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[RP] Souvenirs démentiels

Kateline
    [Oublier le passé, ou renouer ?]


      Voilà quelques jours que Kateline est de retour sur ses terres, après presque huit mois qu’elle a passé à vagabonder à travers l’est du royaume sans remettre les pieds en Berry. Entre deux poutrages d’armées dictes croisées aux abords de la cité genevoise, elle était même allée jusqu’à emménager dans un coin paumé du Lyonnais, y avait ouvert un second cabinet médical, fermement décidée à ne plus jamais revenir en arrière.
      Et puis l’amour, l’amour qu’elle a rencontré au détour d’une taverne, rencontre inopinée qu’elle n’a forcément pas prévu, elle qui voulait se consacrer à la médecine pour oublier les douleurs, les deuils et l’éloignement de sa famille. Cet amour lui a permis de se détourner de ses démons qui la hantent, finis ces instants de torpeur, d’horreur où elle revivait les moments les plus terribles qui l’avaient vu fuir son pays d’adoption. Visions et voix qui s’imposaient à ses yeux comme à ses oreilles à toutes heures du jour et de la nuit. Son cauchemar s’est terminé à cette époque, et la main de son écorché-vif dans la sienne, elle s’était offert le luxe d’un nouveau départ dans la vie.
      Elle l’aurait suivit sur tous les chemins, sur toute une vie si le Très-Haut lui avait donné cette chance. Mais comme toujours dans la vie de L’Ebène, ce qu’il y a de meilleur lui est sans cesse arraché de force. Son nouvel amour disparu, c’est donc accompagné de son seul frère qu’elle décide de rejoindre leur sœur Sandrine. Et comme la rouquine est rentrée en Berry avec le reste de la famille, c’est à la capitale qu’ils se rejoignent.

      Bourges la Belle, et ses armées royalistes à ses portes. Kateline était prévenue, mais cela n’en reste pas moins choquant à ses yeux, en tout cas un premier temps. Son duché envahit et déserté de toute âme berrichonne la rend perplexe. Mais où sont-ils tous donc passés ? Ont-ils tous fuit ? Sont-ils morts ? Des questions qui ne trouvent pas de réponse, il n’y a que Sandrine et Sebastian qui sont là à lui rappeler qu’elle a un héritage à récupérer. C’est surtout la Rousse qui insiste, lui assenant qu’elle trouverait des réponses à ses questions. L’Ebène a beau répéter sans arrêt qu’elle n’en a plus à son sujet, rien n’y fait, sa zum persiste et signe sur le fait que le Dément a forcément laissé quelque chose derrière lui. Pour elle.
      Déjà cette arbalète ! La fameuse arbalète que lui avait laissé Zelgius de son vivant, dans cette arme était caché un parchemin, une lettre…




      Kateline, ma filleule,

      Si tu lis cette lettre, c'est certainement que j'aurai succombé à mon esprit. Depuis aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais véritablement été seul malgré l'abandon de ceux de mon sang. Note que même à l'écrit, je ne peux les considérer comme une "famille".

      Une famille. C'est ce que j'ai toujours recherché, surement que ces voix dans ma tête sont nées de ce besoin, peut-être est-ce un cadeau empoisonné de ce sang que j'ignore. Toujours est-il qu'elles m'ont permis de survivre lorsqu'un autre aurait lâché prise. Ce que j'ai dû faire pour rester en vie n'était pas "humain". Je ressemblais bien plus à un animal qu'à autre chose, je tuais, je torturais, je mangeais, pas nécessairement dans cet ordre... J'étais ce que beaucoup nomme "Cannibale", moi je nomme ce que je faisais "survivre". J'étais un survivant !

      Et alors, le Berry. Un air de "chez soi" qu'on ne peut ignorer, je suis resté. Un groupe de personne a alors décidé de me prendre sous son aile, ça n'a pas duré. Tu connais l'histoire des Baranowski, je n'ai pas besoin d'en faire un résumé...

      Mais c'est à ce moment là que tu es arrivée. Sans chercher à savoir ce que j'avais pu faire par le passé, qui j'avais pu être, tu es devenue mon amie. Je n'avais jamais eu d'amis avant toi. Je n'en ai aucun autre aujourd'hui. Peut-être que Nathan s'en approche, à sa manière. Le temps nous le dira, à toi en tout cas.

      En aussi peu de temps qu'il m'avait fallu pour tuer la première fois, tu as réussi à me faire découvrir ce que j'ignorais jusqu'alors : ce n'était pas une famille que je cherchais, c'était ma famille. Et tu en étais la première pierre ou l'unique, à dire vrai je m'en contrefiche, tu étais là.

      J'ai désormais une raison de rester, une raison de ne plus seulement survivre mais bien de vivre.

      Je vais rendre notre famille heureuse, tout ce que je ferai à partir de ce jour sera destiné à ce simple résultat.

      J'espère que quand tu liras cette lettre, j'y serai parvenu. Et même si ce n'est pas le cas, aies une vie heureuse, Kateline. Loin des fous de mon espèce.

      Avec tout ce que je peux t'apporter en amour,
      Ton parrain,
      Zelgius.


      Cette lettre, elle le sait, il l’avait écrite alors qu’il était encore plus ou moins sain d’esprit, en tout cas la folie ne l’avait pas encore porté si loin. A ce moment là, il était encore si loin de ses projets d’assassinat sur Nathan, de ses jeux manipulateurs et de la paranoïa qui avait forcé Kat à mettre fin aux jours du Dément. Non pas qu’elle ait choisit de le faire, ce coup qu’elle avait porté n’était que l’étincelle qui avait fait exploser la bombe qui se trouvait dans la tête de Zelgius. Mais ça elle ne le sait pas, et elle vit chaque jour avec cette mort sur sa conscience.



    [Germigny, raconte-moi tes secrets…]


      En ce cinquième jour de novembre, l’air est piqué par le froid alors que l’Ebène quitte sa maison aux premières heures de l’aube. Elle a décidé de l’expédition en solitaire pendant la nuit. Un coup de tête en somme. Normalement Sebastian et Sand auraient du l’accompagner, mais elle préfère affronter ça seule.
      La clé du castel dans sa besace, elle chevauche en direction du sud-est de Bourges, quelques lieues où elle prend le temps de se réapproprier les paysages environnants. Les forêts, autrement verdoyantes en été, sont lugubres sans leur manteau de feuilles, mais un étrange sentiment de « chez soi » se fait ressentir en traversant plaines et prairies.
      Enfin Germigny se dessine sous le regard de l’Ebène, un dernier coup de talons dans les flancs de sa monture pour la faire se hâter. Une fois devant les grilles laissées ouvertes, elle fait stopper l’animal.
      Elle prend alors un instant pour juger de l’état des lieux, se demandant quand l’angevine a décidé de déserter la vicomté en emportant la bâtarde avec elle. Il lui semble évident que cela fait fort longtemps que plus personne ne vit ici en voyant la végétation ayant repris peu à peu ses aises.

      Kat descend de sa monture, ramenant la bride à elle pour guider son étalon et pénétrer à l’intérieur du domaine. Elle prend alors soin de l’attacher aux écuries partiellement délabrées.
      Elle s’approche enfin de la grande porte en chêne qui la sépare des secrets de son parrain. Sa main se glisse dans sa besace et en ressort une grosse clé, celle que Sebastian lui avait confiée en la rejoignant à Genève en janvier.
      D’un geste lent dans lequel on peut ressentir l’hésitation de l’Ebène, celle-ci tourne la clé puis pousse la porte d’un geste fort.


