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[RP] Coprolithe ! Nodocéphale !

Melissandre_malemort
- Emilien !

Le sus-nommé aurait sans doute aimé se tasser sur sa chaise, reprendre sa plume et faire comme si de rien n'était, mais l'ordre avait claqué comme un fouet, inratable. Mélissandre de Malemort était une patronne exigeante mais juste dont les colères - Rares, heureusement - Faisaient trembler la maisonnée. Et en l'occurence, la petite brune était dans une fureur telle que le sol semblait fumer sous ses allers retours incessants.

Imperturbable en dépit des jupons princiers qui allaient et venaient au dessous de son museau, Chimère ouvrit un œil paresseux, bailla et se laissa aller sur le ventre dans une invitation à quelques gratouilles.

Loupé, la colère était trop vive encore pour que Mélissandre s'autorise un instant de mignonitude.


- Vous ferez envoyé ceci à ce rustre d'Angevin mal élevé. Immédiatement.

Un vélin roulé apparu dans sa main, juste sous le nez du malheureux secrétaire qui manqua en perdre une narine. A peine eu il le temps d'acquiécer que la porte claquait sur le silence retrouvé.

Emilien tira un mouchoir de sa poche et s'épongea le front avant de sonner un page qu'il savait malin : Il ne serait pas dit qu'un ordre royal ne soit pas respecté.



Citation:
De nous, Mélissandre de Malemort-Armantia, Princesse de France.
A vous, June Sidjéno dicte l'Eructant. Seigneur de Cussy-les-Forges



Hostel Des trois Lys.

15h.

Soyez ponctuel.






_________________
June
Il ajouta un trait noir au croissant de lune qu'il venait d'ajouter à son oeuvre. Une de plus sur laquelle il planchait, plutôt avec talent. Courbé sur son carnet à dessins, il faisait attention à chaque détail, chaque coup de crayon qu'il donnait pour sa création. Restait à tracer la rose d'argent qui venait se placer au-dessus du premier croquis. Le coeur, un pétale, puis deux, et...

TOC TOC TOC !

Et un trait raté. June maugréa en dépliant sa grande carcasse pour se lever et aller vers la porte. Lorsqu'il ouvrit, il vit un petit page de l'hôtel en livrée bordeaux qui lui tendait un vélin.


"Une missive pour vous, Maîstre June.
- De qui est-ce, Nicolas ?
- Je ne sais pas, le page est simplement venu le déposer, et est reparti sans un mot. Ah, si, il a dit que c'était destiné à un "rustre d'Angevin mal élevé". Du coup, je me suis dit que c'était pas vous, mais il y avait votre nom dessus, alors je vous l'apporte quand même...
- Mh.
- Dites, vu que vous avez pris du grade niveau noblesse, je dois vous nommer comment ? Monseigneur ? Sire ? Sieur ? Votre Seigneurie ?
- Continue avec Maîstre, ça ira, et ne t'embête pas avec des titres ronflants. Le plus simple est le meilleur.
- Du coup, je peux vous appeler June ?
- Faudrait pas déconner non plus."

Il congédia le garçon et posa la lettre sur la table de chevet, s'en retournant à son activité. S'il était aussi habitué à cette vie, à Nicolas et à l'hôtel, c'était parce qu'il logeait là souvent. La chambre au tout dernier étage, avec vue sur les toits et sur la ville, l'inspirait, et elle n'intéressait jamais personne : trop de marches à gravir pour la rejoindre et une trop petite surface habitable, qui ne passionnait pas les nobliaux de passage en quête d'une suite presque trop princière pour eux. Pour lui, elle était parfaite : calme, discrète et presque introuvable tant les escaliers qui y menaient s'entrelaçaient en un labyrinthe tournicotant dans le vieil hôtel parisien dont la réception et les principales chambres avaient été refaites à neuf. June habitait et dessinait là ; c'était nécessaire pour son service à l'Hérauderie. Il retourna à sa rose, y corrigea le trait manqué et finit la fleur proprement, puis mit son carnet à la lumière, en évidence pour pouvoir admirer le croquis. C'était sa dernière commande en date : le blason d’Élisa de Malemort, avec son croissant blanc et sa rose le surplombant. Un instant, il s'arrêta pour juger son talent puis, satisfait, reposa son matériel et s'octroya un moment de repos. Direction le lit où il s'allongea et soupira d'aise.

Il tourna la tête et ses yeux bleus se posèrent sur la missive qu'il avait oubliée. Il observa le scel qui fermait le message et fronça les sourcils. Qu'est-ce qu'elle lui voulait, celle-là ? Encore une invitation officielle, sûrement aussi inintéressante que l'auteure du courrier. Curieux tout de même, il décacheta et lut.


