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[RP] Liiiibre, je suis liiiiiibre !

Ermelne
La fillette court dans le château. Elle vient d’échapper à Aldéa et a un sourire radieux sur les lèvres. Elle va même jusqu’à rire. Pensez ! Ce n’est pas souvent qu’elle échappe à sa vigilance (qui est constante, faut dire ce qui est). Peut-être qu’elle a peur de subir les foudres du père. Ce qui est logique. Mais Ermelne a réussi pour une fois. Et elle est heureuse de sa fugue. Fugue fugace (riez, riez). Elle cavale en laissant son frère loin derrière. Elle s’en fiche un peu. Là, elle est libre. Libre ! vous vous rendez compte de ce que cela signifie pour une fillette de son âge ? Tout.

Elle ne sait pas que cette liberté, plus tard, rimera souvent avec ennuis. Elle ne sait pas et c’est tant mieux : elle est encore une petite fille. Elle vole vers le jardin, vers la sortie, se voyant déjà sous le soleil à se la couler douce. Elle se fiche carrément de l’inquiétude que pourrait avoir Aldéa et par ricochet son père. Son frangin ? Elle cherche à ne pas rester toujours avec lui. Allez savoir pourquoi.

Elle court, elle court, la mal… heu non ; Ermelne. Elle s’enfuit, elle prend le large, elle disparaît. Elle lâche un nouveau rire. Elle respire la joie de vivre. Elle court vers la liberté sans honte aucune.
Elle bondit plus qu’elle ne court, en fait.

Et paf ! Elle percute quelqu’un. Un serviteur ? Un garçon d’écurie ? Non, c’est… super-papa !


-« Père ?

Oh la cruelle désillusion. C’est son père qui vient de la cueillir, à peine tombée de l’arbre. Elle lui fait son sourire le plus beau. Le plus innocent surtout.

-« Je te cherchais Père.

Elle a encore du mal avec le vouvoiement. Bon, maintenant qu’elle a posé le faux prétexte, il faut qu’elle se débrouille pour le trouver pour-de-vrai. Ce qui est légèrement plus compliqué, vous voyez.
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Equemont
Le baron s'était mis martel en tête de restaurer ce château. Suite au judicieux conseil de la Dame de Laguian, il avait fait chercher des journées entières des restes d'ossements. On avait trouvé un crâne, simplement qui n'avait pas forcément de rapport avec le fameux Gilles. Mais bien plus grave que cela, la toiture de la tour inférieure voulait se mettre en congé, et si l'occasion se présentait, pourquoi pas aller caresser quelques fessiers juvéniles des gardes et servantes. Il n'avait pas besoin de gérer un drame supplémentaire.

Ma ché pazzo sei, perché mi hai fatto questo ?*

Equemont avait fait venir quelques Florentins pour l'aider à tenir le domaine et à constituer une petite garde au service du Cerbère. Il leur parlait donc dans leur patois appris au gré des pérégrinations. Le seul hic de ces hommes était leur propension à la procrastination. Souvent il fallait leur botter le postérieur à coups de poulaines. Imaginez l'état d'énervement du Blond alors qu'il déambulait le long des écuries. Et voilà que soudainement un petit corps vint le percuter avec légèreté au niveau des jambes.

Ermelne !

Parce que le Salar ne peut regarder sa fille sans une immense fierté, parce qu'elle règne sur lui sans même le savoir, le ton n'est pas au reproche.

Vous, je vous cherchais, Père.

Que faisait-elle donc toute seule perdue au milieu du château ? Où donc était Aur ? Etonné Equemont fronça les sourcils et releva la tête pour chercher la nourrice des yeux. Rien.

Et le géant se pencha pour prendre le fruit de ses jours dans ses bras et la serrer contre lui. Il aimait ses cheveux qui lui rappelaient Claire. Baissant la voix, pour exprimer plus de douceur il lui parla.


Vous me cherchiez ma fille ? Et que vouliez-vous donc ?

Equemont d'un regard circulaire vérifia qu'on ne le surprenne pas dans un élan affectif et posa un baiser sur le front d'Ermelne en fermant les yeux.

Je vous aime ma fille

* Tu es fou, pourquoi as-tu fais ça ?

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Ermelne
Ermelne ne bouge pas, persuadée que le tonnerre ne va pas tarder, suivie de la pluie (mais ça, c'est pour elle). Elle patiente, frémissant déjà d'entendre ce grondement qu'elle craint autant que son confrère l'orage.

