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[RP] Quand les sirčnes Ulysse appellent...

Chimera
    La plupart des gens, séduits par les apparences, se laissent prendre aux appâts trompeurs d'une basse et servile complaisance.
    Ils la prennent pour un signe d'une véritable amitié, et confondent, comme disait Pythagore, le chant des Sirènes avec celui des Muses.*
      [Duché de Normandie - Honfeur - A La fée qui trinque]

- Un calva, m'dame?
Les prunelles azurées jaugent le minois du taulier, en quête d'un éclaircissement. A-t-elle donc une mine si sombre qu'il estime devoir lui sortir un remède de cheval en plein après midi? Cherche-t-il, en bon normand, à abuser une bretonne itinérante et ses comparses, desfois qu'il y ait dans les malles ou fontes des voyageurs quelque larcin à récolter. La guêpe n'est pas folle, et ne se laissera ni soigner ni enivrer par l'inconnu. Elle réclame, donc:
- Merci, non. Un vin d'Anjou, si vous avez. On est Dénéré, ou on ne l'est pas. Le taulier est remercié, et grassement payé, quand vient glisser sur la table le breuvage demandé. Stratégie. On ne mord pas la main qui vous nourrit. Évidence des commerçants, que l'Aubépine n'ignore pas, bien qu'elle soit aussi bonne économiste que Breizh altruiste.

Ce n'est pas un, mais quatre plis que les messagers ces derniers jours, pisteurs expérimentés, étaient parvenus à convoyer. Adenora disait, à voir cet étonnant ballet, que c'était là Breizh qui s’apercevait enfin de ce qu'elle perdait. L'âme tourmentée aux verres à moitié vides ne l'entend pas de cette oreille, qui voit en chaque mot le vecteur d'une malice innommable, rappelant pour mieux torturer, dans un contexte nauséabond qui, à en juger par les annonces -ou leur absence, n'était pas pour s'améliorer de si tôt. Le seul qui importait vraiment aux yeux aubépins restait muet. Rien du Léon, donc, trop orgueilleux pour envisager qu'elle eut pu donner corps à ses accusations, ou trop occupé par ses CACesques obligations. Fauve est fille de ses instincts, que les blâmes erronés rendent imbécile autant qu'impulsive. Chat échaudé. La quête unique de l'éprouvée, ces jours, n'est que celle de l'utilité, fut-elle des plus relatives. Elle offre donc corps, coeur, et mots, à qui les réclame, volatile fébrile et usé par errance trop longue en quête, seulement, d'une branche sur laquelle échouer.


Citation:

      Demat Dame Chimera,

    j'espère que vous allez pour le mieux. N'ayant pas ou peu de nouvelles de vous, je m'inquiète de savoir si vous vous portez bien. La guilde est une idée qui est loin dernière nous, mais j'ai à cœur parfois de penser notre aventure. Même si cette dernière ne fut pas une grande réussite, j'en garde un bon souvenir.
    À quel plaisir occupez-vous vos journées ? Else et vous tenez toujours la taverne à Vannes ?

    Hoel


Au premier, et donc à l'étrange obstiné, elle répond.

Citation:

      A vous, Hoel,
      Merci, pour votre pli.


    Pour le mieux, je ne saurais garantir. Aller pour, c'est déjà beaucoup, n'est-ce pas? Je vais, déjà. C'est là tout ce que je puis vous assurer.
    La guilde, aujourd'hui, n'est plus qu'un souvenir douloureux, spectre encore flottant d'un projet collectif voué à l'échec de par cette simple aspiration qu'il avait à réunir. L'union, trop souvent clamée, est abandonnée dès qu'il s'agit de la mettre en pratique. Faudrait-il donc une guerre, pour que les villes à bois cessent d'utiliser cette ressource comme un moyen de chantage pour mettre les conseils ducaux à genoux? Il y a tant à faire, et si peu, pour faire. Et vous avez pu remarquer que lorsqu'on essaie, il n'est plus question d'union, et que la volonté de réunir se trouve travestie, grimée en autant de sentiments et d'intentions malsaines que les esprits tordus dérangés par la démarche peuvent en réunir. Et vous les savez imaginatifs, ces esprits là. Je n'en garde, dès lors, que le souvenir amer des intentions détournées, avortées, bien que prometteuses, qui méritaient, si ce n'est un soutien actif, au moins le bénéfice du doute, et d'être testées. On leur a refusé ça, et je ne pardonnerai pas aux pourfendeurs de tant d'efforts.

    Je ne lutterai pas davantage pour le droit de mes avis ni pour celui de les exprimer sans qu'ils soient détournés par d'autres que moi dans des accents et des objectifs qui ne sont pas les leurs. Que Breizh se contente des vautours qu'elle s'obstine à élire et choisir. Ma dévotion envers elle ne s'accorde pas d'un masochisme à toute épreuve. Elisabeth et ma fille Adenora, ainsi que Lastree, mon amie ovate et camarade, ainsi que le cousin d'Elisabeth, Camille.

    Nos journées sont chevauchées, donc. Nous avons quitté cette terre de rixes intestines qui nous vidait chaque jour un peu plus de notre envie d'être pour entreprendre un voyage que j'ai mis longtemps à ne pas nommer exil. Nous sommes en halte à Honfleur, et sur la route de l'Artois. La Rabine est donc laissée aux bons soins d'Albéric, un fidèle ami, qui ne croulera pas sous le travail. Vous savez ce qu'il en est. Quand le propriétaire et le tavernier officiels ne sont pas là pour tenir le comptoir, l'établissement reste vide, et si je demande à ce cher homme de veiller à ce que le lieu soit entretenu, je ne peux exiger de lui qu'il y passe ses journées.

    Voilà, donc, pour nous.
    Vous me conterez, peut-être, les jours de Bordeaux, dans une prochaine réponse.
    J'aurai plaisir à vos mots, quels que soient leur objet.
    D'ici là, mes salutations.

    E Honfleur, d'ar Sul 30 a viz Du 1462,

    Chimera


* Montesquieu, Eloge de la Sincérité
_________________
Chimera
    « Le sage guérit de l'ambition par l'ambition même. »*

Le coursier patientera, et pour ses heures recevra sa pitance. La toux, vestige de maux bretons, est étouffée par une main de Von Frayner gantée, et renvoyée dans ses pénates par une gorgée pressée d'Anjou. La main une fois libérée de ses médicales obligations, reprend plume. En usera, à défaut d'en avoir le poids. L'autre se saisit du second pli auquel réponse doit-être faite. Celui là est inattendu. Inespéré, non. Dénéré est aux prises, avec des attentes et autres envies -sans parler des exigences- que l'orgueil et les valeurs fières -tautologie des égos- au coeur chevillées prohibent. Et pourtant, elle est fille du Gwen ha Du, et doit, malgré elle et sans doute comme tout être, tolérer d'être l'hôte de cette lutte incessante.
Le dilemme par la Comtesse de Pleheneg imposé fut cruel. L'assistance, des deux récipiendaires de son jugement, blondes soeur et fille, fut requise, nécessaire consultation, pesée des aspirations aubépines dont l'esprit doute, troublé, comme drogué, les sens déroutés par trop d'interprétations et autres condamnations vicieuses. Quand l'âme est déphasée, elle est chanceuse de trouver port où s'ancrer. A défaut d'un havre politain, bien mal poli, en vérité, triste ironie, elle a donc les coeurs amis. Ont parlé, et facilité la décision alors communiquée.

Aux origines des doutes, donc, ces mots:


Citation:

      Ma chère Amie,

    Cette missive vous surprendra peut-être, mais j'espère que vous la lirez jusqu'au bout et y répondrez favorablement.

    Comme vous le savez probablement, le Grand Duc vient de me nommer Chambellan de Bretagne. La diplomatie de Bretagne a besoin de Bretons motivés et j'ai besoin de personnes de confiance, qui ne me tendront pas des pièges à chaque pas.

    C'est pour ces deux raisons que je vous demande de bien vouloir accepter ma proposition, le poste de Grain de Sel de Bretagne est à prendre. Si vous le voulez, il est à vous, ainsi que tout autre poste de responsabilité qui vous paraîtra souhaitable... comme le consulat des Provinces Ibériques par exemple, complètement à l'abandon depuis plusieurs mois.

    Je suis consciente que vous aviez décidé de quitter la Bretagne, mais j'espère vous faire revenir sur votre décision. La Bretagne a besoin de vous, ne refusez pas de la servir à mes côtés.

    Bien à vous

    Anne-Solenn


Mots d'hermine en reçoivent de normands. Diplomatique ironie.

Citation:

      A vous, Ann-Solenn,
      Héraut breton en chef.


    Vos mots. Je me dois de les saluer. Tolérez, aussi, que je les ai maudits, ignorant s'ils sont là le fruit de trop de plaintes, où l'issue de démarches propres à leur auteure. Puisse l'aveu faire amende honorable.

