune homme et pourtant il ne se retournait toujours pas.


- Qu’y a-t-il encore ? Aurais-tu une objection à formuler ?
- Non... tu sais que je te suivrais les yeux fermés mais les hommes eux… ils veulent savoir pourquoi ils doivent abandonner leur famille. Doit-on redouter un nouvel ennemi ?


Le rire profond qui s’échappa de la gorge de Matveï ne pouvait que faire frissonner ce pauvre Yuri. Il connaissait bien son chef pour savoir que même la guerre l’amusait alors partir en expédition on ne savait où était pour lui un jeu d’enfant mais pour les hommes c’était autre chose. Finalement, Matveï se retourna tout en posant une main sur l’épaule de son homme de confiance.

- As-tu un jour eu à te plaindre de mes choix Yuri ? Ne vous ai-je pas conduit jusqu’à maintenant sans perte ni trop de casse ? Me crois-tu assez fou pour faire la guerre à nos ennemis alors que nous sortons de longs mois d’affrontements avec quelques bandes mongols qui prenaient notre territoire pour le leur ?

Lâchant l’épaule de son ainé, Matveï prit la direction de la table des cartes puis souleva le poignard pour prendre possession d’un courrier qu’il lui fit lire. D’abord hésitant, le jeune homme insista lourdement avant de prendre la direction des coussins et de s’y vautrer. Et tandis que Yuri lisait, Matveï servait deux verres. Et l’unique phrase qui tomba dans le silence de la tente s’accompagna d’une levée de coude en bonne et due forme.

- Il est vivant !

L’énorme éclat de rire qui s’en suivit retenti dans le campement. Deuxième fois de la journée que le temps suspendait son vol. Si cela continuait ainsi, il finirait par avoir du retard mais le cours des choses semblaient vouloir reprendre sa route. Yuri sortit rapidement et d’un pas déterminé se rendit à l’enclos des poulains. Il avait à faire désormais et tout devait être prêt pour la fin de journée. Pendant ce temps, Matveï lissait sa barbe, les yeux dans le vague. Le voyage ne faisait que commençait et c’était ici et maintenant. Une vague de nostalgie le prit si fort qu’il ne résista pas au désir de boire encore et encore, en souvenir du bon vieux temps.


Torvar
- Arles, les semaines s’enchainent –


La Provence était égale à elle-même en plein été. Chaleur et farniente. Et Torvar n’y était pas habitué.
Le mercenaire qu’il était avait toujours été en mouvement. Pour une guerre, pour un assassinat, pour un pillage… Il ne s’était arrêté que lorsque la maladie l’avait terrassé et maintenu au lit mais aujourd’hui ce n’était pas le cas.

Depuis quelques semaines déjà, ses journées se faisaient auprès du petit Perceval, le fils de Maryah. Petit bonhomme qu’il avait trouvé en larmes en plein milieu de la plage après que sa mère lui ait révélé son histoire, celle d’une enfant bafouée et vendue comme esclave, Torvar s’était fait la promesse de l’aider à grandir du mieux qu’il le pouvait. Oh il n’était pas un exemple pour beaucoup de choses mais au moins, il lui apprendrait à survivre dans ce monde qui avalait tout cru ceux qui étaient différents. Donc, depuis des semaines, le cosaque se levait comme à l’accoutumé aux aurores avant d’être rejoint par un petit bonhomme qui, les yeux encore emplis de sommeil, baillait comme une carpe en arrivant devant le géant des steppes. Mais fier comme Artaban de pouvoir suivre les enseignements de celui qu’il appelait « le chevalier », il ne pipait mot et affrontait toutes les corvées que le cosaque lui ordonnait de faire.

Maryah avait craint que Torvar n’abime l’enfant parce qu’un géant de l’Est ça ne savait pas forcément doser sa froideur mais le cosaque, lui, savait. Il savait qu’un enfant ça se traitait comme un prince surtout lorsqu’il s’agissait d’un petit garçon. Il était le roi d’un univers que Torvar inventait pour lui. Chaque jour que dieu faisait, il lui offrait ce que jamais personne ne lui avait offert auparavant, la confiance et surtout de se rendre utile. Et l’enfant avait saisi chaque leçon à bras le corps pour se les approprier et même s’il ne comprenait pas toujours tout sur le moment, Torvar savait que Percy n’oublierait pas. Entre les corvées concernant Vorobeï, les leçons de respect, quelques mots dans la langue maternelle du cosaque et les aptitudes au bâton il y avait de quoi faire et surtout de fatiguer un petit bonhomme de cinq ans. D’ailleurs, la sieste du petit était propice à d’autres activités pour le Cosaque.

En effet, dès que Percy rentrait dans les jupes de sa mère, Torvar se précipitait dans la forêt environnante afin d’installer le campement des cosaques. S’il avait envoyé une missive à son neveu afin de lui demander des poulains pour l’enfant de Maryah, il savait que ce dernier ne viendrait pas seul. Jamais un cosaque ne prendrait la route avec des montures sans une solide escorte. Aussi, sachant que les hommes du clan ne seraient pas forcément bien vu et surtout facile à vivre, il avait décidé d’installer le campement en retrait de la ville, là où personne ne viendrait les déranger. Alors torvar disparaissait le restant de la journée. Il fallait bien étudier dans quel coin il y avait le moins de passage parce que des cosaques ça n’aimait pas être dérangé !

Les journées s’enchainaient et se ressemblaient. Torvar avait donc trouvé le lieu adéquat afin d’établir un semblant de campement et il avait commencé à installer tout le nécessaire que chacun virerait pour y mettre ses propres affaires. Ça fonctionnait toujours ainsi, il le savait mais c’était une marque de respect pour le chef de clan que de lui offrir un endroit qu’il pourrait investir dès son arrivée. Et l’arrivée, elle, se précisait.

Si Torvar avait craint au début que son neveu l’envoie bouler pour une raison quelconque, il avait reçu rapidement un courrier lui confirmant sa venue. Et avec deux poulains comme il lui avait demandé. Choisis par Matveï lui-même, comme il l’aurait fait pour ses propres enfants avait-il bien précisé dans le courrier. Gage de qualité, Torvar savait qu’il pouvait lui faire confiance et que Percy aurait une monture calme et équilibrée. C’était là l’essentiel pour le cosaque. Mais vu que leur arrivée était imminente, Torvar se devait de parler à Maryah et de voir si elle voudrait bien l’aider. Il n’en menait pas large le vieux, sa vie pouvait être modifiée d’un claquement de doigt suivant le bon vouloir de Matveï et Torvar le savait. Aussi, l’Epicée restait la clé pour qu’il s’en sorte sans trop de casse… ou pas car avec Maryah, il savait très bien que tout pouvait arriver.

