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[RP] Ex tenebris lux - Des ténèbres viendra la lumière...

Simeon_patern.got
Voilà des mois que les moines de tastevin se préparaient à ça, faire surgir la lumière en Artois qui n'était que désert au niveau clérical, pas un curé digne de ce nom à se mettre sous la dent et les moines de tastevin qui ne demandaient qu'à apporter leur pierre à l'édifice quitte à diriger une paroisse afin que les artésiens puissent aller prier au moins deux fois par semaine...

Pour rappel, les tastévinégasques revendiquent répondre à la règle d'un ordre monastique, pour eux, deux modes de fonctionnement s'opposent face au monde, l'église régulière dont il font partie et l'église séculière gérée par les empourprés de Rome. Du coup, ces derniers ont décidé de frapper les moines d'anathème sous un prétexte fallacieux et depuis les moines de Tastevin sont considérés comme des hérétiques.

A défaut de pouvoir être en charge d'une paroisse, les moines de Tastevin avaient tout de même la possibilité de faire partager leur philosophie théologique avec les artésiens en prêchant la bonne parole aristotélicienne.

Or, il était un principe fondamental chez le padré Poussix, c'était de croire aux seules idées d'Aristote et ainsi écarter l'autre prophète en la personne de Christos et pour ça, il fallait consulter de nombreux ouvrages dans plusieurs universités des Royaumes de France et de Navarre.

Et c'est ce que firent les quatre larrons susceptibles de pouvoir mettre à profit leur formation théologique, voilà des mois qu'ils voyageaient pour d'abord semer le doute dans leur propre esprit et ensuite adhérer aux seuls préceptes d'Aristote le bien nommé.

Il en allait de certaines tendances pour ne pas dire transcendances, du genre que la métaphysique est la science de ce qui est, en tant qu'il est : de l'étant en tant qu'étant ou que l'essence des choses est dans les choses-mêmes, et leur donne forme ou encore que l'homme sage doit participer à la vie de la cité, ainsi que la beauté résulte de certaines proportions et de certaines mesures et rythmes harmonieux.

Depuis qu'ils étaient revenus de leur dernier voyage académique emplis des idées de leur vénéré prophète, les 4 fantastiques élaboraient leur stratégie de prêcher simultanément, c'est à dire, dans quatre bourgs d'Artois et ce durant les fêtes de fin d'année.

Ils avaient décidé de se répartir la tâche pour toucher le maximum d'artésiens qui, s'ils écoutaient leurs prêches, comprendraient plus aisément le sens de leur démarche et surtout y trouveraient une logique à laquelle ils n'avaient sans doute jamais pensé.
Pour ce faire, plusieurs jours durant, les moines avaient rédigé des prêches avant leur invasion spirituelle.

Tous leurs prêches étaient issus des écrits d'Aristote qui avait la faculté d'expliquer bien des choses et notamment sur des actes que tous les humains exécutaient au quotidien sans même y prendre attention. Effectivement, les artésiens s'étaient tous laissé envahir par un abrutissement progressif, un machinal comportement qui générait une espèce de prostration, une aubaine pour l'archevêque de Cambrai qui n'avait qu'à cueillir les fruits mûrs à souhait, les artésiens étaient devenus les marionnettes du perfide Adso et par son intermédiaire celles des empourprés romains.

Et voilà qu'en ce 23 décembre 1462, les moines de Tastevin étaient tous prêts à rameuter les artésiens dés le lendemain à Arras, Cambrai, Péronne et Bertincourt.

Les artésiens se rendraient-ils compte qu'il est important pour leur foi d'être guidés et que s'il n'y pas de structure cléricale sérieuse, il en va de leur moral?

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Irella


Bertincourt, vingt-deuxième jour de décembre de l'an de grâce 1462.




Là, sur la droite, c'est moi. Irella. A gauche, Martin. Il n'a pas neigé derechef. Il ne reste de neige que quelques mous amas dans les fossés. Journée ensoleillée.

Voilà une semaine que nous avons ouvert la tonnellerie avec Martin. Elle est à une lieue à peine de Bertincourt, sur la route de la paroisse d'Ossimont. Martin, c'est mon Compagnon tonnelier. Formé à Reims, vanté par ses pairs, il m'accompagne depuis des lustres. Il a profité que Gabriel, « Monptitange* », me rejoignait à Bertincourt pour les fêtes de la Noël pour venir d'Avranches avec lui.

Ça m'avait rassurée que Marie-Sainte Thérèse et Martin accompagnent Gaby**. Quand il avait su que son « frère-Marmit'de la choupe à la grimache***» ne serait pas des nôtres ce Noël, il avait été déçu.

Par contre, je ne suis pas sûre que la venue de Marie-Sainte Thérèse fasse tant plaisir que ça au frère Marmiton. Quand je l'ai averti de sa venue, il a fait semblant de ne pas entendre et a sauté du coq à l'âne comme il sait si bien le faire. Ils s'entendaient si bien par le passé. Son faible pour le frère Marmiton était né dans la cathédrale du Mans quand il avait affronté une bande de ferlampiers qui retenaient en otages ceux qui assistaient à l'office dominical. Il était devenu une sorte de héros. C'était au printemps... La grand messe du renouveau, je crois... hm... peut être pas. C'est si loin. Je ne me souviens plus bien...


En dehors du brassage, saine activité de l'abbaye, ma spécialité, les tonneaux. Bien sûr, je sais faire barques, bibliothèques, parquets flottants, échelles en bois de cœur et sculptures en bois flotté, à l'occasion, comme tout bon charpentier. Mais tout de même, mon savoir-faire le plus abouti réside dans le tonneau, de la fabrication jusqu'à l'arrimage tant sur la Rousse Tempérance que sur la charrette.

