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[RP] La Fille à Cloche-Père

Hectortillas
Les ombres dansaient sur le mur en face. Des ombres de flamme, plus précisément d'une. Une bougie sur le bureau du propriétaire des lieux. Une bougie qu'Hector regardait longuement, comme fixé à ce moment si particulier.

Il avait bien pensé à s'enfiler deux bouteilles de sancerre cul sec, histoire no pas de se donner du courage, mais bien plutôt d'oublier ce qu'il s’apprêtait à faire. Mais on ne pouvait repousser son destin. Le Soudard voulait être en paix avec lui-même. Il voulait suivre la voie qu'Elle lui avait montré, même amorcé. Et ce chemin passait forcément par sa fille.

Alors, sans un mot, sans coup férir, il prit la plume, la trempa dans l'encrier, et se lança à l'assaut de la page blanche. A l'assaut de son histoire.


Citation:


Bordeaux, le 7 janvier 1463



    Atropine,




C'est la main fébrile, et l'émotion flagrante que je prends la plume.


Comment te dire ? Comment t'expliquer ? Les mots coulent dans ma tête, et je me suis tant de fois préparé à ce moment, que je pensais que cela se ferait aisément. Il n'en est rien. C'est une épreuve, que le très-Haut me mets surement au devant moi, afin que je la relève. Mais cela n'enlève rien au tremblement de ma plume à cet instant.


Je ne sais même pas par où commencer. Dois-je commencer par le début, par cette rencontre avec celle qui fut ta mère ? Ou bien dois-je reprendre le fil dans l'autre sens, et partir d'aujourd'hui pour te raconter comment il ne se passe une journée sans que tu occupes mon esprit ? sans que je demande ou diable peux-tu être ? Ce que tu peux faire ? Ce que tu deviens.


Depuis tout ce temps, j'ai eu bien des noms, bien des identités. J'ai occupé bien des postes, et j'ai vécu bien des choses. Mais tu dois te demander qui je suis, et la raison pour laquelle tu reçois cette lettre, Atropine. Je sens d'ici ton esprit se mettre en chauffe, comme tu le faisais déjà l'époque, cherchant à tout comprendre, curieuse de tout et satisfaite de rien.


Car oui, je te connais, Atropine. J'ai passé du temps avec toi. Je t'ai élevé une bonne partie de ton enfance, et il fut même une période où tu m'appela Papa. Mais tu me connais mieux sous le nom de Gorch Hahn. Ce qui n'est pas mon vrai nom. Je me nomme Hector Tillas.



Ton père qui te demande pardon,

Hector Tillas


Un peu de sable pour sécher l'encre, de la cire pour le cachet, et la lettre partie, tandis qu'Hector ne put s'empêcher, depuis bien longtemps, de boire jusqu'à ce que les vapeurs d'alcool soit trop fortes pour lui, et qu'il s'endorme, abrutissant ainsi la peur de ce qu'il venait de faire.
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Atropine


Atropine est morte le jour où vous êtes parti comme le lâche que vous êtes ...




Allez mourir !


Les deux essaies avaient finit leur vol dans les flammes qui réchauffaient la pièce du mieux qu'elles le pouvaient. Nouveau vélin, les doigts crispés sur la plume rendent l'écriture nerveuse, les mots tranchants, le verbe acerbe révèlent que malgré la distance qu'elle met entre elle et son passé, les épreuves, certaines restent des plaies infectées dont les bords s'écartent lorsqu'on les touche.
Le départ de l'homme qui l'avait élevé avait rendu sa mère aux abois. C'est par sa faute qu'elle avait été comme une simple poupée de chiffon entre les mains perverses de l'homme qui avait acheté son innocence.




Messire,

Que l'impulsion qui vous a poussé à m'écrire vous pousse également à trouver une corde, à l'accrocher à un arbre et vous y balancer à son extrémité jusqu'à ce qu'une pauvre âme qui y passe vous en décroche sec et mort depuis des semaines.

Si vous avez pensé à moi chaque jour depuis celui de votre départ je vous ai maudit de mon côté jusqu'il y a peu encore. Chaque fois que mon passé est abordé vous revenez en ma mémoire comme la cause principale de mes déboires passés.

Je ne conçoit pas votre besoin de m'écrire, surtout après autant de temps. Si c'est une nouvelle torture que vous souhaitez m'infliger, vous échouerez. Si vous craignez qu'à votre mort, que je suppose prochaine vu votre âge avancé, je n'exige un quelconque héritage, il n'en est rien.

