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[RP] Neuf heures et demi made in Helsingør

Soren
Il y a les aristotéliciens et les réformés. Il y a ceux qui préfèrent le rouge et d'autres qui ne jurent que par le vert. Il y a les maréchaux et il y a les brigands, les conformistes et ceux qui aiment les chemins de travers. Il y a ceux qui préfèrent suivre et ceux qui ne savent que diriger. Il faut de tout pour faire un monde. Si l'on était toujours d'accord sur tout, nul doute que la vie serait bien ennuyeuse, aussi stimulante que celle d'un végétal. En ce qui me concerne, il ne faut pas s'attendre à ce que je fasse quelque chose pour la seule raison que ceux qui m'ont précédé le font ainsi...mais ne croyez pas non plus qu'il me faille toujours tout faire différent des autres par simple plaisir de me démarquer. Tenez! Badinons un peu si vous le voulez. Imaginons une nuit de noces par exemple. Comment croyez-vous que j'ai vécu ma nuit de noces? Pour ceux qui se posent la question, je ne l'ai vécu ni avec une aristotélicienne, ni avec une réformée. Elle, elle préfère le druidisme. Je portais un pantalon rouge et il y avait des liserets verts sur sa robe. Je suis un ex-maréchal et elle une ex-brigande. Elle sait être conformiste quand il le faut, je marche à côté du sentier au besoin. Elle dirige mais j'aime la suivre, surtout en voyage. Intérêt purement masculin ici. Si vous êtes une femme, vous ne pouvez comprendre. D'habitude, les jeunes mariés ont hâte de se retrouver dans les bras l'un de l'autre, de s'adonner pleinement aux plaisirs de la chair sans aucune retenue. D'habitude... Voilà un mot qui me motive à aller voir ailleurs. Alors, cette nuit de noces...

Imaginez une pièce sombre éclairée seulement par quatre chandelles posées en carré sur le sol. Les rideaux sont tirés. Ils ne laissent entrer ni les reflets de la lune, ni le regard des curieux avides de s'adonner à un voyeurisme nauséabond. Les couvertures du lit n'ont pas été défaites. Les draps sont impeccables pliés. Le travail de la femme de chambre n'a pas été saccagé par des élans passionnés. Je suis assis dans un fauteuil de taffetas rouge, le pied dextre appuyé sur le genou la cuisse senestre. Un godet de Uisge Beatha à la main que je fais lentement tourner entre mes doigts, je l'observe sans mot dire: elle, celle que je viens à peine d'épouser. Pendant que je vais préparer un plateau des délices en bas, je lui demande de se déshabiller et de passer cette robe de nuit dont elle m'a déjà parlé et qui, selon ses dires, est plus affriolante encore que celle qu'elle portait le soir où elle est venue me retrouver en taverne alors qu'elle n'avait pas sommeil. Lorsque je suis revenu dans la chambre nuptiale, elle a pris place dans un fauteuil identique au mien. Elle respire le désir. Elle est une véritable ode à l'indécence. Il me faut rassembler toute ma volonté pour ne pas répondre à ses provocations et satisfaire mon instinct bestial de mâle. Pourtant ce n'est pas l'envie qui me manque. Je prends tout mon temps, déposant mon plateau recouvert d'un linge ocre près de mon fauteuil et m'approche d'elle en soutenant son regard dans lequel scintillent des perles de désir. Je ne dis rien. Mes yeux parlent pour moi, effleurant chaque courbe de son anatomie, chaque creux, chaque vallon qui se dessinaient sous cette robe à l'odeur de soufre. Dans mes mains, mes doigts s'entortillent dans des foulards de lin écrus. Ses jambes croisées mettent en valeur ses pieds nus dont l'une des chevilles est rehaussée de deux fins bracelets, l'un orné de perles noires et l'autre de rubis...Le noir et le rouge. Un signe du destin sans doute.


- Si tu as rêvé ta nuit de noces auparavant, oublie. Ce soir, je te mets au défi.