Jamais, au grand jamais, je n'en ai laissé choir !

Pour ces fêtes de la Saint Noël, je laissai seul Martin se débrouiller avec les tonneaux. La taille des mérains puis le façonnage des douelles ne nécessitaient pas ma présence. En tout cas, nous l'avions envisagé ainsi. J'avais tout le loisir alors de prêcher ce pour quoi nous nous étions préparés, les moines et moi.

Tout de suite, Bertincourt m'avait plu. Etait-ce le port, les tavernes agréables, l'accueil des bertincourtois, les voyageurs artésiens ou de contrées plus lointaines, un peu de vie après ces longues journées de lectures ? Ce devait y être pour beaucoup en plus de l'excitation que cette aventure me procurait. Cette excitation s'accroissait un peu plus chaque jour.

Demain serait le premier jour des prêches, je savais d'avance que je ne dormirais que très peu. Mes pensées allaient déjà aux autres frères qui comme moi, s'apprêtaient à prêcher aux quatre coins de l'Artois.


* Ne lui dites pas que parfois, je l'appelle encore comme ça. Je ne le fais jamais devant lui. Il n'aime pas ça. Il aimait... quand il était petit mais il a passé « l'âge de ces enfantillages », dit-il.
** Gaby. C'est comme ça que l'appelle le frère Marmiton. Une complicité toute particulière les unis. Ils s'adorent.
*** ... pas dire non plus au frère Marmiton que Gabriel et moi l'appelons comme ça quand nous sommes tous les deux.

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Simeon_patern.got


Arras, vingt-troisième jour de décembre de l'an de grâce 1462


Ils avaient quitté l'abbaye le 21 décembre pour parcourir les lieues qui les séparaient d'arras depuis Tastevin. Le frère Toque était accompagné de la marmocchia, du padré, du frère Bibine et du frère Grain. Il avait été convenu que le frère Bibine resterait pour prêcher à Péronne, tandis que le padré continuerait vers Cambrai, chef-lieu de la province ecclésiastique du même nom!

Pendant que les trois derniers compères poursuivaient leur chemin jusqu'à la capitale artésienne, le moine juché sur sa vieille mule Honorine, qui tirait la carriole remplie de stères et de fûts de bière, ne pipait mot, trop perdu dans ses pensées qu'il était à se répéter quelques passages des prêches à venir.

Ce n'était pas la première fois qu'il s'adonnait à cet exercice mais le chantier qui les attendait serait bien plus dogmatique qu'il ne l'avait jamais été en Artois et même ailleurs, il était question de prêcher à quatre mains déployées dans quatre bourgs d'Artois sur six durant les festivités du solstice d'hiver.

A peine eurent-ils passés les portes des murailles en construction de la capitale artésienne, que le moine laissa son frère grain rejoindre ses pénates pendant que lui se dirigerait vers sa boulangerie. Le patern qu'il était devenu aurait dû instantanément se rendre compte que son oiselle avait disparu mais depuis des mois qu'il avait dû se faire à l'idée que colombe était atteinte d'un mal inexplicable engendrant des périodes d'isolation du monde qui l'entourait, il lui arrivait d'oublier jusqu'à son existence.

or, le moine n'était pas insensible mais il en allait de sa survie, l'homme qu'il était devenu n'avait eu de cesse de combattre un malaise persistant depuis sa plus tendre enfance et s'il était une chose qu'il détestait par-dessus tout c'était d'être confronté à des problèmes et plus encore à ceux qu'il n'avait pas cherchés hein?

L'oiselle était tombée d'on ne sait quel nid, il l'avait adoptée sans se poser de questions ou presque, il avait tenté de se comporter en bon père de famille pour la forme, mais si sa marmocchia n'arrivait pas à entrer dans le costume d'une fillette ordinaire, il n'allait certainement pas la contraindre, d'autant que le comportement impertinent de Colombe apportait cette touche de fantaisie dont le moine manquait cruellement et ça valait de l'or!

Maleureusement, la conscience du patern qu'il était ne put se résoudre à faire fi de l'oiselle, il aurait mieux valu qu'elle ne se rappelle pas à sa mémoire, parce que là le moine grognassait et cyrellix de se faire tout petit en entendant son moine de maître grommeler:


Cré nom d'une dinde, mais elle va m'faire attraper des ch'veux gris cette merlette, c'est ti pas possible d'disparaître sans crier gare hein? Si vous ne l'aviez pas encore remarqué, il faut que vous sachiez que le moine à une fâcheuse tendance à imaginer le scénario catastrophe et ça n'échappe pas à son statut de père: oups mais si c'était un enlèvement, si on m' l'avait ravie pour d'mander une rançon? Ben pas possible, j'ai pas les moyens moi...Hum... Peut-être aurait-il pu surveiller sa fille adoptive durant le trajet? Mais bon, il n'est qu'un humain, ce qui signifie qu'il n'est pas parfait...Il faut aussi reconnaître que l'oiselle n'est pas des plus faciles à gérer et pour cause, c'est une enfant d'à peine dix ans et sauvageonne de surcroît...

Bref, le moine ne pouvait pas se permettre de partir à sa recherche, l'oiselle s'était bien débrouillée jusqu'au jour où elle avait débarqué à l'abbaye du tastevin, le moine se rassura donc en imaginant qu'elle serait en mesure de survivre...Oui parce que le moine est aussi totalement capable de trouver tous les arguments nécessaires à minimiser ce qui peut paraître gravissime...Faut pas pousser le frère Toque dans les orties non plus hein?

