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[RP] Une réservation pour deux au nom de Pelamourgue.

Lanceline
- Adalinde. Surveille Gabriel. S'il arrive quoi que ce soit, tu sais quoi faire. Sois certaine qu'il dort, et qu'il ne t'échappe pas.

Lanceline acheva d'attacher ses cheveux avant de verser quelques gouttes de parfum à la violette sur son index avant de le frotter derrière ses oreilles. La touche finale. Son odeur.

Elle posa son manteau sur ses épaules avant de sortir. Levant la tête vers le ciel, elle constata qu'il faisait déjà nuit. Le pli était soigneusement caché dans sa capeline violette. Il lui avait rappelé qu'ils devaient se voir, alors elle avait répondu qu'elle viendrait le soir même. Peut-être était-ce pour cela qu'elle était revenue, finalement. Pour qu'il honore sa promesse.

Elle marcha d'un pas rapide dans les rues de la capitale, toujours un peu perdue dans ces changements cadastraux, avant d'enfin arriver à destination. Levant sa dextre, elle l'abattit doucement sur le panneau de bois qui lui faisait face.


- Messer de Pelamourgue ? Lanceline de Bazaumont. Me voilà comme promis.

Elle avait les joues un peu rosies par le froid ; fut tentée, un instant, de faire demi-tour. Mais maintenant qu'elle était là...
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Basile
Parchemins, sceaux et plumes se mélangeaient dans un amas désordonné sur le bureau. Attrapant une lettre, Basile la parcourut un instant du regard puis gribouilla quelques notes sur un autre parchemin. Toute cette paperasse quotidienne avait son lot d'être très prenante mais également elle se devait d'être intéressante. Ayant achevé la rédaction, il rejeta la plume dans un coin, manquant de peu de faire se renverser un encrier.

Ne restait qu'à sceller, cela se ferait plus tard. Se levant du siège, Basile remis sa cape en ordre avant de sortir du bureau. Résidant dans une maison près de l'hôtel de ville, plusieurs salles et étages laissaient filtrer l'air contre des murs alliant pierre et torchis. L'un de ses domestiques, l'avertit qu'une dame attendait à la porte. Hésitant un moment, il se remémora le diner avec Dona Lanceline. Il renvoya le brave Hubert d'un signe de la main, avant de se présenter à la porte.


- " Bonsoir Lanceline, comment allez vous ? Mais rentrez ne restez point plus longtemps dans pareil froid.", libérant l'entré il l'invita en lui tendant la main pour l'aider à monter la petite marche par marque de courtoisie, "Et comme promis vous aurez un repas de noël, bien qu'avec un retard totalement farfelue, mais qui rend encore plus agréable ce diner en votre compagnie"

Il laissa s'échapper un sourire. Une partie de sa nature, demeurée encore enfantine, se plaisant à l'idée d'un repas de noël en février. Mais il était surtout plus qu'heureux de pouvoir le partager avec Lanceline de Bazaumont. Dame qu'il n'avait encore pu mieux connaître mais avait une personnalité des plus attirantes. Il y avait comme un voile de tristesse qui régnait autour d'elle, quelques songes mélancoliques mais gardant en leurs brouillards fantasmagoriques une femme au caractère et être admirable.

Se tournant vers la grande salle, il s'y glissa. La pièce alliait habillement son ameublement sans trop grande richesse ni trop de dénuement. Les murs étaient couverts tantôt par quelques épées et boucliers, parfois des tentures et tableaux, sinon il laissait place à plusieurs torches et bougies. Le reste, en bon bois taillé, meublait avec douceur la salle tandis qu'un âtre dévorait avidement plusieurs bûches.

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Lanceline
... Elle y resterait.

Enfin la porte s'ouvrit, elle eut un sourire.


- Je vais bien, mercé. Et vos ? répondit-elle avant d'entrer.

La Balafrée observa autour d'elle, le sourire toujours sur ses lèvres. Elle prit le temps d'ôter son manteau et de s'imprégner de l'atmosphère de la pièce


- L'idée me plaît. J'ai l'habitude des retards. Alors, si cela me permet d'avoir un repas en bonne compagnie... J'accepte encore plus.