Se rendant dans l’une des auberges de la ville, Torvar en poussa la porte et son regard vint à scruter les lieux. Pas de Percy à l’horizon, il devait être encore dans les jupes de l’aveugle pour quelques instants encore. Tant mieux, ça lui permettrait de faire affaire avec la brune. Inspirant profondément, le Cosaque vint se poster devant elle après avoir dégagé le terrain et envoyé bouler tous ceux qui s’étaient mis en travers de sa route. Les dépressifs et hypocondriaques, il n’en avait rien à foutre. Pas de temps à perdre, c’était une question de survie.

- Maryah, faut que je te parle… j’ai un service à te demander…

Simple, net et précis. Rien à redire. Le cosaque n’en menait pas large et était suspendu aux lèvres de l’Epicée. Si elle se mettait à rire, c’était mort. Si elle lui disait de s’installer, un espoir naissait. Mais était-il bien sûr de savoir où il mettait les pieds ?
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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, je ne mords pas.
En convalescence jusqu'à fin septembre... merci de votre compréhension amis joueurs.
Maryah
[ Vive les Mariés ! ]


Des jours qu'ils évitaient de se croiser, et elle n'avait même plus souvenir de leur dernier sujet de discorde. De toute façon, maintenant, c'était comme ça ! Ras le bol d'essayer d'être au mieux pour les autres, de faire au mieux pour les autres ; non c'était fini ce temps là. Elle avait repris confiance et la seule personne dont elle avait besoin fondamentalement, viscéralement, c'était son fils ! Les autres hommes pouvaient bien allés se faire fo... voir.
Elle avait besoin d'être forte, d'être solide, inébranlable et qu'importe ce que les autres pourraient en dire ou en penser. Devoir être forte pour deux, renoncer à tout ce qu'elle avait toujours construit, vendre tous ses biens pour permettre à son fils d'apprendre et de faire partie de la bonne société, ça n'avait pas de prix.

Aussi, quand elle avait vu le Cosaque entrer en taverne, elle n'avait pas bougé d'un cheveu. De toute façon, elle s'était promis de ne plus rien tenter avec lui, et elle fomentait un plan pour se trouver un discret courtisan. Si elle avait renoncé aux relations sentimentales avec les hommes, son corps lui rappelait chaque nuit qu'elle était une femme à part entière et que le besoin d'être aimée, enlacée, possédée, embrassée était toujours là. Son unique préoccupation : le bonheur de son fils ; son unique souci : avoir suffisamment d'argent pour couvrir les dépenses nécessaires.
Les anciens Dieux lui étaient témoins, son humeur et la réussite de sa vie ne dépendraient plus jamais d'un homme !

Bras croisés, elle attendait donc l'affrontement, s'étant de toute façon préparer mentalement. Jaume lui avait donné ce petit adage si précieux :
" Les vents me sont moins qu’à vous redoutables.
Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu’ici
Contre leurs coups épouvantables
Résisté sans courber le dos "
L'enseignant en lettres avait offert le texte à Maryah, en lui disant qu'elle était tel un roseau, faible de prime abord, mais plus difficile à affronter que le chêne que l'on pouvait déraciné. Aussi, se prenait elle pour un roseau, et elle attendait le chêne Torvar, et ses bourrasques de vent glacé venues tout droit des steppes de l'Est.

Raté ! Le Cosaque était imprévisible et elle resta bouche bée à sa demande. Des mois et des mois qu'ils se connaissaient, vivaient le pire comme le meilleur, mais elle savait qu'il n'avait aucune confiance , ni en elle, ni en personne. Bien qu'elle fasse l'innocente, elle avait vu le lien se créer entre Torvar et Percy, elle avait bien compris que le Géant des Steppes s'était pris d'affection pour le petit. Excédée d'entendre toujours le petit bridé lui demander ce que devenait Dolgar, elle avait finalement laissé faire Torvar, qui d'une part se tenait loin d'elle, et d'autre part enseignait à son fils. Au moins là, elle était sûre que Torvar avait un intérêt profond pour l'enfant, et n'était pas dans le cas de ceux qui se servait de lui pour atteindre la mère. Les choses étaient claires et elle veillait à ne pas s'en mêler, luttant contre sa curiosité naturelle et maladive.
Torvar était prêt à rendre service et devenait comme un modèle, un maitre pour Perceval. C'était un homme fidèle, sérieux, en qui on pouvait avoir confiance mais qui n'accordait jamais la sienne. Alors quand il lui demanda un service, Maryah faillit tomber de sa chaise. Le Cosaque demande quelque chose ! Par Déos ! C'était quelque chose, et Maryah se doutait que ça devait être vital pour qu'il ose demander quoique ce soit.

Emue, touchée, elle aurait pu accepter tout et n'importe quoi. Et elle avait accepté le "n'importe quoi" qui consistait à se faire passer pour l'épouse de Torvar, auprès de Matvei. Le calcul avait été rapide : d'un côté Matvei et le cheval pour Percy, de l'autre Torvar l'intermédiaire. L'un pour servir l'autre et arriver à ses fins. C'était oui.
Et puis, si elle refusait, Torvar lui avait dit que Matvei risquait de ramener le Cosaque chez lui et le marier à une fille de chef de clans. Nan et nan, Torvar ne partait pas ! Il restait là pour dresser le petit cheval, et apprendre à Percy. Bien sûr qu'un jour il partirait, mais certainement pas dans cet autre royaume et encore moins pour tomber dans les bras d'une femme. Donc la réponse, c'était oui et re oui !
Enfin, la vie à Arles commençait à devenir routinière, et le caractère aventurier de Maryah la chahutait. Elle pensait à s'payer un courtisan, à voler les nobles en taverne pour payer c'qu'elle voulait à son fils, à attaquer un marin pour lui piquer son rafiot quelques heures, à cogner Niallan jusqu'à boire son sang, bref ! ça tournait pas très rond, et il fallait qu'elle trouve de quoi s'occuper l'esprit.

