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[RP] Encore et encore

Torvar
Le sommeil n’était pas au rendez-vous. Pourtant il aurait dû mais le cosaque était songeur… bien trop de choses, trop de ressentiments, trop de non-dit, trop de « rien à foutre » qui véhiculaient au milieu de cette soi-disant guerre et dont, au final, on ne savait rien… ça commençait à entamer l’attitude placide que Torvar avait toujours eu… alors au petit matin, en rentrant dans sa chambre déserte, il prit la peine d’allumer sa pipe qui trônait sur le bureau puis attendit que l’odeur enivrante le ramène à des sentiments meilleurs afin de prendre la plume et de faire une réponse digne de ce nom à L’Epicée.



Maryah,

Ça y est, tu as fini de cracher tes inepties ?
Je te remercie de « tolérer » ma noblesse mais je te ferais la remarque suivante c’est que si ça te dérange tant que ça, tu peux toujours te carrer l’idée ou je pense, ça ne changera rien à ce que je suis. Je te l’ai expliqué, je suis et je resterais un chef mais toi tu te focalises sur un titre, je vais finir par croire que tu catalogues les gens par ce qu’ils représentent et non ce qu’ils sont au fond d’eux-mêmes… ça me dérange cette façon de penser et je me dis qu’avec ce genre de ressentiments, Percy va vite être pris entre deux feux ce qui ne l’aidera pas à grandir… Alors un petit conseil de derrière les fagots, tourne sept fois la langue dans la bouche avant de parler et réfléchis un peu aux mots que tu craches… le mal se fait d’abord avec ce genre de poison qui bien souvent est vite irrécupérable !

Maintenant oui je suis à la guerre, oui je suis en train de défendre mon duché aux côtés de personnes volontaires qui ont à cœur de penser que l’empire peut mettre un pied chez nous par nos frontières. Ça devrait pourtant te faire plaisir que l’on damne le pion à l’empire après tout ce qu’ils ont osé te faire là-bas mais peut être que tu préfères ces sauvages à des gens comme moi, qui portons titre et couronne ? Tu es si versatile par moment que je me demande toujours comment je n’en viens pas à t’étrangler lorsque je te croise !

Ceci étant, tu apprendras tout de même que je suis à moins d’une journée de cheval de Percy, que si il y a quoi que ce soit, je serais prévenu, que j’ai fais venir des gens de mon clan afin d’assurer sa protection, qu’ils ont ordre de mourir plutôt que de se le faire enlever donc de quoi as-tu peur au juste ? Que je sois un mécréant, que je sois un si mauvais père que tu regrettes la décision que tu as prise en me le confiant ?

Perceval mange à sa fin, il fait ses corvées comme tout homme responsable, il monte à cheval et apprend l’art du tir à l’arc et sans doute que mon cousin Drobomir lui apprend quelques passes à l’épée ou que Lubim l’entraîne dans de drôles d’aventures que seuls des petits gars peuvent s’inventer… je n’ai rien laissé au hasard Maryah, surtout pas. Je ne veux pas qu’il arrive quelque chose à Percy. Tu le sais aussi bien que moi… j’ai perdu assez d’enfants pour savoir que chaque fois, malgré ce que l’on peut penser, c’est un peu de soi qui meurt alors ne viens pas me reprocher de faire ce que je dois faire. Et puis Percy doit se débrouiller aussi sans moi. J’ai des nouvelles qui me parviennent chaque jour, un rapport écrit donc je pourrais te donner la copie si tu le souhaites. Il faut qu’il grandisse en apprenant à faire confiance à ceux qui l’entourent mais aussi à s’en remettre parfois à des gens qui lui veulent du bien et je t’assure que mon cousin et son fils le traiteront vraiment comme un cosaque à part entière.

Quant à moi, je n’ai pas l’intention de mourir. D’où te vient cette idée ?
J’ai été malade il est vrai, ma main et mon bras s’en sont ressentis mais la crise est passée. Et cela ne m’empêche pas de tenir une épée le cas échéant ou bien de t’attraper par les cheveux et de te glisser dans mon lit si tes pas te conduisent à nouveau à Cheny. Et si cela te dérange tant que ça que l’on ne soit pas marier, je peux toujours demander à Matveï de nous unir… bon d’accord, cela ne sera pas un mariage reconnu mais au moins tu auras un statut officiel dans mon clan et Percy aussi… en tant qu’aîné des garçons, tout lui revient de droit Maryah. Si je venais à disparaître, Perceval serait en droit de réclamer la direction du clan cosaque à Matveï. Bon les anciens s’y opposerait sans aucun doute mais il pourrait le faire… c’est ainsi… nos choix sont faits, tu le sais très bien. On ne peut plus revenir en arrière.

Quant à ta robe, je pense que dès que j’aurais un instant après cette fichue guerre qui est plus pour les nerfs qu’autre chose, j’entrainerais Percy à Paris pour qu’il puisse choisir… non je ferais mieux… nous irons tous les trois chez une couturière de renom et il pourra choisir ce qui lui fait plaisir pour te faire plaisir… ce ne sont là que des biens matériels et il ne faut pas lui enlever ses rêves d’enfants…. Mes contrats d’antan m’ont assez rapportés pour que je puisse lui permettre de se servir à sa guise. Toi il y a longtemps que j’ai renoncé à t’offrir de puiser dans mes coffres, ton orgueil mal placé fait que tu refuseras, pourtant tu sais que tu peux faire ce que tu veux… quand je t’ai dis que Cheny était aussi pour toi, que tu pouvais y venir quand tu le souhaitais, ce n’était pas des paroles en l’air malgré tout ce que tu peux dire sur moi et ma noblesse… et si demain je perds ce que j’ai là-bas, il me reste encore tant de choses… je suis riche de bien plus qu’un titre de noblesse Maryah, je suis riche de mes expériences, de mes rencontres et de mes actions… et je reprendrais du service s’il faut entretenir la flamme et faire que Percy ne manque de rien… ni toi d’ailleurs si un jour tu arrives à mettre un peu de ta fierté de côté !

Ceci étant, je ne mourrais pas et je ne vous abandonnerais pas.
Reviens le constater par toi-même au lieu de partir à l’autre bout de ce fichu pays encore une fois… Percy sera heureux de te retrouver et moi aussi. Et je ne t’embêterais pas si je suis à la guerre… au moins tu profiteras de notre fils… Réfléchis-y sérieusement.

Je t’embrasse Maryah et je te joins quelque chose dont tu pourras disposer comme tu le sens… garde-le si cela te plait ou débarrasse t’en si cela peut te faire plaisir, je n’ai rien à redire, tu en disposes, c’est à toi…




Le cosaque avait fait venir son coursier, lui avait remis un coffret en bois qu'il devait remettre en mains propres accompagné de la missive. A lui de trouver Maryah mais il savait très bien que revenir sans avoir fait son travail serait synonyme de mort donc il inclina la tête puis se précipita sur son cheval afin de ne pas perdre de temps. Torvar, lui, alla s'installer devant la fenêtre grande ouverte, scrutant ainsi l'horizon.
Maryah
Une taverne déserte, parce qu'elle s'évertue à en chasser tous ceux qui y entrent. Elle ne veut plus jamais qu'on l'approche, qu'on lui fasse croire qu'elle est une amie, qu'ils pourraient faire de beaux projets ... avant d'la laisser au coin d'une ruelle ou d'un champ pour passer à une autre histoire.
Le moment est terrible mais chaque personne qui entre lui rappelle une trahison. Des mois qu'elle encaisse sans rien dire, mais là c'est l'apothéose. Bientôt, de village en village, on l'appellera la terreur.
Mais elle n'en peut plus de tous ces gens versatiles, qui changent plus souvent d'avis que de chemises, qui promettent à tout va, pour finir par ne pas assurer et faire tout le contraire. Ou encore de ceux qui se barrent dès que l'opportunité est meilleure.
Bordel ! Un peu de considération humaine, Est-ce trop demandé dans ces fichus Royaumes ?

Royaume où elle a eu l'idée saugrenue d'avoir un fils. La voilà à devoir assumer. A tenter d'être cohérente, encourageante, d'avoir foi en la vie ... alors que tout ça la débecte au plus profond. Elle en vomirait tripes et boyaux, si elle ne refusait pas de rejeter tout l'alcool ingurgité et qui adoucit ses pensées. Qui en tout cas, lui évite de revenir au sang. Endormir son corps, tromper ses sens, est une bonne chose, elle le sait.

Alors elle relit pour la dixième fois la lettre de Torvar qu'elle avait laissé à l'abandon. Qu'il crache son venin, elle en a suffisamment pour ne pas s'en offenser. Pis Torvar c'est Torvar ... crache Cosaque crache ... y a plus grand chose qui puisse m'atteindre. ça pour gueuler y avait du monde, mais il n'avait même pas tenu compte de ses derniers mots. A quoi lui servait-il d'avoir des sentiments pour les gens alors que les gens s'en fichaient cordialement ? Même pas une allusion. Juste de quoi la faire râler, et là ça ne prenait plus. Elle regardait le cadeau délicatement posé sur sa cape, et cherchait encore comment répondre à tout ça de la façon la plus neutre possible. Les faits ... rien que les faits.



Citation:
Torvar,

J'espère que ce courrier te trouvera vivant et en bonne santé. Parait que la guerre des nerfs continue et donc je suppose que tu es toujours sur le terrain de bataille.
J'voudrais commencer par te remercier pour ton cadeau et te dire que je n'te ferai pas la guerre dans mes écrits. J'ai pas la force pour ça, pour me chamailler, ou j'sais pas quoi d'autre. Les méandres de l'esprit humain me fatiguent.

J'voulais t'informer que le projet Alexandrie est tombée à l'eau ... enfin pour moi. J'laisse tomber, trop compliqué, pas d'soutien, et à croire qu'une tonne de gens se sont liés pour tout faire foirer. J'suis épuisée. J'ai besoin de ne rien faire et de me requinquer.
Aussi, mauvaise langue que tu peux être, je compte venir passer quelques jours à Cheny, et on avisera de la suite avec Percy. Il me manque beaucoup, j'ai besoin de voir des yeux briller de malice, et j'ai besoin de nos attaques de chatouilles de bon matin.