Et puis entre ses fournées et la vie publique qu'il comptait bien étoffer en manifestant son intérêt aux activités qui se déroulaient en Artois durant les fêtes de la Saint-Noël, il n'avait absolument pas le temps de jouer au sauveur Giodarno du nom de cet italien qui s'était mis au service des plus démunis, il était le dernier recours pour les sauver...Quoi que en prêchant, c'était aussi se mettre au service des plus démunis, théologiquement parlant, et ça valait bien les tribulations dudit Giordano, ah que oui! Ce n'était pas une mince affaire que cette perspective de prêcher la bonne parole mise en oeuvre par ses soeur, frères et lui.. hein?

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Irella


Bertincourt, à mâtine, le vingt-troisième jour de décembre de l'an de grâce 1462.


Comme je m'en doutais, la nuit fut courte. Je suis femme à gamberger. Et pour qui gamberge la nuit sait que ces longues heures à tourner et virer sur sa paillasse n'est pas propice au passage du marchand de sable. Aussi, je finis par me lever. Grommelant tout ce que je savais sur la fatigue qui allait me gagner au petit matin quand il serait temps de s’emmitoufler et sortir dans le froid de camard. J'allumai une chandelle, il n'y avait plus de feu dans l'âtre, je haussai les épaules et serrai le châle contre moi en m'asseyant à mon écritoire. Je déroulai un parchemin sur lequel étaient notés les premiers mots d'un prêche et plissant les yeux, j'essayai de saisir les arabesques floues qui couraient dans la lumière vacillante. J'eus beau récidiver après avoir allumé une seconde chandelle, rien n'y fit. Je n'y lisais plus rien dans la pénombre. J'enrageai. Moi! Irella, vrai rat de bibliothèque! J'avais passé tant de portes de bibliothèques que j'aurais été incapable de dire combien !

Je n'y voyais plus pour lire et écrire.

J'étais certaine que les bésicles d'Honoré étaient quelque part dans la malle qui regroupaient ses quelques affaires et qui étaient je ne sais où. Le frère Toque/Marmiton avait dit que nous allions chercher, mais le temps nous a tant pressé depuis notre retour d'Auvergne. C'est là bas que je me suis rendu compte de l'ampleur des dégâts. Plus de trois semaines à lire du matin à l'aube au soir les ouvrages d'Aristote auront eu tôt fait de moi une moinette à vue basse.
Je rangeai mon nécessaire pour écrire. Au matin, je prendrai le prêche écrit la veille. Simple et concis, je le connaissais déjà. Les frères m'en avait confié quelques uns, ça risquait d'être une sacrée providence pour la suite des événements!

Et c'est ainsi, qu'au petit matin, j'avais pris position sur la place du marché. La halle était couverte, c'était déjà ça. Si elle ne protégeait pas des bourrasques de vent au ras du sol, j'allai être au moins à l'abri des intempéries.

Très vite, les premiers badauds arrivèrent. Ils étaient venus pour quelques miches ou bader tout simplement. Incontournable, j'avais toutes mes chances pour qu'au moins ils me voient, même s'il ne m'écoutaient pas vraiment. Je savais cependant que les mots que je prononçais n'étaient pas que du vent pour les distraits. Aussi, je mettais bon cœur à l'ouvrage.


Certains, comme l'affirme Christos prétendront que l'idée est le modèle dont l'objet est une copie.

Bien tiens ! Elle est bonne celle-ci ! Camarade Aristotélicien ou pas, Artésiens ou pas, on vous ment ! On vous spolie !

Poussez la porte d'une taverne, saluez l'assistance parce que Georges, archange de l'Amitié est en vous en cet instant, asseyez-vous et commandez une bière. Le tavernier reconnaissant en vous la providence, fera de vous un homme comblé.
Si en plus, la dite-bière vient de Tastevin, vous pourriez être le plus heureux des hommes.


Je m'arrêtai pour montrer un parchemin joliment enluminé sur lequel on pouvais lire : « La Tastevine, la bière qui fait aimer la bière. »

Mais revenons à nos houblons, repris-je en enroulant le parchemin. Croyez vous quand vous sentirez la mousse effleurer vos lèvres, quand la goulée de bière envahira votre bouche, quand vous sentirez son flux descendre jusqu'au fin fond de vos entrailles... Croyez vous vraiment que ce fût la même qu'une simple pensée ? CQFD! Ce Qu'il Fallait Déboucher !

Bonnes fêtes de la Saint Noël et ne coincez pas sur la bulle pour honorer Sainte Boulasse!


Au fil de la journée, mon discours se faisait sans hésitation. Je rajoutais, ici et là quelques mots, une ou deux anecdotes de ceux qui m'écoutaient venaient parfois le ponctuer. Bertincourt était bien animée, je vis du monde toute la journée. Je bénissais le frère Marmiton de m'avoir donné l'idée de m'installer ici.
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Simeon_patern.got


Arras, vingt-quatrième jour de décembre de l'an de grâce 1462


La veille, le moine replet s'était adonné à son activité boulangère, il avait fait cuire quantité de miches pour avoir des réserves suffisantes mais il avait également partagé le fruit de son labeur avec les artésiens en vendant ses miches au prix le plus bas du marché.

Pour le moine, il était une règle incontournable pour avoir un esprit sain dans un corps sain et tout en attendant que les miches soient dorées à souhait, le moine se mit à philosopher pour un public plutôt restreint puisque cyrellix était le seul être présent dans l'atelier:


Chi on réfléchit, ben faut nourrir l'hôte et tant l'corps est l'hôte d'l'esprit qu' l'echprit est l'hôte du corps. Ben oui, chi on compte l'temps à l'échelle humaine, ben les deux sont indissociables...'fin, dans l'mesure d'une proportion moyenne de l'espérance d'vie qui dépend, forchément, d'nombreux paramètres, ben oui ch'est bien ça!.