Ses lèvres s'étirèrent plus encore. La fillette au fond d'elle tapait dans ses mains, heureuse. Un cadeau de Noël, même en retard, restait un cadeau de Noël.
En connaisseuse, elle s'approcha des tableaux, les détaillant, avant de regarder Basile, ravie. L'endroit manquait d'une présence féminine, certes, mais n'était guère dénué de meubles. La Valdesti finit par s'approcher du feu afin de se réchauffer.


- Alors, dites-moi. Qu'avez-vous prévu ? demanda-t-elle en s'approchant un peu de lui.
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Basile
Basile en s'écartant pour laisser passer Lanceline, se laissa submerger par son odeur. S'il ne parvenait à l'identifier, il restait le plaisir de l'humer encore et encore, jusqu'à ce qu'elle finisse par s'effacer, délicatement. Rien de mieux pour marquer un moment que l'odorat, capable de faire surgir en un instant une myriade de sensation, de souvenirs et de plaisir.

- " Comme d'habitude, et encore plus maintenant que je peux vous savoir présente, je me porte à merveille ", lui répondit-il accompagnant ces quelques mot d'un sourire.

Il se glissa près de l'âtre qui ronronnait de crépitement, laissant d'avides langues de feu danser sur le bois. Le bordelais laissa un moment son invitée regarder les tableaux ; quelques toiles que son frère lui avait offert à son retour d'Italie ; avant de se prendre lui-même à la contempler elle plus que les peintures.

Le brave Hubert, s'en revenait, chargés de bouteilles, cruches et verres, sortant de sa contemplation Basile en déposant le tout sur une petite table près de l'âtre. L'hôte le renvoya en le remerciant d'un signe de tête.

- " Dites moi, auriez vous quelques pêchés mignons en boisson ? Du vin bordelais ? Italiens ? Ou quelques eaux de vie ? "

Sans attendre sa réponse, il cherchait à répondre à la sienne. Il n'était guère du genre d'homme à prévoir ce qui devrait arriver, il préférait vivre ce qui se présentait, aussi non qu'ils n'avaient quelques préparations, l'idée de les révéler, jamais ! La surprise serait fanée.

- " Ce que j'ai prévu ? Continuer à vous contempler encore et encore jusqu'à perdre toute raison à cela.", répondit-il un sourire se dessinant sur ces lèvres. " Après quoi je pourrais mourir heureux." finit-il par conclure avec un léger rire.
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Lanceline
- " Dites moi, auriez vous quelques pêchés mignons en boisson ? Du vin bordelais ? Italiens ? Ou quelques eaux de vie ? "

Du vin bordelais ! Ç'avait failli être son cri du coeur. Mais ses lèvres étaient demeurées closes, ses noisettes survolant les bouteilles diverses présentes. Du vin. Mais, non. Pas aujourd'hui. Sa raison venait de museler un instant son coeur, l'enchaînant au plus profond d'elle-même.

- De la tisane.

Elle se reprocha d'être décidément trop à cheval sur les convenances. Un peu de vin, juste un peu... Elle n'en buvait pour ainsi dire jamais -pourtant sa cave était bien fournie, grâce à Arnaut principalement- mais elle savait pourquoi. Pourtant, boire un peu, de temps en temps, cela ne lui aurait pas fait de mal... Mais justement, si. Elle ne pouvait pas se permettre...

- ... Se vos plai.

Combien de fois le dirait-elle ce soir ?

- " Ce que j'ai prévu ? Continuer à vous contempler encore et encore jusqu'à perdre toute raison à cela. Après quoi je pourrais mourir heureux."

... Heureusement qu'elle n'avait pas demandé ce qu'il avait prévu de manger. Avec son cynisme qu'elle avait appris à travailler avec les années, elle lâcha :

- En me côtoyant, vous pourriez y arriver plus vite que vous ne le pensez, croyez-moi...