Mélissandre a écrit:
De nous, Mélissandre de Malemort-Armantia, Princesse de France.
A vous, June Sidjéno dicte l'Eructant. Seigneur de Cussy-les-Forges



Hostel Des trois Lys.

15h.

Soyez ponctuel.







Pendant deux minutes, il resta bloqué sur les mots, l'air interdit.

Elle le convoquait, lui ? Et en lui demandant d'être ponctuel, en plus ! Elle ne manquait pas de culot, cette morue. Déjà parce que June était toujours ponctuel - bon, sauf pour les cérémonies religieuses, mais c'était parce que ça l'ennuyait encore plus que les bals de seconde zone. N'empêche que...


"Elle commence à doucement me faire chier, celle-là !"

Maugréant tout ce qu'il pensait d'elle en conjuguant ça à un langage plus que fleuri, il prit un bout de charbon et écrivit au dos du message initial. Après tout, elle ne méritait pas sa plume ni un vélin propre.

June a écrit:



ALLEZ VOUS FAIRE VOIR SUR LA TOMBE DE VOTRE CATIN DE MÈRE ! ET ALLEZ-Y EN COURANT, CA VOUS ENLÈVERA LE GRAS QUE VOUS AVEZ SUR LA CROUPE !




Et paf, c'est renvoyé dans sa tête boudinée.
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(Bannière en cours de réfection)
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Seigneur de Cussy les Forges
Melissandre_malemort
Fichtre.

Le niveau de réponse de June frôlait les pâquerettes. Et encore. Émilien hésita une bonne demi heure avant de remettre le pli à sa maîtresse d'une main tremblante. Il était piquant de constater à quel point cet homme d'âge mur craignait la Princesse. Il la savait tout aussi douce et bienveillante que colérique et impulsive. En lui annonçant de mauvaises nouvelles il craignait toujours de voir Mélissandre agir sur un coup de tête et plonger tête la première dans les ennuis.

En l'occurrence, le calme olympien de la jeune fille à la lecture du dit torchon l'inquiéta follement, mais pas autant que le petit sourire en coin qui suivit. Lorsque la Malemort faisait ce genre de tête là, on pouvait s'attendre au pire. En l'occurence, à peine le pauvre homme avait il tourné le dos que Mélissandre quittait sa robe d'apparat pour enfiler des braies et une chemise sous un gros mantel de laine. Puisque l'Angevin voulait jouer...

Il ne fallut que quelques minutes à la fugueuse professionnelle pour quitter l'Hostel et héler un fiacre. June logeait non loin. Enfin il logeait dans un taudis digne de lui, sans doute. Le genre d'endroit qui grouillait de catins et de soiffards, nul doute. Il était Angevin après tout. Les stéréotypes ont la vie dur. Et le bâtiment l'avantage d'être aisément violable. Un pan tout entier de vignes, quelques briques vaguement effrités... Une marche de santé pour la princesse que des années et des années de fugue avait doté d'un talent gymnastique digne d'un écureuil.

La fenêtre fut soulever sans problème avant que la frêle silhouette puisse se glisser dans l'entrebaillement et retomber silencieusement sur ses pieds. Enfin plus ou moins. Aucune idée d'ou se trouve June. Quelques portes furent ouvertes jusqu'à trouver l'Angevin mollement allongé sur un lit. Evidemment. Mélissandre se racla la gorge avant de s'appuyer nonchalamment au chambranle.


- En plus d'être moche, vous êtes malpoli. Que ce soit dit.
_________________
June
Loin d'être angevin et entouré de putains et autres servantes à la cuisse facile comme le voudrait le stéréotype à la royale, le berrichon s'était vu se mettre à somnoler sur son lit, une fois la réponse envoyée par le biais de Nicolas.
Il se sentait bien, ici. L'air n'y était pas aussi frais qu'au Berry, mais il lui convenait. Il eut à peine le temps de profiter de ce climat calme et serein qui l'enveloppait pour s'endormir qu'une intruse fit son apparition, sans crier gare et directement dans sa chambre.


"En plus d'être moche, vous êtes malpoli. Que ce soit dit."

Un œil bleu s'ouvrit, surpris mais calme. Il la détailla quelques secondes durant, puis s'ouvrit l'autre œil, et le grand blond se redressa lentement dans son lit.

"Je ne sais pas si vous avez passé un diplôme de la chiantise à l'école des petites princesses, ou si c'est moi qui simplement vous trouve particulièrement emmerdante, mais je vous jure qu'il y a un truc."