      A nous deux Zel…

      Et d’entrer dans le château.

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Le_dement
Il y a des choses qu'il vaut parfois mieux oublier, mais il n'y a jamais aucune personne que l'on puisse oublier totalement. Certains ne laissent que d'infimes traces de leur vie, ceux-là sont ceux dont l'Histoire ne parlera jamais, ceux-là sont ceux qui s'éteignent avec ceux qui pensent à eux encore après leur disparition. Et il y a les autres, ceux qui laissent une marque, bonne ou mauvaise, ceux-là sont ceux qui ont fait, au cours de leur vie, quelque chose de plus grand qu'eux...
Même si, bien souvent, ils ne faisaient alors que ce qu'ils pensaient devoir faire.

Au final, la véritable question quand la mort vient nous prendre, ce n'est pas "Pourquoi ?", mais "Est-ce que je laisse quelque chose derrière moi ?". Il n'y a aucune réponse et aujourd'hui, nous allons le découvrir en compagnie de la brunette venue chercher réponses à des questions qu'elle ne se posait pas dans le château du Champlecy à l'abandon.

Mais passons plutôt à la partie intéressante de cette histoire.


Parfois, quand on tente de fuir quelque chose, c'est ce quelque chose qui finit par nous trouver.

Le Dément, diable à la place du diable. Si on lui avait dit un jour qu'il y avait une vie après la mort et qu'il y avait cru, il l'aurait imaginé bien différemment. Bien plus ennuyante ! Mais il n'en était rien et, à présent qu'il dirigeait l'endroit qui s'approchait le plus du paradis pour lui, il oubliait peu à peu son ancienne vie. Cette vie qui n'avait été, au final, qu'un prologue à cet instant.
Durant ses premiers mois au pouvoir, il avait pensé à revenir, faire payer ceux qui l'avait tué. Il avait finalement été absorbé par son nouveau "job" et avait laissé la rancune pour plus tard. "La vengeance est un plat qui se mange froid." aurait pu être le dicton qu'il suivit pendant les quelques mois de sa nouvelle vie.

Ce fut sans compter sur la force de volonté de sa filleule. Lorsqu'elle entra dans le château de Germigny, il y eut comme une cloche qui résonna dans l'esprit du Dément. Une cloche teintée des cris de ses damnés.


La ferme !

Deux mots. Un ordre. Toute son industrie s'arrêta dans un même souffle. Il n'y avait plus qu'un son à présent qui raisonnait dans l'esprit du Dément : des bruits de pas sur un sol dallé. Son sol dallé ! Il ferma les yeux, quittant son monde de flammes et de torture et, lorsqu'il les rouvrit, il se trouva dans son ancien château.

Kateline était là. Tout lui revint comme un coup de poing dans la figure. Sa vie, sa mort, sa folie, ses secrets. Quatre mots de la part de sa filleule et voilà que le Champlecy revient pour jouer à son tour.


Cette ruine renferme encore des secrets, je le sens. Je le sais itou, j'ai caché bien trop de choses à différents endroits pour que vous ayez tout trouvé. Combien de temps ?

Il s'approcha du visage de sa filleule. Elle ne pouvait pas le voir, il le savait, il avait déjà essayé de lui parler par le passé. Peut-être qu'il pourrait la guider vers ce qu'elle devait découvrir... Peut-être qu'il lui montrerait ce qu'il faisait les derniers mois. Le visage n'avait pas changé, toujours aussi beau. Il se permit de poser sa main sur la joue droite de la Brune et de laisser un sourire s'étirer sur son visage.

Tu devrais fuir... Tu ne le feras pas, n'est-ce pas ?

Le Champlecy tourna la tête vers la porte de la cuisine. L'endroit où il savait que personne n'allait de son vivant sans qu'il n'en donne l'autorisation, l'endroit où il cachait les clefs des choses importantes.
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Kateline
      Kateline referme la porte derrière elle. Elle ne souhaite pas attirer l’attention de qui que ce soit alors qu’elle se trouve là. Elle n’est pas sensée posséder cette clé puisque son héritage officiel, c'est-à-dire la vicomté, n’a pas encore été accepté par l’hérauderie indépendante. Et finalement ça n’a pas de réelle importance pour elle, les titres et les couronnes n’ont jamais été les motivations de sa vie. Mais il est vrai que pour le principe, elle aurait pu insister quelque peu pour récupérer ce qui lui revenait de droit. Un droit bafoué par la soit disant existence d’un Zelgius, qui vivrait en Bourbonnais, et qui se ferait passer pour le Champlecy. Les vrais proches du Dément savent qu’il est mort, que son corps repose à présent à la Chapelle-Horthemale.
      L’Ebène elle-même est la preuve vivante que son parrain n’est plus, mais les preuves manuscrites et la parole d’une femme qui a toujours été dévouée à son Duché ne semblent pas suffire à le prouver. Elle n’avait pas compris ce qui poussait le héraut à mentir ainsi, elle n’avait pas non plus demandé. Parce qu’elle s’en moquait. Toujours est-il que la vérité, aussi gênante qu’elle soit, fini toujours par se faire connaitre. Tôt, ou tard. Kateline en est persuadée, un jour les berrichons sauront qui les gouverne, nul besoin qu’elle en fasse un combat. Pas aujourd’hui en tout cas. Les royalos étaient là pour ça, non?

      Aujourd’hui elle avance dans ce couloir sombre, la froideur des lieux est ce qui surprend le plus Kateline. Un frisson la parcoure, elle rabat alors les pans de sa cape sur elle. En ce geste elle peut chercher la chaleur qui n’existe pas ou se protéger inconsciemment de ce qui l’effraie. La mort. Peu de choses effraient l’Ebène, la mort est sans doute la pire sur cette liste qui n’en est pas vraiment une.
      Pas à pas, elle s’habitue à la noirceur et sa vision se précise, au moment où elle prend un peu d’assurance elle se fige tout à coup. La sensation de ne pas être seule, d’être observée la dérange.
      Son regard sonde son environnement, mais personne n’est là. Et cette sensation sur sa joue qui fait manquer un battement à son cœur. Ce n’est pas la morsure du froid, le touché est brûlant, effrayant.
      Contre toute attente, la voilà qui se met à parler seule…


      Ça fait bien longtemps que je me dis que je dois venir ici. Ça fait longtemps que j’ai choisit de t’oublier, de les oublier tous… Mais qu’est-ce que je fous là ?? Hein ?! Tu sais toi ?

      Dans sa tête elle s’adresse à Zel, comme si il pouvait être là. Elle sait que ce n’est pas possible, qu’il brûle certainement en enfer pour tout ce qu’il a pu commettre comme horreurs pendant sa courte vie. Elle le pense car elle est résolument convaincue qu’un jour elle finirait par le rejoindre là bas.
      Elle se trouve non loin des cuisines, et sans comprendre pourquoi elle est tellement attirée par cette pièce, elle rejoint la porte qu’elle ouvre toujours avec la même prudence de ses premiers pas.


      Tu ne mangeais pratiquement rien sur la fin, personne ne devait se servir de cette cuisine, pas vrai ?

