Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   1, 2, 3, ..., 9, 10, 11   >   >>

Info:
Septembre 1460-1463, Récit de la vie vannetaise d'Azylys.

[RP]Chez la Fleur et le Loup : chronique d'un nouveau départ

Azylys
Rp semi-fermé pour les besoins de l'histoire, prière de demander l'autorisation avant de poster !


Vannes, 21 Septembre 1460

Azylys détaille l'endroit du regard, pour sûr elle a bien choisi. C'est la première pierre d'un nouvel édifice qu'elle s'apprête à poser, pourtant elle n'a pas su oublier le précédent. Les remparts se devinent à peine d'ici, la forêt par contre n'est qu'à quelques pas seulement. Elle a choisi, elle a pensé, elle a voulu cette maison presque semblable à celle qu'elle vient de laisser derrière elle. Elle avait cherché à fermer les yeux sur le passé pour mieux avancer, mais tourner une page n'est jamais vraiment simple. Peut-être a-t-elle besoin de retrouver quelques repères, comme si elle avait pu déplacer son petit monde dans un autre cadre, dans un autre lieu. Mille fois déjà elle a pensé à cette nouvelle page à écrire, mille fois déjà elle a imaginé la maison qu'elle voulait bâtir ici, mille fois déjà elle en a tracé les contours. Une chambre à l'Est pour voir le soleil se lever, une chambre à l'Ouest pour le voir se coucher, le reste s'arrangera de lui-même. Elle a déjà fait l'acquisition d'un champ, le deuxième sera sien dès demain, l'échoppe suivra dès que possible, puis tous les autres projets, même les plus fous, il ne manque que le nid, la maison, il y a encore tant à faire...
La brune reste pensive, le premier pas est toujours le plus dur et le plus coûteux, la première pierre est toujours si compliquée à poser. Le bâton qu'elle tient à la main lui servira de mesure, il n'y a plus qu'à se lancer. Elle a besoin de se retrouver, de créer quelque chose qui soit un petit bout d'elle-même, d'y mettre tout ce qu'elle a, tous ses espoirs et ses douleurs, elle veut quelque chose qui lui ressemble. Les quatre premiers piquets sont vite plantés, cent fois déjà elle a calculé et recalculé leur emplacement... Entre ces quatre bouts de bois elle dressera sa maison, c'est décidé. Une partie du bois est déjà coupé, stocké dans un abri à quelques pas de là, la construction sera rapide. Ancienne charpentière, la Fleur n'a pas lésigné sur les moyens, elle sait la place de chaque tronc, de chaque planche, de chaque clou. Serré dans son petit cocon de tissu, Kilian babille dans le dos de la brune. Lui aussi sûrement a hâte de retrouver une vraie maison, de se poser ailleurs qu'au bord de la route le temps d'un bivouac.


Tu devrais dormir mon petit loup, j'ai encore du pain sur la planche avant la nuit. Dors mon amour, maman veille sur toi...

Un baiser sur le front de son fils et la belle le confie à ses compagnons de route. Placé sous la surveillance du faucon et de la jument, le petit trésor ne peut avoir de meilleurs gardes du corps. Serrant sa couverture dans ses minuscules poings, il ne tarde pas à fermer ses yeux d'azur. Alors qu'Azylys s'attaque à grand coup de pelle à ce qui deviendra les fondations de la maison familiale, le poupon sommeille déjà. Porté par ses rêves d'enfant, il laisse le soin à celle qui lui a donné la vie de leur façonner un corps à eux-aussi.
_________________
Azylys
Vannes, 3 Octobre 1460

Perdue dans ses pensées, blottie contre un mur inachevé, la brune serre contre son coeur son bébé endormi. Elle n'aurait jamais imaginé au combien la différence peut être grande entre une veilleuse et une lanterne, entre un fils endormi et un fils éveillé. Azylys caresse doucement la joue du poupon qui dort à poings fermés, déjà deux mois qu'elle le tient dans ses bras. Et aujourd'hui surtout, aujourd'hui comme toujours, elle tourne son regard vers le passé pour interroger l'avenir. Un éternel recommencement plus qu'un renouveau, c'est du moins l'impression qui se grave peu à peu en son coeur.

Deux mois déjà que Kilian ne la quitte pas d'une semelle, onze mois si l'on compte le temps où ils étaient liés par la chair. Deux mois pas toujours faciles, souvent sur les routes, éprouvants, autant physiquement que moralement. Toutes les questions qu'elle ne se posait pas, toutes celles qu'elle avait ignorées jusque là refont peu à peu surface, et la brune s'y perd peu à peu. Saura-t-elle s'occuper seule de cet enfant ? Qu'adviendra-t-il de lui si elle perd la vie ?
Lorsqu'elle avait appris qu'elle portait la vie en elle, pas une seule de ces questions ne l'avait effleurée. "A nous deux on arrivera bien à quelque chose, on sera forts". Mais le nous deux s'est dissipé depuis longtemps, comme la brume au soleil, et désormais ne reste que le un, tout petit, si fragile. Lorsque Kilian s'agite contre elle au cours de la nuit, elle est seule à se réveiller pour le nourrir, seule à tenir. Lorsque Kilian s'éveille, elle est seule à le prendre dans ses bras. Lorsque Kilian pleure, elle est seule à pouvoir le consoler. Et parfois elle aurait bien besoin d'une épaule sur laquelle s'appuyer, d'une paire de bras supplémentaire pour l'aider. Porter toute seule le poids de deux vies, ça peut parfois sembler lourd, porter à deux le poids de trois vies, ça devient supportable.