Je ne te reproche rien Torvar, et j'vois pas en quoi j'pourrais dire que tu es un mauvais père alors que tu fais pour mon fils c'que j'suis même pas capable de faire ou de lui offrir. Cesse donc avec ces doutes. J'm'inquiétais juste pour toi. ça m'a fait un choc de te savoir parti en guerre ; c'est tout. C'est juste mon souci. ça ne veut strictement rien dire de toi ou de tes actes.
Inutile de te rappeler qu'il n'y aura ni mariage, ni robe ... je finis par te connaître, je sais très bien que tu n'écris tout ça que pour me faire râler. Et comme je te l'ai dit, c'est raté. Je n'en ai même pas envie.

J'attends un groupe de voyageurs qui doit partir mardi de Montpellier pour aviser au niveau de la route. J'avoue que je me vois mal voyager seule sur ce coup là, et si j'peux profiter de me la couler douce à l'arrière d'une charrette je n'hésiterai pas. Je suppose que je n'ai pas besoin de demander ton accord pour aller à Cheny, que ce serait mal perçu, alors dis moi juste si tu as une opposition ou une remarque à faire sur cette option.

Je t'envoie plein de courage,
Prends soin de toi,

Maryah

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Bannière réalisée par LJD Pépin_lavergne
Torvar
Il était là devant quelques courriers, celui de Maryah tenu entre ses doigts et de le lire, encore et encore. Une certaine forme de lassitude en ressortait… provoquée par lui ou par d’autres, avec L’Epicée c’était souvent au programme mais là, il y avait bien plus… Pourtant, Torvar avait décidé de fermer sa gueule et de rester au-delà de toute colère ou de chamaillerie… de toute manière, les projets de Maryah ne le concernaient en rien même si ce voyage à Alexandrie lui avait semblé bien hasardeux… il ne dirait rien… il ne dirait plus rien…
Plume en mains, encre à portée de plume, le cosaque se décida enfin.




Maryah,

Je te remercie pour tes bonnes pensées. Concernant la guerre, je suis toujours là, à faire ce que l’on me dit de faire… Même si aucun combat n’a eu lieu jusqu’à présent on doit montrer notre présence ceci afin de protéger les gens et les biens de Bourgogne… Nous voilà le rempart d’une possible invasion… marrant mais je n’y crois pas… c’est trop flou, trop évasif, trop secret… aucune information ne filtre et j’en viens à douter du fondement de ces actions… enfin… exécutant je suis, exécutant je resterais… les grandes décisions ne m’appartiennent pas et je ne fais que ce que l’on me demande mais je préférais quand même mes contrats de mercenaire… au moins je savais où je mettais les pieds… il me semble que le respect était bien plus présent à cette époque que maintenant… Enfin…

En ce qui concerne Cheny, je ne vais pas me répéter. Ton fils est là-bas, tu peux y venir quand tu veux… j’ai donné des ordres aux gardes mais aussi à mes cousins… même si l’idée de voir la mère du petit prince ne les enchante guère, ils te laisseront l’approcher…. Ce ne sont pas des cerbères tout de même, juste des cosaques.
Maintenant, pour le mariage… que veux-tu que je te dise Maryah ? Une seule constatation me vient à l’esprit et je ne peux que m’incliner mais sache une chose, tu n’as jamais cru en mes paroles… il faut croire que toi et moi on n’a jamais été fais pour vivre ensemble. Quant à ton idée que je fais cela pour te faire râler… pense ce que tu veux, je n’ai plus envie d’essayer de te convaincre du contraire. Je pense que l’on a assez perdu de temps dans des illusions factices qui en fin de compte ne nous mène à rien et ne nous rendent pas heureux… J’aurais pu le faire, pour toi, pour Percy mais là il ne s’agit plus de moi mais de toi et de ce que tu penses… je ne peux pas te forcer donc dorénavant je m’abstiendrais de te faire ce genre de proposition… Nous allons vivre comme des gens normaux qui ont un fils à élever… Ça ne remet bien évidemment rien en question concernant Percy. Il est déclaré de moi et il le restera, pour son bien et son propre avenir mais nous… Tu peux venir le voir à Cheny, tu peux te poser à Cheny, je donnerais des ordres pour te faire préparer des appartements près de ceux de ton fils… ma chambre est dans l’aile opposée, tu ne risqueras rien de ma part… Soignons le mal par le mal et mettons de la distance entre nous… je parle de distance physique en évitant de finir dans le même lit… ça évitera les conneries et surtout de faire croire à Percy qu’un jour il pourrait y avoir un « nous ».

Tu vois, les mois passent et je deviens raisonnable… je n’ai pas envie de me battre contre toi… il n’y a rien qui justifie ce genre d’actions finalement… tu es la mère de Percy, j’en suis le père aux yeux de tous, point barre… on ne va pas se prendre la tête pour le reste et jouer à celui qui bouffera l’autre… tu as une nouvelle fois raison, gardons nos forces pour autre chose…
Il est temps que je te laisse. Fais bon voyage et surtout prends-soin de toi. Que ton fils puisse être heureux de te revoir sans se faire du souci parce que tu auras les traits tirés ou le corps fatigué. Un enfant cela a des yeux partout et des questions pendues à ses lèvres… mais tu le sais bien mieux que moi.

A bientôt je l’espère et fais –moi savoir lorsque tu seras sur mes terres.


Maryah
Maryah avait hésité à répondre. Elle avait mis à côté, en plein dedans même ... L'histoire du mariage était une proposition sérieuse, et elle s'était décomposée en lisant le message de Torvar. Elle avait belle et bien merdé. Et elle ignorait totalement comment se rattraper. Elle s'était dit qu'elle répondrait plus tard, puis au vu des événements catastrophiques et de ce qu'elle venait de commettre, elle avait fini par se persuader qu'elle ne répondrait pas, que rien ne valait un bon vieux face à face.

Mais elle avait l'impression étrange de lui avoir fait mal, et cette idée lui était insupportable. Parce qu'elle n'avait pas foi en elle, il croyait qu'elle ne croyait pas en lui. Mais que dire ? Elle était dans une mauvaise situation, et le seul endroit où elle se sentait en sécurité, c'était toujours chez Torvar. Il avait été son refuge plus d'une fois, il avait été d'une fidélité à toute épreuve. Certes, l'homme n'était pas tendre ou délicat, mais il était fiable et droit.
Finalement, quand elle y réfléchissait, c'était peut être un de ses plus anciens contacts qui n'était pas mort ou porté disparu, et un de ses plus fidèles amis qui n'hésitait pas à lui la vérité, qu'elle soit agréable ou non à entendre. Combien de fois au final l'avait-il récupéré en miettes ? ou lui avait-il porté secours ?
C'est en son âme et conscience qu'elle avait souhaité et accepté de faire de lui le père son fils ... de leur fils. Faisant passer pour mort le géniteur, et confiant au Cosaque son Trésor, l'Unique qui la tenait en vie. Elle n'aurait jamais fait ça avec quiconque, mais avec Torvar, si.
Et là ... tout ce qu'il faisait pour Percy, et quelque part pour elle, personne d'autre que Torvar n'aurait fait ça ; d'ailleurs, personne d'autre que lui n'avait fait ça. Il était un des rares à lui offrir des cadeaux. toujours discret, toujours utile.

Et comment le remerciait-elle ?

Son cœur s'étreint à cette pensée. Il avait été à de nombreuses reprises son Sauveur, il était son Ours, son Protecteur, il était devenu sa force. Tranquille et inébranlable. Fidèle et droit. Son repère, son phrase, sa lumière au milieu des forces obscures.
Alors, elle cessa de se regarder le nombril, comme lui avait dit récemment une rencontre en taverne, elle prit plume et vélin, et se mit en devoir d'écrire quelque chose qui se voulait réconfortant et reconnaissant, bien qu'elle ne sache comment ce serait pris.
Il n'était plus l'heure de faire la forte tête, elle avait blessé un des seuls qu'elle aimait encore, qu'elle aimerait toujours. Envers et contre tout, et surtout contre lui !




Torvar,

Me voici enfin en Bourgogne. La route est longue mais malgré cette quinzaine de jours à marcher, je n'ai pas fait de mauvaises rencontres. Alors je profite de la chance qui m'est accordée.
J'arriverai certainement demain, de nuit, à Cheny et te ferais envoyer missive dès mon arrivée. Il me tarde tellement d'y être que je pense chevaucher jour et nuit pour y être d'autant plus tôt.

Je ne sais comment tu vas et si cette guerre continue toujours dans cet immobilisme, mais puisque tu es à moins d'une journée de cheval, compte sur moi pour venir te voir en fin de semaine. Si tu as besoin de quoique ce soit, fait le moi savoir, je te l'apporterai. Il faut bien que je serve un peu à quelque chose moi dans l'histoire.

Je sais pas comment m'y prendre, et tu me rembarreras certainement, mais je ... n'avais pas saisi pour le mariage. J'en suis désolée. Et je suis désolée aussi de ne pas me trouver digne de toi. Je ne voulais aucunement te blesser ou te vexer. Je voudrais rectifier : si je n'ai jamais cru en moi et en ma possible rédemption, j'ai toujours cru en toi Torvar. Et tu ne m'as jamais déçu. Tu m'as surprise parfois, déroutée souvent, mais tu ne m'as jamais déçu. Je doute que tu puisses en dire autant à mon sujet. J'admire ta droiture, ton sens de l'honneur, tes prises de décisions et et ton sens des responsabilités ; j'aime ce côté entier, et celui attentionné que tu laisses entrevoir de temps à autre, finement, discrètement. J'ai conscience que je t'arrive pas à la cheville.
Mais un jour, j'aimerai faire quelque chose pour toi, te prouver à quel point je suis reconnaissante pour tout ce que tu as fait, pour être à mes côtés pour le meilleur et pour le pire, et peu m'importe que ce soit dans la richesse ou la pauvreté, dans la maladie ou l'adversité .... C'est ça que je voudrais faire, pas l'inverse.

Voilà pourquoi je te demande d'accepter toutes mes excuses pour ma précédente maladresse,
Et t'adresse mes meilleurs sentiments.

Puisse Déos prendre soin de toi, en attendant que j'arrive,

Je t'embrasse,
Et te remercie infiniment de m'accueillir à Cheny,

A bientôt,


Maryah


Fini le temps des faux-semblants,
L'heure d'être authentique avait sonné.