"Jouer les épouses" était parfait. Cela résolvait aussi certains de ses besoins actuels. Effet immédiat : obtenir le cheval pour son fils. Effet différé : être femme, être entourée, être occupée, avoir un homme dans sa couche. Car son courtisan gratuit était tout trouvé. Hors de question qu'elle dorme à côté du cosaque, sans en profiter, non mais ! Fallait pas la prendre pour mère Thérésa ou la Vierge Marie ! Et c'était sans oublier le fait qu'elle pourrait mentir à souhait, et que ça serait même bien. De quoi l'amuser.

Les avantages d'un simple "Oui" avait été fulgurant ! Elle se retrouvait avec un tour de cou auquel pendait une pierre d'ambre, symbole de leur faux mariage. Torvar s'était montré conciliant, et les résolutions de l'Epicée s'étaient envolées dès le premier contact. Elle avait également hérité d'une robe, et d'un campement confortablement aménagé. Elle s'était empressée d'aller retrouver Percy et lui avait expliqué le "Jeu" et ses règles.

Voilà ce qui avait précédé ce moment calme, où allongée sur un tas de coussins, sous la tente matrimoniale, Maryah faisait l'étoile de mer dans sa jolie robe en attendant le retour de Percy et Torvar qui étaient partis à dos de cheval, vérifier au port si Matvei était arrivé.
Maryah s'était redressée de peur de s'endormir, à cause de la nuit passionnée qu'ils avaient passé pour inaugurer le campement en l'absence de Percy et Matvei. Elle brossait ses cheveux, révisant mentalement le déroulement d'une journée parfaite, tel que le Cosaque la lui avait présentée.

En fait, elle était bien, heureuse, satisfaite. Il n'y avait qu'une toute petite Ombre au tableau : Matvei. Nombre de fois où Torvar lui avait dit : "tu ne connais pas les cosaques". Elle sentait tout ce qu'il y avait derrière cette déclaration, et elle n'était pas très à l'aise avec ça. Si ces hommes considéraient les femmes comme des monnaies d'échange, il n'allait pas être déçu du voyage. Toutefois, elle voulait que Torvar soit admiré des siens ; qu'on dise de lui qu'il avait fait beau mariage avec une Epicée, que l'enfant était doué, que le Cosaque était charismatique et qu'il avait réussi sa vie, même loin de son clan. Elle se rappelait l'histoire de son départ, qu'il lui avait confié peu de temps plus tôt ; celle de sa femme, de ses filles, et de ce petit garçon né depuis peu et inaccessible. Elle voulait que la famille de Torvar soit fier de lui, elle voulait qu'il soit fier de lui. D'ailleurs, s'arrêtant sur un nœud dans ses cheveux, elle ne put s'empêcher de se demander pourquoi elle avait tant d'intérêt pour lui ! N'avait-elle pas dit qu'elle rangeait les souvenirs au placard, et pensait à son fils et elle ?

Ah ces hommes ! Toujours là où on ne les attend pas !
Et d'ailleurs, elle était trop impatiente d'attendre, encore et encore, cet inconnu aux chevaux dont la seule arrivée semblait perturber Torvar. Matvei n'avait pas intérêt à s'en prendre à lui, sinon il verrait de quel bois se chauffait Maryah. Ceci étant pensé, elle rangea la brosse et se leva, défroissant sa robe, afin d'aller préparer un thé. Chaud devant, Maryah au fourneau !

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Matvei



- Et le voyage dura des semaines -



Et ils étaient partis les cosaques, chevauchant le jour, se reposant la nuit et puis et tout ceci sur de courtes distances car on ne pouvait pas pousser les poulains au-delà de leurs limites. Alors cela avait pris du temps, du temps pour traverser des montagnes, des plaines, encore des montagnes pour enfin arriver à bon port, enfin le premier d’une longue liste. Car pour raccourcir les jours de voyage, Matveï avait pris la décision de prendre un bateau qui les transporterait jusqu’en Provence.

L’habitude de commercer avec différentes tribus, les cosaques parlaient quelques dialectes qui leur servirent pour négocier la traverser. Heureux ou pas du prix qu’ils avaient pu dégoter, rien n’aurait su les arrêter. La machine était en route et désormais ils iraient jusqu’au bout même si, il fallait bien l’avouer, ils étaient plus hommes des terres que des mers et les mouvements du bateau ne rendaient pas fiers les cosaques du voyage. Mais vaille que vaille, on n’abat pas si facilement de valeureux guerriers.

Chaque jour, c’était Matveï lui-même qui venait panser les poulains. Etrillés, lustrés, cajolés, les deux jeunots n’avaient pas à se plaindre, recevant le meilleur des traitements. Certes ils étaient harnachés pour ne pas bouger ou du moins le moins possible mais la présence constante d’un ou deux hommes qui partageait tout avec eux était là pour les rassurer et veiller à ce que tout se passe bien. Matveï lui-même avait dormi les deux premières nuits avec les chevaux. Hors de question pour l’un des représentants de son peuple que de laisser à l’abandon leur monture. Plutôt crever que de laisser faire une chose pareille. Et puis les petits c’était bien habitué au tangage, les plus vieux aussi mais ce fut plus long. Heureusement, la mer fut docile et peu de vagues vinrent secouer l’embarcation. Les jours les plus paisibles, on ouvrait en grand la grille de la cale pour faire entrer un peu plus de lumière et laisser les chevaux s’imprégner du soleil et de l’air marin. L’iode faisait frémir leurs naseaux plus qu’à l’ordinaire ce qui faisait dire au chef du clan que ces montures seraient des chevaux de mer. Voilà qui annonçait la couleur. Perceval aurait un animal bien particulier rien que pour lui seul.