      Elle entre et commence à arpenter la pièce de long en large, ouvrant les tiroirs et les placards à la volée, éparpillant les affaires qui peuvent s’y trouver à même la grande table qui se trouve au milieu. Rien de bien concluant : des ustensiles, de la porcelaine et des restes de nourritures pourris par le temps.

      Allez, j’pense pas que mon instinct me fasse défaut, il ne m’a jamais défaut, je suis sûre que tu as caché quelque chose ici ! Mais où ?!

      Et là c’est le four qui lui fait face. Elle l’ouvre et à l’intérieur elle trouve un tas de casseroles neuves entassées. Prête à refermer le four, elle hésite pourtant une seconde. Neuves, elles sont toutes neuves !! Elle s’empare de la batterie et un bruit significatif de fer lui indique que quelque chose se cache à l’intérieur. Elle soulève le couvercle du poêlon incriminé et tombe sur un trousseau de clé.

      Gagné ! J’savais bien que t’étais assez fêlé pour dissimuler un truc ici. Tes clés… franchement…

      Une esquisse de sourire se dessine sur le visage de l’Ebène. Autosatisfaction quand tu nous tiens !

      Maintenant reste à savoir ce que ça ouvre.

      Kateline sort des cuisines et s’engage à nouveau dans le couloir qui la mène aux autres pièces à vivre, bien déterminée à extirper chaque secret caché en ces murs.
      C’est dans la chambre seigneuriale qu’elle décide de débuter sa recherche, elle se rend dans l’aile ouest qui regroupe entre autres les appartements.
      Elle n’a jamais séjourné ici, mais elle connaît tout de même suffisamment le château pour savoir ce détail. Et toujours cette sensation d’être suivie et observée dans l’ombre, elle se hâte et grimpe à l’étage en moins de temps qu’il en faut pour le dire.
      Une fois dans la chambre, elle marque un temps d’arrêt pour observer la pièce. Tout comme la cuisine, elle ne devait pas être utilisée souvent, en tout cas pas par l’ancien propriétaire puisqu’il ne dormait quasiment jamais. Encore une chose qu’elle savait de lui et que peu connaissaient.
      Avant de poursuivre son investigation, elle vient s’asseoir sur le lit défait comme si le château avait été quitté à la hâte. Personne n’avait pris soin d’y mettre de l’ordre.
      Elle reprend là sa conversation en solo, ou presque.


      Tu sais, tu me manques souvent. Malgré tout. Malgré le mal que tu as fait. Je t’en ai voulu, je voulais te voir souffrir comme tu nous as fait souffrir… Ta mort, ce n’était pas ce que je voulais.

      Ersatz de confession qu’elle préfère avorter, son minois attristé se baisse. Elle se masse la nuque quelques secondes en penchant la tête de chaque côté, faisant craquer ses cervicales par la même occasion. Là les émeraudes de la belle sont attirées par une petite serrure au pied du lit.

      Depuis quand les pieds de lit ont des serrures ?!

      Derechef la voilà agenouillée devant le pied, à chercher quelle clé sur le trousseau permet d’ouvrir cette cachette. Une clé plus petite que les autres s’avère être la bonne, et de la planque improbable elle ressort un parchemin roulé, qui se révèle être une page de registre aux premiers mots qu’elle devine…



      Période 1461/ Registre financier et détails des actions mises en place. Champlecy.

      La Rénovation totale des quartiers détruits lors de l'incendie aura coûté vingt-quatre mille huit cent trente-sept (24 837) écus. Le revenu annuel estimé s'élève à plus de quarante mille (40 000) écus. L'intérêt premier sera au final de posséder l'entièreté financière voilée du Berry : Quartiers résidentiels de la basse populace de chaque ville principale du Berry, les villages alentours seront quant à eux exploiter par le biais des maisons closes disséminées sur le territoire berrichon.

      La récupération et la rénovation des quelques anciens bâtiments devenus anui les maisons closes en questions s'est élevé à quatre-vingt-dix-sept mille (97 000) écus. Le bénéfice se fait déjà sentir avec plus de deux cent quarante mille (240 000) écus en à peine quatre mois.

      Les trois principales maisons closes représentent à elles seules une bonne moitié de l'or transitant continuellement au travers du Berry. La capitale, Sancerre et Saint-Aignan s'avèrent être des emplacements à la rentabilité exceptionnelle de part leurs histoires, bien plus profonde que celle de Châteauroux qui n'a jamais attiré nombres de nobles ou autres riches. Bastien arrive pour le moment à s'occuper des gazoutes et nous n'avons eu aucune perte depuis quinze mois.

      Les différents livres de compte sont dissimulés à Germigny dans l'aile Ouest. Quiconque y entrera ne verra que ce que je veux qu'il y voit sans avoir lu ses lignes. En face de la troisième se trouve un porte-torche vide. Ceux qui me connaissent savent que je ne laisse jamais rien au hasard.

      J'ai dissimulé cette pièce dans un endroit que je savais sur de toute fouille pour une raison simple, je n'accorde aucune confiance à ceux qui vivent à Germigny. J'ai placé la clef de l'aile Ouest dans un objet qui m'est précieux, j'ai passé énormément de temps à le perfectionner.

      La personne qui aurait dû hériter de l'empire que j'ai bâti est Kateline de Sierck. Que tout ce que je possède disparaît avec moi, il n'y a plus aucune raison à ce que je reste en Berry maintenant que Kateline et Nathan sont morts de ma main... Ma vengeance à la trahison de Nathan s'est achevée avec une mort que je n'aurai jamais imaginé. J'avais pourtant tout planifié : une cécité amenant au lègue de mon arbalète, le placement d'une vieille lettre que j'avais écrit il y a bien des années...

      Non. Tout ne disparaîtra pas ! Que toutes mes possessions soient léguées à la famille de Sierck. Trouvez l'Intendant, il vous dira ce qu'il y a à savoir. Son secret n'a pas été bien dur à découvrir pour moi, je pense qu'il ne prendra que quelques mois de plus pour ceux qui se lanceront dans la fouille de la vérité à son sujet.

      La vicomté de Germigny.
      Chaque objet s'y trouvant.
      Si les Champlecy y sont encore, qu'ils soient chassés purement et simplement. Ils ne connaissent rien du sens de la famille alors qu'ils découvrent le sens du mot « Solitude ».
      Chaque terres m'appartenant et étant enregistrées dans les livres de compte.
      Chaque personne travaillant pour moi travaillera désormais pour les De Sierck.
      Tout l'or que je possède leur reviendra en intégralité. Les placements, les revenus ainsi que les investissements en cours. Le tout s'élevant à légèrement plus de un million deux cent mille quatre-vingt-dix (1 200 090) écus.

      Que ce registre soit considéré comme mon testament lorsqu'il sera découvert.

      Rédigé le 17 Septembre de l'An de Pâques 1461 à Germigny,





      Une fois sa lecture terminée, l’affliction se lit clairement sur les traits de Kateline. Elle a la preuve dans sa main que Zelgius a profité du feu qui a ravagé les quartiers pauvres de Bourges pour s’enrichir encore et toujours plus. Elle tient également dans sa main la preuve qu’elle est légitiment propriétaire de cette fortune citée, de ces bordels infâmes et de ce château où elle se trouve ainsi que tout ce qu’il contient. Dans sa main se trouve surtout la preuve de ce qu’elle savait depuis ce mois de septembre 1461. Zel était fou, Zel était un assassin, ce Zel était son parrain.

