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[RP] Blanche et placard

Ganwyn
Son visage grimaça sous les morsures du froid. L’hiver. C’était sa saison. La chute des flocons lui rappelaient la maison. Sa maison. Celle qu’il avait quittée il y a des années. Fuyant pour la première fois de sa vie. Il l’avait laissé avec regret ce pays qu’il chérissait. Mais maintenant inutile de faire demi tour. D’un geste machinale, il remonta légèrement ses braies après s’être vidé contre un mur. Une bourrasque s’engouffra dans la petite ruelle, venant le frapper durement comme un fouet. Le cri du vent sifflant entre les murs glacés. Le vieux avait presque fière allure dans ses habits noirs volant au vent. Enfin bon ça c’était de loin. De près on pouvait voir que ses vêtements n’étaient que des lambeaux, salit de crasse en tout genre, et recouvrant une vieille cotte de maille usée par le temps et les combats. Son visage qui se voulait si fier, de vanité et d’orgueil perdu, n’était plus que l’ombre de ce qu’il avait été jadis. Parcheminé, ridé, l’âge avait laissé une trace indélébile sur sa face. Il puait la vinasse, ses longs cheveux et sa barbe étaient sale de tâche de nourriture et autre immondice, puant l’alcool fort.

Las de cette journée qui s’était écoulé trop lentement à son goût, lentement comme une agonie, le vieux chemina sans but dans la ville. Les villageois étaient rentrés chez eux. Cherchant le refuge de la chaleur ou par ennuis. Vassili ne saurait le dire. Cette ville était d’un ennui quasi mortel. Voilà des jours qu’il était coincé ici. Les gens de Guéret l’énervaient, la ville l’énervait, cette région l’énervait. En fin de compte seul le temps ne portait pas atteinte à son tempérament ombrageux. L’homme de l’Est s’arrêta un instant dans la ruelle, ses pensées se résumant à un bouillon d’image vague formant un grand tableau. Les pensées de Vassili. De l’art abstrait quasiment. Durant cet instant, qui durait en fin de compte une dizaine de minute, le vieux réfléchit, quoi faire maintenant ? Ses démons lui donnaient rendez vous chaque soir. Depuis quelques semaines un autre des plus déplaisants avaient rejoint la danse. Et chaque soir ils étaient là. Ils l’attendaient. Sifflant et chantant de plaisir à chaque fois. Chaque soir était une lutte, parfois il était tenté de rejoindre cette danse. Parfois. Mais aujourd’hui il ne voulait pas les combattre. Le royaume du sommeil était gardé par cette horde. Autant picoler. Réflexe logique et directe pour cette épave qu’il était. Tuer l’ennui par l’alcool. Alors il reprit son cheminement. La neige ayant eu le temps de lui faire comme d’une couronne de glace sur le crâne, tandis que ses longs poils de barbes s’unirent par les liens sacrés de la glace.

Ses pas le conduisirent ainsi vers une rue où se trouvaient normalement trois tavernes. Les trois seules enseignes de cette satanée ville. Deux semblaient endormis et déjà le vieux se disait qu’il allait devoir taper dans ses réserves de secours, quand enfin la lumière de délivrance d’une taverne vint le rassurer. Voilà ce qu’était son paradis dans le noir inquiétant. La lumière douce d’une taverne. Le vieux rentra alors dans la bâtisse. Plissant légèrement des yeux, son regard attiré par la douce et chaleureuse lumière de l’âtre. Du pied il referma la porte, coupant court la vague de froid. Sa peau glacé se réchauffa doucement. Juste avant il avait secoué la tête, la neige tombant alors suivit de celle qui logeait dans sa barbe. Pendant un instant il resta ainsi. Ses sens se réveillant de nouveau grâce aux doux bienfait du feu. Puis son regard se porta dans la pièce. Un encapuchonné restait tapi dans un coin de la salle. Au vu de sa taille sûrement un enfant, peut être une jeune fille. Le petit bonsoir à peine audible lui confirma cette pensée.

Vassili détestait les devinettes. Il n’aimait pas devoir deviner ce qui se cachait sous cette lourde capuche. Et ne comptait certainement pas lui demander gentiment. Non ce n’était pas son genre et il n’était pas d’humeur aux formalités. Sa voix trancha l’air mais l’autre se contenta de se recrocviller encore plus sur elle-même. Alors il usa la force. Lui arrachant de force sa vérité. Et il la vit. L’espace de quelques secondes son esprit se figea. Une Albinos,une laiteuse. Blanche comme la neige, des cheveux d’une couleur si pure, mais un regard si étrange, rouge, rouge et empreint de peur. Il lui faisait peur. Pas étonnant à vrai dire. Une petite créature faible perdue. Car oui Vassili supposait que c’était une enfant abandonné. Pourquoi ses parents la laisseraient ainsi se balader seule ? Il était évident qu’elle n’avait de parent que la rue et le froid.

La Laiteuse n’était qu’une pauvre créature torturée. Un esprit forgé à grand coup de marteau par un père dur comme le fer. Oh lui ne s’était jamais encombré d’éduquer ses bâtards, selon lui un enfant n’évoluera qu’en se débrouillant. Que les expériences et la dureté de la vie sculpte son esprit. Les résultats avaient été intéressants au final. Plus d’une fois il avait tué ses propres enfants, ce crime ultime il l’avait fait pour sauver sa peau. Car ils étaient beaucoup à la vouloir. Mais là devant lui se trouvait une petite fille terrorisé par ce vieux barbu au regard froid et tranchant. Sa faiblesse lui rappelait étrangement une de ses petites filles. Un petit animal craintif, ne cherchant qu’à être en sécurité. Cette faiblesse, son esprit tordu s’en délecta comme un fin nectar. Alors il la poussa, la malmena. Non il ne devait pas l’abîmer, surtout pas ses si jolis yeux. Il fallait qu’elle le craigne encore plus que les autres. Au fond ce n’était pas si compliqué. Des paroles rudes, une attitude changeante, des menaces, et les larmes venaient avec la peur. Au milieu de sa violence il lui offrit de quoi se nourrir pour aucune raison particulière, peut-être la renforcer pour la suite ?

Cependant quelques chose germa dans son esprit de vieux sénile. Comme avec sa petite fille si méprisé, Valience, il voulait la voir plus forte. La faiblesse, il lui vouait un grand mépris. A ses yeux c’est s’offrir aux griffes du monde. Valience était une cause perdu étant adulte, seule sa sœur pouvait encore faire quelque chose pour elle. Mais la Laiteuse était encore jeune. Si son vieux avait réussi à casser assez son esprit pour en faire une créature aussi inoffensive, il était sûrement possible de chasser ses peurs. Oh une enfant obéissante ça changeait et ça ne lui déplaisait pas. Mais une chialeuse ça l’insupportait au plus haut point. Et puis qu’est-ce qu’on pouvait y perdre ? En cas d’échec c’était le Tord qui s’occupait de son cas. Donc il était plutôt tranquille de côté-là. Mais ça pouvait être intéressant. Et si cette enfant était capable de devenir plus courageuse ça aiderait l’autre con au moins.

Sa décision avait été rapidement prise. Quand la gamine commença à montrer des signes de fatigue le vieux s’en saisit sans ménagement. Oh elle résista mais vu la force qu’elle y mettait c’était sûrement plus pour la forme qu’autre chose, à moins qu’elle soit faible à ce point. Elle avait peur des endroits clos, et encore plus peur de lui. Il en savait assez pour lui faire vivre un cauchemar. Aussi dit la petite fut balancé dans un placard qu’il ferma mais pas à clé. Il fit semblant de partir également, soufflant les bougies. C’était sa petite épreuve supplémentaire. Tester son obéissance et la crainte qu’il lui inspirait. Il lui avait promit une punition exemplaire en cas de désobéissance. Il comptait bien la lui donner si elle tentait de sortir. Un faux choix. Un petit piège.
Calmement il prit place contre l’armoire. Son oreille collé contre le vieux bois, guettant chaque respiration. Sa peur était palpable. Après tout ce n’était qu’une enfant. Un instant il ferma les yeux, profitant de cet instant tranquille.
Bloodwen
Plongée dans l’obscurité, ramassée sur moi-même dans un coin du placard, je tentais de calmer ma respiration affolée. J’avais été jetée là-dedans sans ménagement avec interdiction d’en sortir. Or, j’avais développé d’une peur panique des espaces restreints depuis que je m’étais enfuie de la ferme.
Le vieil homme avait dû s’en rendre compte quand il m’avait dit d’aller dormir dans un sous-sol et que j’avais refusé. Il m’avait tourmenté pendant des heures et je ne savais plus ce que j’avais pu dire ou faire pour mériter ce qu’il m’arrivait.
Terrifiée, la tête glissée entre mes genoux que je serrais de mes bras tremblants et ma poitrine dans laquelle cognait violemment mon pauvre cœur trop souvent malmené, je me revoyais dans ma prison de la grange.

