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[RP] NE VERSe jamais de larmes.

Emillane
Les derniers jours avaient été éprouvants pour la flamboyante Emi.
Sa vie était souvent faite de tours et de contours, de virages plus ou moins serrés laissant la part belle aux dérapages. Et là, ça n'avait pas seulement dérapé, ça avait totalement ripé, dévié, glissé et fini par échapper à tout contrôle.
Alors, ils s'étaient quittés...
La période semblait propice. Certaines saisons sont celles des fraises ou des fleurs des champs, d'autres accueillent champignons en abondance, celle dont je vous parle était renoncement.


Le premier avait été facile. Les jours passent, les questions deviennent prégnantes et les réponses évidentes. Pourtant, on tergiverse encore un peu, on hésite quelques secondes, puis l'évidence saute aux yeux comme un chat sur une souris et dévore vos derniers doutes. Elle n'avait fait ni longs discours, ni exprimé quelques regrets. Le petit troupeau où se mêlent vieux, trop vieux et jeunes, trop jeunes fait dans l'a_gneauserie...Et, malgré les discours d'apparence trompeuse pour faire croire et sans doute croire encore, l'amabilité est la politique d'un monstre qui n'a bien qu'une tête. Façade des discours d'un groupe que plus personne ne craint, sauf quelques rares anciens qui se souviennent d'il y a un an, un siècle, une éternité. Oui, chef, il y a et bien plus despote qu'un Empereur ou un Roi. Elle avait vu des projets brisés par orgueil, d'anciens cavaliers trainés plus bas qu'un tribunal savoyard pourrait le faire, dédain qui se s'exprime que face aux plus faibles mais se tait face aux égaux d’esprit, poules qui voudraient devenir reine mais ne parvienne qu’à caqueter en cœur.
Elle partait donc sans se retourner et sans le vague à l'âme qu'elle avait tant craint pourtant....


Mais, comme si une brèche s'était ouverte, laissant passer les vents et les hommes, c'est bien à deux d'entre eux que la rousse avait dû renoncer.
A l'un, elle avait dû dire non. Non à quoi exactement ? Elle ne le savait pas vraiment, mais elle le sentait, elle le savait. Peut être éveillait-il trop de bonté en elle, peut être se sentait-elle alors trop vulnérable, peut être que l'heure d'une grossesse et de deux beaux enfants n'était pas encore arrivée. Oui, elle s'était sauvée en lui demandant de renoncer à elle.
A l'autre, elle avait dû dire adieu. Et si elle avait refermé sans peine la porte d'une mascarade poterne, le regret était finalement là, dans la perte d'un homme aimant crier qu'il était con comme la lune et des milliers de pieds réunis mais laissant rapidement voir qu'il était droit, vrai et fidèle compagnon. Et leur choix de vie rendait indispensable un soupçon, une pointe, une larme..une abondance de ces qualités là. Alors, elle dit adieu avec ses qualités aux coins des yeux...Mais, elle le savait aussi, on ne retient pas quelqu'un qui décide de partir, on le regrette, on le pleure....Non, elle, ne pleure pas, elle meurt un peu mais ne pleure pas!


Et la route reprit.
Le vent des chevauchées fantastiques et épuisantes, la poussière dans les cheveux et dans les yeux, offrant une excuse aux siens pour libérer la peine qui glace son cœur. Les pauses au milieu de tavernes bruyantes ou de sous-bois silencieux, tout autour d'elle lui semble amplifié et la rousse tapageuse se referme, cherchant à retenir des émotions qui la submergent. Elle se mêle pourtant au clan bien présent, aux uns et aux autres sur qui elle sait pouvoir compter. Avec eux, elle a appris les liens, leur force et la solidarité qui en découle : un clan, vrai, unique, fort d'une cohérence qui les rend inatteignables.

Et Nevers s'ouvre à eux. Cette nuit sera teintée de combats. Emi prend son épée en main, elle en serre la pommeau sans doute un peu plus que de raison. Elle se sent fébrile, son esprit s'échappant trop souvent vers un ailleurs qu'elle ne connait même pas. Elle s'efforce de se ressaisir, elle doit penser à ses compagnons qu'elle risque de mettre en danger par trop de distraction. Elle s'attache aux paroles de la rousse qui mène efficacement les combats, elle suit. Ils s'approchent en silence, et le signal jaillit dans une nuit jusque là paisible.
Les combats commencent, les coups pleuvent d'un ciel pourtant étoilé et sans nuage. L'épée de le jeune femme cherche un ennemi, une colère qu'elle doit contrôler s'empare de son bras qui rencontre sans tarder un défenseur. Les coups s'échangent, les regards anticipent, jaugent et doivent pourtant surveiller pour garder en vie. La loi qui règne alors est celle du plus fort, tous les coups son permis. Une seconde d'inattention et l'épée ennemie vient frapper votre bras, votre ventre, votre cœur. Le défenseur ne combattra et ne vivra pourtant que quelques minutes. Les bruits de métal, les cris de douleur et de rage, les râles d'agonie, tout semble résonner en elle et fait écho au départ de ces deux hommes qui lui manque déjà, sans pouvoir l'avouer à quiconque, à elle-même...