C'est qu'elle avait quitté sa belle et chère robe d'apparat pour une tenue plus légère, telle une simple femme du peuple. Sa tenue, plus moulante que les froufrous qu'elle portait habituellement, épousait ses formes de jeune femme de la cour, et c'est qu'elle en avait, la garce. Une petite voix se mit à chanter dans sa tête : "Hey Juuune, don't be afraid..."* Euh, non. C'était plutôt un truc dans ce genre-là : "Hey mais Juuune ! C'est une pétasse de Malemort !"
Il se remit dans la réalité ; s'asseyant sur le bord de son lit avec un soupir blasé, il posa de nouveau les yeux sur elle.


"Vous seriez bien aimable de m'expliquer pourquoi, et pourquoi précisément aujourd'hui, vous avez décidé de m'importuner à m'envoyer des courriers et à débarquer dans mes appartements."

Bon, appartements était un bien grand mot pour la petite chambre qu'il occupait, mais quand même, c'était pour le principe.

[* D'après les paroles de "Hey Jude", une chanson des Beatles]
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Mélissandre ne prit pas même la peine de rouler des yeux. Elle consacra ses prunelles sombre à un dévisagement en règle. Surprendre June dans l'intimité avait finalement quelque chose d'assez apaisant. Loin de ses airs bravaches de bouffon angevin, il aurait probablement pu paraître sympathique, jusqu'à ce qu'il ouvre sa trop grande bouche. Mais à sa pique la princesse se contenta d'opposer un haussement d'épaule.

- Nous devions probablement être dans la même classe. Vous étiez la blondasse boutonneuse du dernier rang?

A la phrase succéda un sourire complice. Le Sidjéno la haïssait, grand bien lui fasse. Mais si il voulait vivre cette colère décemment, il lui devait des explications fissa. Aussi Mélissandre se laissa choir sur le lit à une distance respectable de l'Angevin, mais avec un sans-gène absolu. Qualifier le clapier dans lequel ils se trouvaient d'appartement au le mérite de la faire rire. Un tintinnabulement sans mépris mais empreint de la dérision propre à la Malemort. Rire de tout pour ne pleurer de rien. Omnia Vincit Malemort.

- VOUS seriez bien aimable de m'expliquer pourquoi, et pourquoi depuis des mois, vous avez décidé de me traiter comme la dernière des gardes-cochons du royaume. Au delà du fait que je suis née hier, en ce qui vous concerne puisque vous êtes vieux, et du fait que vous m'avez montré une hostilité dès le premier regard...

Du coin de l’œil, elle prit le temps de détailler l'Angevin et découvrit une forme d'ironie dans leur situation.

- Faites moi donc des confidences sur l'oreiller. Qu'avez vous à perdre? Je pèse 35 kilos tout mouillé. Un petit craquement de nuque et hop, plus de Malemort. Emballé c'est pesé.
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June
Encore une fois, il était à la fois interdit et blasé. Interdit du culot inimaginable qu'elle démontrait à chaque instant, blasé du fait qu'elle voulait qu'il lui explique quelque dont elle ne comprendrait même pas la teneur. Et puis, depuis quand fallait-il qu'il se soucie des sentiments paranoïaques d'une gamine, si couronnée soit-elle ? Elle commençait sérieusement à lui courir sur le haricot, et ça, ce n'était pas bon pour son matricule. Il ne releva même pas la provocation à coup de blondasse boutonneuse. Surtout qu'en plus, il n'avait jamais vraiment subi l'adolescence de façon cutanée. Il avait toujours été beau, d'abord.

"Garde-cochons, pour votre tronche, je trouve ça assez... adéquat. Même un peu trop élogieux, en fait. Mais ça explique sûrement pourquoi vous bafouez toutes les règles d'éducation et de bienséance qu'on a pu vous rabâcher au cours de votre royale existence, en venant vous avachir sur ma couche et en m'importunant de vos sornettes à l'heure de la sieste."

Il se leva d'un coup, et enleva sa chemise, ne gardant que ses braies. June, malgré les quelques années de plus qu'il avait par rapport à Mélissandre, et malgré son visage androgyne aux traits secs qui n'invitait pas forcément à l'amitié dès le premier abord, était plutôt un bel homme. Il avait des muscles fins et saillants et parcouraient son corps. Très grand, il n'était pas si carré que cela, mais une sorte d'aura l'accompagnait et le rendait intimidant.
Tournant le dos à Mélissandre, il alla vers le baquet posé sur la table près de la fenêtre, et se passa de l'eau sur le visage. Il n'allait pas s'arrêter de vivre pour cette grasse pétasse, si royale soit-elle, c'était décidé. Une fois rafraîchi, il s'essuya avec une serviette posée sur le rebord de la fenêtre.