Car en fin de compte, quel autre nom donner à cet endroit sinistre et étroit dans lequel j’avais grandi ? La plupart du temps, je n’y étais séquestrée que quelques heures, le temps d’un court repos nocturne, ou lorsque mon géniteur recevait de la visite.
Au fond de cette grange à l’apparence banale qui accueillait poules et vaches, dissimulée derrière des bottes de foin, ma triste demeure ressemblait à une cage, puisque constituée de grillage à losange comme celui qui constitue souvent les cages à poules, renforcée par d’épais murs en pailles, qui l’encerclait totalement, aussi bien sur les murs que le plafond, une trappe en fer permettant d’accéder à l’intérieur.
Celui-ci était vide. Ma « chambre », comme l’appelait ironiquement mon père, ne comprenait pas même une paillasse, ni même un seau. Je couchais donc à même le sol, sur la terre battue qui le composait. Mais cela n’était rien comparé à ce que je vivais lorsqu’une vache était grosse.

Afin que je ne risque pas de transmettre ma tare aux veaux à naître, mon père avait creusé un trou dans le sol de ma prison, encore plus étroit que celle-ci. Je n’y tenais pas debout et devait y évoluer à quatre pattes, bien que cela soit un grand mot. Dès qu’il se rendait compte que la bête était pleine, je ne devais plus approcher les bovins et passais donc le plus clair de mon temps enfermée.
Durant les deux derniers mois enfin, je n’étais plus libérée et passait mes nuits dans le trou consciencieusement verrouillé, jusqu’à n’en plus sortir les derniers jours durant lesquels la trappe ne s’ouvrait même plus pour me nourrir, afin que mes miasmes démoniaques ne risquent pas de s’échapper de ma cellule pour atteindre le veau. J’étais livrée à moi-même dans l’obscurité la plus totale, avec à peine assez d’eau et de nourriture pour survivre. Je ne recevais plus les visites furtives et pourtant si réconfortantes de ma mère durant ces périodes, et mon seul réconfort venait que je ne recevais pas non plus celles fréquentes et brutales de mon géniteur qui ne se privait pas de me cracher des injures et de me battre durant ses beuveries nocturnes.

En ces moment-là, je dormais beaucoup, m’évanouissant souvent par manque d’air et d’épuisement. Comme en cet instant, où, toujours plongée dans l’obscurité de l’étroit placard, je m’effondrais de fatigue et m’endormais après un long moment de panique silencieuse. J’étais alors persuadée d’être enfermée, seule, dans le placard d’une taverne désertée. Aussi, quand l’Homme Rouge apparût devant moi, massif entre les murs de bois qui nous entouraient, je me mis à hurler de terreur. Il m’avait retrouvé et je voyais la lame de sa hache briller à son côté. Il me toisait de toute sa hauteur, ses yeux flamboyants m’écrasant d’hostilité et de haine et menaçait d’abattre sa lourde botte sur moi.
Complétement paniquée, je me mis à me débattre dans l’espace réduit, frappant le bois de tout côté avec l’énergie du désespoir de mes poings en quête d’une échappatoire. Quand à ma grande surprise et mon profond soulagement la porte céda sous ma poussée, entrainant l’avant de mon corps vers le sol. Je n’osais pas me retourner, ayant entendu la hache quitter son passant et l’imaginant déjà prête à s’abattre sur ma nuque, mais sans perdre de temps je rampais maladroitement hors du meuble pour chercher refuge ailleurs, me trainant sans efficacité sous une table pour échapper à celui qui n’existait que dans mon esprit tourmenté.

Dans ma panique et les yeux clos, enfermée dans mon cauchemar, je n’avais pas senti la présence de l’homme bien réel qui m’avait enfermée. Petit à petit, je m’éveillais complètement, la gorge irritée par mes cris, recroquevillée à quatre pattes sous ma cape, prenant lentement conscience que je n’étais plus dans le placard qui m’avait été défendu de quitter. Les joues inondées de larmes, je relevais prudemment la tête, mais l’obscurité qui régnait dans la pièce uniquement éclairée par les dernières braises clignotantes du feu mourant ne me permettait pas de distinguer clairement mon environnement.
Je peinais à différencier le rêve de la réalité, depuis que les cauchemars envahissaient mes nuits. Aussi j’étais persuadée de l’existence de l’homme à la peau rouge qui me poursuivait depuis que je m’étais enfuie de la ferme et qui me retrouvait toujours pour me torturer durant mon sommeil. Immobile, je réprimais mes tremblements de peur, et posait mes mains sur ma bouche pour étouffer le bruit de ma respiration saccadée. Je n’entendais plus rien. J’étais sûre que le vieil homme était parti, me laissant à mon sort dans le placard et peut-être que l’Homme Rouge s’était éloigné.

Alors, très lentement, à tâtons sur le sol crasseux, je tentais de regagner le placard à quelques mètres de moi, espérant que le premier ne se rende pas compte que j’en était sortie, et que le second ne m’y cherche pas à nouveau.

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Ganwyn
Bloodwen. Ce nom le fit presque sourire. De par son passé il avait été mené à apprendre un peu d’anglais. Au début il ne l’avait pas reconnu. Mais Blood c’était le sang. Un nom étrange en vérité. Bloodwen. Pourquoi un père la nommerait ainsi. A cause de ses yeux? Sûrement. Peut-être une histoire se rattachait au nom de cette pauvre enfant. Après tout ce nom c’était le début de sa vie. Vassili ignorait toute son histoire. Il ne pouvait que la deviner. Sa peur des espaces restreint n’était guère difficile à trouver quant à son origine. C’était comme sa sœur Kaitha. Elle avait tout simplement eu une mauvaise aventure dans un lieu restreint. Peut-être qu’elle y avait été enfermée ? Vu sa crainte du paternel ceci serait logique après tout.

Le vieux se trouvait dos à un des côtés du placard. L’arrière du crâne collé contre le vieux bois. Il l’écoutait, l’enfant. Sa respiration était forte, saccadée. Rythmée par la peur. Elle devait être au bord de la panique. Vassili lui avait promis une punition digne de ce nom si elle pleurait. Il serait ravie de lui donner. En réalité le vieux n’avait pas trop réfléchit au type de punition en fait. Il se disait qu’un coup de poing avec ses bagues aux doigts pourrait faire l’affaire. Un tel coup lui casserait sûrement quelques dents. Mais non. Il ne fallait pas l’abîmer. Un coup dans le ventre alors ? Sûrement. Cela suffirait amplement. Et au pire. S’il tuait la gosse dans son placard. Qui le découvrirait ? Il aura le temps de se tirer avant que le cadavre commence à enfumer la salle. L’idée de tuer la Blanche ne l’enchantait guère. Il ne savait pas pourquoi. Elle était beaucoup plus amusante vivante que morte après tout.

En pensant au père de l’enfant, Vassili se demanda si lui aussi aurait fait pareil si il se serait occupé de ses enfants. Cela restait une de ses grandes questions. Comment aurait été ses enfants s’il les aurait élevés ? Et surtout, que serait-il devenu s’il aurait été un honnête homme ? Un homme tranquille et paisible, avec femme et champs. Non ce n’était pas lui. Il n’avait jamais connu la tranquillité. Il avait été fermier, mais durant son enfance. Auprès de ses parents et ses frères et sœurs. Pas en France. Pas ici. Alors qu’aurait-il fait avec ses enfants ? Non il n’aurait sûrement pas été un bon père. La plupart de son temps il était ivre mort. Au final ils n’auraient guère différer de ce qu’ils sont devenus maintenant. Même si aucun ne l’avouait, il savait que tous avait espéré un père beau et fort. Quelle déception il avait été. Eux aussi en avaient été. A chaque fois il espérait retrouver des enfants qui pourraient le rendre fier. Certains auraient pu faire l’affaire. Mais il ne savait pas pourquoi. Il ne pouvait pas les aimer. C’était une chose impossible. Et à son grand désarroi, c’était sa fille Alyah qui était la plus proche de lui. Cette enfant si instable, presque pire que lui. Sauf qu’elle était jeune et qu’elle n’avait pas encore eu le temps de l’égaler en horreur.

Ses pensées furent brusquement interrompues par le tumulte à l’intérieur du placard. Que foutait-elle ? Le vieux donna toute son attention sur chaque bruit et chaque frottement. Pourquoi paniquait-elle maintenant ? Pensait-elle être seule et tenter de s’échapper. Pourquoi pas ? Mais il était étrange qu’elle n’ouvre pas simplement la porte. Ou alors elle cauchemardait. Venant d’une petite fille tourmenté cela n’était guère surprenant. La façon dont elle se débattait dans sa prison de bois lui rappela une exécution qu’il avait faite des années plus tôt. Il était jeune, il était encore fort. C’était pendant la grande guerre. Il avait travaillé pour la France et l’Angleterre. Pendant son temps chez les Angloys il avait été employé à terrorisé des paysans. Ce qu’il avait fait.

Ce jour là une famille entière de paysan pendait le long de la route. Les hommes en premier. Les femmes après. Il fallait bien que les hommes se détendent. Au loin les chaumières brûlaient, avec en arrière-plan les hurlements des femmes qui se faisaient violer avant d’être balancé dans les maisons en feu. En vérité ils n’avaient jamais eu pour ordre de faire ça. Mais ils étaient comme des animaux, des mercenaires qui s’en fichaient bien de la justice, car en temps de guerre il n’y avait pas de justice. Pour obtenir des informations le vieux avait enfermé un jeune garçon dans un cage de bois et lui faisait prendre le bain. Son père ne savait rien. Au fond Vassili le savait. Mais là c’était plus par amusement qu’autre chose. Le gamin se débattait comme un animal. Braillant et hurlant dès qu’on le sortait de l’eau. N’en pouvant plus de ses cris le russe l’avait finalement laissé dans l’eau. Puis il avait exécuté le père. La seule différence ce soir c’est qu’il n’y avait pas d’eau et qu’elle ne criait pas autant. Au moins elle était plutôt obéissante même en dormant.