Vous avez épousé ma mère pour une dote grasse. Vous avez fuit lorsque plus rien ne pouvez vous satisfaire nous laissant dans un marasme sans nom et me laissant à SA merci ...

Je vous hais, j’exècre votre nom et tout ce que vous représentez. Ainsi, je ne veux rien de vous rassurez vous et crevez en paix.

Atropine


Les jointures sont blanchit de la rage qui empoigne le vélin qu'elle froisse avant de faire porter à l'expéditeur. Les larmes rougissent les joues pâles. Elle sera donc prostrée, devant l'âtre, à l'arrivée salvatrice de son époux.
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Hectortillas
Au moins, elle avait répondu. Hector s'était attendu à une fin de non recevoir, un peu comme si sa lettre avait été comme lui à ses yeux : morte. Alors que non. La lettre était chiffonée, les mots étaient cinglants, mais il étaient là.

Hector pris le temps d'examiner l'écriture, comme s'il essayait de l'apercevoir, de la percevoir, au travers ces quelques mots.

Il ne lâcha pas la lettre, et ne pu s’empêcher de la fourrer dans sa chainse, la lisant et la relisant dès qu'il avait une minute de libre, seul.

Et tout à son attention, il reprit plume et vélin, et pris le parti de lui répondre.



Citation:
Bordeaux - Le 11 janvier 1463



    Atropine,





Si j'avais pu me laisser choir, et me pendre, pour tenter de rendre ta souffrance et celle de ta mère moins grande, crois-moi, je l'aurais fait. Depuis longtemps. Bien que de nombreuses années nous séparent depuis ce jour où je suis parti, j'ai changé. Crois-moi, j'ai changé. Aujourd'hui, je cherche à faire amende honorable, et surtout à pouvoir faire en sorte que les personnes que j'ai fait souffrir, puissent être moins en peine.


Si tu m'as maudit, c'est que j'avais une place, quelque part dans ton coeur. C'est que tu ne m'avais pas complètement abandonné, dans une indifférence froide que le néant aurait avalé avec un sourire d'ogre. Et ta colère à mon égard, je ne peux t'en faire reproche. Je l'accepte, et la comprend. Etant donné tout le mal que je t'ai fais, toute les bassesses que j'ai opéré envers toi, envers ta mère. Même envers les Rosenthals, je n'ai pas agi comme je l'aurais du. Mais eux, c'est autre chose.


Mon besoin de t'écrire, vient de là. Il vient de ce que j'ai une fille. Que j'ai passé plus de dix ans à maltraiter, alors qu'elle me souriait souvent, et semblait enjouée parfois de me voir. Une fille qui était innocente, et que j'ai pervertie.
Je ne cherche pas à te torturer, loin de là. Je cherche justement l'apaisement. La paix de l'âme, la paix du coeur. La paix pour toi, comme pour moi. Je cherche la réconciliation, ou du moins le pardon.


Quant à ta mère, quant à Emilie, c'était plus compliqué que cela. Et je ne t'ai pas laissé à SA merci, comme tu l'écris, mais je t'ai laissé à ses bons soins. Bien que je lui ai fait un mal étrange, et surtout très profond. Bien que les marques que je lui aient fait ont du touché jusqu'aux parties les plus intérieures d'elle, elle gardait le cap et la foi. Elle gardait cette gentillesse, et cette fierté. Celle de t'avoir fait naître, et de te voir grandit.


Tu ne veux rien de moi, mais je puis t'assurer que c'est par moi que tu pourras être en paix. Je le sais, parce que c'est par toi que moi je le pourrais.



Ton père,


Hector Tillas

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Atropine
La lettre lui laissait un goût amer en bouche. Comme un goût de sang. L'impression étrange qu'un métal souillé vous couvre le palet. Mais non, rien n'y est, elle est vide. Pourtant le goût subsiste.
Peut être parce qu'elle voudrait le voir mort. Peut être parce qu'elle préférerais qu'il ne la recontacte pas. Peut être parce qu'elle le hait.
Surement parce qu'elle le hait, autant qu'elle l'a aimé. Elle l'a aimé comme un père jusqu'au jour où il est parti en lui disant qu'elle n'était qu'une bâtarde, un fardeau trop lourd à porter.
Elle l'a aimé, il a raison. Elle l'a aimé comme une fille aime son père. Aimé autant qu'elle le craignait. Le ceinturon n'était jamais loin, mais quelques éclats de rires les succédaient de leur mieux.

Mais plutôt crever que de lui avouer la vérité. Le vélin est griffonné alors qu'un oeil observe le jeu du père et des enfants plus loin dans la maisonnée.