Puis, tout s'apaise autour de la rousse. Les combats n'ont pas duré et, une fois nouvelle, ils sortent vainqueurs...Un jour, il faudra penser à prendre un soupçon de "genevois" et devenir suffisants et triomphants peut être.
Emi entre dans la pièce du trésor, s'appuie contre un mur, s'y laisse glisser à terre. Elle essuie son visage, le nettoie de la poussière, du sang et des larmes qu'elle n'a pourtant pas senti couler sur ses joues sensuellement décorées de taches de rousseur espiègles.
Elle ne sent pas encore la douleur physique d'une blessure au bras qui laisse échapper un liquide bien plus précieux à sa vie que celui de ses yeux humides....

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Nizam
    [ Nevers - Le soir du dix-huit octobre 1461 ]

    La nuit était noire et froide comme le ventre sale d'une bête qui s'était laissée crever de fatigue, les pattes engluées dans la fange et la glaise, alors ces points brillants mêlés au pelage sombre n'étaient que poussières et gravier.
    Nizam quitta du regard ce crépuscule épais dans lequel se couvrait une Lune discrète. Les lumières faiblardes dans les venelles perçaient et trouaient le manteau d'ombres, maigres haillons qui voilaient chaque cité vide à la nuitée. Les prunelles luisantes du mercenaire s'attardaient sur les silhouettes qui l'entouraient, le silence pesant, oppressant, rendait palpable l'excitation qui tiraillait certainement les tripes de chacun avant d'abattre le premier coup. Si ce goût-là s'était affadit avec les ans dans le gosier sec du Balafré, cela lui avait permis d'être moins affecté par la fébrilité de l'homme qui se prépare minutieusement à satisfaire ses vices. Alors il attendait le signe de la Corleone, le signe pour que la chimère de la Spiritu Sanguis ouvrît sa gueule et mordît brutalement ce qui s'offrait à elle.

    Une main fendit l'air. Sans y réfléchir véritablement, les pognes rejoignirent les cuirs et les fers aiguisées qui ornaient les ceinturons, et le silence, bientôt, se brisera en éclats de voix et de métal rageurs. Le mercenaire serrait contre sa paume rugueuse la fusée du messer, il siffla entre ses dents pour attirer l'attention d'une fillette à la tignasse plus noire encore que l'encre bavant des parchemins humides. Elle devra le suivre cette nuit, non pas pour la préserver, mais précisément afin que le Balafré sache si la Noiraude avait encore la tripaille nouée à l'idée de salir ses menottes.

    Cette nuit, il crut que l'automne se logeait jusqu'au profond de ses os, tant le froid mouillé le faisait souffler une fumée grise. A l'aide d'un foulard rougeaud, il couvrit de moitié sa trogne entaillée, Balafré secoua vivement ses épaules avant de s'élancer avec la troupe, les cliquetis des pièces d'armes que sa carne portait trahissaient chaque foulée sur les pavés de Nevers la Pillée. Le mercenaire choisissait dès qu'il le pouvait l'ardeur et la robustesse du fer au silence insidieux des morts courtes et étourdies. Ainsi fut-il l'un des premiers dans ce déluge d'acier à enfoncer poings et lame dans la chair d'un milicien penaud, et l'un des premiers à en recevoir violemment la réponse. Nizam n'avait pas pour volonté première de gorger d'émail rougi le tranchant de son arme, elle en bavait suffisamment par temps chaud, il guidait la môme à la crinière foncée, et plutôt que de verser le rouge à nouveau, il préféra asséner lourdement son pommeau à la tempe d'un garde encore résolu à accomplir son travail ingrat. Déos seul savait si cet homme se réveillerait.