Mais quelle surprise se fut quand la Blanche émergea de sa cachette. Rampant, visiblement en proie à la pire panique, sous une table. Elle était bien une enfant. Pensant qu’une simple table pouvait la sauver. Stupide petite fille. Il l’observait sans rien faire, retenant un petit soupire de déception. La Blanche allait devoir payer sa désobéissance, c’était bien l’une des seules manières de l’élever. Après tout elle était comme un petit chiot à élever quasiment. Le vieux l’observait comme un prédateur veillant sur une proie blessée. Elle tentait de se calmer. Malgré l’obscurité, et malgré la distance, le vieux pouvait la voir trembler. Ses sens se mirent en éveil, à moitié endormis jusque-là. Ses vieux réflexes de tortionnaires. Il l’observait se débattre, fuir, mais quoi. Lui ? Non elle ne pouvait se douter de sa présence, enfin. De toute manière bientôt elle comprendrait. Oh il sentait sa peur.

Alors très lentement le vieux se releva. La petite rampait misérablement vers le placard. Elle retournait vers sa prison. Cela le fit rire. Un petit rire à peine dissimulé. C’était le début. Alors lentement il se dirigea vers la petite, sachant qu’elle ne fuirait pas. Fermement il l’écrasa de sa vieille botte de cuir usé. La maintenant au sol en mettant son poids dans ce pied. Puis lentement il plia le genou, l’écrasant avec ce dernier. Puis doucement il se pencha vers l’enfant. Caressant presque gentiment sa chevelure de neige. Puis d’une voix à peine audible, il lui souffla dans l’oreille. Avec son haleine puant la vinasse et autre immondice :


-Qu’est-ce que je t’avais dis Blanche ? Hein ? Je t’avais dit de ne pas sortir. Et où je te trouve ? Dehors. C’est dommage n’est-ce pas ? Je vais être obligé de te faire du mal, beaucoup de mal petite Blanche tu le sais ça ? Je n’aime pas devoir faire ça mais tu m’y oblige malheureusement. As- tu envie d’avoir mal petite fille ? Non je devine. Tu aurais envie de te racheter mais tu ne peux pas, c’est dommage. Ne pleure pas trop petite Blanche, ce n’est que le commencement.
Bloodwen
Un léger bruit perça brusquement le silence qui m’entourait, et j’étais si près de mon but, le placard n’était plus qu’à quelques mètres, que je préférais l’identifier comme un des nombreux craquements et frottement fréquent dans une taverne vide aux boiseries anciennes et aux rongeurs galopants pour grappiller ce qui se peut.
J’avançais une main qui effleura le bois quand un rire discret mais distinct me la fit rétracter. Les pupilles dilatées de terreur, je fixais la semi-obscurité devant moi, où je savais que se trouvait mon but, que je n’avais pu atteindre à temps.
Je voulais bouger, et échapper à mon tourmenteur, quel qu’il soit, mais j’étais trop lâche et peureuse pour faire le moindre geste. Je maudissais ma faiblesse quand un contact pesant m’écrasa au sol en m’arrachant un couinement.

Je n’opposais aucune résistance à la pression, qui aurait été bien vaine, et n’agitait que mollement les jambes et les bras, alors que le souffle me manquait. La large semelle couvrait une grande part de mon dos et je sentais mes os fragiles craquer sous son empire.
Les yeux exorbités, je peinais à trouver mon oxygène. Ma respiration était courte et saccadée, entrecoupée de gémissements paniqués. De grosses larmes coulaient de mes joues pour s’échouer en pluie sur le sol poussiéreux contre lequel était plaqué mon visage.

Je pensais qu’il voulait me tuer et je cru qu’il allait y parvenir quand son genoux vint écraser mes omoplates. Il m’aurait été si facile de le laisser me broyer, vider ce qu’il me restait d’air dans les poumons et fermer les yeux pour rejoindre la Lune. Mais étrangement, comme quand Tord avait voulu me dépecer, je me découvrais un désir de vivre insoupçonnée.
Certes ma brève existence n’était pas brillante, je ne savais pas ce qu’était le bonheur, ou même la sécurité, et le repos de l’esprit, mais justement, une part de moi voulait connaître tout cela, ou du moins le tenter. Et en me laissant aller sous la lourde botte de cet homme, je ne le pourrais jamais.

Et il y avait autre chose : j’étais consciente de ma condition de démon, et je craignais terriblement de rejoindre le sans-nom. Moi, le monstre, je craignais déjà le monde dans lequel je me trouvais ainsi que les hommes qui y évoluaient, alors, je n’osais imaginer mon après-vie au milieu de créatures de mon espèce. Si ma vie semblait un enfer, je la trouvais moins effrayante que ce qui m’attendait sur l’astre gelé.

Je tressaillis en sentant sa main me caresser les cheveux. Ce contact rassurant et réconfortant, contrastant avec la douleur et l’humiliation d’être foulée aux pieds comme une simple carpette, provoqua en moi une grande sensation de malaise, me donnant des sueurs froides. Je secouais faiblement la tête pour tenter de me soustraire à sa main. L’haleine avinée et puante de l’homme failli me faire perdre connaissance, mais ses paroles me maintinrent éveillée, ma conscience percevant avec une acuité angoissante le sort qui m’attendait.

J’aurais voulu lui dire que je n’avais pas fait exprès de sortir de ce placard, que c’était l’Homme Rouge qui m’y avait obligé, que j’allais y retourner et que cette fois et que je n’en bougerais plus. Je ne voulais pas qu’il me fasse du mal, et j’aurais fait n’importe quoi pour y échapper.
N’ayant aucune fierté, je n’aurais eu aucun mal à ramper à ses pieds pour le supplier de m’épargner. Mais voilà, j’étais déjà sous sa botte, à sa merci la plus totale, pas plus difficile à écraser pour lui qu’un asticot. Et je n’avais aucune monnaie d’échange pour sauver ma misérable peau.

Il ne sortait de ma bouche que des sons étouffés et brefs, entrecoupés de gémissements aigus. Reniflant fort, je tentais de ne pas pleurer, pour ne pas aggraver mon cas. Et prenant une trop brève inspiration je parvins tout de même à couiner un faible :

Pitié je le referais plus…je vous le jure

Puis, suffocant, je tentais de reprendre mon souffle. Des coups, j’en avais vu d’autres, mais distribués par un ivrogne en colère à peine capable de tenir sur ses jambes quand il avait bu plus que de raison. Je ne savais si je pourrais supporter la violence d’un homme en plein possession de ses capacités et visiblement rompu aux armes. Je n’espérais pas lui échapper, mais je voulais rester en vie.

Ne me tuez pas s’il vous plait…je ferais tout ce que vous…voudrez

Si seulement il pouvait ôter son pied de mon dos, je pourrais emplir mes poumons de l’air qu’il me manquait. Espérant le satisfaire, je cessais tout mouvement, ravalant mes larmes, faisant preuve de docilité et résignation. Il ne me restait que cela.

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Ganwyn
Oh Blanche, Blanche qu’as-tu fais ? Pourquoi es-tu sortie, se demandait le vieux ? Pourquoi petite Blanche. Pourquoi fallait-il que tu sois aussi idiote ? Il fallait la punir désormais. La petite enfant rebelle. La battre jusqu’au sang si besoin. Enfin pourquoi en arriver là ? Fallait-il punir la Blanche. Une partie de son âme se le demandait, l’autre hurlait son envie de sang. Cette dernière, la plus sournoise, la plus perverse de son âme noire, noir de ses méfaits, cette partie voulait voir la petite chose craquer sous les coups. Elle voulait la sentir se briser physiquement et mentalement, la faire souffrir, hurler et pleurer. La forcer à vendre tout ce qu’elle pouvait pour survivre, la pousser dans ses derniers retranchements. Oui Vassili se nourrissait de cette peur. Finalement de deux c’était lui l’enfant du Sans Nom. Elle, elle n’en avait que l’apparence. Le Très Haut s’était loupé en la créant. Cette petite créature faible, à peine capable de parler à des gens comme lui. Oh petite Blanche tu allais regretter d’être sorti. Tu allais regretter ton père.

Il le sentait. Suffoquer. Gigoter. Elle était comme les animaux, cherchant à s’échapper, tâchant de trouver un peu plus d’air, un peu de force, pour s’échapper. Mais la Blanche serait-elle assez idiote pour tenter de lui échapper. Oh non pas cette Blanche-là. Mais qu’est-ce qui t’avais fait sortir de ta tanière petit lapin ? Le loup était dehors, guettant tes mouvements, et tu as décidé de te balader ? Idiote petite fille, idiote, idiote, idiote. Il avait envie de lui cracher au visage. De la piétiner, de l’écraser, de l’accrocher à un croc de boucher et de se draper de sa peau blanche en ensanglanté. D’écraser ses yeux de démon, de les enfoncer jusque dans sa cervelle. De l’étouffer jusqu’à lui donner une couleur similaire à ses yeux. De la saigner jusqu’à ce que sa peau soit plus Blanche que la neige. Mais, pauvre Blanchette, tu suffoques, tu te meurs. Et pourtant tu combats encore. Tes petits poumons cherchent l’air qui te manque, cet air frais et libérateur capable de maintenir ta pauvre et inutile vie sur la terre. Tu combats ce monde injuste petite enfant. Et lui, le loup, se trouve rayonnant au-dessus de toi.