Madame la poisse, le retour. Il ne lui répondait pas ? Elle non plus. Elle savait esquiver, grâce à Arnaut et à son jeu du « je ne dis pas ce que je fais, je ne réponds pas c'est une surpriiiiise ». Mais elle eut néanmoins un sourire, un mélange d'excuses, de gêne, et un doux sourire, tout simplement. Finalement, peut-être qu'elle aurait dû choisir le vin. Il n'était pas encore trop tard.
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Basile
- " De la tis..."

Le mot resta un moment en suspend. Voilà un bien drôle péché de boisson. Il se tourna vers Hubert pour l'en faire préparer mais ce dernier était déjà repartis. De la tisane.. il fallait dire que pour Basile, né et grandit à Bordeaux au milieu des vignes et du vin, c'était là une toute autre forme de péché que de boire de la tisane.

- " Je crains de n'en avoir mais si cela est votre désir, je me ferais force d'en trouver.Sinon je ne peux que vous conseiller le vin, il est de fort bon cépage. "

Oh, il devrait bien avoir quelques plantes, et l'eau chaude ne manquerait pas, mais cela restait encore une étrangeté difficilement acceptable. Que dirait on de lui, s'il servait de la tisane à ses invités ?

Les derniers mots agrandir le sourire de Basile. Il y avait bien des manières de réagir aux compliments, allant de la gêne et embarras à l'indifférence. Le cynisme avait pour lui d'être l'apanage des gens de caractère et personnalité forgé par le temps et l'expérience.


- " Serais-ce un défi ? Oserais-je risquer ma vie à vous fréquenter ? Je crois que sans rodomontade aucune, je relève ce défi pleinement ! Dois-je en affronter mort et trépas. "

Souriant a ces dernières paroles, il prit place sur la banquette faisant face à la cheminée. La rigidité du bois s'oubliait pour la douceur d'étoffes pourpre et or. Entouré de quelques faudesteuils, Basile invita Lanceline à l'y rejoindre.
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Lanceline
Il insistait pour le vin. La dernière fois qu'elle en avait bu... La dernière fois... Ici, elle connaissait l'homme. Et son nom. Et certainement pas qu'il... Elle eut un sourire, encore. À croire qu'elle ne savait faire que cela. Elle vint donc s'asseoir non loin de lui, avant de poursuivre :

- ... Ne poussez pas la mort à relever ce défi, vous le regretteriez. Moi aussi, d'ailleurs. La Faucheuse a un sens de l'humour macabre, c'est peu dire. Alors de grâce... Ne faites pas cela.

Et elle n'avait rien bu. Rien d'alcoolisé. Pas encore. Elle posa ses noisettes sur le feu, avant de les tourner vers l'homme.

- Du vin. Se vos plai.

Et de deux.

Elle venait de demander du vin. De l'alcool. Convaincue ? Non. Plutôt une envie de boire. En bonne compagnie. Arnaut n'avait plus son mot à dire. Ernst, jamais. D'ailleurs, où était-il en ce moment, celui-là ? Pau, certes. Mais très certainement entre les cuisses d'une catin. Voire une donzelle. Peut-être même une femme mariée. Et il n'en rougissait pas. Alors qu'elle se sentait déjà trop coupable, pointée du doigt parce qu'adultérine alors que rien ne s'était passé. Alors quoi, une vengeance ? Non. Elle eut, l'espace d'un instant, la réponse à la question qui tournait dans sa tête depuis son départ de Béarn. Une fuite, certes. Mais surtout une envie de découvrir. De faire connaissance. De respecter sa promesse. Et elle se sentait à sa place, aujourd'hui. Le cœur venait de se libérer, ayant un raté, rappelant à son bon souvenir Arnaut. Le poids des morts. Un fantôme. Aucune promesse faite sinon celles déjà honorées. Mais Arnaut ne lui avait-il pas reproché de ne vivre que dans le passé, avec les morts plutôt que les vivants ?
Elle ne l'oubliait pas. Elle ne l'oublierait jamais. Il resterait présent, toujours. Mais les fantômes devaient pouvoir reposer en paix.