Belley, le 12 janvier

Le pardon ...

J'ai ris en lisant ces mots.
Vous n'en aurez aucun. Vous êtes impardonnable. Je vous ai pardonné vos coups, vos brimades, vos aveux avant votre abandon. Je comprends même votre départ voyez vous ... Mais vous pardonner, jamais !

Vous l'avez dit .. Fut un temps où je vous appelais "papa". Mais aujourd'hui, je me rend compte que déjà, à l'époque, je faisais erreur. Un père ne repousse pas sa fille, de la sorte. Il ne l'abandonne pas à une sorcière.
Parce que les bons soins d'Emilie, ou devrais je dire Emlyn n'en étaient pas, et je suis certaine que vous le savez très bien. Si elle a été bonne, je ne m'en souviens pas. Si elle m'a aimé, je n'en garde aucun souvenir. Seuls restent les deux années passées après que votre rôle de père vous ai lassé.

Fut un temps où j'aurais préféré mourir que d'avoir vécu après votre absence. Après ce départ à peine expliqué. Mais croyez le bien, ce n'est plus le cas. Je savoure chaque instant que la vie m'offre. Et vous n'en êtes pas la cause, croyez le bien.

Si c'est par moi que vous cherchez la paix, je suis ravie de savoir que vous serez damné. Que votre vie ne sera jamais celle que vous cherchez à atteindre, car jamais vous n'aurez mon pardon. Si c'est une de vos dernières volontés, tentez d'avoir le pardon d'une autre enfant que vous auriez laissé en pâture à des êtres vils ...

Et ne signez plus en tant que mon père, celui qui est lié à ma création n'a jamais eu le droit de se faire nommer de la sorte et celui qui m'a élevé est mort il y a bien longtemps.

Atro

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Hectortillas
Les lettres se suivaient et se ressemblaient. Elles avaient le gout de la colère, le gout de la vengeance aussi. Peut-être. Mais Hector ne s'en démontait pas pour cela. Il savait que le chemin vers sa fille n'était pas un long fleuve tranquille. que pouvoir la retrouver, et lui permettre d'être un peu plus en paix avec elle-même nécessitait pour lui de faire acte de contrition. De faire amende honorable. Et vu ce qu'i lui avait foutu dans les dents, l'amende était lourde, et le solde tout compte allait prendre du temps.

Citation:
Toulouse - Le 18 janvier 1463



    Atropine, Ma fille,




Lorsque tu m'appela papa, ce n'était pas une erreur. Car nul autre que moi est ton père. N'en doute pas. N'en doute jamais. Effectivement, ton géniteur n'est pas la personne qui tient la plume, et qui griffonne ces quelques mots à ton attention. Ton géniteur, c'est celui qui t'a toujours repoussé. C'est celui qui apprenant ton existence future, à préféré ne même pas prendre le temps de te connaitre. C'est celui qui a préféré batifoler dans les foins avec ta mère, ne voulant surtout pas savoir ce qu'il adviendrait après. Pire, c'est celui qui choisi d'abandonner ta mère, de laisser Emlyn avec la honte d'un enfant hors mariage, plutôt que d'assumer ses actes, et de faire en sorte que tu ai un père. que tu ai une famille.


Lorsque tu m'appela papa, ce n'était pas une erreur. C'est moi qui t'ai donné la rage de vivre. C'est moi qui t'ai fabriqué en partie tes jouets. C'est moi qui t'ai tenue lorsque tu faisais tes premiers pas, balbutiant et toute tremblante. C'est moi qui t'es défendue lorsque l'autre nigaud de jeannot tentait de te faire manger l'herbe, à grands coups de pieds dans la tronche. nul doute que son sourire modifié lui rappelle encore que l'on n’abîme pas ma famille, ma fille.


C'est moi qui t'ai élevée, même si c'était à coups de poings.


Je ne t'ai pas repoussé, Ma Fille. J'ai même proposé à ta mère de t'emmener avec moi, sachant pertinemment que cela m'apporterai plus de désagréments dans mes pérégrinations d'après. Je lui ai proposé, et ta mère a refusée. Elle savait bien ce que j'allais faire de toi : une brigande qui n'aurait pas respecté grand chose, à part l'honneur et les poings. Elle savait bien qu'en t'emmenant avec moi, je n'aurais pu t'apprendre que quelques trucs de soudard. Apprendre à bien tenir une dague, et à chaparder sans se faire remarquer. Elle savait que tu n'aurais eu qu'une vie faire de petites victoires, et surtout de grandes faims.
Emlyn ne voulait pas, et je pense qu'elle avait raison. Elle savait trop que j'étais nocif pour ceux que j'entourais, à l'époque du moins. Elle en a trop porté les stigmates, pour ne pas le savoir. Elle même, qui était une frêle jeune femme quand je l'ai épousée, s'était transformé en une femme aigrie, apeurée, et surtout craintive. Ses dents cassées portaient les traces de mon éducation. Ses bleus sur les bras, les jambes, et autres parties du corps n'étaient que mon regret de ne pouvoir la rendre encore plus sur ma coupe.