Lentement Vassili se pencha en avant, écoutant la respiration difficile de la petite fille. Savourant cette souffrance. L’animal en lui avait reprit le dessus. Faire mal, faire souffrir. Il n’en avait plus eu l’occasion depuis longtemps. Et cette Blanche sur un plateau d’argent. Il aimait la sentir faiblir encore et encore. Mais il l’écoutait. Pauvre Blanche tu ne peux plus parler. Des mots pourtant se forment. Blanche a trouvé assez d’air pour parler. La pitié. Elle implorait sa pitié ? Cette petite phrase fit glousser le vieil homme. Un gloussement ridicule, mais qui se le voulait. Un petit rire moqueur. Elle était amusante la Blanche. Alors lentement il tourna son visage, pour lui souffler au visage d’une voix froide de colère :


-Voyons enfant…Tu m’avais déjà promis de ne pas sortir du placard. Tu te souviens enfant ? Et pourtant où t’ai-je retrouvé ma petite ? Dehors. Et je t’avais averti, je t’avais prévenu. Ta promesse ne vaut pas grand-chose ma petite. Elle ne vaut rien même. La soirée ne fait que commencer

Alors il enleva son genou de son dos. Lui accordant la permission de respirer, la permission de vivre. De prendre cette bouffée d’air si douce. Il adorait ce sentir tout puissant avec cette petite fille, ce trait de caractère ressortant du simple fait qu’il n’avait jamais rien eu, jamais diriger. Un sentiment de revanche et un caractère à moitié mégalomane. Il était le dieu, le dieu des Blanches ! Enfin de la Blanche pour l’instant. Mais il avait droit de vie et de mort sur elle. Personne pour l’interrompre dans sa torture. Tord devait décuver quelques part, les gardes étaient peu nombreux, fautes de moyen que lui disait la bourgmestre. Tant pis pour la Blanche après tout. Il s’éloigna un moment, admirant la petite fille traînante comme une misérable larve par terre. Vassili la laissait se reprendre un moment. Puis sans rien dire il l’attrapa, l’enserrant dans une étreinte impitoyable, il avait perdu de la force avec l’âge, mais avec la Blanche c’était facile.

Le vieux se déplaça sans se presser vers un tonneau qu’il avait repéré avant. Serrant de toute ses forces pour empêcher tout mouvement à la Blanche. Puis, sans crier gare, il jeta avec violence la pauvre petite fille contre le tonneau. La regardant avec un petit sourire s’écraser lourdement contre le bois, puis tomber comme un pantin désarticulé au sol. Prenant son temps, il s’approcha de la petite Bloodwen. Lui jetant un regard, un regard qui était un mélange de haine et de mépris. Puis il leva son pied droit, posant sa main contre le mur pour s’assurer un bon équilibre, puis il bourra de coup la Blanche. Se délectant à chaque coup. Riant comme un dément, tout en frappant avec joie cette pauvre enfant déjà brisé. Il ne voulait pas la casser, ne mettant pas toute sa force, il voulait juste la faire souffrir. Mais il aimait bien son visage, alors il ne visait pas le visage. Jamais le visage. Un coup, deux coups, trois coups, quatre coups, puis il perdit le compte. Se laissant dominer par l’ivresse de la haine. Laissant sa colère se déverser dans chaque coup donné à la Blanche. Il était remplis de joie. Voilà ce qui lui manquait. La violence. La colère. Sa colère. Elle le consumait, lui brûlant les tripes, et voilà qu’il avait enfin cette occasion de la rejeter contre quelqu’un. Oh pauvre Blanche tu n’aurais pas dû sortir, non. Il visait au début son ventre, puis ses jambes et ses bras. Prenant plaisir à lui écraser la main sous son talon. Puis arrêtant un moment il lui accorda un grand sourire, avant de violemment se baisser pour lui écraser le cou avec son genou. Un coup sec et violent. Il se releva aussitôt. Victoire sur le Blanche.

Alors, profitant de l’état sonné de l’enfant. Il ouvrit la tonneau, passant sa main dedans. De l’eau. Un peu décevant. Mais de l’eau glacé, ça compensait. De l’eau glacé. Ah elle avait peur du placard ? Alors il lui offrirait son horreur. Il lui offrirait une nuit en enfer avec lui, créature du Sans Nom, avec l’âme pourrie par la rancœur. Sans ménage il saisit la Blanche et la plongea tête la première dans le tonneau. Le refermant aussitôt. Le tonneau était assez large pour qu’elle puisse se remettre dans le bon sens. Mais il était bien rempli. Il y avait juste assez d’espace pour respirer sûrement. Bienvenu dans ton enfer petite Blanche.
Bloodwen
Je flottais dans un espace clos, étroit, silencieux. Protégé du monde, dans une obscurité rassurante. A l’abri du mal, de la peine et de la douleur. De retour dans la matrice maternelle, immergé dans le liquide originel. Une sensation de plénitude m’envahie, et je n’aspirais qu’à me laisser aller, à embrasser cet état larvaire, dans un cocon protecteur. Je n’aurais plus mal et je n’aurais plus peur, je continuerais à flotter, éternellement, juste comme cela, sans effort, sans pensée. J’inspirais profondément.

Et soudain l’eau glacée emplie ma gorge. La panique s’empara de moi alors que je sentais subitement la morsure du froid, comme des milliers d’aiguilles qui transperceraient chaque millimètre de ma peau. Et tout me revins en une douloureuse fulgurance.

Les bouffées d’air qui avaient soulagés mes poumons écrasés alors que mon tourmenteur avait daigné me relâcher. Ma pauvre carcasse se contorsionnant au sol, comme un insecte aux pattes arrachées, avant que des bras puissants ne me saisissent et ne me broient. Ma terreur à l’idée qu’il voulait me tuer ainsi, et la sensation de chute vertigineuse avant que je ne heurte violemment le tonneau, provoquant une douleur intense dans mon dos, tellement soudaine que le peu d’air que j’étais parvenue à reprendre s’était échappé de mon être en une brusque et bruyante expiration.

Le blanc s’était emparé de mon esprit et mon regard vide, rouge et mouvant se leva sur l’homme dont les dernières paroles résonnaient dans mon esprit tourmenté : ma parole ne valait rien, et la soirée ne faisait que commencer. Ecroulée au sol comme une poupée brisée, les membres exposés dans une position ridicule, je ne parvenais à trouver la force de remuer. A quoi bon ? Avais-je pensé. Je ne pouvais pas lui échapper, et il n’en avait pas fini avec ma misérable vie. Et puis, je l’avais mérité, en sortant du placard. Tout était ma faute.

Et puis les coups s’étaient mis à pleuvoir. Le premier, porté à mon ventre exposé, m’avait fait rendre mon repas sur le sol de la taverne. J’avais tenté vainement de me protéger, mais mes efforts étaient dérisoires face à la folie de mon bourreau. Je gémissais, lâchais parfois un cri, au début, puis très vite, au bout de quelques coups, je ne parvenais même plus à réagir. Mes yeux étaient secs et vide, dépourvu de la moindre étincelle de vie. J’avais renoncé à lutter, tandis que, agitée seulement de spasmes et de tremblement mon esprit empli du rire déments du vieil homme qui s’acharnait sur moi. Ce rire, je ne l’oublierais jamais, je le savais déjà. Il me poursuivrait où que j’aille, à chaque fois que je fermerais les yeux.

Soudain, tout avait cessé, les coups et le rire. Mes membres étendus, lourds, paralysés par une douleur sourde, la tête au sol, contre le tonneau, mon regard s’était égaré sur un plafond que je ne distinguais même pas, avant de glisser sur un sourire cruel et effrayant, le sourire d’un homme victorieux sur une chose dérisoire. J’avais à peine eu le temps de voir le genou s’abattre vers moi. De toute façon, j’étais incapable de bouger. Je l’avais laissé m’écraser la gorge sans la moindre résistance. Sans même un cri. Je n’étais même pas sure de pouvoir en émettre un à nouveau un jour. Seul en souffle rauque s’était échappé de ma gorge martyrisée. Et je n’avais même pas osé y porter la main. C’était pour elle que j’avais poussé mon dernier son. Peut-être était-elle brisée, comme l’ensemble de mon être. Peu m’importait alors. Je voulais juste dormir, ne plus rien sentir. Je pouvais à peine respirer et tout autour de moi devenait blanc. J’avais la nausée, mais je n’avais plus rien à rendre.

