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[RP] De l'inattendu surgissent les souvenirs

Eunice.
    5 janvier 1463 - Bourgogne - A l'approche de Nevers


Le silence prédomine. Seul le bruit provenant des rouages de la charrette que peinent à tirer deux chevaux, et les pas de ces derniers ripant sur le sol recouvert d’une pellicule de glace se font entendre. Une troisième monture progresse, légèrement en retrait. Un alezan aux reflets cuivrés que monte avec aisance la Rosenthals.

Dans la charrette, à couvert du froid, les enfants dorment. Friede également. Seules, Eunice et celle qui lui a proposé de faire route à ses côtés, Ambrosia, restaient éveillées. De la Rosenthals, on ne saurait apercevoir que le visage tandis que le reste de son corps était dissimulé dessous un large mantel, sans oublier le port d’une peau épaisse, souvenir d'un frère auprès duquel elle vivait encore il y a quelques jours à peine.

L'hiver avait ses rigueurs, ses douleurs, mais aussi ses beautés éphémères qui nous laissaient de marbre et silencieux.
Il était là, avec ses brumes givrantes, accompagnées des fumerolles des tailles de sarments et l'esprit exempt de toutes pensées, elle observait, admirait le paysage qu'un rayon de soleil venait tout juste d'égayer de sa lumière. Muette et contemplative, elle rêvait de sentir une once de chaleur afin de pouvoir s'y réchauffer.

Longeant les coteaux en pentes, ils avançaient, s'enfonçant dans ce que l'on croirait être une mer de vigne. Au dessus des coteaux, s'étendaient plateaux calcaires et falaises abruptes se dressant comme un rempart et marquant la limites des terres cultivées.
Nevers n'était alors plus très loin. Les premières maisons se faisaient visibles. Les villages de petites maisons vigneronnes ou de demeures bourgeoises se serraient dans leur espace, avec leur toits de laves et cette église au loin, scintillante d'avoir gelée.

Soulagée, la Rosenthals expira, contente que s'achève bientôt leur périple, et toute aussi réjouie que rien de malencontreux ne leur soit arrivés. Mais l'on avait souvent tort de se réjouir trop vite. Trop, au point d'avoir à en payer le prix.
Et parce que d'un coup de talon donné dans les flans de l'Alezan, celui-ci s'était mis à accélérer. Que l'attelage fit de même, voilà que la fin du voyage prendrait une toute autre tournure. Le passage du convoi sembla avoir dérangé un groupe de sangliers qui se trouvait là et qui affolés, s'étaient mis à courir jusqu'à venir se jeter dans les jambes des équidés.
Le choc fut rude, d'une extrême violence et en l'espace de quelques instants le silence n'était plus, brisé par le hennissement déchirant des chevaux appartenant à l'attelage et les cris de ceux ,qui, un peu plus tôt encore, dormaient paisiblement.
Mais un énième cri se fit entendre. Un cri d'effroi qui se transforma en un murmure étranglé. La Rosenthals venait de quitter le dos de sa monture, se jetant à même le sol, cherchant de ses mains à saisir, ou palper tout du moins du bout de ses doigts l'un des corps sur lesquels la charrette venait de se renverser. Dessous, les plaintes, les pleurs, et cette main qu'elle prit soudain et qui se dévoila à elle. Ce fut là la seule chose qu'elle parvint à mettre à jour, n'osant davantage malmener le corps à laquelle elle appartenait. Et cette main sans réaction qu'elle tint dans la sienne fut aussitôt reconnue. Elle appartenait au plus jeune des Rosenthals : Sandeo.

Lâchant la main sur le sol, elle se remit sur pieds en chancelant pour s'approcher d'Ambrosia. Ses mains encerclant ses épaules de toutes ses forces, et son regard pénétrant le sien, elle l'implora d'aller trouver secours.


    -" Ambrosia ! Allez ! * Déjà la jeune femme était conduite vers l'Alezan, invitée à le chevaucher pour se rendre sur Nevers. * "Et demandez secours à la première personne que vous verrez ! Faites vite ! Je vous en supplie ! "

A nouveau, Eunice se rua vers les accidentés pour s'agenouiller tout près d'eux. Face aux pleurs de Zachary qu'elle reconnu et aux gémissements émis par leur nourrice, elle ne pouvait que les soutenir prononçant quelques mots :

    -" Je suis là. Tout ira bien vous verrez ! Quelqu'un va venir pour vous tirer de là... "

Puis saisissant cette petite main que la vie semblait avoir quittée pour la porter à ses lèvres, la couvrant de baisers, les larmes se mirent à rouler sur ses joues. Elle, qu'un passé tragique avait rendue inébranlable, qui avait su trouver rémission à son chagrin après qu'Amadheus soit venu lui confier la garde de ses fils, venait de laisser éclater les sanglots témoignant de cette terrible douleur qu'elle pouvait une fois de plus ressentir.
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Ambrosia32
Enfin ! Il n'y avait pas un jour depuis qu'elle avait aperçu Galbraith, pas un sans qu'elle ne désire quitter Autun avec impatience. Avant l'arrivée de ce pigeon un peu miteux, les jours s’égrainaient sans saveur, le temps coulait sans importance. Elle était coincée par sa surcharge, et manquait d'une mûle pour avancer, faute de moyens, sa seule solution était de profiter de la générosité de quelqu'un pour l'aider à avancer. Alors, elle avait attendu, des jours durant, sortant peu. Les fêtes étaient passées, des soirs comme d'autres. Elle n'avait pas vraiment eu conscience que Noël était passé, mais ses filles avaient été son plus précieux des cadeaux ce soir là.

Puis finalement, elle tomba sur cette belle femme, Eunice de son prénom. Spontanément, Ambrosia lui avait proposé de faire route avec elle. Pour son plus grand soulagement, elle avait accepté. Les voilà sur les routes le soir même en direction de Nevers. La blondinette assise sur le siége avant de sa petite charrette, suivait le rythme du cheval monté par la Rosenthals. La nuit les avait enveloppé de son manteau depuis plusieurs heures à présent, tout était silencieux, et sous les rayons de la lune, le paysage était magnifique. Ou était ce parce qu'elle arrivait enfin à voir les choses les simples qui ravissent ? Elle n'avait pas idées mais il était sur, qu'elle était plongée dans un silence pensif, alors que ses yeux admiraient ce blanc autour d'eux.

On aurait pu croire qu'elle somnolait, bercée par les remous de sa petite charrette. Ses filles étaient à couverts, près des sacs de blé, des morceaux de viandes, et les stères de bois, dont plusieurs étaient attachés autour de la carriole. Quand elle disait qu'elle était surchargée ! C'était point un mensonge. La quiétude du moment s'envola au moment où la surprenant dans ses rêveries, l'Alezan parti en avant accélérant le ryhtme, sans savoir pourquoi, la blondinette serra les rênes pour modérer sa mûle, regardant alors le convoi de la Rosenthals, une famille de sanglier courait en couinant, effrayant les chevaux de la charrette de Eunice, Horrifiée, Ambrosia, ne put que voir la scène au ralenti. Les roues qui glissèrent sur la couche de glace, la charrette se renversa. Paralysée, Ambrosia regarda l'amas désormais dans le fossé avant de sentir son cœur faire un bond. Elle quitta son siége, attachant rapidement sa mule à un arbre non loin, vérifiant le sommeil de ses filles, avant de courir auprès de la Rosenthals. Elle pût entendre avec effroi les gémissements de sa nourrice. Par Aristote, les enfants ! Paniquée, la blonde s'arrêta à quelques pas, fixant avec effroi cette petite main.