Un premier foulard vient s'enrouler autour de son poignet, le liant ainsi à l'accoudoir du fauteuil.

- Le but? Exacerber les envies de l'autre, le rendre totalement fou de désir jusqu'à lui faire perdre le contrôle...

Le claquement des bottes rompt le silence des lieux. Contournant le fauteuil sans la perdre un instant des yeux, mon regard avide caresse cette nuque qui se dévoile à peine sous la cascade de cheveux bruns.

- ...Et cela, sans jamais le toucher, sans lui prodiguer la moindre caresse, le moindre effleurement...

...Ce que d'ailleurs, je ne me prive pas de faire lorsque son poignet senestre vient à son tour de perdre sa liberté. Le tissu crisse contre le bois. Un noeud. Un deuxième. Il me reste une barrure en mains quand je passe dans son dos, me penchant vers elle à la hauteur de son esgourde. Le souffle de mes paroles murmurées s'enroule sur lui-même pour venir former un rouleau qui parcourt les vallons de son corps de son cou jusqu'à la source de son décolleté.

- Et lui est...pour tes yeux. Privée de mouvement, privée du toucher...du goût...

Au fur et à mesure que s'égrènent les mots, sa liberté s'étiole. Son regard, si dangereux pour moi vient d'être rendu inoffensif. Le prédateur tourne autour de sa proie, chacun de ses pas se répercutant en un faible écho dans cette chambre des "Cavaliers Illuminés" de Bergerac. Mais quand on chasse, on sait tous que proie et prédateur sont des rôles qui peuvent aisément s'interchanger.

- ...de la vue. Il ne te reste que l'odorat et surtout l'ouïe. Voilà mes armes... et les tiennes également. Demande-moi de te délivrer...et tu perds! Si je viens prendre possession de ton corps...d'une façon ou d'une autre...je perds! Les règles sont simples non?

Il ne me reste plus qu'à prendre place dans le fauteuil en face d'elle. Je suis libre de mes mouvements et mes yeux peuvent sans aucune gêne effleurer la moindre partie de son corps que cette robe vient mettre impudiquement en valeur. Oui, je sais: c'est un jeu un handicap et je me suis auto-considéré comme le favori. Tout est en place désormais pour notre nuit de noces.

- Ah! J'oubliais: interdit de te mordre sensuellement les lèvres... Avoue que cela aurait été dommage que je perde dès les premiers instants. Et maintenant, que le jeu commence!

...Un jeu qui en vaut les chandelles non? ...Les quatre que j'ai disposé au sol. Vous vous demandiez si elle est conformiste? Si elle aime appliquer les règles? Les suivre?Attendez de voir ce qui s'est passé par la suite.
_________________
Charlyelle
“On peut en savoir plus sur quelqu'un en une heure de jeu qu'en une année de conversation.”
- Platon -

Voilà. C'est fait.

Et pourtant rien n'est vraiment différent. Rien n'a changé. Et je ne crois pas encore avoir réalisé que je me suis mariée. Mercenaire au fond de l'âme, héritière princière dans les Balkans, éprise de liberté, voilà que j'ai uni ma vie, mon âme, mon coeur, ma destinée, mes mains au pire ennemi que je pouvais me trouver. Un Danois. Un de ces descendants de barbares blonds, au caractère aussi rustre qu'imprévisible.