Je me débattais dans l’eau glacée. Je ne savais où était trouver de l’air, si cela était possible. La brûlure du froid était telle qu’elle me paralysait les membres, et je me parvenais plus qu’à agiter incoerciblement bras et jambes, en quête d’une échappatoire. L’eau s’engouffrait dans mes poumons et je sentais que ma fin était proche. Mais, brusquement, je percutais le fond de la pointe du pied, et, me propulsant, je heurtais le couvercle du sommet de mon crâne, avant de replonger dans l’eau.
J’avais a peine eu le temps de percevoir le peu d’air qui existait en haut, et, trouvant miraculeusement un équilibre, passant de la pointe d’un pied à l’autre, je parvins enfin à sortir la bouche de l’eau. Je crachais alors ce que je pu et inspirait bruyamment, malgré la douleur, laissant échapper un sifflement pitoyable, avant de boire la tasse à nouveau. Même en m’étirant à mon maximum, ma bouche dépassait à peine, et en remuant les bras pour garder mon équilibre je créais des vaguelettes qui m’emplissaient la bouche et me faisait boire toujours plus d’eau que je ne parvenais à recracher.

Complètement paniquée, refusant à nouveau de mourir, aiguillonnée par le froid et la douleur, je me mis alors à gratter le couvercle que ma tête touchait presque. J’essayais de le soulever, mais parvenait à peine à l’effleurer de mes ongles, en une sorte de supplique muette pour être libérée de ma prison aquatique. Mes vêtements m’alourdissaient et rendaient ma lutte plus désespérée. Je devais sortir de là rapidement avant de ne plus être capable de me maintenir la tête hors de l’eau.

Je grattais de plus en plus, à mesure que ma peur de mourir noyée se faisait plus forte. Je ne parvenais plus à garder mon calme et la panique me gagna totalement. Dans l’obscurité de cet espace clos, je n’avais plus de repère. Perdant l’esprit, je me mis alors à frapper en tous sens, de mes poings et de mes pieds, le bois autour de moi, tournant dans le liquide glacé quand tout à coup, je sentis une excroissance dans l’unité de l’ensemble. Sans même y penser je frappais dessus avec mon pied, et la chose bougea. A bout de souffle, totalement immergée et désespérée, je me mis à gratter frénétiquement la chose un peu plus molle que du bois, jusqu’à ce qu’elle sorte de son trou, créant ainsi un orifice duquel commença à s’échapper l’eau.

Surprise, je me mis à chercher de l’air, que je trouvai plus facilement qu’auparavant. L’eau s’évacuait, et je parvenais à respirait en me tenant tout simplement debout. Choqué, et comprenant soudainement que j’étais sauvée, j’émis un petit cri étouffé qui s’acheva dans une quinte de toux. Je ne réalisais même pas ce que je venais de faire, ni qu’à mesure que l’eau se retirait, s’écoulant par le trou qui servait d’ordinaire à insérer un robinet, je me piégeais toute seule, en rendant inaccessible le couvercle. J’étais toute à ma joie de m’être libérée de ce supplice toute seule, ne voyant pas la menace qui planait hors de ma prison de bois.

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Ganwyn
Le vieux jubilait de joie. Son esprit exultant de cette victoire facile. Pourtant pas un son ne s’échappa de ses lèvres. Non il se contenait. Si quelqu’un aurait été là. Il l’aurait vu se tordre en tout sens, son visage se déchirant sous les différentes mimiques provoqués par ses émotions chaotiques. Nerveusement il tapotait le tonneau prison où gisait la petite Blanche. Il espérait qu’elle n’était pas morte sous ses coups. Cette petite poupée d’ivoire, elle était si fragile, si calme. Au début il croyait qu’elle était aussi fragile physiquement que mentalement. Mais, finalement, son père l’avait peut être rendu plus forte qu’il ne l’avait prévu. Oh qu’il avait aimé sentir sa peur quand ses bras l’enserraient. Qu’est-ce qu’il avait adoré l’entendre crier et geindre sous ses coups, perdre de plus en plus pieds avec la réalité.

L’enfant avait crié, l’enfant avait été brisé, l’enfant avait même vomit. Immonde petite créature qu’elle était, il lui offrait à manger et elle lui rendait ainsi. Son sang bouillait, l’entendre se débattre dans l’eau fut à la fois un plaisir et une torture. Un plaisir car la sentir lutter pour sa misérable vie, se débattre dans sa prison de bois, se noyer presque, et surtout la savoir bien en vie, quoi de plus plaisant ? Excepté la faire flancher sous sa botte. Mais c’était une torture également, insupportable, et ce car son sang le brûlait, la frapper n’avait été qu’un début, chaque coup avait augmenté la pression sur son esprit torturé. Il voulait sentir ses os casser, il voulait qu’elle le supplie en hurlant et pleurant. Oui il voulait tout ça. Cette enfant excitait sa fureur et sa colère. Et ne pas pouvoir la frapper encore et encore.

Il fallait attendre. Alors il se mit à genou, évitant soigneusement la zone où la gamine avait rendu son repas. Au début il colla son oreille contre le bois, écoutant soigneusement le remous de l’eau et le combat de la petite Blanche contre la mort qu’elle pouvait aisément éviter en restant calme. Mais comment rester calme dans de telles conditions ? Il veillait, il sentait ses grattements désespérés contre la parois, les coups. Un moment il hésita à la libérer, la laisser se noyer n’était pas vraiment ce qu’il souhaitait. Il y avait mieux à tirer de cette gamine que cette simple mort.

Puis il entendit un bruit étrange. L’eau s’enfuyait. Il le sentait glisser sur le sol, lécher ses vieilles bottes de cuir. Un peu d’eau vint également se glisser à l’intérieur de ses bottes, par un petit trou ouvert par le temps et les épreuves. Un instant Vassili n’en croyait pas ses sens. Comment l’eau avait bien pu réussir à sortir du tonneau ? Non il y avait quelque chose qui n’allait pas. Qu’est-ce qui avait bien pu se passer dans le tonneau ? La Blanche aurait-elle réussi à ouvrir le tonneau par magie ? Non, la gamine était tout sauf une magicienne. Mais quoi alors. Vassili fit rapidement le tonneau, laissant sa main courir contre le bois pour en vérifier chaque bout. Enfin il trouva le trou. Que faisait un trou ici ? Un instant l’esprit du vieux marcha, pour essayer de trouver comment. Enfin sa mémoire se souvint qu’il fallait un endroit pour installer le robinet. Voilà comment Blanche s’en était sortie. Maudite petite Blanche

Un moment, le vieux admit quand même que la Blanche faisait preuve de bon réflexe de survie tout de même. Petite Blanche ton talent te perdra. Vassili attendit encore, regardant l’eau s’écouler par le trou. La moitié de la taverne était désormais trempée. D’un geste colérique il frappa l’eau de sa botte, geste inutile, ne faisant que faire gicler quelques gouttes d’eau contre le tonneau. Puis il s’approcha, lentement, en prenant soin d’appuyer chacun de ses pas. Qu’elle sache quand même qu’elle venait de faire une grossière erreur, et qu’elle allait encore en devoir payer le prix. Ses doigts tremblant se posèrent sur le couvercle de bois, puis lentement il le souleva, regardant la petite Blanche, trempant dans un fond d’eau. Misérable vermine. Lentement sa main se porta à sa ceinture, tirant un couteau brillant et d’apparence précieuse. Beaucoup trop précieux pour un homme comme lui. Ce couteau, était l’un des seuls trésors de la famille. Un de ses ancêtres l’avait arraché au corps chaud d’un chevalier Teutonique après l’avoir tué lors de la bataille du Lac. L’ancêtre avait eu de la chance, mais le talentueux stratège Alexandre avait conduit cette victoire. D’autres pièces avaient été prises aux chevaliers, beaucoup d’autres. Mais la plupart s’était perdu au fil du temps, la branche du vieux ne conservant que ce couteau. Un très beau couteau, Vassili prenait bien soin de la polir et de la nettoyer, mais également de l’entretenir pour qu’il conserve son aspect mortel, et mortel il l’était. Lentement il attrapa fermement les beaux cheveux de la Blanche, puis il la tira hors de son tonneau de toute ses forces. Mais la Blanche n’était plus totalement une enfant, et le vieux plus un jeune homme. Alors, au lieu de se soulever par magie, aussi facilement que le croyait le vieux, le poids de la petite failli le faire tomber. Le tonneau bascula par terre, et la petite finit par terre tandis que le vieux se retrouva un genou dans l’eau.

Oh ce n’était pas de la faute de la Blanche. Mais Vassili le voyait ainsi dans son esprit torturé. Alors il traîna avec méchanceté la Blanche jusque dans sa propre flaque de vomit, qui n’était plus qu’un tas informe d’eau verdâtre où flottait quelques bouts de nourritures non identifiable. Puis sans ménagement il la plaqua dans l’immondice, posant son genou sur sa nuque pour lui maintenir la face dans le vomit. Puis il se pencha vers la petite, lui soufflant d’une voix nerveuse et tremblante, secoué par sa folie :


-Oh Blanche Blanche…Vois tu ce que tu as fait ? Hein ? Vois tu Blanche ? Quand t’ai-je dis que tu avais le droit d’inonder la taverne ? Jamais Blanche tu m’entends ! Jamais je ne te l’ai dit ! Jamais ! Alors écoutes moi bien petite merdeuse immonde, écoutes moi bien. Tu vas réparer ta faute, et pour commencer, tu vas me ravaler ta merde par terre, l’odeur est insupportable, alors ravale moi ça ! A moins que tu ne veuilles que je te fasse une jolie marque sur ton jolie petit visage ? Tu préfèrerais ça petite Blanche ? Ou alors un œil ? Hein ? Qu’en dis tu Blanche ? Je pourrais t’enlever ce jolie petit œil. Cela te plairait Blanche ? Moi oui. Tu as de jolies yeux Blanches.