Elle ne comprit pas vraiment la suite, secouée puis poussée vers le cheval. Elle ne réagit même pas quand la brune la hissa sur le dos de l'animal, elle qui avait peur de ces bêtes à sabots. La voilà galopant à bride rabattue, son visage dans la crinière de l'animal pour éviter de se faire désarçonner. Elle atteignit Nevers en quelques minutes, pourtant, elle était incapable de stopper le cheval. Une voix masculine se fit alors entendre. Elle sentit son cheval se cambrait lègèrement avant d’être maitrisé rapidement. Tremblante comme une feuille, Ambrosia se redressa, et réussit à articuler à cet homme inconnu


« Accident.. dans les coteaux... la charrette dans le fossé, besoin d'aide.. »
Torvar
Nevers, la Bourgogne, son charme, son calme, sa froidure tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. En effet, la ville n’était pas à proprement dite déserte mais elle n’était pas non plus des plus animée. Il fut un temps…. Oui mais ce temps-là était révolu. Bref, Torvar finissait sa soirée dans une taverne du bourg en tête à tête avec sa bouteille histoire de tromper sa solitude bien qu’au final cela ne servait pas à grand-chose… Et même l’alcool servit en ces lieux que l’on disait de perdition n’avait plus la saveur d’autrefois ou alors ses souvenirs s’émoussaient à mesure que le temps passait. De guerre lasse, le cosaque abandonna son poste de pilier de taverne pour s’en retourner dans sa bicoque à la sortie du village, là où aux abords de la forêt il vivait pratiquement en reclus les jours où il n’avait envie de voir personne. Et c’était souvent le cas.

Enfourchant Vorobeï, légèrement grisé par la quantité absorbée à défaut de la qualité, Torvar s’en remettait complètement à sa monture pour retrouver le chemin de la maison. Le vieux compagnon avait l’habitude de prendre les rennes quand le soir venu, le cosaque n’avait plus l’âme à chanter. Et comme cela arrivait souvent, il fallait bien qu’un des deux prennent les choses en mains… vieux compagnon qu’il était. De biens des aventures, de biens des tempêtes, de biens des tourments mais toujours aux côtés du loup des steppes… un jour viendrait pourtant où la peine serait grande quand ils se quitteraient… Mais pour l’heure l’animal veillait au grain. Pourtant soudain, Vorobeï se crispa, tendant tous ces muscles lorsqu’il sentit une présence arriver à vive allure. Surpris, Torvar manqua de perdre l’équilibre sur le dos de sa monture avant de se ressaisir rapidement voyant que le cavalier ne maitrisait absolument pas le cheval qu’il montait. Secouant la tête afin de s’éclaircir les idées, le cosaque fit claquer les ordres à l’encontre de Vorobeï et ce dernier s’élança à la poursuite de son congénère bien décidé à l’arrêter. Arrivé à sa hauteur, Torvar en véritable acrobate se pencha sur le côté, tenant d’une main sa selle tandis que l’autre plongeait sur les brides laissaient vacantes du poursuivi. Là il tira d’un coup sec pour faire stopper la monture affolée dans sa course dangereuse. Puis le cosaque sauta aux pieds des montures avant de redresser tant bien que mal la jeune fille qui s’accrochait à la crinière de son cheval.


- C’est bon, vous pouvez le lâcher. Vous ne risquez plus rien…

Dégrisé, Torvar observait déjà la victime de ce galop inopportun. Voir si cette dernière présentait des blessures, des marques, tout ce qui indiquerait une attaque mais déjà la blonde s’empressait de l’informait d’une urgence. Le cosaque fronçait déjà les sourcils puis avec empressement, il se décida à emmener la demoiselle à l’abri. Il était foncièrement sauvage mais pas au point de laisser cette jeune femme se mourir en pleine rue. Sachant où logeait le médecin pour y avoir fait quelques virées lorsque la maladie revenait le hanter, il prit les choses en main.

- Je vous mets déjà en lieu sûr où vous pourrez être soignée et après je m’occuperais de cet accident...

En deux temps, trois mouvements, le cosaque avait fait chevaucher les montures jusqu’à la demeure du médecin puis après avoir réveillé ce dernier à grands renforts de coups sur sa porte, il lui avait laissé la jeune fille pour s’en retourner vers le lieu de l’accident présumé. L’hiver était là et s’il y avait des blessés, il ne pouvait les laisser guère plus longtemps dehors. D’un bond, il sauta sur le dos de Vorobeï tandis que déjà ce dernier s’élançait dans la direction que Torvar lui donnait. Même si pour lui les coteaux étaient vastes, l’arrivée de la jeune fille lui indiquait plus ou moins les lieux d’où l’accident s’était produit. Et ils galopèrent à brides abattues dessoûlant complètement le vieux loup par la même occasion. Et bientôt l’ombre d’une charrette échouée sur le bas côté du chemin fit son apparition devant les yeux du cosaque. Et ce furent les sanglots qui indiquèrent à ce dernier qu’il y avait encore quelqu’un dans le coin. Puis des gémissements se firent entendre prouvant que son oreille était encore bonne. Les années d’exercice à poursuivre ses proies avaient de beaux restes… prenant une profonde respiration, Torvar se laissa couler du dos de son vieux compagnon histoire de ne pas effrayer les personnes et les chevaux qui semblaient guère en bonne condition. D’un geste rageur, il cracha au sol en jurant dans sa langue maternelle avant de s’approcher vers ce qui lui semblait une personne au sol, la seule qu’il pouvait voir à vrai dire. Les gestes se firent doux, ne montrant aucune agressivité tandis que sa voix chaude aux intonations de l’est retentirent dans la nuit.

- Je suis venu vous aider… j’ai rencontré une jeune fille blonde qui m’a dit ce qu'il venait de vous arriver…

Les mots avaient la douceur d’une rencontre au clair de lune, annonciateurs des faits afin de rassurer mais un autre gémissement se fit entendre et là, Torvar ôta son manteau en peau d’ours afin d’œuvrer rapidement. Encore fallait-il savoir quoi faire. Le ton se durcit de lui-même afin de faire réagir la seule personne capable de lui indiquer la marche à suivre.

- Je me fous de savoir ce qui est arrivé mais je veux savoir s’il y a des blessés à aider et combien ils sont ?
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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, je ne mords pas.
Eunice.
A terre, genoux ancrés au sol, n'osant lâcher cette main qu'elle tenait et qui ne répondait d'aucun geste, la Rosenthals se retrouvait dévastée par la peur venue s'insinuer dans tout son être. Elle ne lâcherait pas sa prise, de crainte de voir Sandeo tomber dans ce gouffre qui s'était soudainement ré-ouvert sous leurs pieds. Elle ne le laisserait pas partir rejoindre cet autre monde que peuplaient déjà ses propres petits. Elle ne le voulait pas et surtout n'en avait pas le droit. Amadheus lui confiant ses enfants, elle avait fait la promesse de veiller sur eux. Veiller qu'il ne leur arrive rien. Rien d'aussi tragique.