Grâce à lui elle se perche, retrouve la hauteur à laquelle elle était (l'arbre, j'en vois qui suivent pas), oubliant déjà qu'il vient de la reprendre sur son vouvoiement. Il le lui a laissé passer une fois, alors il le fera bien pour les suivantes ! Et puis il vient de le lui dire : il l'aime. Et ça, ça vaut tout. La fillette devient alors demi-dieu, agrippée au cou de cet homme qui est son héros de tous les jours. Il règlemente sa vie et elle n'agit qu'en fonction de lui et de ses paroles.

Elle n'aime pas qu'il la gronde alors elle fait tout pour lui plaire. Elle a déjà vaguement conscience du fait qu'être une fille n'est pas toujours souhaité, principalement grâce aux conversations entendues dans les couloirs, par les lavandières par exemple. C'est pour ça : la fillette met un point d'honneur à le satisfaire en tout.


-« Je...

Elle sourit, lui colle un baiser. Il vient de dire qu'il l'aime !

-« Je t'aime aussi Papa.

Il n'y a que quand elle dit cela qu'elle se permet de dire « Papa ». Aussi quand elle veut lui dire quelque chose de très, très important. Mais ça on le verra plus tard, c'est pas pour tout de suite. Le vouvoiement ? Aux oubliettes ! Là on a une petite fille aux yeux bleus qui cherche un sujet d'importance. Elle réfléchit et là, ting ! La lumière.

-« Tu vas épouser la marraine d'Aur, dis ? Elle est gentille pis je l'aime bien.

Vous ne rêvez pas : elle vient de montrer magistralement les qualités qu'une épouse doit avoir.
Elle ne le lâche pas ni des yeux, ni des mains. Elle voudrait pas risquer une retombée à terre trop violente. C'est peut-être pas le meilleur sujet mais c'est tout ce qu'elle a trouvé pour le détourner de son escapade vers l'extérieur. Reste à savoir si ça va marcher comme prévu : juste un oui ou non, puis le retour à la terre ferme et la course à nouveau vers le soleil.

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Equemont
Une larme. Elle coule le long de la joue du géant. Tant de sentiments se bousculent en lui alors que ce petit bout de vie lui serre le cou. C’est un cœur usé qui redécouvre la joie de vivre, le bonheur d’être aimé. Avoir un garçon c’est bien, on l’élève comme un mâle, comme un futur guerrier. Avoir une fille est souvent décrié, et pourtant le Salar ne peut s’empêcher de la contempler. Ses yeux bleus lui rappellent Esébia sa jumelle perdue. A l’inverse, elle a la chevelure de sa mère. Et voilà qu’elle l’appelle Papa. Les convenances devraient l’obliger à la reprendre. Mais il ne peut rien reprocher à ce petit morceau de sa propre chair.

« Vous devez me voussoyer Ermelne, vous êtes fille de baron. »

Voilà le seul reproche dont il est capable. Et c’est tellement superficiel. Il sent que la fillette réfléchit et avec un fin sourire il l’encourage de ses azurs. Et là, paf… La gamine met les pieds dans le plat. Equemont sait qu’elle souffre de ne pas avoir sa mère. Peut-être est-ce un désir d’être maternée qu’elle exprime. Allait-il épouser Lanceline ? La question était insolvable à l’heure actuelle. Mais comment cette idée avait-elle germé dans l’esprit de sa fille ? Etait-ce cette nourrice trop bavarde ? Ou alors les simples bruits de couloir ? Il faudrait éclaircir cette question.

Mais pour l’heure, il fallait apporter une réponse à la brunette. Et là se cristallisait tout le raisonnement du Blond. Quelle réponse apporter à une enfant sur ce point. Lui dire la vérité brute serait une erreur. Par exemple : ton papa aime une femme qui est la cousine de ta maman et qui a déjà un petit garçon mais il n’est pas sûr que cela soit réciproque. Ce genre de considérations étaient pour les grandes personnes dont l’âme s’était déjà perdu aux fils des années dans les méandres des relations infectées de péchés et de concupiscence. Il pourrait opter aussi pour la version qui évite le problème ; dans le style cela ne te regarde pas.

Cependant Equemont aime vraiment sa fille. Alors il se lance.


« Ermelne, il ne m’appartient pas de décider. Mais j’aime beaucoup la marraine d’Aur. Et elle vous aime comme ses propres enfants. Alors si le Très-Haut le veut, peut-être deviendra-t-elle mon épouse.

