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Il y a un peu moins de dix ans, Flaminia Marionno et Basile de Pelamourgue se sont rencontrés. Et ça n'a pas fait que des chocapic.

[RP Flashback] - French Kiss & chianti font bon ménage ?

Flaminia.m.
Venise, printemps 1453.
Sur le canal, les gondoles glissent avec légèreté, l'onde à peine ébranlée par les rames des maures aguerris par l'exercice, ça ne pue pas encore, ce n'est pas encore l'été, mais ça ne saurait tarder. Et tout est prêt pour la liesse de ce soir, puisque c'est jour de tournois organisés par le doge qui a voulu en mettre plein la vue aux étrangers venus voir la Sérénissime et ses commerces.

Quel plus beau commerce que celui de la chair.. Venise qui deviendra célèbre à travers l'Europe, l'est déjà un peu, et parmi toutes ces fleurs qui étendent leurs corolles colorées pour éblouir les commerçants et condottieres, il y en a une qui a ouvert ses pétales il y a peu et qui pourtant fait déjà parler d'elle à outrance, et à la fenêtre d'une maison, on peut apercevoir une opulente chevelure luisante d'avoir été brossée et enduite d'eau de jasmin.


« Je ne veux pas y aller, la dogaresse me méprise de toute façon, lâche la donzelle en se considérant dans le verre du petit miroir. 
-Tu iras Flaminia. Tu sais très bien que toutes les courtisanes ont été appelées, si tu n'y vas pas, le doge pourrait prendre cela pour une offense et la dogaresse aurait gain de cause. Vois cela comme une aventure, il y aura plein d'hommes, assez pour vous toutes, tu dois penser à cela, le ton de sa mère est docte, sans même une intonation. Elle vend sa fille chaque jour, et sa plus grande préoccupation est bien de savoir qui lui en donnera le plus. De toute façon, je t'ai engagée pour ce soir. Tu iras. »

Et elle ira. Bien sûr qu'elle ira. Pourtant, l'idée même de devoir disputer des clients à des femmes qu'elle considère comme décrépies lui arrache un frémissement.

Le soir venu, le petit pied se pose sur le pavé de la villa du doge, et avec lui, c'est toute la personne de Flaminia Marionno qui suit. Sa mère à ses côtés, elle traverse les groupes de personnes présentes, souriant aux connaissances, esquissant un baiser à ses accoutumés, une moquerie aux rivales. Elle est là parce que sa mère l'a voulu, et sa victoire à elle, est d'avoir imposé son choix vestimentaire. Elle est vestale ce soir, la robe est à la mode de l'époque mais d'un tissu plus léger d'un or pâle et la chevelure a été piquetée de fleurs de jasmin qui s'étalent comme des perles dans l'or roux. Pas de fard, pas d'artifice, elle a pour elle les plus beaux charmes, elle est jeune, cela vaut toutes les pierres et les incarnats. Elle est ce que Venise a de mieux à offrir à ses invités, la beauté assortie d'une jolie répartie.

Et puisque le doge l'a voulu là pour charmer, la voilà qui fait son office. Retenant d'une main ses cheveux, elle s'avance vers une tapisserie présentée pour l'admirer, se sachant admirée à son tour, sans compter sur ..


« Flaminia !, lance un freluquet à la peau grêlée par l'acné. Flaminia, vous êtes ici ! »

Non ! Non, elle voudrait être mille fois ailleurs, qu'à côté de Giacomo Ghisi, celui qu'elle a repoussé après une nuit horrible même si bien payée. Et elle bat en retraite la donzelle, tant et si bien qu'elle recule dans un corridor et manque de tomber à la renverse quand la traîne de sa robe vient se prendre sous son pied et l'obstacle derrière elle.

La main se raccroche à un pourpoint, on entend pas si loin les bruits du Ghisi qui se rapproche. Le malaise est palpable, elle s'est ridiculisée et dans les yeux vairons qui se lèvent vers l' « obstacle » derrière elle, il y a des larmes et de la rage.