Azylys regarde son fils, serein, bien loin de ce qui la tracasse, bien loin des doutes qui la hantent. Le bébé serre contre lui un jouet offert par son papa, un petit cheval taillé dans un morceau de bois, il s'est amusé avec toute la journée. Deux mois, deux fois. Deux fois il a croisé son papa, deux fois il a vu son visage, entendu sa voix, serré sa main dans les siennes. Le jour de sa naissance et quelques jours avant le grand voyage, il y a des semaines et des semaines de cela. La brune ne peut s'empêcher d'y songer. Comment pourra-t-il donc grandir loin de toi ? Est-ce qu'il te reverra un jour ? Ou est-ce que déjà ta route ne croisera plus jamais la sienne...
Un peu, beaucoup, surtout, pas du tout ma faute, la belle se remet en question. Le temps passe vite, trop vite, il s'enfuit à une vitesse inimaginable. Azylys passe et repasse à son doigt l'anneau doré qui est suspendu à son cou, il y a un an jour pour jour, à bien des lieues de là, on venait tout juste de le lui passer au doigt. Elle s'en souvient encore comme si c'était hier, une journée d'automne à Montauban, des rires, des sourires, deux paires d'yeux qui brillent de bonheur, deux grands oui, deux anneaux, ce qui semblait être une promesse d'éternité. Les paroles s'envolent, mais elles ne s'oublient pas. Et quand elle regarde le petit loup blotti contre elle, Azylys se souvient de toutes les promesses que le vent à emporté, de tout ce que le temps a effacé depuis lors.

Une veilleuse... Kilian dort, perdu dans ses rêves d'enfant, la brune donnerait cher pour savoir ce qui lui passe par la tête. Elle dépend de ce gamin comme elle n'a jamais dépendu de personne, ami, amant, mari ou frère. Lorsque son fils lui sourit, lorsqu'elle voit cette flamme de vie qui danse impétueusement dans ses prunelles bleu glacé, elle est heureuse, elle se sent complète, plus forte que tout. Lorsque Kilian dort, reviennent les doutes et les questions, à mesure que sa lumière diminue.
"Rayonne, soit ma lumière et je serai la tienne". Azylys aimerait bien que tout soit aussi simple que les conseils de sa petite étoile. Elle ne l'a d'ailleurs pas revu depuis la naissance de Kilian, depuis le jour où elle a failli perdre la vie pour de bon. Il était là pour l'arracher au néant, depuis il s'est volatilisé. Au plus profond d'elle même, la belle sait qu'elle le reverra. Mais il lui tarde tant, de pouvoir de nouveau serrer dans ses bras celui qui est à la fois comme son fils et son frère. Reviens moi vite petit prince...

Azylys ne sait plus vraiment où elle va, plus vraiment ce qu'elle doit faire. La fatigue s'accumule peu à peu, si ce n'est pas Kilian c'est la maison qui mange toute son énergie. Déjà les fondations sont faites, déjà quelques murs sont dressés. Et déjà on lui a proposé de reprendre la route alors qu'elle vient à peine d'arriver. La brune a besoin de repères, mais elle a surtout besoin de se laisser parler.
Le temps de décider si l'idée qui vient de lui passer par la tête est bonne ou mauvaise qu'elle sort un parchemin et se lance. Après tout, il est question de Kilian, pas de remuer des vieilles querelles entre parents séparés depuis longtemps. La Fleur rédige encore et encore, à n'en plus finir, tant et si bien que Kilian finit par se réveiller. Encore une idée, la main du bébé est posé sur le parchemin, tout doucement la brune en fait le tour avec sa plume, une empreinte pour toute signature, la main d'un petit loup pour dire bonjour à son papa. Bien vite un flot rouge est noué à la patte d'un pigeon, ancien code toujours en vigueur, bien vite le parchemin s'envole à la recherche de son destinataire, un papa bien loin de son louveteau.
Azylys chatouille le bébé du bout de la plume, provoquant quelques éclats de rire, quatre yeux bleu glacé qui scintillent, elle a retrouvé le sourire.

_________________
Azylys
Vannes, 23 Octobre 1460

La brune rajoute une bûche dans le feu, s’assoit en tailleur devant la cheminée. Le crépitement des flammes la fait sourire, un même son et pourtant mille souvenirs. Une soirée d'hiver lorsque la jeune femme enceinte, prise en chasse par ses amis lors d'une gigantesque bataille de boules de neige, s'était endormie devant le feu... Une soirée d'automne où la lueur des flammes se reflétait dans les prunelles sombres de son fiancé... Et de si nombreuses soirées passées sur les routes rythmées par le bivouac et le feu de camp qui éclairait ses nuits.
Azylys ferme les yeux, laisse la chaleur des flammes réchauffer petit à petit chaque parcelle de son être, elle fait sienne cette lumière et la laisse rayonner. Des projets, partout des projets, une douce renaissance. Bientôt la maréchaussée, puis La Rochelle, puis la marine... La maison est presque finie, du moins maintenant le plus dur est fait, il ne manque que quelques meubles. La belle s'autorise à lâcher prise, enfin la vie suit son cours comme elle le souhaitait, enfin elle commence à atteindre les objectifs qu'elle s'était fixés. Encore une dizaine de jours et elle écrirait de nouveau, encore une dizaine de jours et Kilian fêterait ses trois mois.