    Les prunelles cerclées de bleu fouillèrent l'obscurité, nul autre homme se mêla aux combats et il fut temps pour les plus vigoureux du Clan de forcer la porte épaisse de la mairie. Enfin, Corleone et ses affiliés prirent place au milieu du butin, Nizam se laissa choir sur un siège au tissu creux, des gouttes de sueur et de sang, le sien ou celui d'un autre, perlaient de sa tignasse claire. Il compta, vérifia que la chimère n'avait pas perdu une tête dans la prise, qu'elle fut noiraude ou bien rousse. Le fer avait également mordu les siens, mais n'avait point causé autant de tourments que dans les rangs de la milice. Un rictus déforma les lèvres rêches du Balafré, Spiritu Sanguis était repu cette nuit.
Gwilwileth
Elle fait semblant.

Ce n'est plus la fièvre qui se rebelle dans son organisme, un aveu bien plus puissant s'étire sur le bord de la lèvre et refuse d'exploser, la retenue ne fait qu'accentuer la sensation de l'inévitable sur le point d'éclore, pendue du fil le plus fin vers la fin la moins fine, l'abîme s'élargit sous le poids des jours et des silences. Le vide gagne le combat en creusant ses entrailles tandis que la Noix se revêtit d'une coquille solide au sourire goguenard. Au fond, la trouille l'avale et chaque journée de voyage voit ses muscles s'alourdir sous l'emprise de l'invisible. Professionnelle des mensonges, l'enfant fait couler ses heures perdues dans l'incessant questionnement des plans du futur proche, avide de connaître leur prochaine destination, comme si la connaissance pourrait rendre plus légère la boule de néant qui se façonne dans son esprit. La réponse, inchangée, restera à jamais celle de ne pas poser autant de questions, et ses questions restent sans réponses, chaque pas pouvant être le dernier avant le prochain combat.

Elle ne tarde pas à apprendre que l'ignorance peut être plus douce que de savoir et quand enfin elle comprend qu'ils y sont, le poids du monde retombe sur ses vertèbres qui réussissent à peine à garder le corps droit. Assise en tailleur elle aiguise la lame du Balafré, parvenant pendant quelques heures à rapporter son attention sur ses gestes, emprisonnant du mieux qu'elle le peut les pensées qui rôdent dans son crâne.
La nuit n'est pas tombée que déjà elle revit avec l'intensité du condamné la soirée fatidique de Blois. Le corps de l'homme qui chute et sa respiration qui cesse dans un dernier râle. C'est le son de la masse contre terre qui la fait frémir, et pâle, elle prend place entre les rangs de la Bête.

Celle qui voudrait revenir en enfance entend le sifflement et déchire le temps de se révolter contre tous. Elle comprend mal l'attention du Blond, et se convainc du manque de confiance qui lui ai accordée. Épiée dans son intimité, surveillée dans ses actions, elle serre les poings et la mâchoire, prête au combat. Quand la jeune Corleone donne le signal, la réalité explose et paralyse sa décision. Et, pour la première fois, elle n'y arrive pas. Sa main tremble et se souvient du coup qui tua un homme.

Le reste n'est que le songe apeuré d'un écureuil qui cherche la tanière qui empêchera le monde de s'ouvrir à ses pieds. Elle suit Nizam avec la paranoïa du chasseur chassé et l'épée qu'elle tient entre les mains n'arrive qu'à gribouiller des SOS dans l'air. L'instinct de survie seul est fautif de que sa vie soit sauve, la cacophonie du fer et des cris l'écrase dans l'impuissance.

Quand la mairie cède, elle s'enfonce vers l'intérieur, la main lâche l'emprise sur son épée qui tombe avec un fracas qui lui déchire les oreilles. Le Cerbère est victorieux, mais la Noiraude ne s'était jamais sentie vaincue de la sorte. Les poings se serrent, la mâchoire se crispe en mordant la lèvre jusqu'au sang et une cascade de rage et de peur explose dans ses émeraudes.

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Gabriele.
Nevers, le soir du dix-huit octobre.

Douleur, mon amour, où es-tu ? Jamais très loin de moi. Dans ces quelques mots qui me sont parvenus aujourd'hui d'un autre Royaume que celui-ci. D'un Royaume où, peut-être, rien n'a changé. Mais rien n'est plus pareil. Rien ne sera jamais plus pareil. Ce serait mieux ou ne serait pas.
Il est temps de se préparer, le tocsin sonnera bientôt l'heure de la bataille, silencieusement. Corleone ne fait jamais de bruit, sauf lorsqu'il s'agit de célébrer la victoire. Mais l'appel est connu, et tous y répondront, comme à chaque fois.

