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[RP] Ca n'arrive pas qu'aux autres.

Boutaric
« Celui-là fait le crime à qui le crime sert. » Corneille.

C’était au petit matin, le brouillard ne s’était pas encore levé sur la Capitale, les corneilles trempaient leurs becs noirs dans l’eau putride qui stagnait le long des rues exiguës de Bruges.

Matthieu avait les yeux drainés de vaisseaux furieux, il n’arrivait pas à oublier les voix, on le voyait battre l’air en place public, les enfants s’arrêtaient de jouer pour le regarder avec une insistante innocence. Lui se bouchait les oreilles en hurlant que cela cesse, il tournait dans le vide, n’entendait pas les oiseaux, ni l’eau qui coulait plus bas, son paysage était rouge sang, immaculé d’un noir enivrant.

Ces voix le tourmentaient, le rendaient fou. Ses vieilles bottes trépignaient le pavé, il chouinait, suppliait que ça s’arrête.

« J'apprends les mauvais propos de plusieurs, l'Epouvante qui règne à l'entour ! Quand ils se concertent ensemble contre moi ! Ils complotent de m'ôter la vie ! Sans cesse ils portent atteinte à mes droits ! Ils n'ont à mon égard que de mauvaises pensées ! Si quelqu'un vient me voir, il prend un langage faux! Il recueille des sujets de médire ! Il s'en va, et il parle au dehors. Tous mes ennemis chuchotent entre eux contre moi ! Ils pensent que mon malheur causera ma ruine ! Il est dangereusement atteint ! Le voilà couché, il ne se relèvera pas! »


L’autre qui vociférait en son esprit, voulait voir mourir quelqu’un, Matthieu le brun n’avait pas d’autre choix, une offrande pour la cruelle, que le carmin jaillisse et que les sons stridents s’arrêtent. En se mangeant un poing, grognant comme un animal, le brun courraient jusqu’au coin d’une impasse, la pierre était fraiche sous ses doigts sales, il ne tremblait plus, il chassait. Ses yeux d’un bleu gênant, aussi clairs qu’une lune pleine, miraient en face, fixaient les lieux. Une porte cochère où le lierre bourgeonnait doucement, un rideau obscur d’où les envisageables proies apparaissaient.

Il savait ce qu’il voulait pour elle, une beauté, fertile, avec des fins cheveux longs, un teint blanc comme la porcelaine et un sang noble.
Rosa
L'inauguration du chantier naval avait déjà eu lieu et le jour s'était levé sur une ville encore endormie, le sol jonché des restes de la veille, des fûts entreposés à la va comme je te pousse. Encore un peu engourdie par la nuit trop courte qu'elle avait passé, elle n'avait pas eu envie de se lever ce matin-là, comme très souvent ces derniers temps.

Le travail et la grossesse la fatiguaient, elle courait partout, sollicitée comme elle l'était depuis qu'elle était Comtesse. Non vraiment ce n'était pas une charge de tout repos, surtout quand on avait l'âme travailleuse comme elle.

"Hmm, laissez-moi dormir encore un peu, juste un peu, une heure de plus...". Après avoir poussé maints soupirs, Rosa s'était enfin décidée à sortir de son lit, un orteil, puis un pied, avant d'enfin se lever entièrement. Elle s'apprêta rapidement, après avoir effectué une toilette de chat, sans guère prendre le temps de manger comme à l'accoutumée, sortit de l'auberge où elle résidait pendant son séjour.

Elle resserra sa fourrure contre elle, il faisait encore frisquet en ce petit matin, elle marchait d'un pas assez lent, regardant les reliefs de la fête de la veille. Le passant était encore rare. L'air frais lui fouetta son visage pâle, trop peu soumis aux rayons du soleil.

Elle s'arrêta, fermant les yeux un instant, inspirant l'air à pleins poumons. "Inspire, expire, inspire, expire". Il lui fallait bien cela, pour prendre les forces dont elle aurait besoin pour la journée. Encore une qui lui apporterait son lot de travail, de discussions sûrement, de dossiers à examiner, d'urgences à gérer. Une journée comme toute les autres en somme...

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Boutaric
S’il y avait fête, et reste de lampions Matthieu n’y voyait rien, non, seule l’attente d’une proie était visée sous la porte cochère. Son sang c’était glacé, lorsqu’il ne parlait plus, ni ne criait, le jeune garçon impulsif et hystérique n’interpellait plus personne, les villageois tout juste sortis, le bousculent et grognent mais lui n’a qu’un but, il se laisse secouer et reste là temps que la victime parfaite ne fait pas apparition.