Le bruit d'un petit poing qui tape contre le bois, un chouinement de protestation, un double appel qui résonne aux oreilles de la jeune mère bien plus que le crépitement des flammes. Azylys se lève, le berceau n'est pas loin, bientôt elle prend contre elle ce petit être qui lui tend les bras. Moue boudeuse de Kilian qui porte son poing à sa bouche pour le mâchouiller, le petit loup à faim. La brune sourit, attendrie, et retourne s'installer confortablement devant la cheminée. Fasciné par les flammes qui se reflètent dans ses prunelles bleu glacé, il en oublierait presque de bouder. Mais très vite il se blottit contre le sein de sa mère, la faim est plus forte que la curiosité.
Azylys sourit, elle le regarde téter à poings fermés, les yeux clos. Elle tente de s'imaginer sa bouille d'enfant dans quelques mois, dans quelques années. Son caractère il est déjà connu d'avance, un savant mélange de ceux de ses parents, une vraie petite tornade en devenir... Peu importe le lieu et la date, tant qu'il restera un souffle de vie à la brune, il sera pour son fils.

_________________
Azylys
Vannes, 26 Octobre 1460

La tornade brune fait vingt fois le tour de la maison, passe devant chaque porte, chaque coin et chaque recoin. Brume piaffe déjà dehors alors que le soleil se couche à peine, la nuit promet d’être fraîche, voire pire. La tempête continue, mille pensées, mille idées, mille préoccupations, mille doutes et mille sentiments confus, un vrai chaos. Une porte qui claque, puis une autre, des provisions qui s’entassent, deux tonnes de papier à lettres qui s’amoncellent sur une table, trois pigeons alignés sur le rebord d’une fenêtre, tout respire l’empressement. Une cape jetée sur la table, le berceau poussé dans un coin, un ours en peluche qui traîne par terre, et un chouinement d’enfant qui retentit.

Pitié mon cœur, laisse moi cinq minutes le temps que j’arrive à finir tout ça, juste cinq petites minutes mon ange…

La tornade c’est elle : une brunette pas très grande et pas très épaisse qui court partout dans sa maison, pressée, stressée, à la limite de la panique. Juste le temps de rassembler encore un paquetage et le chouinement devient pleurs, Azylys craque.

Têtu comme ton père toi hein… glisse la brune dans un soupir en prenant le bébé dans ses bras.

C’est une demie vérité, elle aurait tout aussi bien pu dire ‘comme ta mère’, ou, plus juste, ‘autant que ton père et ta mère rassemblés’. Et justement, c’est bien de rassemblement dont il est question. Il n’aura suffit que d’un appel à l’aide pour que la belle oublie toutes les résolutions qu’elle avait prises. Elle avait dit ‘plus jamais’ et la voilà qui court dans toute la maison pour préparer ses valises : on a besoin d’elle. Et c’est même le ‘on’ le plus important du monde après Kilian : le père de son fils à besoin de son aide. Départ en urgence comme souvent, depuis hier soir elle se prend la tête pour savoir quoi emmener, quoi laisser, à peine quelques heures de sommeil cette nuit, elle pensait bien trop pour parvenir à s’endormir, et la voilà qui cavale dans toute la maison de nouveau. Kilian babille, heureux d’avoir retrouvé les bras de sa maman qu’il ne quitte presque jamais, inconscient de l’enjeu de ce départ. Azylys a tôt fait de remettre son fils dans le petit cocon de tissu qu’elle place sur son ventre, histoire de pouvoir continuer les préparatifs.


Tu te rends pas compte mon amour, on va te faire le plus merveilleux des anniversaires. Dans une quinzaine de jours tu seras dans les bras de papa. Presque deux mois que tu l’as pas vu mon ange, je sais qu’il te manque… A moi aussi tu sais, mais je devrais pas le dire. Vous auriez pas dû être séparés tous les deux je sais bien… J’ai une chance de réparer tout ça alors je fonce… ce que vous me faites pas faire tous les deux quand même…

Le temps de dire tout ça le paquetage est déjà prêt, tout le barda rangé comme il faut et la brune enfile aussitôt sa cape. Deux minutes plus tard elle est dehors, tourne la clé, la suspend à une chainette autour de son cou. Une dernière fois elle vérifie ce qu’elle emporte avec elle, le strict minimum qui est déjà du superflu, et grimpe en selle. Azylys resserre sa cape autour d’elle et regarde Kilian babiller. Machinalement, elle porte la main à l’une des trois chaines qu’elle porte autour du cou et passe son doigt dans l’anneau qui y est suspendu. Brume prend le chemin de la ville au petit trot, le temps de passer récupérer Ev et cap au sud…

En route petit loup, papa nous attend…
_________________
Azylys
Vannes, 25 Novembre 1460

La clé tourne dans la serrure, la brune entre dans la maison sombre et froide. Elle a tôt fait d'allumer quelques bougies, de rallumer le feu dans la cheminée devant laquelle elle s'assoit. Elle serre contre elle son fils qui boude depuis tout à l'heure, son papa vient de repartir. Vrai que la remontée ne s'est pas passée comme prévu, vrai que les plans ont changé trois fois en quelques jours. Mais Kilian a eu le temps de voir son papa, et c'était bien le principal dans cette longue aventure.

Arrête de bouder mon amour... Papa reviendra te voir de temps en temps... Et il t'a laissé un jouet qu'il a fait lui-même pour aller avec ton petit cheval...

La belle soupire, le petit loup n'a pas l'air d'humeur à sourire, il sait juste que papa qu'il avait sous les yeux depuis une dizaine de jour n'est plus là et il lui manque déjà. Azylys embrasse doucement son petit front et le câline. Seul le temps et une bonne nuit de sommeil pourront changer le loupiot d'humeur, elle le sait bien, il est têtu...