Ton Père, que tu le veuilles ou non,

Hector Tillas

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Atropine
Les mots étaient violents même si leur but n'étaient pas de blesser. Ils ne servaient qu'à blesser en lui remémorant les faits. Lui rappeler que son géniteur l'avait faite bâtarde. Qu'il avait eu sa famille, et d'autres chiards hors mariage. Lui rappeler la disparition encore récente de son frère.
Elle se souvenait aussi, de ce petit con qui l'avait rossé, et que son père de l'époque avait réussit à mettre en fuite, après quelques coups assénés. Elle se souvient aussi de ses longues heures à tirer sur la corde jusqu'à ce que la flèche atteigne son but. Jusqu'à ce que ses doigts saignent. C'était vrai, tout sa hargne, lui venait de lui, son entêtement, ses envies de travail aboutis. Il était lié à tout.
Et elle se souvient des bons moments, et c'est encore pire. Car, en partant, il a emporté aussi ces moments agréables où, après l'orage venait les balades en forêt. Le tir, et les bois ... Elle est encore dans ses éléments lorsqu'elle y est affairée. Ça lui vient de Lui ... Et elle le transmet à sa fille.
Alors, enragée de ce constat, elle délaisse la lettre, là, sur un coin de table dans leur demeure de Belley. Elle y passera, chaque jour, devant. Lucie se servira de l'envers pour griffonner quelques esquisses. Louis tentera de goûter au vélin, mais chaque fois, la lettre retournera à sa place, jusqu'à ce que la brune se décide d'y répondre.




Belley, le 24 janvier 1463


Hector ...

Ne vous attendez pas à ce que je vous rappel "papa" un jour. Ne vous attendez pas à ce que je vous aime à nouveau. N'espérez pas qu'un jour je vous tutoie comme à l'époque. Vous êtes parti il y a 13 ans ... Jour pour jour ... Il y a 13 ans, vous avez signé l'arrêt de mort de l'enfant que j'étais. Délaissée par sa mère, certes, mais insouciante, encore.
Vous semblez ignorer ce qu'il est advenu de moi ensuite. Laissez moi vous expliquer ce que vous avez fait de la fille que vous semblez chérir ...

Vous avez laissé la femme que vous aviez épousé seule, sans le sous, et trop âgé pour pouvoir encore gagner son pain convenablement grâce à son corps. Alors, elle n'a pas eu beaucoup d'autres choix que celui de vendre le corps plus désirable qu'elle avait sous la main. Ma gueule d'ange, comme elle disait ... A peine formée, et pourtant, on voulait ma main ... Voilà ce qu'elle m'a fait croire Hector.
Alors, je me suis rendu chez ce vieux bedonnant. J'ai obéit aux ordres, pour une fois ... J'ai fait chaque chose que cet homme ait demandé, et lorsque j'ai sentis son poids sur mon corps frêle, je n'ai rien pu faire. Mes ongles dans sa chair lui donnaient encore plus de hargne à l'ouvrage, mes cris, mes suppliques l'amusaient, il en riait ... Je l'entends encore parfois, et ce rire me réveil en pleine nuit ... Lorsqu'il eu finit ... Que le foutre et le sang étaient mélés sur ses draps blancs, que ma chemise déchirée gisait au sol ...Alors, seulement là, il me laissa partir, une bourse dans la main, et un sourire vicieux aux lèvres.

Emlyn a sourit en me voyant. Me disant que voilà, j'étais une femme, enfin et que j'allais enfin servir à quelque chose. Quelques jours plus tard, je me retrouvais à nouveau devant la bâtisse. Un sourire à Emlyn et je m'étais engouffrée dedans, certaine de pouvoir le tuer et fuir. Mais lorsqu'il a vu la lame sous mes jupons, il s'en est emparé ...

J'ai perdu connaissance sur la terre battue et humide devant chez lui. Sans une amie, je serais morte à l'heure qu'il est.