      Pourquoi ? Pourquoi tout me léguer ? Tu me croyais ton ennemie… quand je t’avais en face de moi dans cette grotte… Pourquoi ?

      Pourtant elle devait bien se rendre à l’évidence, son parrain l’avait sincèrement aimé, fut un temps au moins. Et à cette idée une vague de profonde tristesse s’accapare d’elle, le remord aussi.

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Le_dement
Si seulement j'avais un quelconque contrôle sur ce monde... Oh, tu ne serais pas ici, Kateline. Cet endroit était l'apogée de cette vie mortelle dont tu m'as délivrée !

Et cet endroit lui rappelait tant de choses. Trop, peut-être. Mais il n'avait pas de réponses à donner à sa filleule, il ne savait pas plus qu'elle pourquoi elle était là. Ni même pourquoi il était venu la rejoindre dans cette visite alors que d'autres étaient déjà venu avant elle. Mais il n'eut pas le temps de chercher réponses à ces questions, elle allait vers la cuisine. Cette même cuisine qu'il avait regardé un peu plus tôt. L'avait-elle senti ? Ou était-ce simplement son instinct qui la guidait comme il le faisait toujours ?

J'étais le seul véritable cuisinier du Vicomté, Andhara et Paul n'ont jamais mis les pieds ici sans moi, tu sais. Je ne leur faisais pas confiance.

Alors que Kate commençait sa fouille, le Champlecy s'assit sur l'une des chaises survivantes. Il avait tout son temps à présent, et il pouvait parler, il ne serait pas entendu ailleurs que dans son enfer.

Comment aurai-je pu ? Quand on paie les gens, la confiance est obligatoirement détruite, alors je les faisais surveiller. Et je faisais surveiller ceux qui les surveillaient. Je crois que tu avais raison quand tu me disais paranoïaque.

Un sourire se fit place sur le visage du Champlecy, un sourire non contrôlé accompagné de ce petit souffle qui montre l'étonnement devant certaines vérités. Sa filleule venait de tomber sur les casseroles. Les clefs étaient à l'intérieur, toutes les clefs de ce qu'elle ou Nathan devraient un jour découvrir.

Je suis revenu à la fin... Cacher les clefs ici, j'étais sur que tu les trouverai. Oh, bien sur les derniers mois étaient... Mmaah ! Non, tu n'as pas besoin de savoir ça. Mais les clefs sont importantes ! Autant que la raison pour laquelle on m'a surnommé "Dément".

Le Champlecy se releva lorsque Kateline quitta la cuisine, il la suivait de près, comme un fantôme. Un fantôme... Oui, c'est bien ce dont il s'agissait, une stupide histoire de fantôme ! La question actuelle était de savoir où elle irait ensuite. Aile Est, voir les salles de tortures ? Aile Ouest, fouiller les endroits où les autres Champlecy vivotaient ?

Tu sais, eux non plus je ne les ai jamais aimé. Il avait cet expression dans le regard. J'aurai dû les manger. C'était la meilleure solution et ils n'auraient plus été un poids mort dans mon champ de vision !

Sa chambre ? Pourquoi faire ? Qu'avait-il caché à l'intérieur qui vaille la peine d'être lu hormis certains de ses registres ? Cette chambre... Quant il y entra avec sa filleule, il eut comme l'impression de revoir tout ce qu'il avait pu y faire : manger, boire, tuer, torturer, cacher, planifier, mentir, dormir.
Il avait bien plus dormi dans cette chambre qu'il n'y avait sauté de gazoutes. Il n'avait jamais été bien doué pour atteindre les lits à temps et la plupart avaient fini par se faire trousser contre un meuble dans le meilleur des cas.


Je me souviens avoir emmener une diplomate de... Poitou ? Anjou ? DR ? Bah, tous les même ! Ici et lui avoir fait tout ce qui me passait par la tête. Elle est restée enfermé dans cette pièce un peu plus d'un... Tu quoi ?

La Champlecy s'arrête dans l'histoire de sa vie aux mots de sa filleule. Comment avait-il pu passer à côté ? Ne pas le voir ? Etait-il à ce point enjoué par son enfer qu'il ne voyait même plus ceux pour qui il avait fini par tout quitter ? Il s'assit à côté d'elle. Il ne s'était encore jamais assis sur ce lit pour parler à quelqu'un. Et pour une fois qu'il le faisait, c'était une conversation à sens unique.

Je n'ai jamais... Voulu, te faire souffrir. Nathan, non plus... Vous étiez ce qui comptait le plus pour moi. Mais il m'a trahi... Il a commencé tout cela ! Quel autre choix avais-je ? Le pardonner ? Oooh, non, jamais ! C'est un signe de faiblesse et...

Il haussa les épaules dans un moment de doute.

Je n'ai jamais vraiment cherché à comprendre, j'ai juste agi comme je l'ai toujours fait. Je me suis défendu en frappant plus fort. Quand tu mourras, Kate, je te montrerai ce que j'ai fait de l'Enfer ! Tu vas aimer ce que j'en aurai fait, j'en suis sur.

Il n'avait pas fait attention à ce qu'elle faisait, il ne l'avait donc pas vu trouvant la serrure dans la cache qu'il avait creusé dans son propre lit. Voilà ce qui se trouvait dans cette chambre. Un testament. Il l'avait écrit sans réfléchir, une nuit où il n'avait pas vidé la moitié de sa cave d'alcool. La sobriété lui faisait toujours faire des choses allant à l'encontre de ce qu'il prévoyait.

Surprise, tu es riche !

Qu'étaient d'ailleurs devenues ses affaires ? Qui en avait pris soin après sa mort ? Il n'avait jamais vérifié ça... Il le ferait en rentrant.

Soyons honnête. Il ne s'agit pas d'un sens des affaires aigu, c'est mon sens du contrôle qui l'était.

Mais l'heure n'était visiblement pas à la plaisanterie et les questions qu'elle lui posait à présent, il pouvait y répondre.

La grotte... Oui, je me souviens de ça. je t'avais cru morte, tu sais. Vraiment. Je ne l'avais pas vu venir... J'ai... Quand tu t'es fait passé pour morte, quand je t'ai cru morte... Je n'y ai pas cru, j'ai lancé mes réseaux d'espions à la traque de la moindre trace que tu aurais pu me laisser... Mais tu étais morte dans mes bras... Ma vengeance contre Nathan était en marche et ne pouvait plus être arrêté... J'ai... Tu n'as jamais été mon ennemie, Kateline.

Il quitta le lit et se dirigea vers l'ancienne coiffeuse poussiéreuse d'Andhara, il pouvait tout voir dans le reflet de son miroir, tout... sauf lui. Il n'était pas là.

Quand tu es morte, je n'avais plus de raison de vivre et la survie... La survie n'avait plus aucun goût après ce que j'avais connu.

Il frappa le miroir, il détestait ce miroir, il aurait voulu le voir se briser en millier de morceau sous son poing. Il aurait aimé ça...

Je ne l'ai jamais aimé, tu sais. Elle n'était qu'une autre employée. Le but était de faire passer les Angevins pour des ennemis du Berry quand elle aurait tenté de me tuer. Au lieu de ça, elle m'a donné un enfant. Que devais-je faire d'un enfant ? Et de cette Angevine devenue trop encombrante ? Rien ! Elle ne me donnait même pas envie de la tuer... Je crois qu'on peut dire que j'avais une certaine forme de pitié pour elle.