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Torvar
Fatigué, inquiet, en colère… il l’était.
Cette rage contenue lui permettait quand même de tenir debout malgré le manque de sommeil évident mais comment trouver le sommeil alors que tant de femmes et d’hommes étaient tombés au combat, comment regarder droit devant soit et trouver encore la motivation nécessaire pour ne pas arrêter tout ce qui avait été commencé ?
C’était les mots de Della qui l’avait galvanisé au point que dès le lendemain, il faisait route avec la vicomtesse de Rouvres afin de mettre son épée au service d’une autre armée, la leur ayant été décimée. Jamais il ne renoncerait, jamais il ne ferait l’affront à sa suzeraine de ne pas mettre ses armes en avant et de crier bien haut et fort « Saigne-les »… ils n’auraient qu’à bien se tenir de l’autre côté.

Au-delà de la douleur physique, au delà de la souffrance morale, Torvar tuerait, encore et toujours, pour laver l’affront qu’on leur avait fais mais surtout pour venger les morts et les blessés. Mais avant ça, il se devait d’écrire à Maryah pour lui dire qu’il ne serait plus à ses côtés, que le devoir l’appelait… ailleurs…





Chère Maryah,

Je sais que je ne suis pas revenu te voir alors que j’avais promis de passer tous les jours mais ne t’inquiète pas pour moi, je n’ai point été blessé. Les combats ont été calmes les heures dernières et j’avoue une certaine peine à ne pas avoir pu occire un ou deux impériaux, si ce n’est plus… Mais la vie est ainsi faite et je ne peux que prendre mon mal en patience… attendre un meilleur moment, le meilleur moment… et il viendra…

Tu sais, de te voir ainsi alitée, m’a rendu malade… tu n’aurais jamais dû m’accompagner. Je sais que tu as voulu bien faire mais sérieusement, promets-moi de toujours rester loin de mes combats. Ma vie n’est pas la tienne Maryah et me suivre alors que la guerre est aux portes de mon duché n’est pas une attitude sans conséquence. La preuve… Tu as un fils, il faut penser à lui. Je ne pourrais jamais lui expliquer que sa mère était tellement têtue qu’elle ne pouvait envisager de me laisser me débrouiller seul sur un champ de bataille… Il te prend pour une guerrière mais tu ne l’es pas et je ne souhaite pas devoir annoncer à Percy que sa mère n’est plus de ce monde parce qu’elle a participé à un combat qui n’était pas le sien.

Tu as mené bien des batailles. Je t’ai vu à l’œuvre pour tes amis comme Sarah quand Ezéquiel lui avait fait du mal… Marrant que tu ais pu te rapprocher de Diego alors que son frère était la pire des pourritures mais là n’est pas le sujet… je t’ai vu vouloir prendre les armes pour défendre la jolie Sarah, pour sauver l’enfant qu’il avait kidnappé, pour arracher le cœur de ce monstre qui ne méritait pas de vivre… c’était un combat juste et précis où l’adversaire ne pouvait que mourir des mains de l’un d’entre nous… Mais ici ma belle, ici l’adversaire est plus nombreux que jamais, l’adversaire n’a pas de visage, n’a pas de formes… il est l’inconnu que l’on imagine mais que l’on ne peut définir… Pour se battre, il faut sentir la colère monter en soi et lorsque ce n’est pas ton combat, tu n’es pas préparé et tu te fais avoir… c’est ce qu’il t’est arrivée… Alors je dis plus jamais… plus jamais tu ne partiras à mes côtés. Mes ennemis ne sont pas les tiens, bien que sur ce coup-là, tu ais retrouvé de vieilles connaissances que tu aurais aimé ridiculiser encore j’en suis certain mais je te le répète, mes ennemis ne sont pas les tiens…

Ne prend pas mal mes mots Maryah, je ne cherche pas à te rabaisser mais simplement à t’expliquer que je veux te garder en vie et pour cela, il va falloir m’écouter un petit peu. Oui je me sens coupable… coupable de t’avoir entraîné dans mon tourbillon alors que tu n’y avais pas ta place. Ta place elle est auprès de ton fils duquel je te prive puisque tu es à Chalon, à te faire soigner. Ceci étant, j’ai donné des ordres à Drobomir pour qu’il vienne te chercher dès que tu le demanderas. Il te suffit de faire parvenir un pigeon à Cheny et Il sait ce qu’il doit faire. Il saura vous protéger toi et Percy à Cheny, si tu le veux bien, le temps de mon retour…

Et justement, parlons de mon retour. Soyons honnête, il n’est pas pour maintenant… En effet, je suis parti dans la nuit pour une durée indéterminée… quand les impériaux se seront retirés et qu’ils ne menaceront plus la France et surtout la Bourgogne car aujourd’hui, c’est de mon duché qu’il s’agit et pas vraiment des intérêts du royaume… Donc une autre ville, une autre armée et ma rage de vous venger… toi, Della, Xena et tous les Tensa et les petites gens qui ont subi la mort d’un proche de près ou de loin, et les nobles qui ont connu l’outrage de la douleur et de la mort des leurs… la vengeance me guide et me permet de rester au meilleur de moi-même… la douleur physique est oubliée, la souffrance morale me galvanise… je sais ce que je dois faire et comment le faire et demain, si les armées impériales reviennent, je serais prêt… prêt à tuer mais aussi prêt à mourir pour ne pas les laisser prendre ce qui ne leur appartient pas !

Ne m’en veux pas Maryah, c’est simplement mon devoir… Et cela n’a rien à voir avec la noblesse mais simplement ma conscience. J’aurais été encore mercenaire, j’aurais pu accepter ce contrat et être payé… aujourd’hui ce n’est pas le cas, aujourd’hui c’est la terre que j’ai choisi pour y vivre qui est menacée, aujourd’hui c’est là où j’ai planté mes racines qui subit l’affront d’être détruit alors oui je me lève et je me bats comme tout homme doit savoir le faire pour défendre ce qui est à lui… Dans mon pays, nous nous battons pour le plus offrant, les nobles de nos terres mais lorsqu’il s’agit de défendre son propre coin de paradis, tu ne trouveras jamais un cosaque qui recule… alors s’il te reste un peu de pardon, pense à prier pour mon salut. Et si Dieu le veut, nous nous retrouverons.

Il se fait, je me dois de rejoindre les autres…
Pense à toi Maryah, refais-toi une santé et prends soin de Percy.

Je vous garde en mon souvenir.



Un pigeon avait été lâché en direction de Chalon, Maryah aurait bientôt de quoi être en colère ou apaisée... seule elle le saurait.
Maryah
" Ton fils est tombé, occupes t'en ... "
- Mais je peux pas ... j'peux pas marcher ...
- Même pas fichu de ramasser ton gamin ; t'es vraiment bonne à rien !
- Mais ...
- Y a pas de "mais" qui tienne ! Tais-toi femme ! J'aurai mieux fait de me casser une jambe, plutôt que de t'épouser ! Bon sang, mais qu'est-ce qui m'a pris ? Une incapable pareille ... impotente ... même pas éduquée ! Pfffffffff


...


Réveil en sursaut pour la bridée, sous la tente de l'armée bourguignonne. Toujours ce même cauchemar, encore et encore. Il faut qu'elle se débarrasse de ce poids. Il faut qu'elle réponde à Torvar, à cette missive qui l'a tant blessé moralement. La fièvre la fait délirer, et elle revit chaque instant de la scène, de l'humiliation, au désespoir, en passant par le regret et la douleur psychique liée à l'incapacité d'agir.
Elle se redresse, avec l'aide de la bonne sœur, qui veille sur les blessés cette nuit. Elle l'aide à s'asseoir, à trouver la missive, et même elle lui propose d'écrire une réponse pour elle.

Maryah ne sait plus dire non, elle est une poupée qui fait OUI toute la journée, et même la nuit. Parce qu'au final, c'est elle qui est allongée là, condamnée à des semaines de soins, sans savoir si elle récupérera l'usage de son bras ou de ses jambes. Oui, c'est elle qui se meurt à cet endroit. Et elle a la sombre impression que le Cosaque le lui reproche. De toute façon, il déteste ses moments de faiblesse, et ça ne l'étonne même plus qu'il se soit barré faire la guerre plutôt que de l'aider à guérir. Elle a bien vu sa réaction, du genre "on fait comme si rien était arrivé" ; et elle mesure à quel point elle le dérange dans sa vie, dans cette nouvelle vie qu'il s'est construit.

Elle essaie de s'enfoncer dans sa petite tête de bridée, que le Cosaque ne pardonne pas la faiblesse, elle l'a même trouvé cruel dans ses propos ; et il a l'air d'éprouver comme de la honte, bien plus que de la culpabilité, qu'elle soit tombée au combat. Veut-elle d'un mari blessant, accusateur, dévalorisant qui ose lui jeter après tous ses combats contre les Impériaux, qu'elle n'est pas une guerrière ? Non, elle ne le souhaite pas. Elle réprime ce côté sombre d'elle, parce qu'elle a un fils, et qu'elle tente le plus possible de l'assumer et d'en être digne ; mais les propos du Cosaque l'ont blessé durement, profondément.

De plus, elle n'est pas dupe. Elle a malheureusement assisté aux échanges de regards et d'inquiétudes entre Torvar et sa Suzeraine. Ce lien, elle ne l'aura jamais avec lui. Elle a repéré le profond respect qu'il a pour sa Dame, et le lien de protection et de confiance qu'il y a entre eux. Elle a vu le Cosaque évoluer aussi au milieu des armées, et de ses compagnons de frappe. Elle sait aussi Cheny, et le bonheur de ses gens. Elle prend conscience de l'acte ô combien généreux que s'apprêtait à faire le cosaque en lui proposant de l'épouser pour la mettre à l'abri, mais aussi de la valeur de cet acte : pure charité aristotélicienne. Et dire qu'elle avait failli accepter. Et dire qu'il va falloir dire à Oberthur et Acédia que tout cela tombe à l'eau. Qu'elle n'est une fois de plus, pas la bonne personne.

L'Epicée rêve. Elle rêve d'un mariage voulu, solidaire, où l'on partage conversation et information, où l'on connaît l'autre et vice-versa, où on ne passe pas son temps à accuser mais à comprendre, où ... bref ... elle rêve. Et c'est en rêvant qu'elle revient sur terre, devant le regard ahuri de la bonne sœur qui attend qu'elle lui dicte la réponse. Pffff même pas fichue de faire un courrier seule, va encore falloir demander à quelqu'un. Comme si c'était déjà pas suffisamment honteux de devoir demander de l'aide pour se lever, s'habiller, faire ses besoins, se déplacer, ... même pas moyen de se barrer toute seule quand tout est trop lourd. Même pas capable de se lever et de claquer la porte quand on l'énerve puissamment. Un légume, un têtard, un truc sans jambe soumis à la bonne volonté et aux caprices des autres ...