    Pour vous avoir félicitée à votre nomination, vous savez que je sais les honneurs qui récemment vous furent faits. Le Grand Duc n'est bon à rien d'autre qu'annoncer qui il nomme. Une fois les clefs de ses grands offices donnés, cessent les nouvelles, car il est bien connu que Breizh ne connaît pas de plus grand danger que les bretons eux-mêmes, et qu'il est donc plus sage d'oeuvrer pour eux sans les consulter ni les informer, et d'attendre d'eux qu'ils se contente de l'assertion, en bonnes bestioles crédules. Ces œillères trop facilement acceptées me rendent folle. Est-ce l'orgueil de n'avoir pas mon mot à dire dans tout ce que cette nation entreprend? Mais où est l'union, quand la défiance règne? Où est l'union, quand à la moindre question on oppose le nécessaire des secrets. Nul projet n'est jamais issu du Conseil Grand Ducal à l'intention des bretons. Et aucun des conseillers, privilégiés trop occupés sans doute à réclamer l'élévation de leurs titres ou l'obtention de nouveaux, ne semble s'en soucier. Vous les avez rejoints, par deux fois. Qu'en penser? La Bretagne, par sa noblesse et son souverain incarnée, me l'aurait fait savoir, si elle avait considéré mon action comme légitime et profitable. Vous savez bien quel fut son jugement.

    Vous savez, et Maewenn le sait aussi, que j'ai la paix et l'échange comme valeur première, bien que certaines manoeuvres m'aient détournée de ce cap si cher. Votre proposition met mes nerfs, mon estime de moi et le no man's land que semblent vouloir être mes lendemains à rude épreuve.

    Je ne pourrai pas contribuer à être la voix d'une Bretagne qui ne se parle pas. Je ne pourrai pas me faire la voix d'un homme qui peut attirer des hordes d'irlandais sur nos côtes sans consulter le duc qui devra y faire face, un exemple parmi... combien, au juste? Je ne pourrai pas me faire la voix d'une équipe qui n'a toujours eu pour mes mots et mes intentions que le plus grand mépris, par voie de silences exprimé. Qui mérite pareille abnégation?

    Mon esprit, c'est bien connu, a la contradiction comme caractéristique intrinsèque, aussi ma réponse ne sera ni défavorable, ni favorable. Vous savez que me faire le communicant de la diplomatie serait une manière de rompre ce silence qui pèse sur Breizh, et sur moi. Vous savez également que m'intéresser à l'extérieur me ferait le plus grand bien. Mais je ne servirai pas cette couronne qui m'a pris jusqu'à l'estime que j'ai de moi et de mon pays, pour ne pas dire l'amour.

    A l’abdication annoncée, donc, et si d'ici là vous n'avez pas trouvé âme moins capricieuse, je mettrai mon énergie au service des fonctions que vous proposez. D'ici là, je vais poursuivre l'aventure dans laquelle je me suis engagée, lutte supplémentaire, qui consiste à faire de l'exil un voyage, et donc, en somme, à leurrer mon propre esprit. L'issue des sagas bretonnes, municipales, ducales et grand ducales sera le baromètre qui hâtera nos pas, ou pas.

    D'ici là, je vous souhaite tout le meilleur pour l'institution dont vous avez la charge. J'avais quelques idées, pour elle. Si vous n'estimez pas qu'elles sont injures faites à votre gestion, incursions éhontées et menaces à votre légitimité, je vous les communiquerai.

    A galon,
    E Honfleur, d'ar Sul 30 a viz Du 1462,

    Chimera


* Jean de La Bruyère, Caractères
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Hoeldetrajan
Au fond de sa taverne, l'homme semble dormir ou plutôt n’attendre personne et en profite pour se reposer. Les nuits sont longuettes, et fatigantes pour le Breton même dans le Bordelais. Lorsque la porte de la guinguette s'ouvre laissant entrer les bruits extérieurs et les voix des commerçants, Hoel s'attend à l'arrivée de son cousin ou de sa sœur. Mais non, a sa grande stupéfaction, c'est un porteur de plis. L'homme parle vite et dans un français avec des intonations trop difficiles pour qu'il comprenne. Mais qu'importe. Un écu, un verre offert et l'homme semble réjoui d'avoir accomplit sa besogne.


Hoel regarde l'écriture du message, et sourit. Le Cœur un peu battant. Est ce un lettre de la Dame ?
Sans tarder, il l'ouvre et à la lumière du soleil se fait la lecture. Pas de doute, il s'agit bien de Chiméra, Duchesse. Elle lui a rédigé et il ne peut s'empêcher de lire et relire le message. Hoel fait un peu la moue lorsqu'elle parle des Normands. Mais que peut bien faire une Bretonne chez eux ! Même pour traverser cette région infâme ! L'Artois semble en être la cause. La moue devient le signe de la déception. L'artois se dit-il c'est loin. Trop loin de Bordeaux même pour un oiseau ! Posant son derrière sur une chaise, il se termine la lecture, et un petit sourire en coin se dessine sur son visage.

Elle voudrait sans doute une réponse pour narrer les rus de Bordeaux ? Bien bien se dit-il. Sans attendre, il fonce dans l'arrière-cuisine ou là sur un tréteau est disposé de quoi écrire.



Citation:
À vous Dame Chiméra,
De nous, Hoel.


Je suis ravi d'avoir une réponse à mon message.
Vous me trouvez navré de ce qui arrive à notre terre. La Bretagne souffre d'un mal, dont j'ignore le remède, et vous sachant attacher autant que moi à elle, votre douleur doit être aussi énorme que la déception. La Guilde. La Confrérie fut hélas un échec sur le plan des affaires, mais fut une belle aventure humaine. La preuve en est que Tristan est à Bordeaux lui aussi. Il vous salue d'un agréable geste d'amitié. Je vois que vous êtes en compagnie de votre garde rapprochée la plus fidèle, cela vous ressemble bien.
Vous contez les rues de Bordeaux, est assez difficile tant la ville regorge de vie. Les tavernes sont nombreuses, et on compte ici autant d'endroit pour se réchauffer ou se désaltérer. Les langues aussi nombreuses que les voyageurs. Son marché est si florissant, qu'il est impossible de souffrir d'un manque, quelle que soit la demande. C'est d'ailleurs et il me semble la force de cette ville. Les habitants sont donc de bonne humeur et les rues sans péril. J'ai moi aussi installer une auberge "Au sang-mêlé" que je partage avec ma soeur Xalta. Sans aucun doute, vous la connaissez. Elle est ambassadrice pour le roy auprès de notre Grand-duché. Un panneau a la porte de l'auberge, indique ceci :

Situé dans la perle d'Aquitaine, la taverne d'Hoel et de Xalta, vous accueille le temps d'un verre. Hoel de Trajan Breton, Celtique vous racontera un peu de son pays, le Trégor, dont il est le vassal. Quant à sa sœur, Xalta Duchesse et attachée à Orléans, son accueil légendaire, loin d'être un mythe est à la hauteur de sa perception du monde.
Ici dans ce lieu, de paix et de calme, la bonne tenue est de mise, ainsi que le plaisir du partage. Les gardiens de cette office familiale n'engagent à faire en sorte que cela le reste.


Bordeaux a aussi un privilège sur d'autres villes. Son port. Vous ne pouvez imaginer plus grand et plus incroyable port que celui-ci. Il ne donne pas sur la mer, mais sur le fleuve. Cela lui donne des airs de cité antique. Il est fort probable que j'aille m'installe plus bas sur Vannes ou La Rochelle pour y faire du commerce avec Bordeaux. Mais ceci, je vous en parlerais plus tard.
Un point important me semble à souligner ici. Les autres religions et forme de pensée sont acceptées. J'ai hâte de voir se créer un cercle, une communauté de druides ici même.
Et vous damez Chiméra, pourquoi partir dans le froid de l'Artois ? On vous réclame là-bas ? Je suis indiscret, mais sachez que souvent, je pense à vous.


Hoel Chevalier de Lezardrev et membre de la famille Lablanche d'Abancourt.

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Chimera
    [Bertincourt - Non loin des bêtises]
L'agitation de certaines ruches décuple le son d'autres silences.
Celui là est assourdissant. Combien de temps avait-elle boudé l'époux traitre avant de se jeter à sa suite, épistolairement parlant d'abord, de corps ensuite, pour n'arriver qu'au moment d'enterrer le sien, sous les yeux humides d'une -autre- compagne éplorée? Elle l'ignorait. Longtemps, très, trop du coup, jusqu'à ce qu'en les tripes ravagées grandisse un besoin plus grand que l'orgueil et la douleur. Meneac prendrait le temps qu'il lui faudrait, fusse l'éternité. Elle, durant ce temps là, souffrirait le statut d'âme à coeurs plusieurs auquel il s'était risqué à a cantonner. Prix cher, pour être également précieux. Par trois fois elle avait écrit. Quatre serait-elle la fois de trop? Quel droit avait-elle? Elle n'était après tout que la maitresse qu'on refuse d'épouser, pas même bonne à fournir l'héritier pourtant si désiré. Qu'il prenne donc celle qu'il avait déjà engrossée, ce serait là juste retour des choses. Le menton se redresse, opposant comme à son habitude l'orgueil au désespoir.