Elle regarda Basile à la dérobée, se mordillant la lèvre. Timide ? Non. Hésitante, cela oui, plus certainement. Ce qu'Ernst ignorait ne pouvait lui faire de mal. La réciproque était vraie, du moins en partie. Se faisait-elle plus hypocrite avec l'âge ? Plus manipulatrice ? La Blonde s'en inquiéta. Avant de se rappeler qu'elle était, de toutes manières, déjà condamnée.

Elle tendit ses doigts blancs et fins pour saisir le verre que lui tendait à présent Basile.


- Mercé, et santat.

Aucune éthique. Peut-être qu'elle s'en fichait, désormais. Arnaut était mort, Gabriel dormait sous l'étroite surveillance d'Adalinde. Ernst ? Elle s'en tamponnait l'oreille de sa chausse. Il avait bien peu d'égards pour elle ; elle était femme, elle serait sienne, mais se contenterait d'accomplir son devoir conjugal une fois par semaine. Qu'il la laisse tranquille et qu'elle fasse de même, et les moutons seraient bien gardés.

Ne manquait plus que le loup pour venir mettre le foutoir dans tout cela.

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Basile
- " Il est vrai que je ne saurais braver la mort et il me serait douloureux d'avoir à quitter ce monde si tôt après vous avoir retrouvé. Je me garderais donc de la provoquer mais oh non jamais si le prix est de vous fuir, je préférais mourir qu'avoir à faire cela !"

Songeant à la mort, il frissonna un instant, il se devait de l'avouer qu'il craignait en effet de mourir. Non pas l'acte en lui même, mais il avait peur de s'éteindre sans n'avoir rien accomplis de glorieux. Chassant ces pensées noires, il attrapa une bouteille de vin qu'il déboucha délicatement. Il versa le breuvage dans deux verres, prenant soin de n'en mettre trop ni pas assez. L'odeur du vin fruité se faisait sentir, embaumant le lieu.

Tendant le verre à Lanceline, il laissa son regard la parcourir. De sa chevelure d'or, à chacun de ses traits. Il émergeait de ce tout une harmonie et une grâce presque angélique aux yeux de Basile. Même la fine cicatrice venait ajouter au charme sans enlaidir de quelques manières. Il sourit un instant en la regardant, perdu dans ses songes et ses désirs. S'il avait pu, il aurait fait arrêter le soleil dans sa course sempiternelle pour que jamais cette nuit ne s'achève.


- " A vous et votre bonheur, puisse t-il à jamais durer ", glissa Basile en levant son verre avant d'en boire une gorgée.

La phrase était naïve, mais d'une honnêteté qui n'aurait su être prononcé d'une autre manière. Machinalement il reporta son verre à sa bouche, et en but quelques gorgées de plus. De quoi se donner du courage ? Sûrement, mais il fallait admettre qu'il était rudement bon ce petit vin. Ente temps, Hubert était revenu, apportant avec lui plusieurs plats de différents aliments. Du foie gras notamment !


- " Voulez vous manger maintenant ? Sinon, j'aurais une surprise à vous faire découvrir. A votre patience d'en décider ", dit Basile, en souriant sur les derniers mots.
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Lanceline
Elle se crut un instant dans ces romans de chevalerie que lui racontait sa mère quand elle était petite. La fillette fut ravie. Elle avait la possibilité d'enfin se comporter comme ces grandes dames qu'elle admirait jadis, élégantes, un peu lointaines, douces, gentilles, peut-être un peu hautaines. Mais cette petite Lanceline était bien loin de ce qu'était la femme de maintenant. Elle avait vu nombre de ses rêves se briser avant même d'avoir pu s'élever haut. Le monde n'était pas fait de rêves, mais de bassesses, de méchancetés, de vulgarités. Elle ne serait pas comme ces dames, jamais, parce qu'elles n'étaient pas réelles. Dans la vraie vie, les hommes prenaient ce qu'ils estimaient comme leur dû, n'attendant guère le consentement des autres. Ils disposaient, réclamaient comme leurs avant de jeter loin d'eux.