D’un geste presque tendre, il lui caressait la joue avec le plat de son couteau, appuyant légèrement pour qu’elle sente à quel point ce couteau était acéré. Qu’elle sente qu’il ne lui fallait pas grand-chose pour retapisser la taverne de rouge, le rouge de son sang.

-Tu sens ça petite Blanche ? Il ne me faudrait pas grand-chose pour te saigner comme un porc que tu es…Alors manges Blanche MANGE, MANGE OU JE TE TUERAI

Le vieux hurlait dans les oreilles de l’enfant ,serrant son crâne entre ses doigts dans un geste de rage, son bras tremblant sous la colère du vieil homme. Et puis. Personne ne l’entendrait crier dans la nuit.
Bloodwen
Mon soulagement fut de courte durée, car, grelottante dans le noir, j’entendais les pas lourds de mon bourreau s’approcher. Craignant son courroux alors que je prenais conscience de ma faute, je me tassais sur moi-même, recroquevillée au fond du tonneau, la tête entre les épaules. Mon cœur déjà malmené se mit à battre fortement dans ma frêle poitrine alors que le couvercle se soulevait et que je m’alarmais du son distinct d’un frottement métallique.
Dans ma panique, la vision d’une hache prête à s’abattre sur ma nuque me fit pousser un petit cri rauque, alors que je me sentais dans le même temps saisie par les cheveux. La traction, forte et brusque, fit jaillir des larmes de douleurs et je lançais désespérément les bras en l’air pour poser des mains suppliantes sur celles qui me martyrisaient le cuir chevelu. Avant d’avoir eu le temps de comprendre ce qu’il m’arrivait, je basculais et heurtait violemment le sol, les jambes empêtrées dans le tonneau qui avait chu en même temps de moi.

Je me débattais mollement, étourdie par ma chute et les vagues de douleur qui enveloppaient ma tête. Je me sentais glisser sur le sol détrempé, sans rien pouvoir faire pour échapper à la traction implacable qui s’acheva dans mes vomissures. Le visage plaqué sur la surface dure et froide, je tentais un vain effort pour soulever ma tête et m’éloigner de cette horreur, mais j’étais fermement maintenue et la lame qui vint se poser et caresser ma joue me fit comprendre que lutter ne ferait qu’aggraver mon cas.
Je me figeais donc, résistant à l’envie de vomir toute l’eau que j’avais avalée et que l’odeur nauséabonde de mes propres déchets provoquait. Le fil de la lame passait et repassait sur ma joue et je crispais mes paupières alors qu’il me menaçait. Non, je ne voulais pas qu’il me défigure davantage que je ne l’étais déjà. Non, je ne voulais pas qu’il m’arrache mes yeux de démons. Je sentais à sa voix qu’il le ferait, je ne voulais pas mourir. Au comble de la peur et de l’horreur je me mis à couiner comme la misérable vermine que j’étais :


Non pitié pitié ne me prenez pas les yeux, s’il vous plait, s’il vous plait.

Et, sentant la pointe du couteau appuyer sur ma joue, je me contractais. Il me hurlait dessus, et mon crâne qu’il broyait résonnait de ses cris. Terrifiée, je clapis d’une voix suraiguë

Oui oui ne me tuez pas !

Avant de sortir ma langue et de me mettre à laper misérablement le sol en gémissant de dégout. Mais cela était trop pour mon estomac malmené et après quelques timides coups de langues, l’eau qu’il contenait se fraya un chemin pour rejoindre le reste de mes immondices. Tremblante, le front couvert de sueur, je restais interdite un instant, horrifiée de ce que j’avais osé faire, à mon corps défendant. Paniquée, et redoutant d’avoir signé là mon arrêt de mort, je me mis à gémir des « pardon » étouffés, tout en lapant avec force pour nettoyer le sol de la taverne de mes salissures, espérant que mon zèle et ma docilité satisfasse et apaise mon tourmenteur.

Rampant au sol, trempée jusqu’aux os et grelottante de froid et de fatigue, j’effectuais péniblement ma tâche, levant furtivement un regard servile vers le vieil homme pour lui démontrer ma soumission et m’assurer de sa satisfaction. J’avais bien compris qui était le maître et quelle était ma place en ce bas monde. J’étais faible et sans alliés, vouée à servir de défouloir, de jouet à des êtres bien plus fort et rayonnant que moi. Ils étaient dans la lumière du Très-Haut, alors que moi, j’étais un déchet de du sans-nom, vouée à ramper dans l’ombre pour expier la faute de mon existence.

Je regrettais amèrement le jour où j’avais fui le moine. Peut-être qu’à force de me torturer avec ses bougies et de me faire répéter mes prières, peut-être qu’en le satisfaisant et en avalant ses gouttes de Lumière, il aurait réussie à me sauver. Mais je m’étais échappée en espérant trouver un sort meilleur, et pour quoi ? Pour me retrouver ici, vautrée dans une taverne à lécher un sol pour échapper à une mort lente et douloureuse. Même Tord, qui était gentil avec moi maintenant, m’avait fait du mal. Quoi que je fasse, je tombais de mal en pis, mais la mort, qui aurait pu faire cesser mes tourments, je la refusais obstinément. J’ignorais pourquoi, mais je ne voulais pas y céder. Et si un sort pire m’attendait de l’autre côté ? Et si le sans-nom n’était pas satisfait de moi et me torturait à son tour ? Non, j’étais sans doute mieux ici, vivante, à souffrir sans me plaindre.

Ma langue s’activait au sol mécaniquement, mais mon esprit flottait ailleurs, dans un entre deux, sombre et lumineux à la fois. J’étais à bout de force et de volonté. Obéir aveuglément, c’était si reposant. Sans lutter, sans penser. Je ne sentais plus la douleur, je ne sentais plus l’odeur qui émanait du sol et qui quelques minutes plus tôt m’emplissait les narines et me donnait la nausée. Et puis, doucement, je fermais la bouche et dégluti pour la dernière fois. J’avais tout nettoyé, il ne restait plus une trace de mes méfaits. Je n’osais cependant pas bouger mon visage et mes cheveux souillés sous l'emprise de la puissante poigne. Mon bourreau n’en avait pas fini avec moi je le savais. Il avait dit « pour commencer », le reste de la punition allait venir et peut être que si je la subissais bien sagement, il serait moins dur avec moi. C’était là mon seul espoir. Je ne pensais même plus à lui échapper, je pensais seulement à réduire ma peine, ou, tout du moins, à ne plus faire le moindre faux pas qui me vaudrait une punition supplémentaire.

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Ganwyn
Cette enfant, il ne savait guère quoi en penser. D’un côté, une partie de son être était satisfait de la voir obéissante, à laper le sol comme un animal. D’un autre côté, le vieux était dégoûté de voir qu’elle avait à peine plus de considération pour elle et son honneur que pour la merde qui sortait par ses fesses chaque jour de sa misérable vie. Elle était comme un chien, lapant à même le sol. Mais même les chiens ne lapaient pas leur vomit. Elle, n’y voyait guère de problème apparemment. Elle l’avait supplié, mais sa colère était trop froide pour l’entendre. Et écouter ses geigneries l’insupportait encore plus. Il ne savait guère de ce qui le retenait de la frapper encore et encore jusqu’à sentir son dernier souffle sortir de ses poumons martyrisés, poussés à leurs ultimes retranchements. Oui il aimerait aussi sentir sa résistance s’écrouler, sa volonté, son envie de vivre. Les deux premiers, il était très proche à chaque fois de les briser, pas la troisième étrangement. Pourquoi ce petit animal s’accrochait aussi désespérément à la vie, avait elle aussi peut de Sans Nom qu’énoncé ? Mais la tuer, non il ne pouvait pas, elle était si amusante vivante après tout.

Il grimaça d’un dégoût non dissimulé en la voyant rejeter encore plus d’immondices sur le sol souillé. Elle se répandait en excuses, excuses futiles, elle savait pertinemment qu’il ne pardonnait aucune erreur, cette erreur-ci elle devrait la payer également. La petite Blanche avait un véritable don en vérité, un don pour le mettre encore plus hors de lui, pour passer d’une punition à une autre. Un don pour faire bouillir son sang. Se reculant vaguement, le vieux effleura de ses mains le bord d’une table, puis il recula jusqu’à poser l’arrière de son postérieur sur le bois, s’asseyant à moitié, prêt à bondir sur sa proie comme un charognard l’observant agoniser. Il voyait que l’enfant avait la plus grande peine du monde à lécher sa merde. Il pouvait le comprendre ça, après tout, Vassili ne savait même pas que c’était possible de ravaler ça. Il l’avait juste dit pour pouvoir la punir. Mais elle réussit. Petite Blanche lui lançait ces regards furtifs, le genre de regard qu’un animal effrayé lançait à l’homme triomphant. Il lui souriait méchamment, un petit sourire étirant légèrement sa peau, un sourire pour exprimer sa joie dissimulé.