A la faveur d'un répit tavernier, elle extrait de la chaleur de son corsage un pli-chant, écho de douceurs qu'elle n'aurait plus crues possibles en provenance de l'Hermine. Certains passages se sont dissipés, à force de se trouver sur les jointures éprouvées par trop de relectures. Elle déplie de quoi répondre, et s'attèle au projet, non sans porter régulièrement les yeux aux initiaux.


Citation:

      Reviens !

    La cité vénète n'est plus que l'ombre d'elle-même sans la flamboyance chimerienne...
    Mais je lutte contre cet engourdissement, je ne veux pas que tu m'imagines prostré, abattu et sans vie, ce serait te faire injure.

    Mieux, je me suis porté candidat à la Mairie, sans grand espoir de réussite, mais qui ne tente rien... tu connais la suite.
    J'espère par cet acte, faire au moins bouger les choses, d'autant que Zoldares se présente aussi... je pense que Maden a du souci à se faire.

    Je me représenterai de toute façon jusqu'à ce que j'accède à la Mairie !... les Irlandais sont têtus... tu en sais quelque chose.

    J'ai gardé le contact avec ta nièce, elle semble m'apprécier et m'encourage à persévérer, m'assurant de son appui. Je ne désespère pas, avec son aide, d'arriver à te réhabiliter à Vannes, en tous cas, voire favoriser ton retour à la vie politique active et, qui sait, au niveau Ducal..
    Si toutefois la perspective de reprendre du service public te tente... Cette fois, tu ne seras plus seule.

    ......

    Ne sois pas sourde à mes exhortations.

    Je reste à jamais dévoué à ta cause, quoi qu'il arrive. Car, quoi que tu fasses tu ne pourras jamais me faire autant de mal que tu m'as fait du bien... Belle compensation pour un rescapé de la Géhenne.

    .....

    Transmets mes amitiés sincères à Elisabeth et que la Déesse prenne soin de toi et de ceux que tu aimes.


Citation:

      A toi, véhément fils d'Erin,


    Ces mots te parviendront je l'espère avant que ne soient connus les résultats du scrutin. Si c'est après, et bien sur toi je compterai pour m'en informer, car des échos de Breizh je préfère me couper tant les rares nouvelles qui me parviennent m'écoeurent. Nos voix, à défaut -ou est-ce en sus?- de notre soutien te manqueront peut être, aussi reçois mes excuses en lettres. Si nous avions su que tu te présenterais si tôt, peut-être aurions nous différé notre départ. Le mal est fait, et nous voilà lointains spectateurs.

    Vannes n'est plus qu'une ombre depuis longtemps. Depuis, sans doute, que les rares conseillers sensés sont ou muselés à force d'insultes, d'accusations sans fondement et de clefs retirées, ou trop couards pour taper vraiment du poing sur la table et faire valoir des convictions. On leur ment, on manipule la ville et ses finances dans leur dos, et ils ne s'en aperçoivent même pas. A moins que cela leur convienne.
    Mais que veux-tu, quand la moindre demande est prise comme une injure et que le moindre conseil est insulte, alors que faire? J'ai tenté de proposer, avec les conséquences que tu sais. Désormais je ne me sens plus chez moi dans cette ville, et je maudis tout autant que je chéris cette énergie renouvelée dont tu fais preuve. Toi seul pourras nous rappeler en les murs de Vannes. Il n'y a rien d'autre pour moi et Elisabeth, là bas.

    Nous saurions nous adapter ailleurs, je pense, et je me surprends à envisager l'inconcevable, à la faveur d'une halte agréable. J'ai trouvé -c'est bien le signe que Breizh ne me va plus- la Normandie charmante. Peux-tu imaginer ça, un conseil qui communique, un duc qui se mêle aux habitants, un amiral qui fait le bilan régulier de l'état des ports. Tout cela ne rend la Bretagne que plus ridicule encore. Regarde là, à se vautrer dans ses secrets, au point de ne plus savoir ce qu'elle sert vraiment, pourquoi, ou pour qui.

    Mais te voilà, fer de lance d'un renouveau qui surgit toujours lorsqu'on ne l'attend plus. Tu m'empêches de condamner définitivement ce pays, et pour ça, je ne sais, vraiment, si je dois t'aimer ou te haïr. Puisses-tu parvenir à oeuvrer pour Vannes, à ta manière. Quel que soit le résultat, et quelle que soit la distance, tu sais que je ne resterai pas sourde, et que je te soutiendrai autant qu'il me sera possible de le faire. Tu n'as qu'à demander, tu sais bien.

    Je suis heureuse que tu sois en lien avec Liz. Mes dernières actions l'auront sans doute... ébranlée, et dans son état, il vaut mieux qu'elle se ménage. Veille sur elle, de grâce, et si jamais l'enfant vient à naître en notre absence, sois ma présence à ses côtés. Et sois mes yeux.

    Tu m'es cher, n'en doute pas. J'espérais que les moments passés à Vannes t'en auraient convaincu. La Mère prendra donc soin de toi, car ayant entendu ta prière elle saura t'inclure dans ceux qui comptent. Elisabeth te salue, elle aussi.

    A la tombée du jour, nous prendrons la route vers Tastevin. C'est là que j'ai aimé Mumia, le seul que j'ai jamais aimé devant . Nous avons, comme je me rappelle de ces années lointaines, testé chaque cellule du lieu, au grand dam des occupants, nous qui pensions nous aimer à leur insu. Que les jeunes gens sont insouciants...

    A bientôt,

    C.

_________________
Chimera
    [Péronne l'Artésienne - dans L'Oeil du Faucon.]

Lorsqu'on jurerait -par tous les dieux- avoir perdu la clairvoyance que tant nous prêtaient autrefois, en bailleurs sans méfiance et trop pressés, quoi de mieux que la prunelle aiguisée du prédateur ailé pour palier? L'inconnu du jour, car nombre ils sont d'itinérants à traverser la ville, offre verre et mots à la fauve aux origines rendues troubles. Diplomate malgré elle, masochiste en puissance, consciente que toute question implique réplique, elle s'expose:

- Où vous portent vos pas?
- Là où le vent les porte.
- C'est honorable.
- Et vous? Evidemment. Pythie stupide.
- L'ouest. Et d'ajouter, après un silence. En ribambelle.

Rumeurs avaient précédé. L'indécrottable à beau remiser tout accent herminé, toute définitions précise des lieux forcés à l'abandon en réponse aux questions, elle ne peut s'empêcher de détourner parfois les yeux de cet âtre brûlant qu'avec obstination elle détaille, cherchant -vainement- à distinguer une langue incandescente de l'autre. Le tout pour donner à l'esprit autre chose que du jais à moudre. Lorsque les prunelles en sont douloureuses, le corps souffle que certains mots sont restés sans réponse, et qu'il n'est pas question de les délaisser davantage. L'âtre laisse donc place au vélin et l'oeil à la main, pour relire, et répliquer.

Citation:

      Salutations, Chimera.


    Lors de notre dernière rencontre, vous n'étiez pas, il faut le dire,au meilleur de votre forme. Je me suis inquiété, à votre sujet. J'avoue que je m'en inquiète encore.

    Comment allez-vous ? Sans doute avez vous quitté la Bretagne, à l'heure qu'il est. Qui sait, sans doute le Très-Haut vous a-t-il rendu le sourire. Ou bien peut-être vous faudra-t-il plus de temps, je suis loin d'être bien placé pour le savoir.

    Adenora et Elisabeth prennent soin de vous... Ce sont des femmes remarquables, tout comme vous...
    J'espère que votre route se fait sans encombre. Où êtes vous, à présent ?

    Je ne sais quoi dire de plus. Je me permet de vous écrire, pour avoir peut-être de vos nouvelles... Je pense à vous parfois, à votre souffrance. Que le Très-Haut veille sur vous, qu'il vous protège et vous accompagne dans vos épreuves.

    Amicalement,

    Emeric, de Tréguier



Citation:

      A vous, Emeric,
      Prévenant Trégorrois.


    Qu'est-donc la forme, si ce n'est un état que l'esprit peut à loisir façonner? A notre dernière rencontre, il est vrai que je laissais mes pensées troublées définir ce qu'il convenait de voir de moi. Détromper les yeux curieux et/ou attentionnés nécessitait énergie que je n'avais plus à dépenser, j'espère que de cela vous ne me tiendrez pas rigueur. Il est encore quelques -rares- âmes obstinées en les frontières de l'Hermine que j'ai à cœur de ne pas froisser.