Elle porta le verre à ses lèvres, d'un geste calculé, l'observant par-dessus. Savait-il qu'il venait de s'inclure dans ce bonheur ? Sûrement pas. Elle ne lui dirait pas. Pas encore. Elle admira l'honnêteté de l'homme. Peut-être, après tout, que lui était différent.

Il y avait deux manières de faire céder Lanceline. Son ventre, et sa curiosité. Manifestement, le consòl avait décidé qu'elle serait à lui. Eh bien. Elle dirait oui. Oui à tout. Elle offrait son corps aux enfers pour un peu de paradis sur terre.

Il était différent.


- La surprise se mange-t-elle ? Dans le cas contraire, je préférerai passer au repas. Je crois que j'ai faim.

Elle eut un sourire gêné, mais cette fois ce fut volontaire. Au diable Ernst et ses putains. Qu'il aille donc jeter sa semence entre les cuisses d'autres. Elle voulait cet homme-ci, et elle l'aurait.
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Basile
Souriant a ces derniers mots, il se tourna vers Hubert, resté dans l'embrasure d'une fenêtre. Ce dernier, toujours à son habitude de bon service et qui n'avait guère besoin qu'on lui dise ce qu'on attendait, disparu dans le couloir. Oh il y aurait bien la grande salle pour diner, une grande table, des tentures et d'autres fioritures. Basile préférait le confort du salon, plus intime, moins protocolaire et pompeux.

- " Dans ce cas, je ne vous ferais pas attendre davantage ! ", répondit-il avec un sourire amusé.

Hubert, ne tarda pas à revenir, jetant un regard à son maître, ce dernier lui fit signe de monter table ici, dans le petit salon. Ce n'était pas sans bougonner en lui même, qu'il s'exécuta, grommelant souvent lorsqu'il n'y avait d'invité, * A quoi bon avoir une grande salle pour dîner, si on ne s'en sert pas ! *. Chose faites, il repartit, traînant des pieds, ce qui fit sourire Basile.


- " Afin de ne pas attiser votre faim davantage, nous nous servirons nous même. Vous trouverez divers mets, certains dont je ne saurais d'ailleurs dire ce qu'ils sont," il laissa son rire sortir à ces derniers mots.

Il était vrai qu'il avait à son service un maître queux latin, qui savait faire des merveilles exotiques mais dont l'origine ou la préparation restait un secret bien gardé. Après tout Basile désirait seulement déguster non en savoir la préparation. Pour sa part, il se contenta de découper une fine tranche de pâté, avec ce qui semblait être une tranche de viande fumée, et quelques légumes. A vrai dire, il attendait surtout qu'on serve la viande !


- " Si cela ne vous dérange pas, pourriez vous me conter votre vie ? Je ne sais que bien peu de chose sur qui vous fut avant que nous nous rencontrons ", questionna Basile avec un sourire.
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Lanceline
Ses yeux s'illuminèrent quand il accepta de passer à table. Oui, elle avait faim. Elle observa, amusée, le serviteur repartir, sans pourtant comprendre ce qu'il disait.

Elle prit un morceau de pain et des légumes. Commencer doucement, ne pas se remplir le ventre trop vite, sinon elle aurait vite cette sensation de n'avoir rien mangé tout en ayant l'estomac plein. Mais il ne fallait pas qu'elle traîne trop. Trouver le juste milieu. Et cela était, en commençant par allécher son ventre avec quelques menues choses à se mettre sous la dent. Un avant-goût de ce qui suivrait.

Elle pencha la tête, prenant le temps d'avaler sa bouchée.


- Ma vie n'est guère palpitante, vous savez. Bouchée de pain. J'ai grandi en Gasconha, j'ai émigré vers Leitora, en Armanhac. J'y ai passé des années paisibles. Puis je suis montée sur Limoges, vivre quelques temps avec ma marraine qui est l'une de mes plus proches amies. Enfin, je suis revenue en Armanhac, sur ordre de Riwenn pour lui apporter l'assistance que je lui avais promise. Là, j'ai rencontré Arnaut. Et je suis venue vivre avec lui iceluec. Après le mariage, je suis tombée enceinte, et lui, malade. Il est mort et je suis restée, avec Gabriel. Et puis Ernst est arrivé. Je l'ai suivi, avant de revenir sur Bordeaux... Pour vous.