Des odeurs rances et fleuries se mêlaient dans l’atmosphère, et venaient se coller à ses cheveux gras, alors qu’il comparait l’une ou l’autre passante, les trouvait trop brunes, pas assez enrobées, trop lisses, pas assez riche, son esprit malsain et aliéné qui le dictait, alors qu’il mordait une miche, qui se réchauffait sous sa cape, comme un chien son os.

Le temps passait long, interminable, et, Matthieu commençait à s’impatienter ses yeux bleus maudissaient, jusqu’à ce que la proie parfaite se plante dans le paysage d’une Flandres en plein printemps.

Fraiche, belle, une Comtesse tout juste ronde, elle avait un parfum plus fort que tout.

« Extermine-la ! C’est une traitre, elle me veut du mal, ils me veulent tous du mal ! Je prends appui sur toi, brûle là ! Tue sa progéniture, cette vermine doit mourir ! »


Il se claquait les oreilles, avant de décoller son mur et suivre l’offrande, jusqu’à une impasse, jusqu’à ce que mort s’en suive, quelqu’un va mourir, lui, elle, l’enfant, une mort pour la vie, pour le bien de sa cruelle, déterminé, discret, il la traquait..
Rosa
Réfléchir. Par où allait-elle commencer sa tournée du jour? Il y avait l'embarras du choix, entre le port, son bureau au Château, des visites à faire, sa journée s'annonçait d'ores et déjà bien chargée.
Elle se décida par faire une tournée d'inspection générale avant d'entamer la paperasserie. Une petite marche à l'air frais lui ferait le plus grand bien avant de s'enfermer dans ses bureaux, à écorcher ses yeux en lisant nombre de missives et de documents poussiéreux.

Choisir. Les ruelles de la capitale étaient nombreuses mais peu importait le choix, elle finissait toujours par retomber sur ses pattes et retrouver sa route, son but était d'avoir une vue d'ensemble de la situation du jour. Elle regarda brièvement autour d'elle et s'enfonça dans un dédale.
Elle ne regardait que distraitement les maisons surplombant la ruelle, visite oui, architecturale non. Pas aujourd'hui, déjà qu'elle s'octroyait une petite promenade ce n'était pas non plus pour traînasser.

Marcher. En essayant de ne pas déjà encombrer son esprit des mille choses qui l'accaparaient si vite. En tâchant d'éviter des déchets et débris d'une ville qui pour aussi Capitale qu'elle fût n'avait évidemment pas l'eau courante.

Grommeler. De se retrouver dans une impasse, ne connaissant encore pas tous les détails des rues. Et de se retourner pour rebrousser chemin lorsqu'elle s'aperçoit de son erreur...

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Boutaric
La Flandre était belle, la capitale encore en fête, les maisons aux charpentes découvertes, mais peu importait le chasseur, il ne regardait qu’elle, baissant ses yeux quand la proie se tournait. Ils marchaient tous deux au même pas, sa cadence guidée par celle de la blonde qui sentait l’enfant. Si la balade avait duré une longue heure pour lui ce n’était que délice, que la traque, enivré par la voix, sa belle amie, sa divinité secrète, son unique compagnie.

Matthieu bousculait chevaux et passants, tous le dérangeaient, gênaient ses yeux clairs à ne pas perdre la future offrande, qu’il admirait déjà, alors qu’aucun de ses membres ne tremblaient.

Et puis il avait descendu quelques marches où la mousse poussait d’entre les pierres vieilles et souillées, s’enfonçant dans l’impasse où la hase blonde qui sent la noblesse. Plus qu’à attendre sans bouger, qu’elle comprenne yeux grands ouverts qu’il faille faire demi-tour, Mathieu était effacé dans l’ombre, son souffle s’était ralenti, ne laissant qu’une fine fente pour expier l’air impur, un pavé enserré dans sa main sale, jusqu’à ce qu’elle approche et qu’il frappe sans même couiner le moindre remord.

La hase s’était endormie sur le champ tout contre lui, il lui caressait les cheveux qui se teintaient d’un rouge vif, tiède, coulant entre ses doigts. Serrant fort la divine offrande, ses bras étaient placés sous les siens et il la trainait dans l’obscurité en embrassant sa bouche ensuite. Comme un prince qui chercherait à réveiller l’absence et frapper encore après.
Rosa
Elle n'avait rien vu ni senti venir. Fichue confiance à la vie, en son entourage, en l'homme, en la foy que nul ne saurait lui faire de mal. Qui pourrait bien lui en faire? A part un éventuel détraqué, et encore cette engeance n'était guère nombreuse en Flandres fort heureusement, le Capitaine y veillait. Ou son époux, qui lui avait fait du mal, de plusieurs manières, comme personne auparavant ne lui en avait fait. Pouvait-il faire pire? Qui sait, elle connaissait son passé de mercenaire, seul le Très-Haut pouvait savoir ce qu'il était capable de faire lorsqu'il était blessé dans son orgueil, blessé d'avoir été notifié par son épouse qu'elle ne voulait plus de lui, que c'en était trop, qu'il allait perdre ses titres.