Allez au lit petit coeur, un mois de voyage ça fatigue, et retrouver un bon lit ça fait pas de mal tu verras...

La brune se lève, la chaleur commence à se répandre peu à peu dans toute la maison. Elle dépose doucement son fils dans le berceau en bois massif et le borde, caresse doucement sa joue.

Bonne nuit mon amour, fais de beaux rêves... Je t'aime mon ange...

Allongée sur son lit, enroulée dans sa couverture, Azylys regarde son fils endormi, balançant doucement le berceau du bout des doigts. Il serre dans ses bras une petite figurine de bois qu'il n'a pas voulu lâcher. Dans quelques heures il se réveillera sûrement et il finira la nuit dans ses bras. La brune n'a jamais aimé dormir seule et son fils semble avoir gardé ce trait de caractère. Az se relève, sort des parchemins et de l'encre, prends sa plume, rassurer ses proches la tente bizarrement plus que dormir ce soir.
_________________
Azylys
Vannes, 26 Novembre 1460

La brune sourit, joue avec le trousseau qu'elle vient de recevoir. Des clefs, des clefs partout, plus qu'une formation et elle sera maréchale, elle pourra enfin filer un coup de pouce à ses amis. Longtemps qu'elle ne s'était pas sentie aussi utile, ça fait du bien. Kilian gigote dans son berceau, le faisant bouger de lui-même. Azylys se penche au-dessus du petit qui mâchouille la tête de sa nouvelle figurine de bois, le chatouille.

On mange pas les cadeaux de papa amour, c'est du bois, c'est pas bon.

La belle le regarde froncer les sourcils et éclate de rire. Il fait tellement bien la mine du petit boudeur... Elle le prend dans ses bras, le soulève à bout de bras au-dessus d'elle et le regarde. Kilian la fixe, entre quatre yeux bleu glacé, pas du tout gêné par la hauteur et le vide en dessous de lui. Maman ne le lâchera jamais, il le sait. Le petit homme sourit, babille quand la brune s'amuse à lui faire des grimaces.
Soudain un piaillement la fait sursauter et Az serre le petit contre elle, jetant un regard dans la direction d'où venait le bruit. Une petite boule de plumes blanches se débat sur son perchoir dans une petite cage dorée. De loin on dirait presque un flocon de neige à côté de la fenêtre. La brune s'approche de ce rapace miniature et le montre du doigt au petit loup blotti dans ses bras.


Regarde mon coeur, c'est Mirage qui t'appelle. Quand tu seras plus grand elle viendra se poser sur ton bras comme Haydïn le fait avec maman.

Kilian penche la tête, comme s'il voulait examiner cette petite boule de plumes qui piaille plus attentivement. Curieux, il regarde alternativement sa maman et cette chose qu'il sait lui appartenir. Il sourit, tape dans ses mains, effrayant la petite chouette qui change de perchoir en piaillant de nouveau. Azylys rit, câline son fils qui babille et l'habille chaudement. Bientôt la brune a la cape sur le dos et ouvre la porte de la maison, on l'attend en taverne.
_________________
Azylys
Vannes, 04 Décembre 1460

Kilian se retourne sur le côté puis sur le ventre, prend appui sur ses avant-bras, lève la tête vers la silhouette encore blottie sous les couvertures, babille. Pas de réponse ? Le petit homme roule de nouveau sur le dos, agrippe le coin de la couverture et la tire sur sa petite bouille, se cache en dessous et gazouille. Il est tout le temps de bonne humeur en ce moment, une petite lumière de vie qui brille fort, très fort et illumine la maison. Lumière qui éclaire tellement d'ailleurs qu'elle finit par réveiller la brune. Enfin elle daigne ouvrir les yeux et esquisser un sourire en voyant son petit loup jouer dans les couvertures. Azylys s'étire un peu, ramène le petiot contre elle et le câline, le soleil est déjà haut dans le ciel mais leurs folies d'hier l'ont laissée épuisée.

Bonjour mon petit ange, déjà réveillé ?

Kilian sourit et babille, comme chaque fois qu'il entend le son d'une voix familière, mais il a autre chose à dire ce matin et il compte bien se faire comprendre. On fronce les sourcils pour faire la tête du boudeur comme papa et on attrape le bon collier autour du cou de maman, si avec tout ça elle comprend pas c'est qu'elle est encore trop fatiguée pour réfléchir. Azylys le regarde, regarde la petite main agrippée à la chaîne, message reçu. Pourtant la brunette s'interroge, comment fait-il pour connaître si précisément ce jour si particulier dans le mois ?

Pas la peine de faire les gros yeux mon amour, je sais bien qu'on a pas eu le temps d'écrire à papa hier. On va réparer ça de suite t'en fais pas.