Entracte. Elle but une gorgée de vin pour s'hydrater le gosier à nouveau. Puis releva les yeux vers lui, le regardant avec douceur avant de demander.

- D'autres questions ?
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Basile
Basile l'écouta en la regardant manger.Iil y avait une chose somptueux et agréable à regarder une femme manger. Surtout quand celle ci était de surcroît de grande beauté. Souriant à demi, il essaya de situer chacun des lieux qu'elle évoquait. La Gascogne, il n'y connaissait que bien peu de chose, si ce n'était quette province était habité par de nombreuse Laure, dont une était d'ailleurs la sœur de Lanceline. L'armagnac en revanche il y connaissait peu de chose.

Le reste le rendu plus songeur. Le malheur et le destin n'avait guère était des plus tendre avec elle. Cela lui fit un pincement au cœur, ce n'était point de la pitié, il n'y avait là rien de pitoyable, mais de la compassion et du respect pour une femme ayant su franchir ces épreuves. Les derniers mots en revanche le marquèrent plus. Le passé était fait, et aussi dur qu'il semblait avoir été, on ne pouvait l'effacer. Le présent et l'avenir en revanche se dressaient face à eux, ne demandant qu'à être écrit.

Il jeta son regard dans le sien, sentant diverses émotions le saisir. Non point des besoins de corps, dont s'il en était friand, savait les modérer et mesurer, mais celui de glisser ses mains sur sa nuque et la prendre dans ses bras, partager un lien physique et émotionnel. Une étreinte, un sursaut de tendresse. Reprenant ses esprits, et sa raison muselant sa passion, il se contenta de glisser sa main sur son verre pour en boire une gorgée.


- " Je n'ai pas d'autres questions", répondit-il en souriant, "J'admire avec quel bravoure vous avez su traverser les épreuves pour devenir la femme forte et admirable que je peux contempler aujourd'hui"
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Lanceline
Elle le regarda. Admirez, admirez. Un sourire passa sur ses lèvres.

- ...

Elle referma ses lèvres aussitôt. Elle n'avait pas encore assez bu, alors elle prit une nouvelle gorgée. Non pour se donner du courage, mais pour gagner de l'indécence. Elle regarda le feu lécher les bûches, demeurant pensive.

- Forte... Je ne sais. Quoi qu'avec la mort d'Arnaut, elle était devenue une autre. La douleur l'avait transformée. Quant à être admirable... Allons. Je suis certaine que nombre de gens le sont plus que moi.

Fausse modestie, qu'il y a quelques mois pourtant n'aurait été que trop vraie.
La Balafrée se tourna à nouveau vers lui, s'humectant les lèvres de sa langue. Elle tergiversa, quelques secondes, avant de lever sa dextre vers la joue du brun. Elle l'y posa, avant de frotter de son pouce près de la bouche du consòl, avant d'ôter ses doigts pour les reposer près d'elle.


- Vous... aviez un peu de nourriture.

Elle sourit à nouveau, plongeant ses yeux dans les siens.

- Et vous, votre passé ?

Prends ma main, viens, avançons.
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Basile
Basile frissonna en sentant la main de Lanceline passer sur sa joue. Il se contenta de la regarder, un sourire sur les lèvres. Sa raison venait se heurter à sa passion à nouveau. Si fort soit son code moral, il finit par se dire qu'il n'y avait nul mal présentement, avant de rejeter toutes ses pensées pour se contenter d'un " Dieu me jugera ".

- " J'ai grandit à Bordeaux, ou mon père m'enseigna le maniement des armes et les choses de l'esprit. Lorsque le roy Levan chassa les angloys hors d'Aquitaine, nous primes les armes. Mon père tomba à Castillon, après quoi je revint à Bordeaux. Ma vie fut dès lors une succession de tout et rien, et puis je vous ai rencontré..."