    J'ai tardé à vous adresser réponse. A croire que je manque à mon coeur. Ces mots, donc, vous parviennent de Péronne, destination de convenance. Toute ville autre que les 9 aurait convenu. Le cousin d'Elisabeth souhaite conduire une liste ducale. Purger l'Artois des incapables nauséabonds qui le pourrissent, tel semble être son but. Vous imaginez bien que je ne saurais cautionner pareil projet et que j'appelle de mes voeux un départ prochain. Ma fille, néanmoins, voit toujours le mieux chez l'homme et est très attachée au personnage. Avide de découvertes qu'elle est, elle désire connaître chaque recoin de la ville qui héberge ce parent aux mornes desseins. Je le lui ai dit, cette part du voyage lui appartient, elle décidera donc de la date de notre je dois dire départ, pour ne pas dire libération.

    Quoiqu'il en soit, j'ai chaque jour la chance de profiter de l'amour et de l'attention de trois êtres dont jamais je ne douterai, en les personnes d'Adenora, Elisabeth, et Lastree. C'est sans doute là la plus grande richesse qui soit donnée d'avoir. Nous avons pu, en usant des quelques contacts que mon activité ducale et diplomatique m'a permis d'entretenir, progresser sans heurts. Bientôt, nous reprendrons la route de la Normandie, pour ensuite rejoindre l'Alençon, puis le Maine, et sans doute l'Anjou. Breizh se plait, parfois, à nous rappeler, pour ne nous décevoir que davantage dans ses choix. Elle semble se complaire dans son carcan d'arnaques et de mauvaise foi, où la parole est vide de sens, piteux cache-misère qui sous des élancées propagandesques dissimulent les pires manigances. Je ne peux plus, pour ma part, laisser cela diriger mon existence, et je peine à envisager de mettre mes heures au service de pareille gouvernance. D'autres moins scrupuleux y trouvent leur compte. Tant mieux, sans doute?

    Ecrivez encore. Vos mots sont doux et mille fois bienvenus.

    E Péronne, d'ar Sadorn 6 a viz Kerzu 1462,


_________________
Chimera
    « Rien n'est permanent, sauf le changement. »*

Une fille, un bigot, une forgeronne et plusieurs verres de Vodka vitalienne plus tard... l'attablée morose reprend son épistolaire activité. Quelques uns restent encore à joindre, et parmi eux, l'ami bordelais aux mots vifs.

Citation:

      A Hoel Lablanche d'Abancourt,
      Chevalier de Lezardrev,


    Demat, ou plutôt bonjour, car nous sommes tous deux loin, à bien des égards, loin d'elle.

    Vous veillerez à saluer Tristan et sa douce épouse de ma part. J'ai rencontré voilà peu des voyageurs en partance pour Bordeaux. Ils ont eux aussi pour mission de convoyer mon bon jour -gracieusement offert, à l'heure où ils me manquent. Oublieront, peut-être. Au pire, deux fois, vous le recevrez. C'est bien mieux qu'aucune.

    Adenora, Elisabeth et Lastree n'ont rien d'une garde. Elles sont les âmes chères qui ne jugent ni ne dictent. Je me livre à elles, ces jours, comme contrite d'avoir tant, par mes furieuses envies d'agir, orienté leurs actes et leurs décisions. Ce temps est révolu, et j'entends bien les laisser aller selon leur désir.

    Je leur parlerai de Bordeaux. qui sait, peut-être la ville qui vous est port fera-t-elle l'objet d'un voyage prochain. Chaque nouvelle émanant de Breizh nous pousse à nous en éloigner davantage, sans compter ces si nombreux silences qui la rendent en grande partie étrangère à l'immense majorité de ceux qui la peuplent. Quel est ce désastre si savamment entretenu? La Normandie, savez-vous, a étonnamment et sur ce point bien des choses à nous apprendre, et l'Hermine est bien fort peu avisée de la moquer. Ce patriotisme propagandesque nous rend proprement ridicules, et ne grandit en rien le Gwen ha Du.

    La tour de Babel qui vous héberge souffre-t-elle de ces dissensions? L'Artois, où nous nous trouvons pour avoir ramené le cousin d'Elisabeth qui s'engage dans des élections ducales, n'y échappe pas, malheureusement. C'est un écho trop vif aux maux que je souhaite enfouir, et je n'aspire qu'à notre départ. Mais, comme dit, c'est Adenora qui tient les rênes.

    D'ici là, et jusqu'au prochain pli,
    Bonne continuation,
    J'aurai plaisir à lire vos projets commerciaux, s'ils se précisent.

    E Péronne, d'ar Sadorn 6 a viz Kerzu 1462




* Héraclite d'Ephèse
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Hoeldetrajan
Dimanche. Jour de messe. Le porteur de message n'avait pas d'ailes, ni la tête d'un saint, mais plutôt le visage de celui-ci un peu bourru du Bordelais qui n'a pas vraiment choisi sa vie. C'est juste en entrant dans l'église, qu'il reconnaît le breton, et l'appelant par son prénom lui donne ou dirons-nous lui balance une lettre. En remerciement Hoel lui lance un écu, sans rien lui demandé. L'écriture et bien celle, qu'il connaît. Chiméra en est l'écrivaine.
Assit dans l'église, juste à côté de sa sœur, il prend le temps de lire le courrier. La messe, il connaît. Le contenu de cette missive un peu moins. Il lit et pas de grandes surprises dans le contenu, Chiméra est fidèle à elle-même. Il range donc le courrier sous les yeux de sa sœur qui veille à lui trouver, un jour prochain une épouse. Lorsque l'on est d'une telle famille, on ne peut pas laisser les jeunes adultes, tombaient amoureux de n'importe qui.



De retour chez lui, un bordeaux rouge vermillon dans la carafe, un plume pour répondre et l'homme se fait poli.

Citation:

À vous Dame Chiméra,
Je ne manquerais de saluer Tristan et son épouse. Je vois à travers vos mots un certain dégout de ce qu'est devenu la Bretagne, mais ne sommes pas nous, non plus les responsables de ce qui si passes en la laissant derrière nous ? J'ai eu vent que Patate à démissionner et qu'ils nous faudra élire un Grand-duc. Le choix risque d'être difficile, je ne le cache pas. Pour moi, de Vannes à Saint Brieux, aucun ne peux prétende le devenir. Un Grande-duchesse peut être, mais qui, je ne pourrais le dire.

Pour en revenir à Bordeaux, cette ville est en passe devenir la plus grande du royaume de France. Ses habitants sont de plus en plus nombreux.
J'envisageai ici de pouvoir acheter des vins de qualité et d'en fait le commerce avec notre Bretagne. Tout ceci est encore assez vague, mes désirs sont nombreux, mais pour l'instant, je me contente de vivre chaque jour avec délice. Le vin, la poésie, et si possible les textes anciens de notre belle région.

J'ai fait aménager une ancienne ferme en début de manoir. C'est un peu rustique, mais je vous invite à y passer. Vous et bien entendu, vos proches.

Hoel

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Tristan_masselet


A Sa Gandeur Chimera , Illustrissime Duchesse , Gloire et Vertu !

Votre Grandeur ,

Permettez mon audace à venir vous importuner ou troubler votre quiétude par quelque cri et roucoulement de pigeon .

Je suis actuellement à Bordeaux , en la ville portuaire , mais mes pas , bientôt , me mèneront vers de plus amples et lointains paysages . Je vous en informerai , le cas arrivant .

Si je vous écris en ce jour , c'est qu'un de mes amis , que dis-je un ami , un presque frère , vient de m'annoncer un prochain voyage vers votre Duché de Bretagne . Je crains pour sa santé , car je sais combien le chouchene et autres cidres peuvent parfois rendre la raison malade , on m'a raconté que certains , en sortant de taverne avaient défié en lice quelques menhirs , mais que chaque fois , sans doute par leur vertu druidique , le menhir avait gagné .

Donc , revenons à l'objet de mon courrier . Mon ami Iskander va faire route vers les terres armoricaines , et permettez que je vous le recommandasse chaudement . C'est un homme de grande qualité , une âme pure , une belle personne . Sa plume brille autant que ses prunelles , ses mots sont plus doux que peau de jouvencelle . Nul doute que vous l'apprécierez , je ne connais personne qui s'en plaigne , hormis les sans vertus .

Mon épouse se joint à moi , pour vous présenter nos respectueuses salutations .

Qu'Aristote vous protège et vous mène à bonne fin .

Fait à Bordeaux , ce septième de décembre , l'an 1462eme de Nostre Seigneur .