« Sauvez-moi. »

Ce n'est pas une supplique, une promesse tout au plus.
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Basile
                      Venise - 1453





L'Italie, Venise. Un court instant qui resterait sûrement un souvenir d'une cuisante intensité et plaisir. Il y avait à ça plusieurs raisons, la première la fortune que le Doge octroyait à ses reîtres français louant leurs épées parmi lequel le Pelamourgue et une bande jeune noble se faisait un devoir sacré pour leur bien, de prendre chaque livre qu'on leur présenterait. Quelques combats de rues, pas de bataille rangée, rien de bien dangereux. C'était un des charmes de cette Italie si chantante de ses hautes cités, on se battait davantage à l'intérieur des cités qu'en dehors. Le deuxième plaisir de cette vie venait des occupations qu'on trouvait dans la Sérénissime. Outre les débits d'alcools, divers combats de chiens et paris, la première et inaltérable occupation de ses hommes d'armes venaient des femmes. En la matière on en comptait bien de trois sortes dans leurs conquêtes : les prostitués des divers bordels, rien de bien flatteur et souvent pris en défaut de trouver mieux. Les filles de bonnes familles au cotillons trop peu serrés pour garder les portes de leur balcon fermé. Enfin, et de loin le plus enviés, les courtisanes, alliant la simplicité d'accès des prostitués et le raffinement des conquêtes nocturnes, le tout par une expérience et pratiques des plaisirs du corps. Néanmoins, le principal problème venait le coût qu'il fallait payer pour en profiter. Aussi bien solde qu'ils pouvaient l'être les quelques nobles français à Venise se devait de trouver d'autres menues moyens de fructifier un petit capital pour le dépenser sans vergogne dans ces instants nocturnes.

    - ‘ Avanti Cesare, il Doge non paziente. ’


L'italien mal calibré dans la bouche occitane, trouvait cependant dans l'origine latine de cette langue guyennaise un semblant d'esthétisme. A ses côtés quelques compères d'armes, ce spadassin Cesare qui formait auprès du Pelamourgue un compagnon dans les combats autant que dans les tripots de toute sorte. Divers nobles français également venait à la suite. Tous finement habillé autant qu'ils le pouvaient, épée paré sur le côté. On venait davantage plaire que se montrer. Conquérir une courtisane pouvait se révéler simple si l'argent suivait, mais en ce monde où ils entraient, ils étaient parmi les moins fortunés, il faudrait plaire autant par son or que par son allure.

    - ‘ Basilio, si nos voir Violetta Spanezeti, yé té tranche oun bras si yé té vois l'approcher. ’


La menace, des plus sérieuse, donné en réponse par le spadassin avait en elle toute sa mesure. Le fait restait que le Pelamourgue avait déjà eut à s'attacher des plaisirs de cette dernière aux dépends de l'italien.

    - ‘ Mà, c'est la donà Flaminia que j'escompte voir ce soir. ’


La proie était choisit, remarqué depuis quelques semaines déjà, le Pelamourgue à l'image de son blason, armait ses griffes pour aller en lion attraper cette douce gazelle. La dévorer ? Seulement dans la plus aimable des façons qu'il pourrait. Restait avant à l'attraper et parvenu au Palais des Doges, à la trouver. Cette affaire aussi difficile qu'on pouvait le croire, prit que quelques instant pour qu'au milieu de la foule, le Guyennais repère la blonde aux yeux vairons. Restait maintenant à trouver un moyen de l'approcher, la convaincre de lui offrir sa présence, et ruiner tout son or amassé par le sang et le fer en quelques instants.

Fruit du hasard ou destin erratique ? Dans cette italie chargé d'histoire c'était à croire que Vénus elle même venait donner d'un coup de coude à la courtisane de quoi la faire choir alors que son prétendant en désir de se faire amant s'approchait. Il lui suffit t'entendre l'appelle en détresse pour que tout ce qu'il avait pensé faire, programmé, imaginé disparaisse et que l'improvisation de son sang latin fasse le reste.