Je l'ai fait pour plusieurs raisons. Pour faire enrager mon père au-delà du possible et contre-carrer tous les projets qu'il a à mon encontre. Parce que Judas Gabryel m'a dit qu'il me souhaitait de ne jamais me marier. Parce que j'ai l'esprit de contradiction. Parce que ce Danois a le don de faire fondre l'iceberg que je me suis forgé à cause d'un autre homme de la même race que la sienne. Parce qu'avec Søren McFadyen Eriksen, le mariage prend une toute autre dimension. Parce que rien n'est jamais éternel et que la quête de l'éternité, c'est une oeuvre de chaque jour.
Et puis parce que cet homme est différent. Ne me demandez pas pourquoi. C'est quelque chose d'établi en moi, de presque définitif, d'inexorable. Je pourrai vous citer tout ce qui me plait en lui. Même ce que personne d'autre que moi ne serait capable de voir chez lui. Je pourrai parler des effets que produisent sa présence sur moi, mes tripes qui se retournent quand je l'aperçois, mon coeur qui tambourine quand sa main se pose sur moi, de ma gorge qui s'assèche quand il n'est qu'à quelques centimètres de mon visage et qu'il me regarde comme lui seul sait le faire.
Voilà les symptômes. Voilà une partie de ce pour quoi j'ai dit Oui.

L'air me parait rempli et embaumé d'une senteur de fleurs et de bois pénétrante qui m'étourdit un peu sans doute parce que je me retrouve avec une partie de ma liberté habituelle altérée.
J'aurai pu simplement glisser autour de moi une peau de bête, mais c'est d'une soierie légère que je me suis parée. Dans des teintes bleu nuit.

Une interdiction qui surgit dans le jeu dont il a établi lui-même les règles. Et il y a des moments où je pense que les règles sont faites pour être transgressées. Et je suis sûre qu'il a une singulière manière d'échauffer l'imagination, d'exciter tous mes nerfs, de faire battre mon pouls toujours plus fort.

Là, un sourire me monte aux lèvres, et mes emperlées de lune ont beau être voilées ce soir, sous le bandeau, il est indéniable que mes yeux sont rieurs. Et je m'humecte délicatement les lèvres.


" - Tu me mets au défi ... Tu m'as simplement défendu de me les mordre. J'obéis. A ma façon.
Dis moi Danois. Un an et un jour, cela sera t'il suffisant pour nous afin de nous conquérir chaque jour, nous convaincre que nous pouvons nous entendre l'un, l'autre, alors même que nous vivons désormais en tant que mari et femme ? Mais tu as un avantage Seurn. Tu es un homme rare et ton semblable n'existe pas. "


Non cette nuit de noce n'a rien de commune ou de ce que l'on s'attend à en vivre. Je l'ai voulu ainsi. Je n'oublie pas non plus ces paroles qu'un certain Seigneur dont je me refuse désormais à évoquer le nom devant Seurn, a prononcées en parlant de me rendre hommage la nuit de mon propre mariage.
C'est une nuit de noce qui se décline en une aire de jeu. Mais connaissant l'homme que je viens d'épouser, je ne doute nullement des délices que cette nuit va nous apporter. C'est un jeu malicieux que nous avons décidé de jouer.

Et d'emblée. Je viens de tricher. Et je vais me livrer sans aucunes conditions ni restriction à la rigueur ou à la clémence de sa volonté. A moins que ce ne soit de la mienne.
Mes poignets liés restent immobiles alors que je me penche légèrement en avant de lui
.

" - Cela te fait quel effet Seurn d'avoir le sentiment de me soumettre à ta propre volonté ? De me plier à des handicaps dès le début du jeu alors que toi, tu n'en as pour l'instant, aucuns ?"
Soren
      « Heureux au jeu, heureux en amour »
              Søren MacFadyen Eriksen


Parfait. Il n'y a pas d'autres mots. Le ton est donné pour cette soirée et il va totalement dans le sens que j'escomptais. Ses répliques fusent et elles touchent la cible. Il n'empêche ma chère épouse que le coup des lèvres qui s'humectent, je l'ai anticipé. Je dirais même que je l'attendais. Sais-tu pourquoi j'ai insisté pour t'interdire de te mordiller les lèvres? Justement pour voir tes lèvres s'humidifier. Je voulais que tu prennes ces interdits comme des petits cailloux qui balisent le chemin que je désire te voir emprunter et c'est exactement ce que tu as fait.