Il détourna le regard du meuble comme s'il n'était rien et offrit son sourire le plus pervers, et invisible, à sa filleule.

Prête à découvrir tout le reste ? Il y a encore tant de choses que je dois te montrer. Et il faut que tu prennes l'or, tu ne vas pas le laisser croupir avec le vin, tout de même ?
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Kateline
      Ce bout de registre qu’elle tient dans sa main ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. C’est ce qui est écrit, de l’or et d’autres documents sont disséminés dans le château. Au moins, elle se trouve dans la bonne aile.
      Kat relève la tête et prend une grande inspiration comme pour se donner du courage pour poursuivre sa quête, ou pour chasser la tristesse et le remord. Ils ne le ramèneront pas dans le monde des vivants, et cela ne changera pas ce qu’elle a fait.
      Elle s’en convainc en se relevant, ruminer sur le passé ne l’aiderait pas.

      L’Ebène observe un instant son propre reflet dans le miroir de la coiffeuse qui lui fait face. Elle s’en approche même, prenant quelques secondes pour constater que ces derniers mois l’ont abîmé physiquement. Elle porte ses doigts fins à sa lippe marquée par une petite cicatrice, cadeau offert par les brigands qui les ont dépouillé Sebastian et elle lorsqu’ils se trouvaient dans le sud-est du royaume.
      Cela gâche un peu la délicatesse de ses traits, mais elle s’en moque, elle constate simplement. Cela ne l’a pas empêché de faire encore des ravages en arrivant à Bourges. Et d'ailleurs elle sourit niaisement en pensant à ça, à eux.

      Kateline secoue la tête en voyant son air de godiche, et se décide à prendre tout de même quelques minutes pour fouiller le reste de la chambre, bien que rien d’intéressant ne se trouve ici. Elle relit alors le parchemin, et se met en tête de mettre la main sur le reste de ses registres.
      Elle sort alors de la chambre et commence à arpenter cette aile ouest à la recherche de ce porte torche vide.
      Il ne lui faut qu’une minute pour se trouver près de la troisième porte du couloir, l'objet recherché au dessus de sa tête. Elle mordille sa lèvre en le regardant…


      C’est une clé ce truc… hein… c’est ça ?

      Et sans réfléchir outre mesure elle tend la main vers le porte-torche qui émet un léger claquement qui la fait sursauter et retirer sa dextre.

      C’est ça !

      Le geste est réitéré et amplifié, le porte torche en s’abaissant enclenche un mécanisme et un mur, ou plutôt un leurre s’ouvre non loin de là. Elle cherche alors autour d’elle un moyen d’avoir de la lumière, car même si elle se trouve dans l’obscurité, la lumière du jour traverse en raies à travers les rares fenêtres qui ne sont pas closes, ou par les meurtrières dans certains couloirs. Suffisamment pour que Kat puisse déambuler ainsi, mais là il lui faut une torche. Elle remonte le couloir et met la main sur ce qu’elle veut, allume la torche à l’aide de son fusil et d’une allumette soufrée qu’elle a sorti de sa besace. Puis elle revient au passage, torche en main, pour se glisser à l’intérieur.

      Ce que voit Kat au-delà de ce mur est… déroutant, effrayant, ou tout simplement écœurant… c’est selon le degré de sensibilité. Une pièce pleine de papelards, registres, notes personnelles entassées un peu partout, mais aussi une étagère contenant une dizaine de bocaux renfermant…


      Des doigts ?! Zel !! Tu gardais les doigts de tes victimes… non…

      L’Ebène ressent une nausée à cette vue, elle le savait sadique et elle connaissait ses dons pour la torture puisqu’elle avait participé à une de ses chasses, mais conserver des morceaux, là, c’était un peu trop pour elle. Elle finit par détourner ses yeux des bocaux pour se concentrer sur les parchemins. Tous les comptes de Zelgius s’y trouvent, ainsi qu’une multitude de notes pêle-mêle au sujet de comtés et de duchés, des listes de personnes influentes qui avaient un pouvoir significatif sur le conseil, les soldats disponibles et d'équipements en cas de guerre. Mais aussi les personnes qu'il faisait chanter, soit des haut placés qui avaient des dettes, soit des gens du petit peuple dont il pouvait se servir pour les basses besognes où lui-même ne pouvait se permettre de s’exposer. Tous les pires secrets du Dément sont à présent en sa possession, et pourtant, elle se sent terriblement mal de constater tout cela.

      J’imaginais pas à quel point tu avais de l’influence sur ces pauvres gens, tu les as tous manipulé, tu…

      Elle pousse un soupir, tout en continuant d’éplucher les feuillets, jusqu’à tomber sur une sorte de carte. Les cachettes de son or en dehors de Germigny, Bourges et Saint-Aignan sont représentées, plusieurs croix sont tracées.

      J’ai le droit à une chasse au trésor… on va s’amuser je le sens.

      Elle s’empare de cette carte, la fourrant dans sa besace avec le bout de registre qu’elle a trouvé un peu plus tôt dans la chambre. Puis elle décide de quitter cette pièce morbide, non sans un coup d’œil sur les bocaux contenant les index humains.

      J’peux pas tout emporter, je reviendrais mettre de l’ordre plus tard. T’en as laissé un sacré bordel derrière toi…

      Kateline actionne le porte torche à l’inverse et le mur se referme sur lui-même. Elle s’adosse un instant contre celui-ci, respirant l’air un peu moins renfermé du couloir, ses découvertes sont une épreuve, plus que ce qu’elle avait imaginé avant s’y pointer.

      Bon et maintenant… qu’est-ce que je fais ? J’vais aller à la cave tiens.. les salles de torture ça sera pour plus tard, là j’ai pas l’estomac pour tomber sur les restes d’une victime oubliée.

      Elle emprunte alors l’escalier au fond de l’aile qui lui permet de rejoindre le sous sol du castel…

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Le_dement
Ou pas. La cave serait donc pour plus tard. L'idée de commencer par fouiller l'aile dans laquelle elle se trouvait était finalement une bonne idée. Une idée qui en révélerait plus sur lui que tous les mots possible, il le savait.

Hmm... Je n'aurai pas commencé par là, fini non plus d'ailleurs. Enfin, c'est toi qui fouille, pas moi. Tu ne vas pas aimer ce que tu vas y trouver, tu le sais, hmm ?

Il ne doutait même pas qu'elle trouve la pièce dissimulée derrière l'un des murs du couloir donnant accès aux chambres, elle était trop maligne pour ne pas le trouver. Le mécanisme était simple, peut-être trop ? Non, quelque chose de plus compliqué aurait irrémédiablement attiré l'attention de toutes personnes passant devant et ce n'était pas le but.

Pas une clef, non. C'est un levier, sophistiqué, je te l'accorde, mais ça reste un simple levier, ou une manivelle ? Un mélange des deux.

Il l'observa enflammer une torche. Il ne s'était même pas rendu compte qu'il faisait trop sombre dans la pièce secrète pour y voir quelque chose, lui-même y voyait clairement, un avantage à être le nouveau Sans-Nom, sans aucun doute.
Il entra finalement dans la pièce en même temps qu'elle, il n'avait pas voulu prendre les devant, qu'aurait-il pu y faire ? Faire tomber les bocaux remplis de ses trophées ? Non,même en le voulant, il n'aurait pas pu. Certaines limites ne pouvant être franchies comme on le souhaiterait.