Amusé, Matveï ne pouvait s’empêcher de se poser des questions. Il ne savait pas grand-chose de ce qui avait motivé la demande de son oncle. Le grand Torvar était une énigme pour lui. Il avait quitté le clan depuis bien longtemps, y était revenu à plusieurs reprises, y avait même pris femme et avait eu une descendance, la petite Kallista, qu’il avait lui-même aidé à grandir, mais toujours il repartait. Comme attaché à cette terre lointaine ou ne se sentant plus vraiment à sa place au milieu des siens. D’ailleurs quand le grand père de Matveï avait passé l’arme à gauche, Torvar avait laissé les rênes du clan au père de ce dernier, renonçant publiquement à cette charge qui lui incombait. La surprise avait été énorme au sein même des cosaques, la stupeur, l’incompréhension puis la résignation avaient été leur lot. Torvar n’était plus vraiment le cosaque d’antan, Matveï s’en était rendu compte au fur et à mesure que ses visites s’estompaient. Alors il en avait voulu à ces terres lointaines qui lui avaient pris son oncle, il en avait voulu à ces hommes et à ces femmes qui, un peu plus chaque jour, lui arrachaient cette part précieuse qu’était l’essence même du clan, de leur tribu, de leur personne. Alors quand il était devenu chef à son tour après que son père soit tombé au champ d’honneur après une énième guerre sanglante autour de la Rus’ de Kiev, Matveï avait tenu à garder Torvar dans le conseil des sages. Bien entendu il n’était pas vraiment là pour les grandes décisions mais chaque fois que le chef cosaque avait besoin d’un appui, Torvar répondait présent. Un courrier lui parvenait, daté et signé en bonne et due forme de son sang afin de ne pouvoir être contesté. Et c’était aussi avec le secret espoir de pouvoir le faire revenir dans le giron guerrier que Matveï avait accepté le déplacement. Il voulait que son oncle réintègre sa place non pas en tant que chef mais en temps que membre à part entière de la famille et du clan. Quitte à le marier si nécessaire. Il y avait bien une veuve ou deux qui feraient l’affaire. Il était même prêt à lui laisser décider de laquelle des deux il voudrait. Et puis si ça ne lui convenait pas, il pourrait prendre dans les esclaves qu’ils avaient. Ces derniers temps, quelques belles femmes mongols étaient venues renforcer les rangs des prisonnières de guerre et en tant qu’esclaves, les cosaques avaient le droit d’en user et en abuser à outrance jusqu’à ce qu’un enfant décide de les unir à jamais. Torvar était fort et vigoureux dans ses souvenirs, il pourrait encore faire un enfant à l’une d’entre elles… C’était peut être ça la solution pour le faire revenir là où était sa place d’après Matveï.



- Terre, Terre, Terreeeeeeeeeeee


La terre promise arrivait enfin à la vue des cosaques. Leur calvaire pourrait bientôt prendre fins. Des semaines qu’ils étaient sur ce rafiot, ils méritaient le prix d’excellence pour leur patience. A voir si cela continuerait car les pieds sur la terre ferme étaient synonymes de beuveries en perspective… Bientôt le bateau accosta et les hommes commencèrent à descendre. Les chevaux d’abord qui furent parqués sur le port avec trois gardes solidement armés de lames courbés et de poignards bien aiguisés pendant que les autres viraient les bagages, sacs de toiles et autres joyeusetés qu’ils avaient emmené avec eux. Puis enfin Matveï apparu sur le pont. Les cheveux offert au vent, il était fier et orgueilleux. Le regard sombre, il scrutait l’horizon pour voir si son oncle était venu lui-même l’accueillir. Et quand sur ses lèvres un sourire se dessina, tout le monde sut que les choses rentraient dans l’ordre. Torvar était là, à quelques pas du bateau avec à ses côtés le vieux Vorobeï sur le dos duquel était juché un petit bonhomme guère plus haut que trois pommes. Rapidement, Matveï comprit que l’une des montures lui était donc destinée. Hochant la tête, il s’avança vers son oncle en scandant son nom aussi fort qu’il le pouvait. Les bras écartés pour accueillir l’ancêtre, ils se reçurent mutuellement en une accolade parfaitement familiale et respectueuse de leur coutume. La langue maternelle venait offrir une barrière naturelle à toute autre civilisation et le dialogue s’instaura. Puis vint le moment où Matveï se recula pour regarder Percy. Et le montrant d'un signe du menton à son aîné, il lui lança sur un ton qui n'admettait aucune contradiction.

- C’est donc pour lui que tu me fais venir ?

Percy_
Ce qu'on peut se marrer à Arles ! Moi j'adore ça ! Même Vorobei il sourit ... Même que des fois il rit, mais faut dire qu'il hennit. Alors je disais ...

Oui c'est trop marrant. Torvar il dit que les Cosaques vont arriver dans une caraque. Un jour, je ferai de la poésie comme Jaume, avec Cosaque et caraque. Mais je suis fâché contre Jaume. Déjà parce qu'il est ennuyant. Et ensuite parce que je le vois faire les yeux doux à ma maman. Si ! La dernière fois il lui lisait de la poésie. Et même qu'il a pas de femme, alors je sais qu'il veut ma maman. Mais c'est la mienne. Maman, elle dit que il peut pas avoir de femme parce qu'il a prononcé : "déveu". Moi je dirai jamais "Déveu", et comme ça j'aurai plein de femmes. Mais la première ça sera ma maman et la deuxième Lexi. Enfin si elle veut. Parce que Lexi elle me répond pas. Je lui ai offert un livre et un collier de coquillage, et elle répond pas. Peut être qu'elle veut pas etre ma Reine. Oh j'y pense, faudra que je demande à Torvar pourquoi il a pas de femme lui, il a peut être dit "déveu" lui aussi.

Alors oui je disais c'est trop marrant ! On s'ennuie pas avec ma maman ! La dernière fois y avait un marin qui nous suivait en sifflant. Ma maman elle m'a dit : t'inquiète pas, c'est un copain ; on joue aux méchants et aux gentils ! Lui c'était le méchant et nous on devait jouer les gentils qu'y ont pas peur. On a accéléré le pas, maman elle me tenait fort la main, ça faisait un peu mal. Le marin il a commencé à dire des trucs vraiment, mais vraiment, pas beau du tout, sur ma maman. Je lui ai demandé si ça faisait partie du jeu, parce que vraiment il avait l'air d'avoir bu pour de vrai. Elle a dit oui, et on a ralenti. Elle m'a expliqué en arrivant près des caisses, que moi je devais me cacher derrière les caisses et ramener un truc lourd. J'ai couru vite et j'ai trouvé une jarre pleine. Elle était bien lourde. Quand je suis revenu, le marin il dormait par terre et maman faisait semblant de lui donner des coups de pied. On aurait vraiment dit que c'était vrai ! Elle a pris la jarre et PAFFFF sur la tête du marin qui jouait les méchants. J'ai dit : "ho ! ça va lui faire mal". Maman elle a dit, "mais non, c'est juste pour jouer, regarde il dort ...". Et c'est vrai, il dormait encore. Et après on est parti.