    - ‘ Smettere briccone, o ti spacco te.* ’


Si les mots étaient malhabile en une langue mal maîtrisée, le ton naturel pour cet homme fait pour la guerre eut raison de l'importun. Ses deux mains entourant le corps de la blonde en guise de protection et de soutient. Il avait réussi à l'approcher, se faire nécessaire. Un fin sourire eut à se dessiner naturellement tandis qu'il reportait ses yeux dans ceux de sa conquête. Observant tant l'un, tant l'autre. C'était bien ces yeux là unique par les deux couleurs qui se gravaient au travers d'un faciès parfait, qui avait fait choisir la Marionno et nul autre.

    - ‘ J'irais vous sauver dans les neuf cercle de l'enfer de Dante pour avoir le plaisir de votre compagnie. ’


L'usage du français s'imposait naturellement, délicatement et avec autant de charme qu'il pouvait en user, gardant ses mains le long de la taille de l'italienne, refusant de la quitter un seul instant pour le reste de la nuit.


* Pars coquin, ou je t'estourbis

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Flaminia.m.
Ah la satisfaction de voir le Ghisi s'en aller.. Sans pareille ! Tant pis pour les représailles.

Et la main qui se tenait accrochée au pourpoint, s'étend dans une caresse tandis que le regard s'arrête tout à fait sur l'homme qui vient de lui sauver la mise. Du bout des doigts, elle apprécie le vêtement et constate qu'il n'est pas trop abîmé ou trop vieux.
Aux mots prononcés, la jeune idole répond par un silence tandis que la main glisse avec lenteur vers celle posée sur sa taille, et à cette face qu'il la dévore du regard, elle ose un regard aussi franc. Apanage des courtisanes, semi-liberté que celle de pouvoir se déjouer des hommes si tant est qu'on est assez connue pour se permettre une certaine indépendance d'esprit et de mœurs.

Au creux de la sienne, elle observe la main qu'elle a saisi en silence comme si elle voulait deviner la bonté et la bravoure de son propriétaire dans les traits de la paume avant que de la porter à ses lèvres et de déposer un baiser qui meurt dans un sourire. Et si l'accent vénitien vient teinter les mots français, ils n'en restent pas moins fluides entre ses lèvres qui maîtrisent la langue d'au de-là des Alpes.


« Faute d'enfer, c'est de l'ennui que j'ai été sauvée, cela vaut bien ma compagnie pour la soirée. Si tu sais qui je suis, alors tu sais que ma compagnie pour la nuit n'est pas donnée. Et ma mère est là bas qui s'inquiète de savoir si tu pourras en payer le prix. Tu es bien plus beau que Giacomo, ce serait pitié que nous ne puissions poursuivre notre entretien. »

Sa mère qui est là, à deviser comme si de rien était avec d'autres matrones, et des vieux barbons, en jetant un coup d'oeil toujours à son trésor le plus précieux. Sa mère qui aura bien assez tôt vent de comment Giacomo Ghisi a été chassé de son entourage et qui lui fera payer. Les doigts fins se glissent dans ceux de l'occitan et d'un mouvement de tête, la Marionno envoie valser l'épaisse chevelure et les espérances de sa mère.

« Viens, retournons à la lumière, lâche-t-elle en l'attirant à sa suite avec un sourire, traversant la pièce où les notables vénitiens le disputent aux hôtes étrangers pour attirer les faveurs des femmes publiques que le doge a fait venir. Nulle femme respectable à Venise ne participera à ce genre de festivités, on les cache tant et si bien qu'elles ne sortent presque que pour la messe, laissant leurs maris libres d'aller voir ailleurs pour préserver leur foyer d'un excès de luxure en laissant aux courtisanes le soin de se faire garantes de la vertu des bonnes épouses vénitiennes.  Les français que j'ai rencontré, étaient de parfaits soldats dépourvus de cerveaux, engoncés dans leurs armures et toi, tu me parles de Dante. Qui es-tu ? »

