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[RP] Une vie... une quête.

Torvar
Les godets se succédèrent dans un silence pesant que Torvar affectionnait. S’il s’installait c’est qu’il le désirait parce qu’il était ainsi l’homme de l’est, froid et rêche comme son pays, comme les hommes de là-bas, comme le climat qui l’avait façonné à son image. Il était ainsi et il se plaisait comme ça. Pourtant l’enfant qui sommeillait en elle ne lâcha pas prise et à peine remise de sa surprise de voir ce père lui ouvrir la porte que déjà elle l’assommait de questions… Alors le cosaque se tut encore plus, se murant dans ces instants rien qu’à lui, qui faisait que seule sa mémoire fonctionnait encore tandis que son corps semblait éteint… mais les mots de Catnys le ramenèrent à nouveau au présent alors il glissa à nouveau son regard sur elle tout en s’approchant enfin de la cheminée.

Ses gestes se firent lents mais précis, il attrapa sa pipe qu’il bourra de ses herbes ramenées par Matveï la dernière fois qu’il l’a vu puis sa main plongea dans la cheminée afin d’en sortir une brindille enflammée qui vint plonger dans le creux de la pipe… quelques bouffées sortirent enfin de la bouche du cosaque avant qu’il ne laisse enfin sa voix sortir de sa gorge.


- Tu as une amie pour qui tu comptes apparemment mais qui se mêle de ce qui ne la regarde pas… sache que si j’avais tenu à ne pas t’ouvrir ma porte, qu’elle m’écrive pour me demander le contraire n’avait pour moi aucune importance… je fais ce que je veux quand je le veux, qu’on se le dise. Si elle pense pouvoir influer sur un homme tel que moi…. Pauvre fille qu’elle est…

Le rire rauque de Torvar emplit soudainement la pièce tandis que de sa main libre il cherchait le godet de gorsalka afin de le remplir à nouveau.

- Tu n’es pas la première à te présenter comme ma fille… et même si vous êtes complètement différentes, je n’agis pas différemment… j’observe, je juge, j’avise… pour le moment, je suis disposé à te répondre… dans la mesure du possible…

Il inspira profondément ce qui eu pour effet de le rendre encore plus imposant. Son pied vint se caler contre la margelle de la cheminée alors qu’il posait son verre sur le manteau de celle-ci. Enfin il se retourna pour faire face à Catnys.

- Mais peu importe tes amis, je m’en fous à vrai dire… tu n’es pas là pour que je m’explique avec elle ou que je leur donne l’absolution pour leur soi-disant « bonnes actions », tu es là pour comprendre qui tu es et pourquoi on t’a tenu à l’écart de ma vie…

Prenant une pause, Torvar choisit ses mots pour ne pas la blesser mais il était hors de question pour lui de travestir la vérité. Chaque acte avait toujours été assumé dans sa vie, celui-ci autant que les autres.

- Je n’ai appris ton existence qu’il y a quelques années. Ta mère avait fais le choix de ne rien dire, je respecte sa décision. Elle avait une bonne raison de le faire, elle a tenue à nous l’imposer… qu’il en soit ainsi… on ne peut revenir en arrière. Tu as grandi sans moi, une enfance ne se rattrape pas. Il te faut te construire avec le fait que ton père est en vie ou faire comme si je n’existais pas. Mais autant que tu saches de suite que je ne suis pas homme à t’offrir ce qu’il t’a manqué. Ne me demande pas de te câliner ou de t’apporter de l’affection, c’est une chose rare que je manie avec parcimonie. Je ne te prendrais pas dans mes bras sous prétexte que tu es ma fille…. Un jour peut être… ou pas. Il ne faut pas te leurrer et attendre ce qui n’arrivera sans doute jamais.

Dure serait la chute si cette demoiselle attendait de Torvar un geste affectif. Pour Apollina qu’il avait pourtant élevée les premières années de sa vie, il lui avait offert la souffrance de verser son propre sang afin qu’elle sache que c’était le même qui coulait dans leur veine mais aussi qu’il fallait faire des sacrifices dans la vie pour grandir. Avec Catnys, il ne le ferait pas. Entre eux, aucune mort, juste des non-dits qui avaient empêché la jeune fille de connaitre son père. Mais ni l’un ni l’autre n’étaient responsable de quoi que ce soit. Torvar finit par poser ses fesses sur la margelle de la cheminée tout en restant droit, le regard rivé au loin.

- Ta mère avait ses raisons qui n’étaient pas mauvaises à mon humble avis. Je ne suis pas quelqu’un de vraiment fréquentable et ta vie aurait été rapidement mise en danger si elle t’avait révélé qui j’étais. Et puis, il me semble que tu n’as manqué de rien, qu’elle t’a donné un père malgré tout alors pourquoi venir aujourd’hui ? Pourquoi lui faire des reproches alors qu’elle a tout fait pour que ta vie prenne une belle destinée ?

La curiosité était sincère chez le cosaque. Rosaline s’était mariée afin de donner un père à Catnys alors pourquoi lui en vouloir ? Peu importait qui élevait un enfant du moment qu’il le faisait avec dignité. Torvar, lui, n’aurait pas su lui donner ce qu’elle demandait. Sa vie était trop chaotique et la gamine aurait sans doute finie comme son autre famille… morte un beau matin alors qu’il n’était pas là pour la protéger… une vie de mercenaire ça n’est pas fait pour avoir une famille, quoi qu’on en dise !
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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, je ne mords pas.
--Ana


    « ... tu vas rester ici... »
C'est ça, ouais... Comptes-y et boit de l'eau ! Tu penses réellement que je vais te laisser m'abandonner encore ? Non ! Jamais !
Tout ça, je l'ai pas dit. En vrai, j'ai fermé ma bouche. Je me suis contenté d'un petit... Oui, Cat... qui a fait son petit effet. Les gosses de l'aubergiste, ils ont des jeux débiles. Et puis j'aime plus jouer. Si je joue, je perds Maman. Et j'aime pas la perdre. Je dois savoir où elle est. Si je joue pas, je peux la suivre partout. C'est ma décision depuis qu'elle est venue me chercher chez Claude. Ne plus la quitter d'une semelle de chausse. C'est ma mission. Ça et être sage. Parfois, c'est dur. Parfois, mes deux missions s'opposent. Comme là. Comment être sage et obéir tout en la gardant à l’œil ? Pas possible. Je le sais. Alors tant pis. J'ai décidé que je serais pas sage. Je vais désobéir. Je fais semblant de jouer avec les mioches idiots de l'aubergiste, le temps qu'elle tourne les talons. Le temps aussi, que je m'isole, l'air de rien.

J'vais faire pipi !


J'ai pas trouvé mieux... sur le moment. Mais ça marche, je peux m'éloigner de l'auberge, un peu, sans qu'on me surveille. Et puis je me mets à courir pour la rattraper. Quand j'aperçois son ombre, je marche. Je dois pas me faire remarquer. Des fois, j'ai peur qu'elle se retourne, alors je m'étale pas terre. Si elle me voit, elle me gronde, c'est sûr ! Maman, elle est gentille, mais faut pas lui désobéir, ça non. Oh, et puis faut que j'arrête de l'appeler comme ça. Si un jour ça sort, elle me tue ! Cat... ma sœur. Mais tellement plus en vrai. Cat... Cat... Cat... ne plus l'appeler Maman... Cat ma sœur. Cat ma sœur. Cat... sœur...
Elle marche vite. Je fais du mieux que je peux pour la suivre à distance. Elle arrive à une ferme. Je me cache derrière un arbre et je me mets à trembler quand j'entends le chien aboyer. J'ai peur du vent, mais je découvre à l'instant que j'ai aussi peur des chiens et puis d'être toute seule, aussi. Ce que ça fiche la frousse... Je ferme les yeux et je compte à voix basse les secondes pour essayer de me rassurer.

... 3... 11... 14... 20... 21... 38... 40.