- Tu sais, j'ai toujours trouvé très sensuelle cette façon que tu as d'attirer mon attention sur tes lèvres. Je le prends comme un véritable appel à les happer, les couvrir de baisers, les forcer à s'entr'ouvrir pour gagner en intensité et en intimité. Joli perche que tu me tends là. Est-ce une invitation à m'emparer d'elles? Vers quel côté ton désir te pousse t-il? Sauvage ou passionné? Gourmand ou effleuré? Hum...Dis-moi donc ce qui peuple ton imagination en cet instant?

Un baiser...Tout commence souvent par là...ou par une main qui s'égare sur des routes de travers. Semer en elle les graines du désir par quelques mots bien placés. Les arroser pour garder l'endroit humide et les faire germer pour qu'à la fin de l'envoi...je touche! Spécialité très bergeracoise ça!

- Durant cette année Charlyelle, je compte bien t'emmener hors des sentiers battus. Tu y découvriras les facettes les plus sombres de ma personnalité. Tu te noieras dans mon océan de souffrances et je t'enivrerai de mes grains de folie. Chaque jour je fouillerai ton âme en toute impunité! Je l'effeuillerai petit à petit et je finirais par la mettre à nue! Dans un an, Dans deux ans, dans dix ans. Peu importe le délai tant qu'il y a un chemin devant nous. Je te prendrais tout et te donnerai plus encore. Je me rendrais addictif pour toi. Par mes mots, par mes gestes, par mes pensées que tu sais si bien décrypter. Dans un an, j'espère bien qu'il me suffira d'un geste, un haussement de sourcil ou un pli qui se forme à la commissure des lèvres pour que nous partagions nos envies.

Ce fauteuil commence à devenir inconfortable. Il me faut sans cesse décroiser les jambes, me redresser pour trouver une position plus adéquate à la situation actuelle. Un drôle de parfum flotte dans l'air. Les connivences s'installent, les esprits se rapprochent, les imaginaires se mettent au travail. Malgré le bandeau sur les yeux, je suis sur qu'elle ne perd pas une miette de mes mouvements, aussi imperceptibles soient-ils. Quand l'homme perd un sens, les autres s'aiguisent. Elle doit avoir l'ouïe aux aguets, le moindre son doit alimenter ses fantasmes et au sujet des sons, ce n'est pas cela qui va manquer un peu plus tard.

Me suis-je attendu à ce qu'elle reste sur la défensive? Pas vraiment. C'est une ancienne mercenaire. La passivité n'est pas pour elle...sauf peut-être quand elle peut lui rapporter. Ici, les règles que j'ai imposées empêchent toute passivité. Si l'un des deux n'agit pas, ce sont les deux qui y perdent. Je sais déjà comment tout cela finira mais plus nous nous serons pris au jeu et plus le désir sera haut lorsque l'un de nous cédera. Dans de telles circonstances, peut-il encore y avoir un vainqueur et un perdant? Quand elle se penche ainsi vers l'avant, sommes-nous plus près du..dénouement? Dénouement...Des cheveux qui se délient, qui retombent sur des épaules dénudées...Ahem...Où en étais-je moi?


- Le sentiment de te soumettre à ma volonté Charlyelle? Hum...Ce n'est pas qu'un sentiment ma chère épouse, c'est une réalité! Quand à l'effet que cela me procure sache qu'à ce sujet je ne regrette pas de t'avoir...

Le ton. Tout est dans le ton. Si je veux attiser son désir, il me faut employer les mots justes, faire naître en elle les pensées les plus impudiques oui...et pour cela le ton de voix doit être soigneusement travaillé.

- ....bandé les yeux. A la tienne Charlyelle Ileana MacAlayg!

Un léger clapotis se fait entendre, celui du liquide ambré que je continue de faire rouler dans mon godet.