Mais je veux que tu saches que ta maman te regarde de là-haut et t’envoie tout son amour en te protégeant. »


La justesse d’une parole est difficilement discernable. Alors le baron regarde sa fille pour essayer deviner ce qui se passe dans sa petite tête.
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Ermelne
Ermelne baisse un peu la tête. Il vient de la reprendre. Mais elle ne s'en formalise pas : ce sera une fois parmi tant d'autres. Fille de baron ... Qu'est-ce que cela signifie au juste ? Qu'elle ne peut pas jouer avec le petit Thomas, le garçon d'écurie ? Elle l'aime bien pourtant ! Hum ... elle devra éclaircir cela plus tard. Le oui ou non attendu ne vient pas et la petite se trouve le bec dans l'eau. Elle n'a pas de réponse rapide. Il semble que son échappée soit de l'ordre du rêve.

Est-ce qu'elle a posé une question tabou ? Les enfants sont indiscrets de nature et la fillette ne fait pas exception. Elle veut savoir ... et maintenant elle sait.


-« C'est juste une question de Très-Haut ? Passque si c'est ça moi je lui dis qu'il faut que vous vous épousiez.

Ermelne est franche ; elle veut voir cette femme entrer pleinement dans sa vie (pas plus compliqué que ça). Une maman par procuration, une maman qui, elle le sent, l'aime sans trop oser le dire (ou alors elle se plante complètement, mais les gamins à cet âge ça fait quand même preuve d'un certain discernement).
La petite passe sa main sur la joue où a coulé la larme. Finalement l'eau est là mais ce n'est pas elle qui pleure. Elle est un peu étonnée. Depuis quand les dieux pleurent ? Alors il est un peu comme elle ? Elle en découvre tous les jours.

Elle fait passer la pilule amère en reprenant.


-« Elle ressemblait à quoi ? Comment vous êtes-vous rencontrés ? Vous avez pensé quoi d'elle en la voyant pour la première fois ? Dites-moi, Père...

La fillette a un regard suppliant. Perdue pour perdue, autant que cette cueillette soit un minimum rentable (sinon ça n'aurait pas d'intérêt).
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Equemont
Pourquoi faut-il toujours ce moment où l'on rappelle à l'enfant sa condition et surtout qu'il devra attendre d'être grand pour comprendre. Ils ont souvent raison par leur simplicité, ils voient juste. Mais en même temps il faut qu'elle comprenne que l'amour n'est pas chose aisée, qu'il est la rencontre de deux volontés en un seul point, que cela prend du temps et de la patience. Les deux ennemis jurés du Salar, en somme. Elle est maligne cette fille, tout de même, elle comprend ce que même les adultes ont du mal à s'avouer. Vous mettez un Equemont au milieu de la fosse aux lions, il fait un carnage et sort ensanglanté vainqueur. Vous le mettez devant sa fille qui sait marcher depuis peu, il est démuni. Mystère d'un homme qui s'était juré d'être un père ferme et qui se retrouve, à ses yeux, un presque papa-gâteau.

- L'homme et la femme sont faits l'un pour l'autre, et ce n'est pas un choix aisé. Pourtant c'est la plus belle chose qui puisse arriver dans ce monde. Un instant de réflexion.Dites-Le-lui, cela sera déjà bien.

Au fond de lui, le Salar souffre de ne pouvoir offrir à sa fille cette douceur maternelle que rien ne peut remplacer, alors elle lui demande des choses sur Claire, avec un regarde de chat suppliant. Bien que n'aimant pas les chats, Equemont plie, comme à chaque fois.

- Votre mère était une belle femme. Comme vous le serez un jour. Elle était brune comme vous, mais avait les yeux marrons. Un jour nous nous sommes rencontrés dans un village de Bretagne sans nous connaître. J'allais rejoindre Son Altesse le Prince de Montfort. Et alors que je me promenais, elle m'est rentrée dedans. Un peu comme vous avec moi aujourd'hui. Mais je pense qu'il y avait quelque malice dans son intention. Ce n'est pas votre cas bien sûr... Elle était vive et joyeuse de vivre.

Et voilà elle voulait que je l'accompagne au mariage d'une princesse. Finalement nous n'y sommes pas allés et nous sommes perdus de vue. Puis un jour le Prince m'a dit que nous allions nous épouser. Finalement c'est à notre propre mariage que nous sommes allés !