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Chimera
    « Le bonheur est un délicat équilibre entre ce que l’on est est ce que l’on a. »*

Un matin à Péronne.
Ours de mauvais augure.


Citation:


Nous, Anne-Solenn Wolback, Comtesse de Pleheneg, Chambellan de Bretagne,

Déclarons nommer Lemerco, au poste de Diplomate breton.
Il est désormais la voix du Grand Duché de Bretagne, qu'il représentera au delà de ses frontières.
Diverses missions délicates et temporaires lui seront confiées dans les différentes provinces étrangères.

Nous lui accordons toute notre confiance et lui souhaitons bon courage pour sa prise de fonction, qui est immédiate.

E Naoned, d'ar Meurzh 2 a viz Kerzu 1462.


Anne-Solenn Wolback, Chambellan de Bretagne


C'est là qu'est l'os...
Il a fallu plus d'un jour à l'ancienne duchesse pour digérer l'annonce, et retenir les mots crus invitant le chambellan à se trouver amphore autre où mettre son sel. C'est sans doute là affaire de combles, quand le non-grain de sel est a-mer. Puis un autre pli était parvenu, comptant sur une crise de vautourisme aigu de l'exilée aux dents longues, malade tapie dans l'ombre n'attendant que la débâcle autre pour se faufiler, telle une vipère.


Citation:
Ma chère amie,

Le Grand Duc ayant annoncé son abdication, j'espérais avoir de vos nouvelles.

La Diplomatie bretonne ne peut se passer de son chargé des communications. Je dois absolument faire repartir la machine qu'est la diplomatie bretonne et le Grain de Sel en est l'un des éléments essentiels.

L'administration de l'ex Grand Duc n'est plus. Vous devez prendre une décision et me la communiquer le plus rapidement possible.

Bien à vous

d'ar Yaou 11 a viz Kerzu 1462

Anne


Alors, à la faveur d'un autre matin, arrageois, celui là, elle force la main réticente à répondre, bien que de décision elle ne puisse plus prendre, privée du fait par d'autres annoncées. Dénéré ne prend pas place, quand d'autres saisissent sans trop réfléchir à qui ils ou elles privent. Espérait pouvoir s'identifier à nouveau, et livrer le peu d'énergie restante à une cause identifiée, aux valeurs affichées et aux actions sans détour. Un message contradictoire, pourtant, avait semé le doute quant à ces certitudes embrassées avec la force ravageuse des espérances déchues. L'Aubépine est transparente, et donne voix, donc, plutôt que de renoncer sans mot dire.


Citation:

      A vous, Ann-Solenn Wolback,
      Comtesse de Pleheneg,
      Chambellan de Bretagne,


    A votre pli, voici réponse, ou plutôt question.
    Les nouvelles parviennent. Les rares, du moins, que Breizh communique encore. Ifig -il me faudra songer à lui demander de cesser- se pense en devoir de me les transmettre, me reliant à la terre des mille heurts comme le boulet entraine impitoyablement son condamné à l'eau jeté vers le fond.

    Si la diplomatie bretonne se plait à se faire instrument, commanditaire et caution des "missions délicates" dont Dol et ses camarades ont le secret, alors je ne suis pas persuadée d'être faite pour l'institution qui semble vouloir aspirer à regrouper scène internationale et chuchots en un même giron. J'ignore quel usage vous pourriez, dans ces conditions, faire de moi, mais j'ai déjà été la façade souriante de mille exactions, et je ne mangerai plus de ce pain là. Voyez, contrairement à ce que vos précédents mots suggèrent, qu'il n'est pas question qu'une tête me revienne ou non, mais bien qu'il me soit possible d'adhérer à une orientation choisie et d'y prêter ce que peux encore apporter. Une chose est certaine, je ne porterai pas en Bretagne la parole de la diplomatie bretonne sans savoir de quoi elle est faite, dans tous ses recoins et autres accents, quels qu'ils soient.
    Excès de zèle? Usurpation grossière? Furetage pénible? Les mêle tout ont la dignité, eux, de s'annoncer et de s'intéresser aux actes d'autrui. Savoir, sans doute, à défaut de cautionner, et voir jusqu'où il m'est possible d'endurer de potentiels actes réprouvés -est-ce de cela qu'il est question?- pour le salut des différences. Les miennes n'ont pas voix au chapitre, souvent dénigrées qu'elles sont dans leur futilité navrante. Soit. Il est donc question de souffrir que je les garde par devers moi. Reste encore à savoir qui de ce pays ou de moi en souffre le plus. La réponse, je crois, est évidente. Un mal pour... éviter le pire? Si c'est pour pleurer, je puis le faire d'ici, sans m'infliger d'avantage de regrets et vous emporter en sus dans l'insupportable tourment qu'ils génèrent. Lutter, pour que soit entretenu l'équilibre des points de vue? J'ignorais que c'était là ce qui était proposé. Je veux porter une parole en étant sereine quant aux mots prononcés, pas faire de chaque phrase un combat pour jouer le contre-poids.

    Maudissez -ou non- l'entêtement qui est mien. Je ne suis pas femme d'armes, commise au premier ordre qui s'y jette à coeur et corps perdu, fière de la sécurité qu’œillères confèrent, embrassant chaque nouvel objectif comme l'air manque au noyé, sans poser la moindre question ni émettre la moindre réticence. J'en suis presque navrée, car la Bretagne tire grand profit de pareilles âmes et semble les avoir en affection, mais me voilà aujourd'hui avec ce principe comme seule richesse, la seule dont je ne puisse me départir sans perdre définitivement la raison. Je comptais sur vous pour mener ce combat, et vous prêter là mon soutien. Il m'apparaît aujourd'hui que vous n'entendez peut-être pas le mener, et je ne veux ni le mener, ni me sentir forcée de le faire en vous mettant dans l'embarras. Vous recherchez la confiance. Voici donc, livrée, une page de franchise.

    Vous savez. Le pouvoir de nomination est vôtre. Le choix, donc, ne me revient pas.

    A galon,

    E Arras, d'ar Gwener 12 a viz Kerzu 1462



Au soir, avant l'envoi du courrier, deux âmes soeurs évoquent, attablés, le sujet qui heurte. Blonde Kermorial, diaconesse des âmes druides qui n'osent plus l'être, souffle ainsi:

- Il n'y a pas toujours un bon choix... juste... deux souffrances, et... met fin à la tension chez fauve provoquée ... trouver celle avec laquelle on peut vivre. Qui sait où elle mène. On fait des choix sans cesse.
- Lâcheté. Acerbe mot lâché, dégouté de lui-même.
- Avoir du courage, ce n'est pas s'infliger ce qui rend fou.
- Parce que je suis trop égoïste pour tolérer ce qui n'est pas conforme avec mes réalités. Dénéré a bien appris sa leçon, voyez.
- Je ne crois pas, non. Tu es plus exigeante que beaucoup, sans doute. Mais tu peux, tolérer. Et tâcher de te faire au monde tel qu'il est, plutôt que tel qu'il devrait être, parce qu'au fond... on n'a jamais que lui.
Ou le courage de s'y soustraire, pense l'hésitante ayant pourtant déjà franchi le pas, sans y donner voix. Toute deux savent.
- Seulement... l'énergie s'épuise, à force de lutter là où on ne devrait pas avoir à le faire. Douceur ajoute: Du temps... Et... apprendre à t'en vouloir moins.

- Qu'est-ce qui en vaut la peine, alors?
Elisabeth est trop sage, qui a, même à ça, réponse à donner.
- Les gens, si on accepte qu'on ne rencontrera pas toujours ce qui vaut la peine en eux. Pas tous.
- Est-ce que j'ai quelque chose qui la vaut, moi... Habile elle fut avec les mots, autrefois. Regardez-là aujourd'hui, si sans dessus dessous qu'elle en pose des questions qui n'en sont pas. Doigts blonds sont glissés sous le menton soucieux, qui relèvent le minois associé vers une mine grave.
- Tu les vaux toutes.
La sortie arrache un sourire aux lèvres tendues, quand l'ex chimbellan murmure:
- La sagesse d'Elisabeth a ses limites que l'amour impose...
Les lèvres amies se pressent, qui donnent tendrement raison à l'âme en manque de certitudes.
- Ce n'est pas... Je...
- Je suppose que cela est laissé à la discrétion de celui qui a le choix à faire. Ce qu'on choisit d'endurer, pour qui... ou pour quoi. La bête est prudente, trop échaudée, qui se contente de supposer.
- Quelque chose comme ça.... L'effort est vaillant, à défaut d'être crédible et concluant. Il n'en arrache pas moins une moue furtive et discrète aux traits anciennement choletais.