40 secondes et je réouvre les yeux. J'ai presque plus peur. Je sors un peu de derrière mon arbre et je regarde la ferme. Maman est plus là ! La panique me reprend. Je me mets à courir dans tous les sens. Je la cherche. Je dois la trouver. Désobéir, c'est déjà grave, mais se perdre... Ouille, ouille, la rouste que je vais me prendre... À force de courir n'importe comment je me retrouve près de la ferme. Je suis dans la cour. Je lève le nez pour voir le haut du mur. C'est haut. Impressionnant. C'est joli, aussi. Et puis j'entends une grosse voix.

J'ai peur et je vais me cacher contre le mur, sous une fenêtre. Mais la voix est plus forte, comme si elle me suivait. Alors je me relève, je me retourne et là, je vois par la fenêtre... un homme ! Immense ! Maman est là aussi. Ils parlent. Je me fais petite et discrète et observe dans un coin du carreau pas très propre. Maman et le type immense causent ensemble. Je retiens ma respiration. Je vois que le type immense. Il a une grosse voix qu'on dirait qu'elle va faire trembler les murs de la maison. Et puis il parle drôlement, aussi. Je reste sans voix.
Il fait froid. Mais je sens rien. Ils parlent, mais j'entends rien. Je suis obnubilée par ce type immense, quand je sens un souffle chaud sur ma joue. Ma tête tourne lentement et je me retrouve nez-à-nez avec une truffe énorme ! Je ferme les yeux et je hurle. Un cri long, aigu et strident.
Catnys
Il la garde encore un peu dans le silence, et s’approche de la cheminée près de laquelle elle est elle même assise. Catnys ne le quitte pas des yeux, ne se dérobe plus à son regard non plus. Lui debout, elle assise, bon sang que l’homme est impressionnant, il la domine de toute sa stature, et elle sait qu’il gardera la main en maître du jeu. Soumise à sa volonté, pour elle qui a tant de mal à se plier aux désirs de l’autre, la situation lui parait inconfortable, mais c’est trop tard, elle a déjà montré trop d’émotions pour reprendre la main, elle sait qu’elle n’aurait pas dû lâcher la garde, mettre de la distance à ses sentiments contradictoires. Elle l’observe bourrer sa pipe, l’allumer, le geste est sûr, l’odeur lui chatouille la narine, elle s’en empreigne, qui sait ce sera peut être le seul lien qui la rattachera à son père lorsqu’elle aura quitté les lieux. Alors que d’autres s’attachent à un objet, ou encore une ville qui empêchent d'oublier, pour elle ce sera cette odeur qui lui rappellera son père au détour d’un rencontre d’un fumeur de pipe.
Il ouvre enfin la bouche, Cat ne s’attarde peu le passage de l’amie bien intentionnée, elle a compris de qui il parle, et n’en justifiera rien. Elle se pense suffisament avisée pour juger d’elle même de l’intention ou l’attention qui lui a été portée. Lorsqu’il décide de lui parler d’eux, sa voix rocailleuse lui confirme ses pensées, elle est trop dans l’émotion de ses retrouvailles, et les antennes de l’homme sonnant l’alerte se sont mises en branle. Une vilaine vibration l’envahit, dans sa tête une bourdonnement confus, la rousse s’en veut de s’être montrée si vulnérable, ça ne lui ressemble pourtant pas tant que ça, elle s’en veut aussi d’avoir trop réveiller à son goût et au sien, l’enfant blessée...



- Je n’ai appris ton existence qu’il y a quelques années. Ta mère avait fais le choix de ne rien dire, je respecte sa décision. Elle avait une bonne raison de le faire, elle a tenue à nous l’imposer… qu’il en soit ainsi… on ne peut revenir en arrière. Tu as grandi sans moi, une enfance ne se rattrape pas. Il te faut te construire avec le fait que ton père est en vie ou faire comme si je n’existais pas. Mais autant que tu saches de suite que je ne suis pas homme à t’offrir ce qu’il t’a manqué. Ne me demande pas de te câliner ou de t’apporter de l’affection, c’est une chose rare que je manie avec parcimonie. Je ne te prendrais pas dans mes bras sous prétexte que tu es ma fille…. Un jour peut être… ou pas. Il ne faut pas te leurrer et attendre ce qui n’arrivera sans doute jamais.


Si elle reste silencieuse, elle ne peut s’empêcher de réagir à ses mots, son corps se crispe par moment, et montre un peu d’impatience. D’où a t-il été chercher qu’elle veut de l’affection et des câlins? Un regard pour son godet rempli de lait, et sur sa position d’enfant sagement assise sur une chaise au près de la cheminée. Il l’a mise et elle a accepté cette position celle de l’enfant qui vient chercher de l’affection, la protection. Elle bouillonne de s’être mise elle même dans ce piège.


- Ta mère avait ses raisons qui n’étaient pas mauvaises à mon humble avis. Je ne suis pas quelqu’un de vraiment fréquentable et ta vie aurait été rapidement mise en danger si elle t’avait révélé qui j’étais. Et puis, il me semble que tu n’as manqué de rien, qu’elle t’a donné un père malgré tout alors pourquoi venir aujourd’hui ? Pourquoi lui faire des reproches alors qu’elle a tout fait pour que ta vie prenne une belle destinée ?

Elle sourit alors en coin, pas d’un sourire attendrissant ou charmeur, non, plutôt du genre empli d’amertume, envers sa mère, envers lui. Catnys se dit qu’il a une idée toute faite de ce qu’a pû être sa vie, sa vérité à lui qui lui permet de justifier qu’il n’ait pas essayé de la rechercher.
Elle ne sait s’il est judicieux de lui répondre, et comment, sans risquer de l’apitoyer, elle détesterait cela. Elle devrait se demander pourquoi il met tant de distances, tant de détachement, se demander aussi pourquoi il lui balance cette injonction que le lien affectif n’existera sans doute jamais entre eux mais les paroles vont plus vite que la pensée, sans plus y réfléchir elle se lance, impétueuse.

« Elle a essayé... Fréquentable ou pas, elle n’avait pas le droit de me le cacher, de m’empêcher de vous connaitre et faire mes propres choix, m’obliger à cette vie rangée que je détestais et dans laquelle elle s’est enfermée, au point de s’en étouffer. Le danger, les risques, si elle voulait m’en protégée, elle a échoué en m’abandonnant à son tour. Parce que depuis je ne vis que par cela.»
Ses yeux pétillent de cette fièvre qu’il l’a envahit subitement à l’écoute de celui qui lui fait face.

« Elle ne m’a pas donné un père, non, elle a épousé cet homme pour s’assurer une sécurité, mais il y avait une contre partie, lui donner un fils. Chose qu’elle n a pas su faire... Il me voyait comme un fardeau, la preuve du peu de valeur de ma mère, et l’a consideré ainsi lorsqu’il s’est rendu compte qu’il n’aurait pas de fils à la naissance d’Anna. Je crois que c’est aussi c’est ce qui l’a tué à petit feu. Mais c’est sans doute là, le lot de beaucoup de femmes, se plier aux attentes des hommes, sans en recevoir la considération. C’est peut être aussi ce qu’elle a craint pour vous refuser la vérité.»


Elle va trop loin, elle le sait, il lui faut retrouver son calme, pour ne pas prendre le risque de gâcher ce qui n’a pas encore commencé, et sur un ton plus doux , plus posé.

« Quand à nous, rassurez vous, je ne grimperai pas sur vos genoux en quémandant des calins...» elle aimerait que l’amertume s’efface de ses traits, mais ne sait si elle y parvient vraiment « Je ne suis plus une enfant, c’est peut être ce que vous me reprochez aujourd hui, je n’ai pas ce besoin vital que l’on me protège, j’ai appris à le faire seule, mais j’aimerais pouvoir me dire que j’appartiens à une famille, que je viens de quelque part...et de temps en temps quand je ne sais plus où je dois aller, me dire que vous êtes là, prêt à m’accueillir, parce ce que je suis de votre chair, votre sang. Tout comme si vous avez besoin de quelqu’un près de vous je peux être là.» Elle hausse un peu les épaules, jette un regard sur les crépitements apaisants, rassurants du feu, le ton plus bas « Je ne vous demande pas de rattraper le temps perdu, et tout ce que cela implique, mais de faire partie de ma vie, et peut être qu'un jour vous serez bien content d'avoir une fille près de vous... Mais sans doute est ce déjà trop demandé»
Elle ne peut pas lui dire, pas encore qu'il ne s'agit pas que d'elle, que de lui, elle pense aussi à Anna, qu'elle doit protéger, si elle ne lui demandera rien à ce propos, elle se sentirait pourtant moins seule face à cette responsabilité qu' elle s'est imposée il y a fort déjà fort longtemps...
Torvar
- Ne parle pas de ta mère comme ça ! Ne lui manque pas de respect après tout ce qu’elle a fait pour toi !