La brune tend le bras et parvient à saisir un parchemin et sa plume. Bientôt elle s'assoit en tailleur et installe Kilian contre elle. Une main sur le petiot pour éviter qu'il gigote, l'autre trempe déjà la plume dans l'encre. Le petit loup frappe dans ses mains en cadence et gazouille, la veille il fêtait ses tout juste quatre mois, aujourd'hui la priorité et de le faire savoir.
_________________
Azylys
Vannes, 09 Décembre 1460

Tout est possible, tout est imaginable, et pour peu qu'on le croit, les espérances peuvent devenir des réalités, tôt, ou tard. Sur les lèvres de la brune s'étire le plus grand des sourires, à côté d'elle une énorme pile de missives est posée sur la table. On a toujours raison d'y croire... Pour la quinzième fois peut-être en quelques heures, elle reprend la plume et trace quelques lettres à l'encre de nuit sur un parchemin. La belle souffle pour faire sécher ces quelques mots encore plus vite et a tôt fait de rouler le message autour de la patte d'un pigeon. Le volatile s'élance par la fenêtre ouverte, éternel aller-retour entre Vannes et Fougères.
Azylys fait rouler l'onyx sur la chaînette qui orne son cou comme souvent, ses bonnes étoiles veillent toujours sur elle on dirait... Qui à part elle aurait bien pu croire qu'un ami si cher introuvable depuis des mois reviendrait à la vie active ? Qui aurait bien pu penser ne serait-ce qu'une seconde que c'était possible ? Comme quoi les miracles existent...

La brune se perd dans ses pensées comme trop souvent, laissant dériver son esprit vers l'été passé à Vannes et tous les souvenirs qui rayonnent encore dans son esprit. Pourtant, comme chaque fois qu'elle part trop loin en songe, Kilian tire doucement sur sa chemise, la forçant à revenir doucement à la réalité. La jeune maman sourit au petiot qui la regarde avec curiosité, ses yeux glacés plein de questions auxquelles il compte bien obtenir réponse. Azy sourit et caresse doucement la joue du bébé.


Tu sais que certains se battent pour devenir ton parrain joli coeur ?

La brune rit, et le rire est communicatif, puisque Kilian est bientôt emporté par le même fou-rire sans toutefois avoir bien compris de quoi il était question. La belle est d'humeur légère aujourd'hui, et elle le fait savoir. Encore quelques missives pour convaincre, encore quelques lignes pour régler les derniers détails, plus que quelques lettres à tracer sur le papier et il ne pourra qu'accepter... A tout bientôt Thim...
_________________
Azylys
Vannes, 10 Décembre 1460

La brune prépare ses paquetages, le petit loup agrippé à elle la regarde faire avec curiosité l'air de dire : on reprend la route maman ? Les sacs sont faits, même si le départ de ce soir n'est pas encore confirmé, peut-être ne partiront-ils que demain, lui laissant ainsi le temps de poursuivre ses cours. En tout cas il est probable qu'elle ne parte que demain, les autres, elle les rattrapera au pire, ce n'est pas un soucis. Les missives de Thim continuent à s'empiler petit à petit, toujours davantage. De temps en temps, la belle jette un regard vers la fenêtre guettant un éventuel retour de pigeon, qui devient coutumier ces derniers jours. Elle déambule toujours dans toute la maison, le bébé babillant contre elle. Distraite, elle laisse son regard dériver au dehors quelques secondes et sursaute, faisant sursauter son fils par la même occasion. Un flocon, puis deux, puis trois, passent successivement de l'autre côté de la vitre. Azylys a tôt fait d'attraper sa cape et un bonnet trop grand pour le petit, mais enfin c'est toujours ça hein, et de se précipiter dehors, claquant la porte derrière elle.

Oooh regarde mon petit amour ! Tes tout premiers flocons !

Kilian gigote, tourne la tête dans tous les sens, tend les bras, cherchant à tous les voir et tous les attraper à la fois. Un flocon tombe sur le bout de son nez, fondant immédiatement et le faisant éternuer, tout autant qu'il fait rire sa maman émerveillée. Kilian finit par rire lui aussi, tirant la langue pour attraper ces petits glaçons qui fondent tout seuls. Ainsi donc voilà la neige...mieux vaut être bien couvert en effet. La brune montre à son loupiot comment la neige fond sur le bout de son doigt, porte Kilian au dessus d'elle et le regarde. Les prunelles glacées du petit loup brillent de bonheur et de curiosité, tant le reflet de la lumière de la maison toute proche que le miroir d'un véritable feu intérieur.
Az sert son petit homme contre elle et grimpe en haut du toit, chopant au passage la lanterne accrochée devant la porte. Rapide escalade et elle s'installe dos au pilier de la cheminée, en tailleur, installant le petit sur ses genoux mais tout contre elle. Cape rabattue au dessus d'eux, rien ne peut plus les atteindre. La brune sourit, regardant son petit loup suivre des yeux chaque flocons de neige, émerveillé par une si grande découverte. Ils resteront encore quelques heures dans leur cabane improvisée pour profiter du spectacle...

_________________
Azylys
Vannes, 21 Décembre 1460


Une clef qui tourne dans la serrure, une silhouette pénètre dans les ténèbres de la maison, ferme la porte dans son dos, rallume le feu dans la cheminée. Lumière et chaleur se répandent dans la maisonnée, dehors la nuit promet d'être glaciale. Kilian babille dans les bras de sa mère, fasciné par les flammes qui dansent en faisant craquer le bois.
Azylys regarde son fils et sourit, il grandit si vite... Elle se revoit encore enceinte jusqu'au cou il y a à peine quelques mois, ça lui semble si proche encore... Elle le revoit encore si petit et si fragile lorsqu'il ouvrait les yeux pour la première fois... Et le voilà maintenant à quatre mois et demi déjà, curieux de tout et heureux d'un rien, comme sa maman c'est vrai, décidément il lui ressemble de plus en plus. Bientôt il commencera à ramper dans toute la maison et il n'y aura plus moyen de le lâcher du regard cinq secondes. Bientôt il fera ses dents et il commencera à mordiller tout ce qui passera à portée de ses quenottes, même sa maman.