L'orgueil d'un homme avait ceci de terrible c'est qu'il pouvait conduire à n'importe quelle folie, tournées contre d'autres ou contre soi. Rosa avait craint sa réaction, il fallait l'avouer. On lui avait conseillé de ne pas se trouver seule en sa présence. Cela avait été aisé, il était parti brusquement sans plus donner de nouvelles. Elle ne se méfiait donc plus. Et sa nature confiante avait repris le dessus.

Choc. Pas un bruit, pas un cri ne sortit de ses lèvres. Elle n'en avait pas eu le temps. Lorsque le pavé atteignit sa tête le noir l'engloutit. Inconscience de l'esprit, tandis que le sang coulait, alors que son assaillant la happait dans un coin tranquille et l'embrassait.

Même pas le temps de penser à quoique ce soit, le vide l'avait prise dans son antre, elle était déjà ailleurs. Les lèvres posées sur les siennes la ramenèrent légèrement de la spirale qui cherchait à l'engloutir, les yeux mi-clos ne pouvaient que voir, son esprit réagissait de son mieux "Bouge! Crie! Fuis!" Elle remua un peu, ses yeux s'écarquillèrent voyant qu'elle était en fort mauvaise posture sans pour autant tout réaliser entièrement la situation. Ses lèvres bougèrent sans pouvoir sortir le son que leur forme essayait d'exprimer. "Mais... que.."


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Boutaric
Quelle intensité, Matthieu bavait en grognant comme un vieux fou malade et pervers de sentir son âme vaciller sous ses gros doigts aux ongles noirs de crasse, passant sa joue, lui déformant le visage, admiratif de la belle endormie et fier de son acte commis, il lui teintait la peau de son sang aux odeurs nobles et Impériales, léchait la joue, s’octroyait le droit, du glaire perverse ravalé à pleine gorge qui lui donner une respiration grailleuse, qui la sévissait sur son oreille froide.

« Vilaine ! T’fais qu’de me déranger, tu déranges ! »


Ses yeux bleus devenus globuleux, grands, mauvais, vicieux, jaloux ! Ses lèvres qui tremblaient, haletant dans la pénombre contre elle, il l’avait repoussé violemment contre le mur où une pierre en bec laisser gouter une source putride, et venir lui bondir dessus, lui écrasant le ventre brutalement, pour venir saisir sa gorge et sa bouche, excessif, son regard de fou c’était reposé sur elle.

« Elle t’a choisis mais c’est moi qu’elle préfère, c’est moi ! Moi ! MOI ! »


Se tournant vivement au moindre bruit alentours, il l’étouffait, un étau criminelle s’accentuait contre le pouls lent de la victime, lui broyant les chairs un genoux qui frappait la graine à peine visible sous les habits souillés aux arômes de déchets en décomposition, créant un ressac, il aplatissait comme une crêpe le ventre rond, hurlant sur la cruelle voix de se taire, qu’il était le Maître, qu’elle n’avait aucun pouvoir sur lui, et que Rosa devait dormir maintenant, son bleu fixait la belle, et ses doigts la poussaient au comma.
Rosa
Cela aurait pu être l'histoire d'un mauvais roman, ou une de celles dont on entend parler dans les bas-fonds de Paris, là où elle ne mettait jamais les pieds. Le genre d'histoire que l'on écoute en frémissant, non sans avoir envie d'entendre la suite tout en faisant une moue dégoûtée. Après tout... cela n'arrive qu'aux autres non?

Sauf que le jour où ça vous arrive à vous, vous ne faites pas que frémir, vous suffoquez, vous êtes écoeuré, c'était comme si le monde vous tombait dessus.

Des doigts sales et crasseux d'un inconnu posés sur elle, une langue s'arrogeant le droit de goûter à sa peau délicatement parfumée, une odeur à vous soulever le coeur, cela relevait du cauchemar absolu pour la Comtesse, délicate à prendre soin d'elle, à se parer, pour quoi l'esthétique était un impératif et la bienséance une normalité absolue.