Les mots avaient fusé dans la bouche du cosaque sur un ton qui n'admettait aucune réplique. Peu importait ce que la jolie rousse dont il gardait le précieux souvenir dans sa mémoire avait dit, fait, écrit, cela appartenait au passé et depuis, de l’eau avait coulé sous le pont et elle n’était plus là pour se défendre. Il était facile de lui jeter la pierre mais Catnys devait comprendre qu’une femme, seule avec un enfant, était une triste vie. On traitait ces femmes-là de la pire des manières qui puisse être alors jamais, ô grand jamais il ne trouverait à redire. Lui-même avait eu mal quand il avait su pour sa fille mais ce n’était plus le temps de se disputer à propos des choix faits à cette époque… Rosaline n’était plus là pour leur raconter… le cosaque releva la tête pour observer cet enfant qui était le portrait craché de celle qu’il avait aimé le temps de quelques nuits, de quelques instants magiques dont le souvenir venait encore parfois le prendre à bras le corps lorsque la nostalgie l’envahissait. Inspirant profondément, il chercha ses mots, ceux qui ne sont pas haineux mais compréhensifs, ceux qui comprennent sans médire.

- Ta mère a fait au mieux avec les cartes qu’elle avait en mains. Sache que si elle avait osé venir me trouver, j’aurais trouvé une solution… peut être pas la meilleure pour elle, pour toi, pour moi, mais j’aurais fais au mieux… cela n’a pas été fait, elle a préféré te mettre à l’abri dans un refuge qu’elle s’imaginait meilleur… il devait l’être à ses yeux… ma vie était faite de sang, de mort et de guerre… je n’aurais pas pu assurer votre sécurité ou vous permettre de vivre convenablement… l’un dans l’autre, elle t’a protégée et permis de devenir une belle jeune fille qui a du caractère et qui sait se défendre… même au point de risquer sa vie pour savoir à quoi ressemble un illustre inconnu…

Le godet de Torvar fut rempli à nouveau et vidé dans la minute qui suivait. Il fallait bien des remontants pour faire face à ce passé qui ressurgissait devant ses yeux. Ses filles avaient le chic de venir le trouver pour s’expliquer… elles ne pouvaient pas venir jusqu’à lui sans vouloir comprendre ce qui n’avait pas été vécu et surtout ce dont il n’avait pas les réponses ? Soupirant légèrement, Torvar leva la tête fièrement.

- Je ne te reproche rien. Tu serais nouveau né ou plus vieille, j’agirais de la même manière. Je n’ai pas besoin d’enfant à tout prix, j’ai mis une croix sur cette partie de moi qui aurait aimé être père et jouer son rôle dans une vie bien rangée… mon destin était autre… mais je comprends que tu puisses avoir le besoin de savoir qui tu es, de qui tu tiens, qui es ce père qui n’a jamais fait l’effort de te chercher ni même vouloir te rencontrer… c’est un mal nécessaire pour chacun d’entre nous et je ne saurais pas par où commencer… t’aider c’est me raconter et il y a des choses dont je ne suis pas certain d’avoir envie que tu en prennes connaissance… mais je peux au moins de dire quels sont mes origines…

Et au moment où le cosaque faisait une faveur à cette fille qui lui tombait du ciel, un cri retentit dans la cour. Les jappements du chien l’alertèrent et déjà, les grandes enjambées de Torvar le menaient à la porte qu’il ouvrit à grande volée pour se pointer à l’extérieur de la maison. Et c’est là qu’il découvrit la gamine, morte de frayeur devant un Raspoutine content de sa prise. Alors les ordres fusèrent dans cette langue dure et râpeuse ce qui eut pour effet de calmer le gros chien qui se posa sur son arrière train fièrement en attendant qu’on lui donne un ordre contraire.

- Dégage Raspoutine, va chercher un lapin… Maint’nant !

Et le cosaque s’approcha de l’enfant qui avait toujours les yeux fermés. S’accroupissant afin de se mettre à sa hauteur, il passa ses bras autour du corps frêle et transi de froid avant de la porter dans ses bras.

- Et nous avons quoi là ?

Se tournant vers sa rousse de fille, il pénétra dans la maisonnée chaleureuse dont les buches craquaient dans la cheminée. Appréciant la tiédeur de la pièce, il continuait à tenir la petite chose du bout de ses vêtements comme un vulgaire sac à patates.

- Catnys aurais-tu laissé un paquet à l’extérieur en attendant de savoir si j’allais te bouffer toute crue ou si j’allais t’inviter à t’installer ?

Les choses semblaient lui échapper et Torvar sentait que tout ceci allait se compliquer sans qu’il ne puisse faire grand-chose mais les regardant tour à tour, il ne pouvait les mettre dehors alors que l’hiver s’installait et qu’aucun foyer n’était le leur. Parce que au regard de ce qu’il voyait, les deux filles se ressemblaient et il devinait leur lien de parenté. Et même si la mini rousse n’était pas de lui, il n’allait pas la jeter aux ordures et garder seulement l’ainée. S’il avait commis des erreurs avec Apollina, il essaierait de ne pas recommencer avec Catnys. Et alors que du pied le cosaque refermait la porte, le vent s’éleva au-dehors tandis qu’un vent de changement, lui, venait de se répandre dans la vie du cosaque.
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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, je ne mords pas.
Catnys
Le ton monte brutalement, la rousse se redresse sur sa chaise et le fixe sans sourciller, elle se confronte dignement à la colère qu’elle a soulevé, et ne peut que l’écouter comme une enfant que l’on réprimande. Malgré elle, sa tête se baisse lorsque, d’une certaine manière, il excuse celle qui l’a élevée, elle sait qu’il a raison, mais ne peut se résoudre encore à lui pardonner.
Des semaines qu’elle a découvert le secret, elle n’a pas eu d’autre choix que d’aller au bout de cette quête, pourtant ce père devant elle, ne lui permet pas encore de digérer ces choses cachées.

Elle sait qu’elle devrait laisser le passé derrière elle, aller de l’avant, c’est chaque jour ce qui la motive, mais en l’instant, elle n’y arrive pas sans doute pour éviter d’imaginer ou espérer une vie près de lui, et éviter aussi d’éventuelles déceptions, même si abandon et déception ne font que jalonner sa vie, et quelle y prend une certaine habitude.

Elle ne répond donc rien, qu’aurait elle pu répondre d’ailleurs, puis la colère retombe, le ton change de nouveau, plus posé cette fois, plus conciliant aussi, elle le regarde de nouveau alors qu’il lui propose de se raconter. Il réussit à capter toute son attention, sans grande difficulté, car déjà la rousse est fasciné par la prestance de cet homme, elle se sent avide de savoir, de le découvrir, peut être aussi se reconnaître. Toute en retenue, mais pourtant heureuse ce qu’il lui offre, elle hoche doucement la tête approuvant l’idée. La chaleur du foyer se fait sentir, les tremblements qui l’animaient à son arrivée ont disparu, elle se cale contre le dossier de sa chaise, prête à entendre. Mais c’est sans compter sur les aléas de la vie, au moment où il se décide à se livrer les aboiements du chien et des cris stridents l’interrompent subitement, les épaules de la rouquine retombent dans un soupir... il lui échappe une nouvelle fois. Elle s’affaisse sur sa chaise s’intéressant peu à ce qui se passe dehors, ruminant sa frustration, en attendant son retour.