Bèh bèh bèh, il est évident que le moine est au meilleur de sa forme, les périodes festives de la Saint-Noël associées à son bain d'idées génèrent une plus large ouverture d'esprit qui a le mérite de nous laisser sur le cul, je ne sais pas pour vous mais pour moi l'effet est bluffant...Vous me répondrez que j'y suis sans doute pour beaucoup dans son comportement et je vous répliquerai que ça tombe sous le sens...Votre narrateur ne pourra donc que s'attribuer les éloges que vous serez nombreux à lui faire, au frère Toque à priori^^...

Bref, pour faire court, le moine se dit que tant qu'il avait l'occasion de voir le soleil se lever ou le soir se coucher, il devait s'assurer d'avoir matière à subsister et ce compris ce qu'il apprenait en étudiant ou en pratiquant.

Mais revenons-en au moine replet qui après avoir cuit ses fournées, était allé se coucher avec pour oreiller les parchemins où étaient écrits ses prêches, il s'était dit que le contact direct ne pourrait être que bénéfique...

Quelques heures plus tard, il faisait encore bien noir que le moine était déjà réveillé quand finalement l'aurore pointa. Or, le frère Toque n'était pas très enthousiaste à la vue de ce qui l'attendait au dehors, il allait se les geler par un temps si maussade, pour sûr que son enveloppe charnel tressaillirait de froid, ce qui risquait de lui brouiller la matière grise...

Mais bon, il n'avait pas passé de nombreux mois à organiser cette mission pour fainéantiser sur sa paillasse à la chaleur de son alan ah que nenni hein? Ben quand faut y aller, faut y aller!

Après s'être farci un copieux petit-déjeuner, le moine revêtit sa robe de bure blanche, ça lui donnerait une apparence immaculée, il enfila également une étole de Monseigneur Honoré autour du cou, blanche elle aussi, il attrapa le parchemin où était inscrit le prêche du jour et partit affronter le froid jusqu'au devant de la mairie d'Arras où il allait commencer à discourir:


Ben jourd'hui vous s'rez ben des artésiens à veiller, Ben oui, cette nuit est l'une des plus longues d'l'année et vous ch'rez nombreux à vouloir l'illuminer d'mille feux par vos actions multiples... Bne et parmi ches illuminations, ben y aura chette liesse populaire qui n'fera qu'se réchauffer au fur et à m'sure....Tu parles pensa le frère Toque qui grelottait... euuuh ben oui au fur et à m'sure donc qu'elle s'ra abreuvée mais également ch'besoin d'parer le roi d'la forêt d'décorations colorées et d' l'entourer d'bougies plus éclairantes les-unes qu'les autres....

Tout en jetant un oeil sur son parchemin:

Citation:
Aujourd'hui vous serez bien des artésiens à veiller, cette nuit est l'une des plus longues de l'année et vous serez nombreux à vouloir l'illuminer de mille feux par vos actions multiples. Parmi ces illuminations, il y aura cette liesse populaire qui ne fera que se réchauffer au fur et à mesure qu'elle sera abreuvée mais également ce besoin de parer le roi de la forêt de décorations colorées et de l'entourer de bougies plus éclairantes les-unes que les autres.

Mais savez-vous que de la pomme de pin, aussi appelée cône, que vous ramassez dans les bois est en un sens un conifère, mais seulement en puissance, tandis que le sapin l'est effectivement, c'est-à-dire en acte ! Concrètement, c'est grâce à deux petits cônes, un mâle et une femelle, que vous pourrez découvrir celui que vous allez couper afin de rendre vos chaumières plus accueillantes. Ce sapin remplira tous vos intérieurs, tant au niveau spirituel qu'au niveau du foyer, on peut parler d'âme, il est cette petite touche de verdure qui vous manque autant que les fleurs et les camaïeux du printemps qui est encore long à venir.

Il est dit que la métaphysique est la science de ce qui est, en tant qu'il est : de l'étant en tant qu'étant. Comprenez par-là qu'en chaque chose ou être en puissance, il est une évolution qui aboutira à un moment donné, c'est le passage du virtuel à la réalité. ce qu'on appelle l'étant est la substance première, Comme le cône est celle du sapin, l'oignon celle narcisse, la fleur celle du fruit,la pomme, la framboise et j'en passe, chacun évoluera selon une processus naturel bien déterminé et durant certaines périodes nous ne pourrons les manquer afin de bénéficier de leur vertu, leur senteur, leur goût, leur vertu thérapeutique etc...Or, l’étant ou substance première se maintiendra quel que soit le changement.

Le 24 décembre n'est pas un journée comme les autres, et encore moins aujourd'hui car les moines du Tastevin ont décidé de se plier en quatre pour vous faire bénéficier du seul message auquel ils croient, celui de leur vénéré prophète Aristote, alors, ne les manquez pas!

Les moines de l'abbaye du Tastevin vous souhaitent de passer une lumineuse veillée de la Saint-Noël !

Votre dévoué frère Toque.


Le moine poursuivit sa litanie avant de conclure cette première répétition:

Les moines d'l'abbaye du Tast'vin vous chouhaitent d'passer une lumineuse veillée d'la Saint-Noël !

J'suis vot'dévoué frère Toque!


Le froid était cinglant alors, le frère Toque préféra ne pas trop rester sur place, c'est ainsi qu'il se rendit d'un bon pas au marché et bougea le plus possible durant la journée pour ne pas finir en bloc, il n'avait nullement envie d'avoir l'air d'une statue de glace...
_________________
_messager_
Firmin a écrit:






Arras, vingt-quatrième jour de décembre de l'an de grâce 1462


Profitant de l'absence de ses patrons, Firmin en profitait pour flâner.
Un courrier de l'amiral, l'obligeait à se rendre à Arras afin de rencontrer le frère Toque. Il n'était pas certain d'avoir tout compris ce que le patron attendait de lui mais bon il ferait au mieux.
Pour l'expédition, il embarqua Berthoul. Pas qu'elle lui serait très utile dans sa mission mais au moins elle lui tiendrait chaud durant la nuit.
Il se rendit donc dans la capitale et se mit à la recherche du moine. Il finit par le croiser au hasard d'une ruelle.