Alors sur le bout des petits doigts enfantins légèrement bleuis par le froid, courait le souffle, vif et chaud, qui s'échappait sans discontinu d'entre ses lèvres avec l'espoir de les voir enfin bouger. Dessus les mains adultes se resserraient parfois, frottant vigoureusement pour faire sentir qu'elle était là, et pour ne pas laisser l'enfant sombrer, priant pour que se ne soit pas déjà chose faite. De temps en temps, quelques mots se faisaient entendre, couvrant brièvement les plaintes faisant montre de la douleur de ceux dont elles émanaient. Des mots prononcés pour rassurer Zachary et Friede tandis que d'un regard porté au loin vers Nevers, elle cherchait désespérément à voir venir quelqu'un prêt à leur venir en aide.


    -" Zachary, mon ange. Je te l'ai dis, je suis là. Ambrosia est partie chercher secours. Ces derniers viendront bientôt. Sois courageux veux-tu ? Fais-toi fort. Je sais que tu peux l'être... Tu en as déjà fais preuve tant de fois."

Elle savait qu'il était plus facile à dire qu'à faire, mais elle savait aussi combien son neveu appréciait d'être encouragé. Elle n'aurait de toute façon pas pu lui dire autre chose que de se battre encore jusqu'à ce qu'enfin on puisse le sortir de dessous cette charrette.

A la jeune nourrice, les mots étaient tout aussi réconfortant.

    -" Friede ? Est-ce que ça va ? Dis-moi comment tu vas. Est-ce que tu souffres là-dessous ?"
    -" Un peu madame. Mon bras. J'ai surtout mal à mon bras..."

Petit soulagement en entendant la réponse faite par la jeune fille dont l'état ne semblait pas critique.

    -" Je vais trouver un médecin pour vous soigner tous les trois. Fait-moi confiance. Mais avant, on va vous tirer de là..."

Recroquevillée tout près de la charrette renversée, l'épaule en appui contre les planches, qui, clouées entre elles, constituaient un solide pan de bois, Eunice, avec autant de force qu'elle pouvait en déployer, se mit à pousser, tentant vainement de la faire basculer. Seule, elle ne pourrait rien. Un constat qui fit de nouveau couler un flot de larmes qui s'étaient tari pendant un instant.

Le temps semblait être en suspend. L'attente trop longue. L'angoisse oppressante.
Une insoutenable attente qui connue sa fin lorsque la Rosenthals vit apparaître à ses côtés, telle la providence, un homme sur lequel elle ne porta, à son arrivée, qu'un bref regard. C'est que les yeux d'Eunice peinaient à se défaire de cette petite main sur laquelle ils s'étaient figés, offrant à cet homme au ton à la fois rassurant et déterminé de voir qu'il y avait bel et bien quelqu'un de coincé au dessous.
A ce moment, elle ne perdrait pas son temps à lui narrer ce qui les avaient précipités dans le fossé. Pas maintenant où l'heure était à l'action et où le temps semblait compter pour au moins l'un d'eux. Elle se contenterait de répondre et d'agir avec efficacité.


    -" Ils sont trois à être coincés en dessous. Deux jeunes enfants et leur nourrice. Celle-ci se plaint d'avoir mal au bras. Quant aux enfants, le plus âgé pleure sans que je sache ce qu'il a vraiment et le plus petit... Lui, n'a fait preuve d'aucune réaction. Je crains le pire. Sortez-les de là, j'vous en prie."

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Torvar
Il fallait agir vite. Torvar le savait. La nuit, le froid, le choc, la peur… si la jeune femme à ses côtés tentait de garder un côté digne dans cette mésaventure, il se doutait de par son expérience que s’il arrivait quelque chose aux petits, elle s’écroulerait et s’en voudrait toute sa vie. Et même s’il ne la connaissait pas, le simple fait que l’on parle d’enfant et le cosaque était déjà à l’œuvre.

- On va faire le nécessaire mais je vais vous demander un coup de pouce…

Torvar fit vite fait le tour de la charrette renversée afin d’évaluer les dégats. Mais il savait que seul ça serait vite compliqué. Même si avec son cheval il pouvait tirer dans un sens, il n’avait pas une force surhumaine non plus ce qui limiterait les mouvements d’action. Mettant une main sur le bras de l’interlocutrice, il tenta d’être rassurant même si pour le loup des steppes ce n’était guère évident.

- Vous devez continuer à parler aux enfants. Ils sont apeurés et on ne sait pas la gravité des blessures… mais… regardez-moi… regardez-moi c’est un ordre…

Captiver l’attention de la femme devenait une nécessité pour mieux appréhender la suite. La mort éventuelle d’un petit… il savait que ça pouvait arriver s’il n’arrivait pas à faire le nécessaire. Malheureusement, il n’avait aucun contrôle sur la mort… ça aurait été si facile sinon… Donc le regard gris acier du cosaque se posa sur celui de son interlocutrice, un bref instant il se permit de s’attarder sur ses traits afin de juger de ce qu’il pouvait dire ou pas puis la sentence tomba.

- Il va falloir être forte… ils ne doivent aucunement sentir votre peur ou l’angoisse… racontez-leur ce que vous voudrez du moment qu’ils sont captivés par ce que vous dites…. Ça va secouer, ils vont crier et je ne sais pas si tous s’en sortiront… Seul, je vais faire de mon mieux mais je ne peux rien promettre… il faut en avoir conscience. Maintenant c’est à vous de jouer…

Pas le temps de ruminer, de sentir la tristesse venir lui mordre le cœur à la pensée que l’une des personnes pouvaient y perdre la vie, déjà le cosaque avait foncé vers Vorobeï. Attrapant une corde qu’il gardait toujours afin de pouvoir tenir Snih à la longe lorsqu’il se promenait, il passa la bride de cuir autour d’une prise dans le bois de la charrette. Revenant vers Eunice, il lui tendit son mantel en peau d’ours.

- Gardez-le sur vous, cela conservera la chaleur et vous pourrez envelopper le premier qui se présentera à vous… maintenant le cheval va nous aider à soulever la charrette, il faudra agir vite et forcer le destin et attraper la personne qui viendra à vous…

Le cosaque s’en retourna vers son cheval. Il lui parla dans sa langue maternelle, celle qui rapproche et soude, celle que l’on comprend sans se poser de questions, celle qui unit à jamais. L’ordre était donné, le front de Torvar posé sur le chanfrein, les doigts courraient sur la ganache avec tendresse. L’homme et sa monture étaient enfermés dans une bulle qui n’appartenait qu’à eux. Ils avaient vécus tant de choses ensemble, ils s’en étaient sortis à chaque fois… là ils allaient aider autrui, ensemble. Torvar se détacha de Vorobeï puis un ordre fusa dans l’air humide de la nuit. Le cheval se cabra, se mit à hennir puis il tira, à en tendre les brides. La corps de la charrette s’ébranla aussitôt, le cosaque se précipita sur le côté, dos appuyé contre le montant en bois, bandant chacun de ses muscles, il souleva en lâchant un râle appuyé qui lui permis de contrôler sa force pour pousser et ainsi aider son équidé.