Elle se redresse avec vivacité, le voyant dans l’encadrement de la porte Torvar «un paquet» dans les bras. Le contre-jour l’empêche de distinguer formellement ce qu’il porte si aisément, mais l’allusion et les bottes de cuir flambant neuves ne laisse aucun doute sur l’identité de l’enfant. D’un bond elle se lève, et le débarrasse de la môme, sans doute trop vivement, et retourne près du feu, frictionnant la petite, avec la juste énergie pour la réchauffer rapidement et la délicatesse maternante. Se faisant, elle réalise sa réaction vive, simple réflexe en fait, elle ne laisse que peu de personnes s’approcher d’Anna, encore moins les hommes, la voir dans ces bras puissants a réveillé son instinct de survie, pourtant totalement infondé dans cette demeure où elle a jusque là reçu bon accueil. La gamine sur ses genoux, la rousse se met à la sermonner entre ses dents
« Pourquoi tu m’as suivi? Je t’avais demandé de rester à l’auberge... Tu ne peux pas obéir ?»
Elle est surtout agacée que la conversation soit interrompue par l'entrée en scène. Elle ne reste jamais bien longtemps sur le devant de la scène, souvent elle tient le second rôle,et jusque là cela lui convient parfaitement, mais aujourd’hui c’est différent.

La gamine est là, et comme toujours, Catnys ne sait pas lui en vouloir bien longtemps, d’autant qu’elle sait que son agacement vient plus du fait qu’elle ne sera plus seule à capter l’attention de son père, mais il s’agit là de sa soeur, elle ravale bien vite son ressentiment, et tout bien considéré, il lui parait naturel qu’elle soit là, et qu’elles partagent ensembles ce moment. Elle fait se retourner la fillette sur ses genoux, et prend ses joues entre ses mains avec tendresse, yeux dans les yeux de cette façon bien à elles de se parler, un fin sourire

« T’es bien comme ta soeur, prête à braver les interdits... Tu sais Anna que s’il t’arrivait...»

Les mots se meurent sur les lèvres de la rousse, taisant l’indicible, elle ne doute pas que l’enfant a compris, et la serre doucement dans ses bras.

Catnys lève alors les yeux vers Torvar, tout en attrapant son godet de lait posé plus tôt pour le proposer à Anna.

« C’est Anna... ma soeur... Je l’avais laissé à l’aubergiste, une femme bonne, avec une tripoté d’enfants, je pensais qu’elle saurait gardé un oeil sur elle...je devrais savoir qu'on ne peut se fier à personne»


S'agissant d' Anna , elle se sent toujours le besoin de se justifier, cette fois c'est son manque de vigilance malgré ses précautions, mais c'est souvent sur les choix de vie qu'elle fait pour elles, sur sa manière de la nourrir ou la vétir. Ces derniers temps d'ailleurs, la petite l'inquiète, elle ne mange pas autant qu'auparavant et elle la sent plus taciturne. Et en semblant d’excuse :

« Je ne voulais pas vous imposer sa présence, la mienne suffit largement... et je ne savais pas comment vous réagiriez après tout ce temps.»

Elle s’apprête à lui proposer de reprendre le chemin de l’auberge alors que ses dernières paroles lui reviennent à l’esprit, hésitante pas très sure d’avoir bien entendu, compris
« Vous...Vous seriez d’accord pour que nous nous installions quelques temps ici ?»

Le regard est plus insistant, suspendu à ses lèvres en espérant la réponse attendue, espérée. Elle aimerait rester, et mettre à profit ce temps. Elle prend pourtant le risque de lui donner l’excuse de refuser, une nouvelle fois lui laissant les cartes en main.

« Nous pouvons encore loger à l’auberge, je ne veux pas vous obliger ...»

Un nouveau problème allait surement surgir, si Anna est là, son chien, Thor toujours sur leurs talons, n'allait surement pas tarder à se manifester lui aussi,le plus tard serait le mieux pour éviter tout accroc avec Rapoutine et alimenter une éventuelle mauvaise humeur, il lui semble qu'à ce moment ce serait une bien mauvaise idée, sa présence et celle d' Anna devait suffisament chambouler le quotidien de Torvar.
Ana


Je hurle encore. J'ai peur. Mais le méchant chien aboie plus. C'est l'homme immense qui aboie maintenant. Et ça, c'est tellement encore plus effrayant que j'en arrête de crier et j’entrouvre un œil. Juste un. Pour voir comment je vais mourir. L'homme immense s'approche. Il me touche... il me soulève ! J'ai envie de pleurer, de hurler, de me sauver. Mais j'ai bien trop peur pour ça. Alors je bouge pas. Je sais pas pourquoi, j'arrive à rien faire. J'ai les larmes qui coulent, mais je pleure pas comme d'habitude. D'habitude, ça fait du bruit. D'habitude, je pleure aussi avec la bouche. Mais d'habitude, y a aucun ogre qui m'enlève pour me faire cuir, non plus.

Et puis, quand j'ouvre à nouveau les yeux, Maman est là. Et elle me gronde. Déjà. Est-ce qu'elle se rend compte que j'ai failli me faire dévorer par un ogre ?! Comme excuse, je trouve rien d'autre qu'un... J'ai eu peur... toute seule... Ça a l'air de passer. Elle me réchauffe en frottant ses mains. Et ça, ça fait du bien. Et puis sur ses genoux, l'ogre viendra plus. J'en suis certaine. C'est ce qu'elle me dit, quand elle mange mes yeux. On fait souvent ça, se manger les yeux. Claude, elle dit que ça veut dire qu'on est sœurs. Moi, je crois qu'on peut manger les yeux à pleins de gens, si ils veulent bien et si ils sont gentils.

Je bois le lait qu'elle me donne. J'obéis bien, maintenant. Je vais devoir me tenir à carreau pendant un paquet de jour. Sinon, elle me laissera encore. Et puis elle se met à parler. Mais pas à moi. Non, elle parle DE moi. Mais à qui ? Je tourne la tête et là, je vois... l'ogre ! Il est là. Je suis sûr qu'il attend que Maman tourne la tête pour me mettre au feu ! J'ai la trouille ! Pourquoi Maman vient voir un ogre ! J'enfonce vite fait ma tête contre ses frusques. Ça sent bon elle. Je vois plus l'ogre. J'ai presque plus peur...
Torvar
Le regard du cosaque allait et venait d’une fille à l’autre. Si l’une était de lui pouvait-il refuser sa demeure à la seconde ? Et qui était si jeune en plus… Non franchement Torvar ne se sentait pas d’humeur à supporter les gérémiades d’une gamine mais il n’était pas pour autant un criminel sans raisons. A chaque fois qu’il avait ôté la vie, cela avait été sur décision justifiée à ses yeux donc la miniature aurait la vie sauve… pour le moment. Et devant le regard de la plus jeune qui semblait le considérer comme un monstre, Torvar tourna les talons pour se rendre dans la chambre de Percy y prendre une couverture sur le lit que le cosaque avait acheté pour le gamin quand ce dernier était là. Un instant de flottement dans l’esprit du loup des steppes, un regard sur ce lit où il y a quelques mois dormait un petit garçon tandis que lui n’avait que des filles… petit pincement au cœur… à son âge, il devrait faire avec. Son fils à lui était … mort, porté disparu avec sa mère… c’était mieux ainsi finalement et maintenant il fallait qu’il admette cette progéniture à lui pour mieux l’aider. Après tout, jamais il ne s’était occupé de ses enfants alors aujourd’hui, il était peut être temps de changer… du moins un peu.

Revenant dans la grande pièce, Torvar tendit la couverture à sa fille afin qu’elle enveloppe sa sœur. Puis d’un pas lent, il alla servir un nouveau gobelet de lait qu’il mit sur la margelle près du feu histoire de le réchauffer et d’y mettre une cuillerée de miel. Sortant du pain, du fromage ainsi que du miel, il disposa tout ceci sur la table dans un silence pesant. Il lui fallait trouver les mots, chercher à ne pas leur faire peur tout en étant persuasif. Il se retourna puis montra la table du revers de la main.


- Si la p’tite a faim… ça lui fera du bien. Il fait froid à cette période de l’année et Dieu seul sait depuis quand elle est là à nous espionner… Tu ne lui as pas dis ce que tu venais faire ici ?