Alors voilà Hector. Votre fille, est morte à cet instant même ... Parce que là, vous auriez dût lui venir en aide. Bien plus qu'avec ce blaireau de Jeannot ... Là, vous auriez dût jouer votre rôle de père.

Mais je suppose que vous le remplissez avec votre nouvelle descendance, ce rôle, parce qu'en treize ans, vous avez dû en faire, des chiards. D'ailleurs, savent ils seulement que leur père a un fardeau ailleurs ? Votre épouse sait elle seulement quel lâche vous avez été pour avoir laissé votre fille en proie à un homme de la sorte ?

Et vous, comprenez vous seulement pourquoi je ne pourrais vous pardonner ?

Atro


Le souvenir de ce moment plus qu'atroce lui était revenu au visage, avec plus de violence qu'une gifle. La carapace qu'elle portait habituellement était fendue, brisée même à cet instant. Alors, les larmes roulèrent sur ses joues.
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Eliance
Se mêler de ce qui ne la regarde pas. C'est sa spécialité. C'est aussi le reproche le plus fréquent qu'on lui adresse. Mais c'est aussi le but de Atroliance. Atroliance... l'alliance d'une Teigne et d'une Meringue, pour le meilleure de l'une et le pire de l'autre.

L'idée est lancée. Elle écrira à ce père Tillas. Qu'il veuille du pognon, du pardon ou n'importe quoi d'autre, il rappliquera et Atro en aura le cœur net. Un père indigne qui écrit des années après, se laisse insulter sans broncher, c'est pas normal. Alors Eliance a pris la mine, sous le regard faussement désapprobateur de la Teigne.
C'est qu'il faut la connaître, la bête. Sous le non quasi-quotidien, Eliance a appris à discerner de temps à autre un petit oui qui s'immisce et se fait discret. Et là, le oui est gueulant. Elle ne cèdera à aucune menace et la lettre partira le soir-même.


Citation:

    Père Tillas,

    Je connais quelqu'un qui veut s'entraîner à un concours de torgnoles.
    Merci de venir adresser vos joues à la taverne près du port, à Belley.
    Vous reconnaîtrez aisément la personne en question si elle est bien votre fille comme vous le prétendez.

    À très vite

    La presque-sœur de votre fille

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Hectortillas
Si les premières lettres l'avaient entouré d'un espoir, la dernière lui avait donné un dégoût à la bouche. Une sorte d'obscénité palpable. Hector s'en voulait. D'apprendre cela, et surtout d'apprendre que Emilie avait osé. Elle avait franchi un pas, mais ce n'était pas elle qui s'était engouffrée dans l'abîme de désolation. C'était sa fille. Et lui, Hector, qui espérait se faire pardonner ses manquements, ses erreurs et ses poings, compris alors de pardon il ne pourrait surement pas y avoir. Ou alors, sa fille était plus forte que l'obscénité la plus dégueulasse qui soit.

Il reprit la plume, et se mit à écrire. Ecrire contre l'oubli, la souillure. Ecrire comme une résilience, même à l'autre lettre qui lui arrivait de la presque-soeur.


Citation:
Sarlat - Le 29 janvier 1463


Atropine,


Je comprends. Je comprends mieux, et ouvre enfin les yeux sur le pire mal que je t'ai fais. Je comprends que ce ne sont pas mes coups qui t'ont rendu en colère, que ce ne sont pas mes exigences à ton égard, sur ton éducation, mes exigences rigides et étriquées qui me valent cette inimité. Je comprends que le moment où je fus un salaud, et celui de la pire espèce qui soit, fut celui où je ne fus pas là pour te sortir des griffes de ce gros porc. Et encore, je suis gentil en disant ce pseudonyme. D'autres noms me viennent à l'esprit, mais aucun ne conviendra de toute façon, pour décrire l'ignominie que tu as vécu. Aucun n'est suffisamment précis pour décrire la cassure que tu as du vivre, et qui t'accompagnes depuis chaque jour, et qui ne te quitteras surement jamais.
Et pour cela, pour t'avoir laissé franchir ce pas, pour être tombé dans l'abîme d'une obscénité sans nom, alors que tu avais des petits pieds d'enfant. Pour cela, sache que si tu le désires, je ne chercherais pas à ce que tu m'appelles papa, ou père. Parce que tu as raison, un père ne peut laisser faire cela. Un père ne peut laisser sa fille découvrir le visage de l'horreur, et s'en foutre comme de la noirceur sous ses ongles.