- Elle connaît les enjeux. Il lui revient désormais de le faire.
- Si elle comprend. Il y a... entre les gens... quelque chose de difficile à percer. Comme si... Comme si on ne parlait pas la même langue. Pas seulement les mots. Ce ne sont pas les mots, qui changent, d'une langue à l'autre. Tout un regard à reconstruire... C'est peut-être juste moi.
- Qui doit reconstruire? Qui le peut? Qui en a le droit? C'est toujours détruire pour quelqu'un.
- Ca ne devrait pas. C'est même tout le contraire. Il faut. Tâcher de construire quelque chose avec les pièces qu'on nous donne.
- Etre ou ne pas être... une pièce. Choisir... ou non... de se donner pour que chambellan construise.
- Pas...Enfin, ça aussi. C'est autre chose, mais... Aussi, un peu.
- Beaucoup. Le reste... nous. Des évidences qui échappent à ces questionnements qui torturent. Et l'Aubépine de libérer l'amie en concluant. Dommage qu'il n'en soit pas ainsi pour tout.

Les gris Kermorial se tournent vers Dénéré, qui glisse une main sur la joue pâle, lovée contre. Un sourire doux échappe à la soucieuse, quand se tend vers la caresse offerte le visage demandeur. Les doigts fins saluent, alors, la chair si chère, jusqu'à se perdre à la naissance des mèches blondes. Il est des dialogues qui se passent de mots, et dans cet art là, comparses sont passées expertes.

- Il n'y a pas beaucoup d'évidence.

- A-t-on besoin de beaucoup? La réponse en est-un, qui ne tarde pas.
- Non.
- En accepteras-tu une à tes côtés cette nuit?Un sourire, parmi d'autres si rares et si précieux, vient frôler sa paume.
- Toujours.

* Proverbe, anonyme.
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Chimera
    « La grandeur des actions humaines se mesure à l'inspiration qui les fait naître. »*

Le départ d'Arras approche, désormais que l'amie sylvestre a rejoint le groupe.
La fauve, elle, a quelques plis en instance, circonvolutions parfois contrariantes, dans les en-tournures.
Elle s'attaque à l'un de ceux qui de Guyenne sont parvenus, blessant d'être trop prévenant.


Citation:

      A vous, Tristan,
      Main itinérante.


    Dans vos vœux, si vous le voulez bien, je me contenterai de la vertu en grandes capitales que vous allez jusqu'à me prêter.
    Faites l'économie des titres et autres envolées, à l'avenir, sombre entêté. Ils n'ont plus cours et sons désormais sans grand fondement, je crois. Cette requête entendue, soyez certain que vos mots seront mille fois bienvenus, et ne craignez jamais de déranger.

    Ainsi vous faites escale. Est-ce la Guyenne qui ne vous convient pas, où le besoin irrépressible d'aller et d'explorer? Songez vous à prêter votre main à quelque projet moins gauche que le mien? Je lirai le récit de vos périples et aspirations avec avidité.

    J'ai lu, donc, pour votre quasi frère. Ainsi il trouve en cette terre aride un intérêt quelconque. Vous avez du savoir par Hoel que je ne pourrais guère me faire l'hôte des jours et nuits de votre ami, ni même lui présenter Breizh sous un jour favorable. De cela je serais bien incapable, et je ne voudrais pas, laissant malencontreusement échapper -boite de Pandore mal scellée- un flot incontrôlé de bien ternes pensées.
    Je puis, afin d'honorer vos mots et prévenir les maux que vous redoutez tant, le faire accueillir en ma demeure vannetaise de la Tour Trompette. Mes gens pourraient donc sur ses heures veiller, afin que des dangers tentants il soit préservé, jusqu'à ces menhirs traitres, qui n'ont, fidèles à ce que les druides semblent aspirer à être, que le mérite d'être aussi froids et durs que mort. Ce genre de victoires n'est en aucun cas digne.

    Je n'ai guère le coeur à voir cette âme si brillante, comme vous la décrivrez, se heurter aux vices de l'Hermine. Les mots se font si vite crus et amers, et rien n'est pire, à terme, que d'en douter. Je suis persuadée qu'en des temps plus lumineux j'aurais eu grand plaisir à le découvrir, mais aujourd'hui... je crains de n'être pas la personne la plus indiquée pour qui s'aventure en cette terre autrefois tant chérie. Si néanmoins vous m'indiquez à quel avenir il aspire, je veillerai à glisser quelques mots pour le recommander. Peut-être la lueur d'un jour clair m'incitera-t-elle à communiquer quelques douceurs à votre aventurier. Qui sait.

    D'ici là, bon vent, à lui, ainsi qu'à vous et à la douce Jehanne.

    E Arras, d'ar Gwener 12 a viz Kerzu 1462



* Louis Pasteur
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Tristan_masselet
Beatus ille qui procul negotiis , ut prisca gens mortalium , paterna rura bubus exercet suis solutus omni faenore ....
Heureux celui qui loin des affaires , comme la race antique des hommes , laboure avec ses bœufs les champs paternels , libre de tout souci usuraire . (Horace)




A vous , Chimera de Dénéré Maline , chère amie , et néanmoins Illustrissime Duchesse

Le titre n'est rien , je vous le reconnais . Il est un peu comme les diamants les plus subtils , qui ne brillent de leur éclat que sous la lumière la plus vive . Il n'en demeure pas moins que la plus brillante lumière ne renverrait mille feux sans le noble diamant . Reste à savoir si l'on est flamme ou suif ...

Merci de prendre en compte les recommandations que je vous ai faites . Mon ami n'espère rien d'autre que la tiédeur d'un foyer , où tel Thémistocle , il aspire à mener vie de bon père de famille , faite de travail et de douceurs auprès de ses amours .

Quant à moi , la voile s'est levée . Je ne peux endurer de voir la tempête se lever sans espérer qu'elle gonfle ma voile et me mène là où le destin a choisi de m'y abandonner , naufragé mais toujours vivant .

Ainsi , à l'occasion d'une invite à me rendre en des contrées lointaines et quasi désertiques , je me suis trouvé en les terres de Tamerlan , avec mon épouse . On y sacrait , et quand on sacre , il y a du Divin .

On y recrutait aussi.... un Chancelier . J'ai toujours eu un faible pour ce poste qui consiste à écrire et voyager , préserver quelque attaque , tenter d'unir les contraires , ou parfois trancher un noeud gorgien .

j'ai dit oui. Ils ont dit oui !

Tout y était à faire , même les décors de mon bureau . Le sceau et l'appel , la lettre de cachet et les lettres partantes . Je m"y complais , je m'y étends tel quelque reptile chauffant ses écailles sous le soleil .

Et puis Bordeaux a perdu aussi un peu de son attrait . La ville devenait morose , à moins que je ne sois , comme les jeunes amants , lassé un peu vite dès que la belle soulève son voile , et invité par une soie plus fine, des ors plus brillants , des prunelles plus ardentes . Les amis que j'avais là bas s'étaient éparpillés , ou peut être fatigués , eux aussi du clapotis monotone du port .

Voila le vent d'hiver essaime ses graines , vous au nord , moi au sud . mais je sais que nul chemin ne reste sans recroiser ceux qu'il a croisés .

Qu'Aristote vous garde et vous mène à bonne fin

Chimera
    [Azincourt - Le cercle des amis]

Quelle étrangeté, que ce soit en ce lieu que les amitiés se défassent.
Ironies des destins.
Demain, Bertin.
Un entêté laisse place à un autre, moins concret celui là, puisqu'épistolaire, mais tout aussi obstiné.


Citation:

      A vous , Tristan l'entêté,


    Le titre, il nous définit je suppose dans la bouche et l'esprit de ceux qui nous l'accordent. Parfois en sauce, jusqu'à la noyade, parce qu'il flatte, parfois conservé dans l'esprit collectif, parce que... Pourquoi? Parce qu'on a pu marquer? La personne, alors, ou la fonction qui a définissait au moment dit?
    Les diamants. On les dit éternels. C'est presque effrayant, tant cela condamne. Flamme ou suif. Savons nous, ou sommes nous définis par ceux qui nous nomment?

    Ainsi vous voilà devenu diplomate en chef? Dans certains états, comme en Bretagne la mission du Chambellan consistait fut un temps -ou bien du mien seulement- à sourire et œuvrer pour couvrir les coups bas des militaires et autres filous, menés, évidemment, à l'insu des services diplomatiques. Ouvrier des faits accomplis, qui doit se faire maçon contrit à la rescousse des fêlures d'un mur mal bâtit, ébranlé par les tunnels que creuse son propre camp. Si vous parvenez à trouver en l'office par vos soins orné une fonction qui vous réjouit et vous permet l'épanouissement, alors je vous souhaite tout le succès que vous méritez. Et vous méritez beaucoup. Lassez vous de cela, comme de Bordeaux et de la guilde que je n'ai pas su porter, si vous êtes ainsi volage. Tant que vos yeux jamais ne se détournent de la tendre Jehanne, tout est bien.