Bin l'bonjour l'moine, tu t'souviens mi, on ché croisé al bataille de boule d'neige. Ché min patron qui m'envoie t'vir.
Iche s'caille les meules ichi, on s'ro bin mieux din z'une taverne, tin pinches quo ?
Min patron y voudro qu'in dischcute affaires, ça pourro bin intéresser les moines chà.
Simeon_patern.got


Arras, vingt-quatrième jour de décembre de l'an de grâce 1462


Le frère toque avait quelque peu capitulé face à un ennemi qu'il lui était impossible à combattre, la température ambiante...Il faisait si froid que notre moine, pourtant suffisamment enveloppé dans sa chair, cliquetait des quenottes...Soudain, il fut interpellé par l'olibrius qui avait été son adversaire lors de la bataille de boules de neige...Ce dernier lui administra un nouveau choc, son défaut de prononciation, sa corpulence...cette impression de déjà vu qui l'agaçait...heureusement qu'il y avait la moustache...Alors, quand il demanda au moine s'il le reconnaissait, il lui aurait bien répondu "non je ne sais pas qui vous êtes" mais une chose dissuada le prêcheur givré, la proposition d'aller boire un coup, quant à une potentielle affaire à traiter avec un patron dont il ne savait rien, ça lui sembla louche...

Le moine réfléchit, s'il voulait aller se réchauffer en buvant un coup, il allait devoir écouter son interlocuteur...Hum...Le moine répliqua donc non sans retrouver son chuintement, doublé d'un mimétisme inquiétant ou d'un talent de se mettre au diapason ou un peu des deux:



Ben chi j'me choviens d'ti, j'vais pas povoir oblier un manoqueux comm'ti hein? Pis, un tiot canon, cha n's'arfuse pas ! pa ch'timps-chi hein? Pis, tu m'racont'ras tes carabistoulles, hein?

_________________
--Marie_sainte_therese


Bertincourt, le vingt-quatrième jour de décembre de l'an de grâce 1462.

Une semaine qu'elle était à Bertincourt que déjà ses chausses la démangeaient. La nonne, atypique en diable, avait supplié Irella pour la laisser partir vers Arras.

Ma sœur! Vous pouvez pas m'envoyez au fichard! J'ai quand même escorté Gabriel jusqu'ici! J' l'ai défendu au péril d'ma vie!

Comme la moinette la regardait avec un air dubitatif puisqu'il ne leur était rien arrivé, elle continua de palabrer.

- Une horde wiking aurait pu me passer sur le corps!
- Hm... N'en rajoutez pas...
supplia Irella.
- Si c'n'est pas eux, c'est donc leurs frères, le troupeau de bourrins.
- Sainte-Marie-Thérèse... s'il vous plait...
- J' l'aurais défendu sinon vengé! J'vous jure!
- Ne jurez pas Marie-Sainte-Thérèse, de grâce!
lâcha plus sèchement la sœur de Tastevin visiblement excédée.

T'en va la chevillette à l'eau qu'à la fin la bobinette se casse. La nonne fit tant et tant que la moinette céda. Marie-Sainte-Thérèse eut le sésame pour se carapater à la grande ville. Le seul bémol à sa complète jubilation était qu'Irella avait cédé, oui, à condition d'emmener Gabriel avec elle. Le gamin, elle le connaissait. Il allait même être un atout pour approcher le moine pour lequel elle gardait un petit chien de sa chienne, le frère l'en ayant fait voir de toutes les couleurs l'hiver dernier.

Ils arriveraient pour le 25 au matin. Pas de pigeon, ni de coursier pour s'annoncer, ils voulaient garder l'effet de surprise pour des raisons bien différentes l'un et l'autre.



Aussi, le 25 entre Bertincourt et Arras...


Dis-moi Gaby?... T'as déjà entendu jacter d'la Gertrude toi? Le moine... la Gertrude du moine...

Pour toute réponse, Gabriel haussa les épaules.

- Non, parc'qu'i' parait qu'il en pinçait pour elle.
- Avec le moine, nous ne parlons jamais de filles.


Déjà Gabriel l'entendait maugréer et talonner un peu plus fort la bourrique qu'elle chevauchait.
_messager_
Firmin a écrit:




Arras, vingt-quatrième jour de décembre de l'an de grâce 1462





Une taverne plus tard, il prit place, avec Frère Toque et Berthoul, dans un coin sombre, à l'abri des oreilles indiscrètes.
La flamme de la bougie, posée sur la table, balayait le visage du moine en fonction de ses soupirs. Cela lui donnait l'impression de voir parfois un autre visage se dessiner devant lui.


Bon, on n'est nin là pour akater l'fond min ptiot mais avant toutes koses, on va chin glicher quelques uns din l'gosier.
T'inquiète nin pour l'ptiote qui est avec mi, elle boche auchi au château et elle n'ouvre nin s'bouk enfin chi mais pour d'autres raisons chi tu vo c'que j'voulo dire. Bière et femme, rin d'tel pour rindre un gars heureux.


Clin d'oeil puis il héla le tavernier.

Garchon, ramène me quinze bonnes chopes et de l'bonne de Tachtevin, nin de l'pisse de tin fût.
Comme diro min patron, on n'mélange nin le plaisir et les affaires mais mi j'sé nin faire chin bore un ptiot coup.


Le tavernier ramena les chopes sur la table.
Firmin pris la première et trinqua avec le moine.


A l'tienne min ptiot père.