Virevoltant entre conscience et inconscience, le corps ballotté telle une poupée de chiffon. La dernière fois qu'elle s'était sentie ainsi, jouet, incapable de se défendre et de réagir c'était il y a quelques semaines. Et dont le souvenir lui remontait par moments, la plongeant dans la tristesse et l’écœurement, l'humiliation aussi. Jamais elle n'aurait cru que... Jamais elle ne s'était sentie ainsi, humiliée, douloureuse. Jamais on n'avais osé...

Enfin pour en revenir à ce funeste jour... son corps projeté violemment contre le mur, lui avait donné la sensation d'être comme désarticulée et les coups, les coups qui pleuvaient dans ses côtes, dans son ventre là où elle portait la vie. Douleur fulgurante, vrillante. Pourvu que... nooon! Mais plus le temps d'y songer, la main de fer autour de son cou la saisissait, l'étreignait dans une mortelle danse et le vide la saisissait à nouveau, l'appelant dans une autre vie, là où tout était calme et paix. L'air lui manquait cruellement, elle suffoquait. Elle allait mourir. C'était probablement mieux ainsi. Plus de douleur, plus de souffrance, plus de souvenirs qui la laissaient exangue, plus besoin de procédure longue, plus rien... juste, le Néant. Et avec un peu de chance, le Paradis Solaire.

Déjà son corps était comme engourdi elle ne sentait plus rien. Peu importe ce qui adviendrait de son corps, son esprit errait déjà ailleurs.

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Boutaric
Il n’y voyait plus bien clair, voulait seulement qu’elle arrête de respirer, et que son odeur forte en fleurs malgré la zone des lieux, s’efface. Qu’elle se taise, qu’elle ne lutte plus, cette sale petite garce que son autre préférait. Pourquoi toujours des nobles, pourquoi des blondes, pourquoi rondes, pourquoi pas lui. Lui se laisserait mourir pour ne plus l’entendre l’autre, il serait le premier à se damner, se prosterner, l’on pourrait lui couper la tête et tout serait enfin terminé.

Mais non, il servait, il était l’esclave de son esprit, faisait tout ce qu’il lui disait, oubliant même la bête qu’il devenait. Le monstre qui se nourrissait de sa perversité, et faisait de lui le plus grand criminel de toutes les Flandres. Si quelques passants obstruaient l’impasse où l’horreur se passait, ils ne restaient jamais, et comme tous bons citoyens, se cachaient les yeux, se bouchaient les oreilles, et feraient le lendemain ceux qui n’ont rien vu, rien entendus, sauf si Matthieu se faisait un jour prendre, alors là, on le souillerait de fruits pourris, on le huerait en place public, on lui cracherait au visage, on acclamerait le bourreau au pilori, et enfin il terminerait dans la fosse, comme n’importe qui n’a prédicat.

Il était libre de frapper la belle bouche qui lui faisait front et semblait respirer irrégulièrement, les côtes de l’évanouie sifflaient sous ses doigts, les coups de poings s’enchainaient sans vraiment y trouver un sens, il griffait la femme entre deux mondes, lui bavait dessus, nerveux, tremblant et laid. Au moins il ne les entendait plus, ni l’une, ni l’autre. Le grain pâle de la victime prenait ses teintes qu’il aimait tant. Rouge, bleu, noir, jaune, plus le poing venait s’abattre, plus la blonde devenait inconnaissable, tuméfiée, boursoufflée, le brun caressait enfin ses joues, les écartait pour revoir une bouche qu’il avait embrassé.

Le ventre de la pauvrette avait perdu la vigueur qui le rendait dur, et mollement la jupe aux beaux tissus s’assombrissait du sang de celle-ci. Bloquant sur elle un bon moment, frottant des fesses contre elle, à la chevauchée, et se mit à pleurer, d’un coup, à chaque fois d’ailleurs, se mettant des gifles, se tirant les cheveux, un grognement macabre s’expiant de sa gorge. Rosa de Leffe respirait encore, un fin filet blanc s’échappait de sa bouche, dans la nuit noire, la lune qui éclairait toutes les âmes.

Matthieu se releva, la petite crise d’hystérie était redescendu mais, dans le doute, il s’arma d’un pavé propre, et le balança en plein abdomen de l’agonisante. Un bruit sourd, lui voulait la tête, tant pis.