Le temps suspendit son envol, le cosaque ferma les yeux afin de se concentrer au maximum, être au sommet de sa forme, là pour ceux qui souffre… et en son for intérieur, une prière muette afin de préserver la vie, que Dieu pose sa main sur ces enfants qui étaient sur le fil du rasoir, sur cette nourrice qui endurait la douleur sans que l’on puisse la soulager dans l’immédiat… soupirs, râles, Torvar faisait son possible mais les muscles souffraient eux aussi alors de sa voix voilée par la tension, il s’adressa à Eunice.


- Voyez si vous pouvez attirer un des enfants à vous, pour le sortir de là… vite s’il vous plait…

Et alors que Torvar finissait sa phrase, il entendit au loin Vorobeï hennir alors son visage se tourna dans sa direction et le regard se focalisa sur des lueurs éloignées qui semblaient venir vers eux puis quelques voix qui annonçaient une aide providentielle. Sans doute la personne que Torvar avait déposé chez le médecin avait-elle ameuté les villageois… l’entraide ne serait pas mal venue car le cosaque, aussi fort qu’il était n’était pas un surhomme et bientôt, il sentait qu’il allait lâcher prise. Ses pupilles se posèrent alors vers Eunice, implorant qu’elle fasse vite…
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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, je ne mords pas.
Eunice.
    […]regardez-moi… regardez-moi c’est un ordre…

Sitôt dit, sitôt fait. Eunice s'exécuta, prêtant une oreille attentive aux mots tout droit sortis de la bouche de celui qu’elle considérait être, à cet instant, comme leur unique espoir. Rien, pas un bruit alentour, pas même les pleurs des enfants, ni même les plaintes des chevaux, victimes d'un abominable calvaire, n’auraient su être perçus, mise à part cette voix, capable de la tranquilliser aussi vite que l'éclair. Elle n'entendait plus qu'elle.

Yeux dans les yeux, la Rosenthals s'accrocha à l'intensité du regard qui s’était posé sur elle. Hypnotique, il véhiculait à lui seul une force qu'elle se mit à puiser sans modération aucune. Ainsi, si la crainte avait fait couler un flot de larmes sur ses joues le temps qu'elle eut été seule, le cours de celui-ci s'était subitement arrêté. L'homme qui se tenait près d'elle, et qui de sa main la touchait, avait semble-t-il eu le pouvoir de la rassurer. Forte de l'assurance qu'il dégageait, elle était désormais prête à apaiser ceux qui avaient été fait prisonniers de la carriole accidentée. Prête à les tirer de là-dessous dès que l'occasion se présenterait.

Forte, elle le serait. Parce qu'il le fallait. Parce qu'il lui avait dit qu'il devait en être ainsi, tel un commandement nécessaire à la secouer.
Faisant fi de ses craintes de devoir perdre Sandeo, Zachary ou encore même les deux, elle se hâta alors de suivre le conseil qui venait de lui être donné. Parler, pour aider les enfants à surmonter leur peur. Courbée face au véhicule, rompant communément le contact tactile liant son bras à la main de Torvar, consciente à nouveau des plaintes et des pleurs toujours émis, elle s'adressa alors à Zachary avec l'espoir que ce qu'elle lui dirait saurait également apporter son lot d'apaisement à Friede.



    -" Zachary ! Je sais que tu as peur ! Que peut-être tu as mal quelque part.
    Mais crois-moi, tout cela sera bientôt fini. Il y a ici quelqu'un qui va vous sortir de là, toi, Friede et ton frère... "

Voyant Torvar revenir vers elle, elle cessa de parler le temps de recevoir un mantel qu'elle plaça sur ses épaules pour ne pas en être encombré. Quelques signes de tête succédèrent, accompagnant un nouvel échange de paroles.

    -"J'ai compris ! Vous soulevez et je les sors de là-dessous aussi vite que je peux... * Les mots avaient été prononcés, le regard de la Rosenthals ayant trouvé celui du cosaque, informant ce dernier qu'il pouvait lui faire confiance. Elle ferait en sorte que tout se passe comme il l'avait prévu.*... Allez-y ! Il n'y a plus de temps à perdre. "

Quelques secondes suffirent alors à le voir s'éloigner, puis Eunice se tint prête, guettant le moindre de ses faits et gestes, ses esgourdes prêtent à accueillir le moindre mot, qui serait synonyme d'un signal donné pour agir. En même temps, elle avait repris la parole, avec pour but de captiver l'attention de Zachary, de Friede et de Sandeo si tant est que le petit homme, inerte, puisse l'entendre. Elle revenait sur les désirs de l'enfant d'aller visiter tels ou tels lieux, réels, ou légendaires, lui faisant la promesse qu'un jour, s'il restait courageux et battant, elle l'y emmènerait.
Puis vint ce qu'elle attendait, sans jamais avoir perdu Torvar des yeux : le signal qu'il était prêt. Tout s'enchaîna alors très vite, animal et humains collaborant pour sauver des vies. Essayer tout du moins.
Les efforts avaient été payant, et le Cosaque y mettant toute sa force avait réussi à soulever l'arrière de la carriole. Dessous des cris résonnaient, des appels au secours, s'unissant au râle de Torvar qui attendait qu'Eunice fasse sa part de travail. Elle comprit qu'elle devait agir aussitôt et à plat ventre, se faufila de moitié dessous la charrette, priant pour que Torvar ne soit pas victime d'une faiblesse et ne finisse par lâcher.

Passant ses mains dessous le plus âgé de ses neveux, Zachary, elle l'eut saisi sous ses bras, et fit de son mieux pour le sortir. Peine fut grande pour la Rosenthals qui eut du mal à ressortir faute au poids de l'enfant qu'elle dû tirer. Retournée au dessous, après avoir précipitamment couvert Zachary du mantel, elle entendit alors des voix. Du monde semblait s'agiter tout autour.


    -" Toi, Arthur et Gustave, aidez-le à maintenir la charrette ! Moi, pendant c'temps là, j' vais aller voir la dessous c' qu'il s'y passe ! Louis ! Occupes-toi du gosse. Tiens-le au chaud. "

Sitôt, elle vit se glisser à ses côtés un homme vers qui elle tourna la tête. Celui-ci lui adressa quelques mots :

    -" Y a qui là-dessous ? "
    -" Reste mon neveu et leur nourrice."
    -" Bien ! Alors occupez-vous du môme. J'm'occuperai de la nourrice."

Ce qu'elle fit alors, saisissant l'enfant qu'elle s'empressa de mettre à jour. Là, dans ses bras, il paraissait si lourd, et toujours sans la moindre réaction, Eunice s'acharna à essayer de le faire réagir. Restée au sol, assise sur les genoux, mantel ouvert, elle avait remonté l'enfant tout contre elle, le serrant pour que le froid ne le morde pas davantage. Une main parcourait son visage livide, courait ses lèvres bleuies.

    -" Réveilles-toi ! Réveilles-toi !..."

La femme, dans un murmure, supplia et commença à bercer l'enfant qu'elle voulait croire endormi plutôt que dépourvu de vie. A nouveau les larmes s'étaient remise à couler, poursuivant leur course sur les joues rebondies du petit.