Je passais du temps ici. Bé dame, la porte se contrôle de l'intérieur itou, cette pièce n'aurait eu aucun intérêt si je n'avais pas pu la fermer en étant à l'intérieur.

Il posa la main sur le levier permettant l'ouverture et la fermeture de la porte... Sa main passa au travers. Aucun contrôle sur le monde physique.

Arrgh ! Saloperie !

Elle avait trouvé les bocaux. Dix. Il s'en approcha et passa la main dessus, comme pour les caresser. Combien y en avait-il dans chaque bocal ? Il ne pouvait même pas les compter, mais il connaissait déjà la réponse. Le nombre exact.

Déjà avant que Nathan ne me coupe le doigt, je les collectionnais. L'ironie a voulu qu'il me coupe le même doigt que je prenais en trophée. Il est peut-être plus proche de ce que je suis que ce qu'il ne veut bien admettre. Mais, pourquoi est-ce que ça t'étonne ? Tu savais que je ne chassais pas des animaux. Et chaque chasseur garde un trophée de sa proie, non ?

Toujours cette notion manquant du respect à l'être humain. Il ne voyait pas ce qui différenciait un chasseur d'un soldat, pour lui les deux tuaient des êtres vivants et chassaient pour ça. Peut-être était-ce une question d'esprit de la victime ? Peut-être la religion qui l'interdisait, il n'avait jamais écouté les sermons, il ne pouvait donc pas les comprendre.
Mais déjà la Brune fouillait parmi les documents éparpillés sur le bureau. Il ne prenait jamais la peine de les ranger, si la pièce était découverte ce n'était pas un tiroir qui sauverait ses secrets.


Oui, j'étendais mon pouvoir. Il le fallait, comment aurai-je pu t'offrir tout ça sinon ? Qu'aurai-je eu à t'offrir en échange de ce que, toi, tu m'as offert ? Alors j'ai mis mes connaissances à jour. Je me suis informé sur la façon dont le jeu se déroulait et j'ai commencé à placer mes pions. Il ne m'a pas fallu bien longtemps pour y parvenir, à croire qu'ils m'attendaient. Toutes ces marionnettes et leurs secrets.... Oh si tu avais participé à ça... Toi et moi nous serions en ce moment même entrain de boire dans les crânes des vieux croulants des royautés. Le monde entier aurait fini par jouer au rythme de mes doigts !

La paranoïa du Champlecy n'était pas venue uniquement à cause de sa folie. Elle s'était accrochée à son ambition, son orgueil et avait doucement poussé le Champlecy au bord du gouffre dans lequel il avait fini par sauter à pieds joints.
Elle avait trouvé les cartes de ses différentes caches. Il ne se souvenait pas les avoir tenu à jour. Il avait juste amassé, empilé, prévu. L'or n'était pas quelque chose qui lui manquait, les pierres précieuse non plus, il aurait pu en faire quelques centaines de couronnes.


Parce qu'on ne s'amuse pas en ce moment ? Découvrir les preuves de ce dont tu te doutais déjà lorsque tu m'as tué ne t'amuses pas !? Alors dis-moi, dis-moi ce qui t'amuse ! Me tuer était plus amusant, j'en suis sur. Me tuer à petit feu en me faisant croire que tu étais morte, te liguer avec Nathan contre moi ! DIS LE MOI !

Il l'avait suivi en dehors de la pièce sans même faire attention qu'ils sortaient et qu'elle refermait l'endroit. Il était en face d'elle, la colère, l'aigreur, la haine. Tout était revenu, le Dément était revenu.

La cave ? Ecoute-moi ! Répond-moi ! Ça t'as amusé de me tuer, avoue le ! Allez, dis le !

Il la suivait dans les escaliers, elle allait à la cave, elle ne l'entendait pas. La torche la première, la porte de la cave fut ouverte. L'endroit renfermait bien des secrets, qu'il s'agisse d'or, d'alcool, de poisons ou de feu grégeois prêt à être utilisé. Et la torche était la première à entrer.

Ecoute moi ! Entend moi ! Je sais que tu m'entends ! Cesse de faire semblant, Kateline ! Tu peux m'enten... La torche.... La torche ! Éteint la torche !

Dément, Champlecy, la frontière était encore plus mince depuis qu'il était mort. Et, machinalement, comme s'il avait toujours été vivant, il plaça les mains sur les bras de sa filleule pour la tirer en arrière.

Il n'avait toujours aucun contrôle sur le monde physique. Il regarda ses mains, vides, passées au travers des bras de sa filleule comme si elle n'avait été que du vent.


La torche, Kate, éteint la torche ! Tu sais que je n'ai pas placé mon or par hasard dans la reconstruction des bas quartiers ! Je l'ai détruit ! Le feu grégeois était à moi et il y en a quinze tonneaux remplis dans cette cave ! Bouffe* cette foutue torche !

Bouffer = éteindre en soufflant (en berrichon)
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Kateline
      Pas à pas, marche après marche, Kateline chemine dans l’escalier qui mène à la cave. Cependant, l’atmosphère devient pesante, en plus de cette éternelle sensation d’être suivie et observée. De ce fait, l’Ebène est sur ses gardes, à l’affut du moindre bruit, du moins souffle qui pourrait trahir une présence physique. Elle se retourne sans cesse pour vérifier que personne ne la suit, et c’est le cas !
      Un courant d’air, sorti de nulle part, vient faire vaciller la flamme de sa torche alors qu’elle s’approche de la porte de la cave.
      C’est la nouvelle brûlure qu’elle ressent au niveau de son bras qui l’arrête à quelques mètres de l’entrée. Sa peau s’hérisse à ce contact fantomatique, reculant d’un bond.


      Mais merde ! Qu’est-ce qui se passe ici bordel ?! Y’a quelqu’un ?!! Répondez !!

      Sa sénestre étant libre, cette dernière vient se poser instinctivement sur la poignée de sa dague à sa ceinture, son épée se trouvant accrochée à la sellerie de sa monture. Elle a sentit quelque chose la toucher, elle en est sûre, comme si on voulait l’empêcher d’entrer dans cette cave.
      Sur l’instant elle est partagée entre l’envie de faire demi-tour et l’autre plus folle d’en découdre avec cette menace invisible.


      J’sais pas qui vous êtes, ou qui tu es ! Mais j’vais certainement pas renoncer ! Alors viens si t’es un homme!