Il n’était déjà plus là, et le lendemain il reprendra son poste de douanier, assidu, et professionnel, et peut-être boire un vin de paille sous un ciel bleu. Clamé pour quelques semaines.
Rosa
Corps ballotté, réduit à une image, l'objet d'un fantasme ou de l'imagination d'un fou, chose désarticulée, les coups pleuvent drus sur son visage, sa poitrine, son ventre, chance pour elle les sent à peine, son esprit voguant déjà ailleurs, mais son être absorbe les chocs, qui ne la laissent pas tranquille, implacables, chassant à la force des poings la moindre force en elle, la douleur est à la mesure de celle que vécût son coeur, mais elle n'est encore pas en état de s'en rendre compte.

Ses habits finement ouvragés ne sont plus que des chiffons sales et teintés du sang qui s'écoule de ses blessures et de son ventre qui contenait encore il y a peu la vie. La mort l'imprègne, sourde, s'insinue au creux de son être, jouissant après avoir dévoré sa première proie, glissant pour tenter d'atteindre la deuxième, ultime. Mais le monstre renifle, hésite, avant de se préparer à lancer un assaut final.

Un dernier coup avait failli l'achever définitivement. Manqué. Chance? Malchance?

Son oeuvre achevée, l'homme s'évanouit aussi promptement qu'avait eu lieu l'attaque. Ne restait plus dans l'impasse qu'une forme sombre, méconnaissable, bien heureux serait celui qui aurait réussi à la reconnaître d'un simple coup d'oeil, même ses habits n'auraient pu révéler son rang à premier abord. Salie, meurtrie, elle n'était plus que l'ombre d'elle-même.

Quelqu'un aura-t-il le courage d'aller jeter un oeil sur ce paquet délaissé, osera-t-il se mêler d'une chose qui à priori ne le concerne pas? Après tout ce n'est peut être qu'une pauvresse ou un pauvre hère agressé comme il y en a tant dans les rues...

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Selee
Légende
Selee
Le paysan un peu manche


Selee vivait paisiblement en Flandre. Il avait trouvé l'amour et annonçait à qui voulait l'entendre qu'il allait se marier a Comtesse. Loin sans être choquée, elle semblait prendre ces pitreries avec humour. Elle lui offrait à chaque fois un sourire tendre et bienveillant. Sa bonté la perdra un jour pensa-t-il. Il ne croyait pas si bien dire. Il n'avait pas confiance en la sécurité des villes françaises qu'il considérait comme des lieux de débauches et de diableries. Il faisait donc suivre discrètement la Comtesse lorsqu'elle avait la mauvaise habitude de se promener dans les ruelles les plus reculées de son Comté. Ainsi, de loin, peut-être un peu trop loin, le paysan un peu manche, qu'employait Selee, perdit la trace de Rosa ! Il chercha paniqué la belle couronnée. Sans succès aucun. Puis lorsqu'il décida d'en rendre compte à son maitre, il entendu deux hommes saouls parler d'une "sale bourgeoise blonde" se faire emmener par un loubard à l'aire patibulaire. Ils tombèrent malheureusement ivre mort avant même qu'il n'ai eu le temps de les questionner.

Il courut alors à la recherche du Vicomte. Il le trouva quelques minutes plus tard à déambuler dans les jardins communaux. Il arriva haletant devant son maitre et lui expliqua la situation. Les yeux de Sébastien s’écarquillèrent de frayeur et empoignant pays


Mais enfin, gros débile, dis moi ou elle est, OU !!!

Je ne sais pas, maitre... dit-il sincèrement désolé et désemparé...

Il le poussa violemment et partit à toute allure, comme jamais il ne l'avait fait sans qu'il y ai une guerre en raison. Il arriva rapidement à hauteur des quartiers théâtre de la sombre affaire. Il interrogeait les gens en les secouant, en les menaçants voir en les insultants avec véhémence. Il perdait espoir et arriva sans le savoir dans la ruelle ou se trouvait celle qu'il cherchait désespérément. Il eu un moment d’arrêt soudain, comme apeuré par ce qu'il trouverait puis il fonça sans plus réfléchir sur elle. Horrifié mais pas paralysé , il se pencha sur elle pour la prendre directement dans ses bras. La belle était devenue une petite chose informe dénuée de toute vie. Gardant son sang froid, surement du à ses longues années de service dans l'armée, il se contrôla et fit ce qu'il avait à faire. Le beau parleur arrogant céda sa place à un tout autre homme... Il ne cessait de répéter son nom avec douceur et une peine non dissimulée. Il se releva, la tenant dans ses bras, sans arrêter de lui parler par des mots qui se voulaient rassurant et qui lui assurait en l'instant une entière sécurité. Il cherchait de l'aide... il ne savait cependant pas ou en trouver dans ce "trou pommé" comme il l'appelait. Il décida donc d'aller sur la place principale de la ville. Il avait, en cet instant, totalement oublié l'agresseur ses pensées entièrement centrée sur le besoin de sauvée la belle comtesse ensanglantée. Arrivant au milieu de la place, la comtesse dans les bras, il cria sans plus de préambule :