- Alors je note quoi ?, demande la soigneuse.
Euh hé bien ... notez ...

Cher Torvar ... non retiré le "cher" ça fait un peu trop ...


Et de continuer à dicter la lettre, avant de demander à l'inconnue de la lui relire :



Torvar,

Ne t'en déplaises, je suis une guerrière et je suis une mauvaise fille, qui a fait de nombreuses mauvaises choses. Je n'ai pas attendu que la Bourgogne décide de faire la guerre, pour arpenter un camp militaire et fouler un champ de bataille. Cesse de te sentir responsable de cette situation, et crois bien que je fais tout ce qu'il faut pour que tu n'aies jamais à annoncer à mon fils ma mort.

Est-ce si compliqué pour toi que j'avais envie de te voir ? que j'avais besoin de te voir ? De sentir ton regard sur moi ? D'être juste à côté de toi ? Bon, en effet de ton côté, c'est bien inutile, car je l'ai compris, tu as largement ce qu'il te faut tout autour de toi.

Ce que j'entends au delà de tes mots, c'est que tu as besoin de ne plus penser à tout ça et d'être débarrassée de moi et de mon pauvre sort. Rassures-toi tu n'auras ni à assumer mes soins, ni à repenser à ta proposition de mariage ; je t'en libère sur le champ.
Respires-tu mieux à présent ?

Tes terres, ta guerre, ton devoir, ta suzeraine, ton tourbillon ... y a pas beaucoup de place là dedans pour moi, j'espère qu'il y en a toujours une petite pour Percy. Et surtout, surtout, j'ose espérer que ce soit un peu par amour, et non par obligation, par charité ou par devoir. Moi je prierai pour ton salut, juste par amour.

Prends soin de toi,
Et rassures toi du mieux que tu pourras.


Maryah



Merci c'est parfait.
- Vous ne devriez pas poster ça ...
- Et pourquoi donc ?
- Parce que si vous aimez vraiment cet homme, vous ne pouvez pas écrire ce genre de choses, dont il vous gardera rancune à vie.
- Je suis sincère.
- Croyez-moi, vous êtes perdue et condamnée à être solitaire si vous écrivez ce genre de choses. Vous avez plus l'air d'avoir besoin d'être aimé que détesté ...
- Vous dites ça parce que je suis impotente ?
- Vous allez avoir besoin d'aide dans tous les actes de la vie quotidienne ... vous devriez y penser ... vous avez évoqué une demande en mariage, non ? Quelque soit cet homme, vous devriez accepter ; c'est généreux de sa part, et il a l'air de s'inquiéter, vraiment.
- Il s'inquiète pour sa réputation oui. Un têtard comme femme, c'est pas fendard ! Croyez-moi depuis l'attaque il s'est bien gardé de m'en reparler. Il regrette et il est devenu très froid pour que je dégage de moi-même. Comme ça il pourra dire qu'il a été très gentil, et que le refus venait de moi. Que c'était mon choix alors que lui, il était le meilleur des hommes en me proposant cela.
- Oh ! Maryah ! vous ne devriez pas parler de vous comme cela.
- Je dis tout haut ce que les gens pensent tout bas. J'vais pas me voiler la face ; tous ces nian nian qui m'assurent que tout ira bien ; bande de c**s, c'pas eux qui ont besoin d'une aide pour aller pisser et boire un coup d'puis une quinzaine ! ça m'déprime tous ces gens qui veulent pas voir la vérité ou se contentent d'un "mais tu vas remarcher". Pfffffff ça sera pas grâce à eux en tout cas. Et je les maudis tous ! Tous autant qu'ils soient !
- Vous êtes encore sous le choc ou fiévreuse ... Je vais demander qu'on double vos tisanes. Il vous faut de quoi vous calmez ... absolument !
- Ce ne sont pas vos tisanes qui vont me faire remarcher en tout cas !
- Ce sont peut être mes tisanes qui vous permettront de garder autour de vous quelques personnes aimables et prêtes à vous aider dans l'épreuve que vous traversez. Un jour vous m'en remercierez. Si vous croyez que ce sont vos délires de soldats blessés qui vont m'atteindre, vous vous trompez.
- Et vous allez peut être me dire quoi écrire ?! En plus de comment me laver ou m'habiller ...
- Tout à fait, je vais rédiger votre courrier de ce pas. Vous en serez ravie.


Et Maryah eu beau râler, le précédent parchemin fut rouler en boule et jeté au feu. Elle regarda impuissante, la soigneuse reprendre la plume et l'écouta lire à haute voix les quelques lignes :




Mon cher Torvar,

C'est toujours un plaisir de te lire, ce courrier m'assure que tu es en vie. Tu ne reconnaitras point mon écriture car j'ai du faire appel à une infirmière de l'armée pour m'aider à écrire. Mes mots n'en seront pas moins sincères.

Je te trouve si courageux de remplir ton devoir contre vents et marées. Te battre pour ton Comté, tes terres, servir ta Suzeraine, comme tu le fais, est plus qu'honorable ; sois assuré de recevoir tout mon soutien. Sans compter que tu ne fuis pas devant l'ennemi, mais ça je n'en ai jamais douté. Voilà qui me permet d'accepter tes mots si justes, tu as tout à fait raison, ma place est près de mon fils. Partager mon cœur entre toi et lui est compliqué, mais à vous deux, vous le remplissez pleinement. Tu sais comme il était important que je te vois, d'autant plus par rapport aux détails de notre futur mariage, car comme tu peux t'en douter ma réponse est un énorme oui. C'est un réel honneur que tu me fais.


Ah non ! vous ne pouvez pas écrire ça !
- Et vous ne pouvez pas rester célibataire avec un enfant, incapable pour le moment de répondre à vos besoins comme aux siens. Il vous faut prendre mari, et pour cela, il vous faut être une bonne femme. Je vous le dis, un jour vous me remercierez d'avoir fait cela pour vous, et assurer votre avenir. Donc ... reprenons ...





Je reconnais avoir eu une vie mouvementée, mais cela va changer désormais. Le dernier combat m'a permis d'en prendre pleinement conscience. Je suis prête à me ranger. Je vais me soigner, bien m'alimenter, me reposer convenablement, prendre mes tisanes comme me l'a conseillé l'infirmière. Je vais m'occuper de mon fils, et de toi mon cher mari, dès ton retour.

Dans cette attente, je prie pour que Dieu te garde en vie,
Et qu'il te ramène bientôt près de moi.


Ta Maryah qui t'aime



Ah non ! C'est ridicule ! Je vous interdis de noter ça !
- Pourquoi vous ne l'aimez pas ? ne connaissez-vous point l'amour courtois ? le dévouement d'une dame à son chevalier émérite ?
- C'est pas une histoire d'aimer, c'est que ...
- Une femme doit aimer son mari ; en tout cas, elle se doit de le lui dire, et particulièrement au moment des épousailles. Il doit vous sentir admirative, honorée par le privilège qu'il vous fait !
- ça se voit bien que vous ne le connaissez pas ; il n'en a rien à foutr' des sentiments, il sait même pas c'que c'est ...
- Nul besoin d'être grossière ou insolente ... surveillez votre langage, et préparez vous à endosser la charge d'une bonne épouse en commençant à veiller sur votre comportement. Et vos paroles.
- Dites ... vous n'allez pas envoyer ça hein ?
- Je vais me gêner ...


Et l'infirmière, fière de porter secours à la râleuse de première, quitta la tente, prenant la direction du pigeonnier.
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Maryah
Maryah avait terminé sa missive pour Percy, son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. En quittant la Bourgogne, elle avait demandé à passer non loin de Cheny. De loin, elle l'avait vu monter à cheval, le sourire aux lèvres, les joues rougies, les cheveux en bataille. Qu'il était beau son fils ! Elle réalisait à quel point il allait lui manquer, mais il était sa force.
Et elle ne voulait pas qu'en plus d'avoir un père raté, il ait une mère invalide. Alors, elle avait menti honteusement, prétextant des voyages de commerce, des aventures qui feraient rêver le petit à coup sûr.
Elle l'avait encouragé à lui écrire, à lui dire comment ça se passait avec le retour de Torvar et sa petite protégée. Par Déos, ce qu'elle pouvait avoir peur pour Percy. Elle le savait si sensible ... humpf ...

A présent, par correction, il lui fallait adresser également un courrier au maitre des lieux. Elle avait longuement hésité, puis s'était résolue sur la facilité : court et sans affect. C'était la meilleure solution, juste du factuel.



Torvar,

Une simple missive pour t'informer que j'ai trouvé à me faire amener à Paris, à l'hostel Dieu pour m'y faire soigner.
J'ai écris à Percy, lui racontant que je suis en voyage pour le commerce ; je n'ai pas envie de l'inquiéter.
Si sa présence à Cheny devait poser un souci, n'hésites pas à m'en informer. Je viendrais le chercher. Quoiqu'il en soit, je viendrais dès ma guérison.

J'espère que tout se passe au mieux avec Cécy,

Bonne journée,

Maryah

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Maryah
Le sourire était revenu. La douceur dans son cœur aussi. Elle avait arrêté d'haïr à tort et à travers. Elle reprenait sa place dans la vie petit à petit. Parfois même elle se prenait à sourire aux étoiles et à la Lune, pensant à son fils, qui peut être en faisait autant dans un coin de Bourgogne.

Elle attendait réponse à sa missive, se demandant comment ça se passait entre Percy et Cecy. Elle n'avait pas reçu d'alerte par Della, concernant la vie de la petite famille, et elle imaginait son fils, se régaler jour après jour d'équitation, de tir à l'arc, de baignades aussi car le Cosaque ne devait pas y manquer par ces chaleurs. Elle se rappelait, le cœur au bord des lèvres, des leçons de nage que le cosaque avait donné à Percy en Provence. Certaines périodes de sa vie avaient été particulièrement jolies, et elle comptait bien en vivre d'autre, à présent qu'elle avait retrouvé l'usage de ses jambes.




Cher Torvar,

Un petit mois s'est écoulé depuis mon dernier courrier mais je tenais à être sûre de la bonne nouvelle. Les soins auprès de ton médecin parisien ont porté leur fruit, et je peux enfin bouger mes jambes et marcher.
Je voulais te remercier pour cette jolie rencontre avec la Rectrice Adeline de Courcy, efficace, compétente, et grandement charmante. Ce fut un plaisir de bénéficier de ses soins, elle n'a jamais cessé de croire une seule fois que je pourrais remarcher.
Cette femme est la bonté personnifiée.