"Vous êtes quand même bien curieuse, comme donzelle. Ou très idiote, je ne saurais dire. Vous venez là, chez moi, sans prévention aucune et surtout sans autorisation, vous me dérangez, vous m'insultez, vous vous permettez de vous installer sur ma couche et vous me conviez presque à vous abuser et vous dépecer sur place. J'avoue que l'invitation est alléchante, mais j'aimerais comprendre où vous voulez en venir. Je n'ai rien à vous expliquer, à part que je vous trouve prétentieuse, laide et grasse. Je ne vois pas où vous cherchez d'autres raisons."

Ne se tournant toujours pas vers elle, même pour lui parler, il se dirigea vers un meuble où il rangea quelques bouquins qui ne l'étaient pas à son goût, offrant la vision de son épaule gauche à Mélissandre. Avec un peu moins de lumière, on aurait pu confondre la blessure qu'il y portait avec un tatouage. Mais là, il était clair que la brûlure autrefois boursouflée était particulièrement atroce à regarder. Enfin, disons que ce n'était pas un summum de beauté physique que cette marque qu'il avait là, figée dans la chair. On y devinait deux lettres, RF ou RR, on ne savait pas trop : elles étaient mal dessinées, ou plutôt mal imprimées dans la peau. June ne paraissait pas y faire attention ; l'habitude, sans doute. Il se contentait d'attendre une réponse de l'intruse tout en faisant mine de ne pas s'occuper d'elle. Après tout, quoi de plus pour la frustrer que de l'ignorer ?
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Mélissandre avait les défauts de ses qualités. A son courage se couplait le culot. A son orgueil l'arrogance. Telle une funambule, elle traversait son existence en oscillant de la princesse à l'adolescente, de l'insolence à la condescendance. De la force à la faiblesse. Et lorsque l'Angevin se leva dans un mouvement souple pour se déshabiller, la réaction de la Malemort ne fut pas une admiration discrète, ou la pudeur coquette d'une jeune pensionnaire. Le cou dévissé, elle planta une canine dans sa lèvre inférieur lorsqu'il souligna avec désinvolture la bêtise dont elle venait de faire preuve.

Ce n'était pas la première fois qu'elle se jetait dans la gueule du loup, mais la fois précédente avait laissé en elle un traumatisme si profond que les gestes de June, volontairement indifférents, firent naître une terreur sourde dans le creux de sa poitrine. Un sursaut et un recule instinctif au déshabillage. Un regard éperdue lorsqu'il s'approcha de son cabinet de toilette, peut-être pour y prendre une arme, qui sait? Une sensation de chaud froid qui l'étouffe...

Elle se lève à son tour, sans qu'il n'y ai plus rien de royale sur son petit visage défait. Les murs de la chambre se rapprochaient, menaçant de la broyer corps et âme. L'air était lourd, pâteux. Le souffle court, elle tendit une main tremblante vers la porte. Plus rien ne comptait que prendre la fuite, oublier cette folie, échapper à l'afflux de souvenirs. Peu lui chaud le mépris de June, finalement. Qu'il aille se faire voir. Qu'il aille au diable.

Un dernier regard oblique pour s'assurer de sa position. Il doit être assez loin pour ne pas pouvoir la retenir dans sa fuite. Le blond se tient de dos, et sa large silhouette se découpe dans la pénombre. Il ne manque pas d'un certain charme mais cela échappe à la Malemort qui ne voit en lui qu'une réminiscence de son bourreau d'autrefois. L’œil capture une ombre incongrue sur la peau nacré de June. Une forme. Une plaie. Un tatouage? Non, une cicatrice mal soignée, irrégulière et rougeâtre se détachant sur le marbre. La main de Mélissandre se fige sur la poignée, et un sentiment profond de compassion l'envahie d'une bouffée, chassant la peur et la colère. Une funambule vous dis je.

Quelques pas les sépare et elle s'approche dans son dos, silencieuse, pour déchiffrer la boursouflure. A la lumière, on devine en effet que quelque chose est gravé. Le sang se retire du visage marmoréen en comprenant la nature de cette horreur. Pas une plaie non, mais une blessure volontairement infligé. L'odeur de chaire brulée se ferait presque sentir. Méli ne sortait que depuis peu de sa tour d'ivoire. Elle ne pouvait ni imaginer, ni envisager ce qu'était parfois la vie loin des murailles du Louvre et de Ségur. Mais les lectures et les récits l'ont instruite un minimum, elle comprend que son ennemi a été cruellement torturé. Et c'est d'une voix profondément compatissante teinté d'une colère sourde qu'elle l'interroge alors.