Flandre, à moi !
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Wayllander
Le procureur sortit du tribunal de la capitale en soupirant, un paquet de dossiers plus chargés les uns que les autres sous le bras. Il venait de mener près de 3 heures d'audience, ce qui était en réalité aussi éprouvant et fatiguant que 3 heures intensives de course. Et ce n'était pas encore fini, il se rendait à présent au château, où il aurait à classer les minutes de toutes les affaires de la matinée..
Non, vraiment, le poste de procureur n'était pas très marrant. Si on ne l'avait pas supplié de rester au conseil, il se serait sans doute accordé quelques vacances. Il faut dire que les gens compétents en matière juridique se faisaient assez rares.. déjà que lire la loi flamande entièrement semblait un exploit pour beaucoup.. Enfin bon, le blond moustachu les comprenait sans problème, la justice pouvait aussi bien se montrer passionnante qu'elle pouvait se montrer terriblement ennuyante.

En arrivant sur la grand' place, où les commerçants se bousculaient, Wayllander décida qu'il avait bien mérité une petite pause. Il fit signe à ses deux gardes du corps de l'attendre et se dirigea vers un marchand d'armes qui avait l'air assez correct. À vrai dire, cela faisait un moment qu'il souhaitait s'acheter un poignard. Son épée, qui ne quittait jamais sa taille, se montrait parfois bien encombrante, ce qui le poussait à rechercher une lame plus courte et surtout plus.. discrète. Il répondit à la courbette du vendeur par un léger signe de tête, puis se mit à examiner les différentes armes courtes disposées sur l'étal. C'est au moment où il allait demander les prix des lames qu'il entendit un homme crier.


- Flandre, à moi !

Immédiatement, le procureur rappela ses hommes et écarta la foule en se dirigeant vers la voix qui lui était familière. Les battements de son cœur s'accélérèrent brutalement lorsqu'il reconnu Selee, un corps inerte dans les bras. L'artésien n'était pas du genre à ramasser des mendiants dans la rue, et les vêtements recouverts de sang du corps confirmaient qu'il s'était passé quelque chose de très grave. En approchant, le dunkerquois eut un terrible choc en reconnaissant la victime. Sa soeur. La stupeur l'immobilisa sur place, et tétanisé, il laissa tomber tous ses parchemins au sol. Elle était dans un état.. on aurait dit que toute une cavalerie lui était passée dessus. Ses vêtements n'étaient plus que des loques, il y avait du sang partout. Il regarda Selee, et se précipita auprès de lui et Rosa, terrifié en imaginant déjà le pire.

- Dites moi que je rêve.. Par les couilles d'Aristote, que s'est-il passé ?!

Il tâta le cou de sa soeur et soupira de soulagement en constatant qu'elle était encore en vie. Mais pour combien de temps ? Il essaya de garder son sang-froid et réfléchit en vitesse. Que faire ? La ramener au Palais comtal ? Non, l'hospice Sainte Illinda, c'était là qu'il fallait l'emmener. Ils sauraient sans doute quoi faire.
Il attrapa Selee par le coude pour le guider et se mit à courir en direction de l'hospice, derrière ses gardes qui s'époumonaient pour faire dégager le passage. Bien heureusement, Bruges n'était pas une très grande ville et en quelques minutes ils furent arrivés. Il entra précipitamment dans le bâtiment, après s'être assuré que l'artésien l'avait bien suivi avec Rosa.


- Infirmiers ! La comtesse a besoin de soins ! Vite !

Alertés par l'ordre soudain, plusieurs hommes se précipitèrent vers eux, tout aussi choqués que Wayllander en voyant dans quel état était sa soeur. Ils l'allongèrent immédiatement sur une paillasse, un médecin prenant les choses en main, en faisant apporter eau, serviettes et bandages. Le procureur s'agenouilla à côté d'elle, en lui nettoyant le visage avec un linge, pendant que le médicastre examinait d'un œil expérimenté les blessures.

- Rosa, tu m'entends ?