      Mais personne ne répond à ses invectives, un courant d’air plus puissant que l’autre fait encore vaciller dangereusement la flamme toujours dans sa main.
      Les sens en éveil, elle approche lentement de l’entrée de la cave, abandonnant pour quelques secondes la prise rassurante sur le pommeau de sa dague pour chercher le trousseau dans sa poche.
      Clé en main, elle s’apprête à ouvrir la porte lorsqu’une odeur horriblement familière vient lui chatouiller les nasaux.
      Elle l’a senti une fois auparavant, un mélange de résine de pin, de naphte et de soufre. Ressurgissent alors les souvenirs de ce feu ravageant les ruelles des bas-fonds, les explosions et cette pluie qui faisait s’étendre les ravages des flammes, les cris de terreur. Même la douleur se rappelle à elle, sa cicatrice boursouflée à son bras gauche semble s’être rouverte.
      La respiration de l’Ebène est saccadée, son cœur explosant dans sa poitrine, elle est totalement submergée par cette vague qu’elle tente de refouler.
      Et tout à coup, ce qui n’était encore qu’une supposition, somme toute logique à ses yeux, devient un fait : c’est Zel qui était à l’origine de l’incendie qui avait ravagé Bourges. Pas les Bourguignons. Ca n’avait jamais été eux.
      Lorsqu’enfin ses visions se calment, Kateline étouffe la torche et la laisse tomber au sol. Elle n’est pas venue là pour mourir. Ah ça non… Elle fait tourner la clé dans la serrure et ouvre la porte avec précaution. La récente obscurité ne lui permet pas de deviner immédiatement ce qui se trouve devant elle jusqu’à ce qu’elle bute sur un fût. Quelques secondes où elle reste les mains posées sur le couvercle, à attendre d’y voir plus clair.
      Devant elle des dizaines et des dizaines d’autres fûts, l’odeur de la poudre est encore plus intense, dérangeante au possible mais elle ne se démonte pas l’Ebène. Elle soulève le premier couvercle et découvre ce que son odorat lui a prédit : du feu grégeois. Elle fulmine, ses mains se crispent sur le couvercle qu’elle remet en place.


      C’est toi qui avais tout organisé hein ?! C’est par ta faute que mon bras est mutilé, qu’Orian ton propre cousin est défiguré aujourd’hui… C’est par ta faute que tous ces berruyers sont morts! TA FAUTE !!!

      En furie, elle fait voler les couvercles les uns après les autres, manquant de justesse de faire éclater les bouteilles de vins, de ropt et certainement d’autres alcools rangées le long des murs.
      Mais il n’y a pas que de la poudre, certains fûts contiennent de la bière, mais plus important encore, d’autres sont pleins d’or.
      Sa colère finit par retomber, ne reste plus que le vide qu’elle ressent en ses entrailles.


      Mais qu’est-ce que je vais faire moi, avec tout ça… Je peux pas gérer ça toute seule, j’peux pas…

      Kat entreprend de refermer un à un les tonnelets, marquant d’une croix gravée à l’aide de sa lame ceux contenant de l’or. Puis sans attendre elle referme la porte de cette maudite cave, trop pressée de la quitter ainsi que les souvenirs qu’elle fait ressurgir.

      Je reviendrais avec du monde…

      L’Ebène remonte l’escalier presque en courant, oubliant la torche éteinte sur son passage. Vite, très vite la voilà à nouveau au rez-de-chaussée, haletante et épuisée moralement. Elle se laisse tomber le long d’un mur, assise à même la dalle glacée du couloir, accusant le coup…

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Le_dement
Ses mains toujours aussi vides, c'en était presque devenu comique. Pourquoi donc vouloir sauver celle qui l'avait tué ? Pourquoi vouloir, en cet instant accepter ce qu'on lui avait proposé lorsqu'il était mort ? Des questions, toujours des questions, trop de questions.

Et alors la voix, sa voix, poussa le Champlecy à relever les yeux vers sa filleule, une lueur d'intérêt plus que d'espoir dans le regard.


Ohh. Ça c'est intéressant ! Tu m'as senti, pas vrai ? Le courant d'air n'a pas été que pour moi. Donc, ça veut dire que...

Il approcha sa main gauche de la joue de sa filleule, se concentrant pour la toucher, sentir sa peau sous ses doigts. Sa main s'approchait lentement, difficilement. Il allait enfin voir s'il parvenait à interagir avec sa filleule lorsque la menace fusa. Le Champlecy serra le poing et le retira, tuant dans l'œuf tout désir de compassion.

Crois moi, Kateline, je serai là jusqu'au bout pour toi, je te l'ai promis, non ? Alors on verra lequel de nous deux perdra patience le premier ! Me tuer était la pire erreur de ta vie !

Le sourire sadique du Dément était de retour et, cette fois, il était bien décidé à ne plus repartir. Cette visite était peut-être ce qu'il lui fallait finalement pour définitivement se consacrer à son nouveau royaume. La suite le dirait, mais pour le moment la visite de la cave débutait.

Il y voyait comme en plein jour, cette possibilité de voir dans le noir l'amusait, il pouvait ainsi observer avec attention tous ces petits détails qui lui échappaient alors qu'il était encore en vie. Les fissures lézardant sur les murs, les toiles d'araignées et leurs propriétaires s'accumulant dans les coins. La cave n'avait, en vérité, pas tellement changé depuis sa mort.

Le bruit de l'ouverture de l'un des tonneaux le rappela à sa filleule et à sa visite. Elle venait de découvrir l'un de ses derniers secrets en date : le feu grégeois. Mais les accusations de la Brune n'atteignirent pas le Champlecy pour qu'il s'explique. Il n'y avait que le Dément au dessus du tonneau avec Kateline.


Et tu crois que ça m'a arrêté ? Ce basin m'a privé de la vue pendant plusieurs mois en se lançant à la poursuite de Skorm. Ton bras ou le visage d'Orian ne sont rien à côté du temps qu'il m'a fait perdre ! Et c'est toi qui m'a achevé parce qu'il n'a pas supporté de te perdre. Crois-moi Kateline, tout ce que tu vois ici n'est rien en comparaison à ce que j'avais prévu.

Refermer le tonneau n'y fit rien, le Dément continuait d'exposer à celle qui ne l'entendait pas toute la vérité. Sa vérité. Sa vision de la vérité. Très atteinte soit dit en passant.

Toutes ses régions courant après des chimères comme l'Indépendance ou la Royauté... Ils n'ont rien compris. La seule chose qui importe vraiment dans ce monde, Kateline, c'est la survie, à n'importe quel prix. N'importe lequel ! Même si pour ça, je devais me débarrasser de quelques centaines de berruyers ou de ses proches. Et sa famille... Ah ! Je suis sa seule famille ! C'est moi qui l'ait gardé en vie quand il n'avait plus la force de se battre, personne d'autre !

Il suivait pas à pas la vivante pour lui délivrer toute sa haine aux oreilles. Elle finirait par entendre, d'une manière ou d'une autre. Même s'il devait y passer les dernières années de vie de Kateline, il avait tout son temps devant lui. Il était déjà mort.

Tu pensais vraiment qu'il y avait du bon en lui ? Qu'il pouvait ne pas être le monstre que tout le monde décrivait, Kateline, je l'ai fait à mon image ! Tout ce qu'il faisait, absolument tout ce qu'il disait, tout n'était que le mensonge que je lui ai dit de construire pour que je puisse œuvrer en paix ! Il est à moi ! Il a toujours été à moi ! Qu'est-ce que tu fais ? Où est-ce que tu fuis comme ça !?

Il la suivit, il n'avait pas regardé ce qu'elle faisait des tonneaux, il s'en fichait. Tout ce que le Dément voulait, c'était se venger. Il n'avait pas écouté non plus, il n'avait pas entendu quand elle parla de revenir avec du monde... Quelle personne serait assez téméraire pour s'aventurer dans les couloirs du Vicomté ?

Il s'accroupit en face d'elle. S'il avait dû parier, il aurait misé sur un début de nausée et de sentiment d'oppression. Il s'approcha de l'oreille de Kateline pour tenter, après les cris, le murmure, voir ce qui serait le plus efficace dans sa tentative de communication démentielle.