Elle s'ennuie tellement. Entre les vieillards aristocrates au sang par trop incestueux, les puceaux boutonneux et les hommes d'églises imbus d'eux-même, les clients se font de plus en plus rares à Venise. Et un homme au charme inattendu et à la verve intéressante, voilà qui pourrait faire des envieuses parmi les courtisanes, et du coin de l'oeil, elle voit la Spanezeti aux prises avec un italien et qui regarde en leur direction. Si sa mère accepte l'offre du Pelamourgue, alors l'occasion sera trop belle d'officier en profitant pour une fois d'un homme à sa convenance.

Et pendant ce temps, elle offre à un clerc de sa connaissance un sourire qui est la promesse de retrouvailles un jour prochain, tandis que sa main s'égare sur le fourreau de l'épée de son cavalier du soir dans une caresse anodine qui ne l'est pas tant. N'est-ce pas là ce qu'on attend d'une courtisane ? Beauté, esprit, plénitude du corps, un sourire comme un astre et des doigts légers.

Les trouvères s'activent autour d'eux à prendre leur place et certaines filles donnent même de la voix joliment pour distraire les hommes qui pourvoiront à leurs besoins pécuniers pour les jours à venir.
La Marionno quant à elle ? Elle est jeune, et elle essaie ses griffes sur un lion du pays d'Oc.

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Basile


Dans chaque bataille réside l’inextricable incapacité de prévoir ce qui adviendra. Cette bataille que livrait le jeune Pelamourgue se trouvait portait en elle un courant en sa faveur inespéré. Envisageant de batailler rudement contre d'autres prétendants à ravir en ce soir le plaisir de dépenser son or pour la Vairon, le voilà passait dès sa première approche en favori de cette dernière pour cette nuit. Inespéré pour ce mercenaire français. Pourtant ses peines n'était guère arrivait à termes, le plus dur pour ce noble occitan restait à marchander la passe avec l'italienne.
Le commerce avait toujours été chez cette race de noble occitan, bien mal pratiqué, héritage nobiliaire de condition, la famille préférait laisser à des domestiques la bassesse de marchander et négocier. Ce qui conservait certes l'honneur intact, mais rendait compliqué tout échanges financiers à faire sans avoir sous la main un bougre de plébéien à verser en phrases pour en tirer le meilleur profit pour son maître. En soit : il allait raquer.

Cependant, cette pensée effleura à peine son esprit déjà enjoué par le contact des lippes de l'Italienne contre sa main, éveil des sens en fusion et plaisance en attente. On pourrait lui demander tout son or, qu'il aurait du mal à y résister.


    - “ Basile de Pelamourgue, bella Donà, et c'est parce que je ne suis guère français mais occitan que mon tempérament est fait de toute autre nature. Je ne ferais pas la bêtise de vous demander qui vous êtes, car en la matière vous êtes icelieu objet de suffisamment de désir pour que nous vous connaissons tous. ”


Si le verbe était flatteur, en soit c'était assez vrai. Le fin sourire occitan continuant de perler sur le faciès du septentrional, ce dernier se laissait conduire à la madonne en charge de récolter l'or de ses filles.
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Flaminia.m.
On a beau recevoir toutes les flatteries du monde, il n'en demeure pas moins que lorsqu'on est jeune et belle, on aime les recevoir. Et la coquette sourit de plus belle, tandis que les doigts emmêlés dans ceux de l'occitan sont pressés dans la petite main.

En d'autres temps, les deux vénitiennes auraient littéralement dépouillé le soldat, pourtant le regard pressant de la blonde et les quelques mots échangés en vénitien, jurant à sa mère qu'elle se l'attachera pour qu'il revienne, incite la matrone à ne pas outrepasser les droits qui sont les siens en survendant à un étranger sa précieuse fille. De montant, aucun de prononcé en public, la mère a sorti un papier chiffonné de son escarcelle ainsi qu'un fusain de sa petite gaine avant que d'annoter un montant qu'elle ne prononcera certainement pas à voix haute, pour ne pas donner d'idées à la concurrence.