Fière de mes capacités retrouvées, et devant l'importance d'un repos imposé ainsi que des soins à continuer, car je ne marche pas encore totalement naturellement, je suis retournée dans le Périgord où je continue à prendre soin de moi. Je tâche aussi de remettre la bicoque en état pour pouvoir y accueillir à nouveau Percy. Cela va prendre un peu de temps pendant lequel je souhaiterai te le laisser encore, en espérant que tout se passe au mieux avec Cecy.

J'espère que tout va au mieux pour toi et que tu te régales en famille,
Passe mon bonjour aux Cosaques,

Au plaisir,


Maryah



Elle se mordit la lèvre à la relecture. Elle n'avait laissé pointé aucune amertume, ni n'avait osé parler du moment où elle récupérerait Percy. Chaque chose en son temps. Comme le lui avait appris la Dame de Courcy, un pas à la fois ...
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Torvar
Trop longtemps il avait tardé.
Trop longtemps il avait remis à demain l'envoi de ce courrier à Maryah.
Alors il relut une nouvelle fois ces quelques mots avant de faire ce qu'il devait être fait, sans amertume ni regrets.




Maryah,

Je suis heureux d'apprendre que tu as enfin retrouvé l'usage de tes jambes. Si ce médecin de Paris a pu t'aider et te venir en aide alors que tu pensais que jamais tu n'y arriverais, c'est merveilleux... comme quoi, je n'ai pas toujours de mauvaises idées contrairement à ce que l'on pourrait croire.

Prends le temps de te remettre avant d'entamer des travaux qui risqueraient de te couter tous ces efforts. Pour le moment, Percy, Cecy et moi nous voyageons.... nous sommes en Bretagne histoire de voir la mer et profiter des biens faits de l'air marin. Les enfants ont l'air enthousiasmes même s'ils apprennent encore à se connaitre... Cecy est une sauvageonne-née, Percy aura du mal mais il y arrivera s'il est téméraire comme je le pense... après c'est une question de volonté et l'enfance fera le reste...

J'ai bien compris depuis des mois que ce petit n'était avec moi que pour un court moment, un instant, une parenthèse dans ma vie. Et je comprends que tu veuilles le récupérer... après tout ce que tu as déjà fais pour lui aussi, je ne me battrais pas avec toi pour te faire comprendre l'intérêt d'élever Percy à Cheny ou dans ta bicoque... cela en devient ridicule. Mais comme de notre volonté je suis son père, je lui allouerais une rente mensuelle qu'il te faudra aller chercher auprès d'un homme de loi dont je te ferais savoir le nom bientôt.

Je ne te demande pas ton avis sur ce sujet. Je sais que tu ne veux pas de mes écus mais tu as fais un choix, nous avons fais un choix et donc si tu préfères que Percy reste à tes côtés plutôt qu'à Cheny, il faudra en passer par là. Lui donner un nom ne suffit pas, il doit recevoir aussi l'éducation qu'il mérite et obtenir ce qu'il désire. On ne peut pas constamment lui dire qu'il peut profiter de ce qu'il souhaite lorsqu'il est en Bourgogne et galérer quand il est chez toi. Non pas que tu ne puisses pas assurer mais je sais la dureté de la vie et les galères que tu connais... Je n'ai jamais été dupe sur ce que tu pouvais être Maryah et tes moyens pour survivre donc mon choix est fait. Si tu ne veux pas accepter cette offre, tu viendras l'expliquer à Percy et sache que je serais beaucoup moins concilient avec toi quant à son avenir si tu n'étais pas raisonnable et si tu n'acceptais pas cette providentielle bourse. Mets un peu ton orgueil de côté et pense à ton fils. Seul lui doit compter !

Maintenant, il est temps que nos chemins se séparent... pour le bien de tout le monde. J'ai commis des erreurs, tu en as fais d'autres, se déchirer ne nous aidera pas et à la longue, cela risquerait de nous porter un coup fatal. Nos associations ont tendance à toujours finir mal donc je reste joignable n'importe où par le biais de mes hommes à Cheny s'il devait arriver quelque chose à Percy... le reste, garde-le pour toi à l'avenir, tu nous rendras service.

Prends soin de toi et profite du temps qui passe avec Percy. Dès que tu le voudras, écris-moi et je te l'enverrais sous bonne escorte.



Il n'y avait plus rien à dire. Maryah et Torvar avaient eu un passé commun... des rêves irréalisés aussi et beaucoup de non-dits et de reproches qui avaient fini par les user, les bouffer, les détruire. Ensemble, c'était toujours une tragédie, séparés ils vivaient... c'était donc là que résidait la vie, se tenir éloigné l'un de l'autre... Percy lui serait toujours le lien dans leur vie qui se ferait désormais à distance l'un de l'autre.
Maryah
{ Sans drame, sans larme,
Pauvres et dérisoires âmes,
Parce qu'il ai des douleurs qui ne pleurent qu'à l'intérieur
*. }


Trop tard.
Trop tard pour revenir en arrière, pour effacer l'énorme bêtise qu'elle avait faite.
Confier son fils à un Noble ... certainement la plus grosse erreur de toute sa vie. Les écus de ces nobles achetaient tout, faisaient tout et toute la différence. Elle se rappelait comme Torvar avait été si gentil, bienveillant, valorisant ce jour là ... pour avoir ce qu'il voulait, un fils. Et dire qu'elle n'avait rien vu venir. Pauvre sotte.
Le ton de la lettre, à l'inverse, était froid, cinglant, déterminé et Maryah savait exactement pourquoi puisque Percy était plutôt du style bavard dans ses missives.

Elle avait aimé.
Elle avait perdu.
Il lui retirerait la dernière chose qui la rendait humaine, qui la tenait loin du pire. Peut-être une vengeance longuement préparée, de l'époque où elle l'avait laissé pour aller récupérer son fils. Du fric ... voilà tout ce que le Cosaque était prêt à lâcher. Pas un mot gentil, ou une explication. Non ... juste quelques écus pour tenir son engagement et que l'Epicée ferme sa bouche, et disparaisse du paysage, maintenant qu'il était noble, financièrement aisé, et certainement prochainement casé. Une femme ne faisait pas des gâteaux à des inconnus dans l'espoir de parler avec eux. Et Maryah imaginait déjà la scène, Torvar, sa femme, son fils et sa petite fille. N'était-ce pas justement la vie de famille qu'elle avait rêvé pour son fils ? De plus, Percy deviendrait Chevalier tel qu'il le rêvait et serait un jour amené à être Seigneur. Elle repensa à Dae et Diego, et leurs enfants. Elle avait définitivement éliminé son quota de gentillesses dans cette vie, c'en était bel et bien fini.

De rage, elle pleura. Longuement, passivement, connement. Imaginant toute sorte de solutions pour défaire ce lien toxique qui allait définitivement la détruire. Si elle reprenait Percy, il n'aurait pas la belle vie ; et pire, elle serait toujours soumise aux paiements et sautes d'humeur du Cosaque. L'homme du froid garderait un œil fauconesque sur l'enfant. Qu'elle avait été bête de faire confiance, de croire que le Cosaque voulait l'aider, parce qu'elle l'avait dans l'os, bien profond, parce qu'elle n'avait plus de recours .... parce qu'elle perdait son fils. Parce qu'elle passerait et serait une mauvaise mère si elle le retirait d'une situation si convenable et aisée, en n'ayant rien de plus à lui proposer. Parce qu'elle ne serait pas celle qui briserait son fils ou ses rêves .... Parce que Lui, soit disant ami-amant et futur époux, il avait joliment manœuvré pour l'avoir, son fils. Elle comprenait mieux l'indifférence dernière de Torvar en Bourgogne et son comportement. Percy chez lui, la lutte était gagnée. Echec et Mat. A peine deux ans qu'elle l'avait retrouvé ... Devrait-elle toujours le laisser aux autres pour qu'il ai une belle vie ? Fatalité. Dont elle avait elle-même conjuré le sort.

L'espace d'un instant, elle voulut retrouver l'avocate, faire tout annuler mais l'image de Percy heureux en famille, apte à défendre sa différence, le cœur certainement aussi glacial que le Cosaque, ne laissant rien ni personne l'atteindre, eut raison d'elle.
Son petit Perceval qui fêterait ses 7 printemps au mois d'octobre. Non, elle ne pouvait plus le traiter comme un enfant. Non, elle ne pouvait pas s'opposer au bel avenir que le Nobliau sans cœur lui offrait. Il était plus que temps qu'il fasse son éducation de chevalier, en devenant palefrenier, puis écuyer, et puis et puis ... Et puis, au hasard des routes, et quand son fils serait un homme, elle pourrait toujours le revoir. Tout s'embrouiller dans son esprit. Et l'espionner en cachette. Et lui écrire souvent ... très souvent ... . Percy était un enfant sage, il accepterait. Et elle ne doutait pas que le lavage de cerveaux des cosaques soit des plus efficaces.

Aujourd'hui, elle perdait un enfant, mais un jour elle retrouverait un homme heureux et aisé, qui aurait tout pour réussir et qui aurait réaliser son rêve. Un jour, elle lui révélerait tout ça. Un jour, elle lui confierait comment une femme amoureuse croyant en ses rêves, peut être la femme la plus stupide des Royaumes.
Désormais, elle savait très bien ce qu'il lui restait à faire. Elle prit le temps d'avaler la nouvelle avant de répondre, de digérer le goût de la trahison, taisant le plus possible ses émotions et ce cri inhumain qui lui rongeait les tripes. Elle venait de perdre sa dernière raison d'être rangée et en vie. Advienne ce qu'il pourra.






Torvar,

La seule chose sur laquelle nous serons à jamais d'accord : "seul lui doit compter". Tu as gagné. Je te le confie. Lui, son éducation, son devenir, ses rêves de famille et de Chevalier. Tu lui donneras tes sous toi-même. Tu choisiras son éducation, afin qu'elle soit la meilleure.

Je ne chercherais pas à le récupérer, j'irai à sa rencontre quand tes missions t'amèneront loin de lui. Tient ta promesse de lui assurer un bel avenir, et tout ira bien. Tu voulais un fils, tu l'as. Prends en soin, puisque mes petits moyens ne le permettent pas. Je pense que mon orgueil est suffisamment mis de côté là ...