- L'entends-tu ce bruit Charlyelle? C'est celui de ta liqueur. Je veux dire l'alcool que tu distilles. Je nous en ai monté une bouteille...pour plus tard. Sais-tu comment j'envisage de la déguster? Je ferais couler un mince filet à partir de ton cou. Celui-ci s'écoulera en suivant les courbes de ton corps. Des... lacs... se formeront dans chaque creux de ta peau. Des lacs que mes lèvres et ma labiale viendront assécher en parcourant le même chemin que cette liqueur. Sans aucune presse... Comme l'on savoure un bon vin de Bergerac...Lapée après lapée. Du bout des lèvres. Mais avant...

...Avant, laisser flotter son imaginaire quelque part entre ciel et mer...

-Imagine les grincements de la coque d'un navire qui tangue légèrement sous l'effet d'une brise d'été. Le pont est baigné par les rayons ardents du soleil. Là-haut, il fait une chaleur infernale. La cale, elle, est plus fraiche. Des gouttes de sueur parcourent néanmoins ton corps un peu comme cette liqueur dont nous parlions à l'instant. Au bruit du bateau s'ajoutent ceux, métalliques cette fois, des chaines qui entravent tes poignets. Prisonnière, tu l'es incontestablement. La sueur fait coller tes vêtements à ta peau, les rendant inconfortables...mais bien moins inconfortables que le fait d'être la captive d'un capitaine de navire danois! Tu sais, ce peuple que tu hais tant? Une lame fraiche contraste avec la chaleur ambiante. Le plat de celle-ci coulisse le long de ton cou, raclant au passage l'écume qui parsème ta peau. Contraste du froid et du chaud. Attrait du danger... La lame vient de couper le tissu de ta robe à la hauteur de tes épaules et ensuite, c'est aux lacets près de ton buste qu'elle s'attaque...
_________________
Charlyelle
Les fruits sauvages de la passion...

Il semble exulter le Danois que je viens d'épouser. Je le sais extrêmement tactile. Et il aime que nous passions le plus de temps possible tous les deux, enfermés dans nos appartements ou bien ailleurs.
Là, il me caresse et il s'occupe de moi. Aussi bien sur le plan physique, qu'émotionnel. Il s'intéresse beaucoup à ce que je pense et à ce que je ressens. Et tous les soirs, il me pose des questions détaillées sur les activités de ma journée, si par malheur, nous nous sommes retrouvés séparés. Ce qui arrive fréquemment au vu de nos tâches et envies respectives.
Si quelque chose me tracasse ? Il s'en occupe personnellement. Et sans attendre. Il tente de résoudre tous les problèmes susceptibles de m'inquiéter. Même si je sais qu'il n'y parviendra pas toujours.
Pourtant. C'est une des qualités que j'apprécie le plus chez lui. Il est attentif au moindre détail. Me prouvant par là, jour après jour, que mon bien-être compte plus que tout au monde pour lui.
Je crois bien que de toute ma jeune existence, je ne me suis jamais sentie si choyée, ni aimée. Mais moi je montre peu mes sentiments. Il faut souvent aller creuser loin pour qu'enfin je me confie ou laisse paraitre ce que je peux soigneusement cacher. Je suis toujours sur le qui-vive. Et d'autant plus avec Lui, parce que j'ai de sérieuses raisons de l'être.

Je le suis en ce moment. Un jour il m'a dit qu'il voulait tout. C'est un Danois. Il est comme tout homme du Nord. Il aime contrôler. Quoique j'en connais d'autres, non Nordiques, qui l'aime tout autant, ce sentiment de puissance que leur renvoie un contrôle total. Il est à la fois unique et multiple.

Le calme nous enveloppe. Troublé seulement par le sifflement du vent et l'appel lointain d'un oiseau de nuit, au-dehors.