Ché nin tout cha mais min patron voudro travailler avec les moines. Tu l'conno au fait min patron ? Ché chti lal qui est maqué avec l'vicomtesse du domaine d'Ytres dont j'suis le maistre de chais de l'cave.
Eune grinde giffe l'patron mais chympa.
Ché t'un marin qui faiso gramin d'commerce, y voudro bin akater des fûts d'bière pour exporter d'un l'monde intier mais il lui faudro chavoir chi on ne peut nin baicher les prix d'production. Il a des prix chur certains produits comme l'bo par eximple. Tu pourros m'chouffler cha à m'noreile (Mp) qu'il vo un ptiot peu c'qu'on pourro bin faire d'bin.


Il attaqua la seconde chope.


A l'tienne m'fiu.
Simeon_patern.got


Arras, vingt-quatrième jour de décembre de l'an de grâce 1462


Bien que le frère Toque fut à la limite d'être congelé, pour peu on finirait par l'appeler hibernatus, il hésita à abandonner son poste, non pas que le padré lui donnerait son préavis séance tenante, mais toute méfiance déployée, il était peut-être la cible de l'archevêque de Cambrai qui lui aurait envoyé un de ses sbires pour louvoyer, il n'était pas à une sournoiserie près l'empourpré...

Le moine regarda à gauche et puis à droite, ça ne badaudait pas à tout va, donc, une petite pause pouvait s'imposer et il se rappela ce qu'il avait dit quelques heures plus tôt, toujours avoir un esprit sain dans un corps sain et là il était en manque énergétique certain... Il finit donc par suivre Firmin et cette femme qui n'avait pas ouvert le bec, si bien que le frère Toque ne put s'empêcher de se dire "pour sûr que celle-là ne s'appelle pas Marie Thérèse"...Oups...Le moine balaya rapidement cette idée de sa caboche, l'invoquer risquait de la faire rappliquer d'autant qu'Irella lui avait glissé dans l'oreille qu'elle ne tarderait pas à venir en Artois avec Gaby...Vade retro MST...

Le moine suivit donc Firmin jusque dans la taverne la plus proche, ce dernier alla s'attabler dans un coin reculé, ce qui donna à penser au moine replet que toutes ces simagrées étaient bien mystérieuses,

Après que les présentations d'avec sa complice furent faites et les bières commandées, Firmin entra dans le vif du sujet.

Son patron était donc l'amiral, époux de Dame Ombeline et lui était en fait leur maître de chais, hum...Le moine aurait dû capter ces informations lorsque Firmin lui avait poposé de lui faire visiter les caves du domaine d'Ytres, mais bon, son échec face à ce singulier adversaire lui avait mis les sens en désordre et ces détails lui avaient échappé...

Toujours est-il qu'il que le maître de chais était le messager d'une requête concernant une éventuelle exportation de fût de tastevine et voilà que le frère Toque allait devoir s'improviser homme d'affaire en l'absence du padré, tu parles d'une aubaine...

le moine commença par s'enfiler une première chope d'un trait, non seulement le froid donnait soif mais le temps qu'il avale le liquide, il pourrait réfléchir à la proposition.

Le frère Toque n'allait pas se prononcer sans en avoir discuté avec son padré, or, étrangement, il sentit une petite pulsion de fierté l'envahir, ce qui l'incita à se prendre au jeu de la personne de confiance de l'abbaye, un peu comme s'il était le porte-parole officiel, puis, Firmin commençait à lui plaire, et de d'emblée se fondre à merveille dans son nouveau rôle  :


Ben m'tiot, faut pas m'prindre pour un quinquin, ch'est chûr qu'l'abbé va pas povoir vindre l'tach't'vine chin une compinsation, faut qu'on choit ben drot din nos cauchettes hein ?

Et le moine d'attraper la deuxième chope pour la porter à sa bouche et laisser la bière s'écouler dans son gosier sec avant de poursuivre :

Et j'vais t'dire ch'est nin du bos qu'y nous faut, mais du blé et d'la mingeache, du pain... Et le moine d'ajouter pour paraître dur en affaire : et du fromache !

Ensuite, le moine attaqua sa troisième chope « hips »...
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_messager_
Firmin a écrit:




Arras, vingt-quatrième jour de décembre de l'an de grâce 1462




Il y avait du bon dans les affaires, c'était la boisson; rien de mieux pour faire mieux connaissance. Et puis, il pouvait y aller, le patron lui avait dit : tous tes frais professionnels seront remboursés et pour Firmin la bière, c'était du professionnel.
Il venait de découvrir qu'il avait au moins un point commun avec le Frère Toque, c'était la descente de breuvage et de rinçage des amygdales.
La main droite bien posée sur la chope, il en profita pour glisser la gauche sous les jupons de son accompagnatrice; rien de tel pour se réchauffer surtout que la belle était toujours ouverte à toutes les conversations.


Ben m'tiot, faut pas m'prindre pour un quinquin, ch'est chûr qu'l'abbé va pas povoir vindre l'tach't'vine chin une compinsation, faut qu'on choit ben drot din nos cauchettes hein ?


Loin de m'patron de t'prindre pour un p'tiot Quinquin, min p'tiot pouchin, min gros rojin, tu m'fros du chagrin si tu pinchais cha de mi. Min patron il est droit din ses cauchettes.
Ché bin pour cha que j'suis là m'fiu, ché pour in discuter. Comme dit m'in patron, dans l'commerce, faut que les deux choient gagnants.

Et j'vais t'dire ch'est nin du bos qu'y nous faut, mais du blé et d'la mingeache, du pain... Et le moine d'ajouter pour paraître dur en affaire : et du fromache !