    -"Sandeo, réveilles-toi ! Je t'en prie... "

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Torvar
Tout à ses efforts, Torvar voyait quand même les lueurs arriver dans leur direction. Pour une fois, il était bien content de voir la solidarité du village se mettre en place. Il était rare surtout en ces temps d’hiver que les gens sortent de chez eux mais là, il ne pouvait que remercier le ciel de ce don particulier. Il souleva donc la carriole tandis qu’Eunice sortait l’un des enfants. Soupirant, relâchant ses muscles un bref instant avant de bander à nouveau ces derniers dans un ultime effort, il sentit une main sur son épaule tandis que des voix s’exprimaient pour les aider. Et enfin, le cosaque sentit sa tâche s’alléger. Le poids de la carriole devint plus aérienne tandis que des hommes priaient Torvar de garder encore quelques instants cette pose. Ce dernier tira encore un peu plus sur ses muscles et dans un ultime cri, il souleva encore plus le chariot. Dans sa tête, il ne pouvait que se sermonner afin de ne pas lâcher prise, de ne pas baisser les bras, de tout faire pour que tout se passe bien… Et enfin il entendit la voix de Gustave qui affirmait que c’était fini, qu’on pouvait reposer la charrette, que tout le monde était sain et sauf…

Les muscles douloureux, les jambes et les bras flageolants, Torvar se garda un instant pour lui tout en posant les paumes de ses mains sur ses cuisses. Il souffla quelques instants avant de se redresser et de commencer à s’avancer en direction de la Rosenthals et des petits. La nourrice se tenait le bras en gémissant, Zachary était emmitouflé dans le mantel du cosaque tandis que Sandeo se tenait dans les bras de sa tante. Le cosaque observait la scène de loin avant de tourner les talons afin d’aller libérer Vorobeï et le remercier des efforts fournis pour sortir tout ce petit monde de ce piège. Le cosaque défit les liens de cuir qui maintenait le cheval attaché à la carcasse du chariot puis avec lenteur, il lui caressa le col. Posant son front contre celui de l’animal, les lèvres de Torvar vinrent se poser sur le velours du museau qui cherchait déjà à grappiller quelques caresses dans le cou de son maitre. Les mots doux dans la langue natale du loup des steppes vinrent résonner dans le creux des oreilles tendus de l’équidé qui frétillaient presque de plaisir. Ces deux-là partagés tant… Torvar pourtant dut couper court à cet instant hors du temps afin de se rapprocher des gens civilisés. Il ramena son vieux compagnon par la bride puis s’avança en direction de la Rosenthals. A quelques pas de là, il s’accroupit avant que sa main ne s’approche du visage du petit Sandeo. Les doigts déjà remettaient une mèche de cheveux sur le front tandis qu’il cherchait un signe de fièvre ou une blessure que l’on n’aurait pas encore vu. Puis enfin, il fit entendre le son de sa voix.

- Je vous propose de vous conduire chez moi. Je vis à quelques pas de là et cela vous permettra d’être au chaud avec les enfants dans quelques instants. Votre nourrice, elle par contre, doit être conduite chez le médecin qui a déjà accueilli la jeune femme qui m’a prévenu. Je pense qu’elle doit recevoir des soins rapidement…

Jetant un œil dans la direction de Zachary, il l’aperçut qui se blottissait contre une femme qui était venue avec les hommes du village. Le fameux Louis était parti chercher une charrette qui s’avançait déjà dans leur direction et l’on fit monter la nourrice à l’intérieur alors que cette dernière ne cessait de gémir que son bras la faisait souffrir. Il comprenait mais se demandait si toutes les femmes ne pouvaient pas arrêter de râler du moment qu’elles avaient m al… lui ne se plaignait jamais… mais là n’était pas le problème. Pour le moment il fallait s’occuper des enfants. Ils ne semblaient pas souffrir ce qui rassura le cosaque et les quelques palpations dont il avait usé sur le plus petit lui montrait que rien ne semblait casser. Aussi ils pourraient vite être mis au lit, dans de chaudes couvertures, avec une bonne flambée et demain le choc serait passé…

Une seconde carriole fut mise à leur disposition et de suite, Torvar fit monter Zachary à l’intérieur, l’installant confortablement dans son mantel puis il se dirigea vers Eunice, lui tendit la main.


- Je ne vous veux aucun mal, au contraire mais je vous demande juste de faire vite. Le choc et le froid n’aident pas et il ne faudrait pas que les petits attrapent la mort. Je sais que cette soirée est un cauchemar alors mettons-y fin voulez-vous ?

Déjà le bras du cosaque venait s’enrouler autour de la taille de la jeune femme pour l’aider à se redresser mais aussi la soutenir, elle qui tenait toujours le gamin contre elle. Puis Torvar fit signe au dénommé Gaston de se mettre à la tête de la charrette, lui monterait sur Vorobeï afin d’ouvrir la route. Une fois sur le chemin, ils seraient vite arrivés chez lui et ils pourraient installer tout ce petit monde dans la chambre du bas, celle que Percy avait occupé il y avait de ça quelques temps… à croire qu’elle était destinée à un enfant… lui qui finalement n’en avait pas…
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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, je ne mords pas.
Eunice.
Elle était là, toujours écroulée à même le sol, tenant entre ses bras l'enfant qu'elle continuait de serrer tout contre elle. Rien autour d'elle n'existait plus. Son champs de vision s'était considérablement réduit ; et ce au point de ne plus voir que le visage de Sandeo, ses traits si fins, si innocents, rendus troubles faute à un rideau de larmes qui n'en finissait plus de couler.
Elle s'était tut aussi, submergée... Non ! Ravagée par l'émotion, suppliant simplement du regard le petit garçon pour que son coeur ne cesse de battre. Et elle pleurait, récitant dans sa tête d'anciennes prières revenues à son esprit. Grosses étaient les larmes qui sillonnaient son visage.


Effondrée, tête basse, elle ne percevait donc plus rien de l'agitation qui avait lieu tout autour. Elle n'avait pas même devinée la présence de cet homme, l'un de ceux venant tout juste d'arriver sur les lieux de l'accident et qui, bras tendus vers l'avant, était venu lui faire face. Il lui fallu bien quelques minutes pour qu'elle se décide enfin à redresser la tête et qu'elle pose sur lui un de ces regards empli d’interrogations pour se rendre finalement compte qu'il était en train de lui parler.

-" Donnez-le moi...". Trois mots qu'il n'avait de cesse de répéter. Trois mots auxquels la Rosenthals ne su répondre que par un "Non", secouant la tête, refusant sur le moment qu'une personne, autre qu'elle, puisse tenir le corps inanimé de son neveu. Puis le rapprochement d'un autre homme attira son attention, tout comme les gestes qu'il offrit au front de Sandeo, rabattant vers sa chevelure une mèche brune venue barrer son visage.
Les yeux d'Eunice avait alors accroché le visage masculin qui s'était présenté, reconnaissant immédiatement celui qui fut le premier à arriver sur les lieux. Elle l'écoutait, lui, en même temps qu'une seconde voix résonnait. C'était la voix de cet autre homme qui, quelques instants auparavant, réclamait déjà qu'elle lui laisse le corps de l'enfant.


    -"Laissez-moi le prendre. Qu'on vous aide à vous relever..."