Mon mari fraîchement épousé est un homme fougueux et tumultueux. Et il ne s'arrêtera pas tant qu'il n'aura pas fait tomber une à une, toutes mes barrières. Tant qu'il n'aura pas fait fondre jusqu'à la dernière parcelle de goutte d'eau, cet Iceberg que je suis devenu.
En ce moment précis pourtant, je ne m'intéressais pas à ses paroles, ni même à sa détermination. Ce qui accaparait l'essentiel de mon attention, c'était les sensations qu'il faisait naître en moi. Je me sentais réceptive, comme si j'avais pleinement conscience d'être en train de vivre un moment que j'attendais depuis toujours. Je le sentais face à moi, en mâle dominant et protecteur en train d'asseoir son territoire et sa propriété.

Je lui faisais confiance. Et plus que cela. Je l'avais voulu Lui. Je n'avais pas l'intention de m'opposer à ce qu'il allait faire, quoi que ce soit. Je voulais découvrir ce dont il était capable. Et d'un air de défi, parce que je voulais lui montrer que c'était moi autant que lui qui était à l'initiative de ce petit jeu de nuit de noce, je me penche de nouveau vers le son de sa voix et surtout, de ce distinct et caractéristique bruit pour moi la distilleuse d'eau de feu, de liquide jouant dans un hanap.


" - Mon beau, audacieux et provocant Danois. Sauvagesse et effleurement cela te parle ? Raconte moi quels mots tu utilises pour me décrire lorsque tu penses à moi. Dis me le...Et..J'ai soif. C'est malpoli de boire seul."

Le premier round venait d'être lancé.
Soren
Quand je vois la manière provocante avec laquelle elle joue dans ses différentes postures, mes doutes se dissipent peu à peu: dans ce petit jeu à handicap dans lequel nous évoluons ce soir, celui qui une distance supplémentaire à franchir n'est pas celui dont les mains sont attachées, dont la vision est obscurcie. Celui qui doit assimiler une difficulté supplémentaire, c'est moi! Parce que, quoi qu'on en dise, les images que perçoivent mes yeux ne me laissent insensibles. C'est certes agréable, mais l'objectif ici n'est-il pas de garder le contrôle de mes émotions? Le moindre mouvement de son buste, la moindre hésitation de ses jambes, le mouvement de ses lèvres à chaque mot qu'elle prononce sont comme des feuillets qui s'empilent les uns sur les autres pour former finalement un livre mais ici, l'ouvrage qui en résultera n'est guère de ceux que l'on met...entre toutes les mains.

- Sauvagesse et effleurement? Heureux mélange quand il est dosé avec soins...

De sa place, des froissements de tissus doivent se faire entendre...Le bruit de vêtements qui volent au travers de la pièce, accompagné quelques instants plus tard d'un déplacement de l'air ambiant lorsque celui vient s'échouer sur un tabouret non loin d'elle? Elle parlait d'effleurement? N'est-ce pas là une façon de délivrer caresses et voluptés sur sa peau sans la toucher afin de respecter nos règles du jeu? Pour aller là où nous mènent ces activités sensuelles, mieux vaut prendre ses aises, se libérer de quelques entraves superflus, entr'ouvrir la chemise pour ne pas bloquer la respiration. Adieu col, surcot et autre parements. Ne reste sur moi que l'essentiel pour garder ma dignité et surtout exacerber ses sens quand viendra le temps à elle aussi de subir le handicap de la vue. Suggérer est bien plus excitant que de se découvrir trop rapidement.

Ainsi donc, elle a décidé de ne pas rester sur la défensive. Elle n'enchérit pas sur ma propre mise. Au contraire, elle détourne la conversation et porte le champ de bataille en terrain connu. Elle veut m'affronter là où elle l'a décidé. Tu te débats Charlyelle. Tu essaies de t'esquiver de mes griffes. Tu feins et tu relances le duel en un autre endroit n'est-ce pas? C'est ça ta tactique pour me vaincre ce soir? Je reconnais que c'est habile. Après tout, lorsque l'on met un siège devant une place forte, si les murailles finissent par s'effondrer, ce n'est pas simplement le dernier roc lancé contre eux qui doit s'attirer tous les honneurs. Tu cherches à fragiliser ma force de caractère pour me faire basculer totalement dans le monde des désirs. Peut-être y arriveras-tu? Oui, peut-être... si tu ne cèdes pas avant car à force d'envoyer ses troupes au combat pour pratiquer cette tactique de harcèlement, on en vient à oublier que l'on est soi-même vulnérables aux attaques ennemies.