- Qui vous a fait cela.
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June
La question. Qui n'en était pas vraiment une, d'ailleurs. Ou plutôt, elle avait un caractère obligatoire. Il était obligatoire d'y répondre ; le ton qu'elle employait soudain, bizarrement dénué de toute ironie, ne lui donnait pas le choix.

La main aux longs doigts fins et osseux s'arrêta sur un livre rouge, figée. L'index continua de caresser la tranche de haut en bas, et s'arrêta sur le bois sombre de l'étagère. Il tourna la tête vers elle, lentement, et posa ses yeux dans les siens. Sa main redescendit le long de sa poitrine, et il détourna tout son corps dans sa direction. S'avançant en face de la Malemort, il s'approcha au plus près d'elle sans quitter son regard. Il se pencha doucement afin de se mettre au niveau du petit être qui lui faisait face, et lui murmura à l'oreille, joue contre joue, susurrant presque d'une voix trop mielleuse pour être rassurante.


"C'est votre grosse salope de mère..."

Il posa sa main droite dans les cheveux bruns et la fit descendre jusqu'à la base du cou de Mélissandre, doucement, comme pour la caresser ; main qui pouvait presque enserrer le cou de la jeune femme à elle toute seule tellement elle était longue. June avait-il une âme de musicien ? De son bras gauche, il lui enserra les épaules, sans forcer ; elle ne pouvait pas s'enfuir. Continuant de murmurer :

"C'est étrange comme vous lui ressemblez. Quand je vous vois, j'ai une envie extrêmement pressante de vous tuer. Enfin, non. D'abord de vous torturer, ensuite de vous tuer. Elle considérait que je l'avais mérité... Alors pourquoi pas vous ?"
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Mélissandre se fige. Une proie face à son prédateur. Le temps se fige autour d'eux quand June rompt la distance de sécurité entre eux et se dresse devant elle. Il sent le savon et le sel. Le coeur de la Malemort fait une embardé, pas de désir mais d'une peur viscérale qui lui glace les sangs. Un peu comme si quelqu'un avait écarté son col pour faire couler de la neige jusque sur ses reins.

Le souffle de June tranche presque trop sur sa peau fraîche. Ses doigts viennent s'enfouir dans sa chevelure, il la plaque contre son torse dur mais il n'y a aucune sensualité dans ses gestes. Ce n'est pas une étreinte : C'est une menace. Elle déglutie plusieurs fois tenter de calmer les battements affolés de son cœur. A son corps défendant, un frisson vient grêler la peau délicate de sa nuque et son souffle se suspend. l'Angevin susurre contre son oreille :

"C'est votre grosse salope de mère. J'ai une envie extrêmement pressente de vous tuer.".

Chaque mot forme un poignard qui lui larde la poitrine. L'insulte. Le mépris. La menace. Nebisa n'est pas, ne sera jamais une reyne dans le jeune coeur de sa cadette. C'était une mère, une soeur, une épouse. La femme qui berçait les jumelles contre son coeur pour les endormir. La femme qui effleurait les joues de ses filles et embrassaient leur petit front quand elles étaient malades. La femme dont les bras blancs et minces exhalait un parfum de lait et de lavande. Mélissandre n'avait ni l'âge ni l’expérience pour prendre la pleine mesure de la haine de June. Pour elle, ses paroles trahissaient une folie qui la terrorisait et faisait trembler ses jambes. Il ne l'aurait pas maintenu contre lui que la Malemort aurait probablement perdue connaissance sous l'afflux d'émotion.

Il lui paraissait impossible que sa mère, sa maman, ai pu ainsi ordonné qu'on torture un homme. June était odieux, méprisant et violent. Il lui murmurait à l'oreille à quel point il la détestait, mais il ne pouvait avoir mérité un tel châtiment. Personne ne méritait cela. Mélissandre tremble plus fort encore. Ses dents claquent, mais elle ne pleure pas. Elle ne recule pas. Comme face à Stradivarius, elle ne perd pas le courage que son sang lui insuffle. Ses petites mains se dégagent et viennent attraper les lacets de son corsage dans son dos pour les dénouer hâtivement. Ses yeux noirs se plantent dans les azurs de l'Angevin. Ses lèvres s'entrouvrent lorsqu'elle prend son souffle avant de pivoter pour lui offrir un dos satiné, exempt de la moindre marque.