Tu gardes Percy, je garde le reste, voilà qui devrait te satisfaire dans la séparation la plus totale de nos chemins. Sois assuré que tu n'auras plus affaire à moi, tu as manœuvré à merveille pour ça.

Félicitations,


Maryah



* Puisque tu pars, JJ Goldman

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Torvar
Sérieuse ? Elle était sérieuse ? Elle pensait réellement qu'il avait manœuvré pour obtenir Percy ?
Torvar en avait pris la chaise et l'avait balancé dans un coin de la pièce, à l'auberge qu'il occupait à Brest lorsque le courrier de Maryah lui était parvenu. Il était venu sur la demande de Liz qui devait se rendre à un mariage, il n'y avait pas montré le bout du nez. Non pas qu'il ne le désirait pas mais simplement parce qu'il ne se sentait pas d'attaque pour jouer les intrus parmi tous ces inconnus. Les tremblements de sa main l'avait repris et il le cachait au mieux en se tenant éloigné de tous... l'ours avait ses défauts mais il restait abordable lorsque la blonde bretonne savait l'amadouer tout comme n'importe quel ursidé devant un pot de miel mais le loup qu'il avait toujours été reprenait ses droits et le faisait se tenir loin des hommes et de leur jeu de dupe...

Folle, elle était devenue complètement folle et franchement, il en avait des suées dans le dos rien que de penser que Percy pourrait être élevé par sa mère mais c'était justement SA mère...
Donc Torvar était en rage. Le stade de la simple colère avait été dépassé depuis belle lurette avec Maryah. S'il avait eu des sentiments affectueux pour l'épicée, là, il lui aurait volontiers tordu le cou. Certes elle lui avait donné son corps, certes elle lui avait offert ses sentiments sur un plateau mais c'était quand même se tirer une balle dans le pied que de dire amen à tous ces caprices et elle en avait la donzelle... un système de compréhension bien particulier qui faisait qu'au final, il ne restait plus rien entre elle et lui... il avait retiré ses billes de leur duo par préservation sinon elle aurait fini par avoir sa peau et le cosaque tenait encore à vivre quelques années même si, il avançait vers la nuit éternelle à grands pas...

Soupirant donc, il allait lui faire une réponse qu'elle n'apprécierait pas mais que dire de plus ou de moins, il savait qu'elle était obtus et que de toute manière, il n'y avait qu'elle qui avait raison donc... prenant sa plume, il commença à laisser ses pensées s'exprimer.





L'Epicée,

Ça y est, tu t'es décidée, tu montres ton véritable visage ?
Comment peux-tu te dire mère et laisser Percy à l'inconnu que je suis ?
Tout ceci parce que ton égo ne supporte pas de devoir faire des concessions !

Je t'ai offert la possibilité de venir vivre à Cheny tout en continuant à vivre ta vie. Je t'ai offert des appartements pour que tu sois proche de ton petit et que tu puisses le voir grandir... ça n'a pas suffit !

Je t'offre la prise en charge de l'éducation de ton fils parce que je sais que c'est difficile de faire vivre une famille, de joindre les deux bouts lorsque l'on n'est pas né du bon côté de la barrière mais là encore tu refuses mon offre et tu me la jetes à la figure par orgueil et esprit de contradiction !

Quand cesseras-tu de ne penser qu'à toi ?

Tu ne chercheras pas à récupérer Percy ? Mais est-ce donc une marchandise à tes yeux que tu le poses là et que tu décides que finalement tu viendras le voir de temps à autre ?

Je savais qu'il ne serait qu'une parenthèse dans ma vie parce que ce n'est pas MON fils ! Tu m'as assez répété qu'entre Niallan et Flex, ton cœur balançait et la raison avec... J'ai voulu être celui qui offrirait de la stabilité à cet enfant par bonté d'âme et toi tu te joues de lui en le jetant comme on jette une vieille chausse usagée qui n'a plus raison d'être... Quand vas-tu comprendre qu'il a besoin de toi et toi de lui ? Que Cheny c'est bien mais que de voir ses efforts couronnés de succès dans le regard de sa mère c'est mieux ? Que je peux être attentionné et prévoyant, je ne te remplacerais jamais !

Tu veux me l'abandonner et venir quand je ne serais pas là, quelle bonté de ta part. Là j'avoue que tu es très forte mais dis-moi madame "je n'aime pas les nobles", pourquoi avoir abondé dans le sens de Stilton si mon titre te dérange tant que ça, pourquoi avoir décidé qu'il serait mon fils, pourquoi n'avoir pas refusé ?
Tu as toujours une idée derrière la tête, tu as toujours des histoires à créer... aurais-tu simplement voulu mettre ton fils à l'abri quelques temps afin de partir tranquille régler quelques "problèmes" à ta sauce pensant venir le reprendre après sans que cela ne pose de problème ?

Je ne souhaite pas garder Percy si cela est à tes dépens alors sois une mère et agit comme telle ! Installe-toi avec lui et accepte l'argent ou viens à Cheny prendre place dans tes appartements. Si tu ne fais pas de choix, tu risquerais de t'en mordre les doigts de bien des façons ! Je sais que je ne suis pas conciliant Maryah mais à un moment donné faut arrêter de me prendre pour une buse et assumer sa vie... trop facile de se décharger sur les autres et de faire porter le poids de ses erreurs aux autres. Nos chemins se séparent certes mais on peut agir en adultes responsables, encore faut-il savoir ce que cela veut dire bien évidemment.

Ce courrier est celui de la dernière chance, à toi de la saisir et de faire ce que tu dois faire. Le cas échéant, je ferais le nécessaire pour le bien de tous.

T.
Torvar
Des lustres qu'il n'avait pas reçu de mots de la part de l'Epicée et sans doute que les maux qu'elle provoquait lui manquaient car le cosaque, au détour d'une petite capitale s'était vu prendre plume et vélin afin de remédier à cette absence. Et puis il fallait bien qu'il lui donne des nouvelles de "leur" fils puisqu'elle-même ne daignait pas en prendre... Torvar avait inventé des excuses lorsque Percy lui demandait ce que faisait sa mère, prétextant des voyages commerciaux, des échanges, des activités prenantes mais là, ça commençait à suffire... Mais s'il voulait une réponse, il fallait aussi qu'il mette de côté sa hargne légendaire et fasse comme si... Longue inspiration, plume prête à faire couler l'encre, la main se laissa guider par les pensées du cosaque.



Maryah,

Il est des absences bien longues et remarquées et la tienne en fait partie... Depuis des semaines, je n'ai aucune nouvelle et Percy a le don de vouloir justement savoir ce que tu fais et quand vas-tu venir nous voir. A celà j'ai répondu que je me renseignerais aussi ma promesse sera tenue. Où es-tu et que fais-tu ?

Oui, bon, dis comme ça cela peut paraître incongru mais ne t'en déplaise, nous sommes inquiets. Le silence est d'ordinaire la chose que tu maitrises le moins donc j'en suis venu à la conclusion que tu m'en voulais. Cela ne serait pas difficile étant donné que tu m'en veux constamment donc au choix, quel sera le sujet aujourd'hui que je sache à quoi m'en tenir ?

Ne te fâche pas et ne monte pas sur tes grands chevaux en lisant ces quelques lignes. Il faut bien que je t'asticote un peu vu que tu ne veux plus me voir en chair et en os... Depuis la guerre en Bourgogne, les choix se sont fait pour nous et maintenant, je n'ai plus que ces mots pour savoir ce que tu deviens... enfin si tu daignes me répondre... je t'ai connu plus combattive je l'avoue et cette pugnacité de ta part me manque... mais je vais me calmer afin de ne pas trop t'énerver, tu risquerais de me traiter de tout plein de noms d'oiseaux et cette missive n'est pas faite pour ça.

Non, elle n'est pas faite pour ça. Je voulais te donner des nouvelles de ton garçon. Actuellement, lui et Cecy apprennent à se connaitre même si ce n'est pas forcément gagné. La différence d'âge n'y est pour rien, je pense que ma sauvageonne de petite fille est à elle-seule un mystère et qu'elle a du mal à s'ouvrir aux autres... cela doit être une marque de fabrique je pense, estampillé "cosaque" sur la fesse cette môme donc les petits s'observent, se jaugent, se jugent... ils voudraient mais n'osent pas, ils aimeraient mais se détestent, ils s'entendent mais s'évitent... tout un programme pour le père et grand-père que je suis... moi-même j'ai du mal à y retrouver mon latin et je pèse mes mots sur ce coup-là. Peut être que de te voir arrondirait les angles, enfin si tu le souhaites. Et ne va pas en conclure que deux jeunes enfants c'est trop dur pour moi mais je pense que de trainer avec un homme aussi renfermé que moi n'arrange pas les choses... enfin si l'envie te dit, tu me le fais savoir... actuellement nous sommes dans le sud et allons bientôt remonter en Bourgogne. Je crois que ma Suzeraine aimerait faire ce voyage que l'on avait programmé depuis des lustres avec Xhena... ça serait tant, la pauvre doit penser que jamais cela ne se fera... mais c'est une autre histoire.

Donc si tu veux que l'on fasse un p'tit crochet par là où tu te terres, il faudra me dire quelle est ta cachette que je puisse faire un itinéraire potable. Les journées passées sur le dos des chevaux amusent un temps les enfants... il leur faut des arrêts agréables afin de vivre des aventures... J'essaie de leur trouver des points d'eau ou des lacs pour évacuer les tensions et ainsi qu'ils s'ébattent sans se battre... j'ai même envisagé de les noyer moi-même un jour... y arriverais-je un jour s'ils continuent ainsi... et ne fais pas les gros yeux, je rigole Maryah. Jamais je ne leur ferais de mal même s'ils me tapent sur les nerfs... ce ne sont que des enfants qui arrivent tant bien que mal à cohabiter, tout comme nous l'avons durant des mois toi et moi. Tu te rappelles comme ce ne fut pas une mince affaire alors à leur âge où bien des choses leur échappent...

Voilà que je m'épanche de ces quelques semaines passées avec les enfants à toi qui m'en veut et espère me voir mort depuis des lustres. Tu vois je m'accroche une fois encore... je m'accroche et je fais ce que je peux pour ne pas passer l'arme à gauche. En fait, je me dis que je te manquerais de trop si je disparaissais complètement alors ne te réjouis pas trop vite, ce n'est pas pour maintenant.


Levant la tête, le cosaque remarqua Cecy en train de croquer dans une pomme et Percy s'approchant dans son dos... Fronçant les sourcils, Torvar savait que cette journée serait encore longue sur la route de l'acceptation... mais ils s'en sortiraient, tous autant qu'ils étaient. Reprenant le cours de ses pensées, Torvar se remit à écrire.