Hier, elle a dit qu'on allait jouer à un nouveau Jeu. C'est pour faire une blague à la famille de Torvar, parce qu'ils aiment bien rire maman elle a dit. En fait, on va faire comme si ma maman c'était la femme de Torvar. Et c'est trop bien comme jeu, parce que comme Vorobei c'est le fils de Torvar et moi le fils de ma maman, bah Vorobei et moi on est des frères. Et elle a dit que je pourrais dormir avec lui. Trop bien ! Et si je joue bien, maman elle dit que j'aurai droit à une surprise. J'adore les surprises de ma maman.
Hier, Matvei celui de la famille de Torvar, il était pas encore arrivé. Mais j'ai vu ma maman et Torvar s'embrasser. Ils devaient s'entraîner. Mais ça m'a fait tout bizarre, des zigouigouis dans le ventre et dans la gorge. Y a que Niallan que j'avais vu embrasser ma maman, et même si c'est mon père, j'avais pas du tout du tout aimer ça. Pour ça qu'avec Lexi, on se mettait au milieu, pour les séparer. Là je pouvais pas c'était le jeu. Mais j'aimais pas trop quand même. Déjà parce que ma maman, elle est à moi. Et puis Torvar, il m'apprend à moi, pas à elle. Après ... il est trop gentil Torvar ; il me montre plein de choses, et il a prêté son collier à Maman.

Et là, on est tous les trois au port. Vorobei il en n'a rien à faire des bateaux. Moi j'aime ça, et ça fait un moment que j'observe la Caraque qui avance vers nous. Torvar il m'explique plein de choses, et des mots nouveaux que j'écrirai avec Jaume : mât, voile, pont ... Il m'explique tout. Il explique bien. Il est gros le bateau.
Quand enfin il débarque, et que je vois les hommes du bateau et les jolis chevaux, je serre tout fort la main de Torvar. C'est trop bien, mais ça fait un peu peur.

C'est là que Torvar me montre le grand brun, avec les cheveux qui flottent. C'est son neveu, Matvei. Il est grand comme Torvar, et quand il arrive à notre hauteur, je dois trop pencher la tête pour les regarder tous les deux. Faudrait que je monte sur Vorobei pour les regarder. Torvar lâche ma main et fait l'accolade à Matvei. C'est bien de rencontrer la famille de Torvar, je savais pas que lui aussi il avait des chevaux comme frère. Le grand brun qui fait peur, d'un coup, il me regarde et il dit qu'il vient pour moi. Peut être que lui aussi c'est un chevalier. Il est un peu impressionnant quand même. Du coup, je me rapproche de Torvar, je m'accroche à sa cuisse, et je dévisage le neveu. Je me rappelle les conseils de maman : faut pas se montrer impressionner, c'est juste un jeu. Alors je tends la main vers le môssieu et je dis bien fort, en le regardant droit dans les yeux :


Bienvenu à Arles. Moi c'est Percy, je suis le fils de Torvar et le frère de Vorobei. J'suis content de vous voir, parce que on vous attend depuis longtemps ; et puis ... comme vous êtes dans la famille de Torvar ... bah je savais pas si tu s'rais un cheval ou un homme ...

Je lui serre la main comme un homme, et je regarde Torvar :
C'est vrai qu'il est de ta famille ? Pourquoi il a pas les cheveux gris comme toi ?

Je regarde Torvar et j'écoute bien comme il a dit. De toute façon, Torvar il sait tout sur tout et il explique bien. Moi je croyais que les Cosaques ils avaient tous les cheveux d'argent comme le Chevalier, hé ben c'est raté ...
Torvar
L’enfant, dans toute sa candeur et sa curiosité avait accueilli les cosaques comme s’ils avaient toujours été des leur. Rien ni personne n’aurait pu arrêter Percy dans sa quête de reconnaissance ou d’intégration. Il faisait parti d’un tout qui s’appelait clan désormais car en se présentant comme le fils de Torvar, il s’était lui-même définit aux yeux des cosaques. Matveï avait à peine frémit quand les mots étaient sortis de la bouche de Percy mais Torvar avait senti son regard inquisiteur se poser sur lui. Resserrant ses doigts autour de la main enfantine, il ne l’avait pas lâché tout en soutenant le regard qui autrefois, baissait les yeux quand le loup des steppes se faisait à son tour dominateur. Mais aujourd’hui, les rôles étaient inversés et le jeune garçon d’autrefois était devenu chef et de ce fait, il ne baissé plus la tête devant quiconque et surtout pas devant un parent qui se le jouait souvent lointain. L’affrontement dura quelques minutes, dans un silence quasi absolu puis vint le moment où Matveï posa sa main sur la tête de Percy tout en prononçant quelques mots.

- Je ne suis pas un cheval même si mon peuple le vénère… peut être que nos ancêtres l’étaient finalement parce que je t’assure que tout cosaque que nous sommes, nous ne vivons que pour eux… mais tu dois savoir de quoi je parle fils de l’est… Et je peux t’assurer que ton père était aussi noir de cheveux que je le suis à ton âge… mais aujourd’hui, il ressemble bien plus à Vorobeï qu’à ses frères…

Torvar se détendit imperceptiblement. Les quelques mots étaient là pour l’enfant mais pour l’homme qu’il était. Mais une chose était déjà acquise aujourd’hui, l’acceptation n’était plus à remettre en cause… jamais.

Et les heures défilèrent. Entre rires tonitruants, grincements de dents, affrontements verbales, tapes dans le dos et levés de coude. Torvar les avait emmené au campement qu’il avait établi à la sortie de la ville afin de préserver ce qu’il leur était cher à tous, leur liberté. Dans une auberge, jamais ils n’auraient apprécié les retrouvailles à leur juste valeur. Là chacun avait déjà trouvé sa place, vaccant à leurs occupations respectives, installant les chevaux comme les hommes lorsque Torvar avait poussé Maryah devant lui pour la présenter à son neveu. C’était l’instant crucial, le moment où tout allait se jouer. Si le chef de clan avait accepté l’enfant, il n’était pas certain qu’il en fasse de même avec la mère. Tout pouvait basculer d’un simple regard parce que Matveï était ainsi. Il détenait le pouvoir entre ses mains, il n’avait qu’à claquer des doigts et tout serait terminé.