Et si l'occitan doit s'étouffer, la lonce prend les devants et écrase sa poitrine juvénile contre le bras de son cavalier en s'appuyant à moitié contre lui.
L'affaire est réglée et la mère rejoint ses hôtes pour les remercier, laissant à sa fille le choix de prolonger un peu plus le séjour dans le palazzio du doge avant que de rentrer avec son client de la nuit. Si chacun autour d'eux regarde avec envie le lion d'Oc et la lonce vénitienne, il y a au loin une paire d'yeux qui les dévore du regard avec haine.

Chacun de ses sourires est adressé au mercenaire et la courtisane prend plaisir à regarder sa conquête exotique, à apprécier la jalousie de ses comparses tant il paraît vigoureux et fort.


« Veux-tu que je chante pour toi ? Préfères-tu une promenade dans les jardins ou veux-tu me raconter tes batailles et tes guerres ? »

Il a payé, c'est à lui de décider dorénavant. Et les occupations sont nombreuses ce soir, de la danse à la musique, en passant pour les jeux de mots ou d'argent. Les jardins s'étendent derrière le palais qui offrent leurs allées aux promeneurs et aux amoureux. Ils ne sont pas amoureux, et naïfs moins encore, les occupations de la nuit sont toutes trouvées, reste donc à convenir des préliminaires mondains.

« Que veux-tu faire beau français ? Je suis tienne pour la nuit. »

Et plus encore si tu le veux et que tu paies. Le regard a dit ce que les lèvres ont tu. Consciemment la petite tête s'agite pour repousser en arrière l'épaisse chevelure d'où s'échappe l'odeur capiteuse du jasmin, et le corps tout en courbes s'approche de son voisin, laissant l'occitan libre de choisir la direction qu'il donnera à leurs pas.
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Basile
N'ayant plus recours à l'exercice de la raison, ni d'ailleurs l'opportunité de marchander sans se faire un gredin à rompre le silence autour de ce commerce, le Pelamourgue se contenta d'agréer à la somme d'un geste de tête rapide. Après tout c'était un des moments de plaisir entre deux guerre que s'offrait le mercenaire français, tentait de lui donner un chiffre serait prévoir le plaisir reçu. Autant de ne pas y accorder d'importance, quitte à se plaindre d'un service médiocre par la suite pour exiger d'être remboursé. L'esprit libéré des contraintes matériels, l'occitan suivis

Il restait dès lors à déterminé la suite de la soirée. Un chant, lui voudrait de se poser dans un coin confortable, s'abreuver de vin et de mets, ce qui n'aurait pas été par lui déplaire, mais alors il n'aurait plus été seul à en profiter. Son égoïsme et son attachement à ce qu'il considérait sien, retira rapidement cette hypothèse devenu désagréable.
Raconter ses batailles et ses guerres auraient été pour se vanter en les enjolivant, avec une femme déjà conquise par l'or, c'était aussi guère chose à pratiqué, non il passerait également dessus. Après tout c'était pour s'éloigner des routes et combats qu'il venait ici.
La promenade dans le parc quant à elle, offrait son luxe romantique, ce dont le soudard n'avait nul envie, préférant aller s'adonner à une simple luxure.


    - " Mà, allons donc en tes appartements. J'ai espoir que tu chanteras merveilleux chants, pendant que je conterais bataille à tes hanches."


Si la grivoiserie manquait de finesse, elle n'en manquait cependant pas d'honnêteté.
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Flaminia.m.
La couche de la Marionno verrait, avec les années, défiler des hommes de rangs différents, pourtant sa préférence toujours ira aux explorateurs et aux hommes de guerre. Les premiers pour les rêves qu'ils transportent dans leurs caravanes, les seconds pour cette manie rustre de dire les choses sans se fendre de grandes phrases qui sont l'apanache des savants et des lettrés et qui siéent très mal aux marchands et hommes d'églises.