Lentement il la regarda finir. Etait-elle morte ? Son esprit avait il rejoint le Très Haut alors que son corps continuait dans la voie qu’on lui avait dicté ? Le vieux marcha lentement sur le sol froid et trempé. Il écoutait sa respiration forte. Elle restait immobile, figée dans sa position. Vassili resta devant elle sans rien pendant une dizaine de minute. Il réfléchissait. Quoi lui infliger maintenant. Le temps de la faire ravaler son vomit avait légèrement refroidis son ardeur. Alors maintenant quoi lui faire ? Il avait peut-être une idée. Il hésitait encore. Il pourrait la frapper tout simplement. Mais il voulait finir d’achever son esprit. Il le fallait. Lentement, il plia les genoux pour se mettre à son niveau, ses articulations le lancinant de façon insupportable. C’était sa malédiction à lui, la vieillesse, et voir tous ces jeunots se pavaner, mais cette fois il en avait une à portée de main. Sa main, dure et sale, vint saisir sans douceur le menton de la Blanche, la forçant à le regarder dans les yeux. Ces yeux, qui se remirent à briller de plaisir, s’arrondissant, l’examinant. Blanche avait pauvre allure désormais. Elle était fatiguée, mais ne lui avait-il pas dit de ne pas sortir du placard ? Son autre main vint doucement se poser sur la joue de la Blanche, lui tirant la peau, examinant chaque recoin de son visage.

Puis se lassant de cet examen, il lui cracha un glaire immonde au visage avant de la jeter comme un chiffon par terre. S’éloignant à grande enjambée vers la porte, il saisit son sabre, une vieille arme, pas aussi vieille que lui, mais pas loin. Puis il revint vers le Blanche à terre. Aussitôt il leva le fer bien haut, et la frappa avec le plat de l’arme. Il n’allait pas charcuter la Blanche tout de même, enfin si, mais pas maintenant. Pour l’instant il fallait déjà la punir d’avoir vomit une seconde fois. Et il fallait frapper fort. Alors il mit toute sa force dans ses coups. Il jouissait de plaisir à chacun de ses petits cris. Il la frappa encore et encore. Visant son dos et ses jambes. Il voyait quelques zones rougir légèrement, il l’avait frappé jusqu’au sang, mais il fallait encore et encore. Alors le vieux frappait avec une colère froide, on n’entendait que les petits cris de Blanche, et les claquements clairs du fer contre son petit corps. Mais il se faisait un malin plaisir à frapper les endroits rougissant. Pour la faire souffrir. Parfois il ménageait ses coups. Elle devait rester consciente. Elle devait souffrir. Car c’était bien le but oui.

Enfin il lui donna un coup plus violent que les autres à l’arrière du crâne, puis pour s’assurer de l’avoir sonné, en remit un autre. Et enfin un dernier sur le dos par simple sadisme. Il lâcha l’arme au sol. Ne voulant pas s’en encombrer, et pour éventuellement piéger la Blanche. Si elle croyait avoir la force de le tuer, il pourrait la punir encore plus fort pour ça. Et là, il déchirerait son horrible mignon petit visage de son couteau.

Le vieux admira un moment son œuvre. Une Blanche plus morte que vive. Puis il se déplaça vers le foyer. Regardant les braises encore vivante. Cela suffisait. Avec un sourire il tapota un peu les braises de sa botte. D’un pas lourd il s’avança vers la remise, saisissant une bonne petite pile de branche de sapin, ça brûlait merveilleusement bien, surtout sec comme celui-ci. Il balança les plus petits bouts et les plus sec en premier, commençant à raviver le feu. Il ne prêtait même pas attention à l’enfant derrière lui. Puis quand une petite flamme commença à naître il mit le reste, regardant avec un sourire ébahis le feu naître. Il adorait le feu. Une passion maladive et dangereuse. Il cherchait à se l’approprier, à comprendre comment le contrôler. Et brûler des gens, c’était l’un de ses plus grands plaisir. Les hurlements des gens brûlant dans leurs maisons, cela n’avait aucun égal. Même les plus forts se mettaient à gémir comme des fillettes. Et cette délicieuse odeur de porc qui embaumait l’air, oui, la chair humaine avait cette odeur. Parfois il prenait un os dans les cendres pour le suçoter. Peut-être que la chair de Blanche avait bon goût ? Qui sait. Le feu était si beau, si sauvage, si salvateur et si destructeur. Il n’avait d’égal sur terre.

Le feu se levait doucement, alors il rajouta une bûche. Puis enfin il se retourna, regardant le petit animal blessé à terre. Il s’approcha, la saisit sous ses aisselles, et la traîna au sol vers le foyer grossissant. Le feu avait bonne taille désormais. Le jeu allait pouvoir se développer. Après le froid, la chaleur. La relevant alors, il la prit par la nuque, son autre main s’accrochant son dos pour la retenir, puis il la poussa légèrement vers le feu, la retenant avec fermeté. Depuis là où il était, le vieux ne ressentait qu’une bonne chaleur. De là où elle était, elle devait commencé à le sentir un peu trop


Alors Blanche…Combien de fois m’as-tu désobéis ce soir ? Beaucoup trop, il va falloir payer un peu ! Tu m’avais dit que tu avais plus peur de ton peur que de moi, mais maintenant en es-tu sûr ? Hein petite Blanche, dis moi…Dis moi son nom, celui que tu portes avec toi.

Puis il l’avança encore plus, qu’elle sente le brasier naissant
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Bloodwen
Terrorisée, je n’osais bouger d’un pouce, le regard fixé sur les bottes qui se trouvaient juste devant mon visage. L’attente fut interminable, et je me concentrais pour ne pas rendre ce que j’avais si péniblement avalé, malgré le goût immonde qui me tapissait la bouche et l’odeur écœurante qui s’accrochait à mes cloisons nasales. Il prenait son temps, et je prenais peur, davantage à chaque seconde qui s’écoulait. Ma position devenait intenable, tant j’avais des fourmis dans les jambes et froid au visage, aux mains et aux pieds. Je n’avais aucune idée de ce qu’il attendait de la sorte, peut être que je meure. Mais je n’en avais pas l’intention. Je voulais vivre. Et quelque part au fond de mon esprit, je voulais lui résister à lui.

Enfin, il bougea, et ce fut de nouveau pour me brutaliser. Mon regard croisa le sien l’espace d’une seconde, avant de le baisser vivement, mais suffisamment longtemps cependant pour percevoir son plaisir à me faire du mal. Je subi son examen sans me débattre, tétanisée, et profondément honteuse, me sentant analysée comme un animal curieux, une bizarrerie de la nature, où pire que cela, une chose, un objet à martyriser. Je percevais cruellement en cet instant que je n’étais pour lui qu’un jouet entre ses mains, une poupée de porcelaine blanche à fracasser au sol. Je crispais mes yeux clos lorsqu’il me cracha dessus, réprimant un sanglot. Je ne fis aucun mouvement pour retirer cette marque de mépris tandis que prostrée au sol, là où il m’avait jetée, attendant la suite.

Le premier coup me fit couiner, le second, hurler, et les autres m’arrachèrent des petits cris aigües, puis rauques, à mesure que la douleur se faisait plus intense, insoutenable, et que ma voix s’éraillait à force de cris. Je n’avais jamais autant souffert. Je n’avais pas vu avec quel instrument il me battait, mais cela n’avait aucune mesure commune avec ce que j’avais pu connaitre auparavant. J’avais la sensation d’être traversée d’un courant électrique, qui partait de la zone frappée pour terminer sa course entre mes deux yeux. Au début, j’avais essayé d’y échapper, et remuant misérablement au sol, le suppliant d’arrêter. Mais rien n’y faisait, et cela empirait même les choses. Alors, à bout de force et de souffrance, je cessais de bouger, subissant chaque coup en priant pour que ce soit le dernier, pour qu’il m’achève enfin. Je ne parvenais même pas à pleurer. Il ne m’en laissait pas le temps.

Et puis, j’entendis une cloche, et mon champ de vision devint blanc, d’un blanc aveuglant. L’instant d’après, tout était noir, d’un noir étourdissant. Je tournais et je tournais sans fin, tombant dans un vide dont je ne voyais pas la fin. La douleur de mon corps s’atténuait à mesure que le malaise me prenait au ventre. Il se fit lancinant, de plus en plus présent, pointu, dans mon bas ventre. J’ouvris un œil, et tout mon corps cria, m’arrachant un soupir rauque. Pas une parcelle de mon être n’était marquée par sa haine. Mon regard se posa sur l’arme près de moi. J’aurais pu la saisir, si seulement j’avais tendu la main. Cette main qu’il m’avait écrasée, et que je ne parvenais à replier sans que cela m’extirpe un cri de la poitrine. Alors mon bras martyrisé resta mort le long de mon corps. De toute façon, je n’aurais réussi qu’à me blesser davantage.

A mesure que je reprenais mes esprits, je percevais des craquements et une odeur de fumée, sans parvenir à me concentrer suffisamment pour en deviner l’origine. La seule chose qui me vint à l’esprit fut que peut-être, il était parti et m’avait abandonnée là. Je ne l’entendais pas, où ne voulais pas l’entendre. Haletante, je me tournais sur le côté, pour me mettre sur le dos, dans l’espoir de respirer un peu mieux. Mais j’avais fait une terrible erreur. Le sol dur et froid, au contact de mon dos et mon fessier maltraités provoqua un mal plus intense encore que tout le reste. Je gémis misérablement, clouée comme un papillon par une indicible souffrance.