La brune est fatiguée de ce long voyage dont elle revient à peine et baille déjà. La nuit promet d'être longue, Kilian n'a pas l'air de manquer d'énergie. Azylys se débarrasse pourtant de sa cape et de ses bottes et allonge son fils dans le berceau en bois massif. Elle le rapproche un peu de son lit où elle s'allonge, fredonnant doucement une berceuse bretonne jusqu'à ce que le bébé ferme les yeux. Bientôt le loupiot s'est endormi dans le berceau qu'elle balance doucement, perdue dans ses pensées. Lilas lui manque déjà, pourtant elle n'est partie que depuis quelques jours et Ange lui semble plus sombre que d'habitude, de bien mauvais présages... Az finit par s'extraire de ses doutes et dépose doucement un baiser sur le front du bébé avant de tenter de dormir elle aussi.


Bonne nuit mon petit ange, je t'aime...



(Quelques heures plus tard, dans la nuit)


Azylys fronce les sourcils, se retourne. Elle ne dort qu'à moitié, réveillée elle ne sait pourquoi à une heure si tardive. Il n'y a aucun bruit dans la maison hormis le crépitement des flammes dans la cheminée, pourtant elle a l'impression de sentir une présence. Pas celle de son fils endormi, mais une autre qui l'inquiète bien davantage. La belle entrouvre les yeux. Un sourire naît soudain sur son visage lorsqu'elle identifie son visiteur nocturne. Une petite tête blonde est penchée au-dessus du berceau de son fils, souriant au bébé qui semble ne pas dormir lui non plus. Depuis le temps... Des mois qu'elle ne l'a pas vu ce petit homme, des mois qu'elle n'a pas pu le serrer dans ses bras...

Illyan...
_ Je peux le prendre dans mes bras tu crois ?
chuchote le blondinet sans lever les yeux du berceau, tirant un autre sourire à Azy.

La belle finit par se lever pour de bon et porter Kilian qui sourit comme jamais. Le temps qu'elle se retourne, Illyan est déjà assis en tailleur sur le lit, plongeant son regard océan dans les prunelles glacées de la brune qui dépose doucement le bébé dans ses bras. Le gamin baisse la tête vers son petit protégé qu'il n'avait encore jamais vu. Ils se connaissent pourtant déjà, et la communication semble passer entre eux sans qu'il y ait besoin de mots. Fascinés l'un par l'autre, ils s'observent en silence. Presque le même bleu dans leurs prunelles, du moins la même flamme qui les anime. Azylys n'ose pas rompre ce charme qui semble opérer et grave cette scène dans sa mémoire. Soudain un sourire illumine le visage des presque deux frères, ils se sont compris on dirait... Un regard vers la brune qui attend la suite du programme, une question silencieuse sur les lèvres d'Illyan, la belle acquiesce. Ce soir c'est leur première rencontre, les jeux seront pour la prochaine.

L'ancienne fuxéenne se recouche donc, le plus grand des garçons dans ses bras et le bébé serré contre eux. Dormir en famille c'est devenu une habitude, et aucun des trois ne s'en plaindra. Rien que pour quelques instants, savourer le bonheur de cette famille de coeur réunie pour une nuit. Bientôt ils sont trois à dormir, trois petites flammes qui chacune se renforce à la lueur des deux autres.

_________________
Azylys
Vannes, Nuit de Noël 1460

La brune rentre à peine à la maison après une longue ballade à cheval. La nuit est déjà tombée depuis quelques heures, le temps de rallumer le feu dans la cheminée et elle fêtera Noël avec son fils. Pourtant elle aperçoit un pigeon à la fenêtre, hausse un sourcil. Qui peut bien lui écrire à une heure pareille ? Azylys a tôt fait de dérouler la missive et parcourt des yeux cette écriture qu'elle ne reconnait pas. Soudain la jeune maman étouffe un juron et jette la missive du prévôt sur la table avant de remettre son manteau et de serrer Kilian contre elle. Décidément, la nuit de Noël elle la passera sur les remparts !
Ange malade, elle n'a d'autre choix que de prendre la garde à sa place, et en urgence ! Fermant la porte de la maison à clef, la belle ne peut s'empêcher de penser que les tests vannetais valent bien ceux des toulousains, une garde surprise...

Azylys regarde l'horizon, face au vent glacial qui finira avant l'aube par lui geler au moins le visage. En bas des remparts, dans les ombres du chemin, elle ne distingue nul voyageur, tous occupés ici ou ailleurs à fêter la veillée de Noël comme il se doit. La brune soupire, regarde le petiot qui babille contre elle, bien au chaud mais un peu déçu sûrement de devoir passer toute la soirée immobile. Eh oui mon pauvre ange, c'est le début des gardes, et cette nuit va ressembler à beaucoup d'autres...
Soudain la brune sursaute, étouffant un cri et sortant l'épée du fourreau par instinct, surprise par une petite main qui vient de se poser sur son bras. Se retournant brusquement, elle est prise d'un fou-rire en découvrant son agresseur.


Mon Dieu Illyan ce que tu m'as fait peur !

Le gamin sourit et dépose un gros bisou sur sa joue, comme pour lui souhaiter à sa manière un joyeux noël et regarde son frangin de coeur qui lui tend les bras. Azylys sourit et dépose doucement le bébé emmitouflé dans les bras d'Illyan.

Vous pouvez jouer tous les deux les garçons, il faut que je surveille les remparts pour cette nuit, on remet la fête à plus tard. Mais soit prudent mon ange et reste pas loin derrière moi, d'accord ?