    Pour votre ami, j'ai averti Ifig, à Vannes. La Venelle de la Tour Trompette sera le foyer de votre cher ami, jusqu'à ce qu'il trouve havre à faire sien.

    Nous prenons ce soir la route de Bertincourt, pour revoir la Normandie avant de rejoindre l'Alençon ou, je le sais, d'autres sirènes m'appellent. Étonnant, comme on est mieux à entendre ces chants là plutôt que ceux de notre propre pays... ou du moins ce qui l'était.
    D'ici à notre prochaine rencontre, car peut-être germeront les graines,

    E Azincourt, d'ar Sul 14 a viz Kerzu 1462



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Chimera
    [Fécamp - Le Bar à Raymond
    Reculer pour mieux errer]
Mauvaise langue dirait sans doute qu'au fond, les quatre comparses ne sont engagées dans rien d'autre qu'un pub crawl géant, allant d'un bouge obscur à une auberge trop rutilante, d'un estaminet nordiste à une guinguette normande, sans but précis ni objectif défini. Comptoirs sont autant de grèves, où se trouvent charriées, par les remous des voyages et autres missions, bien des âmes plus ou moins insolites. Adenora, modèle de fraicheur ô combien bienvenu(e), scrute et apprend, faisant leçon du moindre mot, fait et geste. Chaque heure est, dit-elle, l'occasion d'apprendre, fichue manie, associée à l'enthousiasme consacré à l'entreprise, qui se trouve être foutrement contagieuse. Au matin de cet énième jour d'exil, donc, fauve coutumièrement morose se surprend à envisager l'avenir. Proche. N’exagérons point.
Avenir proche, étonnamment, se nomme pour elles Alençon.
Mais avant...

Elles ont rebroussé chemin -comme pour le mettre au défi, arpenté dans un sens puis dans l'autre, d'offrir encore quelque jus à une curiosité tenace. Lastree avait fait parvenir nouvelles de son rétablissement, et l'envie d'avancer (pour se donner l'impression de progresser) ne fit pas grand poids face à celle de reconstituer le groupe par mal amoindri. De retour à Fécamp donc, et de nouveau à quatre têtes -comme il faut autant de roues pour que voiture aille- elles s'apprêtaient à repartir vers le Sud.

Attablée près d'une fenêtre cette fois-ci ouverte, piquant aux rayons d'un astre ce matin bien vif et clément la chaleur et l'énergie qu'elle a si souvent ces derniers jours réclamées aux langues incandescentes, elle entame la rédaction de deux plis couronnés. De succès, restait à voir. De par leur destinataires, déjà.


Citation:

      A vous,
      Mheil, Duc d'Alençon,
      Main tenant fouet, aussi sadique que masochiste.

    Il semblerait que la commande par vous adressée ait été judicieuse démarche. Je déduis du fait de votre accession au trône d'Alençon que les fanions et autres banderoles livrés auront eu raison de toute campagnarde opposition, et ne puis que me réjouir, bien qu'il me tarde de savoir à quel effet vous allez employer les fonctions auxquelles vous accédez tout juste.

    Actuellement en terres normandes, j'envisage de venir m'assurer que mon travail n'est guère détourné de son dessein, ce qui vous en conviendrez serait un comble léger. J'aime savoir à quel genre de projets j'associe mes efforts, et si je ne suis pas de nature à me retirer en route, le constat pourrait, ou non, déterminer l'éventualité d'une future collaboration si vous veniez à le solliciter à nouveau. Je vous serais gré donc, en guise de mon paiement, d'avertir votre prévôt que quatre âmes dames approchent de vos frontières, sous les couleurs Dénérées, en les personnes d'Adenora de Dénéré-Malines [Adenora], Elisabeth Kermorial [Else], Lastree d'Ar Choad [Lastree], en sus de moi-même.

    Vous voilà Duc en dette, si le fait vous est supportable. A la mesure de votre accueil je pourrai évaluer l'état de votre gratitude, à savoir quelle part vous m'accordez dans votre succès, qui pourrait bien aller jusqu'à convier quatre raffinées et par route éreintées à banquet ou diner. A défaut, nul ombrage, mon fils en vos terres séjourne, et c'est lui qui est, vous vous en douterez, l'objet premier de cette incursion.

    D'ici à vous lire,

    E Fécamp, d'ar Sul 4 a viz Genver 1463



- Ca suffit, maman.
A l'heure d'aborder le second volet, lui reviennent les mots d'autant plus cinglants qu'ils étaient habituellement douceur incarnée. A l'approche de la frontière Alençonnaise, elle avait gagné en nervosité -mesquine victoire- et avait fini, malgré elle, par se trahir en évoquant les mille honneurs dont la rousse de Cassel jouissait aujourd'hui. Adenora n'avait pas manqué de le lui faire regretter.
- Tu jalouses des bretons, ta propre soeur, et maintenant ton amie? Il faut que ca cesse.
Il lui avait fallu plusieurs jours pour digérer la sortie, et dieux que le sursis du retour avait été en cela profitable. Plus loin de la barrière des titres, elle avait donc pu, à la faveur du recul par géographie permis, reprendre plume et pensées plus légères.

Citation:

      A vous,
      Deedlitt,
      Trop titrée pour être par là désignée,


    Chère amie.

    J'ai su, au détour de notre voyage, à quelles responsabilités vous aviez récemment été nommée. J'en ai presque hésité -ravages des protocoles que roture fait rougir- à vous faire parvenir ces mots. La connaissance que j'ai de vous finit par me résoudre, aussi voilà. Puissiez vous ne pas me porter rancune de l'absence d'adresse, le nombre me condamnait à la lacune, aussi mieux vaut rien que mal, et se contenter des essentiels. Peut-être serez vous suffisamment disponible pour accorder un œil au présent pli, que je condamnerai pour vous à la brièveté.

    Je vous avais par le passé évoqué la possibilité d'une visite en Alençon. La voilà soumise à l'acceptation des autorités locales. Le Duc est donc averti, qui je l'espère préviendra son garde frontière, afin que notre paisible compagnie puisse aller son chemin sans être inquiétée ou harcelée de questions douteuses et méfiantes.
    J'ai également adressé mot à l'âme chère qui nous est commune, mais son silence me ronge, et je ne peux que me tourner vers vous, qu'il considère je le sais comme sa mère bien qu'il fut issu de moi, pour chercher vent de ses nouvelles. J'ignore jusqu'au lieu où il semble reclus, et ma main se serre de l'angoisse qui étreindrait ma gorge s'il avait fallu donner voix à ces mots.

    Peut-être aurons -trouverons?- nous l'occasion, si vous nous indiquez où vous trouver et si le temps vous le permet, de nous saluer comme nous nous plaisions tant à le faire. Je ne suis plus la voix d'aucune diplomatie, sans savoir encore si je le déplore ou non, mais garde suffisamment d'orgueil pour estimer qu'il ne me soit guère besoin pour vous rendre visite de brandir plain d'hermine. D'Aedhan et du reste nous pourrions alors causer. Comme cela me plairait. D'autant plus si lui s'obstinait à rester muet. J'enverrai quelques messagers tenter de le débusquer.

    D'ici là,
    A vous lire, ou voir,

    E Fécamp, d'ar Sul 4 a viz Genver 1463


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Tristan_masselet


A vous , Serenissime Duchesse Chimera , Joye et prospérité !

Vous pardonnerez un retard coupable à répondre à votre missive . Ma vision confinant à celle d'une taupe , il m'a fallu bien longtemps pour vous lire . Peut être plus encore à comprendre les méandres de votre missive , qui bien que rédigée en des lettres fort arrondies , n'en demeurent pas moins exemptes de crissements d'une plume qui est affutée comme une dague .

Je plains ceux qui vous blessent , vous n'avez point besoin de flèche . L'empennage doit vous suffire ...

Vous alliez vers la Normandie ? Nous nous rendons vers l'est , mon fils -de mon premier mariage- ayant croulé sous un tas de bois , je me dois d'aller le chercher . Il est quelque part dans le pays de Bourgogne . Les voyages , dit on , forment la jeunesse . Pour un vieil homme comme moi , je ne sais qu'en penser . Peut être le terme "partir c'est mourir un peu" conviendrait il mieux ? .
Je vous souhaite bonne route . Bon bivouac peut être !

Bordeaux , ce 5eme de 1463 .


Chimera
    [Alençon - Chateau Ducal]

Alors qu'elle médite et lutte tout son beau diable pour n'imaginer pas Adenora en pleine glissade au bras d'un Renard papillonnant, les élections grand ducales bretonnes vont bon train. Enfin, aussi bon que puisse l'être ce qui émane de Breizh. Après des débuts plutôt courtois bien étonamment étaient survenus, d'une, une bien triste procédure procédurière, et de deux, la mainmise sur ladite d'une peste à la fois végétale et animale sur une organisation déjà truffée de déséquilibres dans son essence même, puante d'avoir été conçue à des fins trop orientées.
Négation du Tout breton.
Quelle ironie, quand c'était précisément sur lui qu'il était question de régner.