Mélissandre de Malemort-Armantia n'est pas une femme ordinaire. Elle est entière jusque dans la folie. Elle est loyale et bornée. Elle fait la seule chose qui lui semble s'imposer, prenant à contre pied son adversaire en s'offrant à sa vindicte.


- Alors faites. Infligez moi la même brûlure qu'à vous. Si mère vous a vraiment fait subir cela, faites vous justice. Je vous offre mon épiderme, mais vous n'aurez pas ma vie, mon Seigneur. Et moins encore mon honneur. Plus jamais après cela je ne vous laisserais entacher le nom de ma mère.

Elle relève le menton, heureuse que June ne puisse voir la peur qui se dépend sur ses traits délicats. Mais sa voix tremble légèrement quand elle ajoute :

- Faites cela vite...
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June
L'insulte. L'insulte de se voir inviter à être comme son bourreau, à torturer à son tour, à faire du mal. A être une sale catin lui aussi. Bien sûr qu'au fond de lui, le grand blond a envie de tuer pour se venger, d'exprimer sa colère et son dégoût de l'injustice qu'elle lui a imposée par sa seule volonté. Mais il s'y refusait. Tuer, et après ? Regarder le cadavre, l'enlever, fallait-il l'enterrer soi-même ? Bien des siècles plus tard, un certain Sigmund aurait été passionné par le cas June.
Il n'est pas aisé de surprendre cet homme-là, lui qui s'attend tellement à tout. Qui avait dit que lorsqu'on se prenait une claque, il fallait pardonner et tendre l'autre joue ? Un simple d'esprit, sûrement. Mais c'était presque ce que Mélissandre faisait. Elle offrait son dos pour expier la faute de sa mère, faute à laquelle elle ne croyait même pas, cela se voyait. Mais la colère reprit le dessus. Et il poussa violemment Mélissandre. Fou de rage, il siffla d'une voix méprisante entre ses dents :


"Idiote. Sotte ! Stupide enfant ! La seule chose que vous ayez à m'offrir, c'est de m'abaisser au niveau de votre mère ?!"

Elle mériterait toutes les morts du monde, encore plus qu'avant, pour l'avoir aussi bassement insulté. Lui, June, le grand, le beau, l'intelligent, le modeste - si, si -, le loyal, dont l'honneur est sûrement la plus grande qualité et ce qu'il préserve le plus en lui, lui, se voir devenir une bête tueuse ! Un monstre sanguinaire, qui saignerait pour le plaisir une enfant qui en fin de compte n'avait pas tant de défenses que cela. Elle avait surtout tout le courage du monde, et il était bien obligé de l'admettre.
Son ton s'apaisa un peu, mais se fit sec et claquant.


"Retournez-vous. Regardez-moi dans les yeux, que ce soit pour me parler ou me torturer. Ne soyez pas comme votre mère."

Dans un autre moment, il aurait aussi pensé que si elle se retournait, il verrait sa poitrine, et que c'était vachement bien. Mais à ce moment-là, comme parfois, il n'en avait que faire de mater des seins. Il tenait à rétablir une vérité avant toute chose.
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Mélissandre essaie de rester digne. Tous ses muscles se bandent sous sa peau délicate dans l'effort que lui coute cet orgueil. Ne pas croire aux tords de Nebisa? Non. Elle y croit probablement un peu mais le problème n'est pas là. Sa mère aurait pu tué mille hommes que Mélissandre l'aurait tout autant aimé. Son souffle s'accélère lorsqu'il remue dans son dos. Est il en train de prendre une arme, de choisir quel pan de sa chaire déchirer?

Le choc lui coupe le souffle. Elle ne cris pas mais bascule et prend appuie au dernier moment sur le mur de pierre qui lui déchire la paume sans que la douleur ne parvienne à se frayer un chemin jusqu'à sa conscience. La poitrine se soulève, une petite main se plaque sur son coeur emballé par la peur et l'anxiété. Le cou rentré dans les épaules elle attend le prochain coup avec un fatalisme qui lui ressemble peu. Que ce soit fait vite et bien, mais June semble décidé à faire durer le plaisir. Il l'enjoint à lui faire face et elle pivote en retenant les pans de sa fine chemise se soie sur ses seins, le teint exsangue.


- Ma mère n'était pas faible. Je ne le serais pas non plus Monsieur. Alors parlez !

Elle relève alors le minois pour lui offrir le visage glaciale d'une princesse Malemort et reprend d'une voix devenue rauque.