Illyan acquiesce et lui offre son plus beau sourire avant de s'éloigner de quelques pas. Assis en tailleur, il tient sur ses genoux le petit loup de quatre mois et demi qui babille et gazouille à tout va. Ils ont le temps désormais de jouer à n'en plus finir, jusqu'à l'aube s'ils le veulent, la nuit leur appartient...
_________________
Azylys
Vannes, 26 Décembre 1460

Occupée, comme toujours, la brune tape encore et encore et encore. Le gel et la neige ont eu raison de l'enclos qui jouxtait la maison et la barrière a eu tôt fait de s'effondrer. La belle s'attaque donc aux réparations, qui prennent cette fois un air de reconstruction totale. Kilian fait sa sieste à l'intérieur de la maison, au chaud et bien tranquille, et pourtant Azylys sait qu'elle ne doit pas s'absenter trop longtemps. Les poutres sont vites remises et les clous vites replantés, la barrière tient de nouveau, jusqu'aux prochaines neiges du moins, il faudra attendre le printemps pour tout refaire.
Rentrée se mettre au chaud, elle se glisse sur la pointe des pieds dans la chambre et regarde le petit loup endormi. Les poings serrés, la couverture remontée jusqu'au menton, il ressemble à un petit ange auquel il ne manquerait que l'auréole. La maman ressort de la pièce en silence, le laissant dormir quelques minutes encore, avant qu'il ne la réclame de nouveau. Pourtant les prolongations sont de courte durée, interrompues par un gamin qui frappe à la porte, criant à travers le bois de celle-ci qu'il a un paquet pour la Fleur. Méfiante, Azylys ouvre la fenêtre plutôt que la porte et échange le paquet contre quelques écus, intriguée et curieuse comme jamais. Elle n'a pourtant que le temps de le déposer sur la table avant que Kilian ne se mette à chouiner dans la chambre voisine, réveillé par la voix du gamin.

Assise devant le paquet, Kilian sur ses genoux, la brune et son fils scrutent ce cadeau avec curiosité, aussi pressés l'un que l'autre de découvrir ce qu'il renferme. Azylys le déballe, étendant le manteau qui était à l'intérieur sur la table et saisissant la lettre pliée par dessus. Pendant que Kilian passe la main sur les fourrures, la fleur déplie la missive. Sans lire les lettres elle reconnait déjà l'écriture et sourit, combien de fois déjà a-t-elle lu et relu une de ses missives ? Son regard glacé parcourt les lignes, son sourire s'élargit encore, ses yeux brillent déjà. Elle prend le petit bracelet et le passe au poignet de son fils, de leur fils.


Regarde mon amour... Un cadeau de papa ! Un bracelet pour toi et un manteau pour nous tenir bien chaud à tous les deux !

Kilian tourne ses prunelles de glace vers elle puis regarde le bracelet à son poignet et sourit, il a compris... La brune a tôt fait de prendre un parchemin et de l'encre pour répondre, à défaut de voir les yeux émerveillés de son fils et de recevoir ses bisous, il aura ainsi tout l'amour que sa petite famille lui porte. Elle est émue la brune, même si elle le cache un peu. Elle aime les surprises et elle aime par dessus tout sa famille, de coeur et de sang.
_________________
Azylys
Plage de Vannes, 31 Décembre 1460

La brune est assise sur la plage, son fils blottie contre elle et le regard dans le vague. Elle contemple l'océan pour la dernière fois de l'année. Dans quelques heures elle prendra sa place sur les remparts, scrutant le chemin et les étoiles, pour débuter sa première semaine de garde. Il faut bien un début à tout après tout. Kilian, lui, découvre l'hiver, découvre les fêtes de la nouvelle année avec toujours autant de curiosité. Cette nuit il la passera dans les bras d'Illyan, son protecteur pour la soirée. Lui aussi espère beaucoup de cette année à venir, il a hâte. De grandir, de découvrir encore, d'explorer, d'apprendre et de comprendre, de revoir son papa, son demi-frère qu'il ne connait que très peu, et peut-être, qui sait, de voir la famille s'agrandir à nouveau. Blotti dans le manteau de fourrure offert par son père, il regarde les yeux glacés de sa mère perdus dans les vagues, essayant d'y lire ce qu'elle ne dit pas, d'y trouver toutes les petites portes de son coeur qu'elle se refuse à ouvrir. Plus que savoir, il sent quand quelque chose ne va pas, quand les souvenirs refont surface.

Azylys est bien contente de voir cette longue année se finir enfin. Interminable, éprouvante tant physiquement que psychologiquement, elle gardera un souvenir mitigé de cette année de souffrances presque plus que de joies. Elle a besoin de voir cette page se tourner enfin, de voir une nouvelle aube, un nouveau chemin. Elle attend beaucoup de cette année, mille espoirs qu'elle ne formulera jamais, mille désirs qui resteront secrets. Elle a assez souffert pour la décennie à venir et elle veut avant tout retrouver une stabilité qu'elle peine à rétablir, elle veut pouvoir offrir le meilleur à son fils et à sa famille de coeur et de sang, donner le meilleur d'elle-même. Elle a tant à apprendre, tant à donner encore...