Votera, votera pas.
C'est aussi torturant pour Dénéré que de faire la part d'ombre et de lumière dans chaque âme.
Elle a pourtant voix au chapitre, et à double titre. Droits et devoirs d'une ancienne duchesse citoyenne, ou quand orgueil et mélancolie profonde viennent perturber le fragile équilibre.

L'identité de celui qu'il est question de soutenir de sa voix n'est pas en cause. Entre peste et choléra, on choisit, toujours, le moins procédurier des deux, surtout quand la justice n'a plus cours, et que le terme sert plus à servir les coups bas de ceux se prétendant assez fins pour la manier que pour garantir la stabilité d'un grand duché malmené. Contre toute attente, celui qui ferait l'objet de son choix n'est pas le moins ordurier des deux, mais celui là a au moins la décence, dans sa grossièreté, de n'être pas faux.

Sur le bureau, non loin de la main occupée à rédiger pli, dort la liste non exhaustive dressée dans une tentative désespérée de peser, encore. L'issue est sans appel.


Citation:
POUR
- Enquiquiner Aanor.
- Soutenir sa déclaration, en opposition à la ridicule procédure arbitrée par la ridicule CJ.
- Apporter sa contribution à une forme d'union sacrée soutenant une tête à l'agenda déjà bien chargé.
- Dol a d'indéniables qualités de stratège, les contacts nécessaires, et des compétences économiques certaines.
- Honorer son statut de citoyenne et d'ancienne duchesse par deux fois élue.
- Espérer, purement égoïstement, se voir reconnaître comme l'une des voix du duché, et retrouver Cholet.

CONTRE
- Participer à un scrutin aussi peu représentatif, organisé à cette époque, par eux, donne envie de vomir.
- Enquiquiner les gens, c'est mal.
- Voter par intérêt, c'est mal. Moins que d'aller ramper devant le trône pour réclamer, mais mal quand même.
- Quand on a déclaré vouloir opter pour le silence, on se tait, et on tient parole.
- L'Ours a-t-il oreilles pour autre chose que ses propres convictions? - Et toi, Chimera?
- Dol est inconstance, que mérite-t-il d'être soutenu quand il m'a plantée à peine le mandat entamé?
- Dol a acquis une grande part de son expérience par des moyens humains, militaires et financiers illicites. Berk.
- Il est obsédé par les culottes. Le règne du maître des slips, après le Grand Tubercule. Et le prestige breton, là dedans? Bien des volontaires surgiront sans doute, lorsqu'il sera question d'occuper ronflantes fonctions destinées à redorer blason.
- Dol est un expert en manigance qui fera peu de cas de la transparence nécessaire à l'établissement d'un sentiment national. Un patate bis, en somme, pour qui communiquer est aussi lassant et blasant que dangereux. Et pourtant...


Et pourtant, Dénéré connaît l'importance de se savoir soutenu, ou, à défaut, considéré comme âme digne d'apporter, de contribuer à l'établissement d'un tout au sein duquel tous les avis ont leur place et leur tour. Elle sait bien, au fond d'elle que lui comme elle n'ont jamais eu à la tête autre chose que ce pays, chevillé au corps bien plus sûrement que toute autre lubie embrassée plus ou moins durablement. Mort pour elle et pour Breizh un temps, il avait fini par lui revenir, et Breizh s'était montrée bien plus magnanime que fauve délaissée. Tant mieux pour l'Hermine, et tant mieux pour lui.

Elle a fait son choix, qui sera de ne pas participer, même pour ne pas prendre parti autrement que par ce blanc qu'elle chérit tant, et qui lui fut si souvent reproché qu'elle en est venue à l'honnir.
Tsss.


Citation:

    A toi, Lemerco, Marquis de Dol,
    Ami tant qu'honni,
    Grand Duc de Bretagne en cours d'élection.


    Il semblerait que mes mots lassent.
    Bien des jeux de mots pourraient être faits là dessus, je t'en laisse le soin, je te sais aussi doué à l'exercice que volontaire pour t'y livrer.
    Breizh est sage, dans ses silences. Elle patiente, sans broncher, que je finisse moi-même par me lasser de leur donner corps. C'est en cours.

    Je ferai bref. Que tu saches, bien que tu te doutes. Au fil et à l'issue de tant d'événements ces derniers mois, j'ai perdu jusqu'à l'envie de conseiller, n'ayant plus la foi ni en mes opinions et leur bien fondé pour Breizh, ni en ceux qui prétendent y agir, en ne vivant que pour rabaisser le voisin. Qu'attendre d'autre, d'une nation s'étant construite sur la faiblesse d'autrui?

    Tu sais tout ça. Tu te seras peut-être fait lire le pli que j'ai fait récemment parvenir, suite au piteux appel qui fut fait à la non-justice bretonne, et auras compris ma position vis à vis de cette démarche. Lors du second tour, j'aurais du, par conviction et suite à cette lettre morte de plus, m'abstenir encore, mais tu me connais suffisamment pour savoir à quel point je peine -le mot n'a jamais été aussi approprié- à rester à l'écart de ce qui concerne Breizh et son avenir, fut-il étranger au mien.

    Tu sais, aussi, que je n'ai pour l'heure pas plus foi en toi pour régner sur ce pays que tu n'en as eu en moi. Ce n'est pas là oeil pour oeil. Je ne sais pas faire ça. Simplement, je ne peux pas soutenir de ma voix ce en quoi je ne crois pas. C'est là l'unique liberté dont je puisse encore me revendiquer, et je l'invoque, très égoïstement. C'est odieux, aussi, mais de mots durs tu n'as jamais toi-même fait l'économie. Tu sais pourquoi ceux-là, au vu de nos rapports, issus de désaccords aussi personnels que de visions. Tu sais aussi que cela ne remet pas tes qualités en doute. Je n'ai pas non plus participé aux débats ni exprimé d'opinion quant aux points de ton programme qui suscitent mon désaccord, comme les autres. Pour cela, aussi, je garde ma voix. Idiot ou pas, quand bien même, ce ne serait pas la première fois. Je n'en ai, peut être au fond, tout simplement pas l'envie ou l'énergie. A quoi bon voter pour un pays dans lequel on ne se sent plus chez soi? Etait-il besoin d'aussi long pour ça, te diras-tu.
    Pardon.

    Je suppose que de soutien et de demandes tu ne manqueras pas, tant les voix sont nombre. C'est une chance, mais pas seulement, elles ne sont pas volées. Dans le cas d'un duel plus serré, j'aurais soutenu ton nom, mais il se trouve que tu n'as pas besoin que je m'impose ce qui serait pour moi un effort, pour un pays et pour un homme qui en ont si peu fait lorsque d'eux j'ai eu besoin. C'est peut-être égoïste encore, et oublieux de torts passés étant de mon fait. Je ne suis pas sans travers ni torts, et suis présentement occupée à en faire amende. Le silence est un effort pour moi, et je déroge à certains principes chers pour l'observer dans cette élection. Tant pis pour eux, et pour le mince intérêt que j'aurais pu espérer y trouver. Qu'il soit message, en soi, mais je ne voulais pas que tu me penses désintéressée au point d'ignorer l'événement de ton avènement. Je ne te saluerai pas publiquement, mais permets que je le fasse ici. De moi, à toi.

    Cessons. En cas d'un besoin réel, autre que celui d'une aimable façade commode pour dissimuler mille fourberies, autre que celui d'un drôle défouloir après une journée ardue, tu sais que sur moi tu pourras compter si le sort de Breizh est en jeu. En franche honnêteté, comme nous avons parfois su échanger. C'est là le seul soutien que je puisse pour l'heure te témoigner, avec l'assurance qu'aucune contrariété majeure ne surviendra de mon fait pendant ton règne. Tu ne le craignais pas, car tu me connais, mais j'y tiens.

    Puisses-tu régner avec l'envie, par ton peuple entretenue, de servir un tout pour son bien à lui et non le tien, cette envie qui a tant fait défaut à ton prédécesseur, fut-ce malgré lui. Majesté ne s'acquiert qu'ainsi, je le crois, à mener tout en incarnant le tout. Je t'épargnerai mes sermons, je n'y ai droit que lorsque je passe mes jours et mes nuits à suer pour ce fichu et aimé duché.

    Savoure mon silence, donc, et bonne chance.
    Demain, peut-être, je t’appellerai mon roi, majesté, ou Dagobert le culotté. Crois le ou non, je n'espère que ça, tant pour toi et moi que pour cette terre qui nous unit sans le faire.

    E Alençon, d'ar Gwener 16 a viz Genver 1463


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