Il avait attendu que Matveï prenne possession de la plus belle tente pour faire les présentations. C’’était ainsi que cela devait être, ainsi que cela fonctionnait. Et le temps lui était apparu assassin au vieux cosaque. Il redoutait non pas de repartir là-bas dans ses steppes natales mais d’abandonner… abandonner ceux pour qui ici il existait. Paradoxe pour lui, il n’avait pas vraiment vécu par rapport aux autres mais depuis quelques semaines, Percy prenait toute la place dans sa vie. Son propre fils lui ayant été soutiré par cette garce d’Ermelyne, il aurait sombré si l’enfant de Maryah n’avait pas attiré le vieux briscard dans ses filets. Sans s’en rendre compte mais simplement parce qu’il avait besoin d’attention que Torvar était prêt à donner… Donc poussant Maryah devant lui, Torvar avait pénétré dans le sacro-saint sanctuaire de Matveï.


- Mon neveu, je voudrais te présenter la mère de Percy et ma femme.

Le temps n’admettait aucune réplique, aucune contradiction. C’était ainsi dans l’ordre des choses Torvaresque et il lui fallait accepter mais c’était compter sans l’œil curieux et incisif du chef de clan. Il s’était alors retourné pour mieux observé la femme qui osait lui prendre son oncle. Torvar s’était crispé tout en posant une main sur l’épaule de Maryah. Et il avait continué comme si de rien n’était.

- Maryah, voici Matveï. Il est l’un des chefs les plus influents de nos steppes maternelles et le meilleur neveu qui soit. C’est encore un jeune loup mais un loup qui a à cœur le bien de ses hommes et de ses femmes…

Le regard s’était fait plus appuyé de la part du cosaque, les mots étaient à peine déguisés, une menace non plutôt un avertissement de part et d’autre… Personne ne lui avait jamais dicté sa conduite au vieux mais là, il s’était mis lui-même en danger pour Percy en faisant venir sa famille ici sachant très bien qu’il suffisait d’une parole pour que Maryah et son fils soient reconduits au village et lui, en position de faiblesse, embarqué avec Vorobeï pour ce pays lointain qui n’était plus vraiment le sien. Pourtant, la force de cet homme résidait justement en ce qu’il croyait et pour l’heure, il savait que personne ne se mettrait sur sa route. Redressant le buste, fier comme autrefois lorsqu’il était jeune guerrier défendant son territoire et celui de ses pères, il releva le menton en signe de provocation.

- Je ne te demande pas de la mettre dans ton lit pour l’apprécier mais juste d’approuver mon choix. Elle est la dernière de mes épouses et la seule à m’avoir donné un fils.

Les mots étaient posés, là, offerts à ce neveu qui ferait ce qu’il voudrait, quand il le voudrait. S’il avait le pouvoir de briser Torvar d’un geste, il pouvait aussi entériner son choix et le maintenir à vie. Mais le vieux savait que ça serait plus complexe qu’il n’y paraissait avec son neveu. Il était suspicieux de nature mais aussi très rusé ce qui mettait la relation de Maryah et de Torvar à mal. Donner le change risquait de ne pas être si plaisant que ça à la longue… enfin, le cosaque s’était mis dans une situation bien dangereuse et il ne pouvait que s’en prendre à lui-même.
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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, je ne mords pas.
En convalescence jusqu'à fin septembre... merci de votre compréhension amis joueurs.
Maryah
Torvar ne s'y était pas trompé, une horde de Cosaque qui débarque ça fait du bruit, ça s'entend de loin ; elle est avait même vu le nuage de fumée soulevé par les chevaux, avant même d'apercevoir le bout du nez d'un Cosaque.
Elle était là cachée derrière les tentures, ne connaissant rien de leur "étiquette", de comment tout ça devait se passer, et pour ne pas commettre d'impair, elle préférait rester en retrait et laisser faire Torvar. Après tout, c'était son clan. Elle imaginait bien leur genre de fonctionnement, les hommes d'un côté, les femmes de l'autre, et chacun ses activités ... sauf que Maryah était la seule femme, et qu'elle touchait à toutes les activités. Quant à la seule chose qu'on lui demandait : "aimer les chevaux", ça restait encore compliqué.

Inspire, souffle ... Elle les voyait désormais en train de descendre de leur monture, défaire les paquetages, s'occuper des chevaux ; elle voyait son petit Percy en admiration devant les chevaux, flatter l'encolure des uns et des autres, et malgré la tension, elle ne put s'empêcher de sourire. Elle reposa son attention sur Torvar, qui comme à l'habitude ne montrait trop rien, il avait l'air de mener tout ça d'une main de Maître. Et le grand brun à côté, ça devait être Matvei. Elle l'observa longuement, cherchant dans chacune de ses attitudes, un signe, une information. Après tout, elle avait cotoyé des gens de pouvoir, des Comtes, des Ducs, des Roys ... un chef de clan Cosaque ne devrait pas lui poser beaucoup plus de soucis. Bon l'souci c'est que les derniers Roy et Empereur connus, l'avaient détesté et banni, mais elle ferait mieux c'coup ci. D'façon, au delà de la fonction, un homme reste un homme. ça racontre ses victoires pendant des heures, ça boit, ça aime manger copieusement et croire que toutes les femmes sont à ses pieds. Elle pourrait bien jouer l'admirative quelques jours ; après tout, le bonheur de Percy quand il se rendrait compte qu'il avait un cheval rien qu'à lui, n'aurait plus aucune limite !

Instinctivement, elle jeta un regard derrière elle. Les boissons étaient prêtes, du chaud : infusion de menthe, fleur d'anis, tilleul, thym pour les plus assoiffés comme du froid : bière et gorsalka, le tout dans les jolies poteries de Provence, aux couleurs éclatantes. Les gâteaux du Sud et les gâteaux du palais de Grenade qu'elle avait acheté le matin même aussi, les odeurs d'anis et de cannelle se mêlaient subtilement et créait une douce ambiance, elle avait même pris le soin de découper les fruits, pour que chacun puisse s'y désaltérer d'uns simple pique de couteau.
Elle regarda sa tenue, resserra les liens qui soulignaient sa minceur, et cachaient subtilement ses bras et ses jambes des regards déplacés. Elle avait été étonnée que Torvar pense à tout ça, il aurait vraiment fait un bon mari. Elle s'entraina aux mille sourires, et se recula en les voyant approcher. Le spectacle allait commencer, alors vite elle se mit en place. Elle s'assit en tailleur sur les coussins du fond, et prit son ouvrage à broder d'une main, l'aiguille dans l'autre. Parfait non ?