Tant à cacher pourtant, tant à encaisser. Elle sait que dans quelques heures Ange entamera son long voyage, elle le sait peu bavard, elle sait qu'il écrit peu. Elle aimerait bien pouvoir garder son jumeau de coeur tout près d'elle mais il a besoin d'air, d'autres horizons. Elle attend avec impatience l'été qui sonnera l'heure de son retour, elle espère d'autres retours... Optimiste, elle aime croire en l'impossible, dépasser ses limites, cette année sera celle des défis, des projets. Le premier est tout tracé : elle veut devenir tisserand et compte bien le faire aussi tôt que possible. Les autres se profilent à peine, pourtant elle commence déjà à y songer.
Kilian tire sur sa chemise, la ramenant à la réalité, à lui, à son regard de glace, à son sourire.


Cette année tu vas faire tes premiers pas mon petit ange...tes premières fugues aussi, songe la brune en regardant le sourire malicieux de son fils. Dans trois jours il aura déjà cinq mois, bientôt il commencera à cavaler partout. Kilian imite le sourire radieux de sa mère, vocalise. Ils sont deux petites lumières de vie à briller sur la plage, deux à croire de toute leur force, de tout leur coeur, de toute leur âme, que le meilleur reste à venir...
_________________
Azylys
Vannes, 3 Janvier 1461

Kilian se tortille dans tous les sens, éclate de rire sous les chatouilles et gazouille, tentant presque de pousser la chansonnette. La brune rit elle aussi et le prend dans ses bras, chantant de plus belle, amusée de voir son bout d'chou tenter de répéter après elle. C'est jour de fête aujourd'hui, et emportée par le rythme que le petit frappe dans ses mains, la belle se met à danser. Kilian joint la voix à la danse et vocalise. Une vraie tornade de bonne humeur qui traverse toute la maison en large et en travers. On a pas tous les jours cinq mois après tout...
Azylys est heureuse, fière de son petit homme qu'elle voit grandir et s'affirmer de jour en jour. Espiègle et joueur, il ne rate pourtant pas une occasion de faire une farce à sa jeune maman. C'est qu'il sait parfaitement ce qu'il veut le petit loup, et il le fait savoir. Agrippé à la chaîne de son père, il montre du doigt la table et le parchemin posé dessus en essayant d'imiter le ton de sa mère lorsqu'elle se veut sérieuse. La brunette éclate de rire et acquiesce, emportant dans ses bras son petit prince jusqu'à la table et lui tendant la plume.


On change de technique aujourd'hui mon ange, c'est toi qui va écrire et moi qui vais te regarder !

Kilian la regarde intrigué et agite énergiquement la plume. Regarder et écrire... oui il voit plus ou moins ce que ça veut dire. Ecrire ? lui ? Le louveteau fronce les sourcils, plonge son regard de glace dans celui de sa mère. Tu vois je te regarde là, je sais ce que ça veut dire... Autoritaire, il prend la main de la brune et y glisse la plume, c'est à elle d'écrire, il ne se fera pas avoir. Le petiot imite sa mère et soupire, l'air de dire : je sais bien que tu sais pas quoi écrire mais tout de même, soit courageuse...
Azylys rit et s'assoit, la plume entre les doigts. Sur ses genoux, Kilian se redresse et attrape le bord de la table, comme s'il voulait surveiller qu'elle n'est pas en train de blaguer et qu'elle va vraiment écrire à papa. Allez quoi, c'est la fête aujourd'hui, ça veut bien dire qu'il faut écrire, non ?


Bon d'accord j'écris alors. Mais t'as des idées au moins ? Parce que toute seule je suis pas sûre d'y arriver...

La brune le taquine, et Kilian le sent. Il la regarde et sourit, il n'a pas compris tous les mots mais il a saisi le ton, maman plaisante. Azylys lui sourit en retour, elle n'a dit là qu'une demie-vérité en effet. Il est vrai que comme chaque fois elle ne sait quoi narrer, pourtant si elle laissait parler son coeur comme elle le devrait, elle pourrait écrire des pages et des pages, comme autrefois. La question est donc davantage de décider ce qu'elle dira et ce qu'elle ne dira pas. Bientôt la plume court sur le papier sous la surveillance attentive de Kilian, traçant en lettres pourpres les divers évènements du mois passé et dépeignant le quotidien de cette petite famille du bout du monde, sans toutefois oser laisser s'exprimer la voix du coeur.
_________________
Azylys
Vannes, 5 Janvier 1461

La brune est passée à la maison pour quelques minutes, elle n'y est presque plus ces derniers jours. Entre gardes, tavernes, places publiques et maintenant conseil municipal, la jeune maman à fort à faire et ce un peu partout. Demain c'est décidé, elle prend un peu de repos. Azylys regarde sa maison un peu dérangée, la missive réponse de Zach est encore posée sur la table, depuis deux jours maintenant. La belle sourit encore rien qu'en voyant le parchemin, elle la connait déjà par coeur à force de la relire cette missive, et chaque fois qu'elle la voit, son coeur bat un petit peu plus fort, sans qu'elle en ait conscience ni qu'elle ne se l'avoue.
Az regarde les jouets éparpillés un peu partout dans la maison, et le tout nouveau, qui trône sur un coffre à jouets devenu trop petit, cadeau du papa au petit loup pour son cinquième mois :




La brune sourit, elle trouve ce jouet juste magnifique et drôle, elle l'adore déjà, et son fils aussi. Pour le moment, celui-ci dort à poings fermés, blotti contre elle. Peut-être rêve-t-il lui aussi à son papa qui dort à quelques lieues de là.
Azylys ressort doucement de la maison, tourne la clef dans la serrure et file en direction des remparts, elle a beaucoup à faire encore, on l'attend un peu partout en ville.

_________________
See the RP information <<   1, 2, 3, ..., 9, 10, 11   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)