Si tu penses pouvoir aligner quelques mots sans trop vouloir me remettre à ma place, ça me ferait plaisir de savoir aussi ce que tu as fais pendant tout ce temps... J'ai entendu dire que ton voyage à Paris avait été "prometteur", qu'est-ce qu'il en ait exactement ? As-tu retrouvé la motricité qui te faisait défaut ? Et qu'en est-il de tes projets enfin si projet il y avait ? As-tu retrouvé un semblant de vie comme tu le désirais même si Percy n'est pas à tes côtés ?
D'ailleurs en parlant de ton fils, il faudra que tu sois fière de lui. Il a énormément progressé au tir à l'arc, je crois qu'il aime ça. Prochaine étape, lui apprendre à tirer sur le dos d'un cheval... tout cosaque digne de ce nom sait le faire mais pour le moment il a encore du chemin à faire... tout vient à point à qui sait attendre même pour les jeunes "chevaliers". Je ne sais pas s'il le sera un jour mais il sera un cosaque ça c'est certain. On ne peut pas rêver meilleur fils que lui... c'est un... don du ciel et je te remercie de m'avoir fais assez confiance pour lui permettre de devenir quelqu'un. J'espère que je serais à la hauteur de la tâche que tu m'as confié...

Allez assez de sentimentalisme, j'ai deux "charbons ardents" qui ne vont pas tarder à se sauter à la gorge si je ne vais pas les occuper... Prends soin de toi Maryah et n'oublie pas, si tu as envie que Percy vienne, profite de notre périple pour nous dire où tu te terres, ça me ferait plaisir de te voir un peu...

A bientôt si Dieu le veut
T.


Le cosaque fit un signe au cavalier de s'approcher. Il avait eu des échos d'une étrangère qui dirigeait la mairie d'un petit bourg dans le sud ouest de la France. Cela l'avait fais sourire le cosaque mais après tout, lui tout mercenaire qu'il était, assassin à ses heures perdues, tortionnaire quand on le lui demandait, il était bien devenu noble... il n'y avait que les cons qui ne changeaient pas d'avis et de vie alors pourquoi pas... Torvar regardait déjà le cavalier s'en aller lorsqu'un cri perçant le fit se retourner... Percy et Cecy étaient plongés tous les deux dans la fontaine de la place du village à essayer de supprimer l'autre... certainement une nouvelle preuve d'amour entre ces deux-là...
Maryah
En reconnaissant l'écriture, au milieu des différentes missives, les mains de Maryah s'étaient mises à trembler. Elle n'avait jamais réussi à répondre au précédent courrier du Cosaque, et la voix de son petit démon intérieur lui avait soufflé " à quoi bon ?!".
A chaque fois qu'elle répondait, elle envenimait les choses ; et la menace à peine voilée l'avait tétanisée. Elle était devenue peureuse, ou du moins prudente, depuis que ses jambes ne lui permettaient plus vraiment de se battre ou de prendre la fuite.
Elle n'avait pas quoi su répondre, elle n'avait pas voulu revenir sur ce qui s'était passé et tout ce que ça avait déclenché chez elle. Comme dans la vie, elle s'était terrée. Elle n'aspirait qu'à une chose, se faire oublier. Si elle avait pu changer de tête ou de nom, elle l'aurait fait.

Et aujourd'hui devant la nouvelle missive, elle n'en menait pas large. Et s'il mettait ses menaces à exécution ? et s'il était arrivé quelque chose à Percy ? ça ne pouvait qu'être une mauvaise nouvelle ! Toute une journée, elle fut incapable de l'ouvrir. Incapable de renouer avec le passé. Avec ce passé qui faisait si mal. Un léger regard vers sa canne, puis son annulaire, et un serrage de dents plus tard, elle osa enfin décacheter le pli.
Elle parcourut rapidement la missive, y cherchant la mauvaise nouvelle ... qu'il n'y avait pas. Pas trop de méchancetés, pas de menaces ... voire même au contraire, le Torvar des premiers jours. Ou milieu. En tout cas, pas de la fin. Allait il lui annoncer son mariage ? Même pas. Quant à Percy, il recevait presque chaque semaine un petit colis : vêtements, livres, petits outils ou statuettes en bois à colorer. Elle imaginait que le p'tit bonhomme avait plus plaisir à recevoir des cadeaux de sa mère, plutôt que de plates nouvelles. Elle ne voulait pas faire peser le manque sur lui. Elle ne voulait pas qu'il ressente ce qui lui serrait le cœur. Son petit trésor qu'elle tentait de préserver, encore et encore. Il ne verrait pas sa canne, il ne saurait pas. Il retrouverait un jour une vraie maman, en pleine forme ; pas une petite chose écrasée et mollassonne. Ce p'tit bonhomme dont Torvar parlait si bien.

A la lecture plus approfondie, la bridée se détendit un peu et imagina Percy, et la relation qu'il pouvait avoir avec Cecy. Avec les deux là, Torvar et sa femme ne devaient pas s'ennuyer. Le passage sur "le meilleur fils" toucha droit au cœur Maryah, et elle se mordit les lèvres pour retenir quelques émotions. Elle retint un frisson ; la chute de cheval qui avait failli la rendre invalide était encore bien présente à sa mémoire. Jamais plus elle ne remonterait sur un cheval ; et savoir que Percy le faisait chaque jour lui laissa un grand froid dans le corps et le cœur. Maudits canassons !

Lentement, mais sûrement, elle prit la plume, cherchant les mots, neutralisant ses pensées du mieux qu'elle pouvait.


Citation:

Torvar,

Je te remercie pour ces agréables nouvelles, et bien sûr tu pourras embrasser Percy et Cecy de ma part. Enfin non ... pas Cecy ... j'voudrais pas qu'elle t'arrache la joue.
J'imagine comme il a grandi et comme il doit être heureux, avec une vraie famille. Un père, une femme à vos côtés faisant office de mère, et une petite sœur par procuration. Je l'ignorais quand ça s'est fait, mais je ne pouvais pas espérer mieux pour lui.
Ce petit a besoin de repères, et de distractions. Je sais que tu lui apportes les deux. Je ne regrette pas le choix que j'ai fait ; je l'ai fait pour lui, et je n'ai aucun doute sur ta capacité à prendre soin de lui et de son avenir. Je ne souhaite pas non plus ta mort, ne t'en déplaises.

Nul besoin de t'inquiéter, je reste à distance pour ne pas compliquer la situation, ni mettre en péril l'avenir de Percy. Je ne tiens pas à ce qu'il paie mes erreurs, ou qu'il subisse mes choix désordonnés. Parfois, aimer les gens, c'est accepter de s'éloigner d'eux, pour leur donner toutes les chances de réussir. Mon fils grandit, il a plus besoin d'un avenir sûr que d'une mère boiteuse. Et tu lui offres la sécurité et une famille, ce que je n'ai pas été en mesure de faire. Fils d'un Seigneur saigneur, il n'aurai pu rêver mieux.

Pour ma part, tu ne me croiras certainement pas, mais il n'y a pas eu et il n'y a pas de plan. J'essaie juste de remarcher normalement. La rectrice de l'Hotel Dieu que tu m'as conseillé m'a aidé à remarcher, mais c'est de l'exercice tous les jours, et je ne peux pas encore tout à fait me passer de ma canne. Ce n'est pas un spectacle pour un enfant. Je ne veux pas qu'il s'inquiète ou qu'il soit moqué, à cause de mes incapacités.
Je me suis retirée dans un village loin de tout et de tous. Je pêche, j'apprends à travailler le bois, et je retape une vieille bicoque. J'essaie de me rendre utile. J'essaie de devenir quelqu'un de bien. J'envisage de passer un moment à la fin de l'année avec Percy ; j'aimerai passer quelques jours avec lui, sans trop le perturber. J'espère que d'icy là je pourrais me passer de la canne.

Alors vrai que si vous allez en Guyenne on pourrait prévoir une entrevue. Mais ce qui m'inquiète c'est pourquoi tu le proposes. Est-ce que Percy va bien ? A t-il réclamé ma présence ? Y a t-il des soucis particuliers avec Cecy ? Je sais tu dois trouver ça bizarre, mais j'voudrais pas le perturber dans sa petite vie, bien installée. Bien sûr, s'il avait le moindre souci, je serai là. Tient moi informée de votre passage. Et s'il te plait, fait attention à lui ; il est encore si petit ...
Dis lui que tout va bien, qu'il ne doute jamais de mon amour pour lui, que j'serai toujours dans son cœur. Dis lui aussi qu'il a de la chance de t'avoir, et que les garçons de seigneur quittent souvent leur famille a 5 ou 7 ans pour leur instruction militaire. Qu'il sache qu'il n'est pas seul à vivre ça. Qu'il sache que c'est le meilleur pour lui. Pour devenir Chevalier. Et aussi être ton digne héritier.

J'espère enfin que tu vas bien et que tu as la vie dont tu as toujours rêvé,
Embrasse les enfants pour moi,
Mon bon jour aux cosaques, à Della et Xhena quand tu les verras.

Prends soin de toi et ta petite famille,


Maryah



Elle avait tenu bon. Elle avait repoussé l'image de Torvar et sa dulcinée, celle dont Percy avait parler dans ses courriers. Elle s'était aussi raisonnée sur l'envie de sauter sur l'occasion de les voir et de serrer dans ses bras son fils. Le combat en elle était rude, mais elle n'en laisserait rien paraitre.
Et pendant que quelques gouttes d'eau salée se frayaient un chemin sur ses joues, la Bridée referma le pli et machinalement y apposa le sceau dont elle scellait les courriers quotidiens ...
" Maryah
Maire de Sarlat,
Comté du Périgord "

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Maryah
Elle avait de suite reconnu l'écriture, et son coeur avait fait un bond. Suite à ça, il s'était arrêté tout le temps de la lecture :

Citation:
Ma petite maman chérie,

Je sais que t'es occupée mais Torvar il dit que tu m'aimes quand même. Que un jour tu vas venir nous voir. Que tu m'as pas oublié. Et que tu es en vie parce que lui y t'écris. C'est comme ça que je sais où envoyer le pigeon.