La finesse élémentaire manquant dans les propos du Pelamourgue loin de la désoler, fait naître sur l'incarnat un sourire amusé, car il est évident qu'alentours, on a entendu ses mots et pour ceux qui comprennent la langue du mercenaire, un mépris visible s'affiche.
Mais, et Flaminia l'apprendra bien assez tôt, les épées se moquent du mépris et tranchent dans le vif, comme leur propriétaire. Pour cette audace qui va à l'encontre des éloges qu'on lui fait dans la société vénitienne, la main est portée à ses lèvres et sans plus de préambule, l'occitan est entraîné à sa suite. De cette soirée au palais du doge, on aura vu de la Marionno que quelques boucles blondes saluant ses fidèles alors qu'elle s'empresse de mener son client du soir vers la gondole qui les mènera à sa maison.

Quelques baisers échangés tout au plus dans le couvert de la gondole, quelques mèches qui s'envolent, déplacés par une main curieuse, un pli froissé et ne lui en déplaise à cet homme de fer, quelques rires alors qu'ils quittent le Grand Canal pour en rejoindre un plus petit en parrallèle pour ce que Venise n'est qu'un labyrinthe aquatique et que la Marionno si elle ne monnaie pas ses faveurs sous le Rialto, n'a pas encore pignon sur rue ou plutôt sur les grands axes.

Alors même que le couvre-feu ne sera pas sonné tout de suite, les quelques serviteurs de sa maison sont couchés quant à eux, ayant ordre chaque soir de n'être pas dans les pièces principales pour ne pas indisposer un éventuel client discret. Elle a lâché sa main, mais c'est du regard qu'elle l'accroche, du sourire qu'elle l'harponne alors qu'elle rejoint sa chambre et la couche où à seize ans déjà, elle a crié pour tant d'hommes et en a chaviré plus encore.


« Quel chant, un soldat loin de chez lui veut-il entendre, beau français ? »

Et disant cela, la robe est délaissée d'une main sûre, les yeux vairons quant à eux, n'ont pas lâché du regard le mercenaire, et le lacet de sa chainse est dénoué, desserré avec lenteur. Privilège de courtisane, puisque les épouses se doivent de toujours garder une chemise, aux hétaïres restent la nudité.

Elle était vestale, elle est nymphe, et la lune qui glisse par la fenêtre, ajoute à la lueur de la torche, de nouvelles ombres sur le jeune corps qui s'offre.

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Basile
Le mercenaire insouciant et non moins insoucieux de la société qui l'entoure abandonne céans sa compagnie de reîtres pour suivre chemin faisant sa dulcinée de la nuit. Aurais t-il à pensé qu'au travers cette épisode et désir de la jeune hétaïre vénitienne il la retrouverait maintes années plus tard, pour faire sa vie avec elle à ses côtés ? Il ne fut pas une seule de ses pensées à l'imaginer. Certes car il n'avait que peu de pensée qui n'était pas grivoise, mais la chose restait impensable. Ces destins croisés s'élançaient ainsi le long des canaux se dirigeant vers leur refuge où la concupiscence pourrait se libérer.

Déjà le voyage s'achevait et placé face à son prix de ses batailles, l'occitan garde son regard le long de son corps. La laissant détacher ses voiles de satin, l'homme reste inerte à la regarder, semblable à un animal sauvage contemplant sa proie avant le festin. Laissant la lune comme lumière, le lion s'avance alors, laissant l'étreinte de son corps enlacer son achat.


    - " Qu'importe le chant, tant qu'il est suave et plaisant. "


La brutalité des guerres, leur violence démesurée et vide de sens se déchaine en quelques occasions au delà des champs de batailles, l'un d'eux, est ce moment de plaisirs grivois ou la mesure et la réserve s'efface pour réveiller des instinct et affects bestiaux.