Tu as vu ce que je lui ai fait faire. Maintenant, pourquoi ne pas aller voir ce que je faisais quand j'avais le contrôle ?
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Kateline
      Tu as vu ce que je lui ai fait faire. Maintenant, pourquoi ne pas aller voir ce que je faisais quand j'avais le contrôle ?

      Le murmure lui parvient de loin à Kateline, la voix étrangement familière lui glace le sang. Son pouls s’accélère et ses mains se crispent. Dans l’obscurité ses yeux s’agitent, mués par la peur de cette présence qu’elle refuse encore de reconnaitre. Elle préfère mettre ce désordre sur le dos de l’émotion.

      Il n’y a personne ici à part moi… il n’y a personne ! IL N’Y A PERSONNE !

      Un nouvel accès rage s’empare de Kateline, elle refuse de se laisser entraîner à nouveau par ces voix coupables de ses errements, coupables de l’isoler du reste du monde. Elle se met les mains sur les oreilles en secouant la tête les yeux fermés.

      Elle m'entend ? Oh, on va s'amuser tous les deux.

      Bien qu'elle ne semble toujours pas la voir, les tortures peuvent débuter. Il s'assoit sur le sol, juste à côté d'elle et, ignorant la vaine tentative de se fermer aux sons de Kateline, le Dément reprend ses murmures.

      Je suis là, Kateline. Je suis là depuis que tu es entrée ici, je te surveille depuis que tu m'as tué. Maintenant que je sais que tu m'entends, même Zelgius ne pourra plus rien pour toi. Chaque seconde de ta vie, je serai là à te rappeler ce que tu as fait. Ce que tu m'as fait !

      La terreur se lit à présent dans le regard de Kat, ses mains retombent le long de son corps, posées au sol, elle pousse sur celles-ci pour s’aider à se relever. Le mur fait aussi officie de béquille alors qu’elle tente de se rassurer.

      Ce qui est mort est mort… On ne revient pas comme ça… Laisse moi tranquille…
      Tu méritais de crever espèce de charogne immonde, tout le mal que tu lui as fait, tu ne m’auras pas…
      Je te laisserais pas ! TU M’ENTENDS DEMENT ?! Tu peux murmurer toutes les saloperies que tu veux à mon oreille, jamais tu ne verras en moi l’once d’un regret te concernant…


      Elle fait un ou deux pas en arrière, pour s’éloigner de ce mur, de ces menaces qui flottent encore dans l’air mais qu’elle choisit d’ignorer.

      Bé dame que j't'entend.

      Il se lève à sa suite, sautant presque sur ses pieds. L'instant est à la peur, il la sent comme si un flacon entier de parfum avait été vidé sous son nez. Et il aime ça !

      Je ne murmure que la vérité, douce Kateline, tu le sais. Tu l'as toujours su.

      La main du Dément vient se poser sur la joue de la vivante, une nouvelle fois. Mais cette fois, ce n'est pas parce qu'il la revoit en face à face depuis longtemps. Cette fois est pour lui faire comprendre qu'elle ne fuira jamais assez loin pour lui échapper.

      Kat la sent, sur sa joue la même brûlure qu’elle a ressentit devant la porte de la cave, elle recule brutalement. Elle veut lui échapper et tente tant bien que mal de se convaincre que ce n’est qu’une illusion. Une de plus dans le paysage des horreurs de son passé.


      Je suis sur que tu aimais quand je prenais le contrôle. Que j'effaçais sa faiblesse, ses incapacités, ses incertitudes. Mais tu t'es détourné de lui. De moi ! Maintenant j'ai le contrôle. Et quand tu mourras, je te montrerai ce que j'ai fait depuis que tu m'as tué. Oh si seulement tu pouvais déjà le voir...

      Nonmurmure-t-elle…

      Il ne prend même plus la peine de se cacher à présent, on ne peut tuer un mort et il le sait, le Dément peut exister à part entière.


      Tu m'as offert l'Enfer ! Et je t'y attend.

      Je l’aimais lui, je l’aimais avec ses faiblesses, ses incertitudes, ses manquements, c’est ce qui faisait qu’il était humain.. Tu lui as volé son humanité, et j’aurais du rester et applaudir tes viles tentatives… Démon !! Tu n’auras pas mon âme, jamais, JAMAIS !!!

      Elle marche à reculons, s’essaye même à courir pour échapper à la voix du Dément qui résonne dans sa tête, et des larmes de colère coulent sur ses joues. Elle qui ne pleure jamais. Sa vision est embuée, elle manque de se ramasser au sol, puis se rattrape de justesse. Son équilibre physique et son équilibre mental sont en train d’être mis à rude épreuve… L’Ebène veut fuir.

      Où fuis-tu comme ça, Kateline ? As-tu peur de la mort ? As-tu peur des démons ? Mais je ne suis pas un démon, gazoute.

      Il n'a pas bougé, une manière de voir si le son de ses murmures portent même avec la distance. Il écoute le son des bottes Katelienne résonner sur les dalles du Vicomté.

      J'arrive, Kateline.

      Un clignement de paupières et il se trouve à nouveau en face d'elle. Vivant, il l'aurait attrapé et enfermé dans ses bras. Il ne l'est pas, il se contente donc de se placer sur son chemin encore et encore tandis qu'elle court, la forçant à passer à travers lui.

      Je ne suis pas un démon. Je suis bien pire ! Je suis l'idée que vous vous faites du Sans-Nom. Je suis le Dément ! Et tu ne peux pas me fuir, alors arrête de courir contre l'inéluctable.

      Peu importe ce que tu es, je me rachète tous les jours pour le mal que j’ai fait, je ne me complais pas, je change…
      Tes menaces sont vaines, tu ne m’effraies pas et tu le sais ! Je n’ai jamais eu peur de toi ! Je t’ai tué !! TU ES MORT !! JE N’IRAIS PAS EN ENFER !!


      Haletante, elle hurle comme pour se convaincre elle-même. Les gestes comme les pas de Kateline sont approximatifs, elle est clairement secouée par cette voix d’outre-tombe qui chuchote à son oreille, qu’elle fuit ou non.
      Mais la porte du castel est dans son dos, elle l’ouvre avec grande difficulté et la referme aussitôt qu’elle se trouve à l’air libre. La grosse clé est à nouveau insérée dans la serrure, et le château des horreurs bouclé jusqu’à la prochaine visite.
      Le Dément, lui, continue à s'amuser avec elle. Avec eux, car il sent aux abords de sa conscience les cris du Champlecy tentant de revenir. Il ne le laisse pas passer, tout comme la porte de son ancien Vicomté. Malgré le fait qu'il ne soit plus vivant, la porte le bloque et il se retrouve à frapper de toute sa force le panneau de bois, sans succès.


      Je te retrouverai, Kateline. Tu m'entends ? Je te retrouverai et tes tentatives d'expiations n'y changeront rien !

      Alors qu’elle court jusqu’aux écuries, elle se jure intérieurement qu’elle ne remettra plus jamais les pieds sur cette propriété maudite.
      Elle saute sur sa monture, rennes en main elle donne un bon coup de talon dans les flancs de la bête, qui sans demander son reste galope en direction de la grille, de Bourges…


[Écrit à deux claviers]
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