Le Salar est incapable de savoir si sa réponse est correcte, mais il prend la direction, toujours sa fille dans les bras de l'écurie. Un baron qui porte une fillette dans les bras, ça envoie. Et les palefrenier de se regarder mi-amusés mi touchés. Ils connaissent le malheur de leur maître et espèrent eux aussi qu'il va prendre épouse pour adoucir leur traitement. Comment un chef né pouvait-il aussi être un homme aussi affectionné de ses enfants.

S'arrêtant devant le box de deux poulains, il montre une petite à la robe grise à sa fille et lui explique qu'elle est sienne.


- Vous devez lui choisir un nom, et elle sera votre entièrement. Vous apprendrez à être sa maîtresse. Je vous apprendrai, Ermelne, ma fille.

Le rite traditionnel s'accomplit, amadouer la bête en lui en confiant une...
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Ermelne
La fillette hoche la tête. Elle écoute attentivement : elle va parler au Très-Haut, lui dire sa façon de penser, qu'il comprenne que deux vies ne doivent pas être gâchées. Et s'il ne comprend pas, c'est que c'est un crétin. Elle note qu'il faut qu'elle le fasse de toute urgence. Il enchaîne sur sa mère, et Ermelne le regarde, ravie. Elle sera belle : c'est Dieu qui l'a dit. Elle sourit, admirative.

Et puis il la traîne jusqu'aux écuries, et elle regarde autour d'elle, curieuse (c'est une fille et c'est une gamine, ous les éléments sont réunis). Elle n'est jamais allée là cependant : c'est plein de bestioles plus grandes qu'elle et c'est dan-ge-reux. Un mot qui fait peur, alors Ermelne n'a pas envie de jouer avec. Intriguée, elle regarde la pouliche proposée par son père. Elle le serre toujours entre ses petits bras, un peu inquiète. Elle n'est pas farouche mais elle pressent que cette bestiole-là est aussi dan-ge-reuse. Elle plonge son regard dans celui de son géniteur, la mine grave.


-« Père. Je n'ai pas d'idée de nom.

Elle plisse son nez, réfléchissant à un nom qui sonne bien et fasse noble. Dont elle n'ait pas honte plus tard. Parce que c'est sûr, la bête la suivra toujours, toute sa vie. Elle s'affaisse un peu, ne trouvant pas. C'est pas grave ! Elle a justement toute la vie pour se décider.
Elle détaille la bête : une belle robe grise. Pas blanche (elle en aurait pas voulu), parce que le blanc, c'est sâlissant (dites merci les palefreniers !).


-« Quand m'apprendrez-vous, Père ?

Elle est aussi impatiente. L'âge qui fait ça. Et puis elle change de sujet, se fichant bien de savoir si le baron suit ou pas. Il doit, de toute manière : c'est pas un dieu pour rien. Elle le regarde et le boulet de canon est lancé. Touchera, touchera pas ...

-« Vous l'aimiez, Père ?
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Equemont
Cette fois le Salar en est certain, cette fillette qu'il tient entre ses grandes paluches tient de lui. Elle a la patience d'une pouliche en travail, elle change ses idées comme elle respire. Une forme d'admiration vient se glisser au fond des prunelles de l'homme, qu'il est doux de se voir une descendance !

- Vous trouverez ma fille le nom qui convient à "votre" animal. J'en suis certain. Tout comme vous l'apprivoiserez progressivement. Alors vous viendrez tous les jours ici avec moi. Et je vous montrerai comment faire.

Où comment un père apprend à canaliser sa fille en cherchant à lui transmettre sa passion. Pourtant c'était une fille et il fallait qu'elle grandisse comme telle, non pas comme Aur qui serait destiné à la bravoure des champs de bataille et des affrontements en tous genre. Encore une fois, il faudrait qu'il songe à cette question. Il fallait qu'il trouve une femme pour l'aider parce qu'il n'avait fichtrement aucune idée de la manière dont on éduquait une fille. Un blond visage vint s'inscrire au fond de son regard mais il préféra le chasser pour se concentrer sur le poids plume qui réchauffait les bras.

Il n'a même pas le temps de répondre, mais tout juste de remarquer que tous sont sortis pour les laisser dans cette intimité familiale. Comme quoi tous ces gens n'étaient pas si idiots. Ils avaient le bon sens de comprendre ce qui habitait le cœur de leur maître. C'était presque touchant.

Et voilà que la question tomber comme un couperet. La réponse est claire à l'esprit du Salar et il ne va pas mentir.


- Je l'ai aimé de tout mon coeur, Ermelne. Je lui ai donné tout ce que j'avais.

Possible que la mémoire de la petite fille soit entachée par les mémorables engueulades dont elle avait été spectatrice utérine. Ou pas.