- Quelle réparation puis je offrir à un homme qui refuse tout autant les paroles que les actes? Si vous dédaignez définitivement d'idée de porter sur mes soeurs et moi même un regard plus indulgent alors fichez moi dehors et je ne vous importunerais plus. Mais si vous pensez qu'il y a une chance -Même infime- que nous cultivions l'un pour l'autre une certaine forme de respect... Vous saurez ou me trouver.

Et de rabattre les pans de son corsage sur sa gorge avant de se diriger vers la porte, à bout de nerfs.
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June
Il plissa les yeux devant le cran de la jeune femme qui l'affrontait, avec tout de même une certaine mesure. Le gars faisait pratiquement deux mètres, il avait des paluches assez grandes pour lui coller une tarte mémorable, et la gifle était encore une basse punition à l'idée de June. Il fallait donc garder une distance de sécurité. Et puis, elle ne le savait pas, mais un éternel calme comme lui, quand ça s'énerve, il fallait mieux pas rester dans le coin.

"Non, votre mère n'était pas faible. Comment l'être, lorsque l'on dirige le pays et que l'on commande à des sbires qui tuent pour soi autant qu'ils protègent ? Être faible, c'est réservé aux pauvres, aux manants. Bien trop bas, voyons."

Il fit un sourire mauvais, écœuré.

"Votre mère était fourbe, perfide, manipulatrice ! La seule raison pour laquelle je regretterais sa mort, c'est de ne pas l'y avoir envoyée moi-même. Je n'ai que faire de vos questions sur mon passé, qu'est-ce que cela peut bien vous faire de vous faire haïr par un petit Seigneur de campagne ? Votre génitrice n'en avait que faire de la paysannerie et de ce qui tournait autour. Allez donc vivre votre vie princière et cessez de m'importuner."

Blasé, blessé, las, il alla s'asseoir sur le rebord de son lit, et baissa la tête, les yeux rivés au sol. Et elle reprit la parole. Réparation, quelle réparation ? Y avait-il réellement quelque chose à panser, de toute façon ? La mal était fait, et on ne pouvait pas le restaurer.

"De quelle réparation me parlez-vous ? Vous ai-je jamais demandé quelque chose, à part de me foutre la paix ? Je ne vous trouve pas sympathique, ni magnifique, je n'ai pas non plus envie de vous épouser, je ne vous envie même pas votre bon sort, est-ce à cause de tout cela que ma reddition est si importante à vos yeux ? Bien sûr que je vais vous mettre dehors, et si ça me donnait tant envie je vous balancerais par la fenêtre et vous regarderais vous écraser au sol loin de moi, vous défigurant comme cette brûlure qui m'a écorché le bras. Je n'ai pas envie de vous respecter."

Il se leva à nouveau, attitude montrant qu'il n'était pas à l'aise, et se mit devant la porte dont elle s'approchait comme pour s'enfuir, appuyant dans son dos ses deux mains sur le pans de bois.

"Puisque vous êtes venue pour une réparation, comme vous dites, racontez-moi : que pouvez-vous offrir d'aussi précieux à un homme que la santé de son bras, la puissance de ses muscles, la blancheur de sa peau ? Que pouvez-vous m'offrir mieux qu'un anti-douleur qui ne me durera qu'un temps ?"
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Une autre aurait fuie. Une autre aurait pleuré. Une autre aurait détourné le regard de ce torse puissant, de cette peau tendue sur des muscles nerveux, de ce regard brûlant d'une haine irréversible et d'une pulsion différente, indéfinissable. Comme si derrière chacun de ses mots il cherchait à lui transmettre un message. A la voir le défier encore pour libérer sa fustration? Chacun de ses mots est craché, chaque insulte si virulente qu'elle vacille sur ses pieds. C'est une chose que d'être détesté, mais entendre ainsi parler de sa mère représente aux yeux de la Malemort un chagrin bien plus vif.

Mélissandre entrouvre les lèvres, les referment, prend son souffle et fini par murmurer, si bas qu'il ne l'entend probablement pas :


- Soit.

Mélissandre se dévisse le cou et lève sur June un regard vide de toute malice. Il n'y a plus aucune douceur dans ses yeux, plus aucune moquerie. Un soupçon de crainte sans doute mais rien de ce qu'on pourrait atteindre d'une pucelle de quatorze ans défiant un homme aussi dangereux et haineux de June Sidjéno.