Le géant de l’est attendait une réponse qui, il le savait, serait négative. Fallait pas être sorcier pour savoir que Catnys était comme lui, secrète et énigmatique. Un coup d’œil à cette dernière confirmait son impression… C’était bien sa fille ! Fichue personnalité. Heureusement pour elle, elle avait hérité de la beauté de sa mère, elle était sauvée de ce côté-là. Revenant vers l’âtre qui crépitait doucement, il prit le godet de lait qui avait tiédi et le tendit à Anna.

- Bois ça te fera du bien…

Inspirant profondément, Torvar laissa sa main se porter sur la tête de la miniature et lui caressa doucement la chevelure avant de retirer ses doigts qui semblaient s’être brûlés par une quelconque chaleur… Enfin ses billes d’acier vinrent se planter dans les mirettes de Catnys.

- Tu peux rester là avec ta sœur mais il n’y a qu’une chambre pour vous deux. Toutefois, le lit est assez grand pour vous y accueillir toutes les deux. Ça t’évitera de dépenser tes écus à l’auberge du coin. Par les temps qui courent, un écu reste un écu et il est mieux dans ta poche que dans celle de la tavernière qui te servira une bouffe infecte et te prendra plus que nécessaire. Toutefois….


Le cosaque hésita avant de reprendre sur un ton ferme et sans appel.

- Il faudra faire des corvées. Ici, quand quelqu’un vient, il met la main à la pâte. Il y a les chèvres de Percy à s’occuper et quelques poules a qui il faut rendre visite tous les matins et soirs pour voir si elles ont pondu pendant que je m’occupe des chevaux. Sans oublier de faire votre chambre. Je n’entrerais pas dans votre domaine… passé cette porte – et le cosaque montra celle du fond de la pièce derrière laquelle se cachait la chambre accordée – ça se passe ici. On fait à manger et on y vit donc on garde les lieux propres… Quant à Raspoutine lui il s’occupe très bien tout seul donc ce n’est pas un problème… et si dans la journée vous avez du temps, alors vous pourrez monter si le cœur vous en dit…

Conditions acceptables pour sa fille et sa sœur ? Torvar n’en savait rien mais il régissait sa maisonnée d’une main de maître. Chacun avait sa fonction tout comme ceux de son clan, là-bas dans les steppes. Il n’irait pas demander à Catnys d’aller chasser à sa place ou de pêcher donc la moindre des choses c’était qu’elle fasse en sorte que tout se passe bien dans la maison. Et surtout avec sa petite sœur qu’il n’avait pas forcément envie d’avoir dans les pattes.

- Et… tu tiens ta sœur près de toi… les enfants de cet âge… c’est pas vraiment ce que j’affectionne alors on va s’éviter des conflits inutiles… et pendant qu’on y est, tu as d’autres annonces à me faire ?

Catnys puis Anna cela fait deux. Et le dicton disait « jamais deux sans trois » alors autant prendre les devants afin de savoir si une autre catastrophe les attendait !
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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, je ne mords pas.
Catnys
L’intrusion de la petite a fait diversion, et le dialogue qui semblait s’instaurer entre le père et la fille a disparu aussi facilement qu’un claquement de doigt. Un silence règne de nouveau dans la maisonnée, seul le pas lourd résonne dans ses allers et venus. Tout en frictionnant délicatement l’enfant, la rousse l’observe, elle ne peut détacher son regard, admirant sa stature, épiant sa froideur, son calme apparent, elle s’attend à ce qu’il laisse exploser sa colère, bien souvent seule émotion acceptable à exprimer. Les sensibleries ne semblent pas être au goût de l’homme.
Ainsi, vont les pensées de Catnys alors qu’il revient avec une couverture pour Anna, et un nouveau godet de lait, surprenant la rousse par l’attention qui leur porte.


- Si la p’tite a faim… ça lui fera du bien. Il fait froid à cette période de l’année et Dieu seul sait depuis quand elle est là à nous espionner… Tu ne lui as pas dis ce que tu venais faire ici ?

Toujours occupée, à réchauffer l’enfant, elle se tourne vers lui, visage impassible, lueur déterminée dans le regard, elle secoue la tête en signe de négative.

«Bien sûr que non, je ne lui ai rien dit, une seule personne sait où je suis et ce que j’y fais. C’est d’ailleurs grâce à elle que je vous ai trouvé.»


Elle ne lui a rien dit, cela l’aurait obligé à lui expliquer pourquoi elles n’ont pas le même père, pourquoi l’un est vivant et l’autre non, lui rappeler qu’elle est orpheline, et surtout lui parler de sa mère. Catnys élude toujours la question, elle est devenue maître en diversion, encore plus depuis elle connaît la vérité. Partagée entre l’admiration qu’elle lui a toujours portée et la rancoeur de ce secret caché, l’évocation de la mère est plus douloureuse que jamais.

Elle perd rien de ses mots, de ses gestes, tout s’imprime en elle, cette main qui se tend vers la petite tête, et la caresse tentée ne lui échappe pas non plus. Sa respiration se coupe alors qu’elle réalise que cette main paternelle, protectrice, ce geste inconsciemment espéré est destiné à sa soeur. Elle déglutit en refoulant le goût amer qui monte en elle, de ne pas le recevoir, elle trouve la force de garder son sourire de grand soeur, ce sourire presque maternel pour rassurer l’enfant.

Vient alors l'invitation à s’installer chez lui, et les règles de vie de la maison. La proposition est trop tentante, passer ce temps si précieux, non pas à tenter de rattraper le temps perdu, mais plus tôt le mettre à profit pour poser les premières pierres d’un avenir près de lui, elle ne peut la refuser.
Elle écoute attentivement toutes les règles, énoncées une à une comme dans une caserne de l’Ost, elle en aurait sourit si l’enjeu ne lui semblait si important.Mais finalement c est une grimace qui anime son visage, lorsqu’elle comprend qu’il lui relègue les besognes de la femme de la maison, alors qu’elle l’imagine dehors à chasser le gibier, ce qui est pour elle aussi son activité de prédilection.


« Bien, si cela vous convient, nous nous installerons comme il vous plaira...Mais..» un peu hésitante «Vous savez je vais chasser parfois, monter aussi... vous n’avez pas des gens pour vous tenir la maison? On pourrait plutôt courir les champs, vous pourriez sûrement m’en apprendre sur l’art de la chasse.»


Elle en sait suffisamment pour les avoir nourrir tout ce temps, elle est pourtant prête à lui faire croire qu’elle n y connaît rien, ne serait ce que pour pouvoir marcher sur ses pas.

Elle regrette presque aussitôt sa proposition, peste contre elle même de dire ce qu'elle pense sans réfléchir aux conséquences des mots. Elle se rend compte qu’il pourrait la sentir envahissante dans ses moments qui lui appartiennent. Instants de solitude qui permettent de se retrouver face à soi même, de se vider l’esprit, de se ressourcer en communiant avec la nature. Elle connaît ce sentiment pour le vivre chaque fois qu’elle arpente la campagne ou s’engouffre en forêt. Regard posé sur lui, elle espère qu’il comprenne son intention, sans qu’ il se sente privé de sa liberté.
Ana


Je crois que j'ai froid. Mais je crois que j'ai retrouvée Maman, surtout. Alors c'est pas grave. Elle me réchauffe contre elle, elle me frotte dans une couverture. Elle fait toujours attention à moi. Sauf quand elle me laisse à Claude ou à la femme de l'aubergiste. Mais je l'ai retrouvé. Elle partira pas encore. Pas de suite. Et puis j'ai plus peur, l'ogre est part... Han, pourquoi y parle ?! Je lève mes grands yeux sur lui. Et si Maman m'a amené exprès à lui ? Peut-être elle veut qu'il me mange. On dirait qu'elle a pas peur. Je sens pas qu'elle a peur. Maman m'abandonne... Encore... Je regarde toujours l'ogre. Il est si grand, si effrayant. Je tremble, mais pas parce que j'ai froid. J'ai juste peur. Il va me manger. Et Maman dit rien... J'ai peur de cligner des yeux. J'ai peur qu'à ce moment-là, il me jette au feu. Je les garde grand ouverts, du coup. Je le suis et je le regarde encore quand il me tend un verre de lait.