Rapière, stiletto, cinquedea. Tout est en place. Le dessin reçu dans la journée, je le glisse dans la doublure de mon gilet, avec une lettre destinée à mon épouse si jamais les choses devaient mal se passer. Je n'ai à vrai dire jamais pensé à ça. A l' « après », si jamais il m'arrivait le pire. Avant, mon épouse était auprès de moi pour assurer mes arrières, je savais qu'une personne veillait à ce qu'aucun coup ne vienne dans mon dos. Aujourd'hui, c'était un temps révolu, un temps qui me semble dater d'il y a une éternité au moins...Et c'était peut-être bien le cas.
A moi de faire attention à mes arrières, et à celles de mon Clan. Le signal est donné, je m'élance à grandes enjambées, lame italienne dans la main. Les gardes ne sont pas extrêmement nombreux, le tour est vite fait, chacun fait son travail comme il doit le faire, les miliciens tombent comme des mouches pour le plus grand bonheur des nôtres.

Une impulsion. J'ai l'impression qu'une voix s'immisce en moi, pour m'intimer de me retourner. Maintenant. Demi-tour, le coup part, de taille. De l'épaule à la hanche, l'homme qui me fait face se retrouve balafré, une énorme entaille qui le fait s'effondrer aussitôt, au lieu de frapper dans le dos comme il voulait le faire au départ.
Un regard vers la lune et les étoiles. Tu m'as sauvé la vie, une fois encore, en surveillant mes arrières...A nouveau, je regarde vers la mairie. Elle est à nous. Je monte les marches, pénètre dans l'établissement aux portes dégondées. Tout ça nous appartient à présent, et bien plus encore. La victoire se célèbre à présent, nous allons partager ces richesses qui débordent des coffres.

Et pourtant...il manque quelqu'un à ma vie. Le dessin est effleuré des doigts. Il manque deux personnes.


Le vingt octobre, dans la nuit.

Une fois n'est pas coutume, c'est moi qui serait l'émissaire de notre Clan. Rapidement, les marches sont grimpées deux par deux, et la distance avalée en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Depuis deux jours, Spiritu Sanguis et Trompe la mort ont agis conjointement pour montrer leur domination sur cette ville et sur leur Duché d'incompétents. Ce serait donc en leurs deux noms que la lettre serait placardée.
Corleone, l'air fier propre à son sang et à leurs origines, se dresse de toute sa hauteur et affiche leur revendication, pour que personne n'ignore qui aura mis en déroute les autorités.

Pour les nôtres.


Citation:



Aux Nivernais, peuple indolent et endormi,
A l'ancien maire dont nous n'aurons même pas vu l'ombre du petit doigt,
Au Conseil bourguignon dont l'incompétence n'a d'égale que la fainéantise,

    Au nom des Spiritu Sanguis et Trompe la Mort,

    Dans la nuit du dix-huit octobre, nous nous sommes avancés vers les portes de votre mairie. Sans surprise, et malgré votre ridicule tentative pour nous en empêcher, nous avons vaincu, à nouveau. Nous avons pris possession de votre mairie et de vos biens par la même occasion sans qu'aucune force ne réussisse à nous arrêter. Tel l'ouragan qui frappe sans prévenir sa cible, nous avons fait de vous nos victimes, dans le seul but de nous enrichir tout en pointant du doigt votre incapacité à protéger les vôtres.

    Les maigres forces que vous avez déployées pour vainement nous empêcher d'accéder à vos richesses prouvent le peu d'attachement que vous éprouvez pour elle. Vos gardes ont montré qu'ils étaient meilleurs lorsqu'il s'est agit de fuir, ou de mouiller leurs braies. Du reste, nous n'avons pas trouvé en eux d'adversaires valeureux qui méritent que l'on parle d'eux. Tout comme nous ne retiendrons de vous que votre inaction, et votre incroyable capacité à fermer les yeux devant votre Province qui s'écroule.

    Lorsque vous lirez ces mots, nous serons loin, et vous n'aurez une fois encore pas réussi à nous en empêcher. Nous serons partis, non pas par peur de vous, mais simplement parce que votre misérable ville n'aura plus rien à nous apporter, et parce que vos pathétiques tentatives pour reprendre votre bâtiment vide nous auront lassées. Ne vous méprenez pas, ce n'est pas vous qui nous chassez, mais bien nous qui partons pour mieux revenir, un jour, lorsque vous vous croirez à nouveau à l'abri de tout danger.

    Tremblez, ou vénérez-nous, nous sommes vos maîtres.


Au nom des nôtres, Spiritu Sanguis et Trompe la Mort.


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