- Et puis un jour vous êtes arrivés, toi et ton frère. Cela a été le plus beau jour de ma vie.

Il l'a tutoyée ? Ah, oui, mais il ne s'en est pas rendu compte...

- Vous étiez tous petits, vous teniez presque chacun dans une de mes mains.

Et là, la Salar réalise qu'il allait dire une sottise. Comment expliquer à un enfant que les conséquences de sa naissance ont entraîné la mort de leur mère ? Il fallait éluder le problème.

- Alors je vous ai tenu tout contre moi. Comme aujourd'hui.

Equemont la regarde de prêt avec un sourire. C'est la rencontre de deux mondes qui se comprennent en un regard. Ils ont les mêmes yeux. Puis le Salar la repose à terre et la prend par la main.

- Maintenant il est temps que vous rentriez au château, je crains que l'on s'étonne de votre disparition.

Parce qu'il faut revenir dans le réel.
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Ermelne
Ermelne le regarde, elle écoute sérieusement ce qu'il lui dit. Il lui parle de sa mère et elle boit ses paroles. Elle veut tout savoir de cette femme qu'elle n'a connu qu'au travers de sa voix. Elle veut tout connaître (normal, c'est sa mère !) et ne comprend pas qu'elle ait pu les laisser comme ça. À cause de qui ? De quoi ? Certainement pas de la faute de son père, il vient de lui dire : il l'aimait. Alors ? Leur faute à eux deux, aux jumeaux ? Elle perçoit à peine le début du problème qu'elle le refuse : elle avait quelques jours, comment aurait-elle pu tuer sa mère ? Plus tard elle comprendra, dans ce fameux « plus tard » qu'on lui répétera certainement quand elle grandira.

Mais son Dieu la repose à terre et elle redevient une simple mortelle. Elle n'est pas déçue : son ascension au paradis divin (c'est un pléonasme, si si) s'est magnifiquement bien passée. Mais le Dieu veut la ramener à des choses plus terre-à-terre et elle doit obéir.

Aussitôt une nouvelle idée germe dans son esprit. Si elle ne peut partir seule vers la liberté, elle peut en faire profiter l'être divin. Après tout, elle aussi peut lui apprendre des choses ! Alors elle s'arrête et dit d'un ton buté :


-« Non, Père.

Et paf ! Elle dit non, elle ne veut pas, elle le retient de sa petite main. Elle ne fait pas le poids face au géant qu'il est mais elle s'en fiche : il va l'écouter, parce que la petite fille qu'elle est lui fait une prière (et les dieux doivent toujours écouter les prières et les exaucer !). Elle plante ses yeux dans les siens et répète (d'ailleurs vous la connaissez cette blague de Répète et Répéta sur un bateau ? Oui ? Zut.)

-« Père. Je suis avec vous. Je ne risque rien.

Ose dire que c'est faux papounet ! Ose briser les rêves de cette petite fille !
Elle reprend.


-« Je voudrais que vous m'emmeniez avec vous en balade à cheval.

Ermelne remet une couche des yeux-qui-supplient, ça a l'air de bien marcher. Et pour l'achever, elle rajoute la formule apprise par la blonde Lanceline, sa presque maman de coeur sauf qu'elle veut pas l'avouer parce qu'elle a peur que son papa il se fâche :

-« Se vos plai.
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Equemont
C'est une mine mi effarée, mi amusée qui s'afficha alors que sa fille, du haut de ses quatre ans lui lança un refus caractérisé. Aur aurait reçu un soufflet et serait rentré en pleurant au château. Mais face à une petite fille, Equemont le grand était si démuni qu'il ne sût que répondre. Peut-être finalement serait-elle aussi obstiné que feue sa mère. En tout cas cela promettait. Et dans ce genre de moments que l'on apprend à être père. Ou pas...

Un cheval qui oppose un refus doit repasser l'obstacle dans la foulée, pour qu'il plie devant son maître. Devait-il se battre contre elle pour lui imposer sa volonté ? Il n'en savait rien, et une peur chronique s'installait progressivement au fond de ses entrailles. Que ce qu'il considérait à ce jour comme l'unique réussite pérenne et utile ne lui échappe pas. Beaucoup parmi ses proches étaient morts parfois simplement parfois atrocement. Mais il ne pourrait supporter que le fruit de sa chair puisse l'abandonner.

Une fois de plus, donc, le Salar craqua.


- Soit, je vais vous ramener à la maison. A dos de monture.