Ce que tu décris de ta mère ne m'étonne guère. J'ai passé tellement d'années à la façonner selon mon désir. Je ne lui demandais rien, si ce n'est de l'argent et un souper. Rien si ce n'est de remplir ses offices de femme mariée, d'épouse.
Elle pensait trouver en moi le mari apaisant et protecteur. C'est en tout cas ce que je lui avais montré au début. C'est en tout cas ce que je lui avais laissé croire, à elle et aux autres de la famille. Mais dès que j'ai pu, je lui filais raclée sur raclée, afin qu'elle comprenne bien qui décidait de sa vie. Elle était une jeune femme innocente, et j'en ai fais une épouse aigrie et craintive. A tel point que nombre de fois, tu lui servais de béquille. Tu lui ramenais un sourire, et elle n'hésitais pas à se servir de toi pour trouver un rayon de soleil dans ses nombreuses sombres journées à mes côtés.


Je n'ai pas été un bon père pour toi, Atro. Je n'ai pas su t'apporter autre chose que la colère, et la rage. Je me rends compte aujourd'hui que c e qui m'importais le plus, c'est que tu saches tirer à l'arc, planter un surin avec une main ferme et sure, et que ton sourire désarme plus aisément. Et que je fus rude à vouloir t'apprendre cela. Que je fus surtout dans l'erreur. Il y avait tant d'autres choses plus importantes à te transmettre. Tant d'émotions porteuses d'apaisement et de joie. Alors que je t'ai appris à ne pas faire confiance, à se méfier même de son plus proche.


Et ce que je n'ai pas fait avec toi, je ne l'ai fait avec personne d'autre depuis. Pas de descendance, pas d'autres enfants à qui j'aurais pu faire du mal. Tu es la seul, Atro. Et cela vaut mieux ainsi.


Si tu ne pourras pas me pardonner, permets moi alors d'essayer d'alléger ton fardeau. De faire en sorte que le baluchon de ton passé soit moins lourd. Parce nombre de choses, c'est moi qui les y ai mises. Ce ne devrait pas être à toi de les porter, mais bien à moi. Laisse moi t'aider un peu à rendre ton passé moins lourd, moins source de colère.



Ton père,

Hector Tillas



Et maintenant la seconde lettre.

Citation:
Sarlat - Le 29 janvier 1463


Presque-soeur-de-ma-fille,


Mais qui êtes-vous donc ?

Hector Tillas

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Atropine
La demie portion haussa les sourcils, à de nombreuses reprises lors de la lecture des mots de son père. Elle le nommait ainsi parfois encore. Hans, son père biologique n'y avait jamais eu le droit, mais Hector, lui, se voyait attribuer ce terme en de rares occasions. Certes, il ne le saurait pas, en tout cas, pas encore, mais elle était heureuse d'être sa seule fille.
Elle a ce besoin, toujours d'être la seule. La seule dans la vie des gens qu'elle aime avec autant d'importance. Ainsi, elle veille à rester la seule femme qui fasse tourner la tête de son mari. Elle est jalouse de tous ceux qui approche Eliance de trop près. Et si ses enfants la délaisse, elle boude comme l'enfant capricieuse qu'elle sera éternellement.
Alors, si le fait d'être la seule enfant de la vie de celui qu'elle a appelle "papa" tout au long de son enfance a tant d'importance, c'est qu'il compte même si elle s'interdit de le penser, et donc, encore plus de le dire ...




Belley, le 30 janvier 1463

Hector,

Il n'y a rien a alléger ... Ce salaud a tuer l'enfant en moi. Il a anéantie cette partie de moi qui était encore innocente. Mais il ne m'a pas brisé. Personne n'a eu ce loisir. Un homme a bien faillit, mais un autre est venu calmer mes craintes, et me raccrocher à la vie.

Mais j'ai appris Hector ... J'ai appris que la vie nous réserve toujours mieux. Et que chaque épreuve nous pousse vers Nous. J'ai subis, c'est vrai, et pourtant, je ne regrette rien. Ni ce porc ... Ni mon veuvage rapide, ni la perte d'un enfant, d'un frère ... Rien. Parce que ... Parce que la vie m'a apporté ce que j'ai de plus précieux. Ce que j'étais censé découvrir, avoir et garder. La vie a été la pire des garce, je l'ai maudite, j'ai voulut la perdre. Mais elle m'a offert le plus beau des cadeaux. L'amour ... C'est désuet je trouve, écrit de la sorte, et pourtant, sans ses yeux, sans sa peau je meurs ...