Lentement, elle abandonna alors le corps de Sandeo aux bras de l'homme, puis le regarda s'éloigner d'a peine quelques pas pour aller vers l'une des charrettes qui venaient d'être mise à disposition pour que tous soient transportés vers Nevers. Zachary aussi y avait été installé. Elle n'avait rien perdu de ce qui s'était joué sous ses yeux, jusqu'à ce qu'elle sente le bras de Torvar prendre possession de sa taille. Elle se laissa faire, sans rien dire. Une fois debout, menton relevé pour le regarder, son regard s'était arrimé au sien tandis qu'il usait de mots pour la rassurer sur ses intentions. Il souhaitait poursuivre sur sa lancée, leur portant toute l'aide nécessaire. Face à cela, la Rosenthals resta silencieuse, mais à en voir l'intensité du regard qu'elle lui offrait, elle se remettait à lui en toute confiance.

A peine quelques minutes passèrent, qu'elle fut à son tour installé dans l'espace exigu qu'offrait l'arrière de la carriole, retrouvant Sandeo et Zachary. Un premier groupe était déjà prêt à quitter les lieux, mais avant que Torvar ne s'éloigne, la main d'Eunice agrippa la sienne, le temps de lui dire quelques mots :

    -" Un médecin. Il nous en faut un aussi pour les enfants... "

Elle lâcha prise, certaine que les garçons recevraient sans trop tarder la visite d'un médecin. Un cri fusa, qui résonna dans le paysage, sonnant ainsi le départ. La direction de Nevers était enfin prise et quelques hommes avaient retardé leur départ, s'affairant déjà à débarrasser l'endroit des vestiges de l'accident, comme ils s'occuperaient très certainement d'abréger, s'il le fallait, les souffrances des chevaux, victimes eux aussi. Ainsi, elle les observa, peinant bientôt à les distinguer au fur et à mesure qu'ils s'éloignaient. Elle comprit alors qu'il n'était plus temps de regarder derrière elle, mais plutôt devant, vers cet avenir qui, plus que jamais, s'annonçait incertain.

            *
    [ Nevers - Demeure du Cosaque ]

Vorobeï, en compagnie de son cavalier, avait donc ouvert la route au convoi, et aussi vite qu'ils l'avaient pu, ils avaient finis par rejoindre la demeure de leur hôte. Sous son toit, les enfants avaient été installés, se voyant attribuer une chambre où ils ne manquaient pas de confort. Eunice, elle, s'était installée dans la même pièce qu'eux, souhaitant garder sur chacun des petits un regard constant. De temps en temps, elle se laissait pourtant aller au gré de ses pensées. Quelques songes qui rappelaient là de douloureux vécus. Funestes images où elle se revoyait dire adieu à ses propres enfants.

Presque six années s'étaient écoulées depuis qu'elle avait vu son dernier fils s'éteindre, emporté par une épidémie. Si petit, trop fragile... Il avait malheureusement été victime d'un mal que des soldats, venus d'ailleurs, avaient rapporté des vieux pays. Lui, comme les trois premiers n'avaient pas réchappé au fléau dévastateur qui semblait s'acharner à poursuivre la famille.
Eunice s'en souvenait, comme si tout s'était passé la veille. Il arrivait souvent, comme en de pareilles circonstances, qu'elle revive cette tragique disparition, se revoyant suivre le rituel imposé par les autorités du village qui avaient ordonné une formelle interdiction d'exposer les morts. Aussitôt décédé, son fils avait donc été enveloppé et ficelé dans un drap et, pendant que les autres survivants brûlaient et enterraient tous les effets personnels derrière la grange, elle, avait transporté la dépouille mortelle loin de la maison. Au soir venu, elle avait entendu au loin le son d'une clochette. Nez et bouches cachées dans un foulard à l'intérieur duquel elle avait glissé un morceau de camphre, elle s'en était allée porter le cadavre de son enfant jusqu'au chemin pour y attendre la charrette conduite par deux cochers, tous deux masqués et gantés. Sans aide, elle dû se dépêcher de jeter son mort sur un tas d'autres corps, petits et grands, certains se trouvant déjà en état de putréfaction. Ensuite, en guise d'adieu, elle jetait sur le linceul improvisé quelques pelletées de chaux. C'était là la seule cérémonie funèbre à laquelle il avait eu droit, l'Église lui étant interdite, comme pour toute autre personne morte d'un mal contagieux.
Ainsi, la charrette était repartie, laissant derrière elle une odeur persistante de charogne qui collait à la peau. Au cimetière, les charretiers faisaient basculer pêle-mêle tous ces corps dans une immense fosse commune que quelques volontaires s''empressaient de recouvrir. Le lendemain, on creusait à nouveau, un peu plus loin, une autre fosse, que l'on remplissait sitôt le soir venu, des corps de ceux qui, la veille encore, pleuraient leurs morts avec, aux tripes, la peur bleue du sort que leur réserverait le lendemain.
Elle se souvenait aussi du sentiment de rage qu'elle avait éprouvé à l'encontre de Dieu.

Voilà ce à quoi elle s'était laisser allé à penser, son regard perdu devant les flammes qui se trémoussaient, cela avant que l'on ne frappe à la porte de la chambre. Les chocs contre la porte l'avaient ramené à la réalité. Invitant à entrer, elle avait alors accueilli Torvar, un sourire lui témoignant sa reconnaissance et, quelques instants plus tard, ils s'était retrouvés là, à veiller, à tour de rôle, parfois ensemble, sur le plus touché des deux.
Cette scène, ils l'a répétèrent, cent fois. Même plus.
Depuis l'accident, pas un médecin qu'ils avaient pu rencontrés n'avaient su prodiguer au petit Sandeo les bons soins. Aussi, s'étaient-ils rendus, après plusieurs étapes, en Limousin, là où on leur avait conseillés de se rendre, puisque paraissait-il, il y avait en la Capitale, quelqu'un, qui peut-être, pourrait venir en aide au petit.


            *
    [ Limoges - Cabinet d'un énième médecin ]

C'est donc là, qu'ils avaient été reçus, pénétrant le cabinet dudit médecin à la suite d'une femme, surement là pour oeuvrer à ses services en cas de besoin. Épuisée, la Rosenthals était entrée essayant de se convaincre que cette fois serait la bonne. Voilà qui n'était pas simple pour elle, ses espérances s'amenuisant de jour en jour, avec toujours cette même crainte : devoir faire ses adieux au petit homme qu'elle considérait être comme son fils plus que comme son neveu.

Conduit à l'arrière du cabinet, attendant d'être rejoint par le médecin, Eunice avait pris place assise dans un petit renfoncement de la pièce après que Sandeo eut été alité. Torvar aussi était là, s'occupant d'attendre en effectuant quelques pas. Le silence était étrangement pesant. La Rosenthals entreprit donc de le briser, entamant une nouvelle discussion :

    -" Dites-moi Torvar, vous qui êtes père, avez-vous déjà connu ce terrible malheur qu'est de perdre un enfant ? "

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Gilles Partus, incarné par Eliance


    Limoges
    Cabinet de Gilles Partus

La renommée, ça s'achète. Comme le reste. Vous prenez une bonne grosse bourse, un conteur hors paire qui sillonne les cambrousses alentour et le tour est joué. Pas besoin de talents particuliers. Vous aurez tout le gratin du coin qui défile chez vous et le retour sur investissement ne se fera pas attendre. Parfois, il faut savoir mettre les doigts dans la chair, refouler les nausées à la vue des plaies atrocement ouvertes. Mais il faut avouer qu'au quotidien, ce qui paie le plus, c'est bien Mémère qui vient se plaindre de sa goutte ou de son mal de tête récurrent. À ça, un seul remède : une fiole d'orties ou d'autres composants inutiles et Mémère repart ravie et guérie.