Je lui jetais un regard suppliant alors qu’il s’approchait et me saisissait, mais il n’en avait que faire et, à demi consciente, je ne repris véritablement mes esprits que lorsque l’éclat des flammes me blessa les yeux. Au bout de quelques secondes, je sentis la chaleur, et mes cils et mes sourcils blancs frisotter comme les mèches qui pendaient près des flammes. Paniquée, je poussais de petits cris, et tentais désespérément de m’éloigner du feu, mes pupilles dilatées le fixant avec terreur. Je ne voulais pas brûler, mais il me tenait trop fermement, et je ne pouvais même pas rejeter mon visage déjà suant en arrière. Le feu crépitait furieusement, projetant des gerbes d’étincelles sur mon visage et mon corps. La chaleur devenait de plus en plus insoutenables, et je sentais ma peau s’assécher et se tendre et mes lèvres gercées se fissurer davantage et saigner.

J’eue tout le mal du monde à percevoir ses paroles. Et encore davantage à les comprendre. Hors de moi-même, comme si je n’avais plus le contrôle de mon propre corps, je couinais d’une voix suraïgue et paniquée.


Oui.. non, pardon pardon, j’ai plus peur de lui..de vous de vous ! Les flammes léchaient mes vêtements tant j’étais près et je ne voyais plus rien d’autre que des tâches blanches, les rétines abîmées par ce contact prolongé avec le feu et sa chaleur. ‘r’gard que v’la ! ‘r’gard que v’la !

C’était le nom de mon père que je répétais comme je l’entendais et que je convertissais en terme que je comprenais, lorsqu’il recevait de la visite et que j’étais enfermée dans ma cage, dissimulée aux yeux de tous. Je savais que je me nommais Bloodwen, parce que ma mère m’appelait comme cela, mais mon père, je l’ignorais. Pour moi c’était Monsieur. Je n’étais pas sa fille, j’étais un monstre, alors, pourquoi me dire quel était mon nom de famille ? Je n’en avais pas, et cela n’avait pas la moindre utilité. Je répétais donc ces mots frénétiquement, tandis qu’une nouvelle pointe me tordait les tripes, et que, ne parvenant plus à retenir toute l’eau que j’avais emmagasinée dans le tonneau, ma vessie se relâcha en flot long et dense, coulant le long de mes jambes pour éclabousser le sol.
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Ganwyn

R’gard que v’la. Cela n’avait aucun sens. Absolument aucun. Il y avait forcément un sens derrière ces mots. Mais pourquoi disait-elle ça ? Dans la panique ? Peut-être qu’elle ne savait même pas le nom que portait sa famille, cela était possible. C’était une enfant, et une enfant paniquée. Peut-être avait-elle simplement modifié le nom qu’elle avait entendu. La peur, et sa stupidité auraient donc donné naissance à ce nom étrange ? R’gard que v’la. Ces mots il les avait perçu très vaguement, il n’était pas sûr. La Blanche hurlait, de sa petite voix aigue et paniqué, elle hurlait ces mots à répétition. Elle espérait sans doute mettre fin au brasier. Le vieux se demanda comment elle hurlerait si il la lâchait dans le foyer. Cette pensée l’amusa. Il était sûr qu’elle se mettrait à hurler comme un porcelet. Ou peut-être que ses oreilles saigneront tellement son cri sera aigue et insupportable. Vassili tenait à ses oreilles. Il ne voulait pas les abîmer pour le plaisir sadique de voir une Blanche brûler, bien que cela reste parmi les trucs les plus amusants que son esprit tordu ait inventé dernièrement.

Une odeur infâme vint lui caresser les narines. Qu’est-ce que cela pouvait être ? Cette odeur il ne tarda pas à la reconnaître. C’était celle des latrines. Et par extension des latrines, de la pisse. La chaleur rendait l’air encore plus étouffant, et donc encore plus infâme et horrible. Son regard se porta lentement vers ses bottes, il poussa légèrement la Blanche pour voir ses bottes. Le liquide était quasiment invisible, mais il le sentait. Heureusement le cuir avait protégé ses pieds, sinon il aurait égorgé la petite Blanche pour la grossière erreur qu’elle venait de faire. Mais il n’était pas loin de vouloir le faire en vérité. Même si lui-même puait la mort, il ne supportait pas que les mauvaises odeurs viennent des autres, et encore plus si on pissait sur ses bottes. Comme beaucoup d’objet, Vassili accordait une valeur sentimentale à chacun, et ses vieilles bottes, il les utilisait depuis 28 ans maintenant. Elles en avaient vu. Beaucoup même. Mais il prenait comme une insulte suprême, que l’enfant se permette de se relâcher ainsi sur lui. Au fond, il savait que c’était la peur qui faisait ça. Mais il n’y avait aucune clairvoyance dans son esprit trouble, sa conscience était morte en même temps que sa bestialité se réveillait, à cause d’elle. Tout était de sa faute. Tout

Il s’apprêtait à prendre son couteau. Son couteau pour le couvrir de vermeille. Pour laisser tomber une poupée de porcelaine désarticulé au sol. Sentir la vie s’échapper. Se venger de l’insulte qu’elle lui avait faite. Mettre un terme à sa misérable vie et à ce qu’elle devait au monde. Mais c’est là que l’éclair vint. Que son esprit assembla les pièces du puzzle. Mais il n’en était pas sûr. Oh ça non. R’garde que v’la. Avait-elle modifié le nom depuis…Raskovna. Il y avait une ressemblance. Mais non, cela aurait été une trop grande coïncidence. Qu’il tombe ainsi sur une de ses descendantes. Ou un simple membre de sa famille. Non, le hasard n’était pas aussi parfait. Ce n’était pas possible.

En temps normal, Vassili avait une simple technique pour reconnaître qui était ou non de son sang. Mais, le problème était, que la Blanche était hélas blanche de la tête aux pieds. La nature avait bien fait les choses. Si elle l’avait doté d’une fertilité sans nom, lui donnant hélas une famille extrêmement nombreuse, mère nature leur avait donné une signature. Une mèche blanche dans les cheveux. Parfois trop visible, parfois dissimulé ou à peine visible. Mais toujours là pour ceux de sa famille. Chacun de ses enfants l’avaient, et les petits enfants en avaient hérité. Il ne pouvait vérifier sur la Blanche. Mais il pouvait toujours lui poser quelques questions. Vassili aurait pu simplement lui demander de répéter de façon plus clair son nom, mais il savait bien que ce ne serait guère mieux. L’enfant n’avait sûrement pas bien comprit à quelle famille elle appartenait.

Sa main droite tremblait, comme possédé par une entité indépendante. Elle voulait prendre la Blanche, et la frapper jusqu’à ne plus sentir un seul souffle sortir de son petit corps. Mais il devait la maintenir en vie pour une autre raison maintenant. Alors le vieux calma ses pulsions, enfin, qu’en partie. Ses doigts durcis par l’exercice vinrent se glisser dans la chevelure de glace. Son autre main maintenant fermement Bloodwen, autant pour l’empêcher de tomber dans le brasier, que pour couper toute retraite. Puis il referma sa prise sur sa chevelure, emprisonnant quelques mèches entre ses doigts, avant de la plaquer violemment contre le mur à côté du foyer. La soustrayant ainsi aux flammes temporairement, mais la préparant à un autre interrogatoire. Il voulait qu’elle ait l’esprit clair, et non pas menacé par les flammes. Cette fois sa voix serait clair, clair et tranchante. Ne pouvant laisser de place à un quelconque mensonge.


Blanche Blanche, petit Blanche…R’gard que v’la ? Te moquerais tu de moi ? Ceci n’est pas un nom. Et tu le sais très bien. Mais comme tu es une petite fille sotte, je t’accorde le bénéfice de ton imbécilité. Après tout tu n’es pas bien intelligente, tu as sûrement mal entendu. Mais j’aurai une question. En fait j’ai toujours des questions pour toi petite Blanche, mais donc. Je voudrai savoir, si ta maman, ou ton papa, auraient eu une mèche blanche. Tu sais une mèche comme toi, mais au milieu de cheveux normaux.

Le vieux déposa son doigt sur le nez de l’enfant, presque comme il l’aurait fait avec un bébé. Il n’allait pas attendre sa réponse, il voulait se venger pour la pisse. Le vieux ne l’avait pas indiqué, mais ils ne pouvaient en rester là pour une telle insulte. Alors, sans lui laisser le temps de parler, il la tira par les cheveux, la soulevant juste assez pour qu’elle puisse rester en équilibre grâce au bout de ses pieds. Vassili lui offrit un affreux sourire, déformant son visage comme si il souffrait. Puis sa main libre se leva pour lui donner un violent soufflet. Et elle revint. Et encore, et encore. Chacun des coups résonnant légèrement, les joues de la Blanche se rougissant sous les coups. Il n’y allait pas non plus de toute sa force, mais la petite souffrait, comme de d’habitude.

Alors Blanche ? Saurais-tu qui de tes deux parents t’as donné sa mèche blanche ? Mais en plus grand.

Puis un autre coup vint. On pourrait se croire dans un interrogatoire musclé face à une personne récalcitrante. Mais Vassili savait très bien qu’il n’aurait même pas eu à la frapper pour avoir cette réponse. Mais c’était tellement drôle.
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