Du coup, je suis Moi, enfin. J'ai mon mieux, ma perfection. J'ai le bonheur que je mérite, la vie qui va avec, loin de l'ennuie quotidien des braves gens ou loin de la vie de misère qu'Emlyn a eu. Je suis meilleure mère qu'elle ne l'a jamais été. Mon mieux est arrivé ...

J'ai essayé de me souvenir de tendresse pendant mon enfance, de celle d'Emlyn, ou de la votre, et rien ne m'est venu. Juste quelques mots d'elle me signifiant comme j'étais belle, et quelques autres de vous vantant mes progrès dans certains domaine, rien de probant en somme. Alors, je doute que vous sachiez ce qu'est ce sentiment, ce qu'il procure, mais il en vaut la peine. Mais, ne vous inquiétez pas, je ne suis pas faible, j'ai eu mon lot d'hommes et de femmes morts par mes faits, vous auriez été fier surement. Je me le suis demandé, au début ... Puis j'ai cessé de chercher une approbation qui ne serait jamais venue.

J'ai grandis, j'ai évoluée, je me suis endurcit ...

Mais, vous n'avez pas vraiment répondu. Pourquoi chercher mon pardon ? Pourquoi chercher à renouer aujourd'hui ?

Atro

PS : Cessez de m'appeler Atropine, elle est morte, je vous l'ai dit ...

_________________
Eliance
Un papier en main, Eliance reste assise un moment comme ça, immobile. Elle savait que sa lettre au père Tillas aurait pas l'effet escompté. Mais écrire à la manière d'Atro, avec ses mots, était le seul moyen pour qu'elle en rit et accepte finalement sans trop de mal que la lettre parte. Les mots retour sont lus, relus et encore lus. La Meringue hésite. Longuement. Ce qu'elle s'apprête à faire, Atro lui en voudra, cette fois. Si elle écrit, cette fois-ci, ce sera avec ses propres mots à elle pour confier son ressenti de la situation à ce père en mal de reconnaissance.

La mine est prise d'une main ferme et glisse lentement à un rythme régulier sur le papier.


Citation:

    Monsieur Tillas,

    Il est vrai que je vous dois quelques explications. Je m'appelle Eliance Corellio. Je suis une amie de Atro. Enfin, pas seulement. Je suis celle qu'elle appelle sa presque-sœur. Nos liens sont forts. Assez pour savoir ce qu'elle pense, ce qui la chagrine et l'obsède. Vous faites tout ça à la fois avec vos récents courriers. Vous remuez en elle ce qu'elle a su terrer pour ne plus en souffrir. Atro est un roc, vous savez. Elle s'est construite comme ça pour survivre. Votre retour provoque immanquablement des fissures.

    Je ne devrais pas vous écrire tout ça. La première lettre aurait dû être suffisante. J'ai écrit avec ses mots à elle pour qu'elle accepte que je vous envoie le message. Ne lui parlez pas de cette seconde lettre. Ne lui racontez pas ce j'écris ici.

    Seulement, vous devez venir. Elle ne l'exigera jamais, ne saura pas vous le demander, mais je sais qu'elle a besoin de vous voir. Je l'ai compris. Alors je le fais à sa place. Pour elle. Je ne sais pas ce qui vous fait réapparaître aujourd'hui. Je ne sais pas ce que vous chercher. Peut-être vous revoir ne la fera que souffrir davantage. Mais j'ai simplement le sentiment qu'une rencontre peut être le début de quelque chose ou la fin de son malaise. Que ça résoudra tout.

    Elle a besoin de vous voir. Elle a besoin de savoir pourquoi, de savoir ce qu'elle ressent pour vous. Elle a besoin de se confronter à ce père qu'elle a tant haï pour l'avoir abandonné.

    Alors je vous le demande : venez la voir.
    Elle habite une petite maison près du port de Belley, en Savoie.

    Eliance

_________________
Eunice.
      * Quand l'amour condamne à mort *


Il y a des personnes que l'on ne saurait oublier, parce qu'elles ont, un jour, voire même durant plusieurs, illuminée votre quotidien par leur seule présence, marquant vos vies de gestes tendres, d'amour, ou encore d'amitiés. Partagées avec vous d'agréables moments de joies et vous aidant, parfois, du mieux qu'elles le pouvaient, à supporter vos peines.

Et puis il y a celles qui, au contraire, vous marquent comme on vous marquerait au fer rouge, douloureusement.
Inoubliables, elles le sont, faute a tout le mal qu'elles ont causées autour d'elles, faisant de vous des victimes directes ou indirectes.