Du fromtake ? Ché cha le checret d'la Tastevine, du fromtake dedins, j'auro jamais pinché à cha. Mi l'fromtake, j'le bo avec un bon ptiot pinard d' l'cave et j'tape d'in l'réserve du patron.
Quel ginre de fromtakes y kerchent les moines ?
Chinon l'pain che nin un blem cha, il fait auchi sin pain l'patron. L'blé, nin un blem non plus, y z'ont des champs d'bé avec l'patronne.
Y faut nin d'bo pour faire les fûts ?
Infin, chi l'souchi des moines che que l'bouffe, je cro bin qu'il vaudro mieux travailler avec min patron, enfin avec mi pour mettre cha au point, j'ai carte blinche k'il a dit l'patron.


Il attaqua aussi la troisième chope devant les 'hips' moinesques.

Tu souglouttes déjà m'fiu ? Bah dis donc, cha va être quo avec une dizaine d'un l'caichon.
Simeon_patern.got


Arras, vingt-cinquième jour de décembre de l'an de grâce 1462


C'est avec une grande difficulté que le frère Toque quitta sa paillasse le matin du 25 décembre, toutes les chopes qu'il avait ingurgitées avec Firmin la veille lui avaient donné la migraine, et ce flemmard de dogue qui prenait toute la place durant les nuits depuis que le moine l'avait autorisé à lui servir de bouillotte, ça n'arrangeait rien...Le moine avait vraiment la tête dans le cul si bien qu'il se prit le fût de cuvée spéciale qui trônait au milieu de la pièce d'habitation et je ne vous dis pas le fracas que ça fit, heureusement qu'il était bien scellé sans quoi vous imaginez un peu le tableau? Et le frère Toque de le relever en se disant qu'il le conserverait dans un endroit plus approprié...plus tard, quand il reviendrait...

Quant à l'apparence qu'il allait avoir aujourd'hui, le moine n'y réfléchit pas de trop, au fond il en avait cure....Il se passa d'abord le visage à l'eau froide pour se réveiller
brrrrr mais c'h'est qu'ch'est glacial ct'teau hein? Réagit-il, puis, il récupéra la bure blanche, qui n'était plus si blanche le long de l'ourlet, et l'étole de la même couleur...

Après avoir enfilé le tout, il jeta un dernier oeil sur cyrellix qui n'avait pas bougé une seule oreille toujours vautré qu'il était, le moine aurait bien fait claquer ses mains pour le surprendre mais il renonça, sa tête était déjà assez douloureuse comme ça...Il se demanda même si la bière qu'il avait bue était bien de la tastevine parce que vu le mal de crâne qui le torturait ça lui semblait peu probable mais il avait si soif qu'il n'avait pas prêté attention au goût...

En sortant, le moine faillit oublier le parchemin où était inscrit le deuxième prêche, il maugréa d'être si peu réactif, ça lui faisait perdre un temps fou. bon ben ça y est? oui ça vaaaaa pfffff! Il pouvait rejoindre son poste de combat, là où il allait à nouveau prêcher la bonne parole.

Comme la veille, il allait débuter son monologue devant la mairie, là où les arrageois se rendaient tôt le matin pour consulter les embauches...

Le moine déplia le parchemin et se frotta les yeux:


Citation:
✽ ✽ ✽ ✽ ✽ ✽


En ce 25 décembre nous fêtons l'un de nos plus grands padrés, il s'agit du père Noël. ✻
Il fait partie de notre patrimoine collectif et immatériel, son aura n'a fait qu'augmenter au fil du temps car il est le symbole même de la générosité dans tout ce qu'elle a de plus beau.

De prime abord, si je vêtais les habits du grand père noël, que je me couvrais le chef de son bonnet et que je me laissais pousser une longue barbe blanche je pourrais sans conteste lui ressembler ? L'apparence serait bluffante n'est-ce pas ?

Or, serais-je capable d'être totalement le reflet du saint-homme ? Si certaines proportions sont respectées, qu'en est-il des mesures et rythmes harmonieux? Comprenez par là que le père Noël avait acquis un équilibre parfait entre son être physique et son être psychique, certes, il était enveloppé comme votre serviteur, ce qui est susceptible de nous défavoriser aux yeux des bourgeois à l'esprit étriqué mais il était avenant, génereux par nature, bien dans ses chausses et heureux de la vie telle qu'elle lui était chaque fois offerte, sans chichis, sans fioriture.❊

Il était la représentation même du bonheur simple, si bien qu'il souhaitait faire profiter son entourage de cette plénitude en offrant un peu de sa chaleur humaine, les bûches et le pain en étaient les parfaits symboles, ronds, dorés, ça met de l'harmonie dans un foyer parce que ces présents ne peuvent que réchauffer le corps et l'esprit.✽

Je ne suis pas assez présomptueux pour porter l'habit du père noël, je ne me contente que de son bonnet car je n'ai pas ses qualités et je n'ai certainement pas atteint son épanouissement mais je sais que je peux contribuer à votre bonheur dans la mesure des proportions qui sont les miennes et en ces fêtes de solstice d'hiver, je tente d'harmoniser au mieux les rythmes en prêchant la parole d'Aristote, notre vénéré prophète à vous et à nous les moines brasseurs du Tastevin.
La beauté résulte de certaines proportions et de certaines mesures et rythmes harmonieux, celles que vous voudrez bien humblement reconnaître dans notre labeur de brasseur de boulasse et dans le message que nous vous transmettons.

✽Joyeuses fêtes de Saint-noël !✽

Votre dévoué frère Toque


il avait l'impression de voir des étoiles, sa vue manquait franchement de clarté...Alors, le moine leva les yeux vers le ciel, c'était la neige qui s'était à nouveau mise à tomber en petits flocons et ils étaient en train de recouvrir son parchemin, que le moine s'empressa de secouer en bougonnant ...Oui bon j'chais bien que la chaint-noël sans la neige, ch'est pas une chaint-noël traditionnelle mais cha pourrait pas ch'arrêter un peu hein? pfffiioouuu ch'est saoulant!!
_________________
--Marie_sainte_therese


Arras, à Prime, le vingt-cinquième jour de décembre 1462.