Malpoli de boire seul? Vraiment? Tu as soif Charlyelle? Ou est-ce la façon que j'envisage de déguster ton Uisge Beatha qui te fait envie? Est-ce un guet-apens que tu me tends? Que je craque et le goûte à même ta peau? Entends-tu ce bruit de liquide qui se déverse de la bouteille? Il est pour toi ce godet que je remplis. Son jumeau finira sur ta peau puis dans ma bouche oui...Mais pas avant que tu aies rendu les armes. Le fauteuil grince quand je me lève, la liqueur à la main. Je me plante devant elle et la toise de haut, de la tête...aux pieds. Seule le sourcil frémit même si en cet instant, je te trouve encore plus désirable Charlyelle Ileana MacAlayg. Tu veux savoir ce qui passe à l'instant même dans ma tête? Le fait que je dois être fou. Oui fou! Fou de ne pas abuser de cette situation, de me laisser torturer comme je le fais, bridé par des règles que je nous ai nous-même imposé, sans aucune contrainte extérieure. Fou de ne pas te faire partager ces rocs d'envie que tu envoies contre ces murailles artificielles que j'ai dressé entre nous. Fou de ne pas se laisser aller à ces débordements charnels qui doivent submerger ton esprit autant que le mien. Tu es là, à ma portée. Tu me tentes et moi tout ce que je fais, c'est porter cette liqueur à tes lèvres.


- La sens-tu cette odeur significative ou à forcer de la distiller, t'est-elle devenue totalement étrangère? C'est malpoli d'attiser ainsi le désir de son époux le soir de ses nuits de noces mais puisque ta...gorge est sèche... je consens à ton envie sans toutefois déroger à nos règles. Tiens! Entr'ouvre tes lèvres et laisse les effluves de cette boisson atteindre ton esprit, l'ouvrir comme une fleur, le rendre réceptif à chacun de mes mots, à chacun de mes gestes comme l'auraient fait tes yeux s'ils avaient recouvrés leur liberté.

Le godet est porté à ses lèvres...

- Penche la tête vers l'arrière comme tu le ferais si mes mains et ma bouche parcouraient chaque pli de ton corps...

La liqueur se déverse...

- ...Tu sais, lorsque la raison bat en retraite sous les assauts du charnel? ...

Une goutte de liquide vient poindre à la commissure de ses lèvres, s'échappant en direction de son menton...

- ...Et que nous nous laissons aller sans aucune retenue à toutes nos envies même les plus indécentes? Dommage...Je suis maladroit: il y a une goutte qui s'est déversé en dehors de tes lèvres. Je t'en aurais bien débarrassé...mais nos règles, en ce début de nuit, nous l'interdisent.

Ah oui...N'avait-elle pas posé une question? Le contenant vide est posé à même le sol. Mon regard se pose involontairement sur ses pieds, ses chevilles, ses jambes qui disparaissent sous cette longue robe. Je me mets tout seul en situation de danger. Je devrais mieux couvrir mes flancs, sans cela, la défaite s'approchera à grands pas...même si je sais qu'elle n'aura pas un gout amer en bouche.