Tu me manques maman. Tu peux pas me laisser ... vient me chercher. Tu sais pourquoi il me garde Torvar ? Parce que y veut que je me marie avec Cecy ! mais moi je veux pas, elle est pas trop jolie, elle sait pas faire les gateaux, elle sent pas comme toi, et en plus elle mord, elle griffe et elle crache. S'il te plait Maman, vient ... Je veux pas être marié ! Je suis trop petit. Et je veux pas Cecy. Déjà qu'elle me prend Torvar.
Dis maman t'as pas dit oui ? Tu vas m'aider ? Je vais pas la marier ? ...

Mamannnn ...


Oui son coeur s'était arrêté de battre. Elle remontait le fil du temps, cherchant une réponse. Quand il avait pris sous son aile Percy, Cécy n'était pas encore là ... mais quand Percy avait atterri chez lui, suite aux menaces d'Eliance, le Cosaque n'avait pas tardé à aller récupérer la fillette. Se pouvait il que ... ? Oh non ... Non !

Elle qui s'angoissait ces derniers temps de ne plus savoir s'emporter, avoir un mouvement impulsif, une passion, une cause à défendre, voilà qu'elle se retrouvait louve, lionne, bref une panthère ! Oser caser son fils alors qu'il n'avait même pas 7 ans ? Les faire vivre sous le même toit pour qu'ils s'habituent l'un à l'autre ? Ah non ! non ! Elle ne le laisserait pas faire !
Elle avait déjà mis de côté ses envies pour Percy, et accepter l'idée qu'il soit Chevalier... c'est à dire accepter le fait que son fils passerait le reste de sa vie à se mettre en danger pour des gens ou des causes. Elle avait souffert en comprenant que tout cela se ferait loin d'elle et de cet attachement maternel qu'elle ne pouvait pas contrôler. Et maintenant Môssieu Torvar se sentait pousser des ailes et arrangeait son petit mic-mac dans son dos ? A ce rythme là, il l'emménerait pour ses 10 ans dans un lupanar ! Non mais ho !
Oooooooooh ça n'allait pas se passer comme ça !





Torvar,

Torvar espèce de tordu ! Si tu étais en face de moi, je t'aurai déjà crevé les yeux !
Non mais tu croyais que je n'allais pas l'apprendre ?
Tu croyais que m.. notre fils serait d'accord ?
Qu'il n'est qu'un pantin bon à marier selon des petits plans pour assurer ta succession ?!

Non non non et re non !
Je te préviens Torvar, je ne te laisserai pas faire ça, dus-je t'empoisonner une fois de plus, te clouer au sol, ou te passer dessus !
Ouvre bien tes yeux parce que je vais te l'écrire qu'une fois, avant d'intervenir, et qu'aucune négociation ne sera possible :

MON ... NOTRE FILS N'EST PAS UN CHEVAL,
TU NE LE FERAS PAS S'ACCOUPLER AVEC TA PETITE FILLE
MON FILS N'EPOUSERA PAS TA PETITE FILLE !

Non mais !


Elle s'interrompit un instant, ayant trop insisté sur la plume et l'ayant brisé. En prenant une autre, elle renversa tout sur son passage, les dents et les poings serrés. Non mais pour qui se prenait il à magouiller des saillies humaines ? Etait-ce pour l'arranger dans sa succession ? Unir pour mieux régner ?
Tsssssss ça lui allait bien à lui qui n'était même pas fichue d'avoir une femme à ses côtés. Il était plutôt doué pour les faire fuir, beaucoup moins pour les faire rester.

Et les foudres maryesques n'étaient pas prêtes de se calmer.




C'est Niet, le Cosaque. Non. Percy épousera celle qu'il choisira, dussé-je m'y opposer. Et j'en ferai certainement autant pour Cecy. T'as qu'à te marier toi si t'es si malin ! Fais-le toi ton mariage arrangé, mais laisse ces enfants en paix.

De toute façon, nulle discussion possible, je fais mes bagages et je vous retrouve en Bourgogne. Et s'il faut découper tes cheveux un à un pour comprendre le fond de tes pensées tordues, c'est pas un souci pour moi. Et qu'un de tes cosaques ne s'avisent pas à s'interposer, c'est entre toi et moi, cher Père et Grand-père !
J'peux accepter plein de choses, beaucoup trop peut être, mais là ... LA ... tu dépasses les limites à pas franchir le Cosaque, et j'vais vite te ramener à l'écurie !

Maryah



Inquiète, soucieuse, un peu énervée aussi, très, à la folie même, son coeur tambourinant fort en sa poitrine, Maryah descendit en trombe dans la grand Salle et se posa devant le commandant de l'armée qu'elle devait intégrer deux jours plus tard.

Je ne vous suis pas !
J'ai mes raisons.


Elle claqua des talons et tourna le dos sans plus d'explications, puis s'empressa de rejoindre l'auberge où elle rassembla ses affaires. Plus tard, elle fit envoyer un messager avec deux demandes ; une missive pour Torvar. Une pour son fils, à laquelle elle avait joint des petits bonhommes en bois, qu'elle avait fabriqués et habillés elle même.




Mon Trésor,

Sois rassuré. Non je ne laisserai pas faire ça. J'ai écrit à Torvar et je vais prendre la route dès à présent pour éclaircir tout ça. Si la situation devait s'aggraver, écris moi ; et même si elle ne doit pas ... écris moi quand même.

Je t'aime, je t'aimerai toujours. J'aimerai tellement que tu le saches, que tu le sentes au fond de ton coeur, que je sois à tes côtés ou pas. Je t'aime comme un fils. Celle qui t'a porté, qui t'a mis au monde, qui t'a retrouvé contre vents et marées, qui t'a apprivoisé, protégé. Tu es ma lumière Percy. Mon dresseur de dragons. Mon fol Chevalier. Mon petit Soleil, mon précieux Trésor.

J'arrive.

Ta maman qui t'aime tant,
Maryah

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Torvar
Le réveil avait été difficile.
Trouver la force de sortir du coma, aller puiser dans ses entrailles le désir de revenir au monde, ne pas se laisser envahir par les ténèbres salvatrices.
On avait pris soin de le tenir éloigné de tout. Pas de visite, pas de déplacement, peu de personnel au domaine afin de ne pas troubler son retour…il ne restait plus que de l'espoir au sein même des siens qui priaient jour et nuit en le veillant.
Le clan s'était réuni sur ses terres afin d'y monter la garde dans tous les sens du terme. Garder l'homme en vie comme garder éloigné les importuns. Et cela fonctionna durant des semaines jusqu'au jour où le cosaque sortit de sa torpeur.

Les jours qui s'en suivirent, Torvar prit son temps. Un temps pour comprendre ce qu'il lui était arrivé mais aussi pour se remettre du fait que la faucheuse n'avait pas accepté son offrande… De ce fait, il s'enferma dans un mutisme bien compréhensible mais tout le monde le regardait de travers. Le grand cosaque ne voulait pas partager et cela mettait mal à l'aise toute sa communauté. Jusqu'au jour où il demanda qu'on lui apporte une plume et un vélin. Il lui fallait prendre des nouvelles des absents qui commençaient à ne plus se compter sur les doigts d'une main. Afin de parer au plus pressé, il se décida pour un courrier vers celle qui l'avait fait père d'un petit bonhomme qui faisait sa fierté. Le temps de se réchauffer un peu, de chercher ses mots et voilà que le cosaque était lancé.




Maryah,

Si j'avais les mots pour ne pas t'effrayer, je les emploierais mais je ne sais pas comment te dire que je suis vivant. Fatigué certes mais vivant.
J'ai l'impression d'avoir pris un mur sur la gueule et malgré le profond sommeil dans lequel j'ai plongé à deux reprises, je suis encore plus crevé que si j'étais resté sur mes deux jambes sur un champ de bataille. Mais je te passe les détails, je pense que parler de ma mort, enfin ma non-mort, n'est pas vraiment un sujet que tu aimerais aborder donc passons…

Si je prends la plume à peine remis sur pied c'est surtout pour avoir de tes nouvelles mais aussi de celles de notre fils. Je suis un peu en dehors de la réalité depuis des semaines et je ne sais pas vraiment où tu en es ni où se trouve Percy. J'en suis resté au fait qu'il allait être intronisé chevalier mais…. Est-il toujours chez Basile ? Et toi, où te trouves-tu depuis que tu as disparu de mon horizon ? Je sais que toi et moi on n'a pas toujours été sur la même longueur d'ondes mais je me fais du soucis pour toi surtout que ces derniers mois, mon absence a dû te mettre à mal niveau finance.

Je t'avais dis que tu n'aurais jamais à payer pour la pension de Percy et que tu ne ferais jamais aucun sacrifice mais… le fait de me retrouver à danser avec la mort a modifié la donne. Dobromir a dû jouer les cerbères comme à l'ordinaire et c'est sans compter sur mon neveu qui a mis son veto afin que rien ne sorte de Cheny. Je pense qu'il ne voulait pas inquiéter les gens… ça part d'un bon sentiment mais ça a dû te mettre dans un marasme monstre donc, je te propose que l'on s'arrange toi et moi afin de remédier à tout ceci.

N'ayant pas grand-chose à faire ces derniers temps et surtout, ayant une envie démesurée de grands espaces, je te propose de venir jusque là où tu te trouves afin de une, te rembourser les frais que ma "petite" mort a provoqué puis de reprendre les paiements à ma charge comme ça l'était auparavant. Puis nous devrions faire des papiers pour le bien de Percy afin que s'il m'arrive malheur, tu puisses te retourner sans trimer. Je sais que tu as ta dignité pour toi, parfois même un orgueil mal placé mais je ne vais pas te jeter la pierre, je suis pire. Ceci étant, je ne voudrais pas que tu aies à te saigner aux quatre veines pour subvenir aux besoins de notre fils. Niallan l'a lâchement abandonné, je n'en ferais pas de même. Donc, il me faut une adresse pour te retrouver, je n'ai pas envie de perdre du temps à envoyer des limiers te chercher. Sois gentille avec un survivant et mettons nos griefs de côté afin d'arriver peut être à nous entendre comme avant.

En attendant de te revoir, embrasse Percy pour moi, dis-lui que je pense toujours à lui et toi… garde-moi une place dans tes pensées, je pense que ça m'évite de crever bêtement !

Affectueusement



La main tremblante, Torvar lâcha la plume puis fit signe à son cousin de venir. Le menaçant d'un regard noir s'il ne faisait pas ce qu'il lui demandait, il lui donna comme instruction de faire parvenir le pli à la dernière adresse connue de l'épicée. Si cela ne suffisait pas, il aviserait !
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