BOUM! BOUM! BOUM!

MST s'assit sur sa couche, l'air hagard, extirpée du sommeil comme personne n'aimerait l'être. Quelqu'un tambourinait à la porte.

- C'est quoi c'boucan?
- C'est l'heure! J'vous réveille, comme vous l'avez demandé à votre arrivée,
lui rétorquait-on d'un ton assuré.
- C'pas humain, j'vous dis! Laissez moi! ordonna-t-elle plongeant sa tête sous l'oreiller.

Cependant qu'elle entendait déjà du bruit dans la chambre voisine occupée par Gabriel, elle se résigna à se lever, se prit les pieds dans le tapis, se rattrapa de justesse et en conclut qu'il allait falloir rester sur ses gardes, agir comme si tout pouvait potentiellement se comporter en lait sur le feu.

D'un index accusateur, elle s'adressa au tapis.


- Tu veux la foigne? Tu l'auras! Et t'avise pas de r'piquer au truc... Sinon... Couick! T'es un homme mort! mima-t-elle d'un pouce passant sur son cou.

Un peu plus tard, alors qu'elle passait une main enduite d'eau de rose de Provins que lui avait rapporté Irella quand elle était revenue de Champagne où sévissaient encore quelques foires, elle entendit la porte voisine se fermer. Elle savait l'adolescent assez dans la lune pour oublier qu'il devait l'attendre et pour rien au monde, la nonne n'aurait manqué l'effet de surprise que leur venue allait produire sur le moine. En deux temps, trois mouvements, elle fut en bas de l'escalier et lançait à l'adolescent.


- T'es prêt? On y va?
- On y va!
répondit-il simplement.

L'auberge qu'ils avaient choisie était très proche du marché et c'était bien comme ça parce que la neige s'était mise à tomber et "Plus vite, on s'ra à l'abri, mieux ça vaudra" se répétait-elle en boucle. Gabriel marchait vite, il avait hâte de voir le frère. La nonne se frottait les mains tant par délectation que pour se les réchauffer.

C'est sa voix qu'ils entendirent tout d'abord.


- ... brasseur de boulasse et dans le message que nous vous transmettons. Joyeuses fêtes de Saint-noël !

Alors que Gabriel se précipitait sur le moine pour conclure quelque retrouvaille, la nonne restait en retrait, savourant à l'avance la surprise du moine quand il s'apercevrait de sa présence.
Simeon_patern.got


Arras, vingt-quatrième jour de décembre de l'an de grâce 1462


Le moine allait entamer sa quatrième chope ou peut-être même la cinquième, il était déjà fait comme une vache pleine disons qu' il n'avait plus la mesure dans l'oeil, toujours est-il que le maître de chais argumentait pour convaincre le frère Toque des bonnes intentions de son patron comme il disait...Mais lorsqu'il s'enquit de savoir si le fromage était un des composants de la bière, le moine replet fit les yeux ronds d'incrédulité, avait-il bien entendu? comment un maître de chais pouvait poser une question aussi stupide? Il mettait du fromage dans la vinasse lui?

Bon ben se dit le moine qui grognonna entre ses dents, je vais m'en siffler une de plus ça m'évitera de mettre un terme à la discussion parce que là elle prenait une tournure intéressante question de subvenir aux besoins des tastévinégasques en vivres...Le moine avait cette faiblesse, toujours tout ramener à son estomac, pour lui surtout mais aussi pour les siens, il était toujours le premier à s'inquiéter des réserves de l'abbaye en miches de peur de devoir faire la diète, voilà pourquoi il s'adonnait à différents métiers de bouche, il était maître-queux, boulanger...

Ceci étant, quand le firmin lui demanda s'il ne fallait pas du bois pour les fûts, là c'était un point pour lui, le frère Toque n'avait pas pensé au bois pour les fûts, cré nom! A stupide, coquebert ennemi hein? Toutefois, afin que l'air ne fasse pas la chanson, il lui répondit derechef:


Ch'est bien Firmin, j'vois qu'tu chuis l'converchation avec conchentration, j'en attendais pas moins d'toi hein? Chassez le naturel il revient au galop, la bière aidant, le moine en avait retrouvé son chuintement d'origine, le miracle de la saint-Noël avait pris la poudre d'escampette et ses bonnes dispositions pour se mettre au diapason de son interlocuteur avec...oui bon, on fait ce qu'on peut hein? Donc, il fallait battre le fer tant qu'il était chaud et le moine de surenchérir non sans se mettre à hoqueter:

Bon Firmin, hips...moi j'peux...hips ...en parler au padré d'ton ....hips...affaire mais j'peux ...hips...pas déchider ...hips... cheule hein? ch'est ...hips... qu'on est fort ... hips...cholichités nous ...hips... les moines tu chais..hips...hein? Hips..
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Adso


Coïncidence ? L'archevêque de Cambrai avait passé la fin de l'année dans une des seules paroisses où les moines de Tastevin ne sévissaient pas avec leur projet de prêche : Calais. Rapport à des obligations administratives qu'il avait eu dans cette paroisse, et au peu d'envie qu'il avait eu, ensuite, de faire la route dans le froid et le mauvais temps pour rentrer à Cambrai.

Il avait bien vu et lu, avec une certaine satisfaction, l'annonce du prévôt Chany au sujet de prêches qui devaient se dérouler en privé, mais il était loin d'imaginer que c'était là une réaction au plan machiavélique des suppôts de Tastevin, dont il ignorait par conséquent tout, pour l'instant.

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