A l'entrée des hommes, elle se leva rapidement reposant le tout, et s'inclina légèrement devant Matvei. ça faisait quand même bizarre d'entendre Torvar dire : " la mère de Percy et ma femme ". Mais c'était sans compter sur la suite !

- Je ne te demande pas de la mettre dans ton lit pour l’apprécier mais juste d’approuver mon choix. Elle est la dernière de mes épouses et la seule à m’avoir donné un fils.

Elle ne put s'empêcher de regarder Torvar et d'ouvrir de grands yeux, surpris de cette présentation. Encore heureux qu'elle ne finirait pas dans sa couche, le Cosaque savait marquer son territoire. Il la faisait sourire en lui disant que pour son peuple, elle était belle car elle ressemblait aux Princesses Mongoles. Mais elle n'avait vraiment pas l'intention de servir de mise en bouche pour Matvei. L'homme propose, la femme dispose. Et même si le grand Brun, charismatique et épicé, avait un charme fou, elle le savait dangereux pour ses intérêts. Qu'il touche un cheveu de Percy, ou tente d'entrainer Torvar à sa suite, et ça serait la guerre. Mais hum ... revenons à de meilleurs sentiments. Alors comme ça, elle lui avait donné un fils ? Elle retint un sourire, se disant que Percy, sans le savoir, avait déjà eu un bon paquet de pères : entre les potentiels géniteurs, Enguerrand et Niallan, et les hommes de cœur Dolgar et Torvar. En tout cas, cette semaine, Percy avait un père ; il s'appelait Torvar et accueillait fièrement sa famille dans sa petite famille. Sourire. Des fois, il en faut peu pour être heureux.

Matvei ... je peux vous appeler ainsi ? Je suis Maryah, je viens du royaume de Majapahit, bien plus à l'Est que l'Est, sur la route des Epices.
C'est un honneur de faire votre connaissance, et je vous suis infiniment reconnaissante d'avoir accepté d'amener un cheval pour Percy. Mon époux ...
elle tourna son doux regard de circonstances vers Torvarparle souvent de vous, et je sais que c'est une joie de vous recevoir icy.
Notre fils s'est pris de passion pour les chevaux, le sang de Tovar coule dans ses veines, n'est-il pas ?
...rho la menteuse ...et quelque part, le sang de tout votre clan.rho la fayote !. Si je peux faire quoique ce soit, n'hésitez pas. D'ailleurs, le voyage a du être long et pénible, je vous ai prévu quelques réjouissances ...
Elle s'écarta, en profitant pour glisser sa main dans celle de Torvar, tandis que de l'autre elle présentait d'un ample geste la tablée couverte de victuailles. Ce n'était qu'un encas, avant le repas où Torvar avait insisté pour qu'il y ait grand renfort de gibiers en tout genre, de volailles, de salaisons, de porées ... .

Voilà la femme parfaite avait fait son devoir, sans oublier les sourires discrets qu'elle faisait à Matvei. Maryah agréable, beaucoup aurait payé pour voir ça. L'idée la fit sourire. Elle caressa du bout du pouce la paume de Torvar, comme pour le rassurer et le convaincre que tout allait bien se passer, puis lâcha sa main et se dirigea vers la table du banquet improvisé. Elle servit deux coupes de gorsalka, apporta la première à Matvei, et la seconde à Torvar. La femme serviable, les hommes d'abord, elle rentrait dans son costume sur mesure.


A vos retrouvailles ! A la famille !

Comment se méfier d'une si Gentille femme ...
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Matvei




Dans le jeu des sept familles, après le fils, je voudrais la mère…. Torvar n’avait pas attendu bien longtemps pour présenter Maryah a son neveu et ce dernier, silencieux, avait à peine moufté quand le vieux cosaque lui avait mis les points sur les i à sa manière. Puis vint le moment où, en bonne maitresse de maison, elle faisait l’article. Matveï, circonspect, l’observa sans aucune honte, sourcil arqué, cherchant à savoir s’il condamnait ce mariage en obligeant son oncle à laisser cette femme ou bien en lui accordant sa bénédiction. Après tout, Torvar n’avait jamais parlé de femme ni d’enfant bien que ce dernier gardait un lien privilégié avec son clan… Et dans la tête de Matveï, mille questions affluaient et il ne put s’empêcher de mettre les pieds dans le plat.

- Mon oncle, la mettre dans mon lit serait lui faire trop d’honneur. Pour l’instant, je suis juste curieux de voir comment tu vas m’expliquer le fait que tu ne m’ais jamais parlé de ton fils… Elle, n’a guère d’importance à mes yeux pour le moment, cela viendra après… Donc oui, tu vas devoir m’expliquer ce que je veux savoir, oui tu vas devoir faire profil bas et ne pas me mentir et oui, je ferais selon nos lois ancestrales.

Puis le cosaque, bien jeune qu’il était mais tout aussi autoritaire que Torvar, se tourna vers Maryah en acceptant son verre de bienvenue.

- Quant à toi, Femme, sache une chose, dans ce royaume, tu fais peut être office d’épouse à mon oncle mais je n’ai pas encore donné ma bénédiction. Quant à ton fils, tu dis qu’il s’est pris de passion pour les chevaux ? Il ne devrait pas ! Il devrait le ressentir au plus profond de lui sans devoir acquérir ce besoin ou cette passion comme tu le dis si bien. Es-tu certaine qu’il est de Torvar cet enfant ? N’aurais-tu pas joué sur les circonstances pour recevoir protection et t’assurer l’attachement de mon oncle ?

Matveï but d’un trait son verre avant de le rendre à Maryah. Les traits s’étaient durcis et son regard se faisait sombre désormais.

- J’espère pour toi que tu ne m’as pas menti. Et puisque tu le proposes, tu peux effectivement faire quelque chose pour moi. Sors de cette tente et regagne la tienne. On t’appellera quand on aura besoin de toi !