Je le prends et je bois. C'est bon. C'est mon dernier verre de lait. D'habitude je dis merci. Mais là, j'y arrive pas. Et puis, je vais pas dire merci à l'ogre qui va me manger, quand même ! Même si je bois, je le regarde. Je commence à avoir mal au cou, à force de le regarder, tellement il est grand. Et puis... le moment est arrivé... sa main tombe sur moi. Doucement. Il va me soulever et me jeter dans le feu et j'aurais pas le temps de dire au revoir à Maman. De toute façon, je l'aime plus, Maman, elle m'abandonne. Je ferme les yeux, prête à pleurer tellement j'ai peur. Mais il se passe un truc bizarre. La main se referme pas sur moi. Elle fait pas mal. Elle me caresse comme Maman fait. Alors je rouvre les yeux et je le regarde, l'ogre. Il s'est éloigné. Je suis encore en vie. Pas cuite, pas abandonnée, pas mangée. Je cligne enfin des yeux. Je lâche pas l'ogre. Je le suis. Je comprends pas. Je comprends pas pourquoi il me mange pas, pourquoi il me fait pas cuir, pourqui il parle à Maman. Finalement, j'ai peur, mais je pleure pas. Et je les écoute parler.

L'ogre veut qu'on reste. Maman est d'accord. Et il veutpas me voir. Ca, je le comprends. Mais pourquoi y veut pas me voir ? Il veut plus me manger ? Ma bouche s'est entrouverte sous le coup de la réflexion et de l'étonnement. Je le regarde encore et toujours. Et j'ai toujours peur. Et puis, je me demande... est-ce qu'il existe des ogres à peu près gentils ? Des qui mangent pas les Anna ? Il faut que je demande à Maman. Doucement, j'ai monté mes mains autour de son cou et je me hisse jusqu'à son oreille, écartant quelques mèches enquiquinantes qui chatouillent. Ma bouche s'approche de sa peau, elle sent bon, Maman. Je l'aime Maman, même si elle m'abandonne. Je parle peut-être un peu trop fort. Elle me le dit tout le temps, que je sais pas chuchoter.

Caaat... L'ogre, y mange pas les Anna ?!
Et tu crois y mange les Thor ?!
Catnys
Caaat... L'ogre, y mange pas les Anna ?!
Et tu crois y mange les Thor ?!

« L’ogre?» Regard amusé allant de l’un à l’autre, vrai que Torvar en impose, de son physique, de sa voix rauque, de son accent de l’est qui ajoute à la rudesse qu’il offre déjà. « M’enfin Anna ce n’est pas un ogre...» Les enfants et leur imagination débordante, et cette spontanéité si déconcertante, si amusante. Cat en était aussi un peu responsable, elle lui apprenait à se méfier des étrangers, en particulier des hommes dans son genre.
Nier l’existence de l’ogre, signifie aussi qu’il lui faut donner des explications sur la visite à Torvar. Un regard interrogateur se fixe sur lui, comme si elle se pose à elle même la question de dire ou pas. Elle se dérobe au regard des deux, le plongeant dans les flammes de la cheminée, un peu vague comme pour se détacher de la réalité, et des mots qu’elle va prononcer.

« Il est mon père...»

Voilà, c’est dit, plus de secret ou choses cachées, même à l’enfant. Son regard se pose de nouveau sur l’enfant, rassurant, chaleureux.

« Tu n’as rien à craindre ici, nous allons y rester un peu en attendant que le froid de l’hiver disparaisse. Et il ne mangera pas Thor...»

« Thor !» Elle l’avait oublié celui là ! Regard embarrassé, un légère lueur de panique vers le père, nouvelle contrainte qu’elle lui impose, nouvelle contraite à une vie commune « C’est notre chien ! Il doit être quelque part dehors... et avec Raspoutine ...» Vers Anna « Il t’a suivie ?»
Torvar
- Courir les champs, des gens pour tenir la maison ? Mais tu crois parler à qui ici Catnys ? Tu crois que je suis fortuné ou que je suis oisif ? Ici je mène ma barque seul, je n’ai besoin de personne pour venir tenir ma demeure ou faire les travaux des écuries ni et je dirais encore moins pour dresser mes chevaux… Et si tu as tant de connaissances que cela, je doute que je puisse t’apporter grand-chose !

Le cosaque avait redressé le menton dignement. Toute la fierté de son peuple coulait dans ses veines à cet instant précis et même si la plupart d’entre eux étaient grandes gueules, ils restaient humbles en toute circonstance… chose qu’apparemment sa fille n’était pas, se mettant en avant sur ce qu’elle savait ou pas. Il aurait aimé le découvrir petit à petit plutôt que d’avoir l’énoncé de son curriculum vitae… la joie d’apprendre à se connaître semblait bien éloignée de ce jeune esprit… Torvar se renfrogna légèrement et laissa les deux sœurs parler ensemble vu que la petite n’avait d’yeux que pour son aînée. Et tandis que Torvar portait son regard de la réplique miniature de Catnys à sa propre fille, qu’il cherchait les traits ressemblants et tout ce qui aurait pu lui offrir une image de Catnys enfant, la phrase qui parvint à ses oreilles lui fit dresser le sourcil. Et s’il n’était pas si nul que ça, il savait que les ennuis allaient commencer. Prenant les devants, le cosaque s’approcha avec, dans son regard, une ombre noire.

- Thor… un clébard et tu me le dis maintenant ?...

Sans attendre vraiment une quelconque réponse qui ne lui parviendrait que tardivement, Torvar enjambait déjà l’espace qui séparait la table de la porte d’entrée qui s’envola rapidement. Une main déjà attrapait une longe de cuir qu’il réservait à ses chevaux pour essayer de choper son chien. Maugréant longuement dans sa langue maternelle, sa grosse voix retentit entre les arbres, les murs extérieurs de la bicoque et la grange.

- Par tous les saints, dois-je tout deviner ou bien dois-je attendre qu’il arrive du grabuge pour savoir ce qu’il se trame chez moi… Catnys, tu sais c’que c’est un molosse ? C’est ce qu’on appelle un chien de guerre et même si Raspoutine est encore passablement très con parce que très jeune, il est sur son territoire. Et quiconque entre sur son territoire est considéré comme un ennemi potentiel ! Ton « Thor » va se faire éventrer si tu ne le récupères pas avant que je puisse….

Déjà Raspoutine jappait et grognait sentant une présence hostile. Les ordres fusèrent, le langage châtié et dur que le cosaque utilisait était heureusement loin d’être compris par les oreilles chastes qui l’entouraient. Mais le Molosse même si au plus profond de lui désirait écouter son maître semblait hésiter… le fouet que Torvar avait pris en même temps que la longue claqua dans le vent à quelques centimètres du museau baveux qui se tenait sur ses gardes, prêt à bondir aux moindres mouvements, montrant sans hésitation un fourré à quelques pas de là. Le cosaque n’eut juste que le temps de passer la longe à son chien que déjà les muscles bandés étaient prêts à en découdre. Le cuir du fouet résonna à nouveau dans l’air tandis que la botte de cuir venait soulever l’attaquant qui se précipitait sur Raspoutine. Ce n’était pas aujourd’hui qu’on allait faire régner le désordre chez le cosaque !
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Catnys
Après quelques jours...


L’ordre était revenu à la ferme, animée au rythme du lever et du coucher de soleil. Les jours se ressemblaient inlassablement, elle s’était donc pliée aux règles du maître des lieux, sans broncher après s’être fait rabroué sur l’étiquette et sur les serviteurs que l’homme n’avait pas. Sa maladresse lui avait coûté cher, il n’avait pas compris que la seule chose qui l’intéressait, n’était pas le gîte et le couvert, mais passer du temps avec lui, apprend à le découvrir dans ce qu’il aime, dans ce qu’il est.
En la cantonnant à la tenue de la maison, il la tenait hors de sa vue, hors de ses occupations quotidiennes, qui lui seraient encore inconnues, si elle ne passait pas son temps à l’espionner, observer ses moindres gestes lorsque les taches finies, elle s’octroyait ce temps. Anna l’accompagnait dans ses corvées, la gardant elle aussi à distance de l’homme, pour ne lui faire vivre aucune contraire. Elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle était de trop dans son quotidien, que l’homme par obligation l’accueillait chez lui, mais qu’elle ne représentait rien à ses yeux qu’un grain de sable qui enrayait le rouage bien huilé de sa vie.