Je ne suis pas un imposteur. Je préfère me décrire intérieurement comme un jouisseur de souffrance et un guérisseur d'âme. Combien repartent soulagés à peine en franchissant le pas de ma porte, sans même avoir bu le contenu de la fiole ? Beaucoup. Et le pire, c'est qu'ils reviennent. C'est donc que je suis utile.

Mon affaire tourne tellement bien que j'ai pu me prendre un bon gros cabinet. Avec plusieurs salles. Et Josette en assistante. C'est elle qui colle de la soupe de ce qu'elle veut dans les fioles. Elle qui réclame les écus. Elle qui distribue les clients entre mes deux cabinets pour les faire patienter. Ainsi, je gagne du temps. Les malades sont installés et je passe d'une salle à l'autre. Bien sûr, personne ne sait ça. Les deux cabinets sont strictement similaires. Il faudrait pas que ça se sache. Et comme je ne récolte pas les écus en personne, les malades n'ont pas l'impression d'être plumés. Tout un art, je vous dis.

Josette vient me faire signe que la salle 2 m'attend. Je délaisse les clients de la salle 1 pour les laisser aux bons soins finaux de Josette. Josette est aimable, Josette est patiente, Josette est souriante et apparemment compatissante. Josette sait leur tirer les écus de la bourse comme personne. Josette est la reyne de l'esbroufe. Je pousse la porte de la salle 2 avec vigueur et m'avance vers les présents en train de faire la papote d'un pas décidé, me frayant un chemin jusqu'à l'enfant allongé. Je les interromps sans vergogne. J'ai pas de temps à perdre.


Excusez-moi, poussez-vous !
Qu'est-ce que je peux faire pour vous, m'ssieur, m'dame.
Il a l'air en pleine santé, c't enfant. Grand, fort, vigoureux !


Toujours complimenter un parent sur son rejeton. Ça l'endort un peu et lui fait tellement plaisir. Et puis à voir le père, ce marmot-là fera pas rigoler les mouettes une fois adulte.
Torvar
Après le repos, Torvar s’était mis en tête d’accompagner Eunice et les petits sur les routes. Il se sentait un peu responsable de ce qu’il leur était arrivé sur les terres bourguignonnes. Et puis l’escorte, il connaissait alors comme la dame s’était mise en tête de trouver un bon médecin pour son neveu, les voilà en route sur les chemins du royaume. Et comme on avait donné quelques noms à Eunice, Torvar ne faisait rien de plus que de se contenter de jouer les gardes du corps… ouvrant les portes, transportant les enfants, les veillant lorsque le cosaque donnait l’ordre à Eunice de prendre du repos avant de tomber… Il gardait à l’esprit le bien être de tout ce petit monde même si lui-même y était étranger... mais de ça il en avait l’habitude… Et puis un jour, on les envoya sur Limoges consulter un éminent praticien… Et le jour j arriva…

Attendant dans le cabinet du fameux praticien, Torvar allait et venait devant la fenêtre, observant les lieux puis la rue à l’extérieur. Il ne se sentait pas à son aise mais lui et les médecins ça faisait douze au moins. Il se soignait lui-même et lorsqu’il fallait recoudre, sa main assurée faisait des miracles… à la guerre comme à la guerre mais là, le petit Sandeo ne parlait plus, se laissait aller et rien n’y faisait… Dommage qu’ils étaient si loin de ses terres natales sinon il aurait fait appel à un chamane, un homme de connaissance et de mystère que tout le monde respectait dans les terres de l’est, là-bas au loin, au-delà de l’oural… mais ils étaient là, au royaume de France, et il fallait faire avec… Donc Torvar porta son regard sur la Rosenthals qui venait de lui poser une question. La fierté dont il faisait preuve se lisait sur chacun de ses traits et même s’il était renfermé, elle ne quittait jamais la personnalité du cosaque. Il respira profondément avant de lui répondre.


- J’ai perdu la plupart de mes enfants… c’est ainsi que va la vie même si ce n’est pas dans l’ordre des choses… les pères ne devraient pas enterrer leurs enfants mais par les temps qui courent… et puis la mort choisit son due, en heure et place… on ne peut rien faire contre ses choix…

Effectivement, la faucheuse avait tendance à faire ce qu’elle voulait. On pouvait repousser quelque chose l’échéance mais ce n’était que pour mieux être fauché plus tard… Au moment où Torvar passait sa main sur sa barbe blanchie, la porte s’ouvrit afin de faire entrer le petit monde dans une autre salle… Se plaçant contre le mur, à côté de la porte, le cosaque observait la bonne femme qui installait Sandeo et réclamer les écus et avant que cette dernière ne quitte la salle, Torvar la chopa par le col et lui tint à peu près ce langage.

- Garde la bourse pas très loin de toi et toi-même dans les parages sinon je serais obligé de venir te chercher…

Les cheveux qui tombaient sur sa nuque s’étaient hérissés et Torvar savait que ça n’allait pas aller en s’améliorant. Les instincts développés durant des années se mettaient en action et là, il n’aimait pas cet endroit, il n’aimait pas la donzelle qui aidait le médecin et quand ce dernier entra, le cosaque plissa les paupières afin de mieux se faire une idée sur l’animal qui se disait médecin. Et les propos qu’il tint firent secouer la tête de Torvar de gauche à droite avec nonchalance. Tandis que le médecin essayait d’embobiner Eunice, le cosaque se détacha du mur, déplia ses bras et sortit son poignard de sa ceinture avant de le planter au bout de la table.

- Soit tu te fous de notre gueule et là je dis que tu as un sérieux problème, soit tu n’y connais rien et tu essaies de nous arnaquer… et là tu as un sérieux problème. Dans tous les cas, tu as un problème et ce problème c’est moi.

Torvar prit le manche de son poignard qui lui venait du pays mongol, légèrement recourbé, finement ouvragé et merveilleusement orné, le jumeau qu’il avait offert à Maryah et fit glisser la lame sur le bois de la table jusqu’à arriver au bout, de lever la main qui ne faisait plus qu’un avec la lame pour venir l’agiter sous le nez du dit soigneur.

- Si tu veux que je t'ouvre les yeux, dis-le tout de suite… on ira voir ailleurs mais rien ne sert à caresser dans le sens du poil les adultes et penche-toi sur le petit…

S’il leur faisait encore un compliment, Torvar tailladerait un peu avant de planter là le charlatan histoire qu’il connaisse lui aussi l’angoisse de mal être soigné.
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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, je ne mords pas.
Eunice.
Le regard porté sur Torvar, elle avait perçu, une fois de plus, sur son visage austère, cette fierté qui n'avait pourtant rien de légitime. Surtout pas lorsqu'il était question d'aborder un sujet tel que la perte d'un enfant, expérience la plus terrible que pouvait vivre des parents. Mais maître de lui en toutes occasions, elle reconnaissait bien là la froideur détachée dont il était capable de faire preuve. Elle voyait en lui, un homme qui, jamais, ne semblait souffrir, ni du chaud, ni du froid. Un homme rationnel qui, parfois, ou comme en l'instant présent, donnait l'impression d'être dénué de sentiments et d'émotions.
Malgré cela, elle savait qu'il n'en était rien. Serait-il encore là autrement ?