La situation lui rappela sa propre convalescence il y a quelques semaines suite au coup de sabot qu'il avait reçu sur la crâne, durant laquelle Rosa s'était occupée de lui. Il fit une prière intérieurement pour supplier le Très-Haut de la garder en vie. Qu'avaient-ils donc fait pour mériter une telle chose.. le sort semblait s'abattre sur la famille Leffe et surtout sur sa pauvre soeur ces derniers temps. Elle avait perdu son mari, et maintenant il semblait bien impossible que son enfant à naitre ait survécu.
Rosa
Le trou noir l'aspirait, la mort réclamait son dû rageant de voir sa proie lui échapper lorsqu'elle s'aperçut qu'on s'occupait de son festin. Mais que venait ficher ce blond artésien pour lui voler ce qui lui appartenait de droit? Rendue encore affamée par le festin des deux vies qu'elle avait déjà pris in utero, elle avait une soif intense d'un plus grand banquet. Inaudible, la Mort grogna derrière ses dents déjà suintantes de sang.

Inconsciente elle l'était lorsque Selee la prit dans ses bras, loin de toute la douleur qui envahissait son corps en miettes, son esprit pouvant à peine saisir la voix emplie d'inquiétude de l'artésien qui habituellement amusait - ou énervait la galerie - au choix.

Soulevée, ballottée, des cris, des hurlements, des clameurs des "Mon Dieu, qui est-ce?", "Ben, mon vieux l'est arrangée celle-là, lui ont refait le portrait", ou "Té, la bonne Comtesse, l'aura cherchée à traîner tout' seule" , "C'est la vie ma pov Lucette" ou des "Pov chtiote". D'autres cris, son frère, reballottage vers l'Hospice Sainte-Illinda qu'elle-même dirigeait. Au moins serait-elle bien prise en charge, demandant le meilleur des médecins qu'elle formait.

Le visage tuméfié, prenant de vilaines couleurs bleues, noires, vertes, la lèvre fendue, la beauté de la Blondissime en avait prit un sacré coup. Son égo mettrait un temps à s'en remettre. Wayllander la nettoyait délicatement du mélange de sang et de salive que le fou avait étalé un peu plus tôt. Elle entrouvrit légèrement les yeux, l'immense douleur l'envahit, lancinante, la déchirant en deux et grimaça. Sa vision encore floue, elle distinguait à peine son frère, le médecin et Selee qui suivait les choses de près. Elle essaya de prononcer leur nom, en vain. Son esprit replongea dans des torpeurs salvatrices lorsque le médecin penchée sur elle tâtait ses blessures, lui infligeant des douleurs insupportables.

La Mort rôdait encore mais déjà s'intéressait à d'autres proies. Après tout il y en avait plein l'Hospice des malades, blessés, mourants, elle aurait certainement de quoi grignoter cette nuit...

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--Thymus
On l'avait appelé pour une urgence absolue. Le médecin grommelait, il n'aimait guère être interrompu. Un comble pour un médecin mais on est pas parfait voyez-vous.

Enfin il arriva rapidement et ne pouvant masquer une grimace face à l'état de celle aux côtés de qui il travaillait à l'Hospice, il prit rapidement les choses en main. Pendant qu'il l'examinait, le frère tentait de la ranimer, elle sortit quelques instants de sa torpeur avant d'y replonger aussi sec.

Il l'auscultait rapidement, elle ne semblait pas avoir de fracture quoique le visage soit en piteux état mais rien d'alarmant à priori. Son souci était une éventuelle hémorragie interne et là où il grimaça franchement fut à l'état du bas de sa robe imbibé de sang.

Il fallait absolument voir, mais pas sous les yeux des personnes présentes, pudeur oblige.


Allons messires, laissez-nous un instant, il faut que j'examine en profondeur la Comtesse, attendez-moi dans la salle à côté, je reviens au plus vite vous donner des nouvelles.


Une fois les deux hommes ainsi que l'entourage parti, il se concentra sur celle qui était devenue une patiente comme les autres et tâta chaque partie consciencieusement, avant de poser un drap propre sur ses jambes, retrousser les jupes souillées et de regarder. Son ventre semblait avoir été réduit en bouillie. La jeune femme faisait manifestement une fausse-couche, il attendit, en l'y aidant que la nature fasse son travail d'expulsion pour sortir un, puis deux enfançons tout minuscules encore, une quinzaine de centimètres chacun. Un garçon et une fille. Il chargea une infirmière de se débarrasser de tout cela, et une autre de s'occuper de nettoyer la patiente et de la recouvrir d'une chainse propre.

Il rejoignit Wayllander qui attendait et donna des nouvelles comme promis. Son front était barré d'un air soucieux mais pas affolé.


La Comtesse est dans un sale état mais avec un peu de chance elle y survivra. Tout dépendra si l'hémorragie cessera ou pas. Dans ce genre d'histoire on ne sait jamais trop prévoir.