Elle s’affairait sans plaisir, à cette vie qu’elle détestait, elle qui passait le plus clair de son temps sur les chemins à les arpenter, elle se retrouvait comme une femme, maîtresse de maison, dans une vie bien rangée. Nombres en rêveraient, à l’abri du danger, de la faim, du froid, mais pour Cat, il n’y avait jamais rien eu là dedans idylliques. Elle s’interrogeait d’ailleurs sur le fait d’aucune présence féminine dans la maison. Il n’était pourtant pas vilain, et l’avait dû l’être encore moins plus jeune. Le caractère était abrupte, mais certaines femmes savaient s en accomoder, d’autres aussi aimaient si confronter.

Les échanges étaient rares, la rouquine ne s’aventurait plus à poser de question, de crainte de se faire envoyer sur les roses, sur tel ou tel sujet qu’il trouverait inconvenant ou trop inquisiteur. A son image, elle se terrait dans le silence, n’échangeant que sur les corvées effectuées et celles à venir.

Elle s’étonnait de ce caractère impassible, parfois elle surprenait quelques émotions qui animaient son visage, souvent à la lecture de missives qui lui arrivaient fréquemment. Les écritures étaient souvent féminines, Cat voyait sur son visage un panel d’émotion dans ces moments là : la surprise, la colère, parfois même un semblant de tendresse. Sa fougue, lui donnait l’envie de lui arracher ses courriers des mains, et de lui crier à la face, qu’elle est là, qu’elle est sa fille, qu’elle aimerait qu’il lui accorde ce temps qu’il accorde à sa correspondance. Mais comme bien souvent, elle serre les dents, attend que les choses viennent. Sûr, qu'elle ne lui demande rien, qu'elle n’est pas une jeune femme en détresse à sauver, qu’il n’attend rien d’elle, qu’elle n’est même pas femme qu’il pourrait mettre dans son lit, qu’elle n’est plus une enfant qui a besoin d’être guidée.

Elle peste contre la vie, d’avoir tant espérer ce père, qui ne voit rien en elle qui pourrait lui donner la moindre envie de l’avoir près de lui. Et comme la plupart des hommes qu’elle croise, elle ne sait comment l’approcher, comme l’accrocher, pour lui donner envie de lui porter un peu d’attention. Comment la plupart des hommes qu’elle croise, elle sent qu’il n’échappera pas à la règle et lui filera entre les pattes, qu'elle ne pourra rien recevoir de lui, à part ce nom, qu’elle décide de s’approprier.

Elle avait cette sensation qu'il la jugeait coupable de ne plus être une enfant, ne pas avoir besoin de lui, de ne rien avoir à lui apporter. Elle aurait aimé lui manqué, qu'elle puisse à son tour lui apporter. Elle se rendait compte que le temps avait fait bien plus de dégâts sur ces deux êtres en mal de savoir exprimer ce qu'ils ressentent.

Au moment de passer à table ce soir là, elle essaie tout de même encore une fois, tenace elle est, se promettant, de sortir de sa vie s’il manifeste la moindre gène, ou une contrariété à l’entendre. Le silence est pesant, elle lui sert comme à l’habitude la soupe de légumes dans laquelle quelques morceaux de lard pataugent, cherchant les mots, la bonne idée, lui parler des chevaux serait surement la bonne manière d’attirer son intérêt, hésitante, ce sont tout autres mots qui sortent de sa bouche à la plus grande surprise de la rousse.

« Votre vie serait moins austère si une femme partageait votre vie. D’ailleurs, est ce que j’ai des frères et soeurs?»


Si elle ne voulait pas se faire rembarrer, ce n'était sans doute pas le meilleur sujet à choisir, mais ce n'était si ses chevaux, ni son domaine, qui l'interessaient, mais lui, elle, leurs vies qui se rejoignaient.




Torvar
C’était un soir auquel il ne s’attendait pas. Torvar avait passé sa journée à entraîner Snih à la longe, épuisé, fourbu, il était revenu dans la chaumière afin de se reposer avant le dîner… Sa fille et la petite sœur de cette dernière vaquaient à leurs occupations ou tout du moins se faisaient discrètes. Et le cosaque les en remerciait mentalement parce qu’il n’avait pas la patience de jouer les gardes chiourmes avec elles. Et bien que de loin, le père pose souvent sa fille, il avait encore du mal à passer la barrière du temps qui ne se rattrape jamais. Quoi lui dire, quoi lui raconter, quoi lui faire comprendre ? Sa mère et lui cela n’avait été qu’une rencontre rapide et qui s’était terminé dans l’oubli le plus total même si Torvar gardait un souvenir agréable de la jeune Rosaline… Il était trop occupé à ses contrats pour se soucier de ce qu’elle devenait… et aujourd’hui, il en voyait le résultat sous son nez… une fille qui jouait à la maman avec sa petite sœur et qu’il avait encore du mal à accepter même si, cela fait belle lurette qu’il était au courant de sa naissance. D’ailleurs, il l’avait bien dit à Rosaline dans un de ses derniers courriers que Catnys et lui devraient se débrouiller avec cette situation… ils en étaient là… à se débrouiller…

Les yeux fermés tandis qu’il était installé devant l’âtre, Torvar écoutait les moindres bruits de la maisonnée. Il n’était pas dupe des efforts que Catnys faisaient pour essayer qu’il la regarde ne serait-ce qu’un peu mais lui ne le faisait que lorsqu’il était certain qu’elle ne le voyait pas. Cette pudeur masculine, ce besoin de ne pas montrer cet attachement qui commençait à pointer le bout de son nez, cette peur d’être à nouveau déçu comme avec Apollina qui l’avait poussé tellement à bout qu’il en avait fait couler le sang, son sang… Et puis l’heure du repas était arrivée. Dans un mutisme tout à fait ordinaire, Torvar était venu prendre place à table jusqu’au moment où Catnys l’avait apostrophé.

Posant sa cuillère à côté de son bol de soupe, il se recula dans le fond de son siège en arquant un sourcil. Il s’essuya la bouche avec une serviette qui trainait là avant de prendre la parole, un léger sourire flottant sur ses lèvres.


- Qui te dit que je n’ai aucune femme ? Tu n’as peut être qu’un aperçu de ma vie ici… mais ceci étant, je ne vois pas l’utilité de m’attacher une femme qui ne fera que geindre ou m’imposer ses sautes d’humeur… je préfère et de loin la compagnie des chevaux et des chiens… au moins ils savent ne pas répondre quand on leur dit quelque chose… et puis j’ai déjà été marié, je ne tiens pas à renouveler l’expérience…

Marié oui peut être pas comme on l’entendait au royaume de France mais marié, là-bas, dans son pays natale. Et veuf aussi. Mais là c’était une autre histoire. Et Torvar préféra répondre à la nouvelle question plutôt que d’approfondir ce qu’il avait ressenti pour Mlada ou Aelis ou même Rosaline même si pour cette dernière, il n’avait partagé sa vie que quelques jours… les femmes de la vie de Torvar étaient pour la plupart mortes à ce jour, il ne restait plus que Maryah qui tenait le cap, toujours et encore… Donc frottant sa barbe avant de prendre sa pipe coincée dans la ceinture de tissu qui lui entourait les reins, Torvar l’alluma puis lança une volute de fumée avant de se faire sérieux.

- Tu es l’ainée Catnys mais effectivement tu as des sœurs… deux mais l’une n’est plus de ce monde…Kallista et Apollina… et un frère…. Vladislas… il a un an…

Pas la peine de lui raconter comment Ermeline lui avait croire que son fils était mort et que c’était pour ça qu’il ne l’avait pas avec lui ni qu’Apollina ne voulait plus le revoir et qu'elle traînait avec ce qui était pour lui l'engeance de la terre, c'est à dire des brigands notoires et peu recommandables… et elle apprendrait bien plus tard qu’elle avait un autre frère en la personne de Percy mais pour le moment, Torvar et Maryah n’avaient pas encore décidé de ce que serait sa vie…. Envoyant une nouvelle bouffée de fumée vers le plafond, le cosaque continua.