Ainsi, pourpre le Lion dévore la blanche biche.

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Flaminia.m.
De blanche biche, non pas dans cette chambrée.
La lonce est dorée quand l'écarlate luxure s'abat sur elle. Comment conter le fossé entre la mollesse baveuse de ses vieux clients ou la précoce vigueur des puceaux nobles, et l'ardeur guerrière du Pelamourgue ?
L'assaut dura la nuit entière et à l'aube, les corps épuisés durent bien rendre les armes, tant que la mère Marionno crut un instant, en entrebaillant la porte pour savoir si l'homme était toujours là, que l'occitan avait occis sa progéniture, l'or roux traînant à moitié au sol, tête et bras pendant hors de la couche, la vénitienne profondément endormie. Flaminia, qui jusqu'à présent, avait simulé le plaisir pour plaire aux hommes, elle, qui avait toujours été celle qui dominait le jeu, feignant qui la candeur, qui la douceur, avait découvert la ferveur et sinon son maitre, son égal en passion.

Basile lui fit connaître le plaisir et les jours qui suivirent ne furent que débordements de stupre, au désarroi des clients qui voyaient la porte close pour le seul privilège du mercenaire français. Les menaces maternelles n'y firent rien, et tant pis si le Pelamourgue ne payait plus en bon or depuis quelques jours déjà, puisqu'il la comblait de plaisir et qu'elle le lui rendait bien.

Mais la guerre se moque du plaisir, et plus que la conscience professionnelle ou le manque de moyens, c'est la guerre qui priva Flaminia de son amant français, lequel la quitta parce que son devoir le lui ordonnait, et parce que certains hommes ne sont faits que pour le sang et la rage, et que cet homme-là était fait d'un feu qui la dépassait autant qu'il la ravissait.


« De l'Italie, tu fus ma meilleure solde. Garde moi en la mémoire de ton coeur et tes hanches, lâcha l'homme.
- Il n'y en aura pas d'autres comme toi, beau français. »

Quelques mots avec désinvolture, échangés, et elle avait regagné le couvert de sa chambre pour qu'il ne voit pas les yeux vairons humides. Les canaux de Venise n'eurent plus qu'à s'abreuver des larmes versées par la jeune courtisane, prise au plus ancien piège de la Création.

Et de fait, Flaminia ne connut pas d'hommes capables, après Basile, de lui faire revivre le grand frisson du plaisir, le cœur ayant gardé en mémoire l'image du mercenaire. Quant à ses hanches, c'est au creux de sa panse, que le souvenir resta sous la forme d'un enfant, en dépit duquel, il fallut bien reprendre l'ouvrage qui lui avait fait rencontrer Basile, et ainsi cacher la paternité du lion d'Occitanie, pour faire taire les mauvaises langues de ses rivales voulant la dévaloriser par le privilège accordé à un étranger.

Des années plus tard, le Ghisi dont l'avait sauvé Basile la séparerait à son insu de sa fille, du trésor inestimable que l'Amour lui avait offert, il la conduirait aussi aisément à l'exil, enfant chérie, amante désirée de la Sérénissime et toute aussi facilement répudiée à la première rumeur.
Des années plus tard, ses pas la conduiraient à Bordeaux, où le destin lui jouerait le plus fameux tour qui soit, la faisant retrouver sa fille et le géniteur d'icelle.

Et comme la veille, ils reprendraient leur entretien où ils l'avaient laissé, l'âge et l'expérience en plus. Neuf cercles dans l'Enfer de Dante, dut-il les traverser tous, Basile la retrouverait. Quant à la chanson, elle les connaissait toutes celles qui étaient chères à son âme, qu'importe qu'elle soit suave ou guerrière.

Lion et lonce font bon ménage, et avec l'âge, ils se bonnifient.
Tremblez, puisqu'ils se sont retrouvés.

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