Accompagnant ces mots, il glissa sa main sur la joue de Lanceline, oh non point pour en retirer quelque trace de vin ou nourriture, mais pour passer ses doigts sur sa fine peau délicatement. L'audace prenant le pas, il s'avança glissant son autre main sur sa taille pour déposer ses lèvres sur les siennes. Non avec la fougue et l'empressement de la jeunesse, mais la délicatesse d'un passionné où toute raison était absente.
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Lanceline
Un passé fait de tout et de rien. Un peu comme chacun, en somme. Il avait peu d'importance, au fond. Le but n'était que de montrer son intérêt pour lui, de se laisser bercer de cette voix mélodieuse, comme... Elle ne pouvait pas se laisser envahir des fantômes du passé. Quelle compétition pouvait-il y avoir entre les vivants et les morts ? Aucune. De surcroît, ces derniers étaient idéalisés, comme effaçant leurs défauts pour leur éviter l'astre froid.

Il la toucha. Sa peau à son contact sembla s'embraser, mais elle ne bougea pas, pourtant surprise de la brûlure. La Balafrée eut un léger sourire.
Et avant qu'elle n'eusse pu dire quoi que ce soit, il... l'embrassa ? Elle ne rêvait pas. Il l'embrassait, avec douceur, délicatesse, comme une question plutôt qu'une affirmation. L'aimait-il vraiment, ou n'était-elle qu'une femme de passage ?
Si la comparaison entre morts et vivants ne pouvait être soutenue, celle entre deux vivants le pouvait. Et, sans pourtant vouloir être méchante avec Ernst -bien qu'il l'eût mérité-, cet homme-ci avait le mérite de la faire sentir vivante. Et seulement avec un baiser !

Alors elle choisit de répondre à cette question muette. Parfois, les gestes se passaient de mots, d'explications. Elle répondit donc, penchée vers lui, pestant intérieurement contre l'accoudoir lui transperçant le corps, mais peu importait. Elle répondit, avec joie, avec plaisir, peut-être un peu d'amertume tout de même, mais trop peu. Elle l'embrassa donc, fermant les yeux ; il lui sembla que le temps se dilatait, que chaque instant était analysé par son cerveau, chaque bruit extérieur lui parvenait multiplié par cent. Un instant, alors qu'il lui semblait que ce fût impossible depuis la mort d'Arnaut, elle crut toucher le bonheur. Le monde lui appartenait, et pourtant elle n'était rien.

Était-ce possible de ressentir cela, rien qu'au premier baiser ? L'avait-elle trop idéalisé ? Il lui apparaissait que non.
Mais comme il faut bien que le tout se sépare, elle se sépara de lui, le regardant, les joues rosies à nouveau par l'audace, souriant à demi. Elle sut alors qu'elle reviendrait sur Bordeaux, pour lui, prête à faire le voyage autant de fois qu'il le faudrait.

Lanceline regarda alors autour d'elle, un peu étourdie, remarquant les assiettes, les plats qui n'avaient pas bougé. Mais elle n'avait plus faim. Plus faim de cette nourriture-là, du moins.
Elle eut un vertige, réalisant ce qu'elle faisait, mais cela lui parut bien, libérateur, aussi eut-elle un léger rire, ravie de sa bêtise, ravie de se sentir si jeune tout à coup, de n'avoir à se soucier de rien. Elle eut envie tout à coup de danser, de laisser éclater sa joie comme une bulle de savon. Ce n'était pas la première fois qu'elle transgressait les règles que la société et elle-même s'imposaient, mais pour une fois, elle n'avait pas ce poids sur la conscience. Peu importait, après tout !

Elle eut envie de l'embrasser, encore et encore, mais se retint en mordillant sa lèvre inférieur. Elle posa ses noisettes sur le feu tandis que sa main venait rejoindre celle de Basile ; puis son visage se tourna à nouveau vers lui.


- Voulez-vous encore manger ou est-ce le temps de la surprise ?

Elle n'oubliait rien.
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