- Je n'ai rien à vous offrir monsieur. Et aucun intérêt à obtenir votre respect. Je n'ai pas plus l'intention ni de vous séduire, ni d'être séduite. Alors balancez moi par la fenêtre ou mieux encore... Faisons donc comme si nous n'avions jamais tenté de passer outre tout ceci. Vous semblez si bien comprendre ce que je peux penser et ce que je peux ressentir après tout... Que je retourne dans mon cocon, et noyez vous donc dans votre mépris ridicule. Manifestement, vous aimez à vous y complaire.

La porte se rapproche, Mélissandre accélère pour enfin mettre une barrière entre elle et l'Angevin. Un pan de bois qui jamais encore n'avait prit une telle importance à ses yeux. Ou une fois peutêtre... Il y a quelques mois déjà.

Lorsque June s'interpose, lorsque son corps massif se plaque contre l'issu pour lui en barrer l'accès. Le bras princier retombe et à nouveau elle renverse le visage pour chercher son regard. Il lui parle mais on croirait qu'il susurre. Il l'enjoint de s'en aller mais il l’empêche de partir. Mélissandre songe que le blond est aussi perdu qu'elle et devine, sous le masque qu'il applique soigneusement, le gamin terrifié hurlant à perdre haleine sous la morsure du feu.

Elle refuse de souligner l'inconvenance sous jassante et lui répond avec une fermeté feinte.


- Rien. Je n'ai rien à vous offrir mon Seigneur. Rien de plus que mes regrets sincères. Je ne suis pas femme de pouvoir, pas plus que femme de guerre. Je ne peux juger de ce qui a conduit à cette abomination, pas plus que je peux prétendre détester ma mère pour cela. Car c'est ce qu'elle fut pour moi vous savez. Une maman. Une femme qui m'aura bercé sur son sein. Rien ne justifie qu'on torture un homme. Rien ne justifie qu'on haïsse la femme qui vous a donné la vie.

La voix de la Malemort fini par trembler. La peur est un ressac sournois qui aime à vous envahir quand on pense plusieurs fois l'avoir vaincue. Dans cette position, emplie de cette fureur glacée, l'Angevin devient trop viril, trop carnassier. Le cœur de Méli fait une embardée et elle tente de le contourner pour quitter enfin cette chambre étouffante, quitte à se rapprocher un petit peu trop et prendre de plein fouet son odeur si particulière de savon et de sel. Son corsage retenue d'une main, elle détourne enfin les yeux de lui et prie le seigneur qu'il la laisse s'en aller. Qu'il la frappe, qu'il l'insulte, mais qu'il ne porte pas sur elle le regard d'un prédateur.

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June
Faisons comme si de rien n'était, n'est-ce pas... Effaçons tout cela, effaçons. Il y a des choses qu'on ne peut effacer, vous savez. Ce bras, par exemple. Et tant d'autres choses, matérielles ou non...

Voilà qu'elle parlait de complaisance, la garce. Dans sa voix, d'une manière lointaine, sonnait celle de Nebisa. Un certain mépris. Une certaine condescendance. Elle pouvait toujours le prier, le Seigneur, s'il existait, il ne la regarderait même pas. Il ne l'aiderait pas.

Aucune voix, si divine soit-elle, ne pouvait commander June. Il ne bougea pas d'un poil, pas d'un pouce de sa porte. Et il planta ses yeux bleus dans ceux de la Malemort.


"Est-ce que vous avez peur ?"
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(Bannière en cours de réfection)
Héraut d'Armes Royal ès Généalogie, dict Sylvestre
Seigneur de Cussy les Forges
Melissandre_malemort
Quatorze années d'une éducation sans faille. Quatorze années à cacher ses sentiments sous un vernis royal. Quatorze années...

La main retombe doucement le long de son corps. Il la fixe d'un regard qui évoque le bleu lunaire d'un glacier. Il la toise. Froid. Menaçant. Mystérieux.

Mélissandre aura tenue tête au June méprisant, moqueur, faussement indulgent, presque séducteur. Elle aura gardé le menton levé à plus méprisant, plus moqueur, plus séducteur encore. Une Malemort ne courbe pas l'échine sous l'insulte. Jamais.

Mais là, face à face avec la quintessence de cette haine distillée au fur et à mesure des rencontres, Mélissandre Jeanne Marie de Malemort-Armantia, fille de sa Majesté Nebisa de Malemort baisse les armes.

Ses grands yeux d'un noir de jais ourlés de cils interminables, ce regard de biche effarouché qui fait son charme se teinte d'un je ne sais quoi qui adoucie un visage crispé par le protocole.

Une voix douce. Une intonation nouvelle. Vaincue.


- Oui.
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