Les femmes mourant en couches étaient légion, pour lui ce n'était guère une grosse affaire sauf que là il s'agissait tout de même de sa patronne.

Une fois stabilisée, elle a besoin de repos, pouvez-vous la faire amener chez elle? Quelqu'un pourra la soigner? Elle sera sûrement mieux qu'ici.

C'est pas que l'Hospice soit sale, Rosa y veillait mais on était loin du confort auquel elle était habituée.

Il lui faudra du laudanum pour les douleurs, des onguents, de la patience.. et du courage. Elle a perdu ses enfançons. Quel fou a pu commettre un méfait aussi horrible? Et qu'elle se fasse garder à l'avenir bon sang!

Lui, les enfançons il s'en fichait passablement après tout...ce n'était guère son truc, sauf pour les mettre au monde. Mais qu'on s'attaque ainsi à une personne avec autant d'acharnement, c'était terrifiant.
Selee
L'attente ne fut pas longue avant que Selee fut abordé par un homme lui offrant son aide. Cependant... Cela paru une éternité à l'artésien qui ne connaissait pas ce pays et ou chercher de l'aide. Le procureur lui demanda naturellement ce qu'il c'était passé et Selee n'eu pour seul réponse un regard perdu terrifié et implorant de l'aide. Selee qui n'était pas homme à se laisser mener par autrui se laissant en l'instant totalement guider par le frère de la Comtesse. Il passait rapidement de rue en rue, le chemin étant libéré par la garde qui balayait la masse de "bouseux" obstruant cette course contre la montre. Enfin ! Ils arrivèrent à l'hospice et furent rapidement prisent en charge par des personnes qui semblaient être compétentes.

Mais bougez-vous, bougez-vous bon dieu !!!

Pesta Sébastien qui trouvait encore trop lent l'action du médecin et de ses acolytes. Il fut ensuite choqué de l'obligation de sortir ! Non mais dis, on lui donnait l'ordre d'abandonner sa belle en telle situation... mais croisant du coin de l’œil une croix... se ravisa et obéit prestement au docteur et alla prier en dehors de la pièce ou la vie de Rosa était en jeu. Il resta là un long moment sans mot dire. Son esprit était entièrement concentré sur la prière, implorant le Très-Haut de venir en aide à SA Rosa comme il l'appelait ce malandrin. Puis, sa pensée s'orienta vers les questions à Dieu... la cause... le COUPABLE !!! Son regard s'ouvrit sec ! Ses yeux, sa mâchoire, son nez... Tout son visage se ferma et devin noir. Un démon aurait pu prendre peur devant une telle colère faciale. Il se releva en hâte et se tourna vers Wayllander. Il agrippa le frère et le secoua vivement :

Le Coupable ! Qui est-il ? QUI EST-IL !!!???!!!

Il se rendit compte de l'absurdité de sa question... Il continua alors en lui disant :

Il faut trouver cette raclure. Je vais tuer cette vermine du plus grand mal que le grand mal lui-même !
Où sont tes hommes ? Il faut sur le champ partir à la recherche du frouze coupable de cela !


Il relâcha le frère de Rosa, se rendant compte de ce qu'il faisait et tapota son épaule, tremblant de rage... Il avait la voix perturbée mais non moins déterminée. Tout du contraire. Il savait ce qu'il devait être fait et il ne s’arrêterait pas avant d'avoir retrouvé celui qui serait bientôt touché par une vengeance divine !
Selee fut coupé par le retour du médecin qui venait de fait son ouvrage. Il prit connaissance des affligeantes nouvelles... Cela dépassait son entendement, il ne comprenait pas ce qui arrivait. Dieu lui avait fait comprendre pour qu'elle femme il devait se dévouer. Puis, il apprit qu'elle était mariée et donc non disponible mais ne perdait pas espoir de voir le gaillard mourir de gré ou de force... puis de séduire la bella ! Oui, l'artésien ne lâchait rien et ne perdait jamais espoir. Mais à cela s'ajoutait l'agression de cette femme... une agression qui pourrait lui être fatale et qui pour sur toucherait durement le mentale de la belle. Assurément, il ne pardonnerait pas !


Le temps qu'elle se stabilise, je vais traquer et trouver le démon qui est cause de ce malheur. Puis, je reviendrai et veillerai sur elle. Il faudra cependant avoir un médecin en permanence à disposition pour s'assurer le suivie de son rétablissement !

Wayllander, pourrais-tu charger un de tes hommes de confiance de s'occuper des préparatifs pendant que nous allions à la traque ?


Sébastien resta en suspend sur la question, prêt à partir à la chasse au rat !
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