Parce qu'il ne fait pas passer non plus complétement pour un guignol ou un démissionnaire, il garde en vue l'objectif final. C'est vrai qu'auprès de lui, elle ne risquait absolument rien. Elle était sous sa protection. Sa peur ne venait pas de ces moments là. Mais de ceux où elle partirait, où elle quitterait cette force prodiguée par sa propre personne. Telle était le sens de la vie. Cela arriverait.

Alors le Salar héla un garçon d'écurie pour qu'il l'aide. Ce dernier fut sommé d'apporter la jument du baron, scellée et harnachée. Cela tombait à pic elle était prête. D'un bond léger Equemont monta en selle, puis se pencha vers la terre.


- Aidez-donc ma fille à me rejoindre.

Alors se penchant, il ouvrit les mains pour saisir le petit paquet aux yeux azurés et la posa délicatement juste devant lui sur le haut de sa selle.

- Cela vous plaît-il ma fille ?

Et la jument fut lancée à petite allure en direction de la forêt. Oui, un petit détour, ça ne fait pas de mal...
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Ermelne
La musique de la victoire se joue dans sa tête. Il accepte, de manière détournée mais elle s'en contrefiche ! il a dit oui. Il la prend donc par-devant elle et se met à lancer sa monture, alors instinctivement elle serre les crins de la bête. À la question, elle fait un oui de la tête avant de répondre vraiment :

-« Ou-ou-oui mais ça b-b-b-ouge b-b-b-ô-ô-couuuup !

Elle se concentre, ferme ses petits doigts sur les poils rêches de la jument, pour reprendre :

-« Ce sera comme ça pour moi aussi, Père ? C'est dur de monter à cheval ? Et puis j'ai pas envie de me faire mal, Aldéa elle dit toujours que je dois pas faire des choses dangereuses parce que je suis une fille. C'est vrai Père ?

Elle penche la tête en arrière pour le voir, ce qu'elle arrive à faire sans mal parce qu'il est tellement grand que c'est presque trop facile.

Ils entrent dans la forêt, alors la petite se tient à nouveau droite, attentive. C'est là qu'elle voulait aller, et elle a même droit à un bonus : son père qui est avec elle, et avec un cheval. Impressionnée par le fraîcheur un peu soudaine et par la luminosité moins forte, elle chuchote :


-« Père, vous l'avez appelé comment votre cheval ?

[HRP] Oui c'est court mais c'est parce qu'il y a plus long à côté
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Equemont
    Ecoute ma fille, père Equemont te raconte une histoire !


      - Un jour, au bord des marais d'un pays fort lointain naquit une petite jument de caractère. Toutes ses amies l'enviaient parce qu'elle avait de ravissants yeux bleus. Elle restait tout le temps tout contre sa maman, de peur de la perdre. Au début ses pas étaient incertains, puis ses jambes se durcirent et devinrent solides comme des troncs d'arbres. Elles étaient capables de parcourir de lieux et des lieux sans même se fatiguer, alors que pour tenir le pas de sa maman, elle devait en faire quatre fois plus.

      Un jour, alors qu'ils allaient en liberté, elle fut inconséquentes et s'aventura alors que sa maman le lui avait interdit et s'approchant de sables, elle s'y enfonça sans pouvoir en sortir. Alors la maman commença à hennir très fort pour essayer de trouver comment aider sa petite fille.

      Il se trouve qu'un soldat passait par là, revenant d'une longue campagne militaire, et il voulait voir un peu les dunes. Alors il fit un petit détour et entendit les cris désespérés de la jument. S'approchant, il vit tout de suite qu'il devait aider le petit équidés. Prenant une corde il réussit à l'attacher à la jambe de la petite et tira si fort qu'il parvint à la sortir du sable mouvant.

      Ainsi cette petite s'attacha à son sauveur qui l'appela Bargilia. Barge, ce qui veut dire fou, pour signifier l'acte déraisonné qu'elle avait fait. Et Argile pour montrer sa fragilité. Depuis elle est forte. Vous voyez ma fille c'est elle qui nous porte aujourd'hui.


Le baron cheminant avec la brunette sur cette haute monture en devisant doucement. Il aimait lui parler, lui conter son passé. Il sentait que la petite Ermelne l'écoutait avec avidité. Cela occupa leur petite balade. Revenant finalement au château, il finit par la déposer à terre et la renvoyer à sa nourrice. Le maître des lieux n'allait pas se faire taper sur les doigts par une servante tout de même !
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