- Ta question est bien trop imprécise ma chère épouse. De un, je n'utilise pas de mots pour te décrire quand je pense à toi. Cela, je le garde pour moi. Mieux que des mots, ce sont des images qui inondent mon esprit. Des images tenaces dont il m'est difficile d'écarter d'un revers de la main tant que je ne t'ai pas croisé. Mais si tu veux que je réponde à ta question, il va falloir que tu précises : quelles images se forment dans mon esprit quand je pense à toi...en tant qu'habitant du comté intéressé par la politique locale? En tant qu'ami? Qu'amoureux? Ou...en tant qu'amant? Tu es une femme aux facettes multiples et mes pensées sont aussi diversifiées que ta personnalité. Et ne me demande pas celles qui surviennent le plus souvent. C'est une nouvelle règle que je décide en cours de jeu. Sois directe si tu veux une réponse...
_________________
Charlyelle
Chercherais tu encore à me provoquer Danois, comme à ton habitude ?Cette voix, ta voix, à la fois chaude, profonde teintée d’un léger accent guttural, pourrait me faire perdre la tête en quelques secondes si tu en usais au creux de mon oreille.




" - Comme si je pouvais avoir oublié la saveur de ma liqueur de vie !"

La dégustation de mon uisge beatha. Le breuvage nourricier de mon clan maternel. Six générations de femmes. Je sentais les vapeurs d'alcool monter jusqu'à mes narines. Une odeur si âpre, qu'elle en coupe presque la respiration. Exactement ce qu'il faut pour une jeune eau de feu d'un an d'âge.
On m'avait enseigné toutes les subtilités de la distillation alors que d'autres apprenaient la broderie.
Je renverse la tête pour laisser le liquide brûlant glisser au fond de ma gorge. Toujours cette sensation de brûlure à vif qui persiste sur ma langue, avant de laisser place à des sensations plus subtiles à l'arrière de mon palais. Ce goût de fumée, de terre, d'alcool, nuancé par une touche plus douce qui atténue le feu du liquide, invitant à y goûter encore.


" - Ce n'est pas dans un verre que l'on boit cette boisson chez moi, mais dans une corne, Danois !"

J'exhale longuement mon souffle, alors que je sens quelque goutte du précieux breuvage qui s'écoulent jusque mon menton et que je fais rouler longuement dans ma bouche la dernière gorgée avant de l'avaler.

Mon coeur lui, battait la chamade. La chaleur de Seurn que je sentais tout prêt de moi, alliée à celle de l'alcool ingurgité, s'insinuait dans mes chairs. Galvanisée par cette sensation, mon imagination s'emballa derechef.


" - Que crois tu qui soit le plus important dans la distillation de mon eau de feu Danois ? C'est la propreté du dispositif qui compte. Tout est régulièrement lavé à la cendre et récuré. C'est la saleté qui gâte l'alcool. S'il faut en croire l'une de mes aïeules qui nous a rapporté des croisades la recette de la distillation des alcools. La propreté est en partie le secret d'une bonne distillation. En partie seulement. A cela, rajoute la sélection de l'orge, jusqu'à la petite touche de miel ajoutée après le broyage. Et plus tu conserves l'uisge beatha, plus les arômes s'arrondissent."

Je souris sous mon bandeau. Voilà que nous partageons un jeu pour notre nuit de noce mais que je trouve le moyen de lui parler distillation. De quoi détourner habilement son esprit...ou pas. C'était si merveilleux de découvrir que même les yeux bandés, j'avais un pouvoir sur lui. Cette sensation capiteuse m'arrache un frisson de volupté et un sourire de satisfaction.

Et mon sourire se fait encore plus malicieux lorsque je lui révèle d'un ton amusé.


" - Il se raconte même de génération en génération au sein de mon clan maternel que mon arrière-arrière grand-père a fait l'amour à mon arrière-arrière grand-mère, sur la grande table de la distillerie ancestrale."

Je me vengeais ainsi légèrement de ce qu'il venait de me dire. Parce que je savais que mes paroles allaient le mettre dans tous ses états.

Ce n'est pas bien de changer les règles en cours de jeu Seurn, mais à ce petit jeu là, fais attention que ce ne soit pas moi la gagnante. Et là, je sais que je viens de marquer un point. Je vais te torturer en insufflant dans ton esprit que nos intimités puissent se mêler dans une apologie de délices partagées.
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