Sans appel, Matveï détourna son attention de l’Epicée. Les femmes n’avaient pas une des meilleures places dans leur clan et de ça, Maryah devrait s’en accommoder. Femme de cosaque et surtout femme de Torvar ne voulait pas dire qu’elle aurait des prérogatives et surtout pas avec lui. Posant sa main ferme et agile sur l’épaule de son oncle, le chef du clan prit un ton grave et sans appel.

- Je veux que tu me parles de la mort de Kallista. Tu me dois une explication. Tu nous as enlevé cet enfant, tu m’as arraché celle que je considérais comme une sœur pour qu’elle finisse ses jours ici, dans ce royaume où jusqu’à maintenant, rien ne me plait alors tu as intérêt à trouver quelque chose pour calmer la colère que je ressens… et vite !

Et un contentieux entre eux, un !
La fille de Torvar, la dernière en date, avait grandi avec Matveï. Mais à la mort de sa mère, Torvar avait tenu à prendre la jeune fille sous son aile. Mauvais choix. Elle s’était séparée de son père à peine arrivée en Empire et s’était éteinte rapidement, d’une maladie hivernale. Torvar avait dû annoncer la nouvelle par écrit à son neveu qui, comme il l’avait prévu, ne l’avait pas vraiment accepté. Les comptes étaient tenus avec assiduité et aujourd’hui, il était temps de passer à la caisse.

Matveï fit signe à son oncle de venir se poser sur les coussins qui avaient été parsemés ici et là dans un coin de la tente, sans doute par Maryah qui avait mis du cœur à ce que le lieu ressemble à quelque chose de chaleureux et de vaguement familier. Le jeune chef ne lui adressa même pas un regard de remerciement. Pour lui, toute femme faisait son travail et ne devait attendre aucune gratitude de la part d’un homme. C’était ainsi que les choses devaient se faire et que cela plaise ou pas à la brune, il en avait cure.

Les joies de la rencontre débutait sous des augures peu favorables et la suite des évènements était à craindre... ou pas !


Maryah
Non mais quel crétin ! Prétentieux, arrogant, empestant l'habitude d'être servi, même pas un regard agréable, un merci, une question gentille. Des menaces et un ton qu'elle n'apprécie guère, c'est sans parler la façon dont il la regarde. Elle lance une œillade à Torvar, l'air de dire "ha qu'est ce que je t'avais dit ?". Oui parce que ses beaux discours pour dire que les Cosaques l'apprécieraient, que chez lui on appréciait son physique approchant de celui des Princesses Mongols, tout ça ... elle se doutait bien que c'était du baratin. Maryah n'était pas le genre de jolie blonde sulfureuse qui entrait dans un endroit, faisait tourner les regards et où tout le monde faisait "Wouahhhh". Non, elle, quand elle entrait dans un endroit, les gens s'disaient plutôt : "c'quoi c'te truc bizarre ?" ou alors "oh non ... pas elle".
Ah c'était clair que le grand possessif là, le neveu à son tonton, il n'allait pas lui faire du charme, loin de là.


Citation:
Quant à toi, Femme, sache une chose, dans ce royaume, tu fais peut être office d’épouse à mon oncle mais je n’ai pas encore donné ma bénédiction. Quant à ton fils, tu dis qu’il s’est pris de passion pour les chevaux ? Il ne devrait pas ! Il devrait le ressentir au plus profond de lui sans devoir acquérir ce besoin ou cette passion comme tu le dis si bien. Es-tu certaine qu’il est de Torvar cet enfant ? N’aurais-tu pas joué sur les circonstances pour recevoir protection et t’assurer l’attachement de mon oncle ?

Mais qu'est ce que ça peut bien lui faire ?! M'enfin s'il veut jouer au plus malin, jouons. Faudrait juste qu'elle arrive à contenir les éclairs qui sortent de ses yeux. Charmant.

Dans ce Royaume, on remercie pour l'Hospitalité donnée, et seul Deos donne sa bénédiction sur un quelconque mariage. Mon fils est un enfant, s'il se prend de passion tant mieux, cela lui évitera de finir aussi sec et froid que certains.
Quant à m'assurer la protection et l'attachement de ton oncle, nul besoin de lui faire un enfant ; j'ai un tas de petits secrets et de grands talents, pour m'en assurer autrement.


Sourire en coin, elle tente de garder la tête froide, tout en défendant ceux qu'elle aime. Elle veut bien être gentille, mais qu'il ne vienne pas lui faire de réflexions sur Percy ou Torvar, ou qu'il se prépare à être reçu. Elle veille juste à garder une attitude sereine, elle ne voudrait pas mettre à mal Torvar, alors elle rajoute :

Notre fils n'était pas destiné à survivre, le Curé nous l'a pris à la naissance pour l'aider à rejoindre le Paradis solaire. Je n'ai su que bien plus tard, qu'il était en vie. Et l'année passée, nous nous sommes évertués avec Torvar à le trouver. C'est chose faite. Voilà pourquoi il ne t'en a pas parlé plus tôt.

Un tout petit mensonge de rien du tout, car il s'agissait bien là de l'histoire de Percy, et du long voyage que Torvar et Maryah avaient fait ensemble, avant de se séparer et se retrouver encore et encore. Elle allait lui demander s'il fallait aussi qu'elle lui explique la nuit de conception, les positions et tout ça, mais se doutait que Torvar n'apprécierait pas la provocation.

Rassurée et rassurante, c'est donc tout naturellement qu'elle tourna le dos à Matvei qui voulait la faire sortir de là, et passant ses mains autour de la taille de Torvar, elle l'embrassa tendrement. L'autre n'avait qu'à fulminer et continuer à se montrer déplaisant, il ne gâcherait pas son petit plaisir à elle, de vivre l'illusion d'une vraie famille pendant quelques jours.

Pour ne pas rajouter d'huile sur le feu, elle se plia à la demande de Matvei qui apparemment n'avait plus rien à lui dire. Elle fit en sorte de bien mettre en évidence sur sa poitrine la pierre d'ambre remise par Torvar, celle qui faisait d'eux des mariés, se fendit d'un petit sourire à Matvei, un de ces sourires qui, menaçant, disait "Torvar est à moi", et se dirigea vers la sortie.

Le pire étant passé, elle voulait voir le meilleur : Percy et son petit cheval !

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