Elles sont de ces personnes auxquelles on évite de penser mais que l'on ne peut en aucun cas oublier.

De ces dernières, la Rosenthals, en trente-sept ans, a eu l'occasion d'en rencontrer maintes et maintes. Mais il en fut une plus exécrable que les autres. Un homme pour qui elle avait ressenti et ressentait toujours une profonde aversion. Jamais son ressentiment ne s'était amoindrit. Pas même avec le temps.
En effet, elle ne pouvait oublier celui qui jadis avait prit la main de leur soeur Emlyn. Ce mari devenu rapidement bourreau et qui entraîna leur soeur vers une longue agonie. Chaque instant de sa vie passée à ses côtés n'avait dû être que calvaire, pour elle, pour sa fille. Atro, qui, par la faute de cet homme, n'avait pas eu la chance de connaître sa mère telle qu'elle avait pu être du temps de ses jeunes années, et qui n'avait jusqu'alors jamais regrettée de l'avoir perdue.


Combien de fois alors avait-elle prié pour qu'il soit rappelé aux flammes des enfers ? Cent fois ? Milles fois peut-être ? Mais il fallait croire que son heure n'était pas encore venue, puisque d'après les récentes nouvelles de sa nièce, l'odieux bonhomme refaisait surface, tentant de renouer les liens.
Que cherchait-il, réapparaissant après tant d'années de silence ? Quelles pouvaient bien être ses intentions ?
Après discussion sur le sujet avec celui qui lui était le plus proche ces dernières semaines, la possibilité qu'il soit en quête du "pardon" avait été évoqué. Mais la Rosenthals ne pouvait s'en convaincre. Il y avait chez elle une espèce de résistance mentale profonde à vouloir croire à un passé révolu, car depuis des lustres, planait cette systématique vérité, qui voulait que quelqu'un ne puisse longtemps dissimuler sa vraie nature. Quels que soient les dons dont l'homme était doté pour tromper autrui, il y aurait toujours des circonstances où il finirait par laisser transparaître son véritable caractère, ses véritables penchants.


Aussi, lui parut-il nécessaire de prendre la plume et d'adresser quelques lignes à ce dit Hector qui se faisait autrefois appelé " Gorch Hahn ".


Citation:

    Normandie - Au 9ème jour de février 1463.



      D'Eunice Rosenthals,
      A Hector Tillas.


    Hector Tillas... Un nouveau nom, pour une nouvelle vie, je présume. C'est étrange ce changement d'identité. J'en viens à me demander de combien d'autres noms vous avez pu user après vous être fait appeler Gorch Hahn ? Un ? Deux ? Peut-être même plus.
    Et combien d'autres compagnes, comme ma soeur Emlyn, vous avez pu détruire ?
    Je garde en tête qu'il ne faisait pas bon vous côtoyer jadis.

    Certains de mes proches se tuent à me dire que les gens changent avec le temps, ce que je ne saurai nier. Mais changer pour ? Etre meilleur ? Ou être pire ?
    Comme j'ai pu l'écrire ci-dessus, et parce qu'il ne peut en être autrement, ce nom avec lequel vous vous présentez aujourd'hui s'avère être synonyme d'un changement. Seriez-vous alors devenu meilleur ?
    S'il est une chose en laquelle je crois, c'est bien en le repentir des gens. Mais encore faut-il avoir la foy pour cela. Et un homme aussi mauvais que vous avez pu l'être n'a t-il pas d'autre choix que de devenir pire ? Le contraire serait presque un miracle.

    Mais passons... Si je me permets de vous écrire ce jour, ce n'est pas par plaisir, mais uniquement parce que ma nièce, Atropine, m'a récemment fait savoir que vous étiez réapparu dans sa vie, cherchant par le biais de quelques missives à renouer contact avec elle. Chose, évidemment, que je ne peux empêcher. Toutefois, et ceci n'est point une menace. Non, voyez plutôt cela comme un avertissement, comme un appel à la sagesse. Il y a une chose dont je ne me priverai pas, c'est celle de vous empêcher de lui faire du mal. A elle, ou à l'un de ses proches.
    Je ne sais quelles sont vos réelles intentions, mais il est clair que vous n'aurez pas l'opportunité de pouvoir vous comporter avec elle comme vous avez pu le faire avec sa mère. Et aussi loin que je sois à l'heure actuelle, je veille, tout comme seront en mesure de le faire les autres membres de la famille. Rappelez-vous que nous sommes nombreux et bien différents de ceux que nous étions autrefois.

    Tâchez de ne pas l'oublier.








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