Elle n' avait rien rajouté après la réponse qu'il lui avait faite, laissant planer le silence, repensant à ses dernières paroles ; à cette mort fatidique qui frappait qui elle voulait, quand elle le voulait.
Qu'en était-il alors pour le petit Sandeo ? La Faucheuse était-elle à ce point hésitante pour ne l'avoir pas encore emporter ?
Eunice, assise dans son coin, les yeux rivés tantôt sur son neveu, tantôt sur la femme qui semblait préparer la venue du médecin, espérait bien, au plus profond de son être, que cette dernière se rende compte que l'enfant n'était pas la bonne cible dans sa chasse malsaine.

Une nouvelle intervention de la part du Cosaque lui fit reporter son attention sur lui, ainsi que sur celle dont il venait de stopper la course. Attentive à la mise en garde qu'il prononça, la Rosenthals se rendit alors compte de l'empressement dont avait fait preuve la bonne femme pour se voir remettre une bourse pleine d'écus. Un agissement qu'elle jugea bien étrange. Et l'inquiétude ne fit que s'accentuer dès lors qu'elle vu le médecin faire son entrée dans la salle et qu'elle entendit les propos tenus.
Convaincu, c'est ce qu'il avait l'air d'être, jugeant l'état de l'enfant comme étant tout à fait satisfaisant.
Fronçant les sourcils, elle se leva, quittant sa chaise, et cela pour s'approcher de la couche sur laquelle Sandeo avait été allongé, se fichant royalement de l'ordre de se pousser qu'il avait lancé préalablement.

Elle resterait là contre son avis, se tenant prête à sortir l'enfant du lit si cela s'avérait nécessaire. Elle se contenterait de ça, laissant à Torvar le soin de faire comprendre sa douleur au médecin si, d'aventure, celui-ci avait dans l'idée de les berner. Nouvelle mise en garde donc de la part du Cosaque dont la lame s'était soudainement mise à danser sous le nez aquilin, reflétant dans ses mouvements la lumière du jour qu'une croisée laissait entrer. Avait-il comprit la teneur du message ? Mieux valait pour lui.

Eunice qui avait gardé le silence jusqu'alors, estimant elle aussi qu'il était temps que l'on se penche sur l'état de son neveu, poursuivit à la suite de Torvar, une main ayant trouvée sa place sur le front de l'enfant.


    -" Vous avez entendu ce qu'il vient de vous dire... Cessez de jouer la comédie et occupez-vous de lui. Maintenant ! "

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Gilles_partus


Des fois, il vaut mieux y aller avec des pincettes. Je crois que les pincettes, c'est pour maintenant. Des pincettes recouvertes de velours, même, pour être douces et soyeuses au toucher. Ces clients-là ne vont pas être coton. Ils ont pas l'attitude du pigeon consentant. Je vais devoir m'adapter. Je regarde d'un œil indifférent le père, puis son poignard planté dans ma belle table en bois et à nouveau le père.

J'vous prierai de respecter ma table, messire.

Je vais pas me laisser démonter par une brute épaisse. Je vais pas non plus l'emmerder de trop. Faudrait pas que je me retrouve à pisser le sang dans mon propre cabinet. À coup sûr, Josette se ferait la malle avec les écus de la journée. Je reste pourtant stoïque alors que la lame s'agite sous mon nez, me faisant d'abord un peu loucher, je me concentre sur l'agitateur en question.

Votre enfant, même malade, est de forte constitution. C'est une simple constatation.
Pensez bien que je connais mon métier. S'il n'était pas robuste, il aurait sans doute déjà poussé son dernier soupire.


Deux de mes doigts repoussent lentement la lame, délicatement, incitant la brute épaisse à ranger son attirail. S'il voit que je flippe, je suis un homme mort. S'il voit que je soigne aussi bien les enfants que je suis honnête, je suis un homme mort. Il ne me reste plus beaucoup de vies...

Si vous permettez...

La bougresse semble inquiète, je lui fais donc un bout de ma panoplie rassurante.

Croyez bien que je vais faire mon possible, Madame.


Un regard assuré lui est adressé avant que mes yeux courent sur le corps de l'enfant. Pour sûr que je vais faire mon possible, c'est-à-dire rien ! Que voulez-vous que je fasse à un gamin qui dort et refuse de se réveiller ?! Il faut pas être un génie pour deviner que c'est bien ça le fond du problème. Devant d'autres parents, je lui aurais flanqué une bonne paire de baffes, au beau au bois dormant. Je ne sais pas pourquoi, mais ce coup-ci, je m'abstiens et cherche une autre méthode.

Mes doigts viennent soulever les paupières du petit et j'examine ce qu'il y a en dessous. Du moins, je fais semblant. Je sais pas bien ce qu'il faut y voir, dans ces pupilles endormies, mais cette technique fonctionne d'ordinaire bien et me fait passer pour un médecin sérieux. J'ai copié sur des (vrais) collègues que j'ai pu évaluer en action. « hm... » Ensuite, allez savoir pourquoi, je lui ouvre la bouche et examine avec la même attention son intérieur. La tête du gamin est tournée d'un côté, puis de l'autre. « hm... »

Je commence à être à court de choses à faire. Je palpe le ventre, tiens. C'est bien, ça palper. Et tout en palpant, je regarde le plafond. Ça donne un air de concentration suprême. « hm... » Chaque examen est ponctué par un petit son guttural. C'est fait exprès. Ça prouve ma réflexion et mon attention. Je fais le tour de la table, me retrouve du même côté de la mère. Elle peut pas le lâcher, son morveux ? Il dort, il va pas s'envoler !

Pardon, Dame, je vais vous demander de vous écarter un instant, si vous le voulez bien.

Un petit sourire poli et je m'insinue entre elle et son enfant, la contraignant à s'écarter d'elle-même d'au moins un pas en arrière. Cette fois, je me penche sur l'enfant pour écouter son cœur. « hm... » Je remonte mon oreille jusqu'à la bouche de l'endormi et laisse son souffle caresser ma joue. « hm... » Je ne vois pas ce que je pourrais examiner d'autre. Je suis à cours d'idées. Mais si je leur avoue, le père me tranche la gorge, voire me coupe une main pour que je souffre. Hors de question.

Je passe mes deux mains sous le corps de l'enfant et tente de le faire pivoter sur le côté. Examiner le dos me semble bien. Je l'ai pas encore fait. Sauf que d'habitude, dans la manœuvre, l'enfant est éveillé et retient de lui-même son corps, le stabilisant sur le côté. Là, il se contente de rouler entièrement et de retomber de l'autre côté de la table. J'ai bien tendu un bras pour le retenir, mais... trop tard.

Oups...

C'est le moment où si je veux rester en vie, je dois fuir. Mais fuir de son propre cabinet semble impossible, surtout face à la brute épaisse que voilà. Il faudra que je songe à consulter à domicile. Ça laisse davantage d'échappatoire. Je me contente de regarder le père, les bras ballants, prêt à mourir. Ainsi soit-il.
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