- Kallista n’est plus de ce monde… elle était née là-bas, chez moi mais à peine arrivée dans ce pays qu’elle y a laissé la vie… Je n’ai jamais vraiment su comment, on m’a juste informé qu’elle n’était plus…

Un voile de tristesse était venu obscurcir le regard du vieux cosaque. Kallista était celle qui lui ressemblait le plus, ayant été élevée au milieu des steppes et du clan… elle savait monter à cheval comme un homme et pouvait tuer un ennemi sans faillir lorsque sa monture était lancée au galop… même s’il ne lui avait jamais dit, il avait été fier d’elle… et comprenant que le silence avait emporté avec lui l’occasion de lui dire, il se leva pour aller mettre son assiette dans l’évier en pierre de la grande pièce avant de venir devant l’âtre.

- Demain, tu pourras monter Snih… il est encore fougueux et indompté mais je pense que tu sauras te débrouiller… il a besoin qu’on le dresse à la monte de toute manière…

L’effort était là, prononcé. Les instants précieux inutilement gachés ne le seraient pas tous. Torvar acceptait enfin de mettre du sien et de laisser parler son cœur, d’essayer d’apprivoiser enfin son enfant.
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Catnys
Levée depuis l’aube, Cat s’affaire à préparer le début de journée, elle attise le feu dans l’âtre pour réchauffer la pièce de vie, ainsi que le reste de soupe de la veille, et une gamelle de lait. Elle rompt le pain, qu’elle dépose sur la table, en découpe des morceaux plus petits qu’elle ajoutera au lait d’ Anna. Des gamelles sont posées sur la table, prêtes à accueillir les hôtes de la maison, machinalement Cat sort le fromage rangé dans un linge dans la maie.
Les gestes sont précis mais l’esprit ailleurs, tourné vers les révélations de la veille. Restée interdite, silencieuse à chacun des mots de son père, si rares donc si précieux à l’oreille de la Rousse.
Elle aime ce temps où la maisonnée est encore endormie, ainsi ses pensées peuvent à loisir vagabonder. Malgré elle, un sourire s’affiche sur ses lèvres en repensant à sa réaction vive concernant la, les, femmes de sa vie... Encore un point qui les rapproche, il lui semble qu’elle est aussi doué que lui en matière d’attachement. Aimer elle peut le faire, elle l’a fait, mais pour le reste elle se débrouille comme une brelle, elle se croit incapable de créer ce lien entre deux personnes suffisamment solide pour garder quelqu’un près d’elle. Comme lui, elle préfère la solitude aux déceptions répétées.
Viennent alors les pensées concernant sa famille, un temps, elle a accusé le coup des révélations, elle n’est pas la seule, elle appartient à une fratrie, dont elle est l’ainée. Les questions lui ont brûlé la langue, mais les émotions qu’elle a lu dans ses yeux, dans son attitude, fuyante malgré tout, l’ont obligé à différer une fois de plus à en savoir plus. Mais, elle en est persuadée maintenant, le cosaque sait que Cat est tenace, et qu’il n’y aura aucune question sans réponse.

Une des soeurs n’est plus, elle ne la connaîtra donc jamais, hormis dans le souvenir de son père, elle ne peut que regretter ce manque qu'elle ne comblera plus. L’autre soeur par contre l’intrigue... Apollina, celle ci est vivante, en froid avec son père sans qu’elle en ait vraiment compris la raison, elle tentera surement d’en savoir plus. Qui est Appolina, où est elle, lui ressemble t-elle ? Autant de questions qui la pique de curiosité. Quand au garçon, une moue anime son visage, à sa pensée. Non seulement, il a cette chance de naître mâle, et faire vivre la lignée du cosaque, mais en plus ce n est qu’un petit. Elle n’a pas eu l’audace de lui demander où il se trouvait de peur de sa réponse. Il est entrain de l’installer dans une vie de maîtresse de maison, faudrait pas que l’idée de récupérer l’enfant lui vienne à l’esprit et encore moins qu’il lui demande de s’en occuper. D’autant qu’elle sait au fond d’elle, que ce temps passé avec lui, n’est qu’une pause, un répit dans sa vie, qu’elle repartira un de ces jours, poussée par l’envie de retrouver les siens. Puis elle a tant qu’assez à faire avec Anna.

Elle réveille la petite d’ailleurs, en douceur elle s’extirpe des draps et couvertures encore chaudes de la nuit.
« réveille toi, on va faire une balade à cheval avec Torvar» il ne l’avait pas précisé mais pour la rousse l’enfant serait forcément de la partie. Près du feu, elle l’habille chaudement pour la chevauchée, les petits matins restent frais, et humides, les gestes sont surs et délicats ne laissant aucune place aux éventuels grognements d’être ainsi engoncée dans les vêtements. Les yeux posés sur Anna, elle ne cesse de penser à cette fratrie, à ses moments volés qui ne seront jamais rattrapés.
Le maître des lieux, n’est pas encore levé, que les deux rousses sont déjà à table. Pas question qu’il oublie ou change d’avis quand à l’invitation, en voyant les deux rousses prêtes, il ne sera pas question de reporter le rendez vous pris. Cat verse le lait chaud sur les morceaux de pain déposés dans une gamelle, y ajoute un filet de miel. Elle regarde Anna encore un peu endormie.

« Mange bien, Anna, faudrait pas que tu te refroidisses quand tu seras sur le canasson. Torvar semblait vouloir que je monte Snih, je l’ai vu hier à la longe, il ne semble pas avoir été beaucoup monté. Je préférerai que tu montes avec Torvar. Faudra bien l’écouter...»

Elle s’interrompt alors que des bruits dans la pièce à côté se faire entendre. Un regard vers Anna, un fin sourire à son encontre. « Le voilà réveiller, il ne va plus tarder, mange vite...»
Ana


mmmmmm...

Je râle un peu. Parce qu'il faisait chaud, au dodo. Parce que je dormais bien. Parce que j'aimais bien. Mais je me laisse faire. Parce que je suis dans les bras de Maman. Parce que je sens son odeur. Sa chaleur. Parce que sa voix douce me dit qu'elle est là. Alors même si je râle un peu, je me laisse lever, habiller, dorloter.

Faire du cheval... L'idée m'enchante pas particulièrement. Elle me rebute pas non plus. Si je suis avec Maman, ça ira. J'ai du mal à garder les yeux ouverts. J'ai du mal à ne pas succomber à l'envie tenace qui ferait tomber ma tête sur la table et dormir sur mes bras, croisés en coussin. Mais si je fais ça, elle sera pas contente, alors je reste droite, je cligne des yeux lentement, et on parle un peu avec les yeux. Enfin, on essaie. J'y arrive pas trop, ce matin. D'ailleurs je me les frotte allègrement, mes yeux. Peut-être que ça aidera à les garder ouvert. Et puis je baille. Une fois. Deux fois.

Quand elle dit que j'irais pas avec elle sur le cheval, mais avec l'ogre, je grogne.

mmmmmm...

Je veux pas aller avec l'ogre. Même si elle dit qu'il est gentil, il fait un peu peur. Même si elle dit que c'est son papa, il me regarde avec des yeux froids. Lui, il cause beaucoup avec les yeux. Mais il me dit pas des choses gentilles.

D'accord...

J'abdique... J'irais avec l'ogre. Et j'aurais même pas peur. Je dois manger vite. Je le sais. Alors je mange mon lait, avec le pain imbibé. C'est bon. Elle a mis du miel dedans. Ca chatouille ma langue, le miel. J'aime bien. Elle le sait. Alors je me dépêche. Je suis penchée au-dessus de l'écuelle et je mange. Vite. Quand l'ogre arrivera, j'aurais les yeux ouverts, l'assiette vide, l'estomac plein et la bouche bariollée de lait. Mais je serais prête.
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